La Figure de proue - Lucie Delarue-Mardrus - E-Book

La Figure de proue E-Book

Lucie Delarue-Mardrus

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Beschreibung

« La Figure de proue » de Lucie Delarue-Mardrus est un roman captivant qui plonge le lecteur dans l'univers maritime et les passions humaines. L'histoire se déroule dans un petit port normand, où la vie des habitants est rythmée par la mer et ses mystères. Le récit se concentre sur une figure de proue énigmatique, sculptée à l'image d'une femme, qui devient le point focal des désirs et des obsessions des personnages. Au coeur de l'intrigue, on découvre des personnages complexes et tourmentés, chacun portant ses propres secrets et aspirations. La protagoniste principale, une jeune femme indépendante et passionnée, se trouve mêlée à une série d'événements qui bouleversent la quiétude apparente du village côtier. À travers son regard, Delarue-Mardrus explore les thèmes de l'identité, de la liberté et de la condition féminine dans une société traditionnelle. L'auteure, avec sa plume évocatrice et poétique, peint un tableau vivant de la vie maritime, mêlant habilement réalisme et symbolisme. Elle capture l'essence de la Normandie, sa côte sauvage, ses traditions et ses légendes, créant une atmosphère à la fois envoûtante et mystérieuse. La figure de proue devient un symbole puissant, incarnant les espoirs, les rêves et les craintes des personnages. « La Figure de proue » est une oeuvre qui transcende le simple récit maritime pour devenir une exploration profonde de la psyché humaine. Delarue-Mardrus y démontre sa maîtrise de l'écriture, offrant des descriptions riches et des dialogues ciselés qui immergent le lecteur dans l'univers qu'elle a créé. Ce roman est un témoignage éloquent de son talent pour mêler l'introspection psychologique à une narration captivante.

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Seitenzahl: 113

Veröffentlichungsjahr: 2024

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Sommaire

PREMIER ISLAM

AUX QUITTÉS

PRIÈRE MARINE

CONFRONTATION

CIMETIÈRES

Chapitre I

Chapitre II

ÉGYPTIENNE

ERREMENT

TEMPÊTE

LIBATION

PRINTEMPS D’ORIENT

ORANGERS

ENSEIGNEMENT

BRISE

SÉDUCTION

SOIR DE TUNISIE

SILLAGE

LE BAIN

NUIT

DANS LES JARDINS

Chapitre I

Chapitre II

Chapitre III

MÉMOIRE

CONQUÊTE

BERCEMENT POUR MA SIESTE

SOUDANAIS

L’ÉTÉ

CIGARETTE DORÉE

FUMERIE D’ÉTÉ

Chapitre I

Chapitre II

SIESTE

UTIQUE

PASSANTS

MALARIA

Chapitre I

Chapitre II

RAMADAN

PAROLES SUR CARTHAGE

ORIENTATION

SOIR PUNIQUE

CARTHAGE EST LÀ

LES BEAUX PIGEONS

COQUELICOTS

AVERTISSEMENT

LUNE

« DELENDA EST... »

BARBARESQUES

AU PALAIS DU FRÈRE DU DEY

RÉMINISCENCE

AMERTUME

SIRÈNE

SOIRS D’ALGER

REVANT D’ALGER

PAONS D’ALGER

CONTEUR ARABE

À LA LOUANGE DES PORTS DE MER

EN KROUMIRIE

PREMIÈRE NUIT

ENTHOUSIASME

AUTREMENT

SEULE EN FORÊT

ÉLOGE DE MON CHEVAL

RENCONTRE

MINUTE

MOMENT NOCTURNE

SECONDE

CRÉPUSCULAIRE

RÉVEILS

I. VILLAGE

II. MONTAGNE

AU PAS

CAVALIER TACITURNE

NOCTURNE

ROUGE D’AUTOMNE

PLÉNITUDE

COIN DU FEU

EFFUSION

LA RIVIÈRE SAUVAGE

RETOURS

ARRACHEMENT

RUÉE

RÉVÉLATION

DE FRANCE

RETOUR DÉPAYSÉ

Chapitre I

Chapitre II

D’UNE FENÊTRE SUR LA SEINE

Chapitre I

Chapitre II

Chapitre III

PREMIER SALUT

ANGÉLUS

ANGOISSE

ROCKING CHAIR

A PORT-ROYAL

INVOCATION

LITANIES DE NOTRE-DAME

DANS LE CIEL ROSÉ

HÉSITATION

NOSTALGIE

PRESCIENCE

EN PARTANCE

LE DÉSERT

ODE AU DÉSERT

LE CRI DES CRAPAUDS

FIGUIG, ENTRE TES TOURS

À TRAVERS L’AIR DU SUD

SOULÈVEMENT

FANTASIA

ODE FUNÈBRE

EN MARGE

PROFIL

POUR UN AMI

MÉDITATION SUR UN VISAGE

FOURNEAU ÉCONOMIQUE

MUSIQUE

Chapitre I

Chapitre II

TROIS VOIX DE CE TEMPS

I. VOIX DES ROIS

II. VOIX DU RÊVE

III. VOIX DU PEUPLE

LUCIDITE

ARCHANGE

PRÉSENCE

IN MEMORIAM

MEILLEUR PLAISIR

POUR BEAUCOUP

POÈMES ORANAIS ET KABYLES

NUIT SUR LA MER

TOURMENT

VISAGES

À TLEMCEN

À DJIDJELLI

COMPLICITÉ

MARINE DU MATIN

MISSIVE

AMOUR

MANSOURIA

PASSIONNÉMENT

D’UNE FENÊTRE SUR LA RADE

I. ENVOL

II. ÉLAN

III. VEILLÉE

EN GRAND SILENCE

AU PORT

LE POÈME DE L’ESTUAIRE

DE RETOUR

TRACES

UN CHANT DE RETOUR

RETOUR À LA MER

BERCEMENT

PREMIÈRE OCTOBRALE

DEUXIÈME OCTOBRALE

TROISIÈME OCTOBRALE

EN FORÊT DE BROTHONNE

SONNERIES DU SOIR

Chapitre I

Chapitre II

TRIOMPHE

CHEMIN CREUX

LE POÈME DU LAIT NORMAND

HYMNE

AVE MARIA

DÉCLARATION

NOCTURNE

À UNE MOUETTE

DANS LE CHANTIER

LA FERME VIDE

Chapitre I

Chapitre II

DANS LE PORT

VISITATION

DIALOGUE

AINSI SOIT-IL

AINSI SOIT-IL

La figure de proue allongée à l'étrave,

Vers les quatre infinis, le visage en avant

S'élance ; et, magnifique, enorgueilli de vent,

Le bateau tout entier la suit comme un esclave.

Ses yeux ont la couleur du large doux-amer,

Mille relents salins ont gonflé ses narines,

Sa poitrine a humé mille brises marines,

Et sa bouche entr'ouverte a bu toute la mer.

Lors de son premier choc contre la vague ronde,

Quand, neuve, elle quitta le premier de ses ports,

Elle mit, pour voler, toutes voiles dehors,

Et ses jeunes marins criaient : « Au nord du monde ! »

Ce jour la mariait, vierge, avec l'Inconnu.

Le hasard, désormais, la guette à chaque rive,

Car, sur la proue aiguë où son destin la rive,

Qui sait quels océans laveront son front nu ?

Elle naviguera dans l'oubli des tempêtes

Sur l'argent des minuits et sur l'or des midis,

Et ses yeux pleureront les havres arrondis

Quand les lames l'attaqueront comme des bêtes.

Elle saura tous les aspects, tous les climats,

La chaleur et le froid, l'Équateur et les pôles ;

Elle rapportera sur ses frêles épaules

Le monde, et tous les ciels aux pointes de ses mâts.

Et toujours, face au large où neigent des mouettes.

Dans la sécurité comme dans le péril,

Seule, elle mènera son vaisseau vers l'exil

Où s'en vont à jamais les désirs des poètes ;

Seule, elle affrontera les assauts furibonds

De l'ennemie énigmatique et ses grands calmes ;

Seule, à son front, elle ceindra, telles des palmes,

Les souvenirs de tant de sommeils et de bonds.

Et quand, ayant blessé les flots de son sillage,

Le chef coiffé de goémons, sauvagement,

Elle s'en reviendra comme vers un aimant

À son port, le col ceint des perles du voyage,

Parmi toutes les mers qui baignent les pays,

Le mirage profond de sa face effarée

Aura divinement repeuplé la marée

D'une ultime sirène aux regards inouïs.

... J'ai voulu le destin des figures de proue

Qui tôt quittent le port et qui reviennent tard.

Je suis jalouse du retour et du départ

Et des coraux mouillés dont leur gorge se noue.

J'affronterai les mornes gris, les brûlants bleus

De la mer figurée et de la mer réelle,

Puisque, du fond du risque, on s'en revient plus belle,

Rapportant un visage ardent et fabuleux.

Je serai celle-là, de son vaisseau suivie,

Qui lève haut un front des houles baptisé,

Et dont le cœur jusqu'à la mort inapaisé,

Traverse bravement le voyage et la vie.

PREMIER ISLAM

AUX QUITTÉS

Je m’en irai bien loin des villes où vous êtes,

Sans au revoir et sans adieu. Je m’en irai

Hors de vos glas européens et de vos fêtes,

Ouvrir ailleurs mes yeux de Pharaon doré.

L’Afrique chaude où l’air a le goût des bananes

Ou des dattes, me tend ses sables éblouis.

J’aimerai ce pays qui n’est pas mon pays,

Je le posséderai dans des mains musulmanes.

Je ferai ruisseler entre dix ongles roux

La pourpre de son cœur qui bat dans les sanguines.

Je m’envelopperai des blancheurs bédouines

Pour n’inquiéter pas sa gazelle aux yeux doux.

Pour être son petit cavalier fier et fourbe

Ivre de violence au vol des étalons,

J’enjamberai les bonds d’un cheval au col courbe

Qui porte un talisman parmi ses cheveux longs.

Elle me livrera des villes de chaux pâle

Où je viendrai m’asseoir au cœur du contretemps

Des tambours, dans l’odeur d’encensoirs excitants,

Et son parler fera ma bouche gutturale.

J’étreindrai ses moissons, son Sahara, ses eaux,

Ses cités, et j’aurai sa fleur à mon oreille.

Et chaque soir tombant me verra moins pareille

À vous, sang de mon sang, substance de mes os !

Quel souvenir pourrait traverser mon Afrique ?

Je ne vous connais pas, je ne vous aime pas,

Je n’ai rien su de vous que d’amer ou de bas ;

Vous avez offensé mon cœur mélancolique.

— Quel souvenir sinon le regret plein d’amour,

À travers l’éternel soleil sans espérance,

De sentir vivre en moi, comme un sous bois de France,

Un seul rond de lumière et toute l’ombre autour ?...

PRIÈRE MARINE

À travers des chemins nuptiaux d’orangers,

Je suis venue à toi, mer Méditerranée,

Et me voici debout, face à face, étonnée

D’ouvrir sur ta splendeur mes regards étrangers.

Ce soir, ce premier soir, t’es-tu faite si pâle

Pour ne pas m’offenser de tes bleus inouïs.

Toi qui n’es pas l’horizon gris de mon pays.

Mer éternellement, rythmiquement étale ?

Je tremble de venir à toi, de t’apporter

Toute mon âme où crie et chante l’Innommable...

Quoique fille d’ailleurs, voudras-tu m’adopter,

M’enseigner le secret de tes eaux sur ton sable ?

Ah ! berce-moi, beau flot qui ne me connais point,

Moi qui suis veuve de ma mer et de ma terre,

Moi qui t’aime déjà, moi qui viens de si loin,

Moi qui voudrais commettre avec toi l’adultère !

CONFRONTATION

À travers la douceur de tes jeunes jardins,

Je m’avance vers toi, Tunis, ville étrangère.

Je te vois du haut des gradins

De ta colline d’herbe et de palmes légères.

Tu es si blanche, au bord de ton lac, devant moi !

Je m’étonne du bleu de ton ciel sans fumées,

J’imagine, à te voir, des heures parfumées

D’encens, de rose sèche et de précieux bois.

Avant toi, j’ai connu d’autres villes du monde,

Villes d’Europe avec la lance dans le flanc.

Villes du Nord, villes qui grondent

Et qui ne savent rien de ton chaud manteau blanc.

Avant toi, j’ai connu ma ville capitale :

Elle éparpille à tous son sourire éblouissant ;

Mais, noire sur son fleuve pâle,

Quel secret filtre, au soir, de ses soleils de sang !

Avant toi, j’ai connu ma ville de naissance,

Ma petite ville si loin,

Dans sa saumure et dans son foin.

Qui sent la barque et les grands prés, qui sent l’absence.

Maintenant, devant toi, blanche et couchée au bord

De ton lac, ô cité du milieu de ma vie,

Je pense avec peur, sans envie,

Qu’existe quelque part la ville de ma mort.

Et c’est rêvant ainsi sous les palmes légères

De ta colline aux verts gradins.

Que je descends vers toi, Tunis, ville étrangère,

À travers la douceur de tes jeunes jardins.

CIMETIÈRES

I

Le cimetière, avec sa flore d’abandon

Et le silence heureux de la mort musulmane,

S’ouvre parmi l’odeur d’épices qui émane

De la belle Tunis, la ville d’amidon.

Ils ont clos pour jamais leurs yeux mélancoliques,

— Néant si simple sous la mousse ou les épis ! —

Tous ceux-là qui vivaient en rêvant, accroupis

Dans les plis éternels de leurs manteaux bibliques.

Sur leur vie et leur mort, un immuable été

Plane, faisant du tout une seule momie...

Je veux vivre comme eux et mourir, endormie

Dans le grand linceul blanc de la fatalité.

II

Je hantais les jardins de la mort étrangère,

À travers les printemps royalement fanés

D’Orient. Les grillons étaient passionnés,

Et les herbes pliaient sous mon ombre légère.

Sous les hargneux cactus et mimosas défunts,

Rousse, la mousse, au long des pierres funérales.

Nulle fleur sur ces morts ne couve de parfums

Dont rafraîchir un peu leurs âmes gutturales.

Moi, je regarde, avec l’Europe dans les yeux.

L’indifférent repos de cet Islam en cendre,

Sachant bien que je puis les aimer et comprendre.

Mais que je ne serai jamais semblable à eux.

Car mon sang est chargé de nos métaphysiques,

Et nos raisonnements sont au fond de mes os.

Je suis, seule en ce lieu sans verdure et sans eaux,

Nos sciences, nos arts, nos métiers, nos musiques,

Et, sentant vivre au fond de ce vieux sang chrétien

Les nations de l’Ouest douloureuses et fortes,

Je connais qu’un Esprit dissemblable du mien

Erre dans ce jardin, monté des moelles mortes...

Dormez. Rêvez. Cuvez le haschich de la mort.

Vos spectres sont sortis des pierres par les brèches,

Et ce sont ces vivants en longs plis, aux peaux sèches,

Accroupis au soleil sur leur race qui dort.

ÉGYPTIENNE

Dans le luth, dans les coups de la darabouka,

Dans le chalumeau peint, criard et ineffable

Rythmant à contretemps tout le pays arabe,

Revit pour moi la mémoire de Wassila,

De sa face d’Égypte inspirée et foncée,

Qui véhémentement se détournait de nous,

Lorsque, le cœur battant, les paupières baissées,

Elle-même souffrait de son chant rauque et doux.

Contre son luth profond, la revoir comme morte

D’avoir trop sangloté ce monotone amour

Qui passait dans mon âme étrangère, plus sourd,

Plus triste et plus obscur que le vent dans les portes !...

J’avais sans le savoir un peu de passion

Pour ton profil à cheveux courts de Pharaon,

Ton sombre contralto, tes lèvres violettes...

Et maintenant, ton visage lointain, ton nom,

Ta voix, sont sur mon cœur comme des amulettes.

ERREMENT

Ayant à la tempe une fleur d’asphodèle

Et l’antiquité au fond de mon esprit,

Je rôde le long de la mer immortelle

Dont, nue au soleil, la déesse naquit.

Je plonge mes mains dans la vague latine

Toute creuse encor d’avoir conçu des dieux,

Et regarde au loin les eaux boire les deux

Afin d’en nourrir leur couleur intestine.

Je vais seule ainsi, tremblante sur le bord,

Redoutant, au cœur d’algues ébouriffées,

De rencontrer, un soir d’orage, le trésor

De la tête charmante et terrible d’Orphée...

TEMPÊTE

Toi si douce, si bleue au bout de tout chemin,

Mer, tu n’es plus ce soir qu’une ombre qui déferle

Dans l’orage couleur de perle.

J’entends au loin crier, la bouche à leurs deux mains,

Les millions surgis de sirènes mêlées

De tes vagues échevelées.

Veux-tu de moi ? j’irai jusqu’à toi, cette nuit.

Tes passions avec leurs dégâts et leur bruit

Ne grondent pas plus que les miennes.

J’irai ! Ce souffle rauque est celui qu’il me faut,

Et vous vous souviendrez des râles de Sapho,

Fureurs méditerranéennes !

LIBATION

Les coquilles qui ont la courbure des vagues

Conservent les couleurs de l’aube et du couchant

Dans leur intimité qui luit comme une bague,

Et la mer tout entière y a laissé son chant.

C’est pourquoi je prendrai dans mes mains l’une d’elles,

Et, remplissant ce soir cette coupe à la mer,

J’en ferai déborder le contenu amer

Sur le sable qui le boira, — afin que celle

Qui habite le flot méditerranéen,

La sirène d’ici, connaisse mon dessein

D’honorer grandement sa splendeur inconnue

Et veuille m’accorder aussi la bienvenue...

PRINTEMPS D’ORIENT

Au printemps de lumière et de choses légères,