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Lorsque des meurtres brutaux ébranlent San Francisco, Scanguards réalise que les preuves pointent vers l'un des leurs, le videur et vampire Orlando, bourru et farouchement privé. Isabelle, la fille hybride de Samson et Delilah, tente de prouver l'innocence d'Orlando. Mais une révélation sur des actes du passé d'Orlando ébranle sa confiance en lui, tandis qu'il tente de la repousser, de peur que le passé ne se répète et ne le prive une fois de plus de tout ce qu'il aime. Alors qu'ils recherchent le coupable pour laver le nom d'Orlando, il devient évident que la seule façon pour Isabelle et Orlando de résoudre ces meurtres macabres est de ne faire confiance à personne d'autre qu'à l'un et à l'autre. Même si cela signifie qu'ils doivent ouvrir leur cœur et mettre à nu leurs peurs primaires. À PROPOS DE LA SÉRIE La série Scanguards Vampires est pleine d'action rapide, de scènes d'amour torrides, de dialogues pleins d'esprit et de héros et héroïnes forts. Le vampire Samson Woodford vit à San Francisco et possède une société de sécurité et de garde du corps, Scanguards, qui emploie à la fois des vampires et des humains. Et éventuellement des sorcières. Ajoutez quelques gardiens immortels et quelques démons plus tard dans la série, et vous aurez compris ! Chaque livre peut être lu seul et est toujours centré sur un nouveau couple qui trouve l'amour, mais la série est plus agréable lorsqu'elle est lue dans l'ordre. Et bien sûr, il y a toujours quelques blagues - vous comprendrez quand vous rencontrerez Wesley, un aspirant sorcier. Bonne lecture ! ⭐️ ⭐️ ⭐️ ⭐️ Lara Adrian, auteure de la série Midnight Breed, vendue dans le New York Times : "Je suis accro aux livres de Tina Folsom ! La série des Scanguards® est l'une des choses les plus chaudes qui soient arrivées à la romance vampirique. Si vous aimez les lectures torrides et rapides, ne manquez pas cette série palpitante !" Les Vampires Scanguards La belle mortelle de Samson (#1) La provocatrice d'Amaury (#2) La partenaire de Gabriel (#3) L'enchantement d'Yvette (#4) La rédemption de Zane (#5) L'éternel amour de Quinn (#6) Les désirs d'Oliver (#7) Le choix de Thomas (#8) Discrète morsure (#8 ½) L'identité de Cain (#9) Le retour de Luther (#10) La promesse de Blake (#11) Fatidiques Retrouvailles (#11 ½) L'espoir de John (#12) La tempête de Ryder (#13) La conquête de Damian (#14) Le défi de Grayson (#15) L'amour interdit d'Isabelle (#16) La passion de Cooper (#17) Le courage de Vanessa (#18) Gardiens de la Nuit Amant Révélé (#1) Maître Affranchi (#2) Guerrier Bouleversé (#3) Gardien Rebelle (#4) Immortel Dévoilé (#5) Protecteur Sans Égal (#6) Démon Libéré (#7) Le club des éternels célibataires Séduisant (#1) Attirant (#2) Envoûtant (#3) Torride (#4) Attrayant (#5) Passionné (#6) Hors d'Olympe Une Touche de Grec (#1) Un Parfum de Grec (#2) Un Goût de Grec (#3) Un Souffle de Grec (#4) Les Vampires de Venise Nouvelle 1 : Raphael & Isabella Nouvelle 2 : Dante & Viola Nouvelle 3 : Lorenzo & Bianca Nouvelle 4 : Nico & Oriana Nouvelle 5 : Marcello & Jane Nom de Code Stargate Ace en Fuite (#1) Fox en Vue (#2) Yankee dans le Vent (#3) Tiger à l'Affût (#4) Hawk en Chasse (#5) La Quête du Temps Changement de Sort (#1) Présage du Destin (#2) Thriller Témoin Oculaire La série des vampires Scanguards a tout pour plaire : coup de foudre, ennemis à amants, rencontre mignonne, instalove, héros alpha, compagnons de destin, garde du corps, bande de frères, demoiselle en détresse, femme en péril, la beauté et la bête, identité cachée, âmes sœurs, premier amour, vierges
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Seitenzahl: 439
Veröffentlichungsjahr: 2025
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HYBRIDES SCANGUARDS - TOME 4
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27
Chapitre 28
Chapitre 29
Chapitre 30
Chapitre 31
Chapitre 32
Chapitre 33
Chapitre 34
Chapitre 35
Chapitre 36
Chapitre 37
Chapitre 38
Chapitre 39
Chapitre 40
Chapitre 41
Chapitre 42
Chapitre 43
Chapitre 44
Chapitre 45
Chapitre 46
Épilogue
Ordre de Lecture
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À propos de l’auteur
Lorsque des meurtres brutaux ébranlent San Francisco, Scanguards réalise que les preuves pointent vers l’un des leurs, le videur et vampire Orlando, bourru et farouchement privé.
Isabelle, la fille hybride de Samson et Delilah, tente de prouver l’innocence d’Orlando. Mais une révélation sur des actes du passé d’Orlando ébranle sa confiance en lui, tandis qu’il tente de la repousser, de peur que le passé ne se répète et ne le prive une fois de plus de tout ce qu’il aime.
Alors qu’ils recherchent le coupable pour laver le nom d’Orlando, il devient évident que la seule façon pour Isabelle et Orlando de résoudre ces meurtres macabres est de ne faire confiance à personne d’autre qu’à l’un et à l’autre. Même si cela signifie qu’ils doivent ouvrir leur cœur et mettre à nu leurs peurs primaires.
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Édité par Fabiola Chenet et Vanessa Merly
©2024 Tina Folsom
Scanguards® est une marque déposée
La blessure était grave et saignait abondamment. Des rivières de sang suintaient des profondes entailles dans une peau par ailleurs parfaite. L’odeur qui s’en dégageait parvint à ses narines et l’assaillit d’une manière inattendue. Il était gravement blessé, et bien qu’elle se préoccupe de son bien-être, elle ne pensait qu’au goût de son sang. Serait-il sucré ou acidulé ? Riche et délicieux ? Elle était certaine que ce serait un mélange de tout cela.
Isabelle parcourut des yeux le ventre saignant jusqu’à la poitrine sculptée, avant que son regard ne s’attarde sur la carotide qui pulsait au niveau de son cou. Elle détourna ses yeux de cette vue pour les poser sur son visage. Orlando était en train de la fixer. Il l’avait surprise en train de le regarder avec un désir, une faim et une envie évidents. À l’idée qu’il savait ce qu’elle voulait, elle sentit son pouls s’accélérer et son cœur tambouriner dans sa poitrine comme le batteur d’un groupe de rock. Pourtant, il ne recula pas, ne l’arrêta pas lorsqu’elle abaissa son visage vers sa blessure à l’estomac. Et pourtant, il devait forcément savoir ce qu’elle avait l’intention de faire.
— Je dois sceller la plaie, murmura-t-elle, même s’ils savaient tous les deux que ce n’était pas la raison pour laquelle elle faisait cela.
L’odeur du sang était maintenant plus intense. Il y avait une qualité métallique, bien qu’elle soit complètement différente de celle du sang humain. Elle en avait envie, elle voulait le goûter, l’explorer. Elle avait toujours aimé le goût du sang, même si elle n’avait jamais ressenti ce genre d’envie auparavant. Elle n’avait encore jamais eu envie de sang de vampire. Mais maintenant, elle en avait l’envie urgente comme si sa vie en dépendait.
Elle lapa le sang qui jaillissait de la blessure à l’estomac sans retenue, léchant les coupures que les griffes d’un vampire avaient laissées. Tout ce qu’il y avait de féminin en elle se réveilla instantanément comme si elle était la Belle au bois dormant, ramenée à la vie par le baiser d’un prince. Mais l’homme en dessous d’elle n’était pas un prince. C’était un vampire. Un vampire viril. Un vampire fort. Chaque cellule de son corps s’anima en elle. Elle eut l’impression qu’un feu d’artifice s’allumait sous sa peau. Comme si c’était la première fois qu’elle ressentait du désir sexuel, alors qu’elle n’était pas vierge. Loin de là. Elle s’était livrée à de nombreux exploits sexuels avant d’avoir vingt et un ans, avant que son corps de vampire hybride ait cessé de vieillir et se soit figé dans sa forme définitive. Maintenant, à presque trente-quatre ans, elle était une femme expérimentée avec des besoins et des désirs sexuels qu’elle calmait régulièrement avec des humains qu’elle ramassait dans les bars ou les clubs.
Elle avait mordu certains de ses amants, mais là, c’était différent. Cet homme était un vampire. Et son sang l’attirait vers lui. Alors qu’elle léchait la peau abîmée et lapait le sang abondant, elle pouvait déjà sentir la forme des coupures changer sous ses lèvres. La peau se réparait grâce à sa salive, dont les propriétés curatives étaient aussi puissantes que celles d’un vampire de sang pur.
Isabelle passa ses mains sur le pantalon cargo d’Orlando, s’agrippant à ses hanches, le pressant sur le canapé pour qu’il ne puisse pas s’échapper. Mais Orlando bougea quand même, ses hanches s’inclinèrent vers le haut. Soudain, quelque chose de dur se frotta contre ses seins. Sa respiration s’arrêta et elle recula, son regard tombant plus bas. Là, derrière la fermeture éclair de son pantalon, elle vit le renflement qui s’était formé : une érection aux proportions massives.
Incapable de résister, elle posa sa paume dessus, serrant sa queue.
— Putain, Isabelle !
Le grognement d’Orlando ne ressemblait pas à une réprimande, mais plutôt à une invitation. Elle le serra à nouveau. Incapable de s’arrêter, elle ouvrit le bouton et abaissa la fermeture éclair. Il ne portait pas de sous-vêtements. Elle aspira une bouffée d’air, à la fois surprise et ravie. Sa queue était longue et épaisse. Des veines violettes serpentaient autour de la belle hampe, et des gouttes de liquide séminal luisaient à son extrémité.
Isabelle enroula sa main autour de la racine et remarqua que le souffle d’Orlando s’accélérait. Sa réaction la réjouit. Elle avait toujours aimé rendre un homme fou de désir, mais avec Orlando, c’était plus que cela. Elle voulait que ce vampire fort au corps gigantesque se soumette à elle, qu’il la supplie d’en faire plus, qu’il devienne accro à son toucher.
Incapable d’attendre plus longtemps, elle posa ses lèvres autour du sommet de sa queue et la prit profondément dans sa bouche, sa salive enduisant sa peau et rendant la descente douce. Il avait un goût d’interdit, et elle adora ce goût. Cela envoya une flèche d’électricité dans son cœur, où elle voyagea à travers chaque cellule jusqu’à atteindre son clito, le faisant palpiter de désir.
— Putain ! jura Orlando.
Un instant plus tard, ses mains étaient sur elle, tirant sur son haut, le mettant en lambeaux. Elle se rendit compte qu’elle ne portait pas de soutien-gorge, alors qu’elle aurait juré en avoir mis un plus tôt. Ses seins étaient surmontés de mamelons durs qui désiraient ardemment son contact. De grandes mains chaudes les enserrèrent, et elle poussa un soupir de soulagement avant de continuer à sucer sa queue avec des mouvements avides.
Tout à coup, Orlando la poussa en arrière, si bien qu’elle perdit son emprise sur son érection. Avant qu’elle ne puisse protester, les griffes d’Orlando s’enfoncèrent dans le pantalon d’Isabelle et il le déchira tout comme il avait déchiré son haut. L’air frais souffla contre sa peau brûlante, tandis que son cœur continuait à tonner dans ses oreilles.
— Isabelle…
Lorsqu’elle croisa le regard d’Orlando, elle vit qu’il brillait d’un éclat doré, signe évident d’excitation et de désir. Le bruissement des vêtements fit dévier son regard vers son pantalon. Il était maintenant déchiqueté lui aussi, et c’était elle qui l’avait fait — avec ses doigts qui s’étaient transformés en griffes acérées. Elle n’avait même pas remarqué que son côté vampire était apparu.
Dans l’instant qui suivit, elle se mit à califourchon sur lui et s’empala sur son érection dure comme le roc, s’appuyant avec une telle force que tout l’air s’échappa de ses poumons dans un gémissement sonore.
— Isabelle !
Elle entendit quelqu’un appeler son nom, mais elle ne pouvait pas s’arrêter maintenant, elle devait le chevaucher comme si le diable la poursuivait. Des perles de sueur s’accumulaient sur son cou, et coulaient entre ses seins en formant un minuscule ruisseau. Les lèvres d’Orlando capturèrent un sein et aspirèrent le mamelon dur dans sa bouche, tandis qu’il pressait ses seins des deux mains, les caressant comme un homme qui savait qu’elle lui appartenait. Son toucher possessif était enivrant et la stimula encore plus, l’incitant à le chevaucher plus rapidement.
— Isabelle !
Elle jeta un coup d’œil vers lui, mais ses lèvres étaient toujours autour de son mamelon, le suçant comme s’il n’en avait jamais assez. Ce n’était pas Orlando qui avait prononcé son nom.
— Isabelle !
Cette fois, elle reconnut la voix. Toujours empalée sur la queue d’Orlando, Isabelle tourna la tête et regarda par-dessus son épaule. Sa mère, Delilah, se tenait dans la porte ouverte et la dévisageait.
— Isabelle !
Isabelle se redressa pour s’asseoir et ouvrit les yeux. Pendant une seconde, elle ne sut pas où elle se trouvait.
— Tu vas bien, Isa ? demanda Delilah qui se tenait à seulement quelques mètres d’elle, avec de l’inquiétude dans la voix.
Isabelle cligna des yeux. Elle était dans son lit, seule, sa chemise de nuit collant à son corps baigné de sueur.
— Maman.
— Ton alarme était en train de sonner. Tu ne l’as pas entendue ?
Isabelle jeta un coup d’œil à la table de nuit, où se trouvait son téléphone portable.
— Je dois être très fatiguée, dit-elle rapidement, espérant qu’il n’était pas écrit sur son visage qu’elle avait fait un rêve sexuel sur nul autre qu’Orlando, l’un des employés de son père.
Orlando, le vampire qui était aussi le plus réservé d’entre tous et qui ne parlait jamais de lui, ne parlait même jamais beaucoup.
Ce n’était pas la première fois qu’elle faisait ce rêve. Depuis qu’Orlando avait été blessé dans le cadre de l’enquête sur l’enlèvement de son père, Samson, et de leur ami, Cain, quatre mois plus tôt, elle rêvait de ce qui s’était passé cette nuit-là. Orlando avait été gravement blessé, et alors qu’elle lui avait donné du sang humain pour guérir, elle avait aussi léché sa blessure pour la refermer avec sa salive, ce qu’il avait essayé de refuser. Mais elle avait voulu goûter son sang, et elle l’avait fait. Cela n’avait pas été plus loin à l’époque, car d’autres personnes se trouvaient dans la pièce avec eux, mais, dans ses rêves, l’événement débouchait toujours sur du sexe, du sexe marathonien qui faisait battre son cœur et sa tête de lit, et qui la faisait transpirer.
— Tu as l’air un peu rouge, dit Delilah en posant sa main sur le front d’Isabelle.
Isabelle recula.
— Je vais très bien maman. Tu sais aussi bien que moi que je ne tombe pas malade. C’est probablement l’épaisseur de la couette. Je devrais la changer pour la couette d’été.
Oui, c’était la faute de la literie ! Très intelligent.
— C’est probablement ça, répondit Delilah.
Elle sourit.
— Je sais que c’est ta soirée de repos, mais ton père vient d’appeler. Il veut que tu viennes au QG. Il y a une nouvelle affaire.
— Il a dit ce que c’était ?
— Un meurtre.
Isabelle acquiesça et balança ses jambes hors du lit.
— Je ferais mieux de prendre une douche et de me préparer. Tu peux lui dire que je serai là dans quarante minutes ?
— Bien sûr, ma chérie.
— Merci, maman.
Isabelle entra dans sa salle de bains attenante, puis elle entendit la porte de sa chambre se refermer derrière Delilah. Elle était soulagée d’être à nouveau seule, même si elle aimait bien vivre chez ses parents. Après tout, la maison était si grande que la plupart du temps, elle avait l’impression d’être seule, même lorsque ses parents et son jeune frère Patrick étaient à la maison. Mais au cours des quatre derniers mois, depuis l’incident avec Orlando, elle avait commencé à envisager d’avoir son propre appartement. À l’occasion, elle séjournait au loft de Grayson dans le quartier financier, où elle bénéficiait de plus d’intimité. Elle y gardait même certains de ses vêtements et d’autres objets de première nécessité. Son frère Grayson avait déménagé à La Nouvelle-Orléans avec sa compagne, Monique, peu après que Samson et Cain eurent été libérés de leurs ravisseurs. Mais il n’avait pas vendu le loft.
Isabelle passa sous la douche. Elle sentait encore le fantôme du contact d’Orlando, même si, dans la vraie vie, il ne l’avait jamais touchée. Mais dans ses rêves, il avait fait bien plus que cela. Il lui avait fait l’amour, la prenant de la manière la plus possessive qui soit.
En réalité, bien sûr, rien de tel n’arriverait jamais. D’après ses amis et collègues de Scanguards, Orlando n’avait jamais manifesté d’intérêt pour une femme ni eu de rendez-vous galant ou d’aventures d’un soir. Et en tant que videur à la boîte de nuit Mezzanine, qui appartenait à Samson et à son meilleur ami, Amaury, il avait certainement le choix en matière de jolies femmes. Pourtant, il ne semblait pas intéressé par le sexe. Pendant un bref instant, elle s’était demandé si Orlando était gay, mais Eddie et Thomas, le couple gay qui dirigeait le service informatique de Scanguards, étaient certains à cent pour cent qu’Orlando était hétérosexuel.
Elle soupira. Pourquoi s’intéressait-elle à un homme qui ne la traitait qu’avec une indifférence polie ? Était-ce parce qu’elle avait succombé à la tentation de boire son sang ? Était-ce pour cela qu’elle était attirée par lui maintenant ? Ou était-ce le fait qu’il était un géant, un vampire qui dominait tout le monde et qui respirait la force et le pouvoir, le genre qui promettait une protection absolue ? Portait-elle encore les cicatrices émotionnelles de son propre enlèvement quatorze ans plus tôt ? Était-ce pour cela qu’elle était attirée par Orlando, parce qu’elle savait instinctivement qu’il la protégerait toujours ?
Isabelle secoua la tête et attrapa le shampoing. C’était stupide de penser ainsi. Orlando ne s’intéressait pas à elle de cette façon. Il ne la voyait que comme la fille de Samson. Et même si elle savait que Samson et lui avaient un passé ensemble, son père n’avait jamais révélé à personne — à part peut-être à Delilah — de quoi il retournait.
San Francisco, dix-huit mois plus tôt
Il ne lui restait plus qu’une dernière faveur à demander. Ce qu’il ferait si ça ne marchait pas, il ne le savait pas. Aurait-il le courage d’en finir ? Ou était-il un lâche pour avoir voulu s’accrocher à l’espoir alors qu’il savait qu’il n’y en avait aucun ? Pourquoi prolonger sa vie misérable, alors que tant de sang avait coulé dans son passé ?
Avant qu’il ne puisse changer d’avis, Orlando sonna à la porte de la grande maison victorienne située dans un quartier chic de San Francisco. Il savait qu’il y avait quelqu’un à la maison. Il pouvait entendre des bruits à l’intérieur, même si son ouïe sensible de vampire ne lui permettait pas de distinguer des mots. Par les fenêtres des étages supérieurs, la lumière pénétrait dans la nuit. Au premier étage, un rideau bougea, permettant temporairement à une parcelle de lumière d’éclairer sur le trottoir.
Bien que ce soit la fin du mois de novembre, la température était douce dans cette ville côtière. Il neigeait dans le nord. Mais la neige ne lui manquait pas, même si d’autres choses lui manquaient dans sa maison, une maison qu’il n’avait pas vue depuis des décennies et où il ne pourrait jamais retourner.
La lourde porte en bois s’ouvrit et, simultanément, une lampe située au-dessus de l’entrée projeta sa lumière sur Orlando. Dans la porte ouverte se tenait un homme de grande taille, dont la silhouette contrastait avec la lumière derrière lui. Orlando resta debout sur le perron. Il ne voulait pas paraître présomptueux en pendant être le bienvenu et entrer dans la demeure sans y être invité. Pour ce qu’il en savait, l’homme qui le fixait maintenant ne le reconnaissait pas. Après tout, plus de trois décennies s’étaient écoulées depuis leur rencontre. Et ils ne s’étaient vus qu’une seule fois.
— Orlando, dit Samson, sa voix n’étant qu’un écho, avant de se racler la gorge. Orlando Carlisle.
Orlando acquiesça.
— Samson.
— Qu’est-ce que tu fais ici ?
À cette question, une lueur de déception le traversa. Il n’était pas le bienvenu.
— Je n’aurais pas dû venir.
Il tournait déjà les talons lorsqu’une main se posa sur son épaule. Immédiatement en alerte, Orlando se crispa.
— Ramène tes fesses ici, Orlando, ne m’oblige pas à te traîner à l’intérieur. Je le ferai s’il le faut.
Il y avait un petit rire dans la voix de Samson.
— Même si tu as une bonne vingtaine de kilos de plus que moi.
Toute hésitation disparue, Orlando s’avança dans le couloir et Samson referma la porte derrière lui. Il jeta un coup d’œil à l’intérieur de l’élégante demeure qui dégageait non seulement de la richesse, mais aussi de la chaleur, la chaleur d’une famille. Il avait toujours su que Samson était un homme riche, mais il l’était à plus d’un titre. Il avait une famille, une compagne, des enfants, même si Orlando n’avait pas cru aux rumeurs au début.
— Ça fait plaisir de te voir, dit Samson en s’approchant de lui et en le serrant dans ses bras pendant un bref instant. Ça fait longtemps.
Orlando acquiesça.
— Trente-cinq ans.
Et cela avait été une rencontre fortuite.
— Viens, assieds-toi.
Il fit un geste vers le grand salon.
— Merci, Samson, acquiesça Orlando avant de s’asseoir sur le canapé, hésitant sur la façon de prononcer la phrase qu’il s’était pourtant entraîné à dire depuis qu’il avait découvert où vivait Samson.
— Je peux t’offrir quelque chose ? demanda Samson. Quel est ton groupe sanguin préféré ?
Orlando déglutit.
— Tu gardes des esclaves de sang ?
Ce n’était pas quelque chose auquel il s’attendait de la part d’un homme comme Samson. Tout d’abord, il était accouplé à une humaine, il ne buvait donc qu’auprès de sa compagne, et ensuite, Samson était un homme honorable, qui ne ferait pas de mal à des innocents. Il s’en était rendu compte immédiatement lorsqu’il avait rencontré Samson à l’époque. S’était-il trompé dans son jugement sur Samson ou avait-il changé ?
— Bien sûr que non, dit Samson en secouant la tête. Le sang est mis en bouteille et provient de sources éthiques. Laisse-moi t’en apporter une.
Avant qu’Orlando ne puisse protester, Samson quitta la pièce, et il entendit une porte s’ouvrir puis se refermer. Orlando regarda la pièce magnifiquement décorée. Sur le manteau de la cheminée où brûlait un feu, des photos d’enfants à différents âges et une belle femme brune au bras de Samson décoraient la pièce. À en croire les apparences, Samson s’était lié avec une beauté époustouflante et avait engendré deux fils et une fille. Pendant un instant, le cœur d’Orlando se serra. Lui aussi aurait pu avoir une famille. Une famille comme celle de Samson. Mais le destin était cruel, et ce qui avait été à portée de main autrefois, lui avait glissé entre les doigts comme du sable fin et s’était terminé dans le sang et la mort.
Samson revint dans le salon et lui tendit une bouteille en verre transparent. Orlando remarqua l’étiquette qui y était apposée : AB+ embouteillé par Scanguards.
— Merci.
Cela faisait quelques jours qu’il ne s’était pas nourri, et il sentait la faim maintenant, il sentait le besoin de se gaver de sang. Cependant, ne voulant pas passer pour un sauvage, il prit son temps pour dévisser le couvercle et porter la bouteille à ses lèvres. Lorsque le liquide riche et visqueux toucha sa langue et coula dans sa gorge desséchée, il réalisa à quel point il s’était laissé affamer. Le fait d’avoir vécu sous le radar au cours des dernières décennies lui avait appris à vivre avec peu. Il ne se nourrissait que lorsqu’il estimait que c’était sûr et que le risque d’être découvert était faible. Parfois, cela signifiait qu’il devait renoncer à un repas. Il s’y était habitué.
— Pourquoi n’es-tu pas venu me trouver plus tôt ? demanda Samson.
Orlando croisa son regard et posa la bouteille sur la table basse.
— Je me débrouillais très bien. Ce n’était pas nécessaire.
Samson montra la bouteille qui était encore à moitié pleine.
— Il y en a encore si tu en as besoin. Je ne juge pas.
Orlando se força à attendre quelques secondes, avant de reprendre la bouteille et d’engloutir le reste du liquide.
— Merci.
— Maintenant, dis-moi ce qui t’amène à San Francisco.
Samson s’adossa au fauteuil situé en face du canapé.
Orlando inspira lentement.
— Je suis venu te demander une faveur.
— Tu as besoin d’argent ? Je peux te fournir ce dont tu as besoin.
Orlando secoua la tête.
— Je n’ai pas besoin d’argent. J’en ai assez pour subvenir à mes besoins. J’ai besoin d’autre chose.
— Dis-moi ce que c’est, et c’est à toi.
Il ne doutait pas que Samson était sincère. Pourtant, il hésita.
— Orlando, tu m’as sauvé la vie à l’époque. Je ne serais pas ici si tu n’avais pas agi. Sans toi, je n’aurais pas ce que j’ai maintenant : une famille aimante.
— Je suis heureux pour toi.
Samson n’insista pas davantage et il lui en fut reconnaissant. Il n’avait pas l’habitude de demander quelque chose. Il avait toujours compté sur lui-même, jamais sur les autres, mais il était en train de réaliser que, sans un endroit où il pouvait avoir sa place, il périrait.
— J’ai besoin d’un travail, Samson. Un emploi dans ton entreprise.
Ainsi, il pourrait faire partie de quelque chose de plus grand, faire partie à nouveau d’une communauté, d’une famille en quelque sorte.
Samson se pencha en avant.
— Je crois que j’ai ce qu’il te faut. C’est une bonne position.
— Je ne me soucie pas de ce que ça rapporte. Je suis prêt à prendre n’importe quoi.
Même si cela lui donnait l’air d’être désespéré. Au moins pour lui-même, il pouvait l’admettre. Sans une communauté de vampires partageant ses idées autour de lui, il n’aurait pas la force de continuer.
— Et j’ai besoin de commencer ce soir.
Samson le regarda pendant un long moment, le scruta, avant d’acquiescer.
— Je comprends. Nous sommes tous passés par là. Je vais tout préparer pour toi ce soir. Quinn peut t’obtenir un identifiant de l’entreprise et une affectation tout de suite. Tu as besoin d’un endroit où rester ?
Orlando haussa les épaules.
— Je trouverai quelque chose. Ne t’inquiète pas pour ça.
— Je vais le dire à Amaury ; il te donnera une liste de locations disponibles adaptées aux des vampires, jusqu’à ce que tu trouves quelque chose de plus permanent.
C’était plus que ce à quoi il s’attendait.
— D’accord.
Samson se leva, et Orlando fit de même.
— J’aimerais pouvoir venir au QG avec toi, mais j’emmène ma femme au théâtre ce soir. Elle est en train de s’habiller. Mais j’appellerai à l’avance, pour que Quinn t’attende et prenne soin de toi.
— Merci, Samson, je t’en suis très reconnaissant.
— Comme je le serai toujours envers toi, mon ami, dit Samson en lui serrant la main, la gardant plus longtemps que nécessaire.
Dans le silence, des bruits de pas précipités se rapprochèrent.
— Papa ?
Samson se retourna au son d’une voix de femme, et Orlando suivit son regard juste au moment où une jeune femme entra par l’arche ouverte.
— Oh, désolée, je ne savais pas que nous avions de la compagnie, dit-elle avec un sourire ravissant.
La gorge d’Orlando devint sèche.
— Isabelle, voici un vieil ami à moi, Orlando Carlisle. Orlando, voici ma fille, Isabelle.
Il entendit à peine la réponse d’Isabelle et ne fut pas sûr d’avoir dit quelque chose en retour, car tout en lui bascula comme s’il avait été jeté dans un sèche-linge. Il ne sentait plus ses pieds, ne savait plus s’il était encore debout, s’il flottait sur un nuage ou, pire, s’il s’était effondré et s’était évanoui.
Isabelle était la plus belle femme sur laquelle il n’avait jamais posé les yeux. Et au cours de sa longue vie — il avait été transformé en vampire en 1754 au début de la guerre des Français et des Indiens — il avait rencontré beaucoup de belles femmes. Aucune n’arrivait à la cheville d’Isabelle. Elle était grande pour une femme, et svelte, avec de longues jambes enveloppées dans un jean serré, et un pull à col roulé qui épousait ses seins comme un gant bien ajusté. Ses longs cheveux noirs semblaient avoir été filés avec de la soie délicate. Sa peau avait une teinte olivâtre qui complétait ses lèvres naturellement rouges et son nez droit. Des sourcils parfaitement incurvés encadraient ses yeux verts spectaculaires qui ressemblaient à des bassins d’eau profonds dans lesquels n’importe quel homme pourrait se noyer. Comme si elle était une sirène et qu’un simple regard pouvait sceller son destin.
Tout en elle criait au danger : son sourire sensuel, la courbe de ses lèvres, la douce montée et descente de ses seins alors qu’elle respirait régulièrement, ses mouvements gracieux alors qu’elle s’approchait, la sensation de sa main chaude dans la sienne alors qu’elle la secouait en guise de salut. Oui, tout dans Isabelle lui disait de rester à l’écart, parce qu’il serait si facile de tomber amoureux d’elle. D’ouvrir son cœur à elle. De la laisser entrer. De la faire sienne.
Même s’il savait qu’il ne pouvait pas, parce que tout ce qu’il touchait, il le détruisait. Et une femme comme Isabelle méritait mieux que lui. Peu importe que, déjà, quelques secondes après l’avoir rencontrée, il eût envie d’elle. Un désir aussi intense ne se terminait jamais bien. Elle l’aveuglait — une fois de plus — et il ne voyait pas le danger avant qu’il ne soit trop tard. Jusqu’à ce qu’il n’ait d’autre choix que de commettre l’impardonnable. Non, il valait mieux ne jamais penser à Isabelle de cette façon. Il valait mieux se priver et ne jamais céder à ses désirs.
— Orlando ?
La voix de Samson interrompit ses rêveries.
— Pardon ? réussit-il à répondre, ne sachant pas ce que Samson lui avait demandé.
— Isabelle a proposé de t’emmener à Scanguards, puisque, de toute façon elle y va en voiture.
Putain ! Pourquoi fallait-il qu’elle le tente comme ça ?
— Je ne veux pas te déranger.
— Ce n’est pas un problème, lui assura Isabelle.
Sa voix était comme un doux filet qui s’infiltrait dans chaque cellule de son corps, le séduisant, le tentant. De quoi aurait-elle l’air si elle était sous lui pendant qu’il lui faisait l’amour ? Ses gémissements auraient-ils la même sensualité que sa voix ? Prononcerait-elle son nom de la même façon pendant qu’il lui donnerait du plaisir, jusqu’à ce qu’il ne puisse plus se retenir et qu’il la fasse sienne ? Et la première fois qu’il boirait de son sang en lui faisant l’amour, serait-ce mieux que dans ses souvenirs ? Serait-ce le paradis ?
— Alors c’est réglé, dit Samson avec fermeté.
Orlando n’eut pas d’autre choix que de suivre Isabelle tandis qu’elle descendait vers le garage, où elle pointa du doigt une voiture bleu ciel. Elle voulait qu’il s’installe dans une Thunderbird ?
— Je viens de l’acheter. C’est tellement amusant à conduire.
Elle se glissa sur le siège du conducteur.
Il n’était pas facile de monter dans la minuscule voiture de sport, surtout pour un homme aux proportions aussi massives que lui. Avec son mètre quatre-vingt-dix-huit et ses cent vingt kilos d’os et de muscles, il eut un mal fou à plier sa carcasse pour pouvoir s’asseoir sur le siège passager. Ses genoux étaient à mi-hauteur de son torse, sa tête touchait presque le toit, mais le pire, c’était qu’Isabelle frôla la jambe gauche d’Orlando lorsqu’elle enclencha la vitesse et sortit du garage en trombe.
À chaque tournant, Orlando se heurtait à elle dans le petit intérieur, tandis que le parfum naturel d’Isabelle remplissait l’espace restreint. Elle sentait la vanille et l’orange, et ce parfum évoquait des images de leurs corps nus se tordant l’un contre l’autre dans une danse d’accouplement vieille comme le monde.
Il sentit une tension se répandre entre eux, comme si elle pouvait sentir ce qu’il pensait. Comme si elle était au courant de ses pensées débauchées.
Putain ! Il devait sortir de cette voiture avant qu’elle ne le rende fou de désir. Il aurait préféré ne jamais venir voir Samson, car sa magnifique fille allait causer sa perte. Il en était certain. Aussi certain que le fait que les rayons du soleil le réduiraient en cendres s’il y était exposé trop longtemps.
San Francisco, maintenant
Orlando récupéra ses clés posées sur le buffet dans le couloir de sa petite maison à deux étages, et ouvrit la porte d’entrée. Il respira l’air frais de la nuit et laissa son regard vagabonder. Un voisin promenait son chien, incitant l’animal à faire pipi, tandis que l’homme allumait une cigarette en douce, regardant par-dessus son épaule vers sa maison, comme pour vérifier si sa femme regardait par la fenêtre. Orlando secoua la tête. À une distance de cinquante mètres, l’homme puait comme un cendrier. Sa femme sentirait sûrement la fumée de cigarette qui s’accrochait à lui une fois qu’il serait rentré dans la maison.
Toujours attentif à ce qui l’entourait, Orlando descendit les cinq marches jusqu’au petit portail, où se trouvait sa boîte aux lettres. Il la déverrouilla et en sortit le courrier du jour. Avant qu’il ne puisse le feuilleter, un bruit à sa gauche lui fit tourner la tête dans cette direction. Sa voisine, une femme d’une cinquantaine d’années, sortit de chez elle et s’approcha.
— Bonsoir, monsieur Carlisle, dit-elle.
La seule raison pour laquelle elle connaissait son nom était que certains de ses courriers avaient été mélangés avec les siens une ou deux fois. Cela l’avait agacé, car il préférait vivre dans l’anonymat, mais il ne l’avait pas montré. Tout comme maintenant, il ne montrait pas qu’il n’était pas d’humeur à discuter.
— Mme Brix.
Il acquiesça sèchement et tourna les talons pour retourner à l’intérieur.
Mais Mme Brix ne comprit pas l’allusion.
— Vous avez entendu parler de Wayne ?
Avec un soupir silencieux, il se retourna et afficha un air cordial sur son visage, bien qu’il ne soit pas sûr d’y être parvenu. Après tout, il n’était pas connu pour son amabilité.
— Je ne connais personne de ce nom.
Elle fit un geste vers les enveloppes dans sa main.
— Le facteur, Wayne Hong.
— Oh, je n’avais pas réalisé que c’était son nom.
Quels que soient les ragots que Mme Brix avait sur le facteur, Orlando n’avait pas envie de les entendre. Il devait se préparer pour son service au Club Mezzanine, où il travaillait comme videur depuis un an et demi. Il aimait ce travail pour une multitude de raisons. Tout d’abord, il lui permettait de rester sain d’esprit. Il faisait partie d’une communauté qui travaillait ensemble pour le bien de ses membres. Cela lui permettait de garder le contrôle, de se responsabiliser pour ne pas sombrer dans l’excès.
Bien qu’il ait beaucoup de contacts avec les clients en tant que videur dans une boîte de nuit dont Samson était copropriétaire, il n’était pas forcé d’être amical avec eux. En fait, on attendait de lui qu’il soit bourru. Les gens profitaient de ceux qui étaient trop amicaux. Orlando était là pour s’assurer que les clients se comportaient bien, et un videur grossier aidait à intimider suffisamment la foule turbulente. Il y aurait des conséquences s’ils ne respectaient pas les règles. Et ces règles s’appliquaient aussi bien aux humains qu’aux vampires. En fait, les vampires étaient traités plus durement que les humains, parce qu’ils pouvaient infliger beaucoup plus de douleur physique sans arme qu’un humain.
Le fait de ne pas avoir à parler beaucoup dans le cadre de son travail lui convenait également très bien. Il n’était pas du genre à s’exprimer. En fait, les mots ne venaient pas facilement, et il préférait garder ses émotions et ses opinions pour lui. Il n’y avait rien à gagner à laisser quelqu’un s’approcher. Il y avait longtemps qu’il avait muré son cœur de peur de commettre une autre erreur fatale. Malheureusement, des fissures dans ledit mur avaient commencé à apparaître dix-huit mois auparavant. Des fissures, dont la fille de Samson, Isabelle, était responsable, même si elle était inconsciente de l’effet qu’elle avait sur lui. C’était aussi bien qu’ils se soient rarement rencontrés et qu’elle ne lui ait jamais accordé le moindre regard. Il aurait de gros ennuis si elle se doutait qu’il la convoitait.
— … si macabre que je n’arrive toujours pas à y croire. Wayne, c’était un homme si gentil.
Les mots de Mme Brix le ramenèrent dans le présent.
— Wayne ?
Elle laissa échapper un soupir et ses yeux se mirent à pleurer. Depuis combien de temps exactement n’avait-il plus écouté ?
— Oui, c’était un meurtre brutal. Beaucoup de sang. Presque aussi horrible que l’attaque du tigre du zoo. Vous vous en souvenez ? C’était il y a au moins quinze ans, quand cet homme a escaladé l’enclos et a été déchiqueté par le tigre.
Confus, Orlando la regarda fixement.
— Êtes-vous en train de dire que notre facteur a été tué par un tigre du zoo ?
Elle secoua la tête, l’air agacé.
— Non, bien sûr que non. Mais apparemment, celui qui s’est introduit dans sa maison et l’a tué, l’a massacré. Je veux dire, ils disent qu’il y avait tellement de sang. Ils l’ont trouvé mort ce matin. C’était dans tous les journaux. Comment se fait-il que vous n’en ayez pas entendu parler ?
Orlando haussa les épaules.
— Je travaille de nuit. Je ne suis pas beaucoup les informations.
Il fit un geste vers les enveloppes dans sa main.
— Je dois m’occuper de ça avant que mon service ne commence.
— Ça me fait peur, poursuivit-elle, sans se décourager. Il vivait dans le quartier, vous savez.
— À Glen Park ? Orlando se sentit obligé de demander, bien que sa patience soit à bout.
— Oui, de l’autre côté de la colline, vous savez, près de la station BART.
Elle renifla.
— J’aimerais que vous ne travailliez pas de nuit, vous savez. Ce serait bien d’avoir un voisin aussi grand et fort que vous dans les parages s’il y a un tueur en liberté.
Elle lui jeta un regard appréciateur, ses yeux parcourant ses biceps et ses pectoraux, qui se gonflaient sous son tee-shirt noir. Si le regard pouvait déshabiller un homme, il se tiendrait actuellement dans son jardin, à poil.
Il était temps de se retirer de cette conversation.
— Je suis sûr que la police veillera à ce que le quartier soit en sécurité. Bonne nuit.
Il se retourna avant qu’elle ne puisse dire quoi que ce soit d’autre et se précipita sur les marches. Quelques secondes plus tard, il était de retour à l’intérieur de sa maison et fermait la porte derrière lui. Il soupira. Chaque meurtre était tragique, mais il n’y avait rien qu’il puisse faire. Il savait que la police pouvait s’en charger. C’était leur travail.
Orlando feuilleta négligemment le courrier et s’apprêta à jeter le tout à la poubelle, lorsqu’il se rendit compte qu’il y avait une enveloppe blanche parmi les sollicitations des agents immobiliers, les prospectus des supermarchés locaux et d’autres envois de masse inutiles. Le cachet de la poste indiquait que la lettre avait été postée de San Francisco. Il retourna l’enveloppe, mais il n’y avait ni nom ni adresse de l’expéditeur. Il l’ouvrit et en sortit un morceau de papier cartonné blanc. En lettres soignées, on pouvait lire : Je sais ce que tu as fait à Montréal.
Il eut l’impression qu’il se vidait de tout son sang, et il sentit un frisson engloutir son corps et le paralyser. Quelqu’un l’avait trouvé. Il avait toujours su que cela arriverait un jour. Mais pourquoi maintenant, maintenant qu’il avait à nouveau quelque chose à perdre, même si ce n’était qu’un rêve éveillé ? Parce que c’était tout ce que c’était, un rêve. Le rêve qu’Isabelle était à lui, qu’elle l’aimait et qu’elle l’acceptait avec tous ses défauts. Et cela resterait toujours un rêve, parce qu’il ne passerait jamais à l’acte. Ce rêve seul l’avait soutenu pendant les dix-huit derniers mois. En fait, il lui avait donné quelque chose à attendre avec impatience à la fin de sa journée de travail. Et maintenant, quelqu’un menaçait de lui enlever ce petit bonheur et d’exposer les actes de son passé. Dans quel but ? Pour l’écraser une fois pour toutes et lui réserver le sort auquel il avait échappé pendant si longtemps, le sort qu’il méritait pour les péchés qu’il avait commis, le sang qu’il avait versé : la mort.
Isabelle sortit de l’ascenseur et marcha le long du couloir du dernier étage du siège des Scanguards, dans le quartier de Mission. Il y avait du monde ici, ce qui n’avait rien d’inhabituel à cette heure de la nuit. Après tout, c’était à cette heure que les vampires de sang pur ainsi que de nombreux vampires hybrides aimaient travailler, puisqu’ils dormaient pendant la journée. Tout comme elle, du moins la plupart du temps. Lorsqu’elle était à l’école, puis à l’université, elle avait des horaires différents, mais maintenant, elle préférait la nuit, tout comme son père et ses collègues vampires.
Isabelle frappa à la porte de la petite salle de conférence qui jouxtait le bureau de Samson et entra sans attendre de réponse. À l’intérieur de la salle, les personnes rassemblées se tenaient debout, discutant de façon décontractée. Samson discutait avec Mike Donnelly, le chef de la police, qui était leur confident depuis plus de vingt ans. Il était inspecteur de police lorsqu’il avait appris l’existence des vampires, et avait par la suite servi d’agent de liaison avec la police pour informer les Scanguards des crimes potentiellement liés aux vampires, plutôt que de demander à la police d’enquêter sur quelque chose pour lequel elle n’était pas équipée. Maintenant âgé d’une soixantaine d’années, Mike était toujours l’un des rares policiers de San Francisco à savoir ce qui se passait dans la nuit. Il gardait toujours leurs secrets.
Cooper et Benjamin, tous deux vampires hybrides et gardes du corps accomplis à peine plus jeunes qu’elle, dont les parents travaillaient également pour Scanguards, lui jetèrent un coup d’œil. Isabelle les salua d’un signe de tête, puis laissa son regard dériver vers Amaury, le père de Benjamin, qui discutait avec un vampire qu’elle n’avait jamais rencontré auparavant. Il était grand, avait une chevelure blonde bien fournie et des yeux gris perçants. L’homme avait l’air d’avoir une trentaine d’années, ou peut-être une quarantaine d’années, bien que son âge réel puisse être n’importe quoi. Cela signifiait seulement qu’il avait été transformé en vampire vers l’âge humain de trente ou quarante ans.
— Isa, tu es là, dit Samson en faisant un geste vers la table ovale. Nous pouvons commencer.
Après que tout le monde eut pris place, Samson désigna le vampire blond du doigt.
— Vous vous êtes déjà rencontrés ?
— Non, je ne pense pas, répondit Isabelle.
— Je m’en serais souvenu, ajouta le vampire, le regard dirigé vers elle.
— Isabelle, je te présente Nelson Sarduni, dit Samson. Il est notre nouvel agent de liaison avec la police de San Francisco. Nelson, voici ma fille Isabelle.
— Enchanté, Isabelle, dit Nelson avec un sourire naturel qui le fit paraître plus jeune.
Isabelle le salua avec les mêmes formules de politesse.
— Alors, tu viens de rejoindre le SFPD ?
Mike tapota l’épaule de Nelson.
— Nelson travaillait pour le département de la police à Seattle. J’ai réussi à le faire transférer chez nous il y a six mois. Nous avons beaucoup de chance de l’avoir. C’est un peu difficile d’être à la fois chef de la police et agent de liaison pour Scanguards. Ma journée n’a pas beaucoup d’heures. Et je ne rajeunis pas.
— Je suis très reconnaissant de l’opportunité qui m’est offerte, déclara Nelson.
— Et nous l’apprécions vraiment, ajouta Samson, avant que l’expression de son visage ne change. Mettons tout le monde au courant de cette affaire. Mike ? Nelson ?
— Puis-je, Commissaire ? demanda Nelson en jetant un coup d’œil à Donnelly.
Donnelly acquiesça et Nelson ouvrit le dossier qui se trouvait devant lui.
— Ce matin, le cadavre de Wayne Hong a été retrouvé dans sa maison de Glen Park. Il a été sauvagement assassiné.
Il enleva plusieurs photos du dossier et les fit circuler.
Isabelle regarda les photos de la scène de crime montrant le corps de l’homme asiatique encore sur un canapé dans son salon. Sa gorge avait été arrachée et il y avait du sang partout. Ses yeux étaient ouverts. La peur s’y reflétait. Ses vêtements étaient déchirés et trempés de sang.
— Monsieur Hong était un facteur. Il était en plein divorce et vivait seul. Sa sœur l’a trouvé en arrivant le matin pour emprunter sa voiture, car la sienne était au garage, poursuivit Nelson.
Un frisson glacial parcourut l’échine d’Isabelle. Elle ne pouvait même pas imaginer ce que la sœur de ce pauvre homme traversait en ce moment. Si quelque chose arrivait à ses deux propres frères, Grayson et Patrick, elle serait dévastée.
— Des signes d’effraction ? demanda Isabelle automatiquement.
— Aucune. Nous supposons qu’il connaissait son tueur, ou que le tueur a utilisé le contrôle mental ou une ruse pour être invité à l’intérieur, répondit Nelson.
— Est-ce que c’est déjà confirmé que c’est l’œuvre d’un vampire ? intervint Cooper.
— Ce n’est pas confirmé, dit rapidement Donnelly, mais d’après les analyses médico-légales préliminaires, il est clair que les blessures n’ont pas été infligées avec un couteau ou une lame quelconque.
Il pointa du doigt l’une des photos.
— Ce sont des marques de griffes. Et, étant donné qu’il n’y a pas d’ours, de tigres ou de pumas qui rôdent à San Francisco, je dirais que c’était un vampire.
Samson acquiesça, son expression sérieuse.
— Je suis d’accord avec Mike. C’est pour cela que nous nous occupons de cette affaire. Isabelle, tu en seras la responsable.
Il fit un signe aux deux hybrides.
— Cooper et Benjamin t’assisteront pour tout ce dont tu as besoin. Nelson te donnera accès à la scène de crime, au corps et aux éléments médico-légaux que la police a recueillis jusqu’à présent.
— Nous devrons faire notre propre examen médico-légal, dit Isabelle.
— Pas de problème, répondit rapidement Nelson. Nous allons vous transférer le corps, afin que l’équipe médico-légale de Scanguards puisse faire une évaluation et confirmer que Hong a été tué par un vampire.
— Et le médecin légiste de la ville ? Qu’est-ce que tu vas lui dire ? demanda Isabelle.
— Ce sera notre problème, dit Nelson en jetant un coup d’œil à Donnelly. N’est-ce pas, Commissaire ?
— C’est bon d’être chef, dit Donnelly avec un clin d’œil, avant de redevenir sérieux. Malheureusement, la presse a déjà eu vent de cette affaire. Je vais m’occuper d’eux. Mais il va sans dire que nous devons trouver le tueur rapidement. Il ne faut pas qu’un vampire incontrôlable se promène dans notre ville. Je dois pouvoir assurer au maire et aux habitants qu’ils sont en sécurité. Je trouverai une couverture qui satisfera la presse, le moment venu.
— Eh bien, tu as beaucoup de pratique en la matière, n’est-ce pas ? ajouta Amaury.
— J’aimerais bien que ce ne soit pas le cas, mais c’est comme ça.
Donnelly se leva.
— Je t’accompagne à la sortie, Mike, proposa Samson qui se leva à son tour.
Amaury fit de même.
— On vous laisse pour que vous puissiez tous vous y mettre, dit Samson en hochant la tête.
Puis il lui sourit.
— Tu t’en occupes, Isa.
Les trois hommes partirent et la porte se referma derrière eux.
Renforcée par la confiance que lui accordait son père, Isabelle prit une grande inspiration et regarda Nelson et les deux hybrides.
— Bien, alors, commença Isabelle. Quand peux-tu nous transférer le corps de Hong pour que nous puissions l’examiner ?
— Pas ce soir, j’en ai bien peur. Le médecin légiste doit donner son accord. Mais je peux faire en sorte que le transfert soit programmé pour demain en milieu de matinée. Ça te convient ? demanda Nelson.
— Ça me va. Benjamin, peux-tu t’assurer que Maya viendra dans la journée pour examiner le corps dès qu’il sera là ?
— Pas de problème, confirma Benjamin. Tu veux que je t’assiste ou que Cooper t’assiste ?
— Seulement si tu n’es pas occupé à d’autres choses. Je veux voir le corps moi-même.
Elle prit une note sur le bloc de papier devant elle.
— J’aimerais que toi, Benjamin, tu ailles à la poste et que tu te renseignes sur la tournée de distribution du courrier de Hong, ainsi que sur la chronologie entre le moment où il a terminé son travail ce jour-là et le moment où sa sœur l’a trouvé mort.
— Tu veux que j’interroge ses collègues ? proposa Benjamin.
— Oui. Même si je doute que le tueur soit l’un d’eux, si nous avons vraiment affaire à un vampire.
— Nous en sommes persuadés, interrompit Nelson. J’ai vu le corps.
Il pointa les photos du doigt.
— Pour moi, il ne fait aucun doute que c’est l’œuvre d’un vampire. La soif de sang, c’est ce que je pense.
— Tu as sans doute raison, mais n’allons pas trop vite en besogne.
— Que veux-tu que je fasse ? demanda Cooper.
— Toi et moi, nous allons parler aux voisins.
Isabelle regarda sa montre.
— Il est un peu trop tard pour ce soir. La plupart des gens seront déjà endormis. On fera ça demain matin tôt, avant qu’ils n’aillent travailler.
— Sept heures ? demanda Cooper.
— OK. Et ceux à qui nous ne pourrons pas parler le matin, nous essaierons à nouveau en fin d’après-midi, en début de soirée. Ça me laisse le temps d’examiner le corps une fois qu’il sera là. Et d’ici là, Benjamin devrait aussi avoir une chronologie pour nous, n’est-ce pas ?
Benjamin acquiesça.
— Oui. Et la scène de crime elle-même ?
— On pourrait faire ça tout de suite, proposa Isabelle, qui ne voulait pas perdre de temps. Tu peux nous faire entrer, Nelson ?
— Je pourrais, oui, bien sûr, dit-il en hésitant. Mais pourquoi ne pas le faire après que toi et tes hommes avez examiné le corps ? Je pense que ça te donnera une meilleure idée quand tu iras fouiller la maison de Hong. Tu sauras ce que tu cherches.
— Hmm.
Isabelle réfléchit à ses paroles.
— Je dis ça comme ça.
Il haussa les épaules.
— C’est juste mon expérience. Après avoir vu le corps, la scène de crime a beaucoup plus de sens. En tout cas, c’est ce que j’ai fait ces dix dernières années. Mais si tu veux partir maintenant, c’est très bien aussi.
Isabelle savait qu’elle n’avait pas autant d’expérience que Nelson en matière d’enquête sur les meurtres, et elle avait appris depuis longtemps qu’il n’y avait pas de mal à se laisser guider par quelqu’un de plus expérimenté.
— La police a-t-elle déjà procédé à une fouille minutieuse de la maison ?
— À part l’officier qui est arrivé le premier sur les lieux et le médecin légiste qui a ramassé le corps, seuls Donnelly et moi sommes allés dans la maison de Hong. Nous avons tout de suite compris qu’il s’agissait d’un meurtre de vampire, alors nous avons fait en sorte d’empêcher tout le monde d’entrer. J’ai fait une recherche superficielle, mais je me suis dit que j’allais attendre que ton équipe me rejoigne pour faire une recherche plus approfondie.
Il regarda sa montre.
— Nous pourrions le faire ce soir, mais je doute que nous ayons fini nos recherches avant l’aube.
Elle comprit son inquiétude. Il était un vampire de sang pur qui ne pouvait pas s’exposer au soleil. Et il n’y avait pas d’urgence à examiner la scène de crime ce soir. Les photos que Nelson avait apportées lui donnaient une très bonne indication de ce qui s’était passé.
— Très bien, faisons-le demain soir, accepta Isabelle. Nous commencerons juste après le coucher du soleil. On se retrouve à la maison ?
— Ça marche pour moi, acquiesça Nelson d’un signe de tête.
Il referma le dossier et le fit glisser sur la table.
— C’est tout ce que nous avons pour l’instant. Ça devrait vous aider à vous faire une idée de la victime. Les contacts de sa sœur et de son travail y figurent, ainsi que l’adresse de la maison de Hong. Mon numéro de portable s’y trouve aussi.
Il se leva.
— J’ai quelques petites choses à organiser pour qu’on puisse vous apporter le corps demain matin.
Isabelle fouilla dans son sac à main et en sortit une carte. Elle la lui tendit.
— C’est mon portable. Tiens-moi au courant.
— Bien sûr.
Nelson sortit tranquillement de la salle de conférence, la laissant seule avec Benjamin et Cooper.
Benjamin soupira et montra les photos du doigt.
— C’est vraiment macabre. J’espère qu’on va vite mettre la main sur ce salaud.
Isabelle prit l’une des photos et la regarda fixement. Une fois de plus, elle frissonna, même si les hybrides ne ressentaient pas le froid comme les humains.
— Je déteste penser que quelqu’un capable de ce genre de violence se trouve quelque part dans notre ville.
— Nous le trouverons, ne t’inquiète pas, dit Cooper avec confiance. Nous le faisons toujours.
Isabelle gara sa Thunderbird bleue à un demi-pâté de maisons de l’entrée arrière du Mezzanine et en sortit. Elle avait lu deux fois le dossier sur Wayne Hong, que Nelson avait constitué, pour s’assurer de ne rien oublier. Il avait pris de nombreuses notes d’une écriture soignée en plus d’imprimer tout ce que le service de police avait recueilli sur les antécédents de la victime, ce qui lui avait permis de se faire une bonne idée. Comme elle ne pouvait pas faire grand-chose d’autre ce soir, elle avait décidé de se détendre en allant au Mezzanine, la boîte de nuit du quartier South of Market qui appartenait à 50 % à son père et était cogérée par son frère Patrick. Ce lieu de nuit populaire employait un certain nombre de vampires de sang pur et était fréquenté par les employés des Scanguards — humains, vampires et sorciers confondus.
Au lieu de passer par l’entrée arrière du club en utilisant sa carte d’identité Scanguards, Isabelle fit le tour du bâtiment jusqu’à l’entrée principale, où se trouvait un videur. Il lui tournait le dos lorsqu’elle s’approcha, mais elle le reconnut tout de même. Orlando était le plus grand vampire qu’elle ait jamais rencontré, plus grand et plus large que son père, et encore plus massif qu’Amaury, le meilleur ami de son père et copropriétaire de Scanguards et du Mezzanine.
Elle aurait pu facilement éviter Orlando en prenant l’entrée arrière, mais elle voulait le voir, elle voulait promener ses yeux sur lui, même si ce n’était que pour un court instant. Elle se sentait comme une junkie en manque de sa prochaine dose. Cela faisait-il seulement quatre mois qu’il avait été blessé et qu’elle avait soigné ses blessures, non seulement en lui donnant du sang humain pour qu’il guérisse, mais aussi en léchant les profondes entailles sur son abdomen et en les scellant avec sa salive ! Elle avait l’impression que c’était hier qu’elle avait goûté son sang. Depuis, elle rêvait de le refaire chaque fois qu’elle dormait.
Isabelle essuya ses mains moites sur son jean moulant et reprit son souffle. Chaque fois qu’elle savait qu’elle allait se retrouver face à Orlando, elle devenait aussi nerveuse qu’une adolescente que l’on traîne dans le bureau du principal, s’attendant au pire. Orlando n’avait jamais reparlé de l’incident, mais elle se souvenait encore de la façon dont il l’avait regardée quand elle l’avait léché : furieux et prêt à la tuer comme si elle avait fait quelque chose qui lui avait causé une douleur physique inimaginable.