L'IA et l'évolution des compétences en France - Institut de l'Entreprise . - E-Book

L'IA et l'évolution des compétences en France E-Book

Institut de l'Entreprise

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Beschreibung

Pour mieux comprendre les transformations induites par l’intelligence artificielle (IA) et l’IA générative ainsi que leurs implications sur la productivité et la compétitivité en France, l’ Institut de l’Entreprise, en partenariat avec McKinsey & Company, a mené une étude approfondie consacrée à la France. Cette dernière constitue une analyse localisée du rapport "A new future of work : The race to deploy AI and raise skils in Europe and beyond", publié en mai 2024 par le McKinsey Global Institute, think tank économique de McKinsey & Company.

Cette étude s'appuie sur des données spécifiques au marché français et sur des entretiens menés avec des dirigeants de grandes entreprises autour de l’évolution des compétences, des défis de la transition numérique et des leviers à mettre en œuvre pour favoriser un impact sociétal positif de l’augmentation de la productivité.

« Cette transformation ne pourra pas réussir sans un dialogue social constructif et une collaboration étroite entre entreprises et pouvoirs publics. Ce dialogue est la clef d’un progrès économique et social partagé que nous appelons de nos vœux », déclare Flora Donsimoni, Directrice générale de l’ Institut de l’Entreprise.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Créé en 1975, l’ Institut de l’Entreprise est une association à but non lucratif réunissant une centaine d’entreprises de dimension multinationale mais fortement implantées en France. L’Institut travaille à valoriser le rôle et la place de l’entreprise dans notre société à travers différents programmes.

L’Agora orchestre un travail collégial entre dirigeants et parties prenantes sur les grandes transformations et  mutations de l’entreprise.

L’IHEE accompagne et forme des dirigeants issus de l’entreprise et de ses parties prenantes. 

Melchior créé le dialogue entre le monde de l’éducation et celui de l’entreprise.

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Seitenzahl: 108

Veröffentlichungsjahr: 2025

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Couverture

r e m e r c i e m e n t s

L’Institut de l’Entreprise et McKinsey remercient les adhérents de l’Institut de l’Entreprise pour le partage de leur vision et McKinsey Global Institute pour ses données spécifiques à la France

Nicolas Dufourcq,Directeur Général de Bpifrance

Béatrice Kosowski,Présidente d’IBM France

Olivier Millet,Membre du Directoire d’Eurazeo

Caroline ParotDirectrice générale et administratrice de Technicolor

Claire Pedini,Directrice Générale Adjointe chez Saint-Gobain

À propos de l’Institut de l’Entreprise – À propos de McKinsey

À propos de l’Institut de l’Entreprise

Créé en 1975, l’Institut de l’Entreprise est une association à but non lucratif réunissant une centaine d’entreprises de dimension multinationale mais fortement implantées en France. L’Institut travaille à valoriser le rôle et la place de l’entreprise dans notre société à travers différents programmes.

L’Agora orchestre un travail collégial entre dirigeants et parties prenantes sur les grandes transformations et mutations de l’entreprise.

L’IHEE accompagne et forme des dirigeants issus de l’entreprise et de ses parties prenantes.

Melchior créé le dialogue entre le monde de l’éducation et celui de l’entreprise.

À propos de McKinsey

Fondé en 1926 et établi en France depuis 60 ans, McKinsey & Company conseille les grandes entreprises et organisations, afin de les aider à améliorer durablement leurs performances, en partenaire de leur développement sur le long terme. Comptant 133 bureaux dans plus de 65 pays, McKinsey fonctionne comme une seule et même entité à l’échelle mondiale, offrant à ses clients les compétences de 45 000 professionnels (dont 2 900 directeurs associés) sur une large palette de sujets sectoriels ou fonctionnels, ainsi que l’expertise pointue de 6 700 spécialistes de l’intelligence artificielle, des advanced analytics et du développement de solutions digitales. Le cabinet intervient en étroite collaboration avec les équipes des clients qu’il accompagne, à tous les niveaux de leur organisation, afin de concevoir avec eux des stratégies porteuses, de mobiliser les états d’esprit autour du changement, de développer leurs compétences et de les aider tout au long de la mise en œuvre de leurs projets et transformations.

www.mckinsey.fr — in

Sommaire

ÉditoFlora Donsimoni & Éric Hazan
I. La vue macro-économique
01.Le marché du travail français, entre tensions et stagnation de la productivité
02.L’IA générative comme catalyseur de transformation : un levier de productivité avec des implications sur les compétences
03.Une réorientation des besoins des entreprises en faveur des compétences socio-émotionnelles, technologiques, et cognitives avancées
04.Les entreprises françaises en première ligne pour réussir la transition de l’IA et booster la productivité
ConclusionDes leviers d’action pour réussir la transition de l’IA et relancer la productivité
II. Le point de vue des dirigeants
Entretiens dirigeants
BpifranceNicolas Dufourcq
IBM FranceBéatrice Kosowski
EurazeoOlivier Millet
TechnicolorCaroline Parot
Saint-GobainClaire Pedini
Annexe méthodologique
Informations légales

Édito

La France fait face à des défis économiques structurels d’importance : décrochage de la productivité, recul relatif de la population active lié au vieillissement démographique, tensions sur le marché du travail. Dans ce contexte, l’Intelligence Artificielle (IA) apparaît comme une solution prometteuse. Mais au-delà des attentes, parfois excessives, qu’en est-il réellement ?

Flora Donsimoni,

Directrice Générale de l’Institut de l’Entreprise

Éric Hazan,

Directeur associé senior de McKinsey au bureau de Paris, Responsable du pôle McKinsey Digital en France

Une analyse nuancée du marché du travail français révèle un potentiel de transformation que l’on ne peut ignorer : d’ici 2030, 27 % des tâches pourraient être confiées à l’IA. Néanmoins, cette mutation ne sera ni uniforme, ni spontanée. Les secteurs technologiques et les services financiers montrent déjà une plus grande maturité dans l’intégration de ces technologies, tandis que d’autres secteurs en début d’adoption, comme la santé ou le commerce de détail, progressent plus graduellement.

Les spécificités françaises méritent une attention particulière. Si le rythme d’adoption y est plus mesuré que dans les pays d’Europe du Nord ou aux États-Unis, c’est aussi le reflet d’une approche qui privilégie l’acceptabilité sociale et l’évolution progressive des pratiques professionnelles. Cette caractéristique, loin d’être un handicap, peut devenir un atout pour une transformation durable – à condition d’agir dès maintenant.

Les données présentées dans ce rapport, issues du McKinsey Global Institute, d’Eurostat, de l’INSEE, du US Bureau of Labor Statistics et de l’OCDE sont enrichies par les témoignages de cinq dirigeants qui déplient avec prudence et recul les enjeux de cette évolution depuis leur point de vue stratégique. Ils prennent en compte l’ensemble des métiers de leur entreprise et le contexte propre à la France en soulignant notamment un enjeu de taille : la nécessité de plans de montée en compétences pour accompagner la mobilité professionnelle, en particulier pour les professions intermédiaires. Est-il encore utile de rappeler que, selon l’OCDE, l’obsolescence des compétences (tous secteurs confondus) est passée de 30 ans dans les années 1980 à 2 ans aujourd’hui ?

Cette transformation ne pourra réussir sans un dialogue social constructif et une collaboration étroite entre entreprises et pouvoirs publics afin d’éviter une polarisation accrue des compétences et des salariés en fonction de leur secteur ou de leur formation initiale. Ce dialogue est la clef d’un progrès économique et social partagé que nous appelons de nos vœux à travers ces pages.

I.La vue macro-économique

01.

Le marché du travail français, entre tensions et stagnation de la productivité

02.

L’IA générative comme catalyseur de transformation : un levier de productivité avec des implications sur les compétences

03.

Une réorientation des besoins des entreprises en faveur des compétences socio-émotionnelles, technologiques, et cognitives avancées

04.

Les entreprises françaises en première ligne pour réussir la transition de l’IA et booster la productivité

 

Conclusion : Des leviers d’action pour réussir la transition de l’IA et relancer la productivité

01

Le marché du travail français, entre tensions et stagnation de la productivité

La présente publication porte sur les évolutions du marché du travail français à l’horizon 2030, tout en dressant des parallèles avec le reste de l’Europe1 et les États-Unis.

Si l’accélération de l’automatisation de certaines tâches va nécessairement impliquer une adaptation du marché du travail dans les années à venir, cette force doit être examinée dans le contexte plus large des mutations déjà en cours.

En France, comme dans le reste de l’Europe, les tensions sur le marché du travail se sont accrues, exacerbées par des tendances socio-démographiques de fond telles que le vieillissement de la population ou la réduction du temps de travail. Le taux de chômage a atteint un niveau historiquement bas2 , tandis que le taux d’emplois vacants a grimpé à 3,4 % en 2022, soit plus du triple de son niveau de 20103, dépassant même la moyenne européenne de 2,9 %4. Cette situation a conduit à un nom-bre de postes non pourvushistoriquement haut, en France comme en Europe(Figure 1).

Fig. 1 — Il y a eu une pénurie de main-d’œuvre tant en France qu’en Europe au cours de la dernière décennie

Source : Insee, Eurostat, ILOSTAT, BLS Local Area Unemployment Statistics (corrigé des variations saisonnières) : (désaisonnalisées) ; Enquête sur les offres d’emploi et la rotation de la main-d’œuvre ; données au 5/10/2022 ; (désaisonnalisées) ; Enquête sur les offres d’emploi et la rotation de la main-d’œuvre ; données au 5/10/2022

En parallèle, la croissance de la productivité s’est ralentie globalement et plus particulièrement en Franceet en Europe (Figure 2)5. Lescauses de ce retard apparaissent systémiques et non cycliques : les entreprises françaises (et européennes, dans une moindre mesure) sont en retrait par rapport à leurs homologues américaines au regard de plusieurs indicateurs clés comme le rendement du capital investi, la croissance du chiffre d’affaires, les dépenses d’investissement, ou encore les dépenses en recherche et développement. Le retard initial de l’Europe dans le développement et l’adoption des technologies de l’information et de la communication explique en grande partie cet écart.

Fig. 2 — Depuis l’après-guerre, les gains de productivité ont diminué deux fois plus vite en Europe qu’aux

É

tats-Unis

Source : Antonin Bergeaud, Gilbert Cette et Rémy Lecat, Productivity trends in advanced countries between 1890 and 2012 ; The Review of Income and Wealth, septembre 2016, volume 62, numéro 3 ; analyse du McKinsey Global Institut

Cette stagnation n’a toutefois rien d’une fatalité : les progrès de l’IA, notamment de l’IA générative, pourraient notablement relancer un rythme de croissance forte de la productivité et en conséquence de la compétitivité et de la croissance. Lorsqu’une entreprise devient plus productive, elle peut commercialiser davantage de biens ou de services, ou des biens ou des services de meilleure qualité, avec la même quantité de res-sources. Grâce à des coûts de production réduits, les entreprises peuvent accroître leursmarges — lesquelles soutiennent ensuite les investissements, les revenus, et les embauches. En outre, l’augmentation de la productivité dans un secteur induit des effets dans d’autres domaines : par exemple, elle stimule l’innovation et conduit à l’apparition de nouvelles fonctions dans la recherche et le développement, l’ingénierie et les technologies de l’information. James Feigenbaum et Daniel P. Gross relèvent dans leur étude relative à la transformation du métier des opératrices téléphoniques entre les années 1920 et 1940 que l’automatisation n’est pas nécessairement destructrice et que « collectivement […] les économieslocales peuvent s’adapter à d’importants chocs d’automatisation sur des horizons de temps relativement courts tout en absorbant le flux cons-tant de nouvelles personnes entrant sur le marché du tra-vail ». La demande s’adapte à cette nouvelle offre de salariés et se redirige vers des activités nouvelles ou déjà existantes, en l’occurrence à l’époque les dactylographes, les assistants ainsi que les employés en restauration par exemple.6

 

“Les progrès de l’IA, notamment de l’IA générative, pourraient notablement relancer un rythme de croissance forte de la productivité et en conséquence de la compétitivité et de la croissance.”

 

“Collectivement les économies locales peuvent s’adapter à d’importants chocs d’automatisation sur des horizons de temps relativement courts tout en absorbant le flux constant de nouvelles personnes entrant sur le marché du travail.”

L’augmentation de la productivité pourrait donc contribuer à résoudre les défis de main-d’œuvre des employeursfrançais : elle leur permettrait de produire davantage, même avec un marché des talents tendu, stimulerait leur croissance, leur permettrait d’investir dans le capital humain et de créer des emplois mieux rémunérés.

Ce rapport se penche sur les opportunités que l’IA peut offrir à la France en particulier et à l’Europe et aux États-Unis en général.

 

“Ce rapport se penche sur les opportunités que l’IA peut offrir à la France en particulier et à l’Europe et aux États-Unis en général.”

1Allemagne, Danemark, Espagne, Italie, Pays-Bas, Pologne, République tchèque, Royaume-Uni, Suède.

2Au troisième trimestre 2023, le taux de chômage s’élevait à 7,4 % en France, à 6 % en Europe et à 3,7 % aux États-Unis ; contre un pic de 10,6% en France et 11,5 % en Europe en 1994 et 7,5 % aux États-Unis en 1992. Pour des données détaillées, voir « Statistiques du chômage », Eurostat, mars 2024 ; « Offres d’emploi », Eurostat, mars 2024 ; et « Job Openings and Labor Turnover Survey », U.S. Bureau of Labor Statistics, mars 2024.

3«  Les emplois vacants », Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares), septembre 2024.

4« Le taux d’emplois vacants à 2,6 % dans la zone euro », Euro Indicateurs, Eurostat, 13 septembre 2024.

5« Investing in productivity growth », McKinsey Global Institute, 27 mars 2024.

*Technologies de l’information et de la communication

6James Feigenbaum, Daniel P. Gross, « Answering the call of automation: How the labor market adjusted to mechanizing telephone operation », NBER Working Papers 28061, National Bureau of Economic Research, Inc., 2020.

02

L’IA générative comme catalyseur de transformation : un levier de productivité avec des implications sur les compétences

Avec l’accélération du déploiement de l’IA générative, près de 27 % des tâches réalisées par les salariés français pourraient être confiées à l’IA d’ici à 2030.

Aux États-Unis, ce chiffre s’élève à 30 %7. À l’horizon 2035, ce potentiel s’élèverait même à 45 % en France et en Europe, et à 48 % aux États-Unis, reflétant une augmentation continue du potentiel de l’IA au cours de la prochaine décennie.

Cette mutation pourrait avoir desconséquences à la fois sur la productivité des entreprises, mais aussi sur la demande de compétences sur le marché du travail.

Les technologies d’IA ont d’ores