La légende de Moh le sapiens - Gérald Garon - E-Book

La légende de Moh le sapiens E-Book

Gérald Garon

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Beschreibung

Il y a 40 000 ans, lorsque les Sapiens  arrivèrent en Europe, les relations avec les premiers habitants du continent, les Néandertaliens, n’étaient pas toujours harmonieuses. Après tout, ils étaient des envahisseurs.
Ce roman relate l’histoire de Moh, un très jeune Sapiens qui réussit à s’enfuir lors de l’attaque de son hameau par une bande de pillards. Son père, le chef du clan, est tué alors que sa mère et sa sœur sont faites prisonnières. Moh sait qu’il sera poursuivi et cherche au loin un refuge où il pourra grandir et devenir un homme capable de venger son père et délivrer sa mère et sa sœur. Pendant dix années, il se cache en haute montagne où il apprendra à survivre et à affronter seul toutes sortes de situations qui feront de lui un personnage digne de devenir une légende.
Pendant des millénaires, cette histoire fut transmise, oralement, par des conteurs ambulants avant d’être totalement oubliée. En 1947, une version écrite en vieux latin fut toutefois trouvée, sans susciter  un intérêt particulier chez ceux qui l’ont étudié. Informé de l’existence de ce texte, en ma qualité d’historien curieux, j’ai fait des recherches et j’en ai trouvé une copie. Après l’avoir fait traduire en français, je la partage maintenant avec vous..
Étant toutefois incapable de faire la part du vrai et du faux dans ce texte intitulé «  Histoire de Moh,  je préfère lui donner le titre de « Légende ». Au fil des ans, les conteurs  qui ont colporté ce récit, de village en village, ont certainement embelli les exploits du héros d’un peu de merveilleux et de fantastique. Je laisse au lecteur le soin de faire la part des choses.




À PROPOS DE L'AUTEUR

Gérald Garon est un auteur québécois. Historien, il a enseigné cette discipline avant de poursuivre sa carrière comme administrateur au Collège d’enseignement général et professionnel de Rimouski. Il profite de sa retraite pour écrire des romans. Ses premiers, "Terre Ancienne" et "La dernière Glaciation", sont des succès en Europe francophone alors que son dernier, "Alerte Nucléaire", paru en 2023, commence à faire sa place chez les amateurs de fictions historiques.

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Seitenzahl: 131

Veröffentlichungsjahr: 2024

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Table des matières

Remerciements

Dédicaces

La genèse de ce livre

Note de l'Auteur

Chapitre 1 - Présentation

Chapitre 2 - La fuite

Chapitre 3 - la montagne

Chapitre 4 - Le refuge

Chapitre 5 - L’ours

Chapitre 6 - Le banni

Chapitre 7 - L’aigle

Chapitre 8 - Le retour

Chapitre 9 - La vengeance

Liste des renvois

Du Même auteur

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

Titre: La légende de Moh le Sapiens / Gérald Garon.

Noms: Garon, Gérald, 1944- auteur.

Identifiants: Canadiana 20240020197 | ISBN 9782898093739

Classification: LCC PS8613.A7797 L44 2024 | CDD jC843/.6—dc23

Auteur : Gérald GARON

Titre : La légende de Moh le Sapiens

Tous droits réservés. Il est interdit de reproduire cet ouvrage en totalité ou en partie, sous quelque forme et par quelque moyen que ce soit sans l’autorisation écrite préalable de l’auteur, conformément aux dispositions de la Loi sur le droit d’auteur.

©2024 Éditions du Tullinois

www.editionsdutullinois.ca

ISBN version papier : 978-2-89809-373-9

ISBN version E-Pub : 978-2-89809-374-6

Bibliothèque et Archives nationales du Québec

Bibliothèque et Archives du Canada

Dépôt légal papier : 3e trimestre 2024

Dépôt légal E-Pub : 3e trimestre 2024

Corrections grammaticales: Éditions du Tullinois

Illustration de la couverture : Mario ARSENAULT - Designgo

Imprimé au Canada

Première impression : Septembre 2024

Nous remercions la Société de Développement des Entreprises Culturelles du Québec (SODEC) du soutien accordé à notre programme de publication.

SODEC - QUÉBEC

Remerciements

À mon amie France Bélanger qui n’hésite jamais à répondre favorablement quand je lui demande conseil sur l’élaboration d’un roman.

À Julie Garon, ma fille qui a consacré de nombreuses heures à relire mon texte original et à suggérer des corrections pertinentes.

À ma épouse, Ruth Gagné, pour son soutien constant dans mes projets d’écriture. Les nombreuses heures passées à lire et relire mes textes, ses suggestions toujours judicieuses et son précieux support technologique, pour compenser mes faiblesses dans ce domaine, ont permis la réalisation de cet ouvrage.

À Claude Rey des Éditions du Tullinois qui m’a convaincu de me lancer dans la production d’un roman graphique pour combiner les forces du roman à celles de la bande dessinée.

Un énorme merci à mes fidèles lecteurs qui, je l’espère, me suivront dans cette nouvelle voie littéraire. J’attends anxieusement leur appréciation.

Gérald Goron

Dédicaces

Pour mes filles,

mes gendres

et mes petits-enfants,

Avec toute ma tendresse

La genèse de ce livre

En 1947, en banlieue de Rome, des ouvriers travaillant au déblaiement des ruines d’une très ancienne « villa maritima » ont fait une découverte surprenante. Ils avaient été engagés par un homme d’affaires qui avait acheté le terrain pour y construire une nouvelle résidence de luxe avec vue sur la mer.

L’ancienne villa romaine avait été pilonnée et pratiquement rasée, trois années auparavant, par l’artillerie de marine des Alliés, lors de la campagne de libération de l’Italie. Il ne restait presque rien des anciens jardins, de la piscine et des bassins, ni des mosaïques décoratives, des marbres et des meubles.

C’est lors des travaux d’excavation, nécessaires pour ériger les fondations de la future résidence, que fut découverte une galerie souterraine. Celle-ci menait à une pièce secrète, inconnue des anciens propriétaires et de leur famille à qui cette résidence appartenait depuis plusieurs générations. La pièce était pleine de meubles empoussiérés. Des étagères supportaient des piles de tablettes de bois enduites de cire qu’utilisaient les romains pour correspondre, à l’époque de la République. Il y avait aussi des rouleaux de papyrus rangés dans des boites cylindriques, des encriers avec leur plume de roseau, un coffret rempli de monnaie de bronze et d’argent ainsi que plusieurs documents, dont certains faisaient état du rendement d’une propriété agricole lointaine qui avait été entretenue par des esclaves.

Le tout avait été saisi par l’état italien et confié à un musée afin d’estimer la valeur patrimoniale de cette découverte. Un des documents étudiés, par des latinistes chevronnés, suscita un certain intérêt. Il était intitulé « Histoire de Moh » et était signé par un dénommé Caius Lucinius Caracalla, jusqu’alors inconnu. Après des recherches dans l’histoire militaire de Rome, on découvrit qu’il avait été un des tribuns de Marius, le célèbre prolétaire devenu consul en 107 av. J.-C. Commandant en chef des armées d’Afrique, où il avait emporté de nombreuses victoires, Marius avait été rappelé pour défendre Rome de l’invasion des Cimbres et des Teutons, barbares germaniques venus du nord de l’Europe actuelle. Marius réussit d’abord à défaire les Teutons à Aix, en 102 av. J.-C., puis les Cimbres, à Verceil, l’année suivante.

Caracalla, le tribun, avait commandé plusieurs légions qui contribuèrent aux victoires de Marius. Chargé de surcroît, par son général, de veiller au moral des troupes, il avait un jour invité un conteur gaulois, qui parlait le latin, pour distraire les légionnaires. Le Gaulois avait choisi de raconter l’histoire d’un certain Moh. Devant le succès remporté par le conteur, lors de nombreuses représentations devant les troupes, Caracalla lui avait offert de l’accompagner à Rome pour y amuser le peuple et ses magistrats. Le Gaulois n’étant pas intéressé, le tribun avait demandé une copie du texte, mais à sa grande surprise, il n’existait aucun écrit de cette histoire. Ce récit ne subsistait que dans la mémoire du narrateur. Il s’était transmis dans sa famille, de génération en génération, depuis des milliers d’années. Le tribun avait alors engagé un scribe pour transcrire, en latin, le mot à mot de cette histoire. C’est ce manuscrit qui venait d’être retrouvé dans les décombres de la villa. Comment était-il arrivé à cet endroit, le mystère demeure entier.

Plusieurs années après cette découverte, j’appris l’existence de ce document. Appréciant l’histoire, je fis traduire ce récit en quelques langues modernes. Pour une meilleure compréhension du texte, les paroles prêtées aux personnages sont traduites en langage d’aujourd’hui. C’est pourquoi plusieurs mots, constructions de phrases et procédés d’expressions sont incompatibles avec l’époque où se situe l’histoire. Les chiffres, les nombreuses unités de mesure, les points cardinaux, toutes ces conventions internationales qui permettent aux humains actuels de se comprendre, existent depuis peu de temps en regard de l’apparition  de l’homme. Nous avons parfois choisi de les utiliser pour éviter de trop longues périphrases et d’embrouiller le texte.

Grâce à nos connaissances actuelles en archéologie et paléontologie, nous pouvons identifier les protagonistes de cette histoire comme étant des hommes de Néandertal  et des Sapiens. Sachant que les premiers ont disparu il y a 30 000 ans et que les seconds sont arrivés en Europe il y a environ 40 000 ans, nous pouvons situer l’action du récit à 35 000 années avant aujourd’hui. Le lecteur doit toujours se rappeler qu’il s’agit ici de tradition orale, d’une histoire que des personnes, qui ne connaissaient pas l’écriture, ont tenté de transmettre aux générations suivantes. Le premier conteur a connu Moh, sans nécessairement avoir été témoin de ses aventures. Cependant, les conteurs suivants n’ont fait que répéter, de mémoire, le récit des aventures d’un personnage qu’ils n’ont probablement jamais rencontré et d’événements oubliés au fil des générations. Il est donc logique de penser que le message original a probablement été déformé, modifié, d’un amuseur public à l’autre, sans que nous puissions le vérifier. C’est pourquoi nous avons préféré présenter ce récit sous l’appellation de « Légende de Moh» plutôt que celle d’« Histoire de Moh», tel qu’intitulé sur sa transcription latine.

Note de l'Auteur

Concernant les illustrations, l'auteur s'est inspiré à la fois de la naïveté des œuvres découvertes sur les parois des grottes et cavernes ainsi que du réalisme de l'art figuratif

Chapitre 1 - Présentation

Je m’appelle Moh. C’est un mot qui, dans la langue originelle de ma mère, signifie courage. Elle a choisi ce nom parce que, lorsque j’ai commencé à marcher, elle était persuadée que j’avais hérité de l’intrépidité de mon père.

J’ai souvent entendu parler de rumeurs qui circulent, à mon sujet, dans ma région et même dans des contrées où je n’ai jamais voyagé. L’une d’elle veut que je sois sorcier et que je parle aux animaux sauvages. D’autres me présentent comme un tueur impitoyable de géants ou comme l’exterminateur sanguinaire de mes ennemis. Jusqu’à présent j’ai laissé dire parce que j’espérais, qu’avec le temps, ces ragots disparaîtraient. Maintenant que je suis un vieillard, je sens le besoin de rectifier ces racontars avant d’aller rejoindre les esprits de mes ancêtres. J’aurais préféré le faire moi-même en prenant la route pour pourfendre mes détracteurs, mais ma récente difficulté à me déplacer m’empêche de choisir cette solution. C’est pourquoi je demande à Rigo, un conteur itinérant qui me connait depuis très longtemps, de le faire à ma place. Il devra répéter les mots que j’utilise pour raconter mon histoire, sans l’embellir, ni la dénaturer. Autant que possible, pour ses représentations, il utilisera ma gestuelle et mes expressions faciales, allant même jusqu’à porter des vêtements identiques aux miens. Il m’imitera jusqu’à vous faire croire que c’est moi-même qui suis devant vous et vous raconte ma vie.

Ce récit vous laissera parfois perplexe. À son terme, vous conviendrez que je porte bien mon nom et qu’il m’a fallu bien du courage pour me rendre à l’âge adulte.

Ma mère, Dora, était l’épouse unique et aimante de mon père Arod, le chef de notre communauté. Cette dernière était désignée comme le clan du Cerf, car ce gibier constituait l’essentiel de notre nourriture. Ma petite sœur, Nara, est née cinq printemps après moi. J’ai assisté à l’accouchement de ma mère.Elle a grimacé de douleur, mais n’a pas beaucoup crié, peut-être parce que je lui tenais la main. Je ne comprenais pas pourquoi les femelles animales mettaient bas en silence, ainsi que je l’ai souvent constaté en forêt, alors que certaines femelles humaines semblent éprouver des souffrances inimaginables.

Ma petite soeur

Mon père m’a expliqué que les femelles animales doivent demeurer silencieuses pour protéger leurs petits contre les prédateurs toujours en chasse d’une proie facile. Si ce n’était pas le cas, elles crieraient sans doute autant que certaines femmes.

Mon père me répétait souvent que je devais apprendre à être le plus brave des guerriers et le plus compétent des chasseurs, si je voulais un jour lui succéder à la chefferie du clan. Pour mon peuple, ce titre n’est pas héréditaire et ce sont tous les membres adultes de la communauté, autant les femmes que les hommes, qui choisissent un successeur lorsque le chef meurt ou abandonne sa fonction. C’est souvent à cause de son âge qu’il prend une telle décision, surtout lorsqu’il constate la diminution de sa force physique ou de sa capacité à faire les bons choix pour le clan.

Parlons quelques instants de mes ancêtres. Ils sont arrivés, il y a plusieurs générations, dans cette nouvelle contrée (1) où nous habitons maintenant. Ils se sont répartis en plusieurs petites bandes, vivant indépendamment les unes des autres, sur cet immense territoire. Habituellement, nous nous appelons entre nous les Voyageurs (2) alors que nos voisins, les Anciens (2), nous nomment les Étrangers. Selon notre vieux chaman, qui est la mémoire de notre clan et qui peut réciter des événements que les chamans se transmettent d’une génération à l’autre, nous aurions quitté, il y a si longtemps que je ne puis chiffrer le nombre d’années, une contrée très chaude et aride située loin vers le sud (3). Nos ancêtres y vivaient parmi des animaux à trompe, ressemblant semble-t-il aux mammouths laineux qui fréquentent toujours le nord de notre habitat actuel. D’énormes et féroces félins à crinière, ou tachetés, parcouraient les plaines et des reptiles géants chassaient dans l’eau des lacs et des rivières, guettant les humains et les animaux qui venaient s’y abreuver. Du moins, c’est-ce dont je me souviens le plus de tout ce que l’on m’a raconté.

Les Voyageurs, fuyant le danger des bêtes, l’aridité croissante de la terre et la difficulté de vivre de ses fruits, avaient décidé, pour le plus grand nombre, de chercher un lieu plus accueillant vers le nord. La remontée avait été très lente, pénible et même mortelle pour certains.

Les voyageurs

Après des lunes et des lunes de marche, plusieurs familles s’étaient arrêtées un temps pour vérifier si la vie était meilleure à cet endroit. Généralement déçues, elles reprenaient la route du nord par étapes de plus ou moins longue durée. Plusieurs générations plus tard, la majorité des exilés parvint sur les rives d’une grande étendue d’eau salée (4). La vie y paraissait plus facile et un certain nombre d’entre eux s’y établirent définitivement. D’autres, toujours insatisfaits, choisirent la longue marche vers l’Orient lointain (5). Selon les dires des rares Voyageurs qui en sont revenus, ils ont essaimé en diverses peuplades fort fécondes. Un assez fort contingent des exilés du sud, dont mes ancêtres directs, décida de poursuivre le voyage toujours vers le nord où il franchit des bras de mer (6) avant de se répandre sur le territoire où je vis actuellement.

Malheureusement ces terres étaient déjà peuplées, depuis des temps immémoriaux, par ceux que nous appelons les Anciens. Parfois des conflits éclataient entre les deux peuples, car ils nous considéraient, à juste titre, comme des envahisseurs. Dans la plupart des affrontements, la portée supérieure de nos légères sagaies face à leurs lourds épieux, ajoutée à l’avantage du nombre, jouaient en notre faveur. D’une escarmouche à l’autre, d’une défaite à l’autre, les Anciens avaient dû céder une part importante de leurs traditionnels territoires de chasse. Plusieurs avaient alors choisi de déménager plus au nord pour rejoindre d’autres clans de leur peuple où, selon la rumeur, ils auraient été plutôt mal reçus. D’autres décidèrent de rester parmi nous, à leur campement ancestral, mais avec un territoire réduit, aux frontières souvent contestées par les Voyageurs nouvellement arrivés. Selon mon père, les Anciens vivaient difficilement, car les grands gibiers migrateurs, dont ils se nourrissaient principalement, ne respectaient pas les frontières définies par les hommes. Si un de leurs clans ratait le passage, sur ses terres, d’un troupeau de bisons, de chevaux ou de mammouths, il ne pouvait plus le poursuivre sur un territoire maintenant attribué à d’autres. Il devait donc attendre l’année suivante pour avoir accès à cette manne passagère et indispensable à sa survie. C’était la famine assurée pour l’hiver suivant. Vers la fin des grands froids, la mortalité augmentait sensiblement chez les vieillards et les enfants, particulièrement dans les clans d’Anciens qui avaient des contacts fréquents avec des Voyageurs qui cherchaient à faire du troc avec eux. La situation semblait pire encore dans les communautés qui acceptaient que quelqu’un de ma race partage la couche d’une femme du clan.

Certains parlaient d’émanations malsaines d’origine inconnue, alors que notre chaman attribuait ce haut taux de mortalité à la réprobation manifeste de nos ancêtres pour ces métissages. Les personnes les plus âgées de mon clan avaient connu le chaman tout jeune. Elles l’avaient vu mourir de maladie dans son enfance, ressusciter quelques jours plus tard et entreprendre une deuxième vie. Depuis sa renaissance, il avait appris, peu à peu, à projeter son âme hors de son corps et pouvait maintenant communiquer avec les esprits de nos ancêtres, comme avec ceux des animaux, des plantes et des pierres. Devenu officiellement chaman, il pratiquait, au cours de cérémonies publiques, des danses rituelles où il psalmodiait dans un langage connu de lui seul.

Le Chaman

Parfois, il consommait des décoctions à base de diverses plantes pour s’unir à la nature. D’autres fois, il assainissait l’air vicié, par les esprits en colère, en brûlant différentes herbes ou, ultime moyen, il réalisait publiquement des voyages à l’intérieur de son âme au cours desquels ses rêves lui révélaient l’avenir. Intermédiaire entre le monde terrestre et celui des esprits, il négociait avec ces derniers pour assurer une bonne chasse, permettre la naissance d’un enfant ou guérir un membre du clan. Toutes ces pratiques faisaient de lui le principal conseiller de mon père, le chef du clan. Il le consultait sur plusieurs sujets; par exemple, savoir à quelle phase de la lune la chasse serait bonne ou à quel point l’hiver suivant serait difficile pour sa collectivité.

Voilà pour la présentation de ma famille, de mon peuple et des Anciens que je n’ai jamais qualifiés d’ennemis, malgré tout ce qui m’est arrivé à cause de certains individus de leur race. Je vais maintenant vous raconter l’histoire de ma vie depuis autant de printemps que j’ai de doigts à mes deux mains jusqu’à aujourd’hui.

Chapitre 2 - La fuite

Comme chaque jour, ou presque, je flânais dans la forêt tout près du campement de huttes, recouvertes de paille et de peaux, qui abritent toutes les familles de mon clan.

Je cherchais des baies bien mûres, des champignons gorgés d’eau ou un quelconque petit animal dont la chair constituerait un supplément pour enrichir la pitance quotidienne de ma famille. Je dois avouer que je rêvassais un peu. Dans deux printemps à peine, j’aurai atteint l’âge d’être reconnu comme un homme, un chasseur et un guerrier. Le clan se réunira alors autour d’un festin pour nous admettre, moi et deux garçons de mon âge, parmi les porteurs d’épieux et de sagaies. À partir de ce moment, je pourrai accompagner les chasseurs dans les meilleurs secteurs de chasse du territoire et profiter des enseignements des adultes pour m’améliorer.

Les huttes

J’allais donc de-ci de-là, inspectant sous-bois, futaies et arbres, à la recherche de fruits, d’un petit animal ou d’un oiseau que je pourrais tuer avec ma fronde.



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