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Le soleil brillait et sa chaleur comblait ma vie de femme, puis de mère. La grisaille se mêlait à l'astre du jour dont les rayons persistaient à m'aveugler. L'orage est monté, mais je n'ai pas entendu le tonnerre, bercée par mes espoirs. La foudre s'est abattue sur moi et tout mon être fut paralysé puis broyé par l'impossible: la chair de ma chair s'avéra un enfant à comportement tyrannique, un manipulateur pervers narcissique en devenir... Ne suis-je donc qu'une chenille bloquée dans sa chrysalide?
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Seitenzahl: 88
Veröffentlichungsjahr: 2023
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« Nous ne voyons pas la vérité, parce que nous sommes aveuglés, en raison des fausses croyances qui encombrent notre esprit. »
Miguel Ruiz, Les Quatre Accords Toltèques
AVANT-PROPOS
MES ORIGINES
LE COUP DE FOUDRE
LES RENCONTRES
LE GRAND SAUT
MA GROSSESSE
LA NAISSANCE DE MATHIEU
LA TRIADE
MA FUITE INCOMPLETE
L’EVOLUTION DE MATHIEU
LA CRISE
MON HOSPITALISATION
LE PROJET DE SEPARATION
L’AUDIENCE
RESILIENCE
REMERCIEMENTS
Vous connaissez l’expression : « ce sont les cordonniers les plus mal chaussés » ? Et bien, quand je me présente de par mon travail, à savoir Assistante de Service Social, on me renvoie : « Ah ! Celle qui place les enfants ! La DDASS, quoi ?! », alors que ma seule expérience professionnelle auprès de ce public est un stage de trois mois au cours de mes études, en milieu scolaire. Par contre, côté personnel, on peut dire que j’ai une expérience en matière de Protection de l’Enfance. C’est là que l’expression que je vous soumets prend toute son ampleur. Je vous laisse la découvrir.
Bonne lecture à toutes et tous.
Native de la région parisienne, j’ai vécu mon enfance à quelques mètres de la capitale, dans un immeuble comportant initialement une dizaine d’appartements, pour la plupart habités par leurs propriétaires. Derrière se trouvait une petite cour et un cabanon. Puis, il a été construit une cité au design moderne qui venait surplomber la cour, et rendre l’environnement sonore plus résonnant.
Ma mère, Camille, était propriétaire des deux appartements du premier étage qu’elle avait fait relier alors qu’elle vivait avec Patrick, son mari et père de mes deux demies-sœurs, Laure (surnommée Lolo) et Emelyne (Emi) avec lesquelles j’ai respectivement douze et neuf ans d’écart. Puis, ma mère a divorcé et a gardé le grand appartement, ayant à charge ses filles, tout en gardant de bons contacts avec leur père qui les prenait un week-end sur deux et la moitié des vacances scolaires.
Mon père, Guy, a intégré ce foyer et je suis née une paire d’années plus tard. Il a réduit son activité professionnelle pour s’occuper de moi. Ma mère a maintenu son activité à temps plein, ses filles étant assez autonomes pour se gérer au quotidien. J’ai l’image d’une famille recomposée, où chaque protagoniste y trouvait sa place et pouvait s’épanouir.
Les week-ends, j’aimais rendre visite à mes grands-parents paternels et maternels. Lors des vacances, mes sœurs allaient chez leur père ou en colonie de vacances. Pour ma part, j’ai longtemps préféré aller chez mes grands-parents paternels qui avaient des animaux, un potager, etc. plutôt que de partir en colonie, et ce jusqu’à mon adolescence. Mais ce que j’appréciais le plus, c’était quand nous partions dans le Sud où ma mère avait hérité d’une petite maison de village.
Je m’y étais faite des ami(e)s, je pouvais balader librement dans le village sans crainte. Il a fallu de nombreuses années avant d’être perçus comme autre chose que des Parigots, par le monde des adultes. Puis des liens se sont créés entre mes parents et plusieurs couples du village, devenant des « taties » et « tontons » de cœur. C’était une deuxième famille pour moi, je me ressourçais à chaque séjour passé dans ce bourg.
Le coup de foudre, vous y croyez ? Moi j’y ai cru.
J’ai une vingtaine d’année, je fais mes études en région parisienne, j’habite chez mon copain. Je suis invitée chez ma sœur Laure pour une soirée avec ma jeune nièce, Samira, et le petit copain de ma sœur, Sylvain, qu’elle avait rencontré récemment en Dordogne. Elle y avait retrouvé une amie et elles ont fait connaissance de Sylvain lors d’une soirée. Il les avait conviées chez lui pour un dernier verre. A leur arrivé au studio, Sylvain s’est rendu compte que son appartement avait été visité. Il a immédiatement couru vers une planque où il cachait son bien le plus précieux : des montres de marque. Il enrageait à l’idée qu’on les lui vole. Ma sœur et son amie n’existaient plus du tout à ce moment. Une chance, les montres étaient toujours là. Par contre, la télécommande de la télévision avait disparu, seul objet finalement qui semblait manquer. Sylvain aurait râlé toute la soirée, à ce sujet ; ce qui laissa une drôle d’anecdote dans l’esprit de ces femmes qui eurent plaisir à me la conter bien plus tard.
Pour revenir à cette invitation par ma sœur, mon compagnon n’avait pas pu venir car il travaillait ce soir-là. Nous avons bien mangé, bien bu, bien rigolé. Ma nièce endormie, on prépare le clic-clac pour moi, et ma sœur ne tarde pas à aller aussi se coucher. Je reste donc seule avec son copain. On parle de tout, de rien, on décide d’aller faire un tour dehors, on se balade en mode « délire : le monde nous appartient » car il n’y a que nous qui traînons à l’extérieur à une heure avancée de la nuit. On chante, on danse, la musique et les paroles sortant de sa bouche. Nous sommes enivrés par ce bonheur qui nous envahit, comme si nous étions seuls au monde et sans limite, sans peur, juste euphoriques. Et là, vous vous doutez bien de ce qu’il arriva : nous nous sommes embrassés ! Un baiser langoureux, nos corps serrés l’un contre l’autre ne faisant qu’un, un nuage de douceur nous enveloppant, une fougue intérieure contenue par cette tendresse romantique qui stoppait le temps et nous tenait figés dans ce baiser. C’est la pluie qui nous fit sortir de notre effusion. Il m’avoua tout de suite avoir craqué pour moi, que j’étais celle qu’il cherchait.
Le lendemain, alors que la nuit fut courte et que je repartis chez mes parents avant le réveil de ma sœur, cette dernière avait prévu de passer à la maison avec lui. Ils sont arrivés, j’étais à la douche, la musique à fond pour ne pas penser, mais mon cœur palpitait très fort. J’ai fini par aller les saluer comme si de rien n’était ; j’eus un coup de chaud en le voyant me regarder avec un air qui semblait dire « échappons nous, courrons vivre notre Amour ». Je sentais mes joues rosir, je tremblais. Ne voulant pas qu’on s’aperçoive de mon état, je ne suis pas restée longtemps en leur compagnie.
Par la suite, durant plusieurs semaines, nous avons caché notre idylle naissante : lui stoppant sa relation avec ma sœur, moi ayant été jetée par mon copain le lendemain de la soirée sous prétexte qu’il manquait un préservatif dans son tiroir et donc il m’accusait d’infidélité (j’ai infirmé pour le préservatif, sans m’étendre : il avait trouvé une excuse bidon pour mettre fin à notre histoire). Quel signe du destin ! Puis, j’ai fini par le dire à ma sœur qui s’en doutait, m’a-t-elle avoué aussitôt.
J’ai alors pu retrouver Sylvain pour quelques jours de vacances en Dordogne. A peine arrivée, il fallait bouger : aller voir ses amis, il fallait qu’il me présente au plus vite à tous. Je fus évidemment très bien accueillie. Durant ces quelques jours passés ensemble, c’était des va-et-vient pour aller voir les uns et les autres (des amis, des copains de « fume », etc. tous toxicomanes), invités par-ci par-là. Quand nous nous retrouvions dans son studio, nous travaillions à mettre en mots notre rencontre, à l’aide de son talent de guitariste et de chanteur, et moi de mon plaisir d’écrire des poèmes. Je n’ai pas vu le temps passer et je vivais sur un petit nuage. Il était si fier de me présenter, si doux avec moi, si prévenant pour que je me sente partout à l’aise. Ah, l’Amour ! Nous avons vécu quelques mois, à nous aimer, plus ou moins à distance.
Parfois, je m’ennuyais un peu quand lui et ses potes fumaient, je sortais de « la grotte » et profitais du terrain annexé pour prendre l’air et rêvasser. Son meilleur ami, surnommé Titeuf, était en concubinage avec Marianne, une femme très active, ayant deux enfants à charge issus d’une première union. Je passais parfois du temps avec la fillette qui me semblait particulière : je ne saurai trop la décrire, mais elle était assez renfermée en présence de mon homme et de son beau-père, d’autant plus qu’ils la charriaient, la considérant « arriérée mentale ». Je sentais que ce n’était pas ça qui la troublait mais je n’avais pas connaissance de son histoire familiale donc je ne cherchais pas à comprendre, me disant que si elle voulait m’en parler, elle le ferait. Je n’ai appris, que récemment, que mon homme avait abusé d’elle à plusieurs reprises. Pourquoi cela ne m’étonne pas aujourd’hui ?
Sylvain a quitté la Dordogne pour aller s’installer chez un de ses frères en Haute-Vienne, ce qui raccourcissait nos trajets. D’autant plus qu’il lui prenait parfois de débarquer, en voiture, chez mes parents, en pleine nuit, tellement il avait besoin d’être avec moi, de me prouver son amour, qu’on ne fasse plus qu’un même si ce n’était des fois que pour une nuit… Le fait qu’il habite à Limoges m’a permis de pouvoir aussi venir le voir par le train, certains week-ends.
Son frère Reynald, qui l’hébergeait, était le propriétaire d’un immeuble de 5 étages, en centre-ville. Reynald avait son bureau de courtier en assurances et entrepreneur dans le BTP, au rez-de-chaussée. Je crois que mon chéri squattait son canapé la nuit. Ils avaient aussi leur plus jeune frère, Cyril, qui logeait tout en haut du bâtiment et qui travaillait pour Reynald, côté maçonnerie. La première fois que je les ai rencontrés, j’étais arrivée le vendredi soir par le train. Ils avaient préparé un apéro dinatoire en mon honneur, chez Cyril. Il y avait donc tous les frères : Cyril, Sylvain, Fabien et Reynald (dans l’ordre inverse des naissances). C’était assez sympathique. Mon chéri avait convenu avec Cyril que ce dernier nous laisse son studio pour la nuit, ce qu’il fit. Endormis l’un contre l’autre, c’est en sursaut que nous nous sommes réveillés par l’entrée bruyante, en pleine nuit, du jeune frère. Il a passé la porte en rageant à forte voix (ses mots étaient peu compréhensibles tellement il semblait ivre et en colère). Il en avait après tout le monde, surtout après son frère Reynald. Quelle ne fut pas notre stupeur quand, tout à coup, il a pointé un pistolet sur nous, disant avec mépris que Sylvain ne valait pas mieux que leur grand frère.