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"L’oiseau de minerve ne prend son vol qu’au crépuscule" est un témoignage biographique où l’auteur retrace les méandres de son parcours marqué par des révoltes intérieures et une quête incessante de sens. À travers une prose incisive, il lève le voile sur la vie en prison, un univers où chaque privation devient une épreuve, mais aussi une occasion précieuse de reconquête de soi. Ce voyage littéraire, empreint de réflexions profondes sur la résilience et l’aspiration à la liberté, révèle une voix unique, animée par le désir de justice et l’espoir d’une rédemption au sein d’un monde impitoyable. C’est le récit d’un homme déterminé à se délester du poids de son passé et à réhabiliter une humanité que les préjugés de la société ont trop vite condamnée.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Jack Beauregard, autrefois entraîné dans des choix de vie audacieux, a passé de longues années en détention, un temps d’isolement et de réflexion qui a ouvert en lui de nouveaux horizons. C’est au cœur de cette solitude qu’il découvre la puissance de la lecture, de la littérature et de la philosophie, des domaines qui éclairent sa quête intérieure et l’amènent à saisir les nuances de la condition humaine.
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Seitenzahl: 154
Veröffentlichungsjahr: 2025
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Jack Beauregard
L’oiseau de minerve ne prend son vol qu’au crépuscule
© Lys Bleu Éditions – Jack Beauregard
ISBN : 979-10-422-5307-3
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
À
Angélique, Hervé
et la famille Guerdener
Hegel définit comme principe que la philosophie vient toujours en décalage de l’histoire qui est en train de s’écrire.
Minerve est, dans la mythologie romaine, protectrice de Rome et des artisans. Elle est la déesse de la sagesse symbolisée par une chouette. Par la suite, cette chouette deviendra l’allégorie de la philosophie.
L’oiseau de Minerve est la chouette d’Athéna. Elle évoque la perspicacité de l’érudition du monde occidental.
« Ce n’est qu’au début du crépuscule que la chouette prend son envol. »
Le crépuscule marque à la fois le moment où le monde de l’action et des affaires s’arrête, mais aussi l’instant où l’esprit prend conscience de ses propres limites.
La Philosophie arrive après l’action.
Friedrich Hegel
D’après les psychiatres, je suis un psychopathe par rapport à la loi : donc un hors-la-loi.
Les soigneurs du cerveau ne me définissent pas comme un individu dangereux pour les autres, mais tout simplement contre la loi et moi-même. En quelque sorte contre l’Institution, un antisocial. Je m’adapte parfaitement aux règles de la vie en société, mais parfois, j’aurais des sursauts d’insoumission et violerais soudainement la loi, notamment par des vols à main armée. Comme quelqu’un qui saute sur une table, je saute sur les établissements bancaires pour les dépouiller. Pourtant vivre en hors-la-loi n’est pas la finalité de mon existence. Et suis-je vraiment un psychopathe au fond de moi ? C’est pourtant à répétition que mes humeurs de révolte se sont tournées contre la loi.
Ingrid vient d’accoucher. Quoi de plus banal et merveilleux que de donner la vie. Tous les jours à travers le monde, des femmes donnent la vie aux enfants de demain. On peut y voir cette magie de l’éternel et mieux si cet enfant est à soi.
Ma fille vient d’avoir vingt-sept ans et me donne un petit-fils. Le bonheur suprême d’un père. Que les enfants perpétuent la descendance en redonnant la vie. N’est-ce pas là le principe même de l’éternité ; le chaînon d’éternel fraîchement arrivé se prénomme Mathias. Je vis sa naissance à distance. C’est une émotion très particulière de devenir grand-père. J’ai donc fait une demande de sortie auprès de la Juge d’application des peines pour vivre l’événement de plus près. J’ai déjà eu des permissions de sortie au centre de détention où j’étais détenu avant d’arriver dans cette prison. Afin de faciliter la réadaptation sociale, la justice aménage le circuit pénal de l’individu avec des permissions et quelques assouplissements. Assouplissements de quoi ? Parce que la prison serait un lieu de torture, un endroit pour souffrir ? Aujourd’hui, on dit resocialisation plutôt que réinsertion, mais dans la réalité rien n’est fait dans ce sens. Ce ne sont que les termes qui changent d’un gouvernement à l’autre, mais rien ne progresse. Les difficultés demeurent au bas de l’échelle. Certains magistrats favorisent la resocialisation pendant que d’autres l’inhibent carrément. Ma demande de voir mon petit-fils est ainsi rejetée par madame la juge. Elle reprend mon dossier suite au transfert et statue à l’encontre de son collègue qui avait engagé avec succès un processus de réinsertion.
Certains magistrats ont un petit côté féodal que ne saurait envier la pire des dictatures. Il existe des disparités colossales dans le concept du monde judiciaire et l’humanité en tant que vertu de compréhension est fort inégalement répartie.
L’indépendance du magistrat le dispense à motiver sa décision. L’ultime conviction du juge suffit à justifier ses ordonnances. Il est seul souverain dans l’application pénale de l’exécution au cas par cas. Cette indépendance incontrôlée et sans contre-pouvoir peut-elle répondre à ses obligations, à son intégrité, sans la moindre erreur ? Bien qu’aucune situation ne soit similaire, la justice est faussée chaque seconde dans le monde des vivants par ses propres lois. Les cours d’appel ne désapprouvent jamais leurs confrères et la Cour de cassation refuse de reconnaître les fautes de procédure si vous n’êtes pas fiché dans le répertoire des personnalités qui ont accès à cette spécificité conçue exceptionnellement pour les puissants. La précision tient du porte-monnaie. Il faut une aisance financière suffisante pour arriver devant une cour de cassation. Ainsi, l’interprétation farfelue des lois et des ordonnances pénales participe au nihilisme de ce qui est juste.
Dans l’application des peines, la procédure découle d’un domaine différent. En effet, les textes évoquent la possibilité ou l’obligation. C’est-à-dire que l’article n’énonce pas que le détenu peut remplir une exigence, mais doit la remplir. On revient au principe de la dette : devoir. Il doit quelque chose ; il purge sa peine et ne sera acquitté de cette dette qu’à l’issue de celle-ci. Ainsi la justice peut relâcher le prisonnier ou l’aider dans sa réinsertion, mais elle ne le doit pas. Elle peut si elle veut. Le Juge d’application des peines « peut » pendant que le détenu « doit ». Ma question serait donc : quand commence la réinsertion, madame la juge ? Ou monsieur le juge ? En effet, tant que le détenu doit, il ne peut rien et lorsqu’il peut, il est souvent trop tard pour sortir du chtard… avec les mêmes problèmes qu’en entrant évidemment.
Placé dans une zone où le droit est bafoué, le sentiment d’injustice devient légitime puisque permanent, quotidien.
Le rejet de cette permission de sortie pour connaître mon petit-fils alors que j’étais dans un cycle de permissions depuis des mois avec un juge traitant mon dossier pénal précédemment m’affecte tout particulièrement. Anormal. Ridicule. Le JAP a un rôle d’assurer le maintien des liens familiaux, de favoriser la réadaptation sociale, de préconiser toute mesure exerçant une influence positive sur l’insertion du détenu. Or, cette politique est méprisée par certains magistrats qui se considèrent juges et parties. Faute !
Mais la Justice s’exerce différemment dans chaque cas.
Je suis effectivement un cas ! Pire ! Un cas atypique. Un cas atypique sous toutes ses facettes. Une histoire qui vaut son clin d’œil. Si je ne l’ai pas préméditée, un enchaînement d’événements bien souvent contradictoires a échafaudé une existence qui me surprend parfois.
Un cas ! Un cas parmi d’autres que j’assume pleinement. Je revendique cette unicité qui a fait de moi ce que je suis. Tout mon être est dans l’Être.
Avec le jeu des remises de peine, j’ai purgé plus de vingt années de prison pour des condamnations de vols à main armée et évasions. Il est évident qu’une peine aussi lourde suppose des crimes relativement très graves, voire barbares. En se penchant sur les rubriques « carnet de Justice » dans les pages des faits divers ou d’actualité à la Une, on voit toujours au moins un cadavre sur une condamnation à 20 ans de réclusion ; très souvent avec actes de barbarie. Ce sont des affaires prisées par les médias qui en font leur beurre durant des années : « La vieille dame assassinée à son domicile aura résisté pendant dix-huit heures aux sévices et à la torture. Son agresseur, après l’avoir ficelée et bâillonnée sur un sommier d’acier, lui aurait brûlé la plante des pieds pour lui faire avouer la cache de ses économies. La grand-mère est décédée suite à une longue agonie. Son tortionnaire qui avait prémédité cet acte barbare a réussi à faire avouer la vieille dame de la cache de sa maigre pension de retraite. C’est lesté de la modique somme de deux cent quarante francs qu’il quittait le domicile de la dame après l’avoir mortellement blessée de huit coups de couteau. Ce soir, la cour d’assises et les jurés sont allés au-delà du réquisitoire du ministère public en condamnant l’homme à dix-sept ans de réclusion criminelle. Verdict sévère ! La justice ne plaisante pas ! »
Non ! Je n’ai pas tué « deux vieilles dames » ni une vieille dame ni personne d’ailleurs. Je n’ai pas même collé une baffe à qui que ce soit. La cour d’assises m’a condamné une première fois à quinze années de réclusion criminelle dont les deux tiers en période de sûreté pour vols qualifiés et ses accessoires (recels, détention d’armes) puis cinq ans pour vol avec arme et trois ans pour évasions. Sévère non ? Ultra sévère au regard des réelles conséquences des actes commis. Conséquences gravissimes : de l’argent volé à la banque. Pas de traumatisme ; les cinquante témoins banquières et clientes des banques sont venues témoigner décontractées, le sourire aux lèvres… : « Ils ne nous ont fait aucun mal… Bien au contraire. »
On peut vraiment dire que la justice ne plaisante pas en France. Heureusement en somme. La justice se doit d’être rigoureuse. Exact. Son rôle est rigueur, son action est vindicative, vindicative du peuple. Cependant, ne se doit-elle pas miséricordieuse, car aucun extrême ne peut venir au Juste. Il faut une harmonie des contraires pour arriver au juste. La justice n’aura d’exactitude que dans sa capacité à concilier sanction et compassion. La réponse de la justice ne peut flancher vers l’extrême. Une loi pourrait s’imposer au corps universel : « Toute manifestation d’injustice est une entrave à la justice. »
Or, le droit républicain français, le droit pénal s’exalte d’offrir une même justice pour tous. Ici commencent les interrogations, car ça le devrait. En effet, la justice s’exerce au gré de la seule compétence humaine d’où le risque d’erreur, car l’erreur est humaine. Mais malheureusement pour le peuple de troisième classe qui découvre une justice bafouée par un pouvoir judiciaire assis royalement sur le dôme de l’indépendance de la magistrature. Le supra-judiciaire écrase alors la fraternelle égalité par une adroite manipulation des textes ; une série d’alinéas articulés autour d’un éventail sujet des lois et des jurisprudences. Cet éventail permet aux seigneurs des temps modernes de préserver le bien-être d’une citoyenneté bourgeoise grâce à leurs garanties de représentation : dirigeants puissants, comptes en banque lourdement chargés, situations professionnelles et sociales dans les grandes administrations, avocats véreux, copinages entre hauts fonctionnaires au mépris de la classe sociale banlieusarde, cette espèce bâtardise à karchériser selon certains politiciens. Une corruption implicite sous le couvert de l’amitié.
Par ailleurs, les prisons sont surpeuplées d’une gent issue à quatre-vingt-dix pour cent des cités banlieusardes, érémistes à temps partiel, taulards à plein temps. Des noms inscrits dans l’effectif de la pénitentiaire dont le répertoire est soigneusement mis à jour.
Une justice attentive et prévenante pour les bons puis qui s’effiloche pour les mauvaises gens ; un retour à la Cour des Miracles. Retour aux Misérables du talentueux Victor Hugo et parfaitement cultivé par l’honorable magistrat durant plus de deux siècles.
On savait que les loups ne se dévorent pas entre eux. La preuve est démontrée dans les séries gravissimes commises par de hauts fonctionnaires lavés de tout soupçon, blanchis, amnistiés, viciés par la forme, innocentée gracieusement. De la création d’une cellule illicite proche du pseudo-terrorisme (le sac)1 au sang contaminé sans oublier les détournements en masse de sommes colossales dans les entreprises publiques (vols), le sermon médiatique, la démission officielle, mais non officieuse, et une parodie de procès auront suffi à prouver que la justice est bafouée chaque jour par ceux-là mêmes qui ont pour devoir de la rendre. L’élément perfide de ces dérapages vient des fuites échappées du contrôle de l’impunité totale, voire des malveillances fortuites glissées à l’oreille des médias dans un but de vengeance ou de guerre d’opposition. Aussi, assistons-nous parfois à des procès grandioses, terriblement coûteux, à des instructions sans fin, interminables, sans suite, sans jugement où la vérité échappe même à ceux qui la détiennent. Les différentes salles d’audience des tribunaux, des cours d’assises et cours d’appel ainsi que les bataillons d’avocats et de magistrats choisis dans le traitement de ces affaires malencontreusement mises au grand jour font un tel barouf médiatique que les coupables parviennent à se déresponsabiliser avec surprise pour se convaincre de leur parfaite innocence. Certains seront même béatifiés (sic) ! Pour de bon ! Non, mais on rêve ! Ainsi, au champagne s’arrosent les impunités totales ou partielles sur la chair de dame justice des crimes et délits les plus parfaits. Et ces espèces de petits salopards vont remonter sur la scène politique à grand coup de clairons avec l’audace ou le culot d’exiger une tolérance zéro dans les quartiers défavorisés. Pas de figure !
Le glaive de la justice se heurte fébrilement aux boucliers des nantis. D’où ce sentiment d’injustice pour tous les autres, exclus du droit de tolérance et des circonstances atténuantes. Ces dernières circonstances d’ailleurs remplacées par des circonstances aggravantes en cas d’individu classé troisième classe. Alors, lentement, fiévreusement, timidement, l’amertume se lève : douce révolte, crachat au chauffeur de bus, jet de pierres sur un car de police, incendie de parking, actes de délinquance isolés. Mais le gouvernement et ses procureurs ouvrent les vannes de la médiatisation pour divulguer outre mesure par des montages d’images astucieux une insécurité grandissante. La propagande apporte comme droit de réponse une répression accrue, déjà trop ferme, mais servant d’alibi pour assouvir leur soif de pouvoir et de haine contre les gens d’une espèce inférieure. La fin justifie les moyens. Eh bien, chez le peuple d’en bas aussi, monsieur le juge, la faim justifie les moyens.
9 juillet 1985 : 9 heures. Le pont du Las dans le Var
Le soleil plombe déjà les rues de Toulon. Une circulation dense bouchonne les carrefours et les axes principaux. Toutefois, nous avons tout prévu pour ce qui concerne l’évacuation des lieux. Depuis l’intérieur de la Caisse d’Épargne, je vois la petite Citroën deux chevaux Charleston se ranger devant l’agence. Je l’attendais, guettais son arrivée. Le Gros a bien synchronisé sa tâche. Il avait pour mission de se garer devant la banque dans les deux minutes suivantes de notre irruption dans les lieux. Tout ce qui m’entoure retient mon attention. Rien ne m’échappe. Je suis dans une bulle que mon regard enveloppe en une seule fois. Le regard est perspicace et tout semble se passer normalement. Et pourtant je ne me sens pas aussi à l’aise que les autres coups. Il y a quelque chose qui m’indispose, me dérange. Une embrouille invisible plane dans cette bulle. J’ai un pressentiment, un mauvais pressentiment ; le truc inhabituel, mais pas complètement inconnu. Cette sensation n’est pas nouvelle ; elle est présente et même voilà déjà deux jours que je la traîne à mes basques comme une merde sous la semelle. Elle est là, elle me touche, me caresse… je la sens. J’avais cette espèce d’angoisse déjà hier en allant voler la Charleston à Bandol. Nous étions, Stéphane et moi à bord de ma BMW pour couvrir l’opération lorsqu’un léger bruit au niveau de l’embrayage m’a agacé. Je songeais à déposer la berline ce matin chez un concessionnaire de la marque allemande pour une petite révision. Je suis assez matérialiste, méticuleux. J’ai même hésité entre le concessionnaire et le braquage ce matin, mais lorsqu’on est engagé dans ce genre de chose, il est compliqué de se désister au dernier moment. Un désistement est un risque pour toute l’équipe et un interdit mentalement.
En somme depuis deux jours un ange gardien tourne autour de moi et me fait des signes bizarroïdes que je n’ai pas envie de voir. Je sens qu’il me tire par la veste et me révèle que je suis en train de faire une connerie. Le messager n’est pas seulement dans la Bible. Il est bien là ! Mais rien à faire ! Je suis borné bien qu’au fond de moi je sais qu’une boulette est en l’air. Un truc indéfinissable, fort et envoûtant. Il y a eu aussi ces deux voitures de keufs que j’ai croisées ce matin en venant. Ils m’ont rappelé leur présence, qu’ils sont là et que mon ange les a placés sur le chemin à mon souvenir. Superstition ? Sixième sens !
Le personnel bancaire et sa clientèle sont sous la menace d’armes de gros calibre que nous tendons à bout de bras avec une assurance professionnelle. Les armes ne font pas figure de joujou et la situation semble maîtrisée. Le véhicule de fuite nous attend devant la porte. Tout roule comme convenu au gré d’un mode opératoire classique et bien expérimenté, pensons-nous.
Pourtant je sais que le grain de sable est dans la machine et qu’il risque de tout enrayer. Cette sensation ressentie juste avant d’entrer dans le feu est trop forte. Les signes avant-coureurs annonciateurs d’événements prémonitoires se sont à nouveau manifestés en entrant dans l’établissement. Ces deux gamines qui se sont mises à hurler en s’accrochant éperdument à la taille de leur maman m’ont remué les tripes. J’ai failli ressortir, tout abandonner à l’ultime minute. Les gosses m’ont retourné, mais il faut garder son calme, ça rassure tout le monde. Je n’avais pas prévu qu’un jour il risquait d’y avoir des mômes parmi la clientèle de la banque visée.
Nous avons rassuré la clientèle en précisant qu’aucun mal ne leur serait fait et que seul l’argent nous intéresse. La maman a réussi à calmer ses deux fillettes en leur chuchotant quelque chose à l’oreille qui les a fait sourire. C’est normal, naturel. Elles auront une grande histoire à conter cet été sur la plage du Mourillon. Quatre mecs qui déboulent à l’improviste au milieu de l’agence par une belle matinée d’été, cagoulés, gantés, braquant de forts calibres sur des gens sans défense… Effectivement que ça doit impressionner et faire assez peur. Aussi quand ces deux minottes se sont mises à hurler, j’ai vraiment eu envie de tout plaquer, de m’arracher à cette opération démoniaque.