L'amour réciproque - Chiara Lubich - E-Book

L'amour réciproque E-Book

Chiara Lubich

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Beschreibung

« Aimez-vous les uns les autres » : Chiara Lubich explore le fondement philosophique du commandement de l'Évangile.

La redécouverte du commandement nouveau de Jésus « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » (Jn 13,34 ;15,12) faite par Chiara Lubich au cours des années quarante, en pleine Seconde Guerre mondiale, secoue et renouvelle, pour elle et ceux qui l’entourent, la façon de vivre le christianisme. L’amour réciproque devient la pierre angulaire sur laquelle se fondent les Focolari et l’essence même de leur vie. Ce style de vie est contagieux et se répand bien vite. Il ne s’agit pas, dit l’auteur, « d’une norme, d’un précepte ni d’une règle qui viendrait s’ajouter à celles qui existent déjà, mais plutôt d’une façon de vivre et de concevoir l’existence que nous mêmes, bien que chrétiennes, nous avions oubliée ».

Dans la pure ligne du message de communion du Concile Vatican II, Chiara Lubich voit dans le commandement de l’amour réciproque le cœur de l’anthropologie chrétienne. Par des écrits, des réponses, des extraits de conférences, l’auteur en expose le dynamisme vital, le bien fondé, les difficultés pour le vivre. Et elle l’annonce à beaucoup, chrétiens et non chrétiens, groupes et peuples, comme « la grande révolution que nous sommes appelés à offrir au monde d’aujourd’hui ».

Un ouvrage marquant dans l'anthropologie chrétienne.

EXTRAIT

Amour signifie : toute notre volonté tendue vers Dieu, auquel nous donnons à chaque instant tout notre cœur, tout notre esprit, toute notre âme. Et pour lui, toute notre volonté, tout notre cœur, tout notre esprit, toute notre âme à notre sœur – mesure de notre amour de Dieu – pour laquelle nous voulons la même sainteté que pour nous.
Aimez-vous l’une l’autre. Et vous aurez tout fait.
Et en vous aimant entre vous, vous apprenez à aimer de la même manière toutes vos sœurs.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Chiara Lubich, née en Italie en 1920, est la fondatrice du mouvement des Focolari. Elle a publié de nombreux livres centrés sur la spiritualité de l’unité et le dialogue entre religions et cultures. Elle et son œuvre ont reçu diverses reconnaissances, dont en 1996 le Prix UNESCO de l’Education pour la Paix et en 1998 le Prix Européen des Droits de l’homme. Nouvelle Cité est l’éditeur de tous les ouvrages de Chiara Lubich parus en France, notamment Pensée et Spiritualité, qui offre une synthèse thématique de ses écrits, et Vivre l’instant présent qui en est à sa troisième édition.

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Chiara Lubich

L’Amour réciproque

Textes choisis et présentés

par Florence Gillet

Traduit de l’italien par

Claire Perfumo et Jean-Marie Wallet

Spiritualité

Nouvelle Cité

Titre original : Chiara Lubich, L’Amore reciproco (a cura di Florence Gillet), © Città Nuova Editrice 2013, Via Pieve Torina, 55 – 00156 Rome

Composition : Pauline Wallet

Couverture : Yann Fabre – Rivage Création

Illustrations de couverture :

p. 1, icône de la Trinité, peinte par Andreï Roublev

au début du xve siècle, Galerie Tretiakov, Moscou

p. 4, portrait de l’auteur

© Nouvelle Cité 2013, pour l’édition imprimée

© Nouvelle Cité 2014, pour l’édition numérique

Domaine d’Arny – 91680 Bruyères-le-Châtel

ISBN édition imprimée 978-2-85313-708-9

ISBN édition numérique 978-2-85313-999-1

Du même auteur aux mêmes éditions

Méditations,2000 (53emille)

Petit manifeste inoffensif,1971

Aimer parce que Dieu est amour,1974

Qui vous écoute m’écoute,1978

Pourquoi m’as-tu abandonné ? Le secret de l’unité,1985

La Vie est un voyage,1987

Paroles prises 99 x 4,1987

Six sources où puiser Dieu,1989

La Parole se fait vie,1990

L’Aventure de l’unité,interview réalisée par Franca Zambonini, 1991

Sur les pas du ressuscité,1992

Travailler comme des dockers, Prier comme des anges,1992

Amour, Famille et unité,1993

Le Christ au cœur des siècles,1995

Comme un diamant,1996

Pour un monde uni,1997

La Souffrance,1998

L’Art d’aimer en famille,1999 (nouvelle édition 2002)

Le Cri(Jésus crucifié et abandonné dans l’histoire et la vie des Focolari), 2000

Vivre l’instant présent,2002

Pensée et spiritualité,2003

Marie transparence de Dieu,2003

Une spiritualité de communion,2004

Un nouvel art d’aimer,2006

La Parole de Dieu,2008

Lettres des premiers temps (1943-1949),préface de François-Marie Léthel, 2010

La Volonté de Dieu mode d’emploi, 2011

Vivre la Parole de Dieu, 2012

Le Frère, 2012

Sommaire

Introduction

I. – Un événement fondateur : la redécouverte du commandement nouveau

Chapitre 1 – Le récit de l’événement fondateur

A. Le commandement nouveau dans les documents des premiers temps

B. Les premiers récits

C. La dynamique de la mise en pratique du commandement nouveau

Chapitre 2 – Le commandement nouveau, à l’origine d’une nouvelle spiritualité

Chapitre 3 – Une ouverture sur le mystère de Dieu et de l’homme

II. – Le commandement nouveau, un « style de vie »

Chapitre 1 – Une vie sans cesse renouvelée

A. Une conversion permanente

B. Renouveler le « pacte d’amour réciproque »

Chapitre 2 – Comment rendre l’amour réciproque stable

A. Les instruments de la spiritualité collective

B. Être toujours une famille

Chapitre 3 – Comment surmonter les obstacles à l’amour réciproque

Chapitre 4 – Les effets du commandement nouveau vécu

A. Des fruits de sainteté

B. Des fruits d’évangélisation

C. L’amour réciproque, un terrain propice au dialogue

D. Un amour qui transforme le monde

Conclusion

Notes

Bibliographie de Chiara Lubich en français aux éditions Nouvelle Cité

Dans la même collection

Fin

Présentation de la collection

« Ne laisse que l’Évangile à ceux qui te suivent. » Cet Évangile, Chiara Lubich l’a décliné de multiples façons et résumé en douze points principaux : Dieu-amour, la volonté de Dieu, la Parole de Dieu, l’amour du prochain, le commandement nouveau, l’Eucharistie, le don de l’unité,Jésus crucifié et abandonné, Marie, l’Église-communion, l’Esprit Saint, Jésus présent au milieu de nous.

Ces points sont une référence permanente gravée dans l’âme et dans la vie de milliers de personnes vivant sous toutes les latitudes, mais il manquait un texte posthume rassemblant des extraits, y compris des extraits inédits, qui les illustrent à travers :

– une dimension de témoignage personnel illustrant la façon dont Chiara Lubich les a compris, approfondis et vécus ;

– une dimension de pénétration du mystère de Dieu et de l’homme ;

– une dimension d’incarnation dans les réalités humaines, à caractère communautaire, en accord avec Vatican II (cf. LG 9).

Il s’agit de douze livres utiles à ceux qui souhaitent :

– être accompagnés dans leur vie spirituelle par une grande maîtresse spirituelle ;

– approfondir l’aspect de communion de la vie chrétienne et ses implications au sein de l’Église et de l’humanité ;

– pouvoir rencontrer Chiara Lubich dans la vie de tous les jours, connaître sa pensée et trouver des éléments autobiographiques en filigrane.

Introduction

Dans cet ouvrage, nous présentons au lecteur quelques écrits choisis de Chiara Lubich, afin de l’initier à la pensée de celle-ci concernant la pratique d’une parole de Jésus rapportée­ dans l’évangile de Jean : « Je vous donne un comman­dement nouveau : aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. Ce que je vous commande, c’est de vous aimer les uns les autres » (Jn 13,34 ; cf. Jn 15,12).

Lorsque l’on se plonge dans les innombrables documents (écrits, réponses, discours, conférences) qui abordent le sujet sur une période de plus de soixante ans, on est surpris de voir combien l’auteur insiste sur le moment où cette parole de Jésus lui est apparue avec l’évidence d’une grande découverte. Il n’est pas exagéré de dire que ce moment est un événement fondateur. Chiara l’a évoqué des dizaines et des dizaines de fois face aux publics les plus variés : les personnes­ qui l’ont suivie de très près, des hommes et des femmes engagés en politique et dans la vie sociale, des chrétiens des confessions les plus diverses, des hindous, des musulmans.

Ce moment originel est ici évoqué à nouveau comme on raconte une histoire, mais également pour éclairer les pas à faire dans le présent. Il s’agit d’une constante dans la vie et dans l’esprit de Chiara Lubich : revenir aux origines pour voir si le chemin parcouru était le bon et, si nécessaire, changer de direction, se remettre sur la bonne route.

Le moment historique où le commandement nouveau de l’amour réciproque apparaît à la jeune Chiara dans toute sa logique, sa clarté et sa force de conviction a, comme pour la plupart des aspects de la spiritualité de l’unité, la saveur d’une « découverte » ou, plus exactement, d’une « redécouverte », puisqu’il s’agit d’une réalité ancrée dans les Écritures et dans le Nouveau Testament et, donc, dans la Révélation. À l’instar de Dieu amour (1 Jn 4,8), de Jésus abandonné (Mt 27,46) et du testament de Jésus (Jn 17), le sujet de cet ouvrage, que nous pouvons d’ores et déjà indiquer tout simplement par le verset Jn 13,34, se résume à l’Évangile.

Il convient de relever que Dieu a donné cette Parole à Chiara Lubich alors que sa vie – ainsi que celle de ses compagnes – était bien enracinée uniquement en Dieu. Relever la priorité absolue de Dieu dans la genèse de la spiritualité de l’unité est important si l’on veut comprendre correctement ce qu’est, dans la pensée de l’auteur, l’amour réciproque. Celui-ci ne pourra jamais signifier « être bien ensemble », une coexistence harmonieuse, même s’il s’agit aussi de cela. Il ne pourra jamais équivaloir à la joie d’être aimé en retour quand on a aimé, même si la joie est là.

L’amour réciproque en soi est paradoxal parce qu’il demande de se donner complètement et gratuitement, sans rien attendre en retour et, en même temps, il nous rappelle que nous devons vivre la réciprocité et la communion. Être seul à aimer en premier et le faire ensemble exige une implication mutuelle, une sorte de périchorèse. Nous sommes des sujets libres, conscients que, pour engendrer l’amour réciproque, il nous faut donner notre vie et qu’en même temps, nous devons tout à nos frères qui nous aident à aimer.

En d’autres termes, en vivant le commandement nouveau, on ne peut pas faire abstraction de la solitude. C’est seulement en Dieu Uni-Trinité que l’on trouve le juste rapport entre le fait d’être une personne et celui d’être une communauté.

Pourrons-nous alors respecter ce commandement singu­lier ? Et saurons-nous donner la mesure illimitée qu’il requiert pour nous aimer « comme » Jésus nous a aimés ? Si Chiara Lubich en illustre les exigences extrêmes avec insistance, c’est parce qu’elle sait, par expérience, qu’accueillir et vivre une parole de Jésus, c’est l’accueillir et le vivre lui-même, c’est la « communion » avec le Christ-Parole.

Lorsque nous le suivons, pour que nous puissions vivre sa parole il nous communique son amour, un amour gratuit, le don de soi qui culmine sur la croix et dans le don de l’Eucharistie, un amour qui va « jusqu’au bout » (cf. Jn 13,1). Comme le précise Benoît XVI dans son encyclique Deus caritas est : « Le “commandement” de l’amour ne devient possible que parce qu’il n’est pas seulement une exigence : l’amour peut être “commandé” parce qu’il est d’abord donné » (n° 14).

L’exégèse de Jn13,34 que fait Chiara Lubich est très simple et accessible à tous : elle observe que Jésus l’a gardé « dans son cœur toute sa vie pour le révéler la veille de sa mort 1 ». Elle souligne les circonstances dans lesquelles le commandement nouveau a été « institué » – le dernier repas qu’il a pris avant de donner librement sa vie pour nous – et le fait que Jésus le définit comme sien et « nouveau », ce qui confère à cette parole une solennité particulière. Ainsi l’auteur fait-elle une distinction claire entre Jn 13, 34 et le commandement de l’amour du prochain, semblable à celui de l’amour de Dieu (cf. Mt22,37-39). C’est un comman­dement qui s’adresse à plusieurs personnes à la fois et qui implique la réciprocité. En revanche, on peut aimer ses frères sans qu’il y ait réciprocité.

Mais, ici, on ne redécouvre pas seulement un verset de l’Évangile. C’est toute la vie de Dieu qui est contenue dans ce verset. Chiara l’affirme elle-même en termes simples mais profonds : « Comme un émigré qui accepte de s’adapter à son nouvel environnement lorsqu’il va vivre dans un pays lointain, tout en emportant la plupart du temps ses us et coutumes et en continuant à parler sa langue, Jésus s’est adapté, ici sur terre, à la vie de chaque homme, mais il y a apporté, parce qu’il était Dieu, la façon de vivre du Ciel, la façon de vivre de la Trinité qui est amour réciproque. Et il attend la même chose de nous 2. » L’amour réciproque vécu est donc le lieu de la présence et de la connaissance de Dieu Trinité : « Le lieu où Dieu [Trinité] se fait connaître est l’amour réciproque consumé dans l’unité 3. »

La loi de la vie de l’Église est également présente en Jn13,34. Les documents de l’Église rédigés au cours de ces vingt dernières années expriment cette exigence de communion. Il suffit de citer la lettre apostolique Novo millennium ineunte de Jean-Paul II, qui désigne la communion d’amour comme la seule façon de manifester la réalité de l’Église telle que l’a définie le concile Vatican II : « La communion […] incarne et manifeste l’essence même du mystère de l’Église. C’est en réalisant cette communion d’amour que l’Église se manifeste comme “sacrement”, c’est-à-dire comme “le signe et l’instrument de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain (LG 42)” 4. »

On peut donc affirmer avec raison que le don fait par Jésus en Jn13,34, lorsqu’il est accueilli et vécu, réalise pleinement la vie et la mission de l’Église. Ceci explique le caractère actuel de ce sujet, le vaste horizon qu’il ouvre et sa pertinence dans le moment que vit aujourd’hui l’Église. Même si l’auteur s’adresse presque toujours à des personnes de son mouvement, le lecteur saura saisir, au-delà de ces particularités, l’universalité de sa pensée.

De l’eucharistie, on dit aussi qu’elle est la source et le sommet de la vie et de la mission de l’Église 5. Peut-être existe-t-il un lien entre le chapitre 13 de l’évangile de Jean, qui rapporte le récit du lavement des pieds et du don représenté par le commandement nouveau, et l’institution eucharistique dont l’évangéliste ne parle pas ? Celle-ci est en revanche évoquée dans les évangiles synoptiques (Matthieu, Marc et Luc), mais également par Paul (cf. 1 Co 11,23). Selon certains auteurs, le chapitre 13 de l’évangile de Jean « pourrait être le lieu où l’auteur [Jean] évoque la “commu­nauté de table”, que scelle l’eucharistie, et l’exigence de communion qui en découle. […] Le texte est alors chargé d’une révélation essentielle sur la nature de l’eucharistie. Son institution par le Seigneur se trouve à ce point associée à la volonté de faire naître la communion que le rappel vigoureux de cette volonté peut – pour une communauté qui célèbre le Repas eucharistique – résumer le récit de l’institution6 ».

Loi de la vie de Dieu, loi de l’Église mais, pour Chiara Lubich, loi aussi de la transformation du monde : « Pour quiconque se prépare aujourd’hui à déplacer les montagnes de la haine et de la violence, la tâche est lourde. Mais une chose importe : ce qui est impossible à des millions d’hommes isolés et divisés, semble devenir possible à des gens qui ont fait de l’amour réciproque, de la compréhension mutuelle et de l’unité, le but essentiel de leur vie7. »

S’il est vrai que l’auteur revient toujours, et jusqu’à la fin de sa vie, sur ce moment fondateur, cela ne signifie pas que sa pensée n’ait pas connu d’évolution, y compris dans la façon de la présenter et chez ses destinataires. Elle a évolué en particulier dans la façon même d’exprimer et d’expliquer la spiritualité que Dieu lui a donnée.

En effet, vers les années quatre-vingt-dix, Chiara Lubich, forte de près de cinquante ans d’expérience, est amenée à préciser la spécificité de la spiritualité que Dieu lui avait donnée, et elle le fait en la comparant aux chemins tradi­tion­nels de sainteté apparus au sein de l’Église au cours des siècles. Ce chemin qu’elle avait appelé, dès le début, le « chemin du frère 8 », elle l’appelle à présent aussi « spiritualité collective » ou « communautaire », précisément parce qu’elle trouve son origine dans l’amour réciproque qui va jusqu’à donner sa vie 9. Si la vie communautaire et la dimension ecclésiale caractérisent toutes les spiritualités chrétiennes, ici, le fait de marcher ensemble vers Dieu est un style de vie, une « conception fondamentale de toute l’existence 10 ». Ainsi s’ouvre, dans l’histoire de la spiritualité, un horizon très riche qui offre à des personnes issues de toutes les cultures et menant tous les styles de vie, la possibilité de vivre ces relations à la lumière du commandement nouveau, l’amour réciproque. Le père Jesús Castellano, un Carme passionné par l’étude de la spiritualité occidentale et orientale, ouvert aux nouveautés de l’Esprit Saint et nourri personnellement de la spiritualité de Chiara Lubich avec qui il entretenait un rapport profond et constant 11, exprime cette nouveauté en ces termes : « Nous pouvons comprendre, y compris sur le plan théologique, en quoi consiste la nouveauté théologique, spirituelle et sociale de ce charisme [de l’unité]. De même qu’il existe une spiritualité centrée sur la présence de la Trinité à l’échelle individuelle, le Mouvement propose une spiritualité trinitaire ecclésiale à l’échelle collective 12. »

Ce recueil de textes est divisé en deux parties. La première­ évoque l’événement fondateur que fut la redécouverte du commandement nouveau et met en relief le récit qu’en a fait l’auteur tout au long de sa vie, ainsi que la richesse qui en découle pour la vie chrétienne. La seconde partie présente dans le détail le style de vie engendré par l’amour réciproque vécu selon Jn 13,34, et en montre les effets. Ces pages, où éclate la joie de pouvoir vivre selon ce commandement, nous initient à la sagesse et à la pratique de la communion, la grande attente de notre monde.

Florence Gillet

Avertissement

Comme le lecteur le constatera au fil de ces pages, les textes inédits sont nombreux et se distinguent par l’absence de note de référence à la fin du texte. S’il existe une version publiée d’un discours, celui-ci est accompagné de la date et de ses destinataires, afin de mieux replacer l’événement dans son contexte. Lorsque l’original des textes inédits était un document audio, il a fallu procéder à de petites retouches pour la version écrite.

Les nombreux textes extraits des conférences téléphoniques, déjà publiés pour la plupart mais difficilement identifiables, méritent une mention spéciale. Il s’agit des messages que l’auteur adressait, lors d’une téléréunion, au Mouvement réparti sur les cinq continents. L’utilisation de ce moyen de communication, qui remonte au mois d’août 1980, existe encore aujourd’hui, et c’est un moment fort de la vie de communion entre tous les membres du Mouvement. Chiara Lubich communiquait, depuis le lieu où elle se trouvait ce jour-là, une de ses pensées spirituelles, fruit de sa vie. Suivait alors une mise au courant sur les principaux événements qui s’étaient produits dans le Mouvement durant cette période-là.

Remerciements

Les recherches qui ont abouti à ce recueil ont été effectuées au Centre Chiara Lubich, un centre de documentation et d’étude destiné à faire connaître l’histoire de Chiara Lubich et fondé après sa disparition. C’est dans ce terreau que le présent recueil a pu prendre sa forme actuelle pour être offert à la réflexion et à la méditation du lecteur. Des « spécialistes » du sujet, qui l’ont étudié ou l’étudient actuellement, ont apporté leur précieuse collaboration, ainsi que des personnes pour lesquelles­ l’amour réciproque est le fondement de leur vie. J’ai veillé à tirer parti de leurs relectures attentives, de leurs conseils et de leurs suggestions. À tous, je souhaite adresser mes plus vifs remerciements. Je me bornerai ici à citer Eli Folonari, la responsable du Centre Chiara Lubich. Qu’elle soit remerciée de sa confiance envers moi, de son accord pour la publication des textes inédits et de sa relecture méticuleuse.

I. – Un événement fondateur : la redécouverte du commandement nouveau

Concernant certains points de la spiritualité de l’unité tels que Dieu Amour, l’unité ou Jésus abandonné, le moment originel où Dieu les a donnés à Chiara Lubich peut être daté et localisé. Nous connaissons aussi le moyen dont Dieu s’est servi pour lui faire parvenir ce don, que ce soit un échange, une question ou une lecture. Mais la « découverte » du comman­dement nouveau, elle, n’a été déterminée par aucune intervention extérieure et nous n’en connaissons pas la date. Elle est née au plus profond de l’auteur et de ses compagnes, de leur désir pressant de répondre à l’amour de Dieu, étant donné les circons­tances de la Seconde Guerre mondiale, qui mettaient leur vie en danger. Un tel désir peut également se définir comme prière à Dieu afin qu’il éclaire leurs pas et les aide à l’aimer de la façon la plus sincère possible. Dieu leur répond – comment ne pas être touché par une telle ardeur d’amour ? – en éclairant d’une lumière éblouissante une parole de l’Évangile bien connue : « Voici quel est mon commandement : vous aimer les uns les autres comme je vous ai aimés » (Jn 15,12).

Chiara Lubich ne se lassera jamais de raconter cet événement qui a été la réponse de Dieu (chapitre 1) ; elle met en évidence la spiritualité nouvelle qui répond aux besoins de l’époque et qui s’ouvre sur ce don de Dieu (chapitre 2) ; elle en laisse entrevoir toute la richesse théologique et anthropologique (chapitre 3).

Chapitre 1 – Le récit de l’événement fondateur

A. Le commandement nouveau dans les documents des premiers temps

Avant de poursuivre le récit de l’événement fondateur, nous souhaitons vous présenter quelques documents qui témoignent de la volonté de Chiara Lubich, dès les premiers temps, de mettre en pratique et de faire partager aux autres le comman­dement nouveau, l’amour réciproque. Nous verrons qu’elle cherche toujours à répondre à l’amour de Dieu qui se manifeste à travers Jésus.

Nous aimer pour Lui

Extrait d’une lettre à sœur Josefina et à sœur Fidente

3 octobre 1946

Cette longue lettre, un petit traité pour vivre l’unité, s’articule en deux points. Nous publions un extrait du second point, intitulé « Soyez une seule chose ».

Que l’une voie en l’autre non plus sœur Josefina ou sœur Fidente, mais Jésus seul ! Dites à Jésus que la preuve et la mesure de l’amour que vous avez pour lui sont l’amour que vous vous portez l’une l’autre pour lui !

Amour signifie : toute notre volonté tendue vers Dieu, auquel nous donnons à chaque instant tout notre cœur, tout notre esprit, toute notre âme. Et pour lui, toute notre volonté, tout notre cœur, tout notre esprit, toute notre âme à notre sœur – mesure de notre amour de Dieu – pour laquelle nous voulons la même sainteté que pour nous.

Aimez-vous l’une l’autre. Et vous aurez tout fait.

Et en vous aimant entre vous, vous apprenez à aimer de la même manière toutes vos sœurs 13.

Extrait d’une lettre écrite probablement aux mêmes religieuses

5 janvier 1947

Oh ! mes petites sœurs : nous n’avons qu’une vie, et elle est si brève. Puis le paradis ! Ensuite, nous serons sans cesse avec lui : nous suivrons l’Agneau partout où il ira !

Ne craignez pas de souffrir !

Au contraire !

Ou souffrir ou mourir !

Mais recherchez la souffrance que vous offre la volonté de Dieu, non seulement celle que vous commandent vos supérieurs, dans les simples demandes de l’obéissance, mais la volonté de Dieu qui est Amour réciproque, le Comman­dement Nouveau, la Perle de l’Évangile !

Faites tout votre possible pour ne faire qu’un entre vous et avec toutes vos sœurs. Elles sont votre prochain : par conséquent, aimez-les toutes comme vous-mêmes 14.

Extrait de l’article « C’est aujourd’hui l’heure de saint François »

Chiara Lubich écrit cet article dans L’Amico serafico, un petit journal publié par les frères capucins de Trente. À l’époque, elle et ses compagnes entretenaient encore des relations avec le tiers ordre franciscain, même si elles bénéficiaient déjà du statut de « Focolari de la charité », que l’archevêque de Trente leur avait accordé.