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Extrait : "A. Savez-vous, M. B., ce qu'on m'a dit de vous?... Que vous étiez spirite! Vous pensez bien que je n'en ai rien cru. Je vous connais trop sérieux pour donner dans de pareilles billevesées ; cependant, j'ai été bien étonné que M. X., non moins sérieux que vous, me l'ait assuré si formellement."
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Seitenzahl: 103
Veröffentlichungsjahr: 2015
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EAN : 9782335054033
©Ligaran 2015
Qu’est-ce que le spiritisme ? C’est un ensemble de faits et une théorie explicative de ces faits. En un mot, c’est une science.
Aujourd’hui, la réalité des faits spirites, du moins de la plupart, est enfin généralement admise ; on pourrait compter les négateurs. Mais la théorie spirite est loin d’être aussi universellement acceptée.
Il ne suit pas de là qu’elle soit fausse ou vraie, mais seulement qu’il y a des aveugles volontaires ou involontaires, c’est-à-dire des gens ignorants et d’autres de parti pris ; ou bien que la théorie spirite n’est pas assez clairement démontrée pour être admissible, que trop de fumée obscurcit encore la lumière qui doit jaillir des faits.
Il importe donc de dégager le métal de sa gangue, de séparer le principal de l’accessoire, d’extraire la quintessence du spiritisme, c’est-à-dire de choisir parmi les faits ceux qui sont en même temps les plus simples et les plus convaincants, et de les ramener à la théorie la plus rationnelle, à celle qui suffit à tous les faits et les explique tous.
C’est ce que j’ai essayé de faire dans cet opuscule.
Tous les faits rapportés ici ont été obtenus, la plupart très souvent, en divers temps, par divers médiums, en présence de nombreuses personnes, les unes mortes aujourd’hui, les autres encore vivantes. Chacun peut facilement obtenir les mêmes phénomènes ou d’autres analogues. J’ai vu bien d’autres phénomènes, et beaucoup de personnes en ont vu de plus forts ; mais pour la raison susdite, je ne relate que les plus simples et les plus probants, ceux qui peuvent être obtenus sans grands frais ni appareils dispendieux de contrôle.
Toute théorie a pour fin de relier les faits entre eux et d’établir leurs rapports avec le sujet connaissant, de les ramener à l’unité, à un seul principe qui les contienne tous. « Il n’y a de science que de l’un », a dit Aristote.
Le spiritisme est donc une science, quoi qu’en disent plusieurs, et comme on espère le démontrer plus loin. Il serait même fort à désirer que les autres sciences, sans en excepter les sciences physiques, fussent aussi solidement constituées, que les hypothèses sur lesquelles on les a édifiées fussent aussi rationnelles.
Le spiritisme est aussi – et par conséquent – une religion. Il en est d’ailleurs ainsi de toute vraie science, puisque son but est de relier les choses entre elles et avec l’homme. Toute théorie, la racine du mot le dit, rattache les choses à leur source, à Théos.
Il n’y a pas solution de continuité réelle entre la science et la philosophie, entre la philosophie et la théologie. Il n’y a que différence de degré et non de nature. De toute science et de toute religion, l’homme est le centre et la circonférence, l’alpha et l’oméga.
Les sciences sont plus ou moins exactes ; les religions sont plus ou moins scientifiques ; les hypothèses – le ciment des faits – sont plus ou moins rationnelles, plus ou moins confirmées par l’expérience. Mais toute science est plus ou moins religieuse et l’est d’autant plus qu’elle est plus parfaite.
Bacon a dit : Un peu de science éloigne de Dieu ; beaucoup de science y ramène. Et Linnée : « Le Dieu éternel immense, sachant tout, pouvant tout a passé devant moi. Je ne l’ai pas vu en face, mais ce reflet de lui, saisissant mon âme, l’a jetée dans la stupeur et dans l’admiration. »
La scission que l’on croit voir ou que l’on veut établir entre la science et la religion, entre la physique et la métaphysique, n’existe pas dans la nature des choses : elle n’est que le produit de l’antagonisme qui règne de nos jours entre les prêtres et les savants, au sujet de leurs privilèges et de leurs intérêts matériels. La science et la religion ne font qu’un ; l’Église et l’École font deux.
Voilà, je crois, ce que démontre la théorie du spiritisme que j’ai esquissée dans ce petit livre, et que j’espère, plus tard, développer plus amplement.
Quant à la forme, j’ai pensé qu’en présentant le spiritisme en action, sous forme dialoguée, je rendrais les faits plus intéressants et les raisonnements moins arides, par conséquent, plus facilement accessibles aux lecteurs peu instruits et même à ceux qui, très instruits, ne veulent ou ne peuvent consacrer que peu de temps à ces études, pourtant d’importance primordiale, puisqu’il s’agit de notre destinée passée, présente et future.
A. Savez-vous, M. B., ce qu’on m’a dit de vous ?… Que vous étiez spirite ! Vous pensez bien que je n’en ai rien cru. Je vous connais trop sérieux pour donner dans de pareilles billevesées ; cependant, j’ai été bien étonné que M. X., non moins sérieux que vous, me l’ait assuré si formellement.
B. Vous croyez donc qu’être spirite et sérieux sont deux qualités inconciliables ?
A. Sans doute, n’est-ce pas l’opinion de tout le monde un peu éclairé, que le spiritisme n’a pas le sens commun et que les spirites sont tous plus ou moins toqués, détraqués, fous, ou, pour le moins, demi-fous ? C’est encore ce qu’a dit tout récemment Haeckel dans ses Énigmes de l’Univers, et c’est avec raison.
B. Avec raison ? Quelles preuves en a-t-il donc données ? J’ai lu toute la page qu’il a consacrée au spiritisme et je n’y ai vu que des affirmations gratuites, qui ne sont appuyées sur aucune raison, et encore moins sur des faits.
A. S’il n’a pas donné de preuves, c’est qu’il les a jugées superflues et connues de tout le monde.
B. De tout le monde, sauf les exceptions, car j’avoue, pour mon compte, que je ne connais pas la moindre raison que l’on puisse opposer sérieusement à la doctrine spirite, et que j’en connais beaucoup en sa faveur.
A. Alors, vous êtes vraiment spirite. Je ne l’aurais pas cru. Vous ne m’en avez jamais parlé. Vous ne cherchez donc pas à faire de la « propagande », comme le font la plupart des spirites que j’ai rencontrés ?
B. Je ne me vante ni ne me cache d’être spirite. Je ne vous l’ai jamais dit, parce que vous ne me l’avez jamais demandé. Vous me le demandez, je vous le dis. Je ne cache pas ma lumière sous le boisseau, mais je n’entends pas non plus l’ériger sur les tréteaux. D’ailleurs, j’ai toujours remarqué que le prosélytisme allait contre son but. J’ai donc toutes les raisons possibles de m’en abstenir. Et vous, vous n’êtes pas spirite ?
A. Et je n’ai nulle envie de le devenir.
B. Vous avez peut-être tort. Qu’êtes-vous donc ?
A. En religion, athée ; en philosophie, matérialiste ; en science, positiviste.
B. Vous êtes athée ? Avez-vous donc découvert quelque preuve certaine et tangible de la non-existence de Dieu ?
A. Ce n’est pas nécessaire. Il suffit que je n’aie aucune preuve certaine de son existence pour la nier.
B. Vous allez trop loin. La sagesse dit : Dans le doute, abstiens-toi. Vous pouvez donc ne pas croire en Dieu, mais vous dépassez les bornes de la raison, vous enfreignez les règles du positivisme en niant, sans preuves, son existence.
A. En pratique, douter de Dieu ou le nier revient au même ; or, la pratique est l’essentiel en pareille matière, car, accordez aux théistes un pied chez vous, ils en auront bientôt pris quatre.
B. Si vous les laissez faire, peut-être ; mais c’est à vous de résister à leurs empiétements, et il n’y a pas là de raison suffisante de se mettre en opposition avec le bon sens.
A. Il n’y a aucun bon sens à croire en Dieu, à la Sainte Église catholique, apostolique et romaine, à la vie éternelle, infernale ou paradisiaque, infernale surtout, étant donné l’étroitesse du chas de l’aiguille…
B. Vous sortez de la question et mêlez ensemble des choses qui n’ont rien de commun. Le théisme et le catholicisme n’ont pas de grands rapports entre eux, je vous assure, et beaucoup de catholiques ne se moquent pas mal que vous croyiez en Dieu, pourvu que vous feigniez d’y croire. Distinguons donc le théisme du catholicisme. Je vous abandonne volontiers celui-ci, mais je soutiens que celui-là n’a rien que de très conforme au bon sens, à la saine philosophie et à la vraie science.
A. Vous le dites, mais où sont vos preuves ?
B. Dans la nature des hommes et des choses.
A. Que me contez-vous là ? Dieu dans la nature ? Vous devriez bien le montrer. N’est-il pas admis par tout le monde, même par les théologiens, que Dieu est surnaturel et, par les catholiques, que la nature, notamment celle de l’homme, corrompue par le péché originel, est opposée à la divinité ?
B. Laissons de côté le catholicisme, je vous l’ai déjà dit. Quant au surnaturel, ce n’est peut-être qu’une question de mots ; l’homme lui-même ne serait-il pas surnaturel ? En tout cas, il y a quelque chose en lui de divin, c’est-à-dire de supérieur à lui-même ; et ce n’est pas sans raison que la plupart des théologiens ont proclamé que Dieu est en nous, donc dans la nature.
A. La preuve, la preuve ? Je suis positiviste et je n’admets que les raisonnements reposant sur des faits.
B. Vous avez raison. Eh bien ! La preuve, vous la trouverez par l’analyse de la nature humaine. Ôtez en tout ce qu’il y a d’animal, de végétal, de minéral, en un mot, de matériel, le reste sera le divin.
A. Le reste sera zéro. Vous savez bien que tout dans l’univers n’est que matière et que l’homme ne fait pas exception.
B. La preuve, la preuve, vous dirai-je à mon tour. Vous dites que tout est matière, mais vous ne l’avez jamais prouvé. Vous n’êtes même pas capable de dire ce que c’est que la matière.
A. C’est un peu fort. La science moderne a démontré que la matière est de l’éther condensé.
B. Et l’éther ?
A. Belle demande ! C’est de la matière dissociée, diluée à l’infini.
B. Merci, me voilà bien avancé. Pour que ce va et vient de l’éther à la matière et de la matière à l’éther se réalise, il faut sans doute qu’un autre facteur intervienne.
A. Bien entendu. Ce facteur, c’est la force. C’est sous l’influence de la force que la matière se transmue, se transforme.
B. Tout n’est donc pas matière, comme vous l’avez dit. Le moins que vous puissiez admettre dans l’univers, c’est deux principes : matière et force.
A. C’est bien aussi ce que nous admettons ; seulement, ce ne sont pas là deux principes distincts. La matière seule est substantielle ; la force n’en est qu’un attribut. La force est inhérente à la matière.
B. Inhérente veut dire inséparable. Or, matière et force sont tout ce qu’il y a de plus séparable, de plus instable. On les trouve combinées dans tous les corps, mais en proportions infiniment diversifiées ; on voit la force passer d’un corps à l’autre, ce qui prouve sans réplique que ces deux principes sont distincts, indépendants l’un de l’autre, adhérents plus ou moins, non inhérents.
A. Ils sont distincts, je le veux bien ; mais ils sont subordonnés. La matière est la substance de toutes choses ; la force n’en est qu’une propriété, un mode, un accident.
B. Voilà bien des noms pour une seule chose. Si ces mots sont synonymes, un suffirait ; s’ils ne le sont pas, vous nous présentez trois sortes de forces, ce qui nous éloigne encore plus de notre point de départ : tout est matière. Et puis, pourquoi pas l’inverse ? Pourquoi la force ne serait-elle pas la substance des choses et la matière une propriété, un mode, un accident de la force ?
A. Ce sont là des arguties qui n’ont pas le sens commun. D’ailleurs, quand même on vous accorderait que force et matière sont deux principes distincts, en seriez-vous plus avancé pour établir votre divinisme de l’homme ? Ôtez la force, ainsi que la matière, du minéral, du végétal, de l’animal, de l’homme, le reste ne sera-t-il pas encore zéro ?
B. Peut-être. C’est ce qui reste à examiner. Il y a matière et force dans l’univers. N’y a-t-il que cela ? Force et matière sont aveugles ; leurs combinaisons ne pourraient être qu’amorphes, chaotiques, inordonnées. Or, il y a de l’ordre dans l’univers. Tout y est disposé et s’y fait par nombre, poids et mesure. De toute nécessité il nous faut donc admettre un troisième principe, recteur, ordonnateur. C’est ce que j’appelle le Divin.
A. Le divin ? L’ordre que nous voyons dans l’univers n’est qu’une création ou plutôt une illusion de notre esprit. Il n’y existe que parce que notre intelligence l’y met.
B. Nous avons donc un esprit. D’où peut-il nous venir ?
A.