Kilimandjaro - Franck Sacristan - E-Book

Kilimandjaro E-Book

Franck Sacristan

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Beschreibung

« Je te préviens, si on doit se marier, je veux un voyage de noces original ! »

Adélaïde était loin de se douter que, quelques heures après avoir dit « oui », elle se retrouverait à tenter d'atteindre le toit de l'Afrique à 5 895 m.

Ouvrez ce livre, et venez avec nous à l'assaut de ce sommet mythique. Partagez nos doutes et nos craintes, mais aussi des rencontres magiques, une nature sublime et des anecdotes hilarantes.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Né le 22 décembre 1993 à Rambouillet, Franck Sacristan est arrivé très tôt en Sarthe où il y obtient sa licence STAPS « management sportif ».

Amoureux des voyages et des défis sportifs, il sillonne de nombreux pays d'Europe, d'Asie et d'Afrique, à la recherche de dépaysement.

Deux ans après avoir descendu la Loire en kayak, il reprend la plume pour nous raconter son voyage de noces complètement dingue.

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Seitenzahl: 153

Veröffentlichungsjahr: 2025

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Couverture

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Publishroom Factorywww.publishroom.com

ISBN : 978-2-38625-873-2

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit, est illicite et constitue une contrefaçon, aux termes des articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Page de titre

Franck Sacristan

Kilimandjaro

« Un voyage de noces sur le toit de l’Afrique »

Carte

Introduction

Nous sommes le samedi 20 novembre 2021, il est environ 17h30 et nous roulons depuis déjà plus d’une heure au milieu des champs et des petits villages. C’est une belle journée pour la saison : le soleil nous montre encore ses derniers rayons et il fait presque chaud. Adèle, assise sur le siège passager, s’agite et ne cesse de poser des questions depuis notre départ. Elle fêtera ses 27 ans dans quelques jours, et je lui ai simplement dit que j’avais prévu une petite surprise pour elle ce week-end.

Je lui ai demandé en partant de prendre des vêtements chics et quelques affaires de toilette, et, alors que nous roulons sur cette route de campagne qui semble interminable, elle essaye de me poser 1000 questions, que je laisse volontairement sans réponse. Me connaissant, elle s’attend à tout, et commence à stresser… mais ne se doute pas que, derrière mon air décontracté, je stresse également. Sûrement bien plus qu’elle.

Alors qu’elle ne s’y attend plus, j’entame un dernier virage à gauche. La route disparaît alors pour laisser place à une allée de gravillons, entourée d’un parc entretenu avec le plus grand soin : des arbres parfaitement taillés jusqu’aux jardins fleuris aux mille couleurs, sans oublier les quelques œuvres d’art disposées ci et là. L’ensemble s’harmonise à merveille, mais le plus impressionnant se trouve au bout de l’allée, invisible depuis la route : un énorme château blanc, avec ses grandes fenêtres et ses symétries qui témoignent du génie des bâtisseurs de la Renaissance, celui-ci est digne de ceux qui surplombent la Loire.

Pourtant, nous sommes à Yvré-l’Évêque, petite commune sarthoise de tout juste 4000 habitants, mais la bâtisse est posée en ce parc tel un diamant dans son écrin : parfaitement à sa place. Étant déjà venu ici quelques années plus tôt, je savais donc à quoi m’attendre, mais je reste néanmoins très admiratif devant la beauté du lieu. Adèle, quant à elle, en perd les mots. Des étoiles dans les yeux, elle parvient à me dire après quelques secondes :

« C’est ici qu’on va manger ?

– Oui, mais pas seulement, j’ai aussi réservé la plus belle suite du château pour la nuit. »

Au bout de l’allée, je me gare sur un petit parking au pied du château. En descendant, on éclate de rire : il faut dire que ma vieille Dacia Sandero fait légèrement tache entre une Porsche Cayenne et une Alpha Roméo neuve. Mais peu importe, nous sommes comme sur un nuage, enveloppés par l’enchantement du lieu. Ce soir, c’est nous les rois !

Après avoir pris possession de notre suite et avoir profité de la baignoire géante ainsi que de quelques boissons livrées directement en chambre via le « room service », on décide d’aller manger. L’une des meilleures cuisines que je n’ai jamais goûtée de ma vie. Les plats sont si bien présentés qu’il serait possible de les exposer, tels des œuvres d’art, si bien que j’ai presque des remords à planter ma fourchette dedans. Toutefois, une fois en bouche, l’art du cuisinier se révèle enfin pleinement : chaque bouchée est une explosion de saveurs, sublimée à merveille par une bouteille de château Margaux de 2017, proposée par un sommelier des plus compétents. Mais malgré les verres de vin et la magie du lieu, une boule de stress s’est installée et ne cesse de grandir dans mon ventre.

En fin de repas, je demande au serveur s’il est possible de prendre un digestif en chambre, celui-ci nous le confirme, et insiste pour nous monter lui-même les verres. Une fois seuls dans notre magnifique suite, devant un lit « king size » aussi large que long, j’offre à Adèle une enveloppe contenant un poème d’amour que j’ai soigneusement rédigé quelques semaines plus tôt. Une simple diversion. Tandis qu’elle le lit, je me place discrètement derrière elle, sors une petite boite que j’ai gardée fébrilement sur moi pendant tout le repas, pose un genou à terre, et attends qu’elle se retourne. Le cœur battant à tout rompre durant ces quelques secondes de lecture qui me semblent une éternité, je comprends seulement à ce moment toute la portée de ce que je suis en train de faire, oscillant entre un stress insondable et un bonheur infini.

Lorsqu’elle achève les dernières lignes, elle lève la tête et, surprise de ne pas me voir, se retourne lentement. Alors qu’elle me voit à genoux, lui tendant une bague étincelante d’or et de diamants, elle se fige… l’espace de quelques secondes, le temps entier se fige… puis elle part dans un sanglot incontrôlable, entremêlé d’éclats de rires. Si bien que, au bout d’un certain temps, je suis obligé de me relever pour la prendre dans mes bras, avant de réitérer ma demande muette. Étant incapable de dire un mot, elle me tend sa main pour que je lui enfile la bague : elle a accepté !

Il faudra encore de longues minutes pour qu’elle reprenne quelque peu ses esprits et réussisse à me dire :

« Mais alors, ça veut dire qu’on va se marier ? Je vais devenir ta femme ?

– Il faut croire, oui…

– Je te préviens, si on doit se marier, je veux un voyage de noces original ! »

I.De discrets préparatifs

Quelques jours après avoir fait ma demande, on commence déjà les préparatifs du mariage, à commencer par les dates. Il faut que ce soit en été, pour être certain d’avoir du beau temps, mais éviter juillet et août, car de nombreuses personnes partent en vacances pendant cette période. Ce sera donc en juin, mais en 2023, ce qui nous laisse plus d’un an et demi pour réunir tout l’argent nécessaire et tout préparer. La date sera donc fixée au samedi 10 juin 2023.

Ce premier point étant passé, on continue en établissant la liste des invités qui, entre la famille et les amis proches, seront approximativement entre 70 et 80. S’ensuit l’élaboration du plan de table qui, malgré ce que j’aurais pu croire, sera l’un des plus gros casse-têtes, et ne sera définitif que quelques semaines avant le mariage… après avoir été modifié un nombre incalculable de fois.

Dès les premiers mois, se posera également la question du lieu. Pour un tel évènement, hors de question de louer une salle des fêtes, nous voulons faire les choses en grand, et après quelques recherches, l’idée de louer un gîte nous plaît énormément. Il y en a plusieurs autour de chez nous, mais ce sera finalement « les forges de la rose », à Teillé, qui va correspondre à tous nos critères. Perdu en pleine campagne, cet ancien corps de ferme, entouré d’un jardin magnifiquement fleuri, a été rénové avec beaucoup de goût. En plus d’offrir un cadre parfait pour les photos de mariage, ce lieu champêtre et bucolique est à notre image : simple et proche de la nature. Ce qui termine totalement de nous convaincre, c’est que le gîte possède près de 30 couchages, répartis en dortoirs ou en chambres privées. Nous ne sommes qu’au début des préparatifs, mais voilà que, avec ce petit caprice, notre budget est déjà largement dépassé. Qu’importe, un mariage est un événement très particulier, donc autant se faire plaisir.

Très vite, je reviens également sur la phrase qu’Adèle m’a dite le jour où je lui ai fait ma demande :

« Tu sais, pour notre voyage de noces, j’ai justement un projet que j’avais en tête depuis longtemps et qui peut être très sympa.

– Tu me fais peur en me disant ce genre de chose… la dernière fois que tu as pris cet air-là, on s’est retrouvé à descendre la Loire en kayak pendant plus de trois semaines…

– Ce sera différent cette fois, on garderait les pieds au sec, je pensais à la Tanzanie.

– Pour faire un safari ?

– Non, plutôt l’ascension du Kilimandjaro, le toit de l’Afrique.

– Hors de question, je ne veux plus te suivre dans ce genre de projet !

– Mais c’est toi qui m’as demandé quelque chose d’original, il faut assumer.

– Sûrement pas ! »

Les semaines passent, puis les mois. Nous sommes déjà à la fin de l’année 2022. Le mariage n’est que dans 6 mois, mais il nous reste encore une infinité de choses à préparer. Entre les rendez-vous avec le curé, l’animateur, le photographe, l’élaboration du menu, le choix du gâteau avec le boulanger, le tailleur pour le costume, le maire, le joaillier pour les alliances… c’est vraiment impressionnant les centaines d’heures qui sont nécessaires pour qu’une seule journée soit parfaite. Mais en plus du temps passé, c’est également un véritable gouffre financier : nous apprenons vite que dans un mariage, chacun veut sa part du gâteau, et les chèques défilent à une vitesse folle. D’ailleurs, voilà déjà quelques mois que nous ne faisons plus la moindre sortie et n’achetons rien en dehors de ce qui est strictement nécessaire. Un effort voulu car nous souhaitons sincèrement rendre cette journée inoubliable, quitte à faire des sacrifices. Si seulement nous savions que de nouvelles dépenses, tout aussi importantes, allaient bientôt venir augmenter le poids de nos efforts !

Un soir de février, alors que nous sommes en train de modifier une énième fois le plan de table sur un brouillon, je relance à nouveau le sujet du voyage de noces :

« Tu imagines quand même, aller sur le toit de l’Afrique ! C’est quelque chose d’inoubliable, ça doit être si fort en émotions !

– Oui, sûrement. Mais j’aimerais de vraies vacances : en bord de mer, en sirotant des cocktails. Et puis, tu imagines le budget que ça doit être d’aller là-haut ? Déjà qu’on a du mal à joindre les deux bouts avec le mariage.

– Reconnais le : tu n’es même pas cap !

– Ah oui ? On va aller le faire alors, tu ne me laisses plus le choix.

– Tu imagines ? La tête des gens quand on va leur annoncer ça ?

– Ça serait encore plus fort qu’on n’en parle que le jour du mariage !

– C’est clair ! Allez, on fait comme ça alors. »

Ce soir-là, je suis euphorique. En plus du mariage, se met alors en place de nouveaux préparatifs, totalement cachés au reste du monde. Dorénavant, nous avons l’impression de nous battre sur deux fronts : un officiel, et un second, secret.

Ce défi enfin accepté, je me lance immédiatement dans une documentation effrénée sur le Kilimandjaro : vidéos, sites internet, livres, témoignages… tout ce qui touche à ce sujet de près ou de loin m’intéresse. En parallèle, je mets en place un programme d’entraînement des plus stricts : régime alimentaire équilibré, renforcement musculaire, cardio… je compte bien mettre toutes les chances de mon côté pour réussir ce projet fou. De son côté, Adèle est beaucoup plus confiante, et essaye de m’expliquer son point de vue :

« J’ai réussi à descendre les 1000 km de la Loire en kayak alors que n’ai jamais été une grande sportive. Alors une ascension, ça sera une promenade de santé. »

N’ayant jamais mis les pieds en haute montagne, je préfère rester vigilent. Même si je concède que le mental aura certainement une place très importante pour réussir, je ne sais absolument pas à quoi m’attendre. »

C’est difficile de garder le secret, mais je pense chaque jour à la tête que nos proches feront quand on leur annoncera ça, même si, nous connaissant, beaucoup se doutent déjà de quelque chose.

Très vite, entre deux rendez-vous avec le curé ou le tailleur, je récolte plusieurs informations importantes sur cette montagne considérée comme sacrée par les peuples vivant autour. À commencer par la plus importante : interdiction de se lancer seul. Il faut impérativement recourir aux services d’un guide et d’une équipe de porteurs. Après tout, ce n’est pas plus mal, je nous imagine difficilement faire une ascension d’une semaine sans la moindre connaissance de la montagne en autonomie complète. En faisant quelques recherches sur internet, je tombe rapidement sur un site génial, spécialisé dans les voyages extrêmes autour du monde et qui propose, entre autre, de nous mettre en contact avec une équipe de guides et porteurs une fois que nous serons sur place. Rassuré par leur sérieux, attesté par les éloges que les clients précédents ont laissés en commentaire, je décide de les contacter par téléphone. L’homme qui me répond m’inspire très vite confiance. Calme et professionnel, il prend le temps de m’expliquer plusieurs points importants : le matériel indispensable (dont il m’enverra une liste par e-mail), mais surtout, qu’il existe sept voies d’accès pour rejoindre le sommet, et qu’elles sont très différentes l’une de l’autre. D’après lui, la réussite de ce projet peut dépendre de la voie que nous emprunterons, il convient donc de choisir avec le plus grand soin. En fonction de ses attentes, chacun peut y trouver son compte.

Pour m’aider, l’homme me propose alors une description rapide de chaque voie vers le sommet, avec leurs spécificités. D’emblée, j’écarte la première, la « voie Machamé », car elle est considérée comme étant la voie la plus empruntée, alors que je cherche à m’éloigner au plus loin des sentiers battus. Exit aussi la « voie Mweka », l’itinéraire le plus rapide et le plus périlleux, qui permet d’atteindre le sommet en seulement trois jours, notre but ici ne sera pas de faire une course de vitesse. Le troisième itinéraire qui me sera présenté est la « voie Umbwe », réservée aux alpinistes expérimentés. Je l’écarte également.

C’est seulement quand mon interlocuteur me décrit la quatrième voie que mon visage s’illumine :

« La voie Lemosho mesure 50km. Elle est l’une des plus récentes. Contrairement aux autres routes, celle-ci est beaucoup plus discrète et peu fréquentée, ce qui permet, pendant les 6 à 8 jours de montée, d’être le spectateur privilégié de l’extraordinaire paysage qu’offre ce lieu préservé et isolé.

– Parfait, c’est exactement celle-ci qu’il nous faut. »

L’homme prend note et me demande la date exacte de l’ascension. Comme nous ne le savons pas encore précisément, je promets de le rappeler la semaine suivante. En raccrochant, j’ai l’impression que l’aventure devient bien plus concrète.

Le soir même, j’en discute avec Adèle, et nous convenons que l’idéal serait d’y aller en juillet ou en août, car dès septembre, elle doit se rendre à Agen pendant 6 mois pour suivre une formation, et cela repousserait le projet à l’année prochaine… ce qui est absolument hors de question. Sans attendre, on se lance alors dans une recherche minutieuse sur internet, et, en comparant les vols, on se rend compte que les prix varient énormément d’une compagnie à l’autre, mais aussi, bien plus surprenant, le prix d’un même vol sera différent à chaque fois que nous actualiserons la page. Il s’agit donc d’être patient et d’attendre le meilleur moment.

Un soir, alors que nous suivons le cours des prix presque toutes les heures depuis déjà plusieurs jours sans avoir noté de grosses variations, je me retrouve victime d’une insomnie. À coté d’Adèle qui, elle, dort tout son saoul, je fais défiler machinalement des vidéos courtes sur mon téléphone en espérant trouver le sommeil, quand une idée me vient en tête :

« Si j’essayais de regarder les vols pour la Tanzanie au mois de juin ? »

Sans attendre, je me rends sur le site internet d’un célèbre comparateur de vol (dont le nom passe en boucle à la télé à chaque entracte publicitaire), et découvre que le prix des billets d’avion est énormément moins cher : près de 500 euros de moins par personne. Ce n’est pas négligeable ! Comment est-ce qu’on a pu passer à côté de ce détail… juillet et août sont les vacances scolaires. Il est évident que les billets d’avion sont plus chers lors de cette période. Je pose mon téléphone et parviens enfin à m’endormir, le sourire aux lèvres et une idée en tête.

À mon réveil, je suis seul dans la chambre. Adèle travaille aujourd’hui et a dû partir tôt. J’attends donc avec impatience sa pause du midi pour pouvoir l’appeler :

« J’ai vu cette nuit que si on part en juin, le billet n’est qu’à 650 euros chacun !

– C’est génial, en plus, avec mon boulot, je peux m’arranger pour avoir des vacances pendant cette période.

– Super alors, parce que j’avais une idée qui pourrait être géniale.

– Vraiment ? Laquelle ?

– On se marie le week-end du 10 et 11 juin. Ça te dirait qu’on prenne l’avion immédiatement après ?

– Tu veux dire le 12 juin ? Ça serait dingue, et on sera sûrement épuisés, mais je suis d’accord, juste pour voir la tête de ma famille quand on leur annoncera ! »

Aussitôt dit, je m’empresse de recontacter l’agence qui s’occupera de l’organisation en leur indiquant toutes les informations :

« Nous serons en Tanzanie du 13 au 24 juin, et désirons faire l’ascension du Kilimandjaro par la voie Lemosho.

– Aucun problème, un guide vous attendra à l’aéroport d’Arusha et vous transportera jusqu’à votre hôtel, vous commencerez la montée le lendemain matin. »

Notre réservation faite, je m’empresse d’aller acheter des billets d’avion. À présent, ce projet devient concret. Désormais, plus rien ne peut nous empêcher de nous rendre au pied de ce géant africain. Mais pour arriver au sommet, ça sera une autre affaire.

À présent, les semaines défilent vite. Cette double préparation est épuisante, tant sur le plan physique que psychologique. Garder le secret de notre projet est un poids qui deviens lourd, tant pour Adèle qui n’a encore jamais voyagé aussi loin, que pour moi, dont l’impatience ne cesse de grandir. Pour cette raison, et le stress du mariage aidant grandement lui aussi, plus la date approche et plus on s’engueule régulièrement, au point où, les derniers jours, il nous sera presque impossible d’avoir une simple conversation sans s’énerver l’un contre l’autre. Stress, fatigue et manque d’argent… le cocktail explosif à l’origine de presque toutes les disputes dans un couple !

Il faut dire qu’on s’en rend bien compte : atteindre le sommet d’une montagne de presque 6000 mètres d’altitude nécessite d’acheter beaucoup de matériel. Malheureusement, nous ne le pouvons pas. À seulement quelques jours du départ, nous n’avons qu’un manteau et un bonnet pour affronter des températures qui peuvent atteindre les -20°, même pas de duvet adapté !

Malgré cela, je crée un petit jeu qui m’amuse beaucoup : donner des indices à mon entourage que nous préparons quelque chose, au moyen de petits lapsus, glissés l’air de rien lors de conversations anodines. Je me souviens, par exemple, d’une conversation que j’ai eue avec ma mère au printemps :

« Alors, les préparatifs du mariage, ça avance ?