L'Algorithme des cons - Philippe Bonnamy - E-Book

L'Algorithme des cons E-Book

Philippe Bonnamy

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Beschreibung

La pièce démarre et se poursuit avec une série de rencontres entre Einstein et Churchill au début des années cinquante. Einstein est inquiet des excès du maccarthisme qui sévit aux USA, en particulier à l'égard de la communauté scientifique personnifiée par Oppenheimer, et Churchill, de son côté, rumine de mauvaise foi son amertume de ne plus être Premier ministre. En pleine guerre froide, il s'inquiète aussi des accusations américaines d'infiltration des services secrets britanniques par des espions soviétiques. Naturellement, tout est relatif pour Einstein (!) qui ne tarde pas à trouver l'algorithme des "stupides" (des "cons" aujourd 'hui) grâce auquel Churchill résoudra ses problèmes. Entre ces deux maîtres en aphorismes, il va de soi que ni l'un, ni l'autre ne perd son sens de l'humour pour discuter d'un sujet aussi sérieux sur le fond. De leurs relations naîtra aussi une romance épistolaire entre le bibliothécaire de l'Institut des Sciences de Princeton et la secrétaire de Churchill qui ajoutent un complément involontaire aux échanges des deux grands hommes et une touche de légèreté supplémentaire

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Seitenzahl: 66

Veröffentlichungsjahr: 2025

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La stupidité humaine : des lois fondamentales de Cipolla

à la Relativité générale … Autant en rire ! (BoD)

Jusque-là, ça va ! (L’Harmattan)

Philippe Bonnamy, polytechnicien, a déjà écrit plusieurs romans et essais parfois inspirés d’une vie professionnelle variée, successivement dans l’industrie pétrolière, la finance d’entreprise et l’entrepreneuriat. Il a partagé pendant plusieurs années cette expérience entrepreneuriale dans un cours donné dans plusieurs universités et grandes écoles.

« L’intelligence artificielle ne fera jamais le poids devant la stupidité humaine »

Einstein

NOTES

Les rencontres d’Einstein et de Churchill sont inventées. Celle de 1933 dans la résidence des Churchill à Chartwell, rappelée dans la pièce, est la seule qui ait réellement eu lieu.

Les aphorismes prononcés respectivement par Einstein et Churchill sont innombrables au point de ne pouvoir en citer précisément toutes les sources. En ce qui concerne Churchill, c’est même impossible tant ses biographies sont nombreuses. Il en est à peu près de même pour Einstein dont nous citerons cependant celle, particulièrement documentée, écrite par Walter Isaacson (« Genius » publié par Simon & Schuster UK Ltd en 2007). Quelques répliques en sont reprises, entre guillemets dans le texte.

La pièce s’inspire largement de l’essai de son auteur « La stupidité humaine : des lois fondamentales de Cipolla à la relativité générale… Autant en rire ! ». Cet essai fait référence à celui de Carlo Cipolla, « Les lois fondamentales de la stupidité humaine » publié en anglais dans les années 70 (Editions « Mad Millers ») et réédité en 2012 en français par les éditions Puf. La définition de la stupidité en est reprise.

Les personnages

Einstein

Churchill

Margareth

Findle.

Whittle

Un serveur (même acteur que Whittle)

Sommaire

Les personnages

Scène 1

Scène 2

Scène 3

Scène 4

Scène 5

Scène 6

Scène 7

Scène 8

Scène 9

Scène 10

Scène 11

Scène 12

Scène 13

Scène 14

RIDEAU

CONFIDENTIEL

Scène 1

Le décor, le fumoir dans la résidence des Churchill à Chartwell, est réduit à deux fauteuils de part et d’autre d’une table sur laquelle sont posés une bouteille de whisky et quelques verres sur un plateau. Une fenêtre est ouverte sur le trompe-l’œil d’un parc à l’anglaise. Einstein et Churchill entrent ensemble sur scène et restent debout jusqu’à ce que Churchill invite Einstein à s’assoir. Churchill a un cigare. Einstein ne fume pas mais il a l’allure qu’il gardera pendant toute la pièce : les cheveux ébouriffés, un pantalon trop court et pas de chaussettes.

EINSTEIN Bonjour, Monsieur le Premier ministre, je suis honoré de partager l’intimité de l’homme sans qui les Nazis dirigeraient le monde.

CHURCHILL Il s’en est fallu de peu, mon cher Einstein, mais tout l’honneur est pour moi. Des Premiers ministres, ça court les rues…

EINSTEIN(intervenant) Ils ont bien de la chance !

CHURCHILL … Du moins autant que l’arthrose leur permet naturellement. Je ne tire pas sur les ambulances, mais vous connaissez mon successeur au 10 Downing Street, non ?

EINSTEIN Je ne me permettrais pas d’émettre un avis sur un Premier ministre britannique.

CHURCHILL Vous avez tort ! Ça saute aux yeux. Tandis qu’il fallait avoir la chance d‘être de leur siècle pour serrer la main de Galilée, de Newton et aujourd’hui celle d’Albert Einstein !

EINSTEIN Merci mais il s’en est fallu de peu que vous ne serriez la main d’un inspecteur de 2ème classe de l’Office Fédéral des Brevets de Berne.

CHURCHILL Vraiment ?

EINSTEIN Oui ! J’y étais rentré sans autre ambition que de toucher enfin un salaire après quatre années de galère. Mais finalement, ce que j’y faisais me plaisait : je vérifiais la validité des demandes de dépôts de brevet et j’y ai éprouvé un réel plaisir. De plus j’arrivais à expédier mon travail en quelques heures et à consacrer le reste de la journée à mes recherches …

CHURCHILL Quel dommage que vous ne soyez pas venu nous voir. Je vous trouvais quelque chose quelque part où vous auriez eu les mêmes loisirs ! Pourquoi pas même, un siège à Westminster par exemple.

EINSTEIN … Et, de plus, le Directeur de l’Office, ce bon Monsieur Haller, m’a rendu le service d’un conseil que je n’attendais pas de sa part mais que j’ai toujours suivi depuis : « Faites comme si vos interlocuteurs ne cessaient pas de mentir » !

CHURCHILL C’était bien un Suisse votre Monsieur Haller !

EINSTEIN Je suis resté près de dix ans à l’Office Fédéral des Brevets. J’ai même fini par passer au deuxième échelon.

CHURCHILL Je crois me souvenir que vous m’en aviez déjà parlé quand nous nous sommes rencontrés pour la première fois en 32 ou 33, n’est-ce pas ?

EINSTEIN Vous vous en rappelez ? C’était fin 1933 et c’était aussi ici, chez vous, à Chartwell. Je ne suis pas prèsde l’oublier. Quelques semaines plus tôt, heureusement en notre absence, notre appartement berlinois et notre maison de campagne avaient été vandalisés par les Nazis.

CHURCHILL Je m’en rappelle très bien maintenant. Des sauvages ! Et quels crétins quand on y pense. Se priver d’un Einstein !

EINSTEIN Nous avions surtout parlé de la situation en Allemagne. Je vous avais quitté avec la prémonition que vous joueriez un rôle important dans les évènements qui allaient suivre.

CHURCHILL Il s’en est fallu de peu moi aussi ! A une voix près au sein du Cabinet, j’étais mis en minorité et l’Angleterre, sans moi naturellement, aurait négocié avec Hitler en juin 40. Vous vous rendez compte ? Hitler qui vous met à la porte et l’Angleterre à un doigt de discuter avec lui ! Vous ne pouvez pas imaginer la place que tient la stupidité dans les affaires du monde.

EINSTEIN Et s’il n’y avait que là.

CHURCHILL C’est déjà pas mal ! mais dites-moi, je me rappelle aussi que j’avais essayé de vous interroger sur vos travaux et que vous m’aviez gentiment fait comprendre que je n’aurai pas le temps de comprendre.

EINSTEIN Vous exagérez, Monsieur le Premier ministre, au contraire …

CHURCHILL Mon cher Einstein, simplifions si vous voulez bien, vous voulez bien être Albert et moi Winston ?

EINSTEIN Winston ! Albert ! Je ne sais pas si vous savez que « mes parents voulaient m’appeler Abraham et qu’ils ont changé au dernier moment pour Albert. Figurez-vousqu’ils ont trouvé qu’Abraham faisait trop juif ! » Mais imaginer que leur fils Abraham/Albert rencontrerait un Premier ministre anglais, et quel Premier ministre, et qu’il l’appellerait par son prénom !

CHURCHILL La réciproque est vraie, cher ami. Sauf pour Abraham ! Chez les Marlborough, c’était John ou George et je crois que c’est ma mère qui a imposé Winston, Dieu sait pourquoi.

EINSTEIN Le moins qu’on puisse dire, c’est que vous vous êtes fait non seulement un nom mais aussi un prénom.

CHURCHILL En tout cas, mes parents n’auraient jamais imaginé que leur cancre de fils deviendrait un jour Premier ministre et pas davantage qu’il appellerait Einstein par son prénom. Mais asseyez-vous.

Churchill invite Einstein à s’assoir sur un fauteuil et, après avoir servi deux verres de whisky, va s’assoir à son tour de l’autre côté de la table basse qui les sépare.

CHURCHILL Cheers ! Nous avons tout le temps devant nous aujourd’hui où je n’ai plus à conduire une guerre. Seulement l’opposition au Parlement, autrement dit un bon mot de temps en temps. Alors rattrapons le temps perdu ! Vous savez Albert que je partage avec vous le fait d’avoir été un très mauvais élève quand j’étais jeune.

EINSTEIN Mauvais, je n’arrive pas à le croire. Dissipé peut-être ?

CHURCHILL Il doit encore y avoir quelque part dans mes archives une appréciation datant de mes huit ou neuf ans, qui me décrivait comme pas complètement idiot, mais unidiot tout de même et intenable et sans don pour quoi que ce soit…

EINSTEIN Et moi, « un de mes professeurs de physique à l’Ecole Polytechnique de Zurich avait accompagné sa mauvaise note d’une appréciation certifiant que je n’avais certainement aucun avenir dans la physique ni ailleurs probablement »

CHURCHILL