Je serai qui je serai - Jehan Nomis - E-Book

Je serai qui je serai E-Book

Jehan Nomis

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Beschreibung

La Kabbale n’est ni un mystère impénétrable ni une science ésotérique réservée à quelques initiés. Elle offre à chacun, indépendamment de son origine et de sa culture, une nouvelle manière d’entrer en relation avec le monde et les autres. Dans "Je serai qui je serai", la Genèse dévoile ses vérités à ceux qui abordent cette quête avec humilité et simplicité. Cet ouvrage explore la Kabbale comme une voie initiatique, un outil de compréhension des liens profonds entre l’être, l’univers et les symboles maçonniques. Loin des idées reçues, il invite à dépasser les illusions, à ne plus confondre signifiant et signifié, et à embrasser une sagesse intemporelle qui éclaire le chemin de la connaissance et de la transformation.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Jehan Nomis, scientifique de formation, découvre sa passion pour la littérature en classe de première, marqué par Baudelaire et Montaigne. Pratiquant la Kabbale depuis plus de quarante ans, il partage aujourd’hui une vision authentique de cette science, trop souvent mal comprise.

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Veröffentlichungsjahr: 2025

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Jehan Nomis

Je serai qui je serai

Essai sur la « Sagesse hébraïque »

en tant que support de l’Initiation maçonnique

© Lys Bleu Éditions – Jehan Nomis

ISBN : 979-10-422-6609-7

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

En hommage à Mino Edrei et à Ayin.

On a besoin d’accrocher sa charrue aux étoiles.

W. Emerson – 1803/1882

Hors de toute démarche sectaire, nous avons l’ambition de vous fournir, francs-maçons de tout rite et de toute structure, quelques outils conceptuels pour vous aider à mieux vous situer à l’aide d’une ancienne tradition de notre Méditerranée et, par là même, mieux agir dans le monde (nous n’avons pas dit « sur » le monde).

À notre sens, la Kabbale est plus qu’une science, elle est une sagesse.

Elle porte un « commentaire ésotérique ».

Vous trouverez peut-être que nous favorisons de façon orientée l’aspect pratique du « travail sur soi » et de « l’amélioration personnelle » au détriment d’autres aspects (mystique, théurgique, prophétique, astrologique ou autres), mais nous sommes de fervents défenseurs de l’existence d’une démarche initiatique libérée de tous dogmes et de tous délires mystico-spiritistes. Fabre d’Olivet écrivait à ce sujet : Le cardinal Ximenès ayant fait imprimer, en 1515, une polyglotte composée de l’hébreu, du grec et du latin, plaça la vulgate entre le texte hébraïque et la version des Septante, comparant cette bible ainsi rangée sur trois colonnes à Jésus-Christ entre les deux larrons ; le texte hébreu représentait le mauvais larron. Ximenès insistait encore en affirmant qu’il fallait regarder la vulgate comme la seule source spirituelle. Quand on a de telles idées, on offre peu d’accès à la vérité !

La question principale à laquelle nous avons l’intention de répondre est :

Pourquoi et comment la Kabbale permet à tous et à chacun, indépendamment de sa race, de son sexe, de sa religion, de sa culture, d’avoir une vision claire de la manière d’établir une relation nouvelle avec les autres, dans l’existence et dans le monde, d’une autre qualité que celle du quotidien médiatique, religieux ou publicitaire et financier ?

En effet, notre conviction est que nous sommes seuls responsables de nos actes et que le plus mauvais de nous-mêmes et le « encore meilleur » cohabitent à l’intérieur de nous. La Kabbale est un des moyens de se connaître en harmonie avec la finalité et les lois de l’univers.

Quand on parle de Franc-Maçonnerie, rares sont ceux qui sont conscients que, derrière cette formulation, d’immenses mondes très différents existent. Mais que rassemblent des hirsutes anticléricaux, des conformistes de la belle cérémonie sans recherche du sens et des cherchants sincères ?

Rien si ce n’est qu’ils font tous partie de la Franc-Maçonnerie.

Les hirsutes mangent du curé tous les matins au petit déjeuner, ils fomentent la révolution sociale et passent leur temps en Loge à dénoncer les dysfonctionnements de leur Obédience. Ils jouent à faire la révolution et cherchent égoïstement à asseoir leurs petits privilèges. Ils aiment les agapes et rejettent la rituélie, les symboles et le Grand Architecte de l’Univers. Ils brillaient pendant la IIIe République. Ils se roulent aujourd’hui dans de médiocres mesquineries en relation avec le pouvoir politico-syndicaliste qui n’est, d’ailleurs, plus représentatif de ce qu’est la société. Pourtant, ils ont porté longtemps la puissance libératrice de la Laïcité avant de tomber dans un sectarisme incroyable : le laïcisme.

Les conformistes sous le joug de l’Angleterre, des mensonges obédientiels et des dogmes ont participé à l’utilisation de leurs rituels pour envahir de nombreux pays dans le monde et renforcer la colonisation. Ils sont épris de rituélie apprise par cœur, mais ils ne comprennent ni le symbole ni encore moins la démarche ésotérique. Ils jouent aux francs-maçons et cautionnent des « Chefs » dans leurs délires dispendieux. Ils croient obligatoirement en un dieu révélé, ils ne représentent souvent que l’antichambre d’une église. Ils font au mieux du symbolisme.

Les cherchants, depuis toujours, tentent d’exister. Ils ont même créé le Grand Orient de France en 1773 en regroupant une vingtaine de Loges occultistes (voir La Franc-Maçonnerie sous les lys de Roger Priouret – Éditions Grasset). Force est de constater qu’ils ne réussissent pas souvent parce qu’ils ne sont pas faits pour faire de la politique obédientielle ou de la politique tout court. De tout temps, malgré les vicissitudes obédientielles, ils continuent à travailler avec les symboles, à développer des recherches ésotériques encadrées par les hirsutes et les conformistes d’un côté et les « délirants » d’un symbolisme abscons et souvent dangereux de l’autre. Ah, leur chemin est difficile, mais ils existeront toujours, car il y aura continuellement un lieu privilégié de recherche même s’ils sont, définitivement, la minorité des minorités maçonniques.

Ainsi, derrière le vocable « Franc-Maçonnerie » se cachent des réalités bien différentes tant en matière d’objectifs que de moyens.

En matière de Kabbale, l’homme étant continuellement imparfait, le même phénomène subsiste depuis que la religion juive s’est emparée de la Kabbale jusqu’à la rejeter alors qu’elle existait préalablement. Cette religion a voulu faire croire que la Kabbale des rabbins était la « bonne ».

Il y a autant de Kabbales que de Kabbalistes, disait Carlo Suarès.

Toutes les recherches sont bonnes si elles sont sincères et, si et surtout, elles ne cherchent pas l’endormissement ou la domination de l’esprit. Par ailleurs, et nous le verrons tout au long de cet essai, il faudra toujours avoir présent à l’esprit ce qui est du domaine de l’ésotérique (en fait le Livre de Moyse) et celui des commentaires fort nombreux… et trop souvent orientés. Carlo Suarès se permettait de les critiquer et de leur reprocher de s’appuyer sur le sens mythique des mots et de n’avoir pas découvert le sens ontologique des nombres. Ainsi, les commentateurs font des calculs compliqués, des additions, des recherches d’équivalences. Ces spéculations ont obscurci les textes et découragé le public. En vérité, la révélation du Livre de Moyse de la Genèse doit être accessible à tout esprit sérieux et logique.

Notre monde moderne a mis en évidence la séparation de plus en plus évidente, de plus en plus dangereuse, entre les acteurs et les commentateurs.

Qu’observons-nous ?

Au sein de la vie publique, les commentateurs sont de plus en plus nombreux. Ils jugent plus qu’ils n’expliquent, ne vérifient pas toujours leurs sources, se copient et amplifient les mouvements quand ils ne les créent pas. Alors, les acteurs, se sachant épiés, sont paralysés et finissent par ne plus agir, ils ne font que communiquer !

En matière de Traditions, bien que plus ancien, le phénomène, malheureusement, est identique. À l’origine, les cherchants travaillent sur eux-mêmes, communiquent peu et surtout entre eux et pour eux. Au fil du temps, ils ont laissé la part belle aux commentateurs de tout poil. À telle enseigne que ceux qui sont curieux d’une tradition, quand ils veulent l’aborder, ne rencontrent évidemment que les textes des commentateurs et ils confondent, de bonne foi, les commentateurs avec les cherchants. La responsabilité de cet état de fait revient-elle entièrement aux cherchants non communicants par nature ? En partie seulement, même si leur responsabilité est grande dans la mesure où ils n’ont pas voulu diffuser, non pas le résultat de leurs travaux, mais la méthode ou, plus exactement, les erreurs à ne pas commettre pour aider le débutant au moment crucial des premiers pas sur le chemin de la Tradition hébraïque.

Ceci est fondamentalement l’un des objectifs de cet essai !

D’autant que les propres initiés de cette Tradition n’ont que rarement perçu le sens purement ontologique de cette Connaissance. Ils se sont trop souvent égarés dans les interprétations mythiques de la révélation originelle.

Cette carence de perception projette encore, pour de nombreux esprits, la réalité de la conscience dans le soi cosmique en un dieu personnel, en des âmes immortelles, en des entités sulfureuses et magiques. L’ignorance se faitalors croyance !

Simplifier, réduire, c’est perdre volontairement des informations essentielles.

Nous y reviendrons amplement plus tard. En fait, comprendre ces nombres dans l’ordre présenté (2-200-1-300-10-400), puis en un seul, acte de la capacité d’intégration de l’intelligence humaine, c’est se trouver au cœur de la révélation de soi-même.

Les prophètes et les religieux se donnent le droit de juger du bien et du mal, mais justement, selon certaines traductions de la Genèse, c’est du produit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal qu’il ne faudrait pas manger. Adam est-il mort d’avoir mangé un fruit ? Non !

La tradition hébraïque nous aide à vivre sans le jugement des autres ; alors, ce que nous vivons dans l’identification à l’opinion mourra, disparaîtra. Nous vivons tous les jours dans le mensonge, l’apparence et la dissimulation. La tradition hébraïque nous sort de ce monde et nous fait prendre conscience que tous ceux qui ne voient que des lois dans la Torah ne comprendront rien à leur vie. D’ailleurs, dans le Livre de Moyse, Dieu ne nous dit pas : « viens vers moi », mais « va vers toi-même ! »

La valeur ésotérique des écrits dits kabbalistiques est très aisée à mettre en évidence ; il suffit de voir s’ils proposent un enseignement dogmatique ou pas. Si oui, ils ne peuvent pas être dans la tradition et ne sont plus le support à sa compréhension. Le dogme tue l’esprit, la tradition permet l’ouverture vers des mondes accessibles à tous que les dogmes ont cachés en les couvrant d’un lourd couvercle que les adeptes de ces dogmes ne lèveront jamais plus. Le rôle des initiés est justement de lever ce couvercle.

Au contraire, les écrits non dogmatiques procurent les clés, les outils pour ouvrir les serrures et les portes du plus haut niveau de notre conscience.

Ces derniers constituent des moyens pour construire (ou découvrir) la structure autour de laquelle s’articulent les forces intellectuelles et surtout spirituelles qui génèrent la pensée.

Nous le savons tous, l’homme est sollicité par deux voies diamétralement opposées : celle de la Connaissance au moyen de l’étude et celle de la mystique. La Connaissance encourage l’affirmation de la conscience et la mystique veut sa dissolution. Dans le second cas, le « symbole » s’entoure de ce halo poétique, émotionnel, de cette « allégorie » propice aux détournements du sens, aux affabulations « mythiques », au « dogmatique », aux affrontements des passions… Un Sage maçon me disait un soir qu’il fallait se méfier d’un rituel maçonnique de plus d’une trentaine de pages, qu’un tel rituel cachait très certainement le dogme et l’annihilation de l’Esprit vivifiant !

Carlo Suarès, lors d’une conférence de la Revue Symbolisme en juin 1962 n’a pas hésité à dire que : le symbolisme était devenu le scandale de la conscience humaine à partir du moment où, ayant découvert l’inconscient collectif, on a accepté les symboles comme des états de perception susceptibles de nous indiquer des voies vers les régions les plus exaltées.

Ainsi, la confusion la plus totale s’est-elle installée entre des notions de nature différente. Le symbole n’est pas interprétatif, il libère s’il s’étudie ésotériquement.

Le symbolisme du discours doit laisser place à la symbolique de la recherche constante du sens.

Il est écrit dans un commentaire célèbre (Talmud de Babylone sur Deutéronome 4, 32) : Interroge les temps anciens… Mais n’interroge ni ce qui est au-dessus, au-dessous, avant et après. Si l’on ne doit pas chercher ce qui est au-dessus, au-dessous, devant ou derrière nous, il reste à chercher en soi-même les secrets de l’œuvre de la Création. Nous ne sommes pas astrologues ou physiciens, notre univers ne se limite pas à ce que nous observons dans le ciel ou dans la matière. Il se dévoile surtout dans ce que nous découvrons dans les lettres qui nous conduisent à regarder à l’intérieur de soi.

En fait, inconsciemment peut-être, certainement à mon sens, tous les hommes peuvent dire un jour : « je suis Y.H.W.H. (Yod–Hé–Waw–Hé) ». Nous, les hommes, nous voulons connaître les deux bouts de la verticalité : l’infini et le fini, le désir d’être et l’être.

Si l’on comprend bien, nous sommes les créateurs, les constructeurs d’une métaphysique de l’être qui, bien que n’étant pas scientifiquement et objectivement vérifiable, n’en est pas moins cohérente et utile parce que nous pouvons tous aller chercher les éléments constitutifs et confirmer leur pertinence.

Lecteur, accepte quelques avertissements avant de continuer à étudier cet essai.

En premier lieu, la Kabbale n’existe que si elle est une voie de recherche de soi-même. Elle n’est ni mystique ni code magique.

En deuxième lieu, personne ne peut se définir comme kabbaliste.

Au mieux, sommes-nous des cherchants en kabbale.

En troisième lieu, à chaque instant, n’oublie pas que le secret de la réussite en recherche kabbalistique est l’Humilité.

Enfin, ne confonds jamais le signifié et le signifiant.

Chapitre 1

Pourquoi cette recherche ?

Sortir du troupeau : l’espèce humaine, pour la première fois, constate et explique l’humain.

(Carlo Suarès)

Francs-maçons depuis de nombreuses années, nous avons été régulièrement confrontés aux mensonges maçonniques, notamment à ceux qui touchent à l’origine de la Franc-Maçonnerie. Il est vrai, les difficultés pour trouver des textes et des traces inattaquables sont grandes. Ce n’est que depuis peu que les historiens ont enfin pu travailler à partir de documents authentiques et de rituels légitimes. Ne critiquons pas, cependant, trop facilement ceux qui ont eu, malgré la faiblesse des fonds bibliographiques, le courage d’écrire leurs convictions, d’expliquer leurs sources et d’exprimer leurs opinions, même si, quelques décennies après, leur thèse semble erronée. Grâce à eux, nous avons pu réaliser des progrès, car ils ont ouvert une voie.

L’histoire n’est pas une science exacte.

Aujourd’hui, nul ne peut certifier que nous disposons de tous les documents authentiques pour pouvoir affirmer péremptoirement une vérité définitive en la matière. Toutefois, rien ne nous arrête dans notre volonté, à partir de certains rituels et autres pièces, de présenter une nouvelle démonstration.

La Franc-maçonnerie, société initiatique traditionnelle, a été dénaturée par l’infiltration en son sein d’éléments qui ne possèdent aucune des qualifications spirituelles requises pour devenir d’authentiques initiés, a écrit Marius Lepage (1902-1972). Cette dénaturation est devenue au fil du temps le quotidien maçonnique. Les frères et les officiers de Loge ont été conditionnés et les sapins de Noël enguirlandés se sont propagés à l’Orient des loges. Aussi, ne faut-il pas s’étonner qu’un jour maudit, sous la Présidence d’un pasteur (Frédéric Desmons), l’assemblée générale d’une célèbre obédience française, en 1877, mît fin indirectement au symbole du Grand Architecte de l’Univers.

Nous disons indirectement car ce qui a été supprimé fut l’obligation d’invoquer le Grand Architecte de l’Univers. Cette décision a évolué au fil du temps, sous les coups de boutoir de profanes en tabliers, vers la quasi-disparition de ce symbole, pourtant fondamentaire, dans les rituels du Grand Orient de France, rituels qui ne peuvent plus posséder le qualificatif de maçonnique parce que, depuis, dans de nombreuses loges de France, l’initiation est devenue un colifichet.

La restauration est-elle possible quand le faux fait office de vérité ?

Il est facile de gagner sa vie sur le mensonge quand les pigeons l’acceptent et que le mensonge bien enrobé de médailles rutilantes, dites maçonniques, se vend beaucoup mieux que la vérité !

Pour nous, l’une des origines de la franc-maçonnerie réside dans la Tradition antique de la Rose-Croix.

1 – Les sources souterraines de la Franc-Maçonnerie

En effet, il est curieux de s’apercevoir que le sceau de Martin Luther (1483–1546), théologien et réformateur allemand, le père du protestantisme dit-on, était une Rose portant une Croix en son centre. En 1623, les murs de Paris furent recouverts d’affiches affirmant l’existence d’un mouvement : la Rose-Croix. Afin d’éviter toute méprise, rappelons que la Rose-Croix dont il est question n’est pas un groupe déclaré en qualité d’association à caractère ésotérique au cours du XXe siècle.

Peut-on croire que ce fut là, en 1623, l’acte fondateur de ce groupe ésotérique ?

Le texte considéré comme réellement fondateur de ce mouvement, la Fama Fraternitatis, fut publié à Kassel (ville allemande du Land de Hesse) en 1614. Ce mouvement se développa dans toute l’Europe occidentale et il donna naissance à de nombreuses loges dans toutes les villes importantes.

Pourtant, en 1593 déjà, Jacques VI d’Écosse constitua, avec 32 Chevaliers de Saint-André-du-Chardon, la Rose-Croix Royale. Il est curieux de noter que l’Ordre du Chardon fut constitué par les Templiers en 1314 et que le Chardon, emblème de l’Écosse, est un symbole éminemment alchimique (le chardon retient la rosée du matin). Il est tout aussi curieux d’apprendre que les Rose-Croix maîtrisaient deux vecteurs de transmissions ésotériques : la Kabbale et l’Alchimie. Il est encore plus étonnant de s’apercevoir qu’un vieux rituel maçonnique écossais, datant de 1645-1650, atteste de l’existence d’une maçonnerie travaillant à deux degrés seulement : le degré de Compagnon et le degré de Rose-Croix. Le premier document connu rapprochant la Rose-Croix et la Franc-Maçonnerie date de 1638 à Édimbourg.

Il s’agit d’un bref extrait du poème de Henry Adamson, La Thrène des muses :

For what we do presage is not in grosse,

For we be brethren of the Rosie Crosse :

We have the Mason word and second sight,

Things for to come we can foretell aright.

D’ailleurs, au XVIIesiècle puis surtout au XVIIIe siècle, le mot « rose-croix » fait beaucoup plus référence à un état d’ultime sagesse et de complète réalisation qu’à une organisation. Depuis, on qualifie souvent de « Rose-Croix » (ou d’Écossais) les initiés ultimes.

Les traditions ésotériques se transmettent par le haut et la maçonnerie a été constituée par le haut (Rose-Croix ?), la transmission s’opérant des degrés ultimes jusqu’à l’apprenti et non pas l’inverse.

Des polémiques ne tardèrent donc pas à naître.

Les Rose-Croix furent accusées d’imposture et, plus grave encore à l’époque, de sorcellerie et d’hérésie. Les pouvoirs en place luttent toujours contre la capacité des sociétés initiatiques à libérer ses adeptes de tout joug religieux ou politique.

Il est surprenant qu’au moment où, sous les attaques du pouvoir royal et du pouvoir sacerdotal, les Rose-Croix décident de leur auto-dissolution, concomitamment, la maçonnerie en Écosse et en Allemagne puis en France commence à se développer comme si les Rose-Croix s’étaient fondues dans la Maçonnerie.

Ne soyons pas surpris que le pilier central du Rite Ecossais Ancien Accepté (le 18e degré) et le grade sommital du Rite Français Moderne (le 4e Ordre) sont les Chevaliers (ou Princes) Rose-Croix. Ainsi, il devient éclatant que les transmissions ésotériques essentielles et fondamentaires de la maçonnerie soient l’Alchimie et la Kabbale. Cette réflexion constitue la base de notre vision de la Franc-Maçonnerie.

Une immense sagesse s’est conservée depuis les temps anciens. Dans des petites communautés de l’Europe occidentale (Italie, France, Écosse, Irlande, Allemagne essentiellement) se dispensait un enseignement très précis. On pouvait observer, en ces lieux, comment un maître véritable et accompli expliquait à ses élèves combien ils étaient capables de trouver leur voie par eux-mêmes.

Il est indéniable que la sève kabbalistique a nourri la Franc-maçonnerie comme elle a nourri le Judaïsme, le Christianisme et l’Islam…

Pour son parcours initiatique, le franc-maçon avait besoin de supports : le rituel et les symboles. Les codificateurs à l’origine de ces rituels eurent besoin de références pour construire quelque chose de cohérent, support d’une transmission de liberté, et c’est dans notre culture méditerranéenne qu’ils sont allés puiser leur inspiration parce que nourris de la Kabbale et de l’Alchimie. L’idée de la construction ou reconstruction de l’être intérieur de l’homme, le Temple intérieur, trouvait son symbole au travers de la magnificence du Temple de Salomon. Les Colonnes Jakin et Boaz ne pouvaient pas ne pas faire partie de l’instrumenta initiatique maçonnique. Ainsi, le cherchant sera amené à rencontrer le Livre de Moyse et, de là, la problématique de la Création.

Alors, dire que l’approche de la Kabbale n’est pas une nécessité pour le franc-maçon est une méprise. Nous comprenons que certains ne soient pas intéressés par la Kabbale, car elle apparaît souvent comme délirante, fumeuse et inintelligible.

Mais, comment font-ils pour ne pas perdre quelques enseignements en ne travaillant pas sur Jakin et Boaz, par exemple ? Ils perdent une partie du sens et nous trouvons cela fort dommageable à la démarche.

Notre but est d’offrir les clés pour ouvrir les portes de la complétude.

Combien de fois ai-je entendu : Je peux me passer de cela.

À l’inverse, dans une lettre adressée à Jean-Baptiste Willermoz, Meunier de Précourt écrit : Celui qui croit pouvoir comprendre la Franc-Maçonnerie sans se référer à la Kabbale, fut-il porteur du tablier, n’en saura jamais grand-chose.

Nous souhaitons vous convaincre d’aller plus loin dans cette compréhension, vous donner le goût de la recherche kabbalistique dégagée des dogmes religieux ou des commentaires des charlatans de tous ordres. C’est le premier pas qui coûte !

Pour aborder les enseignements de la Kabbale, il faut connaître le Bereschith et, dans ce dessein, il faut connaître « l’alephbeth » hébraïque et les mystères de sa formation, écrivait Papus. Souvent, il est affirmé que la Kabbale fait son apparition vers la fin du XIIe siècle, en Provence et en Languedoc. En fait, cette affirmation ne s’appuie sur aucune réalité historique. Ce ne fut qu’une des nombreuses tentatives de résurgences de la Kabbale. Nous pouvons appeler résurgence toute tentative de compréhension des textes fondateurs sans vouloir confirmer une croyance ou expliquer des contraintes ou des dogmes religieux.

La Kabbale qui nous intéresse représente la dimension orale de la transmission du Livre de Moyse. Ainsi, le mot Kabbale ne peut se traduire par « transmission » que de manière fautive ; le mot implique plutôt l’idée de « réception ». La racine de ce mot est kibbel, c’est-à-dire « recevoir ».

Ce qui importe dans l’enseignement, ce n’est pas tant ce que l’on transmet que ce que l’on reçoit.

Pour d’autres, le mot hébreu Kabbalah est d’origine Chaldéo-Egyptienne et possède le sens de science ou de doctrine occulte.

Le radical égyptien Khepp, Khop ou Kheb, Khob, en hébreu Gab, Khebb ou Khebet, signifie « cacher, enfermer ». Ainsi, ce mot signifierait la science déduite des éléments cachés.

Ce qui revient à dire que la transmission n’appartient pas à celui qui la donne, mais à celui qui reçoit, lequel, un jour, sera certainement en position à son tour de transmettre.

Le maître se retire pour faire place à l’élève. C’est la condition obligatoire pour ne pas aliéner l’autre, lui laisser sa liberté afin qu’il puisse mettre tout en œuvre pour permettre au suivant de recevoir à son tour.

Il n’y a aucune doctrine ni aucun système de transmission unique.

Tous ceux qui l’ont cru ou qui ont voulu le faire croire n’ont contribué qu’à simplifier le message ou à le rendre absolument abscons en recourant à des calculs fabriqués et à des manipulations chimériques de lettres.

La Kabbale n’est pas la méthode ou l’une des méthodes pour tenter de créer une relation avec la divinité. C’est une méthode d’établissement de relations avec soi-même et avec l’autre. Cela correspond en tout point au célèbre connais-toi toi-même.

Alors, la kabbale théurgique, la kabbale pratique ou encore la kabbale extatique n’existent pas. Il ne s’agit là que de modes d’emploi pour esprits en souffrance. En effet, chaque fois que l’homme a besoin d’affubler une tradition d’un qualificatif, celle-ci disparaît au profit de préjugés, de superstitions et de fétichismes.

La Kabbale n’incarne pas le courant extatique ou prophétique. Il ne s’agit pas de parcourir les sept palais célestes, des révélations sur la vie de l’âme après la mort. La Kabbale n’est pas plus un traité sur la migration des âmes.

Nous ne comptons plus le nombre d’ouvrages consacrés à la polysémie du nom de dieu. La polysémie indique la qualité d’un mot ou d’une expression qui possède deux, voire plusieurs sens différents. Ainsi, tout et son contraire ont pu être affirmés, alors même que l’essentiel réside dans la recherche de son propre nom, non pas celui que vos parents vous donnent à votre naissance, mais celui qui vous appartient, qui existe au plus profond de vous et que, seule, une tradition ésotérique peut mettre au grand jour, si vous en êtes conscient et si vous le désirez.

Votre nom vous permettra de découvrir l’harmonie du monde. Il appartient à l’homme, et à l’homme seul, de faire en sorte que l’union entre lui-même et la nature puisse exister et se développer. Ce qui revient à dire que l’homme est seul responsable de son histoire.

Et le symbole nous met en relation avec nous-mêmes.

2 – La science symbolique

Nous n’avons pas le dessein d’enseigner la connaissance de soi. Nous n’avons pas, non plus, l’idée saugrenue d’écrire un « cours » de Kabbale en « x » leçons.

Tout ce que nous savons, c’est qu’il faut partir de l’herméneutique des lettres-nombres, car ils mènent à l’intelligence intuitive de soi et du Monde grâce au doute méthodique. La seule condition requise est de posséder un esprit vigilant.

La voie initiatique ne mène pas à la réponse, elle fournit les outils pour que chacun se mette en marche. La deuxième marche ainsi que les suivantes appartiennent toujours au cherchant persévérant.

En fait, il faut avoir présent à l’esprit, tout au long de notre démarche, que le mental absorbe consciemment et surtout inconsciemment toutes les informations qui lui parviennent des modèles humains et médiatiques.

Nous pouvons les accepter ou les rejeter, cela n’a aucune importance. Notre mental est une éponge imbibée en permanence par des conditionnements de tous ordres. Nos comportements dépendent de ces conditionnements. Ainsi, l’homme est loin d’être un sujet autonome, indépendant, libre en un mot. C’est pour cela qu’il fait l’objet de manipulations continues.

Pour se libérer, les hommes éveillés ont inventé des voies les délivrant de l’enfermement. Ce sont les sociétés initiatiques, la Kabbale en est une.

Ces hommes éveillés se sont interdit de donner des réponses toutes faites, cela reste du domaine des religions. Ils n’ont jamais cherché à structurer le mental, mais simplement à préparer le terrain. Ils savaient que, sans une transmutation, un retournement, le genre humain ne représentait qu’un groupement d’intérêt économique de singes supérieurs.

La symbolique est-elle une science ?

La science a apporté d’immenses bienfaits, elle a également engendré, souvent involontairement, des ravages au moins aussi importants, mais elle n’a rien à dire sur la manière de bien conduire sa vie. Explorer la nature de la réalité est l’une des premières tâches du cherchant, c’est également l’un des buts de la science. La Kabbale est fondamentalement une recherche établie sur l’expérience directe, elle n’est figée dans aucun dogme. Étant ouverte à tous et à tout, reposant sur le fondement d’une analyse personnelle, cette « science » traditionnelle a, très souvent, trop souvent, été « captée » par des structures dogmatiques. De là, est née, entre autres, la malencontreuse confusion entre Kabbale et judaïsme.

La Kabbale, pourtant, s’adresse à tous et ne cherche aucunement à sauver une religion plutôt qu’une autre, à l’image de ce Yeshouha qui n’a jamais voulu créer l’Église catholique apostolique et romaine.

L’une des caractéristiques de cette « science » est qu’elle est prête à accepter toute vision de la réalité, même si cela risque de remettre en question son propre fondement. Ainsi, un « kabbaliste » digne de ce nom, ou plutôt un « cherchant en kabbale », ne refuse jamais une avancée scientifique. Et réciproquement, aujourd’hui, aucune science n’a rejeté le fondement de la Kabbale, au contraire ! Notre monde est « énergétique », notre monde n’est qu’une équation énergétique, la matière ne représente qu’une partie infime de notre univers.

Le « Maître en Kabbale », s’il existe, n’enseigne pas une théorie ou des vérités, il donne au mieux une méthode pour que l’élève découvre par lui-même et essentiellement ce qu’il est. Il exprime à l’élève qu’il doit régulièrement examiner l’enseignement et ne doit jamais se positionner par simple respect pour le Maître.

Il ne s’agit pas de croire, mais de connaître !

La seule « croyance » de la Kabbale est identique à celle des autres voies initiatiques : le but principal de l’homme est de s’améliorer sans se soucier de l’origine de l’univers ou de la constitution de la matière. Si tant est que l’on puisse un jour y arriver, en quoi la connaissance de l’origine de l’univers ou de celle de la nature du temps et de l’espace, peuvent-elles nous aider à nous comprendre et à accepter l’autre ?

La création « est » ! La bonne question est : « Qu’en faire ? », et ainsi de prendre conscience de notre responsabilité devant elle en tant que « humble continuateur ».

Voici la question fondamentale posée par une démarche initiatique.

Toutefois, la voie ésotérique se différencie de la démarche scientifique en cela qu’elle constitue une connaissance sans accumulation de données. Elle permet une compréhension des modes d’existence et des relations entre les éléments constitutifs de notre Être. Le monde offre un champ d’études illimitées. Si l’Éveil est l’objectif essentiel du cherchant, il doit s’y consacrer entièrement en rassemblant dans ses mains toutes les connaissances nécessaires et suffisantes. Un cherchant, un peu plus avancé sur le chemin, peut offrir au cherchant balbutiant les moyens de faire le tri dans la masse d’informations qu’on lui assène quotidiennement. Ainsi, en s’appropriant cette méthode, le débutant, perdra moins de temps et pourra aisément aller au-delà du chemin du maître pour entrer dans son propre sentier. La transmission appartient donc à celui qui reçoit !

D’autre part, le fameux trouver une cause première qui est à la base de la pensée religieuse n’intéresse pas le cherchant ! Il est temps de ne plus perdre son temps, parce qu’il n’est pas nécessaire qu’il y ait eu un début !

En doutez-vous ?

La recherche scientifique nous apporte des informations essentielles et il est impensable de rejeter les apports de la science. Elle nous permet de découvrir toujours un peu plus le monde qui nous entoure ou les mécanismes de notre corps. Le cherchant en Kabbale intègre à sa démarche toutes les avancées scientifiques.

Toutefois, ayons toujours présent à l’esprit que la recherche scientifique ne débouche sur aucun changement d’ordre intérieur, alors que la recherche ésotérique aboutira à une transformation profonde de notre manière de percevoir le monde. Il ne suffit pas de savoir, il faut que l’expérimentation personnelle et la vérification au quotidien de nos propres travaux augmentent notre réservoir de potentialités.

Cette expérience peut provenir de la méditation, si « méditer » veut dire se familiariser avec cette nouvelle perception du monde et si elle s’exprime en actes.

Que sait-on de la création de l’univers en tant qu’adepte de la Kabbale ?

Loin d’être propre à l’univers biblique, la métaphore de la création de l’univers par la parole de dieu est partagée par la plupart des cosmogonies de la planète, du verbe johannique au aum hindou en passant par le yaho gnostique, la musique des sphères de Pythagore, le rire de Thot ou encore les fameux big-bang des physiciens modernes. Ainsi, chaque tradition affirme à sa façon que le monde est d’origine sonore, que les lois vibratoires sous-tendent sa structure et que le son diffuse le temps de l’Origine pour renouveler les hommes.

Notre enjeu n’est pas là !

Ce que nous trouverons d’abord chez les cherchants en Kabbale est un art subtil de pénétrer le signe dans le sens de la profondeur exigeant à la fois audace, intuition et rigueur. Par principe, le cherchant en Kabbale évalue la véracité des données, les confronte afin d’en tirer une conclusion. Ainsi, il ne va évidemment pas s’appuyer sur les carabistouilles des chronologistes religieux qui, à l’évidence, ne sont pas d’accord sur la date de la création pourtant si essentielle à leurs yeux. Les Juifs fixent cette date à 3760 ans avant notre ère, les chrétiens à 4004 ans en se fiant à la Septante ou à 5200 ans en suivant les conclusions de la Vulgate. Le cherchant préférera, sans nul doute, se fonder sur la vision du scientifique.

L’énergie du vide primordial a lancé l’univers dans une folle expansion.

Ceci va entraîner un accroissement vertigineux du volume de chacune de ses parties en un temps infinitésimal. L’infiniment petit a accouché de l’infiniment grand.

Il n’est pas utile d’inventer un créateur de ce grand « boum » parce que le « big bang » ne peut être qu’un épisode au sein d’un continuum sans début ni fin (ce sont les notions de Aïn Reshit et de Aïn Soph). La science actuelle ne dément pas les fondements kabbalistiques de la création.

La Kabbale, comme la science, ne nous permet pas de remonter jusqu’à l’instant de la création. La science cherche toujours, le cherchant préfère s’occuper de la suite. Le Bereshith laisse de côté cette question pour nous faire nous intéresser qu’à celle de la responsabilité de l’homme dans la continuation de la création.

La science parle, d’ailleurs, très souvent, à juste titre, d’une durée infinie de la création. Cela veut bien dire sans commencement.

La traduction au commencement du premier mot du Livre de Moyse a décidément fait beaucoup de mal aux cherchants sincères.

Le problème de la Création est un faux problème. Elle ne devient un problème que lorsqu’elle repose sur une croyance en la réalité des phénomènes et de l’existence réelle du temps et de l’espace. En fait, rien n’est encore démontré à ce jour, ni la création ex nihilo, ni la durée, ni la cessation, puisque chaque état doit nécessairement être causé par un état précédent. La théorie du big-bang se rapproche fortement de celle de la Kabbale, elle n’est que l’expression de tous les possibles-possibles. On comprend ainsi mieux la traduction que font les kabbalistes du Bereshit par en principe.

Le big-bang n’est qu’une étape de l’évolution de l’univers.

Lecteur, écoute ce que nous a enseigné notre initiateur.

Il fait appel à notre intelligence : Si quelque chose apparaît, cela signifie qu’un potentiel de manifestations était déjà présent. Ainsi, il est vérifiable que des espèces disparaissent au cours de l’évolution de l’univers comme d’autres apparaissent en fonction des mutations du milieu naturel.

Or, toutes les religions et les philosophies (sauf le bouddhisme) ont buté sur ce problème de la création. Faut-il rappeler ce qu’en disait Thomas d’Aquin : que le monde ait commencé, c’est là un objet de foi ; ce n’est pas un objet de démonstration ou de science. La science a éliminé la Création en écartant la notion de dieu créateur dont elle n’a pas besoin et la Kabbale a rejeté la notion même d’un début. D’ailleurs, la science moderne a mis en évidence la continuité d’un univers à l’autre par la succession des cycles sans début ni fin.

L’univers respire, il vit donc, il mute sans cesse, même si cela n’est pas visible à l’œil nu, même si cela écorche les dogmes religieux.

Ces réflexions sont primordiales, car le fait même que l’univers soit une succession de métamorphoses sans commencement réfute le faux principe de dualité entre la matière et l’esprit, l’esprit étant le but de notre travail de cherchant.

Démontrer qu’une Harmonie tisse les Univers, démontrer qu’il est possible de s’y rattacher : telle est la différence entre un être en évolution volontaire et un être (même s’il ne le sait pas) qui restera en stagnation tant qu’il ne changera pas d’attitude !

Aujourd’hui, la science est sortie de la zone confortable du matérialisme pur et dur. Elle est entrée dans la zone métaphysique. La Mécanique quantique ou Théorie des Quanta, entre autres découvertes, explique que tout ce qui existe forme une unité indivisible, que tout est connecté avec tout. La science moderne reconnaît qu’il n’y a pas de matière au sens traditionnel du terme, que toute masse peut se transformer en énergie, et toute énergie en masse.

Elle fait l’hypothèse de l’existence d’autres mondes formés d’antimatière. Physiciens, astronomes, biologistes, médecins avancent l’idée que la matière est une manifestation à des degrés divers des différentes formes vibratoires et gravitationnelles d’une « Énergie universelle ». Ce que disent les scientifiques aujourd’hui, cette antique connaissance de la vie qu’est la Kabbale l’affirme depuis quelque trois milliers d’années.

Toutefois, la cosmologie moderne a découvert que l’existence de l’être humain, Adam, « semble » être inscrite dans chaque atome, étoile et galaxie de l’univers et dans chaque loi physique qui régit le cosmos. Alors, l’univers s’est-il créé pour l’homme (quelle prétention !), c’est la vision anthropique habituelle, ou n’y a-t-il aucune intention dans la Nature ?