La tête haute - Paul Bruard - E-Book

La tête haute E-Book

Paul Bruard

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Beschreibung

Je dois gagner.

J’ai tellement rêvé de ce moment que mes jambes en tremblent. Bien sûr, ce n’est qu’une course. Mais pour moi c’est tellement plus. Le cross du collège, c’est ma réponse au harcè-lement que je subis depuis deux ans… Je veux battre la bande des Mousquetaires de la ter-reur, et leur montrer que je suis capable de ne plus avoir peur. Arriver en premier pour me relever, et continuer à espérer que les choses peuvent s’arranger.

Rester debout, exister.

Et garder la Tête Haute.

C’est parti…

 À PROPOS DE L'AUTEUR

Paul Bruard - Originaire de Franche-Comté et père de trois enfants, il a réussi à suivre, malgré son côté rêveur, plusieurs cursus de formation. Après une licence en économie, il a obtenu le diplôme d’État d’éducateur spécialisé, ce qui lui a permis de travailler dans différentes structures et auprès d’un large public. Il est revenu depuis peu dans l’animation et accompagne au quotidien des enfants de maternelle jusqu’au CM2. Amoureux des mots depuis son plus jeune âge, il est sans cesse à la recherche de nouveaux projets. Après un passage dans le monde de la scène en tant qu’auteur-compositeur-interprète de plusieurs chansons répertoriées sur différents sites de musique, il a décidé de se lancer dans l’écriture de romans et d’histoires plus courtes, dans le but de les partager avec les enfants qu’il accompagne au quotidien.
« Faire voyager et transmettre le pouvoir merveilleux des mots » telle est sa devise !

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Seitenzahl: 150

Veröffentlichungsjahr: 2025

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Couverture

Copyright

Paul Bruard

La Tête Haute

Roman Jeunesse

ISBN : 979-10-388-0967-3

Collection Saute-mouton

ISSN : 2610-4024

Dépôt légal : Janvier 2025

©Couverture Ex Æquo

© 2025 Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction intégrale ou partielle, réservés pour tous pays.

Toute modification interdite

Dédicace

Pour Noé

À tous ceux qui sont, à un moment

de leur vie, devenus des combattants

du harcèlement.

Parce qu’il n’est jamais facile

De garder la tête haute…

« Comme le matelot, agrippé à son bateau,

Le fracas de la tempête te frappera…

Préface

Cette histoire est toute simple.

Et pourtant elle est si compliquée à mettre en mots. Pourquoi ? Parce qu’elle raconte le quotidien de tant d’enfants, adolescents, qui je l’espère comprendront à travers elle qu’ils ne sont pas seuls…

Ce roman ? Il est pour tous les combattants du harcèlement, d’hier, d’aujourd’hui et de demain. Mais il est aussi pour tous ceux qui les côtoient, sans forcément les remarquer. Je ne l’ai pas écrit pour donner des leçons, expliquer comment faire pour mettre fin à ce terrible fléau. Il n’a pas pour vocation de remettre en cause les établissements.

C’est une bouteille à la mer, pleine à craquer de mots et de maux, pour apprendre à les remarquer. C’est une étoile à laquelle se raccrocher, afin de ne jamais s’écrouler et toujours croire que des lendemains magiques sont possibles. C’est une main tendue, qui vous aidera peut-être à sortir de ce torrent de flots aux allures de cascade.

Il n’y a rien, dans le quotidien de Dorian, qui soit exagéré. Cette réalité, beaucoup la vivent. Et je veux qu’ils sachent que derrière ce rocher qui paraît insurmontable, la vie est si belle…

Ouvrez les yeux, et gardez la tête haute…

Vous en valez tellement la peine.

Prologue

Jour du Cross

Mon Dieu que j’ai les jambes lourdes… C’est dingue quand même. Des mois d’entraînements pour avoir deux haltères de 50 kilos à la place des cuisses. J’ai bien du mal à les bouger. Non, pas possible que ce soit la fatigue. C’est le stress, c’est tout.

Rien d’autre.

Je dois rester focus sur l’objectif… La course. Je suis prêt, c’est tout ce qui compte. Pas de raison de paniquer, les mousquetaires sont toujours en retard. Aucune chance qu’ils atteignent la première vague de départ. Je pense même qu’ils seront au fond, comme en classe. Julian et Gérald fument, alors il y a de fortes chances qu’ils soient cuits après un tour. Antonin n’est pas sportif. Il reste Clarence et sa mèche blonde. L’amoureux du foot aux yeux bleus, excellent dans tous les sports.

Bref, le favori quoi.

Mais je peux le battre, je le sais. Je le sens.

Toute la bande ne fera pas le poids devant ma volonté. Et puis de toute façon, je cours plus vite qu’eux. Je les laisserai sur place en moins de cent mètres, comme hier ! J’ai l’impression qu’il s’est passé une éternité depuis cette fin d’après-midi… Il aura fallu qu’ils viennent me gâcher mon dernier entraînement. Pourvu que mes jambes deviennent moins lourdes. On dirait du béton, c’est fou.

Ça y est !

Ils déroulent le ruban pour l’attacher aux poteaux du départ. Comme prévu, c’est Rabordet, le prof de sport, qui est censé le couper quand le signal sera donné. C’est hallucinant comme il ressemble à Monsieur Mégot dans la Bande dessinée du Petit Spirou. La cinquantaine, le ventre bedonnant, le survêtement trop large et la casquette fluo, il ne lui manque plus que la cigarette au bec pour que la panoplie soit complète ! C’est Charlotte qui m’en a parlé la première.

— En fait, dans ce collège, tu retrouves le profil de plein de personnages de BD. Il y a un prof d’histoire, c’est le portrait craché du Capitaine Haddock par exemple. M. Barsu, lui, ressemble trait pour trait à Barty Croupton dans Harry Potter avec sa tête de gentil.

Et Rabordet, c’est donc Monsieur Mégot !

Depuis ce jour, je me marre à chaque heure de sport, merci Charlotte ! D’ailleurs où est-elle ? Elle m’avait promis de m’encourager pour le début de course.

J’espère qu’elle a pu venir…

— Attention au départ ! Tous les coureurs doivent se tenir prêts !

C’est imminent cette fois. Je ferme les yeux, et mes paupières sont si lourdes que j’ai l’impression que je ne pourrai jamais les rouvrir.

Ne pas se précipiter. Rester concentré sur l’objectif, éviter de chercher à doubler tout le monde dès le début… Respirer, prendre le temps de se lancer dans la course… Cinq kilomètres. Cinq tours du parcours préparé par le proviseur et tous les profs de sport. Ce n’est rien. J’ai déjà fait plus avec papa, et sans même être essoufflé.

Ça va aller.

J’essaie de sautiller, mais les courbatures me brûlent les jambes. Je n’aurais peut-être pas dû faire ce dernier entraînement hier. Au moins je ne serais pas tombé sur la bande en vélo. C’est ce dernier sprint qui m’a fait mal. Mais en même temps, quelle fierté de les avoir distancés !

Ne pense pas à eux. Sois focus sur ta course. Tu t’es préparé pendant un an. Tu vas la remporter.

Tu vas gagner ton combat.

M. Rabordet coupe soudain le ruban et crie dans son mégaphone :

— C’est parti !

Je m’élance, à l’assaut de mon défi.

Je vais le faire, pour tout ce que j’ai subi depuis deux ans. Je suis soudain dans ma bulle, comme sur un nuage. Je vais y arriver, pour Charlotte qui y a toujours cru. Je passerai cette satanée ligne d’arrivée en premier. Je n’entends plus rien autour de moi, seulement le bip de la montre qui me serre le poignet. Je vais leur montrer de quoi je suis capable, et gagner le respect de la classe. Je me vois déjà lundi au collège, ma médaille autour du cou.

C’est parti.

Je vais gagner.

La tête haute…

Chapitre 1

Deux semaines déjà

Deux semaines déjà.

Bien installé au fond de ma chaise je ne peux m’empêcher de calculer combien il en reste avant la fin de l’année scolaire. Je sors discrètement mon agenda et regarde avec attention la page du calendrier.

— C’est là que l’expérience devient intéressante, les enfants ! Je vous conseille d’être attentifs…

Je lève un œil en direction de M. Barsu. Trop occupé à manipuler un circuit électronique, il ne remarque même pas qu’aucun élève ne suit son cours.

Tu parles, il y a de quoi !

La technologie, c’est en vérité le moment où tout le monde s’occupe. Il y a ceux qui terminent leurs devoirs à faire à la maison, et puis les rêveurs, observant par la fenêtre la végétation au-dehors, tout en s’imaginant certainement allongés sur l’herbe à papoter. Tiens, Amandine et Cécile bavardent justement, mais avec une discrétion digne d’un oscar ! Il faut les voir, une main placardée devant la bouche, et le regard rivé sur le tableau où le travail pour le prochain cours est déjà inscrit.

Le genre « concentrées », mais sans l’être en fait !

Tout un art…

De temps à autre, elles lâchent un petit rire, toujours suivi d’une expression sérieuse pour ne pas se faire remarquer.

De vraies professionnelles je vous dis !

Deux rangs devant moi, Charlotte semble être la seule intéressée par les explications du prof le plus soporifique de l’Histoire des collèges de France. Le coude posé sur la table et le menton enfoncé dans la main, elle hoche régulièrement la tête de haut en bas, et je la surprends même à écrire des notes dans son cahier.

J’aurais tellement aimé être à côté d’elle…

Et puis j’avais justement plein de nouveaux dessins de mangas à lui montrer. Mais c’est trop dangereux. Les Mousquetaires de la Terreur n’attendent que ça pour dégainer leurs moqueries. D’ailleurs, pas besoin de me retourner pour deviner où ils sont et ce qu’ils font. Vautrés sur leurs chaises, le plus loin possible du prof, ils mâchonnent certainement un chewing-gum interdit tout en dessinant des énormités qu’ils se défendront d’avoir faites s’ils se font prendre.

— C’est pas moi, j’vous jure que j’y suis pour rien, sur la vie d’ma mère m’sieur…

Je les entends glousser dans mon dos, et j’ai déjà reçu une dizaine de boulettes de papier sur la tête depuis le début du cours. Bien sûr, je pourrais les ouvrir, et découvrir de formidables illustrations de crottes en tout genre, auréolées de mon prénom entouré de mouches, mais j’ai déjà donné et je préfère me concentrer sur le sujet qui me préoccupe le plus…

Bon sang, trente-quatre !

Encore trente-quatre semaines pour atteindre le mois de juillet…

L’équivalent d’une interminable traversée du désert.

— Dorian…

Et voilà, ils recommencent.

C’est dingue quand même, d’utiliser son intelligence, aussi petite soit-elle, pour embêter les autres à ce point. J’ai déjà vécu cette scène-là. À l’époque où j’étais encore insouciant. Quand ma vie n’était pas polluée par les moqueries gratuites et blessantes. On m’appelait, je me retournais. Point. Aujourd’hui, je ne bouge plus. Je me fige et mon cerveau est capable d’analyser à une vitesse folle le timbre de la voix qui a prononcé mon prénom.

Gérald.

Facile. Il a une voix si fluette que je ne comprends même pas pourquoi il est tellement populaire. Sa spécialité, c’est de faire celui qui n’a rien dit. Tu te retournes, et il te fixe comme un ahuri. Avec un peu de chance, tu auras même droit à son fameux « j’t’ai pas sonné, crâne d’œuf ! ».

Sa botte secrète, imparable…

Au départ, j’étais systématiquement honoré de tous les surnoms débiles. Dodo, Dorien, Dorémi… Et puisque je ne me retournais plus, il a fait marcher son cerveau pour prononcer mon prénom correctement. Bingo ! Je me suis fait avoir plus d’une fois. Mais le triste résultat de cette victoire, c’est que je ne réponds plus à personne. Ni en salle de classe, ni dans la cour. Je ne supporte plus qu’on m’appelle. Parfois, j’aimerais appuyer sur un interrupteur et me retrouver seul dans le collège. Sans Gérald, Julian, Clarence et Antonin. Et sans les autres qui les laissent faire en silence.

Seul et enfin tranquille.

Enfin, seul avec Charlotte quand même.

Je la regarde.

La bande de quatre prétend qu’il est impossible pour un garçon d’être ami avec une fille sauf si elle est moche. C’est absolument faux, en plus d’être absurde. Charlotte est très jolie, même si elle ne semble pas s’en rendre compte. Nous sommes proches depuis les premières années du primaire. Un coup de foudre amical tellement fort qu’on se raconte presque tout. C’est sans doute pour cette raison qu’on ne sort pas ensemble. Et de toute façon je préfère les brunes. Mais on est complices et on le restera toujours. Une amitié ne s’explique pas. Ce détail, les Mousquetaires de la Terreur ne peuvent pas le comprendre. À la seconde même où nous échangeons quelques mots, un regard, un sourire, les moqueries pleuvent pendant plusieurs jours.

— Dorien du tout !

Je regarde ma montre. Encore quelques minutes avant le changement de salle. Vite, je dois commencer à ranger mes affaires. C’est mon rituel depuis le milieu de la sixième, quand je suis devenu la cible de Julian. Lui, c’est le meneur du groupe.

Le D’Artagnan du harcèlement !

Et cette fois, c’est lui qui aboie mon prénom.

Un véritable paradoxe ce type. Si vous voulez éviter les problèmes, alors soyez son ami. Mais quand vous le devenez, il vous entraîne avec lui dans son nid à soucis. Et il en a un sac infini, croyez-moi. Rien ne le vaccine… Soutenu contre vents et marées par ses parents qui le voient comme un ange, il a déjà été convoqué chez le CPE plus de fois que les doigts de la main, qu’il s’amuse à claquer sur nos joues. C’est le plus violent du groupe, et forcément le leader incontesté. Celui qui garde sa casquette sur le melon pendant les cours, malgré les remarques des professeurs et qui refuse qu’un autre lui tienne tête. Et moi j’étais en train de l’ignorer de toutes mes forces.

— Vas-y retourne-toi ou je t’attrape !

Je ferme les yeux. Mes affaires sont rangées, je pourrai sortir rapidement et filer dans la salle suivante avant qu’il ne me fasse quoi que ce soit. Mes mains deviennent moites, comme à chaque fin de cours.

Soudain, la sonnerie retentit.

Quelques notes de musiques que le proviseur a voulues joyeuses et modernes, mais qui m’angoissent terriblement. J’attrape mon sac de la main droite et le balance par-dessus mon épaule avant de me diriger au pas de course vers la sortie.

— Eh bien, il y a des pressés ! s’étonne M. Barsu derrière sa moustache grise, les yeux écarquillés.

J’ignore sa remarque. J’ai bien plus important à penser à cet instant précis.

— Pfff… Il est attentif à ce qu’il veut lui, je songe en contournant son bureau. Faudrait qu’il ouvre les yeux sur ce qui se passe vraiment dans son cours !

Je me faufile entre les élèves du premier rang et sors de la salle. Je cherche Charlotte du regard, mais la cohue de la sortie m’empêche de la voir. Une fois dans le grand couloir, je longe les casiers et me dirige vers l’aile ouest du collège, en direction du cours de maths. C’est le moment où les élèves déambulent dans tous les sens. Un véritable chassé-croisé au milieu d’une fourmilière géante.

— Vas-y bouge, je veux pas être en retard et me retrouver devant !

Quelques troisièmes dont la voix mue se bousculent et me doublent quand soudain je me retrouve projeté en avant, bien aidé par un puissant coup dans le dos.

— Hé ! je crie de surprise.

Mon sac, qui ne tenait que sur une épaule bascule et m’entraîne dans une chute qui fait rire derrière moi. Vautré sur le sol, le poignet douloureux, je me relève péniblement et me retourne.

— Je t’avais prévenu. La prochaine fois, tu répondras quand on t’appelle, espèce de gland !

Julian me contourne fièrement en ricanant, suivi par Antonin et Clarence. Ce dernier fait même semblant de me balancer un coup de pied, me forçant à me recroqueviller. Fébrilement, je me redresse dans l’indifférence générale des élèves qui rejoignent leur salle de classe.

Aveugles à ce qui se passe sous leurs yeux.

Des témoins fantômes…

C’est là, au moment où je me remets en marche, que Gérald vient me porter le coup de grâce. Une jolie claque derrière la caboche avant de partir au pas de course en criant :

— On dit pas merci, on dit Dorien !

Faire bonne figure. Relever la tête et repousser les larmes. Au bout du couloir, je passe devant le bureau des surveillants. Guillaume est là, debout, à regarder défiler les élèves. Je l’aime bien, Guillaume. Il est différent des autres. Plus à l’écoute, il essaie de comprendre nos problèmes. Quand je suis allé le voir l’an passé, il n’a pas cherché à me rendre responsable de ce que je subissais, contrairement à d’autres. Ça m’a fait du bien. Beaucoup de bien, de me sentir compris. Mais il n’a pas tous les pouvoirs, alors inutile de l’embêter encore avec des problèmes qu’il ne pourra résoudre. Je passe devant lui avec un magnifique sourire de façade.

Ça, je sais faire.

Et à la perfection.

Ce que la première année au collège m’a appris, c’est à mettre un masque invisible sur mon visage. Ne pas montrer mes émotions, pour me protéger. Je traverse le préau et pénètre dans l’aile scientifique. La salle 102 est ouverte et je m’installe discrètement au deuxième rang, sans lancer le moindre regard à la bande du fond. Margot arrive au moment où Mme Marchal referme la porte.

— Je suis désolée, articule-t-elle en cherchant son souffle.

J’entends ricaner dans mon dos.

— C’était moins une, sourit notre professeure principale.

Moi qui n’ai jamais aimé les maths, je dois dire qu’avec elle, c’est plutôt agréable. Pédagogue, elle parle bien et ses explications ne sont pas du chinois à mes yeux. Mais surtout, elle a toujours plein d’informations à nous donner en début de cours, ce qui retarde le début des exercices.

Et ça, c’est top !

— J’espère que vous allez tous bien en ce début de semaine, commence-t-elle. J’ai deux ou trois choses à vous annoncer avant d’attaquer le cours. Les élections de délégués auront lieu à la fin du mois, ce qui signifie que les candidats doivent se présenter aujourd’hui. D’ici une semaine, ils auront un temps de parole afin d’expliquer au reste de la classe pourquoi il faut voter pour eux. J’invite donc ceux qui souhaitent le devenir à lever la main.

Un brouhaha s’installe.

Et après tout, pourquoi pas ?

Je lève le doigt, dans un mouvement sec pour masquer la trouille bleue qui me ronge le ventre.

— Dorian, c’est noté ! Charles également, ainsi qu’Aurélie et Vanessa.

Mme Marchal circule dans l’allée et griffonne dans son carnet une dizaine de noms encore.

— Je rappelle que vous serez élus par binôme, précise-t-elle. Ce qui signifie que pour chaque délégué, il faudra un suppléant !

Certains avaient déjà anticipé ce point en se présentant à deux. C’était le cas de Cécile et Amandine. Mais pas le mien.

Mince !

Dans mon élan d’orgueil, je n’avais pas pensé à ça. Impossible de se présenter seul… Je jette alors un regard désespéré en direction de Charlotte. Comme si elle sentait de l’électricité dans l’air, cette dernière se retourne et me fixe d’un air étonné. Je la désigne du doigt en lui envoyant un clin d’œil complice.

Elle rougit.

Puis lentement, elle lève la main et se propose de former mon binôme. C’est acté. Génial… Le moyen parfait de m’intégrer dans la classe…

— Voilà qui est fait. À présent je dois vous parler du Cross du Collège. N’ayant pas pu le mettre en place l’an passé, le proviseur a décidé qu’il aurait lieu au tout début du mois de juin. C’est une course de 5 kilomètres, ce qui est conséquent pour votre âge. Mais en collaboration avec votre professeur de sport, vous avez le temps de vous y préparer, si toutefois vous souhaitez y participer. Les inscriptions seront closes aux vacances de Noël.