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Une femme drague un homme, Il succombe à ses charmes, Son épouse s'effondre, Mais entre rires et pleurs, L'amour reste vainqueur... QQCOQP !?! Alors que Jean-Cédric et Garance coulent des jours heureux, ils sont loin de s'imaginer qu'une relation d'adultère va éprouver leur amour... Au fil des rebondissements, trois personnages principaux vont être amenés à se requestionner sur le sens de la vie, la quête du bonheur et la trahison ainsi que sur leur perception de l'Amour absolu au travers de répliques drôles et parfois théâtrales qui feraient presque oublier le tragique de la situation. Cherchant à dépasser les différences de psychologie entre les hommes et les femmes, chacun va commencer à vivre un vrai retournement face aux doutes suscités par une vision de l'Amour à laquelle il ne s'attendait pas...
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Seitenzahl: 203
Veröffentlichungsjahr: 2023
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Introduction
L’anniversaire de mariage
Six mois plus tard
L’annonce
La première nuit
Premier après
La deuxième nuit
Deuxième après
La troisième nuit
Troisième après
La fin d’un tunnel
Entre deuil et résignation
Epilogue
Remerciements
« C'est très important, sais-tu, de s'aimer soi-même, car on ne peut donner que ce que l'on possède. Celui qui ne s'aime pas ne saura jamais vraiment aimer : il ne cessera de mendier l’attention et la reconnaissance des autres. C'est ainsi que naissent la jalousie et la possessivité. C'est bien souvent parce qu'on manque d'amour et d'estime de soi qu'on a peur, de manière presque maladive, de perdre l'amour des autres ».
Frédéric Lenoir
Mais faut-il « prendre garde » face à l’amour quand la recherche de celui-ci est peut-être l’activité la plus assidue dans la vie des hommes et des femmes ? Et que faut-il en penser quand il n'est pas à la hauteur des attentes ? Comment l’apprivoiser pour avancer dans la quête du Bonheur ? Peut-on être piégé par ce qui est tant et tant espéré ? Peut-on accepter, dans les épreuves, de laisser l’autre libre par Amour ?
Si la preuve la plus difficile à obtenir est bien celle de l’Amour, de quel Amour parle-t-on ?
Quand au premier abord, les amours humaines sont belles, elles peuvent, dans une autre dimension, révéler la lumière de l’Amour enfoui en chaque individu. A l’inverse, si elles ne sont qu'apparences et illusions, elles deviennent vite ténébreuses, voire destructrices.
Qu'il s'agisse d'Etty Hillesum dans les camps nazis de la mort, ou du Père Arsène qui faisait fondre la neige sous ses pieds tant il rayonnait par la prière dans les goulags soviétiques, tous deux ont été tellement imprégnés par l’Amour Absolu qu’ils ont révélé la Lumière en eux et ont fait fuir les ténèbres de leur vie intérieure. Mais alors, comment être joyeux au cœur de l’enfer humain, dans les pires situations de guerre et de souffrance ? Les exemples sont légions si l’on considère tous les hommes, ces mendiants de l'Amour, qui acceptent de se laisser pétrir par une énergie transcendante.
C’est en vivant avec conscience et profondeur que l’on peut accéder à une joie, une paix nourrie par l’Amour, partagées naturellement avec les autres. « Quand tu te seras débarrassée du superflu, alors tu pourras aimer » dit l’ange à Gitta Mallasz. « En toi le Germe pousse, garde-le bien ! Ne participe pas aux ténèbres, rayonne la Lumière, toujours et partout. »
Sans l’Amour rien ne peut s’accomplir, seul l’Amour relie.
C’est une vérité universelle qu'il nous faut découvrir : être à la fois le Ciel et la Terre, comme un arbre avec ses racines terrestres et ses racines célestes. Et cette prise de conscience ne peut être atteinte qu’au cours d’un cheminement personnel et spirituel au sens large du terme, à travers les découvertes métaphysiques, philosophiques et scientifiques, lesquelles sont largement reprises dans la physique quantique qui considère que tout est énergie.
Le plus difficile maintenant est d’avancer vers cette prise de conscience, sachant qu'une même énergie peut construire ou détruire... Tout est affaire de temps.
Vivre le temps présent est essentiel. Mais laisser au temps, le temps de faire évoluer les sentiments est tout aussi nécessaire, sachant que le mental se charge bien souvent de changer la perception des événements. Grand mystère que ce temps ; Il se définit comme un changement perpétuel qui transforme le présent en passé. « Mais ces deux temps, le passé et le futur, comment peut-on dire qu’ils « sont », puisque le passé n’est plus, et que le futur n’est pas encore ? Quant au présent, s’il restait toujours présent sans se transformer en passé, il cesserait d’être « temps » pour être « éternité ». Si donc le présent, pour être « temps », doit se transformer en passé, comment pouvons-nous dire qu’il « est », puisque son unique raison d’être, c’est de ne plus être, si bien que, en fait, nous ne pouvons parler de l’être du temps que parce qu’il s’achemine vers le non-être. » nous confie Saint Augustin.
Et comment un sentiment se conjugue-t-il dans le temps ? Seul ce que l’on en fait influence notre vie.
Ce livre, qui met en scène trois personnages principaux, tente d'en préciser quelques contours ontologiques dans une approche introspective permettant à la conscience d'entrevoir différemment les berges de l'amour, modelées par les méandres de la vie qui conduisent chacun à explorer de nouveaux paysages inquiétants ou sublimes. C'est une quête de l'amour parsemée d'embûches et de questions inattendues mais nécessaires à la compréhension des événements qui permettent d'avancer...
Lorsque l'on prend conscience que ses attentes se focalisent bien trop souvent sur l'extérieur ou sur les apparences au détriment de la construction de son être intérieur, on découvre alors de nombreux chemins au sol tantôt rugueux, tantôt duveteux mais qui, dans l'espace d'une vie ou parfois d'une expérience, conduisent toujours à faire croître l'Amour. Alors patience et confiance !
Le jardin est prêt, les barnums blancs étincellent comme des joyaux au cœur de leur écrin de verdure. Les rhododendrons préparent leurs fleurs qui bientôt s'épanouiront, telles des améthystes. Le soleil est au rendez-vous pour faire scintiller chaque éclat de nature magnifié par les chants des oiseaux. Même les cloches de l’église jouxtant la propriété s’invitent à la fête quand retentissent les douze coups de midi suivis de l’Angélus, comme pour bénir ce bel anniversaire ! Le traiteur vient d'investir la cuisine tandis que Garance ajoute sa touche personnelle à la décoration de l'ensemble. Jean-Cédric, lui, comme à son habitude s'active dans la salle de bain car tous les invités seront bientôt là... Bref, en ce début de printemps, la journée du 1er avril s’annonce bien pour les trente ans de mariage de Garance et Jean-Cé. Déjà, quand ils décidèrent de se marier, ils avaient choisi ce jour pour affirmer à la face du Monde que leur amour ne se laisserait pas imposer des règles régies par le conformisme social et la peur du « qu'en-dira-t-on ». Non ! Ils avaient d'emblée placé leur amour au dessus de tous ces carcans, car pour eux, se dire « OUI », c'était vouloir faire grandir l'autre au fil des joies et des épreuves que la Vie leur enverrait. Beau programme, en vérité, qui, de 1er avril en 1er avril, a amené Garance et Jean-Cédric à vouloir organiser cet anniversaire de mariage.
Mais rester aussi longtemps ensemble, n'est-ce pas un peu aller à contre-courant de la société actuelle qui vous vend sur les sites de rencontres le bonheur parfait à tous les âges de la vie ; il n'y a qu'à cliquer sur « valider » et tout repart à zéro, comme si vouloir être heureux, c'est juste refaire un plein de sentiments quand on en a envie ou besoin... et tout cela sans engagement, ni contraintes puisque chacun reste libre à tout moment ! Certes, on ne peut en vouloir à personne de rechercher le bonheur, mais ce n'est pas parce que bien-être et bonheur commencent par la même lettre que c'est forcément la même chose... C'est en tous cas ce que pense, du haut de ses cinquante neuf ans, Jean-Cé qui ne s'étonne d'ailleurs plus que dans ce contexte sociétal, il y ait de plus en plus de séparations ou de divorces.
Quant à Garance, sa vision de l'amour, à près de soixante bougies, repose sur l'idée qu'un amour qui ne grandit plus est un amour qui se meurt. C'est pourquoi, depuis qu'elle est devenue orthodoxe, elle a souhaité faire grandir les germes de la spiritualité chez Jean-Cédric en disséminant sur son chemin de vie de multiples attentions et délicatesses auxquelles elle le sait sensible. A lui de les cueillir pour fleurir le moment venu son jardin intérieur. C'est ainsi que tous deux semblent aujourd'hui couler des jours heureux avec l'espérance que les méandres de la vie continueront à entretenir ce doux projet. La vie s’écoule toujours comme de l’eau vive et il devient parfois indispensable de capter la fraîcheur du moment pour en savourer les bienfaits.
Ah, voilà Jean-Cédric qui, enfin prêt, descend de la salle de bain pour faire l'inspecteur des travaux finis. Allant voir le traiteur, il déclame sa liste des choses à ne pas oublier sous le regard amusé de Garance qui préfère le laisser penser qu'il a bien organisé la fête. Au moins, pense-t-elle, comme cela, s’il manque quelque chose, il ne pourra s'en prendre qu'à lui-même. Ceci dit, il n'est pas dupe, mais après trente ans de mariage, chacun se connaît suffisamment bien pour éviter les contrariétés stériles. Pour autant, doit-on en déduire que cela a toujours été aussi serein durant ces trente années de mariage ? C'est d'ailleurs la question que leur amie Lucie leur a récemment posée et à laquelle Jean-Cédric s'est empressé de répondre avec son humour rieur pour désamorcer toute ambiguïté : « Trente ans de mariage et combien d’années de bonheur ? ».
Bonne question en effet, car le bonheur est un mot qui offre un tel éventail de couleurs qu’il est bien difficile d'en définir chaque nuance. Pour Epicure, c’est la recherche du plaisir, en évitant tous les excès, sources de souffrance. Quant à Spinoza, le grand philosophe de la croissance personnelle, il explique que l’homme heureux vit dans la réciprocité afin de rechercher le bonheur pour les autres autant que pour lui-même. Aristote, lui, voit le bonheur comme le but ultime de toutes nos actions ; c'est un bien qui n’est pas fourni par l’extérieur mais qu’on doit trouver en soi-même, dans sa propre vie. Et pour Garance, cette dernière approche résonne particulièrement, en lien avec les enseignements d’Annick de Souzenelle : faire croître en soi le Germe Divin pour se laisser emplir par l’Amour Absolu. Ainsi, chacun pourra se faire une idée du bonheur dans son fort intérieur et ne devra pas chercher à imposer son approche à qui que ce soit. Le bonheur ne se découvre que dans le respect de l'autre, dans le partage et dans la bonne humeur !
Jean-Cédric et sa bonne humeur ! Son visage éclairé par un sourire étincelant, ses fossettes et son rire éclatant mettent en valeur son élégance naturelle. Il est rieur et sérieux à la fois, toujours enclin à la taquinerie sans jamais de méchanceté. Esthète, il est attiré par le «beau», et ce dans tous les domaines. C’est ainsi qu’il a été séduit par celle qui est devenue son épouse : sa beauté extérieure, visible par tous, et sa beauté intérieure, accessible uniquement à ceux qui tentent d'en découvrir les vibrations ascensionnelles.
Pour lui, tout ce qui élève l'Homme est porteur de beau ; en ce sens, la beauté par son universalité irradie tous les domaines : la nature, les arts, la philosophie, la spiritualité... et aussi les jolies femmes. Lorsqu’ils se promènent tous les deux dans la rue, il est très fier de voir un homme poser son regard sur l’élégance de Garance, et lui-même n'hésite pas à se retourner lorsqu’il croise une jolie fille. Son épouse n’en est pas importunée car les échanges constructifs et les longues discussions sur toutes sortes de sujets ont rendu leur relation sereine et complice. La jalousie n’a pas de place où se nicher entre eux...
Garance traverse la vie avec son cœur en bandoulière. Généreuse et bienveillante, elle se montre souvent très sensible aux événements et parfois trop, au point que, dans certaines circonstances des larmes peuvent lui monter aux yeux sans que l'on s'y attende. Pour autant, Garance est persuadée que toute larme est utile pour arroser son jardin intérieur, accompagnée en cela depuis son baptême par son ange gardien. De plus, elle a approfondi ces aspects spirituels depuis presque dix ans en découvrant Annick de Souzenelle, théologienne orthodoxe qui a vraiment parlé au cœur de Garance tant son discours expliquant les Écritures Saintes est empreint de vécu. Comprendre que chaque humain est porteur d’un Germe Divin est tellement éclairant... Ça a été et c’est encore, pour les deux époux, l’occasion d’échanger sur la Vie, son sens, les évolutions, les mutations nécessaires... L’amour est semblable à un soc de charrue qui rentre dans la terre, comme dans les cœurs, car il révèle tous les points de résistance.
Depuis leur rencontre, Garance a toujours su que l’Amour Absolu lui déposait Jean-Cédric dans sa vie et qu’elle aurait comme mission de l'aider à se révéler pleinement. Certes, ils ne sont parfaits ni l’un ni l’autre, mais ils sont si complémentaires, que les manques de l’un sont comblés par l’autre : Une magnifique rencontre d’Amour... qui rappelle cette pensée de François Garagnon, auteur de « Jade » : « On reconnaît l’amour véritable à ce que le silence de l’autre n’est plus un vide à remplir, mais une complicité à respecter ».
A sa manière, il a aussi été un « ange » à certains moments en aidant Garance à prendre les bonnes décisions professionnelles et personnelles.
C'est ainsi que l'on peut dire que les deux conjoints s’apportent depuis trente deux ans soutien et bienveillance en arrondissant si nécessaire les angles. C’est dans ces circonstances que l’Amour grandit. Mais pas le temps de disserter, les premiers invités arrivent...
***
La fête se déroule à merveille et un magicien en redingote et haut-de-forme, sollicité pour l'occasion, émerveille petits et grands en faisant apparaître des pièces de monnaie qui ne cessent de changer de taille. Il faut dire que les deux époux ont voulu donner à cet événement une dimension particulièrement rayonnante. Ils ont souhaité rendre cette fête aussi pétillante que des bulles de champagne. Tout le monde se régale et s'amuse dans une belle ambiance, où même le cochon de lait se tourne et se retourne sur le feu crépitant comme pour participer à la fête. Les invités apprécient autant les mets qui se succèdent que les conversations qui s'enchaînent. Au moment du café, l'attention se focalise à nouveau sur le magicien qui surprend tout le monde en réussissant l'impossible sous les yeux éberlués des invités.
Alors que la fête touche à sa fin, leur amie Lucie sur le départ leur dit : « Merci pour cette merveilleuse journée, vous transpirez votre bonheur et vous nous faites beaucoup de bien, vos regards sont lumineux et on y trouve une énergie très positive ! »
Si le bonheur rend les personnes lumineuses, c’est aussi grâce à la lumière que l’on peut voir nos parts d’ombre. Et François d'Assise, ne dit-il pas « Un seul rayon de soleil suffit à dissiper des millions d’ombres. » ? Et que penser du "clair-obscur" qui, en peinture, a permis la naissance de chefs-d’œuvre illustrant de nombreux ouvrages en papier glacé ; Mais pas le temps pour le moment de les présenter puisque quelqu'un vient de sonner au portillon.
C'est Sabine, la voisine de Garance et Jean-Cédric, qui a certainement encore une nouvelle importante à partager. Il faut dire que depuis quelques mois, elle vit de plus en plus mal son divorce et que son besoin d'en parler devient de plus en plus prégnant. Garance lui dit alors avec beaucoup de bienveillance :
— Je pense que si tu rentrais dans la maison, on serait plus à l'aise pour discuter...
— Merci Garance... je peux retirer mon manteau ?
— Oui, oui, bien sûr. Pour être dans le salon, nous serons mieux.
En galant homme, Jean-Cédric se précipite alors auprès de Sabine pour l'aider à retirer son manteau. Au vu du contexte difficile qu'elle vit aujourd'hui, il y a fort à parier qu'elle a sans doute aussi besoin de vider son sac et tout ça sans prendre de gants...
Sabine a déjà souffert il y a huit ans lorsque Marc, son premier mari, a rencontré une jolie femme, « fatale » selon l’expression, tant elle lui avait fait tourner la tête. Sabine avait bien tenté de se battre pour ne pas le perdre, mais les dix années séparant les deux femmes ont eu raison de l’amour dans le couple. Dévastée par cette séparation et anéantie à l’idée d’élever seule leur enfant, elle avait finalement retrouvé la paix en la personne de Paul, un ami de longue date, qu'elle a fini par épouser. D'accord sur tout, ils formaient un couple très uni. Garance, en fine observatrice, avait cependant alerté Sabine sur le risque d'être trop « fusionnel » car, disait-elle, il y en a toujours un qui finit par disparaître derrière l’autre.
Mais pour Sabine, ce genre de grande phrase tirée d'un manuel pour personnes en mal d'amour, écrit la plupart du temps par des psy torturés ou en manque de reconnaissance, la laisse totalement indifférente. D'ailleurs, elle, elle l'a trouvé le grand amour ; alors, pour les conseils, circulez, y a rien à voir !...
C'est vrai que Paul est bel homme, qu'il est tendre, élégant, attentionné avec elle et pour être plus précis, avec toutes les femmes attirantes... Ce qui était à craindre est arrivé quand il y a moins d'un an, Paul a craqué pour une de ses clientes qui est tombée sous son charme. Et depuis, la pauvre ne s'en est toujours pas relevée !... Très rapidement ensuite, ils sont partis vivre tous deux dans le sud de la France. La pauvre Sabine ne savait plus comment réagir, elle, qui n'avait rien vu venir...
— Je ne comprends plus rien, deux mecs, deux échecs !!
Mais qu’est-ce que je leur fais pour qu’ils me trahissent à chaque fois ? Et en plus, j’ai l’impression de les attirer !
— Je pense que tu ne fais rien de particulier, dit Garance.
Tu t’es juste laissée séduire avec sincérité par deux hommes qui t’aimaient... Tu sais, quand on vit une épreuve, c'est qu'il y a toujours une leçon à comprendre pour continuer à avancer dans la vie, comme sur un chemin initiatique. En d'autres termes, toute épreuve est bonne tant qu'elle creuse et qu'elle n'écrase pas...
— Oui, OK, mais je ne vois pas en quoi ce genre de conseil peut m’aider !
— Ecoute, si tu arrives à quitter la scène pour te mettre dans la salle, tu ne vivras pas ta pièce de la même manière... Peut-être même que tu trouveras ton personnage un peu dur avec lui-même et que certaines répliques te sembleront des redites l'enfermant dans un rôle au lieu de l'en sortir pour devenir lui-même. Et c'est quand l'acteur ne sait plus s'il joue une pièce ou sa propre vie qu'il devient grand. Mais pour apprécier et comprendre cet acteur-là, il faut être dans la salle... Avec un peu de recul, on voit toujours mieux la scène et cela permet de mieux cerner toutes les subtilités de la vie... ta vie, en l'occurrence.
— Euhhh... T'en as beaucoup des tirades comme celle-là ?
— Arrête... Je voulais juste te dire qu'on trimbale tous des casseroles plus ou moins lourdes dans la vie, et que si on ne prend pas suffisamment de recul face aux événements qui nous font trébucher, on n'arrivera jamais à trouver des chemins de guérison permettant de se relever... Je suis toujours très triste quand je vois des personnes continuer à vivre en mode allongé, limite invertébré !
— Peut-être... eh bien aujourd’hui, c’est moi qui suis à terre ! Alors, les beaux mecs, j’en ai ma claque ! Je ne me battrai dorénavant que pour le seul amour qui me reste, Bastien... Il est trop mignon, déjà neuf ans et demi, tu te rends compte !
— Et oui, ça grandit trop vite les enfants ! Il est beau comme tout et surtout bien dans sa tête et dans son cœur, tu peux être fière de toi car malgré l'absence de son père, tu as réussi à le rendre équilibré.
Jean-Cédric, qui n'avait fait que suivre la conversation, se risque à poser une question en oubliant d'être délicat :
— Sans vouloir être indiscret, qu’est-ce que tu faisais pour le séduire ? Bel homme comme il était, il a certainement dû croiser le regard de nombreuses femmes magnifiques susceptibles de te faire de l'ombre !
— Ça, c’est bien une réflexion de mec, t’es ignoble ! Est-ce que je dois comprendre que je suis moche ?! En plus, j'ai toujours fait des efforts vestimentaires pour rester élégante et attirante ! Et lui, il ne voit rien de tout ça chez moi ; Mais par contre, chez les autres femmes, il n'hésite pas à se retourner sur elles dans la rue pour peu qu'elles soient sexy ! Et là, dès qu'une pouffiasse de passage se trémousse un peu dans son cabinet, Monsieur en perd tous ses moyens et ne sait plus résister à la tentation... Non seulement, il m’a trompée, mais en plus il a le culot de me proposer un divorce à l’amiable. Je crois rêver !
— Euh... Est-ce qu'un café ou un thé t'aiderait à oublier ma maladresse ?
— Oui, volontiers car j'en ai vraiment besoin... pas à cause de toi, Jean-Cédric, mais parce que là, je me sens totalement vidée, répond Sabine.
— Allez ne t’inquiète pas, tu peux aussi voir les choses de façon positive. Pense à un bol tibétain ! Quand il est vide, il se met à chanter après un petit coup de marteau… mais s’il est plein, il se tait ! Et toi aussi en ce moment, tu peux faire résonner en toi de jolis sons qui sortiront de tes entrailles comme autant de notes d'Espérance.
— T’es mignonne, mais finalement, je crois que j’ai trop souvent cherché n’importe quoi ou n’importe qui pour combler mes vides. En fait, si j’ai été attirée par Paul, c'est parce que sa beauté, son charme et son allure extérieure me rassuraient suffisamment pour ne pas chercher à découvrir sa beauté intérieure. Erreur fatale !
Quant à Marc, c’était plutôt son talent d’artiste qui a captivé mon regard alors que j'avais les yeux fermés sur les autres dimensions de la beauté.
Maintenant que j’y pense, je me souviens m'être fait cette remarque sur vous deux lors de votre anniversaire de mariage où je vous ai trouvés particulièrement beaux, comme si vous étiez animés par quelque chose d'intérieur que je commence à comprendre…
— Tu sais, on a toujours essayé de se laisser porter par l'amour ; C'est lui qui donne à nos existences des espaces de respiration indispensables à la compréhension du monde. Et il n'y a pas de vie sans respiration... C'est d'ailleurs pourquoi dans le yoga on travaille beaucoup à valoriser ce réflexe naturel trop souvent oublié...
— Ah, oui, je vois… s'enraciner, s'ancrer, chercher en nous la sérénité et les moyens de mieux gérer nos émotions… comme le dit souvent Dominique, c'est vrai qu'on a de la chance d'avoir un prof comme ça… en plus si beau et si gentil !
— C'est vrai qu'il est super, mignon, délicat et pertinent dans ses conseils et sa gestion des cours.
— Oh, les filles, mais vous craquez toujours pour lui, ma parole….
— Ben oui... répondent en chœur les deux femmes.
— En plus, il est trop cool... renchérit Garance.
— Bon, alors si je comprends bien, dit Jean Cédric, quand vous allez à vos séances de yoga, ça n'est pas que pour la respiration et la relaxation ?!?
— T'inquiète, on revient sereine à chaque fois, c'est le principal, non ?
— Tu as raison Sabine, ça vous fait du bien, c'est l'essentiel…
***
Fin septembre, alors que Sabine tente de voir plus clair en elle, elle reçoit contre toute attente, dans la même semaine, un mail de Marc et un autre de Paul, tous deux lui déclarant être fatigués de leur « aventure » et avouant même que leur amour pour elle ne s'est jamais éteint...
Etrange situation que de voir ces deux hommes revenir vers elle, comme un bateau revient au port après avoir été malmené par la houle. Est-ce pour y réparer les avaries de la vie avant de repartir ? Ou est-ce la manifestation d'une prise de conscience un peu tardive que pour continuer à avancer, il faut savoir changer de bord et naviguer au plus près du vent ? Ce souffle qui permet à l'homme de découvrir toutes les dimensions de la vie...
Oui, et pendant tout ce temps, Sabine a aussi évolué. A la lecture de ces mails, elle ne se sent animée par aucune haine, colère ou rancœur. Elle les remercie pour la sincérité de leur échange et les invite à privilégier une relation épanouie dans l'amitié plutôt que la reprise d'un amour chahuté. La solitude ne lui fait plus peur et ses priorités sont désormais d’un autre ordre, plus intérieures et spirituelles.
Même si la vie se charge bien souvent de désécuriser les individus pour leur permettre de grandir et de se verticaliser, on se dit, au terme de cette période estivale, que Garance et Jean-Cédric sont suffisamment forts de leur amour pour ne pas craindre l'avenir. La marche qu’ils s’apprêtent à gravir ne se laisse pas deviner...