L'Énigme de Charleroi - Gabriel Hanotaux - E-Book

L'Énigme de Charleroi E-Book

Gabriel Hanotaux

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RÉSUMÉ : "L'Énigme de Charleroi" de Gabriel Hanotaux explore un épisode tactique méconnu de la Première Guerre mondiale, mettant en lumière les événements qui se sont déroulés autour de la ville de Charleroi en 1914. Ce livre offre une analyse détaillée des stratégies militaires employées par les forces en présence, tout en soulignant les défis auxquels elles ont été confrontées. Hanotaux, connu pour sa rigueur historique, s'appuie sur des documents d'archives et des témoignages pour reconstituer les faits avec précision. Il examine les décisions prises par les commandants sur le terrain, les mouvements de troupes et l'impact de ces actions sur le cours de la guerre. En plongeant dans le contexte géopolitique de l'époque, l'auteur dévoile les tensions et les rivalités qui ont influencé les choix stratégiques. Le livre ne se contente pas de relater les événements militaires ; il s'intéresse également aux conséquences humaines de la bataille, mettant en avant les histoires individuelles des soldats et des civils pris dans le tourbillon du conflit. "L'Énigme de Charleroi" se distingue par son approche nuancée et sa capacité à rendre accessible un sujet complexe, faisant de cet ouvrage une lecture incontournable pour les passionnés d'histoire militaire et les chercheurs. À travers une narration captivante, Hanotaux parvient à rendre vivante cette période troublée, tout en fournissant des clés de compréhension essentielles pour appréhender l'ensemble de la Grande Guerre. L'AUTEUR : Gabriel Hanotaux, historien et homme politique français, est né le 19 novembre 1853 à Beaurevoir et a marqué son époque par ses contributions significatives à la compréhension de l'histoire de France. Diplômé de l'École nationale des chartes, il a débuté sa carrière en tant qu'archiviste avant de se tourner vers la politique et l'écriture. Hanotaux a été membre de l'Académie française et a occupé le poste de ministre des Affaires étrangères à plusieurs reprises, où il a joué un rôle clé dans la diplomatie française à la fin du XIXe siècle. En tant qu'historien, il est reconnu pour ses travaux sur Richelieu et l'histoire diplomatique de la France. Sa passion pour l'histoire militaire se manifeste dans ses écrits, où il s'efforce de relier les événements passés à leurs implications contemporaines. "L'Énigme de Charleroi" s'inscrit dans cette lignée, témoignant de son souci du détail et de son engagement à éclairer les épisodes moins connus de l'histoire.

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Seitenzahl: 143

Veröffentlichungsjahr: 2021

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Sommaire

PRÉFACE

I. — LA MANŒUVRE DE BELGIQUE - LES COMBATS DE LA SAMBRE - 16 AOÛT-25 AOÛT 1914

I. — CE QUE L'ON SUT DE LA BATAILLE DE CHARLEROI.

III. — PLAN, EFFECTIFS ET POSITIONS DE L'ARMÉE FRANÇAISE.

IV. — LES COMBATS DE LA SAMBRE. - L'ORDRE DE LA RETAITE

II. — LA MANŒUVRE EN RETRAITE. - LES COMBATS DE LA SAMBRE DANS LEURS RAPPORTS AVEC LA BATAILLE DES FRONTIÈRES

V. — RÉSULTATS STRATÉGIQUES ET TACTIQUES DES COMBATS DE LA SAMBRE

VI. — LA MANŒUVRE EN RETRAITE. - JOFFRE PREND SES DISPOSITIONS POUR LA FUTURE BATAILLE DE LA MARNE. - INSTRUCTIONS DU 24-25 AOÛT

NOTE POUR TOUTES LES ARMÉES

INSTRUCTION GÉNÉRALE DU 25 AOÛT I9I4

LE COMMANDANT EN CHEF AUX COMMANDANTS D'ARMÉE.

VII. — LA BATAILLE DE CHARLEROI DANS SES RAPPORTS AVEC LA BATAILLE DES FRONTIÈRES

PRÉFACE

Le nœud stratégique de la Bataille des Frontières, — qui fui le premier acte de la Guerre de 1914, — réside dans les Combats de la Sambre, connus sous l'appellation trop restreinte de Bataille de Charleroi.

L'intérêt principal de l'histoire militaire consiste à déterminer les mouvements des masses et la raison des rencontres, à reconstituer, par l'étude des faits et de la carte, l'opération intellectuelle qui range les armées, les amène aux lieux des combats, les jette les unes sur les autres et force la victoire.

Tout mouvement militaire est le fils d'une pensée : c'est cette pensée (secrète) qui, retrouvée en quelque sorte sur le terrain comme la plus belle des armes, illumine tout de son reflet. Par elle, resplendissent le mérite des chefs, la valeur des soldats ; par elle se découvre la grandeur de l'homme à qui une nation confia ses destinées et qui anima, tout ensemble, les corps et les âmes, le généralisateur par excellence, — le général.

Dans la première période de la guerre de 1914, tant que la pensée réciproque des deux commandements ne se fut pas révélée, le nœud même des événements militaires, c'est-à-dire la Bataille de Charleroi, parut une énigme.

On ne comprenait pas pourquoi les hostilités, commencées dans l'Est, avaient soudain sauté dans l'Ouest; on fut surpris, atterré par le mystérieux communiqué : ... de la Somme aux Vosges ; tout s'obscurcit dans l'émotion universelle pour Paris menacé. On ne reconnut pas la vaste tentative d' encerclement de nos armées par les deux ailes (selon les doctrines de von Schlieffen) et l'on suivit à peine la belle parade de Joffre qui, se dérobant dès la première rencontre, prenait du champ et, après avoir refoulé l'aile gauche des Allemands, dans l'Est, rétablissait son propre équilibre vers l'Ouest et attirait l'ennemi dans le piège où il allait le saisir à la Bataille de la Marne.

De cette obscurité résulta l'énigme ; or, c'est la solution de cette énigme militaire — décisive pour l'histoire du monde, — que j'essaie d'apporter dans ces pages qui ne sont qu'un court résumé des chapitres plus développés de mon Histoire de la Guerre. Mes éditeurs ont pensé qu'il convenait de rendre le plus possible accessible au public un récit qui établit d'une façon incontestable la supériorité du commandement français. Il est permis, après trois ans, de lui rendre cette justice qui n'est que la constatation de la simple vérité.

Malgré leurs indéniables succès, les Allemands furent battus dès les premières semaines du conflit qu'ils avaient voulu par les raisons qui les avaient portés à le vouloir. L'invasion de la Belgique par la rive gauche de la Meuse, était le secret mûrement médité et savamment élaboré par leur état-major, secret sur lequel ils comptaient comme sur un gage de prompte et décisive victoire.

Or, c'est l'invasion de la Belgique qui les a perdus et qui les perd chaque jour. Par orgueil et pédantisme infatué, ils ont qualifié ce forfait de génial. En réalité, ce fut, non seulement un crime, mais une faute, — une faute colossale et la cause de leur première et irrémédiable défaite.

La folie de cette conception, et, par contre, la sagesse pondérée et ingénieuse de la conception militaire française sont mises en présence dans les pages qui vont suivre.

L'opinion jugera sur des documents et des renseignements précis, sur des faits, désormais établis dans leur réalité.

Tout le monde, aujourd'hui, sait lire une carte, suivre une manœuvre, comprendre un exposé militaire ; combien peuvent dire : J'étais là ; telle chose m'advint ! C'est à ce public, qui a payé si cher une expérience si douloureuse, que nous soumettons cette étude. L'énigme de Charleroi trouve dans la suite des événements, sa solution lumineuse, la Victoire de la Marne.

G. H.

Paris, 6 septembre 1917.

I. — LA MANŒUVRE DE BELGIQUE - LES COMBATS DE LA SAMBRE - 16 AOÛT-25 AOÛT 1914.

I. — CE QUE L'ON SUT DE LA BATAILLE DE CHARLEROI.

Les premières semaines de la guerre avaient paru favorables. La double invasion de l'Alsace méridionale par Mulhouse, les premiers incidents de l'offensive française en Lorraine, les succès des Russes en Prusse Orientale, les victoires serbes, tout donnait confiance. Jusqu'au 20 août, on était resté dans l'ignorance au sujet de l'emplacement des armées et des desseins des deux adversaires ; on savait seulement que la mobilisation et la concentration françaises s'étaient accomplies à merveille et que nos troupes occupaient, sur la frontière, les places assignées par les plans de l'état-major.

Le communiqué du 19 avait confirmé la nouvelle que l'armée française, prenant l'offensive, avait atteint Delme et Morhange. en territoire annexé.

De Belgique, depuis la prise de Liège, les nouvelles étaient rares. L'affaire de Dinant, le 15, heureuse pour nos armes n'avait pas eu de suite ; rien ne s'était dessine jusqu'au 18.

Soudain, le 19 et le 20, on apprend, coup sur coup, la marche en avant des armées allemandes, le passage de puissantes colonnes de toutes armes sur les routes du territoire belge, une invasion formidable s'étendant comme une nappe sur le pays. La résolution, prise par le gouvernement belge de ramener son armée à l'abri du camp retranché d'Anvers, éclata comme un aveu d'impuissance et le plus impressionnant des présages.

Le 21, on eut la nouvelle de l'échec de nos armées de l'Est en Lorraine. Le communiqué du 21, à minuit, reconnaissait que nos troupes avaient été ramenées en arrière... ; il ajoutait : L'importance des forces engagées ne nous eût permis de nous maintenir en Lorraine qu'au prix d'une imprudence inutile.

Eh quoi ! Il y avait donc une puissante offensive allemande sur la frontière lorraine, outre celle qui se produisait par la Belgique ! L'anxiété redoubla. La Belgique était-elle abandonnée ?

Le 22 août, l'opinion était saisie de l'intention du gouvernement français de venir en aide militairement à la Belgique :

La France est résolue à faire tout pour libérer le territoire de son alliée. Elle considère que son devoir n'aura été entièrement accompli que lorsqu'il ne restera plus un soldat allemand en Belgique.

Sous la rhétorique du texte officiel, on entrevoit une espèce de programme militaire :

Il n'a pas été possible, en raison des nécessités stratégiques, de participer plus tôt avec l'armée belge à la défense du pays ; mais les engagements que nous avons pris n'en sont que plus solennels ; notre coopération n'en sera que plus étroite ; elle se poursuivra avec une extrême énergie. La situation en Belgique reste sensiblement la même ; le mouvement des forces allemandes continue vers l'Ouest, précédé par des forces de cavalerie éclairant dans les directions de Gand d'une part, de la frontière française d'autre part. L'armée belge est prête dans le camp retranché d'Anvers.

La retraite de l'armée belge sous le canon d'Anvers est une opération prévue qui ne porte aucune atteinte à sa valeur ni à son incontestable puissance. Lorsque le moment en sera venu, l'armée belge se trouvera aux côtés de l'armée française, à laquelle les circonstances l'ont étroitement et fraternellement unie.

Ces lignes répondent au mouvement de l'opinion qui ne pouvait se faire à l'idée que la Belgique ne serait pas défendue. L'occupation de Bruxelles par les Allemands avait été une surprise pour le public français qui en était resté à la belle résistance de Liège ; l'arrivée des premières populations belges en fuite l'émut ; il s'inquiéta quand il apprit que l'armée belge s'était repliée sous le canon d'Anvers. A la question que l'on se posait universellement de savoir ce que devenaient les armées alliées, le communiqué répond. Et, en même temps, il indique les faits nouveaux, bien différents de ce que le public attend : non seulement la Belgique est envahie, mais la région de Gand et la frontière française sont insultées par la cavalerie ennemie. Où sont donc nos troupes? Que fait notre propre armée ?

Dès le 22, le bruit s'était répandu dans Paris, — et Paris-Midi le confirmait, — qu'une formidable bataille était engagée entre Mons et Charleroi. Bientôt la rumeur circule que nos armées n'ont pu enrayer la marche des armées allemandes et que notre aile gauche, c'est-à-dire l'armée anglaise, est débordée et enveloppée1.

Le 23, on apprend par de vagues rumeurs que les journées du 21 et du 22 n'ont pas été bonnes sur la Sambre. Le communiqué du 23 août paraît et s'applique à préparer les esprits :

En Belgique. — A Namur, les Allemands font un grand effort contre les forts qui résistent énergiquement. Les forts de Liège tiennent toujours. L'armée belge est tout entière concentrée dans le camp retranché d'Anvers. Mais c'est sur la vaste ligne allant de Mons à la frontière luxembourgeoise que se joue la grosse partie.

Nos troupes ont pris partout l'offensive. Leur action se poursuit régulièrement en liaison avec l'année anglaise. Nous trouvons en face de nous, dans ce mouvement offensif, la presque totalité de l'armée allemande, formations actives et formations de réserve. Le terrain des opérations, surtout à notre droite (il s'agit des Ardennes), est boisé et difficile. Il est à présumer que la bataille durera plusieurs jours. L'énorme extension du front et l'importance des effectifs engagés empêchent de suivre pas à pas le mouvement de chacune de nos armées. Il convient, en effet, pour apprécier cette situation, d'attendre un résultat qui serve de conclusion à la première phase du combat..., etc., etc.

Ce n'est pas la victoire en coup de vent dont on avait conçu si imprudemment l'espoir aux heures de l'enthousiasme...

Le 24, les événements militaires sont déjà accomplis. Les communiqués du 24 et du 25 contiennent tout ce que le public connut officiellement de la bataille de Charleroi. Il faut les citer in extenso :

D'abord, le communiqué du 24, au matin, qui donne comme une sorte d'exposé des opérations.

La grande bataille entre le gros des forces françaises et anglaises et le gros des forces allemandes continue. Pendant que cette action se poursuit, dans laquelle nous avons l'importante mission de retenir la presque totalité des armées ennemies, nos alliés de l'Est (les Russes) obtiennent de gros succès dont les conséquences doivent être considérables...

15 heures. — Nos armées, placées face à leurs objectifs, se sont ébranlées avant-hier, prenant résolument l'offensive. Entre la Moselle et Mons, la bataille générale est maintenant engagée, et la parole n'est plus qu'aux combattants eux-mêmes. (Suit un rappel des batailles de Lorraine et des Ardennes.) Une troisième armée, de la région de Chimay, s'est portée à l'attaque de la droite allemande entre Sambre et Meuse. Elle est appuyée par l'année anglaise, partie de la région de Mons.

Le mouvement des Allemands, qui avaient cherché à déborder notre aile gauche, a été suivi pas à pas, et leur droite se trouve donc attaquée maintenant par notre armée d'aile gauche, en liaison avec l'armée anglaise. De ce côté, la bataille se continue vivement depuis plus d'une journée. Sur tout le reste du front, elle est aussi engagée avec le plus grand acharnement et déjà les pertes sont sérieuses de part et d'autre. A notre extrême gauche, un groupement a été constitué dans le Nord pour parer à tout événement de ce côté.

Il y a bien, dans ces derniers mots, l'idée d'une conception stratégique qui, jusqu'à un certain point, s'oppose à celle de l'ennemi. Mais elle n'est indiquée qu'en passant et à peu près indiscernable pour ceux qui ne sont pas initiés.

Le coup de massue est donné par le communiqué du 24 août, 23 heures :

La situation en Belgique. — A l'Ouest de la Meuse, l'armée anglaise, qui se trouvait à notre gauche, a été attaquée par les Allemands. Admirable sous le feu, elle a résisté à l'ennemi avec son impossibilité ordinaire. L'armée française, qui opérait dans cette région, s'est portée à l'attaque. Deux corps d'armée, dont les troupes d'Afrique, qui se trouvaient en première ligne, entraînés par leur élan ont été reçus par un feu très meurtrier ; ils n'ont pas cédé, mais, contre-attaques par la Garde prussienne, ils ont dû ensuite se replier. Ils ne l'ont fait qu'après avoir infligé à leur adversaire des pertes énormes. Le corps d'élite de la Garde a été très éprouvé.

Sur un ton plus solennel, le communiqué ajoute :

Du fait des ordres donnés, la lutte va changer d'aspect pendant plusieurs jours ; l'armée française restera pour un temps sur la défensive ; au moment venu, choisi par le commandement en chef, elle reprendra une vigoureuse offensive. Nos pertes sont importantes ; il serait prématuré de les chiffrer ; il ne le serait pas moins de chiffrer celles de l'armée allemande qui a souffert au point de devoir s'arrêter dans ses mouvements de contre-attaque pour s'établir sur de nouvelles positions.

Et immédiatement, un Aperçu d'ensemble :

D'une manière générale, nous avons conservé la pleine liberté d'utiliser notre réseau ferré, et toutes les mers nous sont ouvertes pour nous approvisionner. Nos opérations ont permis à la Russie d'entrer en action et de pénétrer jusqu'au cœur de la Prusse Orientale.

On doit évidemment regretter que le plan offensif par suite de difficultés impossibles à prévoir, n'ait pas atteint son but : cela eût abrégé la guerre : mais notre situation défensive demeure entière, en présence d'un ennemi déjà affaibli... Certaines parties du territoire national souffriront malheureusement des événements dont elles seront le théâtre ; épreuve inévitable, mais provisoire. C'est ainsi que des éléments de cavalerie allemande, appartenant à une division indépendante opérant à l'extrême droite, ont pénétré dans la région de Roubaix-Tourcoing, qui n'est défendue que par des éléments territoriaux.

Le courage de notre vaillante population saura supporter cette épreuve avec une foi inébranlable dans le succès final, qui n'est pas douteux. En disant au pays la vérité tout entière, le gouvernement et les autorités militaires lui donnent la plus forte preuve de leur absolue confiance dans la victoire qui ne dépend que de notre persévérance et de notre ténacité.

Et le communiqué continue sur le même ton, le 25 août, 15 heures :

Dans le Nord. — Des parties de cavalerie qui s'étaient montrés avant-hier dans la région de Lille, Roubaix, Tourcoing, ont apparu hier dans la région de Douai. Cette cavalerie ne peut s'avancer davantage qu'en s'exposant à tomber dans les lignes anglaises renforcées hier par des troupes françaises.

Situation générale. — Malgré les énormes fatigues imposées par trois jours consécutifs de combats, et malgré les pertes subies, le moral des troupes est excellent et elles ne demandent qu'à combattre. Dans la journée d'avant-hier, le fait saillant a été la rencontre formidable des tirailleurs algériens et sénégalais avec la troupe réputée, la Garde prussienne. Sur cette troupe solide, nos soldats africains se sont jetés avec une inexprimable furie : la Garde a été éprouvée dans un combat qui dégénérait en corps à corps. L'oncle de l'Empereur (?), le général prince Adalbert, a été tué ; son corps a été transporté à Charleroi. Notre année, calme et résolue, continuera aujourd'hui son magnifique effort ; elle sait le prix de cet effort ; elle combat pour la civilisation ; la France tout entière la suit des yeux, elle aussi calme et forte, et sachant que tous ses fils supportent seuls, pour le moment, avec l'héroïque armée belge qui, hier, a repris Malines, et la vigoureuse armée anglaise, le poids d'un combat sans précédent par l'acharnement réciproque et par la durée...

Voilà tout ce que l'on apprend au public. De beaux faits d'armes, des combats héroïques, une retraite vigoureuse, des troupes harassées dont le moral est excellent, la Belgique évacuée, le territoire national envahi.

Le sens réel des événements n'apparaît pas. Sous les formules péniblement emphatiques on devine une vérité cruelle. L'obscurité redouble l'angoisse. On sent planer un malheur terrible et inavoué.

Peu à peu l'idée se répand d'une bataille mystérieuse où des choses imprévues et extraordinaires se sont produites. On l'étend, par la pensée, sur tout le front occidental, depuis Tournai jusqu'à Metz. Des masses énormes ont été engagées : une retraite inexplicable et inexpliquée s'en est suivie. De cette bataille le public ne saisit ni les précisions tactiques ni le sens stratégique. Il se trouve, ainsi, anxieux et désorienté, au moment où la manœuvre morale allemande, pénétrant par les neutres, va produire sur lui ses redoutables effets.

En Allemagne. — Dans le camp allemand, après un moment d'hésitation, ce n'est qu'un cri : Victoire !

Le premier communiqué visant les opérations à l'Ouest de la Meuse est du 23 :

A l'Ouest de la Meuse, les troupes allemandes s'avancent vers Maubeuge ; une brigade de cavalerie s'étant portée vers leur front a été battue (il s'agit, sans doute du combat d'Anderlues).

L'objectif donné, à savoir Maubeuge, vise déjà une prochaine invasion du territoire français.