La tendresse de Dieu au coeur du monde - Sara Descamps-Wassif - E-Book

La tendresse de Dieu au coeur du monde E-Book

Sara Descamps-Wassif

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Beschreibung

Le Père André Bagnol, prêtre diocésain, est l’un des contemporains des grands bouleversements politiques, sociaux,
intellectuels et religieux de la deuxième moitié du XXe siècle.
Témoin de l’évolution et de l’application dans l’Église du concile Vatican II, il espérait une Église indivise et le voilà qui assiste au schisme de Monseigneur Lefebvre en juillet 1976.
Cet homme de Dieu a marqué plusieurs générations par son amour infini de Dieu et par sa foi chrétienne qui porte en elle-même une prodigieuse puissance d’humanisation. Il parlait de Dieu comme de la source de toute vie, de toute tendresse et de toute miséricorde. Il a bâti sa vie sur le Roc du Christ ressuscité.
Il puisait sa force dans les Sacrements, la prière et l’Eucharistie qui étaient, pour lui, la Source et le Sommet de tout amour et de toute évangélisation. Il voyait dans le Sacrement du Pardon le signe de l’Amour infini de Dieu.
Ce prêtre d’exception nous apparaît susceptible d’inspirer la vocation des générations nouvelles pour notre temps.

À PROPOS DE L'AUTRICE

Sara Descamps-Wassif, née en Égypte, vit en France depuis 1974.

Elle a été bibliothécaire principale à l’Institut du Monde Arabe, et engagée dans le dialogue des trois religions monothéistes. Elle a collaboré à divers ouvrages sur la culture arabe, en a traduit, est l’auteure du "Dictionnaire bilingue des écrivains palestiniens" et du "Dictionnaire sélectif bio-biblio graphique des savants orientalistes (du 17e au 20e siècles)".

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Sara Descamps-Wassif

LA TENDRESSE DE DIEU

AU CŒUR DU MONDE

Le Père André Bagnol (1922-2004)

Vie, spiritualité et don de soi d’un prêtre au xxe siècle

Préface

André Bagnol, l’homme au douloureux sourire.

J’ai connu le père André Bagnol à partir de 1984. Il était alors prêtre à Arpajon, responsable du secteur pastoral des Trois-Vallées. J’étais séminariste et je me souviens avoir partagé quelques repas avec lui au milieu de son équipe de prêtres. Il me semble qu’André n’aimait pas être « chef » parce qu’il n’aimait pas blesser les autres. Plus tard je l’ai croisé bien des fois aux réunions de prêtres, avec Monseigneur Herbulot d’abord puis, après l’an 2000, avec Monseigneur Dubost. À chaque fois, son sourire sincère et son regard intense essayaient de rejoindre chacun.

J’ai toujours remarqué chez André une sorte de douleur qui lui venait d’une grande sensibilité mais sans doute aussi de multiples incompréhensions dont il a été parfois victime. Ce surnom de « sancte » qu’on lui a donné dès le séminaire ne l’amusait pas du tout. D’ailleurs ce sobriquet n’était pas sympathique. On se moquait de lui car il était trop pieux, trop donné, trop saint…

Je sais, pour en avoir eu de nombreux témoignages, qu’André était très proche des petits et des pauvres. Il ne jugeait pas. Il comprenait les personnes et les situations et plutôt que de condamner ou de tourner le dos, il tendait la main. Dans une théologie pastorale des plus sûres, André savait distinguer clairement la faiblesse et le péché.

Son tempérament douloureux lui venait sans doute de ce que son cœur était comme un foyer ardent où se consumait le mal pour ne donner que l’amour. Son cœur d’homme et de prêtre souffrait du péché qu’il voyait et entendait. De la misère humaine il prenait intensément sa part sans se défiler.

André m’a profondément marqué. À son contact je crois avoir commencé à comprendre ce que c’était que la miséricorde. Je ne l’ai jamais vu ni orgueilleux ni blessant.

La cigarette sur laquelle il tirait assez anxieusement calmait sans doute un peu ses angoisses mais j’y ai toujours vu, chez lui, un geste plus mystique. La fumée montait vers Dieu comme une sorte d’encens. Sa fragile et courageuse existence était prière.

Né en 1922, mort en 2004, sa vie a été celle d’un homme et d’un prêtre de sa génération. Il a connu le Concile et les espoirs qu’il a suscités pour une Église plus proche. Il a connu les premiers pas du diocèse de Corbeil-Essonnes et l’aventure du Courage de l’Avenir. À Méréville, à Massy, à Arpajon, à Montgeron… rien ni personne n’a pu l’empêcher de vivre l’Évangile.

Il n’était pas vraiment un grand orateur ni un grand meneur d’hommes mais il était là, sans cesse à nous rappeler que les organisations et les structures ne devaient jamais oublier les petits.

André a été chez nous un très beau disciple du Christ miséricordieux. Dans le Seigneur, qu’il continue de veiller sur nous !

Frédéric Gatineau,

Prêtre du diocèse d’Évry - Corbeil-Essonnes,

Et Président de la Société historique et archéologique de l’Essonne et du Hurepoix

Introduction

Père Bagnol, témoin de l’Espérance.

Aborder la biographie d’un prêtre est assez délicat à l’heure où les médias parlent toujours de ce qui ne va pas et passent sous silence tous ceux qui donnent leur vie aux autres sans faire de bruit.

Si imparfaite soit-elle, cette fresque devrait permettre d’esquisser un portrait du Père André Bagnol pour découvrir ce que sa vie contenait de mystère : cette ardeur du conquérant spirituel fidèle au Créateur ; son humilité et son infinie douceur compassionnelle venue de Marie.

Il veut que ses paroissiens puissent marcher dans la voie de Dieu, sans que les pieds ne chancellent ni que les yeux ne se troublent, et être animés par l’esprit et la foi : une foi donnée chaque jour, faisant vivre de souffle et de liberté, permettant d’avancer et d’arriver à « ce que l’œil n’a pas vu et que l’oreille n’a pas entendu1, à ce que l’esprit humain n’a jamais soupçonné ». Bref, cette foi qui aide à croire avant de voir.

Prêtre diocésain ayant vécu entre le xxe siècle et le début du xxie siècle, le père André est contemporain et témoin des bouleversements politiques, sociaux, intellectuels et religieux de la deuxième moitié du xxe siècle, comme l’évolution et application dans l’Église du concile Vatican II ou les grands changements de mai 68. Mais il assiste aussi à des débats infructueux de l’unité chrétienne : espérant une Église unie, il assiste au schisme de Monseigneur Lefèvre en juillet 1976.

Cet homme bon (qui parlait de Dieu comme de la source de toute vie, tendresse et miséricorde) bâtit sa vie sur le roc du Christ ressuscité. Il marque plusieurs générations par son amour infini de Dieu et par sa foi chrétienne qui portait en elle-même une prodigieuse puissance d’humanisation2.

Disciple attentif, confident discret et conseiller avisé ; il est de ces prêtres d’une grande fidélité et d’une grande richesse en amitié (qui est le sens du monde, car elle possède la trace de Dieu3), sans complaisance aucune.

Il puise sa force dans les Sacrements, la prière et l’Eucharistie. Les sacrements sont, pour lui, la Source et le Sommet de tout amour et toute évangélisation, particulièrement celui de la confession ou de la réconciliation, pour lui, le signe de l’amour infini de Dieu : parce que, si nous faisons une démarche sincère vers Lui, le pardon de Dieu est toujours possible.

Le dialogue avec un prêtre est le signe efficace de la réconciliation avec Dieu et avec nos frères.

L’intérêt de ce livre n’est pas un homme (fût-il religieux) mais un aspect d’une vie spirituelle active, qui concerne tout chrétien. Il s’agit essentiellement de la vie de charité et du don de soi-même indispensable pour parler de Dieu.

Cet ouvrage n’a donc nullement la prétention de dresser un portrait exhaustif du père André, respectant tous ses aspects, mais constitue une démarche nouvelle pour en parler : permettant de le découvrir dans ses actes et ses actions mais aussi dans ses relations multiples et variées.

Pour le plan, j’ai opté pour une organisation chronologique de ses nominations d’une région à l’autre. Quant aux traits saillants de son action et de sa spiritualité, ils se trouvent à travers les différents chapitres, tout au long de l’ouvrage, spécialement au chapitre « Présence Divine ».

Ce prêtre d’exception nous apparaît pouvoir inspirer la vocation aux nouvelles générations de notre temps, il nous convie dans une voie d’exigence, de compétence, d’ouverture, de fraternité universelle, de compassion et de dialogue. Le tout devrait contribuer à manifester combien les différents aspects de la vie du père André sont liés à sa foi et à son amour du Christ : la Figure d’un prêtre conciliaire espérant que le Concile donne encore des exemples de prêtres et de chrétiens sur le monde.

1.  I Cor. II, 9.

2. Marguerite Léna, L’esprit de l’éducation, Paris, Fayard, 1981.

3. Olivier Clément en collaboration avec Stan Rougier, La révolte de l’Esprit, Paris, Stock, 1979.

Chapitre 1

Jeunesse (1922-1934)

André Bagnol mène une vie toute simple et sans bruit mais laisse une forte empreinte chez les personnes qui croisent sa route. Un paroissien trace, avec vérité et simplicité, le chemin de vie et de sainteté du père André par ces mots :

« Il laisse le souvenir d’un homme de grande valeur, n’ayant jamais eu d’autre ambition que de vivre et propager le message d’amour de Jésus Christ.4 »

Né au xxe siècle et mort au début du xxie siècle, cet homme (appelé de son vivant « le saint ») a vécu l’entre-deux-guerres, dont la Seconde Guerre Mondiale, mais aussi le monde moderne et ses nouvelles difficultés. Confronté à nos problématiques actuelles, il est accessible, de notre temps, lui permettant d’impacter directement nos vies et notre époque. D’ailleurs les paroissiens pouvant parler et attester de sa vie sont encore nombreux… Voilà comment commencer à révéler sa vie.

Grâce à la ténacité et au labeur d’une courageuse paroissienne, un premier témoignage de sa vie a été publié sous le titre « Portrait du Père André Bagnol (1922-2004) : une personnalité rare…5 ». Le présent second travail a pour objectif de compléter et de clarifier les éléments de vie et les témoignages qui se rapportent à cette personnalité hors du commun.

Enfance, vie et scolarité

Que sait-on des jeunes années du père André ? :

« Sur la personne du père André, malheureusement nous ne trouvons que peu d’informations. Sa famille, originaire du Limousin, se composait entre autres d’artisans qualifiés dans le domaine de l’ornement des plafonds. C’est grâce à leurs qualifications que son grand-père et son grand-oncle se sont rendus à Paris, dans le but de réaliser les plafonds de l’Assemblée Nationale ornés de moulages en plâtre. Sa sensibilité artistique vient probablement de cet héritage. Par la suite, leurs fils ont chacun créé sa propre entreprise de maçonnerie à Limours.6 »

C’est ainsi que la famille Bagnol s’installe en Essonne. Cependant, l’entreprise de maçonnerie de Robert, le père d’André, connaît de graves difficultés alors que sa mère peine beaucoup à joindre les deux bouts et élève difficilement ses trois enfants :

« Un jour, la boulangère donne un pain à André mais, quand il l’apporte à sa mère, celle-ci lui demande aussitôt de le rendre n’ayant pas de quoi payer.7 »

Parfois, le boucher lui donne à boire un verre de sang, le médicament des anémiés.

Francine A., une paroissienne du secteur d’Arpajon, fait part d’une confidence exceptionnelle. Elle cite un épisode de l’enfance d’André qui l’a marqué à vie. Quand il était jeune, un prêtre maladroit l’a regardé nettoyer les burettes et l’a accusé d’avoir bu le vin qui restait. « Toute ma vie ça m’est resté, je n’avais pas touché une goutte. »

C’est dans ce contexte difficile que vit ce passionné de Dieu, issu d’une famille modeste, doté d’une santé fragile et à jamais marqué par l’expérience de la pauvreté.

Pourtant, ce prêtre humble et discret peut impressionner ceux qui le rencontrent par sa proximité avec le Seigneur, sa bonté et sa profonde humilité le rapprochant des plus petits. Cet empathique ministre de Dieu tisse aussi bien des liens avec des intellectuels qu’avec les démunis.

Amoureux de Dieu et de l’homme

André Bagnol est né de Robert Bagnol et de Lucile Couvenant le 10 août 1922, à Limours8 en Seine-et-Oise, aujourd’hui en Essonne, dans le diocèse d’Évry - Corbeil-Essonnes.

Le certificat de baptême du bébé André Henri Jean Bagnol, sous le N° 46 à la Paroisse de Limours (Diocèse de Versailles), atteste qu’il est baptisé le dix-sept septembre 1922, à l’âge d’un mois, selon la pratique de cette époque. Il reçoit sa confirmation le 8 juin 1933 au 32 rue Gabriel Péri, en la Paroisse Saint-Jean-Baptiste (78420 Houilles-Carrières-sur-Seine), de Son Excellence Mgr Louis, Évêque de Périgueux, ex-curé de Houilles. D’une famille très croyante mais aussi (comme déjà établi) très modeste, André dit plus tard qu’il allait à la messe chaque jour depuis l’âge de dix ans.

À sa naissance, la commune compte 1 400 âmes réparties dans 300 maisons incluant les hameaux, soit 460 familles (Cf. L’Association La Mémoire de Limours).

Vers l’âge de 5 ans, André contracte une pneumonie. Sa mère fait le vœu d’envoyer ses deux fils au séminaire de Versailles s’il guérit. Exaucée, elle tient parole. Si son frère aîné Claude (1920-1997) quitte rapidement le séminaire pour prendre le chemin du travail, André, lui, y reste. Par la suite, un lien spirituel unit toujours cette mère, pleine de gratitude envers Dieu, à son fils devenu prêtre, célébrant quotidiennement la messe.

André est le deuxième d’une fratrie de trois enfants. Sa petite sœur Gabrielle (1924-2006) et lui sont doux de caractère et ont un grand cœur alors que Claude est de tempérament plus sévère mais serviable. Physiquement, tous sont filiformes ; c’est une marque de famille9.

Les deux frères sont des enfants de nature espiègle et vive, comme le décrit cette anecdote de leur enfance, racontée par Claudine, la fille de Claude :

« Un jour, leur mère leur demande d’éplucher des haricots verts pendant qu’elle va à l’église. Les garçons jouent au ballon et oublient l’heure. Réalisant qu’ils n’auront plus le temps d’éplucher les haricots verts, ils les serrent en fagots et coupent les deux bouts avec des ciseaux. Inutile de dire que leur mère ne retirera de sa casserole qu’une pelote de fils. »

4. Citation du paroissien Jean-Paul H. tirée du livre Portrait du Père André Bagnol (1922-2004) : Une personnalité rare, 2014, p. 46.

5. Marie-Agnès Roussiale, Portrait du Père André Bagnol (1922-2004) : une personnalité rare, 2014.

6. Association « La Mémoire de Limours »..

7. Anita G., in Portrait du Père André Bagnol (1922-2004) : Une personnalité rare, 2014, p. 11.

8. À cette époque petit bourg rural, actif et animé, comprenant fermes, petites entreprises, artisans, commerçants, etc.

9. Mme Claudine P., née Bagnol.

Chapitre 2

Le Petit Séminaire (1934-1941)

Entrée au Petit Séminaire

Aux Archives diocésaines d’Évry, sa fiche du Petit Séminaire commence comme suit : « André Bagnol, fils de Robert et Lucie Couvenant ».

Le 24 septembre 1934, il entre au Petit Séminaire de Versailles en classe de sixième à une époque où beaucoup de jeunes, comme son frère Claude et sa sœur Gabrielle, commençaient à travailler vers l’âge de 12 ans.

Petit enfant déjà, Dieu est très présent dans sa vie et donc il accomplit de lui-même le vœu de sa mère aimante (profondément croyante et fidèle à la promesse faite pour la guérison de son fils) en prenant à son tour un engagement sacré.

De par son origine modeste, ce ne peut être qu’à travers sa conduite, les gestes de tous les jours et son attente de servir que le prêtre de sa paroisse découvre en André cette sensibilité de son âme d’enfant à la beauté, comme ayant la vérité et la connaissance de Dieu forgées et gravées en lui. Selon Jacques Maritain10 : « Dieu a voulu que la sensibilité soit notre faculté d’appréhender le Beau et le Vrai », ce qui se vérifie à travers son apostolat.

André est recommandé par l’abbé Louis Philippe, alors curé de Carrières-sur-Seine11, précisant dans sa demande d’inscription au séminaire (datée du 10 juillet 1934) qu’il se charge des frais généraux et autres, en dehors de la pension, et que les dames de la Ligue Patriotique des Françaises12 lui offrent son trousseau. Plus tard le père André dit que toute la paroisse lui a payé ses études.

Ci-dessous se trouvent une transcription de la lettre de recommandation adressée au directeur du séminaire et la réponse au questionnaire :

Lettre et Questionnaire

Paroisse Saint-Jean-Baptistede Carrières-sur-Seine(S.- & -O.)

Paroisse Saint Jean-Baptiste de Carrières/Seine

Enfant ayant manifesté le désir d’entrer au séminaire

Nom, prénom : Bagnol AndréÂge (Date de naissance) 10 août 1922Santé bonne

Famille chrétienne ? Très nombreuse ? 3 enfantsSituation sociale pauvre

Père, mère pratiquants ? mère très pieuse, père peu pratiquantLeur attitude vis-à-vis de la vocation ? très favorable

Capacités intellectuelles (certificat d’études) bonnes

Classe d’entrée : 6e ? 5e ?

Est-il croisé13 ? oui Enfant de chœur ? ouiA-t-il fait sa première communion privée ? ouisolennelle ? oui

Piété solide sans exagération

Caractère : mou ?léger ?laborieux oui

(Questionnaire à renvoyer à Monsieur le Supérieur du Petit Séminaire)

Louis Philippe+ curé de Carrières-sur-Seine

Mardi 10 juillet 1934.

Cher Monsieur le Supérieur,

Merci beaucoup d’avoir bien voulu admettre mon jeune Candidat : André Bagnol. Si les notes de son examen ne sont pas brillantes, j’en suis seul responsable, car surmené depuis deux mois par un surcroît de travail et de nombreux soucis, j’ai laissé le malheureux enfant se préparer seul. Toutefois, je le ferai travailler pendant les vacances pour qu’il puisse prendre une bonne place en 6e dès la rentrée.

Comme je vous l’ai déjà dit, il est de famille très modeste bien que très chrétienne. Ce sont nos dames de la ligue patriotique qui lui offrent son trousseau et je prendrai à ma charge personnelle les frais généraux et autres en dehors de la pension. C’est donc à moi qu’il faudra envoyer les bordereaux.

En vous priant de vouloir bien transmettre à Maurice Toutain le petit mot inclus, je vous renouvelle, cher Monsieur le Supérieur, l’expression de mes sentiments les meilleurs.

Louis Philippe+ curé de Carrières-sur-Seine

Outre simplement prouver sa bonne acquisition des connaissances fondamentales (écriture, lecture, calcul mathématique, histoire-géographie, sciences appliquées), son obtention du certificat d’études transforme sa vie entière. Le 24 septembre 1934, il quitte Carrières-sur-Seine et sa famille pour entrer en classe de sixième.

La vie au Petit Séminaire14 de Grandchamp (dans le quartier de la Cathédrale Saint-Louis, au 97 rue Royale à Versailles), rythmée par les cloches de l’internat, son implacable discipline et son règlement rigoureux, débute alors pour André qui quitte ainsi l’enfance. Il y reste jusqu’en 1941. Rappelons qu’il assiste à la messe tous les jours depuis l’âge de dix ans.

La vie au Petit Séminaire

Comment se présente le Petit Séminaire et comment se présente la vie à l’intérieur ?

Les petits séminaires sont une institution de la réforme catholique suscitée par le Concile de Trente (1545-1563), généralisant les premiers instituts séculiers d’éducation et formation de tout le clergé. L’apprentissage de la lecture n’est pas encore universel : on les crée donc dans le but d’éduquer les jeunes à suivre les enseignements. Le modèle en internat est quasi monacal : les étudiants y vivent en communauté sous la tutelle directe de prêtres éducateurs contrôlant leur mode de vie, leur activité intellectuelle et leur prière individuelle.

À l’époque du père André, il s’agit d’une école de niveau collège et lycée, formant des élèves aussi bien futurs ecclésiastiques que laïcs : l’entrée n’impliquant pas d’engagement au sacerdoce.

Le Séminaire eut une importance sociale capitale jusqu’au milieu du xxe siècle. C’était presque l’un des seuls moyens d’éducation et d’enseignement pour les enfants doués intellectuellement, vivant à la campagne, qui sont repérés par leur curé de paroisse et dont l’Église prenait en charge les études secondaires, en proposant aux meilleurs d’accéder au Grand Séminaire.

« C’est aussi là que la petite bourgeoisie catholique envoie ses enfants (de préférence ses garçons) recevoir l’éducation classique d’un milieu moralement exigeant. De plus, la discipline personnelle et l’apprentissage de la philosophie préparent à l’étude de la théologie.15 »

La vie des séminaristes à l’époque est une soumission quotidienne mais librement consentie, se déroulant à un rythme intensif de prières et formation. Lors d’une interview en 1988, le père André raconte : « Je suis issu d’une famille très pauvre et très croyante. Après le certificat d’études, je suis rentré au Petit Séminaire en 193316. Nous devions nous soumettre à l’époque à un rythme de prières et de formation très intensif. Mais c’était une bonne chose. Puis vint le Grand Séminaire. Lorsque ces études plaisent, l’on est sûr d’avoir véritablement la vocation. Je n’ai jamais pensé vivre autrement que prêtre ; je me souviens que, lorsque j’étais petit, je disais toujours : “Plus tard, j’aimerais être comme Monsieur le curé”. »(Cf. interview du Père André Bagnol en 1988 pour “Montgeron-Actualités”).

Lieu ouvert à la formation chrétienne de jeunes collégiens et lycéens, éventuellement en vue du sacerdoce, le Petit Séminaire est pourvu d’un dortoir surveillé pour encadrer les jeunes et établir discipline, sécurité et respect des règles. Le déroulement au quotidien se passait comme suit :

Les élèves doivent se lever tout de suite après la sonnerie de la cloche et exécuter d’indispensables exercices pour être énergiques et en forme.

Les programmes définissent les connaissances, compétences et méthodes essentielles que l’élève doit acquérir en préparation d’études supérieures. Dans ce but, la classe de rhétorique se termine par la première partie du baccalauréat et la classe de philo conduit à la deuxième.

Tout ceci est assez strict, selon André. Néanmoins il est heureux de réfléchir et de se préparer non seulement aux études mais aussi à la prêtrise.

Pour se détendre, il y a le sport qui fait partie de la vie quotidienne au séminaire. C’est une aide physique précieuse. De plus, il y a des promenades en groupe les jeudis et dimanches, favorisant les relations sociales entre les étudiants et rendant l’ambiance agréable. Il existe aussi des colonies de vacances organisées pour les séminaristes à Crest-Voland, en Savoie, ainsi qu’à Matignon et à Saint-Germain-de-la-Mer, dans les Côtes d’Armor dans un bâtiment appartenant à l’association des anciens séminaristes. Ainsi, André Bagnol est allé en colonie de vacances à Saint-Germain-de-la-Mer.

Sur le plan spirituel, les pèlerinages (en particulier celui de Chartres pour sa proximité) font partie du programme, tant au Petit qu’au Grand Séminaire.

André au Petit Séminaire

Ceux ayant côtoyé André séminariste, aussi bien au Petit qu’au Grand Séminaire, le décrivent comme très gentil, sensible et humain, le considérant comme saint.

Marie-Agnès Roussiale a contacté l’Abbé Guillaume Boyer pour alimenter le livre qu’elle a publié sur le père André. Voici le témoignage de cet abbé : « J’ai été très touché par votre courrier concernant le Père André Bagnol. Il était en effet de mon cours au Séminaire et c’est vrai qu’il faisait notre admiration par sa piété et sa gentillesse. Effectivement on l’appelait déjà “le Saint”. »

Celui-ci demande : « Avez-vous pris contact avec le Père Michel Pinard à Versailles ? C’est lui qui fait le lien avec tous les anciens confrères de notre cours. Il vous en dira certainement bien plus que moi.

Notre ancien diocèse de Versailles ayant été partagé, je faisais partie de Pontoise et lui de Corbeil, ce qui fait qu’on ne se voyait presque plus : un petit mot de temps en temps.

Je l’aimais beaucoup, sa simplicité, sa bonne humeur, sa foi rayonnante. Il me faisait du bien. »

D’après le Père Michel Pinard : « André était quelqu’un d’extraordinaire. Il donnait à chacun de ses gestes comme à chacune de ses paroles, sa vision des hommes qui transcendait le simple ordinaire de la vie quotidienne en un accomplissement fait de spiritualité. Il savait transmettre cette humanité à laquelle toutes et tous on aspire.17 »

Dans les années 1936-1939, des séminaristes plus ou moins reconnus comme généreux sont récompensés avec des médailles définies ainsi : la médaille verte (médaille des anges) est attribuée aux élèves de 7e, 6e, 5e. La médaille bleue (médaille de Marie) pour le 4e, 3e, 2e. La médaille rouge (médaille du Sacré-Cœur) accordée aux élèves de rhétorique et de philosophie.

Alors en 3e, André reçoit la médaille de Marie.

La Seconde Guerre mondiale

La Guerre de 1939-1945 impacte la vie, notamment quotidienne, des élèves du séminaire.

Débutée le 1er septembre 1939 et se prolongeant jusqu’au 2 septembre 1945, elle embrase la région de Versailles alors qu’André est presque à la fin du Petit Séminaire. Les conséquences de cette guerre sur la population et son impact probant sur les étudiants sont décisives.

À l’automne 1939 commence l’évacuation des civils de l’est de la France. L’exode en résultant commence en mai 1940 : en quelques semaines, huit à dix millions de personnes venant de la Belgique envahie puis du Nord et du Pas-de-Calais s’enfuient en direction de Paris et du sud de la France, emportant avec elles de maigres bagages18.

La déclaration de guerre contraint les professeurs du Petit Séminaire à mettre à l’abri les élèves : un simple mur sépare Grandchamp des voies de la Gare des Chantiers conduisant de Paris à tout l’ouest de la France. Le risque de bombardements est grand : Versailles d’abord, touchée et occupée par les troupes allemandes (du 14 juin 1940 au 24 août 1944, date d’entrée des premiers blindés de la 2e division blindée du général Leclerc), puis, en février et juin 1944, la gare et le camp de Satory, provoquant ainsi plus de 300 victimes19.

Le directeur envoie André et tous les élèves de Rhétorique et de Philosophie au « Séminaire des Vocations tardives » (Montmagny20 près de Pontoise) dirigé par le Père Gallerey qui est contrarié que, le temps d’une année scolaire, se côtoient difficilement de jeunes adultes de 25 à 30 ans (préparant le Grand Séminaire) et des élèves de 16 ou 17 ans (avec déjà tout un parcours vers le Sacerdoce).

Puis, le 1er mai 1940, le Supérieur de Montmagny fut contraint de faire partir les élèves en leur demandant de se disperser ; certains retrouveront leur famille. De chez lui, André adresse à son supérieur une lettre dont voici le contenu :

Carrières-sur-Seine 30.12.39

+

Monsieur le Supérieur,

C’est avec la joie la plus exquise que je vois arriver la nouvelle année ; elle est pour moi l’occasion de vous donner un peu signe de vie. Nous venons de recevoir des nouvelles de notre Cher Séminaire par le Père Dufour qui est venu causer quelques instants à ses anciens enfants le 24 au soir. Le récit de votre vie à Evron me fait soupçonner votre extrême fatigue ; quant à nous le règlement de Montmagny nous a paru assez accessible malgré notre jeunesse joyeuse et turbulente. Il y a bien encore çà et là quelques frottements mais ils seront bien diminués avec la bonne volonté de chacun dès le 2 au soir.

Au fond nous ne pouvons que remercier la Providence de nous avoir ménagé une si bonne maison dans ces temps si douloureux. Les uns trouvent les heures de travail peu nombreuses ; c’est qu’on a du courage en rhétorique ; les autres ont du mal à soutenir le règlement un peu plus sévère qu’à Grandchamp ; c’est qu’on nous traite déjà en grands séminaristes. Mais nous espérons bien vous voir avant la reprise du second trimestre et vous viendrez réconforter et encourager ceux qui auraient des difficultés. Car on ne peut oublier notre cher séminaire d’avant-guerre. L’on serait même tenté de faire des parallèles entre les deux maisons, d’où bien souvent la critique, et c’est mauvais pour favoriser l’union avec nos grands frères des vocations tardives.

Monsieur le Supérieur, voici déjà l’aurore d’une nouvelle année qui se lève ; et je m’empresse de vous adresser bien respectueusement mes meilleurs vœux. Je prie de tout mon cœur Notre-Dame du Grandchamp de vous aider dans votre dure tâche à trouver des professeurs assez nombreux car voici deux de nos anciens maîtres rappelés sous les drapeaux. Veuillez dire à tous nos professeurs tant aimés que nous pensons tous bien à eux et que nous prions pour eux.

Monsieur le Supérieur, veuillez recevoir, avec tous mes vœux de bonne et sainte année, les marques les plus délicates et les plus sincères de mon fidèle souvenir et de ma reconnaissance.

Votre ancien enfant

André Bagnol

(En annexe la lettre manuscrite)

Devises

Le 1er mai 1940, sur la page de garde de son missel, André commence à noter les dates qui jalonnent son cheminement vers le sacerdoce. En bas, il ajoute des paroles qui sonnent comme des devises :

« “Dominus Pars… hereditatis meae” : Il s’agit d’une phrase du psaume 15 qui signifie “Dieu est la part de mon héritage”. Ce psaume accompagnait l’ordination de la “tonsure” qu’on recevait la deuxième année de Grand Séminaire, marquant l’entrée dans la “cléricature” et à l’occasion de laquelle on prenait la soutane. » (Cf. le père Robert Baudet21).

André, lui, recevra la soutane à Pâques 1941.

« J’ai dit au Seigneur : Tu es mon Dieu ! Je n’ai pas d’autre bonheur que toi. Seigneur, mon partage et ma coupe : de toi dépend mon sort. La part qui me revient fait mes délices ; j’ai même le plus bel héritage ! »

Reprise des études

Dès septembre 1940, la vie et les cours reprennent normalement à Grandchamp. André Bagnol et Michel Pinard, qui deviendra son grand ami, entrent alors en terminale.

En l’absence de chauffage dû à la guerre, l’hiver 1941 est très rigoureux. Tout est gelé le matin : l’eau dans les cuvettes, les draps couverts de glace et même l’encre dans les encriers.

Bien que menu et de santé fragile, André n’est jamais malade.

Signalons qu’à cette époque, ceux qui n’hésitent pas quant à leur vocation peuvent porter la soutane dès la fin du Petit Séminaire. C’est le cas d’André : il prend la soutane avant son ordination le 13 avril, jour de Pâques de 1941 (en annexe, écrites par André Bagnol, les dates significatives de cette période).

Le Petit Séminaire se termine par l’obtention du baccalauréat. Puis les jeunes qui le souhaitent entrent au Grand Séminaire pour y poursuivre l’étude de la philosophie.

Les souvenirs de tant de visages sympathiques et pleins d’amitié à Grandchamp procurent à André une joie renouvelée. Incontestablement la vocation a au moins le mérite de tisser des liens stables entre les séminaristes, dans le séminaire où la Mère de l’Église est si accueillante et réconfortante.

Bien plus tard, lors d’une interview, un journaliste demande au père André : « Avez-vous, à 66 ans, un regret dans le déroulement de votre mission ? » Ce dernier lui répond : « Non, il ne faut jamais regretter ; cependant, j’aurais aimé, si les circonstances me l’avaient autorisé, être prêtre-ouvrier. Mais ma famille étant pauvre, mes études au séminaire ont été payées par la communauté chrétienne de la paroisse. Je me devais par la suite d’être auprès d’eux. Aujourd’hui je suis trop âgé, et en plus je prendrais la place d’un chômeur, ce serait un comble. »

Le père Michel Pinard, son ami de jeunesse, nous dit : « Je garde un très bon souvenir du Petit Séminaire comme du Grand Séminaire. Je trouve que le tout, c’est de voir que c’est une bonne école, une bonne éducation à l’obéissance, parce que même prêtre il faut obéir, c’est l’obéissance au Christ. Vous serez mes amis si vous faites ce que je vous recommande. Si on joue “perso”, cela peut arriver, même pour un prêtre, on va se casser la figure. Ma réaction et celle d’André aussi, il prenait tout comme la volonté de Dieu, c’est le Seigneur qui me demande cela même si je ne suis pas tout à fait d’accord sur ce qu’on me dit, mais, Seigneur je te confie cela, que tu nous éclaires. »

Et celui-ci continue : « Je ne vous apprendrai rien en vous parlant de la grande discrétion d’André. Au Petit Séminaire, il a beaucoup aidé tout le monde. »

D’après les Chroniques de la semaine du 11 mars au 17 mars 194022 :

« La première session du baccalauréat 1940 se déroule dans une ambiance un peu inhabituelle puisqu’aux côtés des jeunes lycéens de la classe 39 non encore incorporés dans l’armée, de nombreux candidats, engagés volontaires ou conscrits plus âgés déjà mobilisés, se sont présentés en uniforme. » À la Sorbonne, rapporte Le Figaro, « une quinzaine de jeunes élèves pilotes, quelques marins et quelques uniformes kaki » ont ainsi planché avec leurs camarades sur la poésie du Grand Siècle.

10. Philosophe et essayiste français né à Paris en 1882 et mort à Toulouse en 1973, voir « Annexe : “Biographies”».

11. Commune du département des Yvelines (région Île-de-France) dont le gentilé est Carrillonnes ou Carillons, ancien centre d’une forte activité d’extraction de pierres jusqu’au milieu du xxe siècle, d’où son nom.

12. La plus importante association féminine de la première moitié du xxe, créée en mai 1902 puis fusionnée avec la Ligue des Femmes Françaises en 1933 pour former la Ligue Féminine d’Action Catholique Française.

13. « Croisade Eucharistique », devenue (en 1962, avec l’Apostolat de la prière) le Mouvement Eucharistique des Jeunes (MEJ), un mouvement international d’éducation humaine et spirituelle catholique orienté vers les enfants et les jeunes de 5 à 25 ans ; aujourd’hui branche jeunesse du Réseau mondial de prière du Pape. Le MEJ invite les jeunes du monde entier à vivre à la manière de Jésus, dans une relation d’amitié, de cœur à cœur, fondée sur une spiritualité eucharistique pour la mission. Le MEJ propose, aux jeunes et aux animateurs, plusieurs types de supports publiés tout au long de l’année. Il est présent dans 59 pays sur les 5 continents.

14. Le Petit Séminaire est une école de niveau secondaire (collège, lycée) qui forme aussi bien des futurs séminaristes du Grand Séminaire que des élèves qui resteront laïcs. Le Petit Séminaire a eu une grande importance sociale jusqu’au milieu du xxe siècle. C’était souvent l’un des seuls moyens de s’instruire pour les enfants intellectuellement doués vivant à la campagne, que les curés de paroisse repéraient et dont l’Église prenait en charge les années d’études secondaires, en proposant aux meilleurs d’accéder au Grand Séminaire. C’est aussi au Petit Séminaire que la petite bourgeoisie catholique envoyait de préférence ses garçons pour qu’ils reçoivent une éducation classique de qualité. L’internat était la règle et la discipline rigoureuse. Wikipedia.

15. Wikimonde.

16. 1933 de mémoire, mais 1934 d’après plusieurs sources écrites.

17. André Bagnol, 1934, Petit Séminaire, édition, 30/01/2013, page 11.

18. Wikipedia.

19. Ibid.

20. Montmagny se situe en Val d’Oise, Vallée de Montmorency. Le Séminaire des vocations tardives à Montmagny préparait les jeunes désireux d’entrer au Grand Séminaire de Versailles sans être passé par le Petit Séminaire.

21. Père Robert Baudet, voir « Annexe : “Biographies”».

22. Les Chroniques Histoire(s) de la Dernière Guerre : [1939-45. Au jour le jour]. 70 ans après.

Chapitre 3

Le Grand Séminaire (1941-1947)

L’entrée au Grand Séminaire se profilant à l’horizon, la préparation administrative s’active. Comme pour les autres séminaristes, nombre de papiers sont rassemblés dans le dossier d’André entre janvier et septembre 1941.

Ci-dessous la liste des documents requis :

– Certificat de mariage de Lucie Couvenant et Robert Bagnol le 7 juin 1919 à l’église Saint-Jacques de Compiègne ;

– Bulletin de naissance d’André, Jean, Henri Bagnol le 10 août 1922 à Limours, Seine-et-Oise, arrondissement de Rambouillet ;

– Certificat de baptême d’André, Henri, Jean Bagnol le 17 septembre 1922 à l’Église Saint-Pierre de Limours, diocèse de Versailles [sic : inversion des deuxième et troisième prénoms par rapport au bulletin de naissance] ;

– Certificat de confirmation le 8 juin 1933 à Houilles, Seine-et-Oise ;

– Une fiche manuscrite non datée, qui remonterait à l’année précédente puisque y est indiqué : « se présente au bacc. de philo : André Bagnol 10.8.1922, 33 Grande Rue Carrières/Seine Int. Bien doué. 5e sur 33 se présente au bacc. de philo ; Travail T.B. ; plus intuitif que logique ; Mov. Excellent séminariste généreux, docile, vertueux. On ne craint qu’une chose : qu’il nous quitte pour aller s’enfermer à la Trappe. Il est aimé de tous ; Excellente influence ; Caractère très élevé ; piété au-dessus de la moyenne ; Phys. B ; Famille : très chrétienne pauvre. Le père ne semble pas avoir un travail bien assuré très courageux cependant et confiant ». (Cf. le courrier manuscrit en annexe).

La vie au Grand Séminaire

Lorsque André entre au Grand Séminaire23 en 1941, les locaux abritent deux cents chambres de séminaristes. Aussitôt franchi le portail du 24 rue du Maréchal Joffre, le bâtiment principal se trouve en face et l’infirmerie à gauche (où plus tard André exercera son talent d’infirmier). La cuisine, le réfectoire et les chambres se trouvent devant puis à gauche. À droite se trouvent le cloître et les chambres individuelles dans l’ancien Carmel agrandi. Au centre se trouvent la Chapelle et la Villa (une imposante bâtisse réservée aux cours et à de nombreuses activités). Elle comporte, en haut d’un bel escalier, les logements du Supérieur et des enseignants ; au rez-de-chaussée, la salle des professeurs et, surtout, dans l’aile gauche, une importante bibliothèque. (Cf. Jean Laplace et Michel Pinard, André Bagnol Grand Séminaire, Édition 10/04/2013, p. 6/14). Voir en annexe une photo d’André à quinze ans, alors qu’il est au Grand Séminaire.

Parmi les noms de salles et de couloirs et les devises gravées dans le marbre, la chapelle comporte également des épitaphes dont celle qui est déposée par les archives de la congrégation des Sacrés-Cœurs de Jésus et de Marie [ss.cc.], de la Province de France24, indiquant ceci : « En témoignage de sa vénération [du Père Sylvestre Souchon, Supérieur du Grand Séminaire], le clergé de Versailles a fait poser dans la chapelle du Grand Séminaire, une plaque en marbre… »

Suit un long éloge : « Ce monument est fixé sur la muraille, du côté de l’Épître, de l’autre côté est celui de M. Dallier. (…) »