La pastorale des « visiteurs » en Belgique - Armand Abeme - E-Book

La pastorale des « visiteurs » en Belgique E-Book

Armand Abeme

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Beschreibung

Le ministère ecclésial des « visiteurs » au sein des paroisses consiste à se rendre à domicile ou dans des institutions de soins spécialisés, auprès des fidèles incapables de participer aux eucharisties, afin de leur porter la sainte communion et leur témoigner de la proximité, de l’attention et de la miséricorde de l’Église. Par une présence et une écoute de réconfort, les « visiteurs » accompagnent les personnes dans leur cheminement spirituel en temps de vieillesse, d’esseulement, de maladie. Ce livre est un vibrant merci à leur endroit pour la disponibilité, la générosité, le dévouement ecclésial dont ces femmes et hommes font montre au sein de nos paroisses. Il leur fournit par ailleurs des éléments pour mieux exercer leur service, c’est-à-dire répondre plus correctement à leur vocation ecclésiale. Dans un contexte belge où les fidèles laïcs constituent désormais la principale main-d’œuvre pastorale, la question des ministères laïcs se pose avec insistance.


À PROPOSD DE L'AUTEUR


Armand Abeme est prêtre originaire du diocèse de Sangmelima au Cameroun. Socioanthropologue, formé en théologie pratique et en psychogénéalogie, il exerce actuellement son ministère dans l’archidiocèse de Malines-Bruxelles depuis plus de 10 ans. Dans ce cadre, il est engagé dans la pastorale de la santé depuis sa première insertion pastorale dans le vicariat de Bruxelles jusqu’à la nouvelle dans le vicariat du Brabant Wallon. La visite des personnes à domicile, dans les maisons de repos et les hôpitaux, ainsi que la collaboration avec des laïcs qui assurent aussi une pastorale de visite dans ces institutions sont des réalités quotidiennes de son ministère. Dans ce livre qui mêle des expériences de terrain et des réflexions théologiques fondamentales, il nous livre son regard critique mais non moins encourageant sur la pastorale des visiteurs en Belgique et l’intérêt plus large de la ministérialité des laïcs dans l’Église belge aujourd’hui, avec leurs défis ecclésiologiques dans un contexte de décléricalisation.

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Seitenzahl: 157

Veröffentlichungsjahr: 2023

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Armand Abeme

La pastorale des « visiteurs » en Belgique

Considérations ecclésiologiques

sur les ministères laïcs et propositions

© Lys Bleu Éditions – Armand Abeme

ISBN : 979-10-377-9445-1

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Préface

Cet essai se veut d’abord un vibrant hommage aux nombreux « visiteurs » qui œuvrent sans relâche dans les maisons de repos et de soins, à l’hôpital mais aussi à domicile, témoignant de la compassion divine et de la joie de l’Évangile auprès de leurs frères et sœurs les plus fragiles de la communauté, faisant preuve d’un dévouement ecclésial, d’une générosité de cœur et d’une disponibilité à toute épreuve, même durant la terrible pandémie de 2020.

Depuis le tournant décisif du concile Vatican II, chaque baptisé, homme et femme, est devenu disciple missionnaire, participant à la triple vocation du Christ, prêtre, prophète et roi. Aujourd’hui, le laïc, composante du peuple de Dieu, devient un véritable acteur de la vie de l’Église qui, à l’image du Christ, a pour mission d’annoncer le royaume. Et le ministère des « visiteurs » en est un exemple vivant ! Si l’objet principal de ce ministère est bien de porter la communion, la réalité pastorale est peut-être sensiblement différente. Certains visiteurs sont d’excellents écoutants, de patients compagnons de partage, de fidèles messagers de la tendresse du Christ pour leurs frères et sœurs souffrants, soucieux d’aider la personne à garder sa foi éveillée, voire à développer sa croissance spirituelle, mais tous ne se sentent pas appelés à donner la communion. Pour d’autres, par contre, la communion est centrale dans leur démarche pastorale.

Par son caractère extraordinaire de délégation du clergé aux fidèles, le service de la communion devrait faire l’objet d’une attention toute particulière des responsables paroissiaux. Aujourd’hui, le ministère des « visiteurs » est assuré par des bénévoles choisis essentiellement par cooptation au sein des équipes, bien souvent sans discernement préalable des responsables paroissiaux dans le processus d’admission. Or, force est de constater que dans le service de la communion, bon nombre de « visiteurs », animés par le désir de porter le corps du Christ, source de Vie, auprès de leurs frères et sœurs fragilisés, agissent avec une certaine liberté, souvent malgré eux, soumis à des contraintes horaires imposées par les maisons de soin, ou confrontés à la fragilité physique ou émotionnelle de la personne visitée. Dès lors se pose la question de l’accompagnement des « visiteurs ». Si ceux-ci sont régulièrement invités à suivre des formations, à participer à des conférences, à vivre des récollections organisées par les vicariats ou les paroisses, ces propositions ne sont nullement contraignantes et sont laissées à la liberté de chacun. Or, le service d’Église est fondamentalement une mission, une réponse à un appel qui nécessite un minimum de formation spécifique et continue qui doit à la fois veiller à nourrir le « visiteur » sur le plan pastoral mais aussi au niveau de son accompagnement spirituel personnel.

Durant toutes ces années où j’ai eu la grande joie de marcher aux côtés de l’Abbé Armand sur les chemins de la pastorale de la Santé, j’ai été le témoin de son charisme indéniable à témoigner de la compassion divine auprès de la personne souffrante, mais aussi de la qualité de sa présence bienveillante, éclairante et inspirante auprès des « visiteurs ». Nourri de cette grande expérience de terrain, l’Abbé Armand nous propose une recherche approfondie sur la ministérialité des laïcs afin d’aider l’Église de Belgique et ses pasteurs à faire du service pastoral des « visiteurs » un ministère plus efficient dans la perspective d’une meilleure participation des laïcs à la mission de sanctification de l’Église. Face au vieillissement de la population et à l’augmentation de la durée de vie, le ministère des « visiteurs » est appelé à se développer afin d’apporter une réponse au malade et à la personne âgée confrontés à la question du sens de la fin de vie et de la mort, et de les accompagner dans leur quête à déchiffrer le mystère de l’existence de Dieu.

Dominique Oriani Vieyra

Co-responsable du Pôle Santé de l’Unité pastorale de Waterloo

Introduction

En 2019, le pôle santé du vicariat du Brabant Wallon a organisé à Waterloo une journée de récollection autour de la pastorale des « visiteurs » dont la mission est de visiter les personnes esseulées et les malades. Ce ministère de la visite consiste à témoigner à la personne visitée d’une communion ecclésiale, d’une présence pastorale, d’une écoute chrétienne, d’un réconfort spirituel, d’un service de l’eucharistie. L’idée de mettre par écrit les réflexions partagées à l’occasion de la récollection évoquée nous a été immédiatement suggérée par les participants qui souhaitaient disposer d’une ressource théorique susceptible d’améliorer la pratique du ministère qu’ils exercent. À l’origine de ce livre, il y a donc deux raisons : rendre hommage aux « visiteurs » de nos communautés chrétiennes et donner suite à une demande exprimée par ces agents pastoraux.

Rendre hommage à nos « visiteurs » est un devoir de reconnaissance légitime aujourd’hui dans une Église belge dont les tâches pastorales sont assurées avec l’aide de nombreux fidèles laïcs. Les « visiteurs » sont des femmes et des hommes ayant pris pour la plupart leur retraite professionnelle. Leur ministère ecclésial au sein des paroisses consiste à se rendre à domicile ou dans des institutions de soins spécialisés, auprès des fidèles incapables de participer aux eucharisties, afin de leur manifester l’attention du Christ et la proximité de l’Église. Selon les charismes, les sensibilités et les affinités, certains sont plus aptes à porter essentiellement la sainte communion tandis que d’autres assurent auprès des personnes un accompagnement par l’écoute, la prière, la méditation. Ces « visiteurs » consacrent ainsi beaucoup de temps à ce service d’Église qui repose majoritairement sur eux et est rendu régulièrement chaque semaine. Pour leur disponibilité, leur générosité, leur dévouement ecclésial et pastoral, ce livre est un vibrant merci. En plus de cette gratitude que leur doit l’Église en Belgique, ce livre fournit par ailleurs des éléments pour répondre plus correctement à leur vocation ecclésiale.

En Belgique, cette pastorale de visite est pratiquée dans trois principaux contextes : le domicile privé, la Maison de Repos et de Soins (MRS), l’hôpital. Son importance se vérifie en particulier par le nombre pléthorique de bénévoles qui forment désormais les « équipes de visiteurs ». C’est sans doute la raison pour laquelle les services diocésains responsables de ladite pastorale proposent régulièrement des formations à l’effet de favoriser un meilleur accomplissement de ce service ecclésial qui se fait sous le régime du bénévolat. De telles initiatives traduisent le souci de la hiérarchie de mieux encadrer ce service, car il reste comme toute autre pratique pastorale, exposée à plusieurs ambiguïtés. En guise d’exemples, relevons les faits suivants : le choix des bénévoles pour ce ministère au sein de plusieurs paroisses est généralement laissé à la liberté des « équipes de visiteurs » ; plusieurs bénévoles portent la sainte communion selon leur inspiration, sans se référer ni aux orientations pastorales ni au rituel liturgique prévus en la matière ; les « visiteurs » qui assurent le service d’écoute n’ont généralement pour ressources principales que leur bonne volonté et leur disponibilité, manquant de prérequis en matière d’accompagnement psychospirituel. À cet égard, ces ambiguïtés donnent parfois lieu à une pratique pastorale libérale qui pose des questions d’ordre éthique, doctrinal, liturgique, théologique.

Les réflexions rassemblées dans ce livre présentent cette pastorale telle qu’elle se fait aujourd’hui, en mettant en évidence la participation des fidèles laïcs à la mission ecclésiale. Quatre chapitres les structurent. Le premier chapitre évoque notre propre expérience pastorale, le sens du bénévolat et une brève histoire du milieu ecclésial qui nous sert de point de départ. Le second chapitre esquisse une ethnographie de la pratique des « visiteurs » en contexte sociologique belge. Le troisième chapitre constitue une approche ecclésiologique sur les ministères laïcs. Le dernier chapitre est un ensemble de propositions pastorales destinées à contribuer à une amélioration du ministère des « visiteurs » dans l’Église catholique belge.

Chapitre 1

Contextes, générosités et incertitudes

d’une pastorale foisonnante

Personne ne parle hors-sol parce que tout discours est naturellement situé à partir d’un lieu ou d’une expérience de vie. Ainsi l’histoire personnelle du sujet réflexif fait partie prenante du processus d’investigation de son objet1. C’est la raison pour laquelle nous commencerons par partager notre propre expérience de prêtre dans le champ pastoral. Ensuite, il sera question de présenter très succinctement la réalité du bénévolat aujourd’hui dans nos communautés chrétiennes. Une brève histoire de notre milieu ecclésial actuel aidera ensuite à comprendre à partir d’où nous réfléchissons. Par ailleurs, nous procéderons à une présentation du ministère des « visiteurs » en Belgique, qui fait partie de la pastorale de la santé. Les lieux où il s’effectue principalement retiendront notre attention ainsi que les richesses dont ce ministère regorge et les ambiguïtés qui y interpellent aujourd’hui cette Église locale.

.1. Expérience pastorale personnelle

Mon expérience est fortement marquée par la réalité du milieu ecclésial où je suis en mission pastorale. Je parle donc à partir de ce lieu-là qui est le vicariat du Brabant wallon. Il n’est pas la totalité de la Belgique, mais puisque tout discours est marqué par son contexte et qu’on ne peut parler qu’à partir d’un lieu, il faut présenter cet environnement qui constitue le terreau de mon expérience pastorale. Sans toutefois prétendre que ce cadre expérientiel renvoie à toute la Belgique, complexe par sa diversité et sa pluralité sociologique et pastorale, le présent propos peut néanmoins donner à penser la pastorale des « visiteurs » en tant que question pastorale générale ; il peut inspirer les autres diocèses belges, qu’ils soient francophones ou néerlandophones.

Le vicariat du Brabant Wallon est l’un des trois vicariats qui forment l’archidiocèse de Malines-Bruxelles. Par la bulle pontificale Super Universas, le pape Paul IV créait trois nouvelles provinces ecclésiastiques en 1559 : Malines, Cambrai et Utrecht. La province ecclésiastique de Malines comptait à cette époque, sept diocèses parmi lesquels l’archidiocèse de Malines. En raison des besoins pastoraux inspirés par le Concile de Trente d’une part, et du dynamisme de son archevêque d’alors, l’archidiocèse de Malines va connaître quelques réformes pastorales à partir de la fin du 16e siècle. Ainsi, un séminaire voyait le jour en 1596 par exemple, pour la formation du clergé ; un Concile provincial se tenait à Malines en 1607 pour définir les lignes de force d’une nouvelle animation pastorale suivant les intuitions tridentines ; un catéchisme catholique en réaction à la réforme protestante, était aussi publié en 1609. La Révolution française laissera aussi des effets sur Malines puisque le concordat de 1801 supprimait le diocèse d’Anvers et le rattachait à l’archidiocèse. Au début du 19e siècle, cette nouvelle configuration va permettre à l’archidiocèse de s’étendre partiellement sur la région francophone de la Belgique, de sorte que la province ecclésiastique de Malines englobera dès lors tous les diocèses belges qui étaient Malines, Bruges, Gand, Tournai, Namur et Liège. Après le Concile Vatican II, un nouveau remodelage de l’Église belge et de l’archidiocèse va se faire, principalement sur base de raisons démographiques et linguistiques.

Le 8 décembre 1961, la bulle Christi Ecclesia réinstaura le diocèse d’Anvers. La croissance démographique fut une des raisons de ce découpage. L’archidiocèse s’appelle aujourd’hui : archidiocèse de Malines-Bruxelles. Il englobe les provinces du Brabant Wallon et Flamand, la Région de Bruxelles-Capitale et l’arrondissement administratif de Malines (situé dans la province d’Anvers) à l’exception des cantons de Lier et Heist-op-den-Berg qui dépendent du diocèse d’Anvers. Afin de prendre en compte la diversité linguistique et les nouveaux besoins pastoraux, le Cardinal Suenens décida en 1962 d’organiser autrement son archidiocèse. Ainsi naquirent en plus des services diocésains, les vicariats territoriaux (vicariat du Brabant Flamand et de Malines, le vicariat du Brabant Wallon et le vicariat de Bruxelles) et les vicariats sectoriels (vicariat du Temporel, vicariat pour la Vie Consacrée, vicariat de l’Enseignement). À la tête de chaque vicariat territorial se trouve un évêque auxiliaire qui en assume la responsabilité pastorale ; la responsabilité des vicariats sectoriels étant confiée soit à un vicaire épiscopal soit à un(e) délégué(e) épiscopal(e)2.

Concernant les vicariats territoriaux, il est à préciser que celui de Bruxelles couvre le territoire administratif de la Région de Bruxelles-Capitale ; celui du Brabant Flamand couvre le territoire administratif de la Province du Brabant Flamand) ; celui du Brabant Wallon s’étend sur le territoire administratif de la Province du Brabant Wallon.

Ordonné prêtre en 2008 et venant du Cameroun, j’arrive en Belgique en 2011. Pendant les deux années qui suivent, j’exerce en qualité de vicaire dans les paroisses sainte Croix d’Ixelles, Notre-Dame de la Cambre, saint Adrien et saint Boniface, toutes dans le vicariat de Bruxelles. Ensuite, j’exerce comme vicaire toujours, à la paroisse saints Marie et Joseph de Blocry, dans le Vicariat du Brabant Wallon. Depuis huit ans, je suis vicaire à la paroisse saint Joseph de Waterloo, toujours dans le même Vicariat. De Bruxelles au Brabant Wallon, la pastorale de la santé a toujours occupé une grande place dans mon ministère. Les engagements pastoraux vécus dans ce cadre-là, à Ixelles (Bruxelles) et Waterloo (Brabant Wallon), m’ont chaque fois permis d’accompagner des chrétiens malades ou d’un âge avancé, au sein de leurs domiciles et des maisons de repos. Cette pastorale est constituée essentiellement de messes, de visites personnalisées, de célébration du sacrement des malades, d’écoute spirituelle. C’est un service le plus souvent rendu à l’intérieur d’une « équipe de visiteurs » dont les membres ont chacun son rôle et son utilité, en fonction des charismes propres des uns et des autres.

À Bruxelles, j’appartenais à une équipe de trois visiteurs qui avait à sa tête une religieuse. Elle était chargée du planning des services, de l’organisation de leur exécution, de la visite individualisée en chambre au sein d’une maison de repos (« Les heures douces »). Dans l’unité pastorale de Waterloo, où j’exerce actuellement, la paroisse saint Joseph assure une pastorale au sein de deux maisons de repos et de soins : la résidence « Bonaparte » et la résidence du « Parc de la Cense ». Deux équipes de bénévoles assurent le service pastoral dans ces résidences où j’interviens comme prêtre accompagnant.

À ces expériences paroissiales d’hier et d’aujourd’hui, il faut ajouter une troisième que je fais auprès d’un autre groupe de bénévoles de ma paroisse actuelle, dénommé « Père Damien ». Ce groupe a la mission exclusive de visiter les personnes âgées, malades et esseulées. J’en fais également partie en tant qu’accompagnateur pastoral. Les autres membres du groupe et moi y disposons de moments d’échanges au cours desquels nous partageons depuis plusieurs années nos expériences ; ce qui me permet de me rendre compte de la pluralité des pratiques et questions pastorales présentes chez les « visiteurs ».

1.2. Le bénévolat en Église

Le mot « bénévolat » vient du latin et est composé de bene volens qui se traduit par « qui veut bien ». Estelle Durand fait remarquer que ce mot combine deux champs lexicaux qui sont ceux de la bonté et de la volonté3. En d’autres termes, le bénévolat signifie littéralement une bonne volonté ; il est une forme de bienveillance4. Celui qui fait œuvre de bénévolat est généralement appelé bénévole, pour souligner le fait de mener une activité avec bienveillance, volontairement et gratuitement5. Cette acception du mot a trouvé, dans le milieu chrétien, un espace d’expression très favorable. C’est à ce titre que le mot porte une résonance religieuse renvoyant à la solidarité, au don6. Le bénévolat est ainsi une forme de charité exprimée à l’endroit d’autrui.

En ce qui est du milieu ecclésial, les communautés chrétiennes, depuis toujours, ont bénéficié de l’aide de personnes généreuses qui acceptent de s’engager au service de la mission pastorale de l’Église en s’investissant dans des secteurs variés selon le charisme qui leur fait davantage sens. Dans l’Église de Belgique comme certainement dans d’autres, le service de ces personnes est déterminant et de très grande utilité missionnaire et pastorale. Cette importance ecclésiale pour la Belgique ressort à la fois à partir du nombre de bénévoles que celui des services assurés et des activités prises en charge par ces hommes et femmes généreux. En effet :

Les bénévoles constituent la base du bon fonctionnement de l’Église. On les retrouve à chaque niveau d’activité. En paroisse, on compte plus de 163 000 bénévoles. Ils s’investissent dans le fonctionnement des services paroissiaux tels que l’accueil, la catéchèse, la participation à la liturgie, la gestion administrative, l’entretien des locaux. On retrouve encore des bénévoles au niveau des services diocésains, dans l’accompagnement des malades, les aumôneries diverses, les associations caritatives catholiques. Ils sont aussi à l’origine et assurent le fonctionnement d’un certain nombre de mouvements de laïcs au sein de l’Église7.

À l’occasion de l’année internationale du volontariat, le pape Jean Paul II, de bienheureuse mémoire, a défini en son temps, les fondements du bénévolat chrétien. Le pape a tenu à relever que le bénévolat est fondamentalement mû par deux sources : la loi du don et la charité divine8. De ce fait, tout bénévolat manifeste le don de soi qu’une personne peut faire afin de rendre service à l’autre. Un tel don est naturel et participe à l’humanisation de la personne humaine en ce sens qu’il permet à celui qui aide et à celui qui est aidé de s’épanouir. Mais au-delà de la générosité humaine naturelle dont il fait montre, le bénévolat est aussi l’expression de l’amour divin. En vue de réaliser cet amour dans le monde, les chrétiens choisissent parfois de s’engager dans divers services ecclésiaux, de façon permanente ou occasionnelle, dans des contextes missionnaires et pastoraux où les besoins l’exigent et le rendent possible. Le bénévolat devient à cet effet, l’expression de l’engagement du baptisé à la mission de l’Église. C’est ce que rappelle à son tour le pape François lorsqu’il écrit :

En vertu du baptême reçu, chaque membre du Peuple de Dieu est devenu disciple missionnaire (Mt 28,19). Chaque baptisé, quels que soient sa fonction dans l’Église et le niveau d’instruction de sa foi, est un sujet actif de l’évangélisation9.