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Le vampire Amaury LeSang est maudit. Sa malédiction le contraint à ressentir les émotions de tous à travers une migraine persistante. La seule façon pour lui de pallier la douleur est le sexe. Lorsqu'il rencontre Nina, une petite humaine bagarreuse, un remède à son affection semble être à portée de main : en sa présence, toute douleur disparaît. Malheureusement, Nina a en tête de le tuer car elle croit qu'il est impliqué dans la mort de son frère. Elle mènerait sans problème ses projets à bien si ce mauvais garçon, ce charmeur qu'est Amaury, ne chamboulait ses hormones en la catapultant dans ses bras et dans son lit à chaque fois qu'elle est près de lui. Mais, tandis que chaque baiser les rapproche physiquement, un danger se cache et menace de détruire le peu de confiance qu'ils ont l'un en l'autre. À PROPOS DE LA SÉRIE La série Scanguards Vampires est pleine d'action rapide, de scènes d'amour torrides, de dialogues pleins d'esprit et de héros et héroïnes forts. Le vampire Samson Woodford vit à San Francisco et possède une société de sécurité et de garde du corps, Scanguards, qui emploie à la fois des vampires et des humains. Et éventuellement des sorcières. Ajoutez quelques gardiens immortels et quelques démons plus tard dans la série, et vous aurez compris ! Chaque livre peut être lu seul et est toujours centré sur un nouveau couple qui trouve l'amour, mais la série est plus agréable lorsqu'elle est lue dans l'ordre. Et bien sûr, il y a toujours quelques blagues - vous comprendrez quand vous rencontrerez Wesley, un aspirant sorcier. Bonne lecture ! ⭐️ ⭐️ ⭐️ ⭐️ Lara Adrian, auteure de la série Midnight Breed, vendue dans le New York Times : "Je suis accro aux livres de Tina Folsom ! La série des Scanguards® est l'une des choses les plus chaudes qui soient arrivées à la romance vampirique. Si vous aimez les lectures torrides et rapides, ne manquez pas cette série palpitante !" Les Vampires Scanguards La belle mortelle de Samson (#1) La provocatrice d'Amaury (#2) La partenaire de Gabriel (#3) L'enchantement d'Yvette (#4) La rédemption de Zane (#5) L'éternel amour de Quinn (#6) Les désirs d'Oliver (#7) Le choix de Thomas (#8) Discrète morsure (#8 ½) L'identité de Cain (#9) Le retour de Luther (#10) La promesse de Blake (#11) Fatidiques Retrouvailles (#11 ½) L'espoir de John (#12) La tempête de Ryder (#13) La conquête de Damian (#14) Le défi de Grayson (#15) L'amour interdit d'Isabelle (#16) La passion de Cooper (#17) Le courage de Vanessa (#18) Gardiens de la Nuit Amant Révélé (#1) Maître Affranchi (#2) Guerrier Bouleversé (#3) Gardien Rebelle (#4) Immortel Dévoilé (#5) Protecteur Sans Égal (#6) Démon Libéré (#7) Le club des éternels célibataires Séduisant (#1) Attirant (#2) Envoûtant (#3) Torride (#4) Attrayant (#5) Passionné (#6) Hors d'Olympe Une Touche de Grec (#1) Un Parfum de Grec (#2) Un Goût de Grec (#3) Un Souffle de Grec (#4) Les Vampires de Venise Nouvelle 1 : Raphael & Isabella Nouvelle 2 : Dante & Viola Nouvelle 3 : Lorenzo & Bianca Nouvelle 4 : Nico & Oriana Nouvelle 5 : Marcello & Jane Nom de Code Stargate Ace en Fuite (#1) Fox en Vue (#2) Yankee dans le Vent (#3) Tiger à l'Affût (#4) Hawk en Chasse (#5) La Quête du Temps Changement de Sort (#1) Présage du Destin (#2) Thriller Témoin Oculaire La série des vampires Scanguards a tout pour plaire : coup de foudre, ennemis à amants, rencontre mignonne, instalove, héros alpha, compagnons de destin, garde du corps, bande de frères, demoiselle en détresse, femme en péril, la beauté et la bête, identité cachée, âmes sœurs, premier amour, vierges, héros torturé, écart d'âge, amour de seconde chance, amant en deuil, retour d'entre les morts, bébé secret, playboy, enlèvements
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Seitenzahl: 534
Veröffentlichungsjahr: 2025
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VAMPIRES SCANGUARDS - TOME 2
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27
Chapitre 28
Chapitre 29
Chapitre 30
Chapitre 31
Chapitre 32
Chapitre 33
Chapitre 34
Chapitre 35
Chapitre 36
Chapitre 37
Chapitre 38
Chapitre 39
Chapitre 40
Ordre de Lecture
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À propos de l’auteur
Le vampire Amaury LeSang est maudit. Sa malédiction le contraint à ressentir les émotions de tous à travers une migraine persistante. La seule façon pour lui de pallier la douleur est le sexe. Lorsqu'il rencontre Nina, une petite humaine bagarreuse, un remède à son affection semble être à portée de main : en sa présence, toute douleur disparaît.
Malheureusement, Nina a en tête de le tuer car elle croit qu’il est impliqué dans la mort de son frère. Elle mènerait sans problème ses projets à bien si ce mauvais garçon, ce charmeur qu’est Amaury, ne chamboulait ses hormones en la catapultant dans ses bras et dans son lit à chaque fois qu'elle est près de lui.
Mais, tandis que chaque baiser les rapproche physiquement, un danger se cache et menace de détruire le peu de confiance qu’ils ont l’un en l’autre.
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Traduit par Agathe Rigault
Scanguards est une marque déposée.
© 2012 Tina Folsom
Depuis la mezzanine qui lui offrait une vue d’ensemble, Amaury LeSang étudiait du regard les têtes de la foule amassée dans la boîte de nuit branchée. La marée humaine se déhanchait au rythme assourdissant et monotone de la techno. Ses yeux aiguisés passaient en revue les fêtards qui se tortillaient les uns contre les autres à la recherche d’une femme semblant avoir besoin de compagnie.
Dans un lieu aussi bondé, trop d’émotions s’entrechoquaient dans son esprit. Raison pour laquelle il préférait sa propre compagnie à celle de la foule.
Une douleur l’assaillit.
… Je n’aurais jamais dû sortir avec ce con…
… Lui demander de danser ou, peut-être, parler d’abord à son amie…
… Idiot. Comme si j’en avais quelque chose à faire. Je vais lui montrer…
Plus il restait là, plus bloquer les sentiments décousus des individus sur la piste de danse devenait difficile et douloureux. Ressemblant davantage à des coups portés à l’aide d’une lame aiguisée qu’à de simples mots, ils le pénétraient, non pas l’un après l’autre, mais tous à la fois. L’impact aurait mis au tapis n’importe quel homme un peu moins robuste.
Mais Amaury était plus fort que les autres.
Il porta son attention sur les femmes qui semblaient seules. Il en cherchait simplement une qui attirerait son regard, une qui était venue pour s’envoyer en l’air. Service qu’il serait prêt à lui rendre sans hésitation.
Là, la petite brunette réservée. Non seulement elle avait l’air de se sentir seule mais en outre, elle semblait chercher désespérément une présence masculine à ses côtés.
Il descendit les escaliers et se fraya un chemin parmi les danseurs, laissant les sentiments de la femme le guider. Elle se balançait au son de la musique et leva les yeux vers lui lorsqu’il s’arrêta devant son corps svelte.
Amaury dégaina l’un de ses sourires les plus charmeurs. Associé à son regard ténébreux et à ses yeux bleus, il rendait la plupart des femmes incapable de lui résister. De quoi le vampire tirait toujours un potentiel maximum.
Danse avec moi.
Il bougea ses lèvres et transmit sa pensée dans l’esprit de la jeune femme. Elle croirait qu’il avait parlé alors qu’en réalité, elle n’aurait pu l’entendre par-dessus le boucan de la musique.
Elle sourit et hocha la tête. Un peu timide, oui, mais plutôt avenante. Passant un bras autour de la taille de cette dernière et l’autre sur son épaule, il l’attira plus près de lui. La tête de la jeune femme lui arrivait à peine au niveau de la poitrine, lui confirmant qu’elle mesurait au moins 30 cm de moins que lui.
Se laissant aller au rythme de la musique, Amaury bougea son corps contre le sien tandis qu’elle se collait à lui. Il put apprécier la sensation de la chair chaude à travers les vêtements courts de sa partenaire qui laissaient leurs cuisses se frôler, leurs reins se rencontrer.
Entouré par la foule la pression dans sa tête commença à monter et la douleur lancinante aux tempes s’intensifia. Comme une migraine invalidante, la douleur dictait ses actes. Néanmoins, il se battit pour ne pas succomber, repoussant constamment les limites de sa prison mentale.
Amaury n’aimait pas particulièrement danser et la musique qui passait n’était manifestement pas son genre mais il se força à danser avec la jeune femme pendant toute une chanson avant de faire le premier pas.
— Je veux être seul avec toi, lui murmura-t-il à l’oreille, inhalant l’odeur naturelle de sa peau luisante.
Bien sûr, il pouvait se la faire là, directement sur la piste de danse, mais alors devrait-il faire preuve de davantage de contrôle pour éviter les dégâts et il n’était pas d’humeur.
Il souligna ses mots en lui glissant la main sur les fesses tout en les caressant. Lorsqu’elle leva les yeux vers lui, il put lire le désir dans ses yeux et dans son esprit. Elle n’était pas particulièrement jolie, si l’on passait outre ses lèvres pulpeuses, idéales pour une fellation, mais elle était consentante et c’était tout ce dont il avait besoin. Il n’en attendait pas plus.
Sa verge était déjà en érection complète, tendant le bermuda qu’il portait façon commando. D’une main placée dans le creux des reins de la jeune femme, il la guida à travers la foule tout en collectant divers sentiments autour de lui.
La jalousie d’une inconnue le pénétra.
… Elle a chopé ce bellâtre ? C’est pas juste. Qu’est-ce qu’il est mignon !
Amaury observa la femme dont il avait capté les sentiments de jalousie et de désir. Elle voulait clairement prendre la place de la brunette. Il pourrait toujours revenir une minute ou deux si nécessaire.
Encore un petit moment et il se sentirait mieux. Sa poitrine se souleva en prévision tandis qu’il inspirait profondément et accélérait le pas, guidant la demoiselle vers la sortie.
L’allée était tranquille et sombre. Plusieurs palettes, avec des boîtes empilées en hauteurs diverses, s’alignaient sur un côté. Amaury balaya du regard la zone afin de s’assurer qu’ils se trouvaient bien seuls. Un sans-abri traînait dans un coin à l’entrée de l’allée, fouillant dans des poubelles.
Dégage.
Amaury vérifia que l’homme avait obéi à son ordre tacite et avait disparu de sa vue avant d’attirer la femme dans un coin derrière les boîtes.
— Qu’est-ce que tu fais ? gloussa-t-elle.
— Je t’embrasse, dit-il en baissant la tête vers elle. Tu as les lèvres les plus belles que j’ai jamais vues.
Le compliment fonctionna. Les lèvres d’Amaury ne rencontrèrent aucune résistance lorsqu’elles capturèrent celles de la jeune femme, les brûlant d’un baiser goulu. Sa langue se glissa derrière les lèvres entrouvertes de la brunette et s’entremêla à la sienne en quelques secondes.
Sans hésitation, il posa une main sur l’un de ses seins et il la caressa à travers le tissu fin, s’attardant sur son téton sensible afin que celui-ci durcisse. Il l’avait lue correctement : elle mourrait d’envie qu’il la touche, à tel point qu’elle cambra sa poitrine dans la paume de sa main, demandant plus.
— Oh, bébé, murmura-t-il contre ses lèvres. C’est si bon.
Il savait en connaissance de cause que les femmes répondaient mieux lorsque les actions physiques étaient ponctuées de termes affectifs.
Le corps de la jeune femme accueillit Amaury avec plaisir lorsqu’il lui passa la main sous la jupe courte et trouva son chemin jusqu’à ses sous-vêtements. Ses doigts glissèrent dans les boucles de la jeune femme et rencontrèrent ses replis moites.
Amaury s’empara du gémissement qu’elle laissa échapper. Cela ne prendrait pas très longtemps. Il réalisa combien elle avait soif de sexe lorsqu’il laissa ses doigts faire leur tour de magie. En la caressant et en roulant son clitoris entre son pouce et son index, il pouvait sentir son excitation grandir. Il ferait en sorte que cela en vaille la peine pour elle.
L’arôme de son excitation envahit ses narines et il inspira profondément. L’odeur l’aida à noyer les émotions qui le bombardaient, émotions provenant tant de la boîte de nuit que de l’extérieur. Mais cela ne suffisait pas. Sa tête continuait à lui faire mal.
Sans pour autant délaisser le principal petit plaisir de la jeune femme, il glissa un doigt dans son écrin humide. Ses muscles étaient délicieusement étroits. Personne n’avait rendu visite à cette partie de son anatomie depuis un bon moment.
Bougeant son doigt d’avant en arrière et assisté du nectar abondant de la brunette, Amaury fit en sorte de l’exciter jusqu’au bout. C’était le moins qu’il puisse faire en échange de ce qu’elle était elle-même sur le point de faire pour lui.
Elle retint son souffle tandis qu’il glissait un deuxième doigt en elle et il sut alors qu’elle était proche de l’orgasme. Quelques caresses plus tard, elle jouit, déversant encore plus de crème dans sa main, alors que ses muscles allaient de spasme en spasme.
— Hum, lui ronronna-t-il à l’oreille. Tout va bien, bébé ?
Sa fierté masculine était satisfaite mais pas le reste, ou du moins pas encore.
— Oh, bon dieu, oui ! répondit-elle en haletant bruyamment.
— Je parie que tu peux me rendre la pareille. Laisse-moi te donner à manger, bébé.
Sans attendre sa réponse, il ouvrit son pantalon et laissa sa verge dépasser. Malgré son poids, celle-ci se tenait en érection. Doucement, il prit la main de sa partenaire et l’amena vers son membre pour qu’elle l’enveloppe. Des mains douces qui n’arrivaient pas à l’entourer complètement ; trop de chair, trop de coffre.
— Tu en as une grosse.
Amaury secoua la tête. Il était parfaitement proportionné mais, ayant la carrure d’une armoire à glace, il était logique que sa verge fût également d’une taille supérieure.
— J’ai la taille idéale pour ta belle bouche.
Sans plus d’objection, elle s’agenouilla sur l’une des boîtes et approcha sa bouche vers lui. Il sentit sa langue hésitante toucher le bout de son érection une seconde plus tard.
— Oh oui, bébé. Je parie que tu peux me tailler la meilleure pipe de toute ma vie.
Les encouragements faisaient toujours mouche.
La langue de la brunette lécha sa verge sur toute sa longueur, avant d’en envelopper, de ses lèvres, la tête bulbeuse et de descendre, en glissant, le prenant tout entier dans sa bouche.
Il n’y avait rien de mieux que de sentir la chaleur et l’humidité d’une femme autour de sa verge. Au contact de la sensation émoustillante, il éjecta d’un coup l’air de ses poumons et se prépara en plaçant ses mains sur les épaules de la femme tout en commençant à bouger d’avant en arrière.
— Oh putain, bébé, tu es bonne.
Enfin, il parvenait à oublier le vacarme des émotions qui l’entouraient. Un sentiment de paix et de quiétude envahit alors son esprit et il se détendit, tandis que la pression dans sa tête se dissipait et que les sentiments envahissants commençaient à disparaître.
Amaury leva les yeux et, pour la première fois cette nuit-là, il remarqua la canopée d’étoiles dans le ciel nocturne. Elle était belle et tranquille, un miroir dans lequel son esprit pouvait se perdre. Les étoiles se tenaient là, dans un ciel clair et dégagé, à observer ses actes.
Aussi temporaire que se révèlerait être ce sentiment de tranquillité, Amaury en avait besoin pour garder ses esprits. Seul le sexe pouvait faire taire les émotions qui l’assaillaient à chaque minute de sa vie.
La bouche de la brunette faisait des merveilles sur lui. Il devenait plus dur à chaque caresse, à chaque fois que sa langue le léchait. Alors qu’elle le suçait plus profondément, il se mit à bouger plus vite en oubliant la douleur dans sa tête.
Au lieu de cela, il se concentra sur la chaleur humide qui l’enveloppait ; la douceur d’une femme, la promesse de quelques moments de béatitude. Conscient que le bonheur était hors de sa portée, un état qu’il n’atteindrait jamais, quelques secondes de contentement lui suffiraient.
— Bébé, ouais. On y est presque. Oh, ouais… Suce-moi plus fort.
Il pouvait clairement ressentir l’imminence de son orgasme. Tellement proche. Délicieusement proche.
La poche de la veste d’Amaury se mit à vibrer. Il l’ignora. Attrapant d’une main sa queue à la base et tenant l’arrière de la tête de la brunette de l’autre, il s’enfonça dans sa bouche encore plus franchement, mourant d’envie de se soulager. Il ne pouvait plus s’arrêter à présent ; pas alors qu’il n’était plus qu’à quelques secondes de son but.
J’en ai besoin. Maintenant.
Sa verge pulsait sous le besoin irrépressible.
— Serre-les-moi, lui demanda-t-il.
La main de la jeune femme attrapa ses boules. Le doux contact envoya une flamme brûlante dans ses reins tandis que les ongles de la jeune femme caressaient la bourse étroite.
Son téléphone portable vibra de nouveau. Sans s’arrêter, cette fois. Amaury recula légèrement et plongea la main dans la poche de sa veste pour en sortir le téléphone.
— Ah, putain, siffla-t-il lorsqu’il vérifia l’identité de l’appel entrant.
La femme arrêta de bouger instantanément.
— Pas toi, bébé. N’arrête pas, ordonna-t-il alors qu’il ouvrait le téléphone. Quoi ?
Il respira dans le combiné d’une voix rauque. Avec sa main sur la tête de la femme, il continua à enfoncer sa verge en elle alors qu’elle recommençait à le sucer profondément.
— Pourquoi tu ne décroches pas ton putain de téléphone ? beugla Ricky.
— Trou duc.
Le timing de son collègue ne pouvait tomber plus mal.
— Qu’est-ce que tu veux ?
— Réunion de crise chez Samson dans quinze minutes.
Amaury savait qu’il ne valait mieux pas louper une réunion avec son patron et néanmoins meilleur ami, Samson. Et s’il s’agissait d’une réunion de crise, c’est qu’il y avait des problèmes.
— Bien.
Amaury referma le téléphone et le remit dans sa poche. Quinze minutes, c’était peu de temps, mais il devait d’abord en finir avec la fille.
Il ferma les yeux et se concentra sur la sensation de la langue glissant le long de son engin, la douceur de la bouche et l’intensité des succions. Son érection s’intensifia une fois de plus et il s’enfonça encore plus profondément en elle, emplissant tellement sa bouche qu’elle s’étouffa presque.
Mais elle continua, sa bouche humide le tirant et le serrant étroitement alors que sa langue chaude courait le long de sa chair gonflée, exactement comme il aimait.
— Oh ouais, bébé. Tu aimes ma grosse queue, hein ?
Le murmure de la réponse de la brunette se répercuta dans sa peau en titillant ses sens. La senteur pêche du shampooing de la jeune femme s’engouffra dans son nez. Il sentit un fin duvet de transpiration apparaître sur son visage et dans son cou. Des petits ruisseaux de sueur se formèrent et coururent le long des stries des muscles du haut de son corps, se mêlant à la fine couche de poils sur sa poitrine.
Le cœur d’Amaury battit plus fort. Ses poumons pompèrent davantage d’oxygène à travers son système, tandis que son sang fonçait dans ses veines d’une manière tonitruante ; un violent crescendo semblable à la Cinquième Symphonie de Beethoven.
Puis, il sentit sa semence se précipiter à travers sa verge avant d’atteindre la bouche de la jeune femme de rapides jets pulsants.
Son orgasme fut court mais puissant. Il lui éclaircit les idées, prolongeant son sentiment d’apaisement de quelques minutes. Il ne ressentirait plus les sensations des personnes avec lesquels il entrerait en contact mais, au contraire, pourrait entendre son propre cœur ainsi que l’impression d’imperturbabilité qui l’enveloppait.
Pour quelques instants seulement. Puis, il serait de nouveau envahi par la douleur, la faim, la colère de tous ; en somme, toutes les émotions que les gens portaient en eux. Il ressentirait également leur amour, ce qui lui rappellerait ces choses qu’il était lui-même incapable de ressentir. Mais pour le moment, il était apaisé.
A contrecœur, il se retira de la bouche de la femme et remit sa verge toujours à moitié en érection dans son pantalon.
— Tu as été incroyable, il la couvrit d’éloges et l’attira dans ses bras.
Les lèvres de la brunette brillaient, éclaboussées par sa semence, et soudain, elle lui parut belle. Amaury lui repoussa les cheveux en arrière pour exposer son joli cou et la peau pâle qui l’appelait comme un rayon de lumière guidant un marin vers son port d’attache. Ses lèvres touchèrent la peau douce, puis sa langue sortit pour la lécher.
Elle gémit : un son si doux et suave que seule une femme satisfaite pouvait produire.
— Viens avec moi à la maison.
Amaury apprécia son invitation murmurée mais il n’avait aucune intention de l’accepter. Il voulait quelque chose de complètement différent. La veine battait sous ses lèvres d’un mouvement si subtil qu’un humain aurait à peine pu le percevoir. Mais ses propres sens étaient plus aiguisés que ceux d’un mortel.
Ses canines s’allongèrent, dépassant ses lèvres.
— Bébé, laisse-moi t’en prendre un peu.
Le bout pointu de ses canines se planta dans son cou et transperça la peau délicate. Pendant une fraction de seconde, la jeune femme se débattit, mais Amaury la retint prisonnière. Il attira son corps au sien, écrasant ses seins contre sa poitrine.
Alors que le sang de la femme envahissait sa gorge sèche, sa verge revint à la vie. Cependant, Amaury n’avait pas le temps de s’y adonner une seconde fois, même s’il ne désirait rien de plus que de s’enfouir dans l’écrin chaud de la brunette.
Il ne lui prit pas beaucoup de sang, juste assez pour se sustenter. Lorsqu’il sentit sa faim diminuer, il relâcha le cou de la brunette et lécha les plaies laissées par la morsure. Sa salive referma les deux petits trous instantanément. Au matin, elle ne porterait aucune marque visible de son repas, ni ne souffrirait d’aucun effet secondaire.
Puis, il la regarda dans les yeux et fit passer ses propres pensées dans l’esprit de la jeune femme.
Tu ne m’as jamais rencontré. Tu ne m’as jamais vu. Rien n’est arrivé. Rentre chez toi maintenant et va dormir. Et fais attention. Ne laisse aucun homme profiter de toi. Tu es belle. Tu mérites mieux.
Les yeux de la jeune femme se figèrent et il sut que cela avait fonctionné. Il lui avait effacé de la mémoire tout souvenir le concernant. Si elle le rencontrait dans la rue le lendemain, elle ne le reconnaîtrait pas. Pas même une impression de déjà vu ne s’emparerait d’elle.
Amaury se précipita dans les rues du centre-ville de San Francisco pour rejoindre un arrêt du Cable Car. Il sauta dans l’antique tramway qui l'emmena vers le haut de la colline escarpée, en direction de la maison de Samson.
Il aimait la multitude de quartiers que comptait San Francisco. La ville revêtait l’apparence d'une métropole où il était facile pour un vampire de se cacher. Avec une population aussi éclectique qu’une boutique de prêteur sur gages, San Francisco était l'aire de jeu idéale des vampires modernes. Leur comportement excentrique ou bizarre n'avait rien d'extraordinaire dans cette ville où même le maire était l'un d'eux.
La population des vampires de San Francisco s'accroissait progressivement, éprouvant le même attrait pour tout ce que les humains aimaient dans cette ville embrumée : une belle architecture, des vues magnifiques et des habitants ouverts.
Nombre de sociétés dirigées par des vampires avaient fleuri. Il y avait plusieurs boîtes de nuit branchées, un journal – le San Francisco Vampire Chronicle, distribué en toute discrétion aux foyers de vampires – des compagnies d’investissements et, bien sûr, la société nationale de sécurité de Samson, Scanguards, qui offrait les services de gardes du corps et de vigiles tant à des clients privés et des sociétés qu’à des dignitaires étrangers, des politiques ou bien encore des célébrités.
Le temps qu'Amaury atteigne la maison victorienne de Samson dans le quartier chic et relativement aisé de Nob Hill et qu’il entre avec sa propre clé, tout le monde s'était déjà rassemblé. Avant même d'entendre leurs voix, il ressentit le tumulte d'émotions dans la maison : colère, perplexité, confusion.
Son soulagement n'avait pas duré longtemps. La prochaine vague de douleur était déjà en train de grandir, tel un tsunami s'approchant de la Côte Pacifique. Amaury se reprit alors qu'il longeait le couloir lambrissé, menant au bureau privé de Samson, situé à l'arrière de la maison.
Adoptant son sourire habituel, il pénétra dans la pièce, gardant ses supplices pour lui-même, comme toujours. Bien que ses amis fussent au courant de son soi-disant don, ils n'avaient aucune idée de la douleur que celui-ci lui faisait endurer chaque jour et de ce qu'il devait faire pour empêcher sa tête d'exploser. Il ne voulait pas de leur pitié.
Tous pensaient que c’était un maniaque du sexe prêt à s'envoyer en l'air avec chaque femme sur laquelle ses mains pouvaient se poser, simplement pour s'amuser. En réalité, sans activité sexuelle, il serait devenu fou depuis longtemps et aurait tué la moindre personne qui se serait trouvée sur son passage. Le sexe signifiait sa survie et celle de tous ceux qui l'entouraient.
— Amaury, enfin, l'accueillit Samson, un soupçon de mécontentement perçant dans la voix.
Mesurant plus d'un mètre quatre-vingt mais bâti de manière beaucoup plus svelte que la large carrure d'Amaury, les mêmes cheveux noirs mais des yeux noisette perçants, son patron donnait, en tous points, l’image de l'homme puissant qu'il était.
— Samson, les gars, répondit Amaury en regardant autour de lui.
Tout le monde était là : Ricky, Thomas, Carl. Tous des vampires, comme lui.
Même Oliver, l'assistant humain de Samson, un jeune homme de vingt-quatre ans au teint frais, était présent. Et bien sûr Delilah, l’épouse humaine de Samson, avec laquelle ce dernier avait mélangé son sang.
Amaury lui sourit chaleureusement. Elle lui retourna son sourire en repoussant ses longs cheveux bruns derrière son épaule. Sa frêle carrure paraissait encore plus petite à côté de celle de son mari.
Amaury remarqua la manière dont Samson mit sa main sur celle de Delilah, un geste si instinctif qu'il douta que son ami s'en fût même rendu compte. L'amour qui irradiait du couple le mit presque à genoux. Il se ressaisit.
— De quel genre de crise s'agit-il ? demanda-t-il à la place.
— Thomas, connecte-nous à Gabriel, ordonna Samson.
Thomas tapa quelque chose sur le clavier puis s’éloigna de l'écran. Comme toujours, l'informaticien permanent de Scanguards portait sa tenue de biker préférée : du cuir, du cuir et encore du cuir.
— Gabriel, tu es en ligne.
Une seconde plus tard, Gabriel Giles, le chef des opérations au siège de Scanguards à New York, apparut sur le moniteur de l'ordinateur tourné, à cette occasion, de façon à ce que tout le monde le voie.
La présence imposante de ce dernier emplit l'écran. Ses longs cheveux noirs étaient attachés en arrière, en une queue de cheval, et la cicatrice qui s'étendait de son menton à son oreille droite semblait battre. Personne n'avait jamais osé lui demander de quelle façon il l’avait eue et Gabriel n'était pas du genre à donner des informations qui ne regardaient personne. Amaury savait seulement qu'elle provenait de l'époque où Gabriel était encore humain, étant donné que la peau d'un vampire ne pouvait porter de cicatrice.
— Bonsoir à tous, dit Gabriel d'une voix puissante et claire. On vient juste de nous alerter d'un problème. Il n'y a pas vraiment de manière simple de le dire alors voilà : un deuxième garde du corps a tué un client avant de se suicider.
Les murmures collectifs et les élans de perplexité diminuèrent rapidement, alors que les émotions continuaient à bouillonner, juste sous la surface.
— Comme vous vous en souvenez tous, il y a un mois, un des gardes du corps de chez Scanguards-San Francisco a tué le millionnaire qu'il protégeait avant de se suicider. Nous avons alors pensé qu'il s'agissait d'un cas isolé. Malheureusement, avec ce deuxième meurtre qui concerne un autre employé de San Francisco, nous ne pouvons nous permettre de mettre ça de côté et l'attribuer à un simple coup de folie. Quelqu'un nous cherche des embrouilles.
Samson hocha la tête
— Gabriel et moi avons parlé en début de soirée. Le flash d’informations de ce soir rendra l'affaire publique. Nous devons être prêts à faire face aux dommages collatéraux. Demain, les journaux iront jusqu'à nous réduire en miettes. Personne ne peut faire comme s'il ne s'agissait que d'une coïncidence. Et nous sommes quasiment sûrs que ça n'en est pas une.
— Des vampires qui s’abandonneraient à un besoin irrépressible de sang ? demanda Thomas.
Amaury leva la tête tout en écoutant. Un besoin irrépressible de sang. C’était ce qu'ils redoutaient tous en tant que vampires : le désir incontrôlable de prendre plus de sang que nécessaire, ce qui, en définitive, les pousserait au meurtre et à la folie.
Gabriel secoua la tête.
— Non. Les deux gardes du corps étaient humains.
— Aucun lien entre les deux ? demanda Amaury.
— Négatif, répondit Samson rapidement. Ou du moins rien que nous ayons eu le temps de voir pour l’instant. Hormis le fait qu'ils aient tous les deux été embauchés à San Francisco, ils n'ont a priori rien en commun.
— Je connaissais Edmund Martens. C’est moi qui l'avais embauché, dit Ricky.
Bien qu'il aimât se considérer comme un surfeur californien et qu’il avait adopté nombre de manies de son pays d’accueil, Ricky ne pouvait pas être pris pour autre chose que ce qu'il était : ses cheveux roux, son visage plein de taches de rousseur et plus encore son nom de famille, O'Leary, le trahissaient.
— Bon Dieu, Eddie était très prometteur. Mais quand il a tué ce client le mois dernier, j'ai pensé qu'il avait atteint le fond et qu'il s’en était retourné à ses vieilles habitudes.
— Quelles habitudes ? demanda Amaury.
— Enfance difficile… Il s’est enfui de sa famille d’accueil, s’est tourné vers le crime ; schéma habituel. Je n’aurais jamais cru qu’il irait si loin et tuerait quelqu’un. Il ne semblait pas être violent. Mais bon, parfois il s’en faut de peu pour que quelqu’un bascule. J’avais juste supposé qu’il en avait fini avec tout ça.
— C’était peut-être le cas.
Le regard inquiet de Samson parla de lui-même et leur fit comprendre à tous qu’il ne croyait pas que les deux gardes du corps humains étaient en faute.
— Qui est le deuxième type ? voulut savoir Ricky.
— Kent Larkin.
Ricky en resta bouche-bée.
— C’était juste un gamin. Il travaillait pour nous depuis à peine six mois.
— Un peu de plus de cinq mois, confirma Gabriel.
— Quelles preuves avons-nous de la culpabilité d’Edmund et de Kent dans le meurtre de leurs clients ?
Amaury avait besoin de faits. Il n’aimait pas tirer de conclusions hâtives.
— Un témoin oculaire dans le cas d’Edmund et le pistolet encore fumant pour Kent.
— Est-ce qu’on a des infiltrés dans la police ? demanda soudain Delilah.
Tout le monde la regarda.
— Eh bien, disons qu’il vaut mieux nous assurer qu’ils le sachent avant que ça ne devienne une affaire d’ordre public.
Depuis que Delilah avait mêlé son sang à celui de Samson, elle avait commencé à s’intéresser activement à la société. En tant que partenaire de sang-mêlé, elle avait tous les droits sur ce que possédait Samson et le fait qu’elle se mît à prendre part aux décisions importantes ne semblait pas déranger son homme le moins du monde. Après tout, elle était son égale.
Amaury était surpris du changement qu’il avait observé chez son vieil ami. Après deux cents ans de solitude, Samson n’avait aucun problème à s’adapter au mariage avec une femme de caractère. Amaury doutait que lui-même en serait aussi facilement capable, bien que cette question fût purement théorique. Amaury savait pertinemment qu’il ne mélangerait jamais son sang avec quiconque car il ne pouvait aimer véritablement quelqu’un.
— Je parlerai à G, dit Samson en faisant référence au maire. Je ferai en sorte qu’il nous tienne au courant.
Il regarda de nouveau l’écran.
— A quelle heure atterrissez-vous ?
— On est tous en route pour l’aéroport à l’heure qu’il est. On atterrira une heure avant le lever du soleil.
— Tu ne crois pas que c’est un peu exagéré ? demanda Ricky.
— Je n’avais pas le choix. Je devais d’abord mobiliser les troupes avant de me préparer moi-même.
— Tu viens, toi ? demanda Amaury, surpris.
Gabriel quittait rarement New York pour quoi que ce fût. S’il quittait la Côte Est à présent, c’était qu’il pensait que ces événements allaient devenir un problème majeur et s’il prenait le risque d’être dehors à une heure si proche du lever du soleil, il devait estimer que la situation frôlait la catastrophe.
— On ne peut faire confiance à personne au sein de la branche de San Francisco. Je viens avec trois de mes meilleurs gars : Quinn, Zane et Yvette. On mènera l’enquête à notre sauce. En dehors de ce groupe, on ne peut faire confiance à personne. Absolument personne.
— Gabriel a raison, confirma Samson. Si deux de nos gardes du corps humains ont tué leurs clients, ça veut dire que quelqu’un est derrière tout ça. Et tant qu’on ne sait pas qui ni pourquoi, on doit être très vigilant. Les employés voudront une explication. Ricky, tu organiseras une réunion du personnel dès que Gabriel et ses hommes seront ici. Tout le monde chez Scanguards est suspecté. Les humains comme les vampires. Carl, allez les chercher à l’aéroport.
Carl, majordome, chauffeur et homme à tout faire, dévoué de Samson, hocha la tête immédiatement ; de corpulence légèrement lourde, il était, comme toujours, joliment comprimé dans un costume noir.
— Amaury, tu vas avec Carl, ordonna Samson.
Amaury hocha la tête. Il n’avait pas vu ses amis de New York depuis très longtemps et rattraper le temps perdu lui offrirait une distraction face à la douleur. Non pas qu’il eût vraiment envie de revoir Yvette. Elle lui en voulait probablement toujours.
— Thomas, continua Samson. Je veux que tu télécharges les profils complets de tous les employés et que tu les fasses défiler dans une matrice les uns par rapport aux autres. Voyons ce qu’Edmund et Kent avaient en commun et utilisons ces critères pour le reste des employés. On a besoin de voir qui peut être également vulnérable face à ce qui arrive.
— Pas de problème, accepta Thomas. Je m’y mets tout de suite. Je travaillerai depuis le centre-ville.
— Oliver, tu es le seul qui puisse sortir pendant la journée. Je vais devoir me reposer énormément sur toi. Tu nous serviras d’intermédiaire.
Avant qu’Oliver ne puisse répondre, Delilah interrompit Samson.
— Attends, je peux sortir durant la journée, moi aussi.
Même si Delilah avait mêlé son sang à celui de Samson et bu celui de ce dernier, elle était demeurée humaine sauf pour une seule chose : elle ne vieillirait plus tant que son homme serait vivant.
— Hors de question, répliqua Samson. Tu ne te mêleras pas de cette affaire.
— C’est également ma société, dit-elle en mettant les mains sur les hanches.
— Ce que je ne nie pas. Mais tu ne te mettras pas en danger. Pas dans ton état.
— État ? s’entendit demander Amaury en devinant immédiatement la réponse à sa question.
Tout le monde dans la pièce jeta un regard interrogateur au couple.
Samson sourit fièrement, de toutes ses dents.
— Je crois qu’on a vendu la mèche.
Il prit Delilah dans ses bras.
— Delilah est en train de faire de moi l’homme le plus chanceux du monde. On va avoir un bébé.
Samson était un sacré veinard. Amaury secoua la tête.
— Félicitations.
Alors que les amis félicitaient le couple, Amaury regarda Samson tenir sa femme près de lui tout en lui murmurant à l’oreille. Il n’avait pas besoin d’entendre ce que Samson disait car les émotions émises par les deux le heurtèrent de plein fouet comme une brique tombant d’un gratte-ciel.
La pression sur ses tempes augmenta. S’il ne se défaisait pas de leur présence rapidement, sa tête allait exploser.
L’amour était le sentiment le plus dévastateur qui perturbait l’esprit d’Amaury. Il n’était pas du tout jaloux de Samson, parce qu’il ne portait aucun intérêt de cet ordre envers Delilah, mais il ne pouvait tout simplement pas supporter leur présence trop longtemps. Dès que l’amour d’autres personnes bombardait son esprit, la douleur qu’il ressentait était absolument insupportable. Maudit de ne pouvoir retomber amoureux lui-même, son esprit ne pouvait supporter ce sentiment et réagissait uniquement avec douleur et rejet.
Malheureusement, la réunion n’était pas encore terminée. En outre, il était arrivé en retard. Partir tôt était hors de question. Après tout, il était responsable de la société et il s’y intéressait. Il devait gérer la crise.
Amaury s’agrippa au bureau ancien qui se trouvait derrière lui pour garder l’équilibre et il essaya de se distraire pour oublier la violente migraine qui martelait sa tête. Laissant sa bouche se retrousser en un faux demi-sourire pour masquer sa tourmente, il s’adressa à Gabriel via le moniteur.
— Est-ce que d’autres branches ont rapporté des problèmes ?
— J’envoie du renfort à Houston, Seattle, Chicago et Atlanta. Pour le moment on ne sait pas si uniquement San Francisco va être touché. Mais on n’est jamais trop prudent. Plus tôt on trouvera qui ou quoi est derrière ça, mieux ce sera pour tous. Il ne faut pas que ça se propage. On sera foutu, sinon.
Samson sourit gravement, Delilah toujours à ses côtés.
— Tu as raison. La société ne pourra se remettre d’une telle publicité. Et si la police ainsi que la presse fouillent trop en profondeur, on va avoir des ennuis. Aucun de nous ne peut se permettre de s’exposer pour ce qu’il est. Donc, à la moindre incartade de sécurité de la part d’un humain, effacez leur mémoire. C’est indispensable. Aucune exception.
— Et on ne peut pas se permettre d’avoir plus de morts, ajouta Delilah.
— Jusqu’à ce que cette affaire soit résolue, on devrait réduire au minimum nos contacts avec les humains.
Samson n’eut pas besoin de le regarder pour qu’Amaury comprenne que la remarque lui était adressée. Facile à dire pour son ami : il avait son épouse humaine à ses côtés, jour et nuit.
Il reçut cependant le message cinq sur cinq. Amaury devait se tenir à l’écart des humaines. Mais quelles possibilités cela lui laissait-il ? S’envoyer en l’air avec les femmes-vampires qui ne l’avaient pas encore jeté hors de leur lit ?
Ce n’était pas qu’il n’assurait pas, mais nombre de femmes-vampires avaient des attentes d’un point de vue émotionnel. Pourquoi, soudainement, elles s’étaient toutes mises à avoir besoin d’affection au point d’en devenir collantes, il n’en avait aucune idée. Bien sûr, l’adaptation à la vie moderne avait sa part de responsabilité. Comme si l’objectif était d’imiter les humains.
Il n’allait certainement pas devenir l’un de ces crétins qui se transformait en guimauve dès qu’il posait les yeux sur une femme, pas même s’il était capable d’aimer ; ce qui était impossible, bien sûr.
Nina ramena complètement la capuche de son sweatshirt noir sur sa tête. Pour la centième fois cette nuit-là, elle replaça une mèche de ses cheveux blond cendré derrière son oreille. Si elle continuait à laisser pousser ses cheveux, elle pourrait bientôt les attacher en queue de cheval. Cependant, les cheveux longs n’étaient pas pratiques, surtout lors d’un combat.
De toute façon, elle n’était pas très féminine. En outre, du haut de son mètre soixante-quinze, elle n’était certainement pas petite, ce pour quoi elle était reconnaissante, surtout depuis qu’elle devait faire face à des costauds.
Le brouillard s’était dissipé quelques heures plus tôt, faisant de cette nuit étoilée, mais sans lune, une nuit magnifique. Presque tranquille dans son immobilité, celle-ci veillait sur la ville endormie.
Depuis sa cachette de l’autre côté de la rue, Nina continua d’observer la belle demeure victorienne. Un peu plus d’une heure plus tôt, elle avait vu plusieurs d’entre eux entrer et aucun n’était encore ressorti.
Eux. Elle savait ce qu’ils étaient. Un mois plus tôt, elle avait fouillé dans les affaires de son frère et en était parvenue à une conclusion qu’elle avait de prime abord pensé impossible. Elle avait immédiatement repoussé l’idée, la jugeant absurde. Mais plus elle y avait repensé, plus elle avait creusé et plus tout lui avait semblé clair.
Elle avait trouvé des notes dans le carnet d’Eddie, des dessins d’armes et de symboles étranges. Et dans la marge d’un livre sur le paranormal, il avait annoté davantage de choses encore. De plus, sous son matelas, elle avait trouvé une liste de noms. A côté de chacun d’entre eux, il avait indiqué soit Humain soit Vampire.
Au moment où Nina avait lu le mot, elle avait pensé qu’Eddie était devenu fou. Et pendant un court instant, elle avait cru qu’il était réellement coupable de ce dont on l’accusait. Une maladie mentale pouvait en être la raison. Mais il n’avait jamais fait preuve d’instabilité. Eddie n’était pas fou ; non, cela, elle ne pouvait pas le croire.
Alors elle avait creusé plus profondément et avait suivi ceux qu’il avait classés parmi les vampires sur sa liste. La plupart travaillait pour Scanguards.
Nina renifla et s’essuya le nez dans la manche de son sweatshirt. Ses vêtements noirs la faisaient se fondre dans le décor, constitué d’une porte derrière elle. On ne pourrait pas la remarquer, même si l’on regardait dans sa direction.
Les semaines qu’elle avait passées à suivre ceux qu’elles suspectaient d’être des vampires s’étaient transformées en une véritable course de fond. Jusqu’à présent, elle s’était tenue suffisamment à l’écart pour ne pas se mettre en danger mais ce soir-là, elle devrait se rapprocher.
Le bruit d’une porte qui s’ouvre extirpa Nina de ses pensées. Un rapide coup d’œil à la grande maison victorienne lui confirma qu’il s’agissait de l’un des vampires : le plus grand d’entre eux, Amaury.
Elle l’avait suivi plusieurs fois, avait trouvé où il habitait et avait essayé de deviner son point faible. Elle n’était pas emballée à l’idée qu’il fût le premier contre lequel elle devrait se battre mais peut-être était-ce ainsi que les choses devaient se passer, après tout. D’abord se débarrasser du plus gros, du plus mauvais vampire ; en comparaison, les autres seraient ensuite on ne peut plus faciles à maîtriser.
Nina le regarda descendre les marches du porche en titubant, presque comme s’il avait bu. Il s’arrêta sur le trottoir et se ressaisit contre le portail situé à sa droite. La lumière du réverbère éclaira son visage. Au lieu du large sourire qu’il affichait si souvent en compagnie des autres, son visage était tordu, des sillons profonds autour de sa bouche et de ses yeux créant un masque de douleur.
De la douleur ? Elle fronça les sourcils. D’après ce qu’elle savait des vampires, elle était certaine qu’ils ne ressentaient presque pas de douleur, voire pas du tout. Pourtant, Amaury, les mains pressées fermement contre ses tempes, semblait être en proie à une forte migraine.
En retenant son souffle, elle regarda la poitrine d’Amaury se soulever, puis retomber, tandis qu’il inspirait et expirait profondément. Il y avait quelque chose de terriblement humain, presque vulnérable, chez lui, qui fit se contracter la poitrine de Nina en signe de sympathie. Mais elle se défit immédiatement de cette impression. Quelques secondes passèrent avant qu’il ne se redressât, le visage de nouveau normal.
Nina, tout en le suivant, resta à une distance raisonnable derrière lui, l’asphalte mouillé absorbant le son de ses chaussures à semelle souple. Elle comprit qu’il rentrait chez lui lorsqu’elle vit la direction qu’il prenait. La raison pour laquelle il vivait dans le Tenderloin, l’un des quartiers les plus glauques de San Francisco, alors qu’il aurait certainement pu se payer un logement dans un meilleur coin, était un mystère pour elle. Ses vêtements, bien que décontractés, paraissaient coûteux. En outre, elle l’avait vu une fois dans sa voiture, une Porsche.
Alors qu’elle le suivait vers le bas de la colline, pénétrant lentement les faubourgs les moins agréables de la ville, où nombre de sans-abris et de drogués se regroupaient, elle avait déjà arrêté son choix quant à l’endroit où elle l’attaquerait. Patiemment, elle attendit le bon moment, alors que chaque pas la rapprochait du lieu où elle aurait un avantage certain sur Amaury.
Nina évita un autre sans-abri inconscient sur le trottoir. L’odeur d’alcool et d’urine lui sauta au nez. Soudain, l’homme saoul remua et grogna, ce qui la fit sursauter. Une vague d’adrénaline déferla dans ses veines. Elle jeta un œil à l’homme au sol, prête à se défendre si nécessaire, mais il était dans les vapes. Lorsqu’elle leva de nouveau les yeux, Amaury venait de tourner au coin. Elle entraperçut juste le rabat de son long manteau.
Immédiatement, elle accéléra le pas. Elle ne pouvait se permettre de le perdre si près du but. Le lieu qu’elle avait repéré quelques jours auparavant se trouvait à deux pâtés de maisons de là.
Le vieil escalier hors d’usage qu’elle avait découvert menait au toit d’un immeuble abandonné composé d’un seul étage dont l’un des coins en diagonale offrait un angle de vue parfait sur une allée étroite ; une allée qu’Amaury aimait emprunter. Lorsqu’il y passerait, elle lui sauterait dessus depuis le toit et le poignarderait.
Nina glissa une main dans sa poche et toucha le pieu. Le bois était lisse et elle le caressa comme elle aurait caressé un amant avant de le prendre en main.
Amaury LeSang, tu seras un vampire mort dans une minute.
C’était un homme si grand. Et pourtant, ce serait un objet aussi petit qu’un pieu qui le mènerait à la mort. C’en était presque poétique. Malgré leur force et leurs pouvoirs, les vampires étaient étonnamment vulnérables face à quelque chose d’aussi simple qu’un morceau de bois. Il y avait une justice dans ce monde, en fin de compte. Et elle y ferait appel ce soir-là.
Elle prit le coin de la rue où Amaury avait tourné quelques secondes plus tôt. La rue étroite était déserte et sombre. Nina s’arrêta. L’avait-il malgré tout remarquée et commencé à courir dès qu’il avait disparu de sa ligne de mire ?
Elle scruta le trottoir et les portes. Rien, hormis un couple de sans-abri qui se disputaient et un adolescent caché dans la pénombre, probablement en train d’attendre son dealer, s’il n’en était pas un lui-même. Aucun bruit ni aucun signe d’une quelconque présence dans le coin. Un frisson glacé courut le long de sa colonne vertébrale, s’étendant inconfortablement à tout son corps.
Le coin de l’allée se trouvait à un pâté de maisons. Peut-être l’avait-il déjà atteint et l’avait-il pris. Quelques pas plus tard, Nina passa sous la petite arche, située à sa droite et qui menait au vieil escalier. Elle grimpa les marches deux par deux. Si elle se dépêchait, elle serait en place juste à temps pour frapper.
Elle accéléra le pas et avala les dernières marches avant que l’escalier ne tournât de manière quelque peu brutale. Elle courut rapidement sur le toit et atteignit le point de vue privilégié depuis lequel elle pouvait observer l’allée étroite en-dessous. Elle savait qu’Amaury aimait prendre ce raccourci pour rentrer chez lui. Elle l’avait vu faire de nombreuses fois.
Cependant, il ne se trouvait pas dans l’allée, cette fois-ci. Elle l’avait raté. Tant de travail accompli pour rien cette nuit-là. C’était du pur gâchis.
Mince !
Frustrée, Nina tapa du pied et expira l’air contenu dans ses poumons. Un léger bruit derrière elle la fit se retourner. Seule la rapidité de sa réaction lui permit d’éviter de se faire prendre par derrière mais la grande main attrapa cependant son bras. Elle retint son souffle et la peur la prît à la gorge sous l’effet inattendu d’un tel contact. Sans même lever les yeux vers le visage de son assaillant, elle savait à qui elle avait à faire.
Amaury avait la carrure d’une armoire à glace : il était dur, inflexible et imbattable. Elle sentit comment toute la force primaire du vampire envoyait des décharges électriques le long de sa peau. Une inquiétude réelle la parcourut. Si elle ne provoquait pas d’effet de surprise, elle n’aurait aucune chance de gagner un combat contre lui. Il pouvait facilement l’écrabouiller et elle lui résisterait autant qu’un brin d’herbe face au vent.
Dorénavant, s’échapper était la seule solution qui s’offrait à elle. Elle n’était pas assez fière ou stupide pour traîner là plus longtemps.
D’un mouvement rapide, elle tourna le bras et se dégagea, l’obligeant à la lâcher. Un coup ferme porté à ses tibias et elle s’enfuit, poursuivie par des jurons étouffés. Quand elle sentit la main du vampire sur son sweatshirt, Nina prit appui sur sa jambe et se retourna sur l’autre pied en utilisant ses deux bras pour le forcer à lâcher ses vêtements. Mais elle avait sous-estimé sa force. A vrai dire, elle avait sous-estimé la force de n’importe quel vampire.
— Bon sang, mais qui es-tu ? cracha Amaury.
Le grondement sourd de sa voix la fit frissonner et elle en eut la chair de poule.
— Et pourquoi tu me suis ?
De sa carrure imposante, il la surplombait d’une tête, la réduisant à presque rien. Une main toujours sur son sweatshirt, il retira la capuche de l’autre, ignorant ses bras qui se débattaient. Les boucles blondes tombèrent. En vain, Nina essaya de retirer la main d’Amaury lorsqu’il plaça celle-ci sous son menton afin qu’elle le regardât.
— Mais tu es une femme !
Ses yeux s’écarquillèrent tandis qu’il la regardait. Elle profita de ce moment d’hésitation de la part du vampire pour se dégager de son emprise et s’enfuir, mais, à peine avait-elle fait deux pas que les bras d’Amaury la rattrapèrent pour la maintenir en place, plus fermement cette fois, la coinçant contre sa carrure d’acier. Il la retourna. Tout en pinçant ses lèvres en une ligne fine, elle le regarda et plongea son regard dans les yeux les plus bleus qu’elle eût jamais vus.
Nina avait toujours observé Amaury de loin, en se tenant à distance. C’était la première fois qu’elle se trouvait à quelques centimètres seulement de son visage et de son corps massif. Il était grand et musclé, avait des os épais et des épaules larges. Mais son corps n’avait pas le moindre gramme de graisse. Ses cheveux étaient mi-longs et noirs comme les plumes d’un corbeau et leurs pointes bouclaient légèrement.
Mais ce n’était ni ses cheveux ni son corps musclé qui attirait son attention, pas même ses mains qui la gardaient prisonnière contre sa volonté. C’étaient ses yeux. Aussi bleus et profonds qu’un océan, ils l’observaient, l’hypnotisant.
Peut-être aurait-elle pu se dégager de ses mains d’une façon ou d’une autre mais pas de ses yeux. Ni de la courbe sensuelle de sa bouche, de la rondeur de ses lèvres ou de sa mâchoire carrée. Même son nez était parfaitement proportionné à sa carrure, long et droit ; presque grec.
Jamais dans sa vie elle avait fait face à un homme aussi beau et sensuel à la fois. Malgré la situation critique dans laquelle elle se trouvait, captive d’un vampire, elle ne se débattit pas pour se dégager de ses bras ni s’éloigner de son corps. Au contraire, elle se surprit à se pencher en avant, à s’approcher de lui pour goûter à la chaleur qui émanait de son corps. Amaury sentait la terre et le cuir ; une odeur purement masculine. Le ventre de Nina se noua en réponse tandis que sa réaction dévergondée faisait retentir un signal d’alarme dans sa tête.
Mais que diable était-elle en train de faire ? Elle était censée se battre contre lui comme si sa vie en dépendait, pas le regarder comme le ferait la groupie d’une rock-star. Il représentait l’ennemi, l’un des hommes responsables de la destruction de sa petite famille. Pourquoi son corps ne bougeait-il pas, quand elle aurait dû tenter une prise de karaté pour s’échapper ?
Les yeux étroits et aiguisés du vampire la jugeaient, l’observant avec suspicion, malgré son silence. Elle ne pensait pas qu’il pût être choqué par le fait qu’une femme l’ait suivi. Cependant, quelque chose l’empêchait de parler.
Nina baissa les yeux pour regarder la bouche d’Amaury et vit ses lèvres comme une invitation. Des lèvres fermes et sensuelles qui l’invitaient à venir les effleurer, au moins pour confirmer qu’elle n’était pas en train de rêver devant le prince charmant qui se trouvait en face d’elle.
Non. C’est toujours l’ennemi. Un mauvais vampire.
Elle pouvait résister à la tentation. Elle était forte. Jusqu’à ce qu’il expira et qu’elle se perdit dans son souffle ; musqué et naturel. Son odeur était enivrante et avait l’effet d’une drogue, comme si elle contenait une substance destinée à lui monter à la tête. Humidifiant ses lèvres sèches, désormais incapable de penser clairement, elle se redressa vers lui et inclina son visage. Etait-il lui aussi en train de se pencher vers elle ou était-ce une illusion ?
Vraiment un mauvais vampire.
Et pourtant, si séduisant.
Non !
Elle devait lutter contre cela, contre lui.
Improvise !
Oui, elle devait retourner la situation à son avantage. Trouver sa faiblesse.
Réfléchis ! Tu es une femme intelligente, bon sang, réfléchis !
C’était exactement cela : une femme. Elle était une femme et sa faiblesse à lui était la gent féminine. Elle l’avait vu en compagnie de nombre d’entre elles. Oui, elle pouvait utiliser cela. Il y avait des chances pour que cela marche.
Ou j’ t’explose à la figure.
Nina n’écouta pas sa conscience emplie de doutes. Au lieu de cela, elle se pencha davantage en avant, encore plus près de son visage parfait et pressa ses lèvres contre les siennes.
Amaury sembla surpris, ses lèvres demeurant un moment immobiles. Mais ses mains finirent par relâcher leur poigne d’acier des bras de Nina et il l’attira vers lui. Une main embrassa sa taille tandis que l’autre retenait sa tête, les doigts forts d’Amaury s’enfonçant dans les boucles de ses cheveux comme un amant se devait de le faire. Le cœur de Nina bondit, soulagé ; cela fonctionnait. Elle serait capable de le distraire, puis de s’échapper.
Mais au moment où les lèvres d’Amaury répondirent aux siennes et que la langue de ce dernier l’envahît, son corps prit le dessus. Le baiser qu’il lui offrit lui mit le cerveau en mode « éteint » et condamna toute pensée saine qu’elle avait pu avoir, balayant de son esprit son plan brillant comme s’il n’avait jamais existé.
* * *
Amaury attira l’humaine plus près de lui, écrasant ses seins contre sa poitrine. Sous sa main, ses boucles blondes et courtes étaient aussi douces que de la soie.
Dès qu’il sentit les lèvres de la jeune femme s’entrouvrir sous la pression, il y répondit par un gémissement guttural. Puis, il l’embrassa à son tour. Elle accueillit sa langue avec la sienne, l’invitant à l’explorer. Il ne la décevrait pas. Inclinant la tête, il chercha une pénétration plus profonde et vit que la femme y répondait avec plaisir.
Dans ses vêtements sans forme, il l’avait prise pour un délinquant juvénile et certainement pas pour la femme chaude et emplie de désir qu’elle se révélait être. Mais ce qui l’avait vraiment pris au dépourvu était le fait qu’il ne pouvait atteindre les émotions de cette dernière, ce qui s’avérait à la fois fascinant et quelque peu énervant.
Pour une fois, il pouvait embrasser une femme sincèrement, sans penser à son besoin de se soulager. Apprécier le baiser qu’il partageait avec elle était semblable à un cadeau béni des cieux. Un baiser ardent, passionné et empli de désir. Il n’avait aucune idée de la raison pour laquelle elle l’avait embrassé, ni de qui elle était ou de ce qu’elle voulait, mais son corps serré contre le sien paraissait être exactement à sa place.
La main d’Amaury, n’obéissant qu’à elle-même, se glissa sous la taille de la jeune femme et lui caressa les fesses. D’un grognement, Amaury la serra contre son érection grandissante et prit le contrôle.
Ses lèvres avaient le goût de la vanille et de l’innocence. Il inspira profondément son odeur et la laissa l’envahir. Des vagues de plaisir déferlèrent en lui, ravivant le désir qu’il gardait toujours à portée de main. La saveur de la jeune femme était enivrante, on ne peut plus féminine et indescriptiblement sexy. Non désireux de la relâcher, il explora les cavités de sa bouche tel un barbare à l’assaut.
Au lieu de s’écarter et de prendre ses distances avec cette attaque, elle passa ses bras autour du cou d’Amaury comme pour s’assurer qu’il n’arrêterait pas. Aucune chance que cela n’arrivât tant que sa verge pulserait ainsi, sous le besoin, et que la langue de cette inconnue lui enverrait des petites décharges dans le corps, chaque fois qu’elle s’approcherait de lui. Cette femme savait comment rendre un homme fou en l’embrassant.
Sa douce saveur lui rappelait l’ambroisie, tel un plaisir perdu depuis si longtemps qu’il en avait oublié le goût. Elle le faisait se replonger dans des souvenirs enfouis depuis longtemps déjà et lui procurait des sensations comme aucune autre femme ne l’avait fait au cours des quatre siècles précédents.
De ses mains gourmandes, il s’empara de la chaleur et de la douceur d’une femme débordante de passion, une femme qui pouvait correspondre à ses besoins. Les bruits de plaisir qui émanaient d’elle étaient semblables aux petites explosions d’un feu d’artifice, augmentant davantage encore son désir. Cela le poussait à convoiter des choses qu’il n’avait jamais osé connaître : l’intimité, l’affection, la chaleur.
Amaury s’empara du gémissement suivant et l’avala, tandis que celui-ci ricochait sur les cavités de sa poitrine, rebondissant contre ses poumons et son cœur froid. Alors, l’espace d’un instant, une flamme se raviva là où son cœur battant reposait, presque glacé.
L’instant suivant, l’organe se mit à battre plus vite qu’il ne l’avait jamais fait. Mais, une seconde plus tard, il entendit un bruit derrière lui.
Danger !
Par réflexe, il la lâcha instantanément et se retourna. Derrière lui ne se trouvait rien d’autre que la pénombre. Personne d’autre n’était sur le toit à part eux deux.
Lorsqu’il se retourna de nouveau vers elle, elle avait déjà pris ses distances et courait vers le bord de l’immeuble. Une seconde plus tard, elle était partie. Il entendit un bruit sourd et le suivit. Alors qu’il atteignait le rebord, il regarda en bas. A ses pieds, se trouvait l’allée qu’il prenait si souvent pour rentrer chez lui et là, au bout, la femme, qui s’enfuyait.
— Attends, l’appela-t-il. Qui es-tu ?
Mais elle avait déjà tourné au coin de la rue et était à présent hors de vue. Amaury déglutit. Il avait toujours son goût sur la langue et pouvait toujours sentir le fantôme de son corps suave contre le sien. Que diable venait-il de se passer ?
Il secoua la tête. En général, c’était lui le séducteur. Mais cette fois-ci, une femme avait inversé les rôles. Et il aimait cela. Beaucoup. Dommage qu’elle ne fût pas allée plus loin. Pourquoi s’était-elle soudainement mise à courir, alors que tout allait si bien ?
Et pourquoi n’avait-il pas été capable de ressentir ses émotions, pas la moindre de ses émotions, alors qu’à peine une minute auparavant, sa tête le lançait douloureusement ?
L’unique raison pour laquelle il avait su qu’elle le suivait était parce qu’il avait entendu ses pas, mais son esprit était demeuré on ne peut plus silencieux ; en tout point. Comme si elle était dépourvue d’émotions. Cependant, son baiser passionné avait affirmé exactement le contraire.
Peut-être lui arrivait-il quelque chose. Était-ce possible que les séances avec le docteur Drake l’eussent aidé d’une manière ou d’une autre ? Cela pouvait être un début, un signe comme quoi sa malédiction était en train de s’éteindre.
Lorsqu’il se retourna pour se diriger vers les escaliers, quelque chose le fit trébucher. Il se redressa immédiatement avant de se pencher pour ramasser l’objet. Le souffle coupé, son cœur sauta dans sa poitrine. Au moment-même où ses doigts étaient entrés en contact avec le morceau de bois, il avait su de quoi il s’agissait. Comme à tout vampire, la forme lui était bien connue. Cette forme, ils la craignaient tous.
Un pieu en bois.
Malgré les efforts constants qu’il fournit le reste de la nuit, lorsque vint le moment de retrouver Carl, Amaury n’avait pas retrouvé la moindre trace de la mystérieuse femme. En réalité, il avait passé tellement de temps à la rechercher qu’il en avait négligé ses autres obligations. Cette sacrée femme l’avait mis sens dessus dessous et cela l’avait rendu irritable.
Cette petite salope l’avait embrassé tout en sachant pertinemment qu’il était un vampire. Et pourquoi ? Afin de pouvoir le tuer. Elle l’avait complètement distrait. Avec un baiser !
En tant qu’expert du sexe et de tout ce qui s’y rapportait, il était celui qui, d’entre tous, aurait dû être le mieux immunisé face à de telles distractions. Se jouer de lui comme s’il était un parfait idiot ! Le culot que cette femme avait…
Elle était bonne pour une déculottée dès qu’il la retrouverait. Et il finirait par la retrouver. Alors, les masques tomberaient et il lui donnerait ce qu’elle méritait. Elle aurait droit à une dose mortelle d’Amaury.
Personne ne se moquait d’Amaury LeSang, ou du moins personne ne s’en tirait à bon compte. Encore moins une humaine.
Le bruit d’un klaxon l’avertit que Carl avait sorti la voiture. Amaury ouvrit la porte de la limousine noire et s’installa sur le siège passager.
— La voiture a l’air sale, réprimanda Amaury.
Le visage de Carl reflétait l’agacement. Parfait. Deux vampires énervés, ensemble, dans une même voiture. La nuit ne pouvait décidément pas mieux aller.
— Je sais. Cette entreprise en bâtiment qui ne sert à rien a bloqué l’entrée du garage alors j’ai dû garer la voiture dehors. Ça ne me surprendra qu’à moitié si je retrouve des accros sur la peinture.
— Ouais, ça craint.
Son commentaire ne s’adressait pas à Carl mais à lui-même. Que diable cachait cette femme ? Pourquoi l’embrasser ainsi, avec une telle passion, comme si elle était on ne peut plus sincère, quand tout ce qu’elle voulait était le tuer ? Même des heures après son baiser, il pouvait toujours ressentir sa saveur et cela le rendait fou.
— Tu as visité des maisons, ce soir ? demanda Carl.
En tant qu’agent immobilier personnel de Samson, Amaury était en charge des investissements en immeubles de Scanguards ainsi que des propriétés privées de son ami et patron.
Amaury secoua la tête.
— Un imprévu.
Oui, sa queue.
Qui, d’ailleurs, était toujours dressée. Le simple fait de penser à la petite diablesse blonde le tenait sur ses gardes à tout moment.
— Je n’en ai pas eu l’occasion mais il y a plusieurs maisons qui viennent d’arriver sur le marché. Quelques-unes pourraient convenir à Samson et Delilah. J’irai les voir demain soir. Avec l’arrivée du bébé, ils auront manifestement besoin de plus d’espace, maintenant.
Il plongea la main dans sa poche. En prévision des visites, il avait prit son passe-partout avec lui. Cela lui permettait d’accéder aux maisons en vente sans requérir la présence de l’agent immobilier. Un système bien pratique, surtout puisqu’il ne pouvait les visiter qu’à la nuit tombée. Et heureusement, le mythe médiéval selon lequel les vampires avaient besoin d’être invités dans une maison pour y entrer était faux ; ou alors devenir agent immobilier n’aurait pas été le choix de carrière le plus pertinent pour un vampire.