La dernière mission - Paul Bruard - E-Book

La dernière mission E-Book

Paul Bruard

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Beschreibung

Dans un futur proche, une mission est envoyée sur Mars pour coloniser la planète et résoudre ses innombrables énigmes. Sur un sol hostile où tous les engins qui s’étaient posés ont mystérieusement disparu, mille dangers attendent ces premiers humains. Comme de nombreux adolescents, Clara et Thomas rêvent de poser le pied sur le sol rouge, mais l’équipage de l’Espérance, qui a parcouru plus de 500 millions de km à travers l’espace, ne se doute pas qu’il est attendu. Mars réserve aux terriens des mystères au-delà de leur imagination la plus folle…



Lectorat 9/12 ans


À PROPOS DE L'AUTEUR


Originaire de Franche-Comté et père de trois enfants, j’ai réussi à suivre, malgré mon côté rêveur, plusieurs cursus de formation. Après une licence en économie, j’ai obtenu le diplôme d’Etat d’éducateur spécialisé qui m’a permis de travailler dans différentes structures et auprès d’un large public. Je suis revenu depuis peu dans l’animation, et accompagne au quotidien des enfants de maternelle jusqu’au CM2. Amoureux des mots depuis le plus jeune âge, je suis sans cesse à la recherche de nouveaux projets. Après un passage dans le monde de la scène (auteur-compositeur-interprète de plusieurs chansons répertoriées sur différents sites de musique), j’ai décidé de me lancer dans l’écriture de romans et d’histoires plus courtes, dans le but de les partager avec les enfants que j’accompagne au quotidien.
« Faire voyager et transmettre le pouvoir merveilleux des mots » telle est ma devise !

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Paul Bruard

La dernière mission

Roman Jeunesse

ISBN : 979-10-388-0325-1

Collection Saute-Mouton

ISSN : 2610-4024

Dépôt légal : avril 2022

© 2022. Couverture Ex Aequo

© 2022. Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction intégrale ou partielle, réservés pour tous pays.

Toute modification interdite

Éditions Ex Aequo

Prologue

Ils arrivaient.

Sans pouvoir encore les distinguer dans l’immensité de l’univers, elle sentait qu’ils approchaient et cette pensée la terrorisait au plus profond d’elle-même. Bientôt ils seraient là. Alors l’histoire se répéterait. Encore. Elle le savait, car elle les observait depuis des milliards d’années. C’est toujours pareil. Ils viennent, ils se servent, et ils repartent.

Mais pas cette fois.

Non, elle était bien décidée à ne pas se laisser faire. Tout était prévu. D’abord, elle les laisserait s’installer et gagner en confiance. C’était essentiel pour les rendre vulnérables. Puis le doute apparaîtrait, lentement, devant des évènements dangereux et inexplicables. La peur viendrait ensuite, de plus en plus forte jusqu’à ce qu’enfin, l’envie de repartir définitivement inonde leurs esprits.

Les laisserait-elle repartir ?

Après tout, elle savait pourquoi ils venaient. Si elle se montrait trop docile, ils resteraient et s’installeraient pour de bon. Ils avertiraient leurs semblables, qui arriveraient en masse. Restait alors la solution de les tuer tous ? Mais même blessée au plus profond de ses entrailles, elle n’était pas aussi méchante. Elle devait leur laisser une chance.

Une chance.

Ils n’en auraient qu’une. Et s’ils ne comprenaient pas le message, alors elle devrait s’occuper de leur cas. Leur révéler son terrible secret et les faire disparaître, pour toujours. D’une manière ou d’une autre, ces visiteurs seraient les premiers, et les derniers à poser le pied sur son sol.

Chapitre 1

Le vaisseau tremblait de toutes parts. La violence des vibrations était telle que tout semblait sur le point de tomber en morceau. Bien sanglés au fond de leurs sièges, Thomas, Clara et le reste des passagers de l’Espérance n’avaient rien d’autre à faire que d’attendre.

Espérance.

Une sacrée trouvaille, ce nom-là. Il avait été choisi après le vote en ligne de millions d’internautes et représentait l’avenir de l’humanité. De sa construction jusqu’au décollage, il avait regroupé les plus belles valeurs que l’on souhaitait prôner partout dans le monde. Des ingénieurs, scientifiques, astrophysiciens, astronautes et bien d’autres professions de tous les pays et de toutes les cultures s’étaient investis dans ce projet immense et ambitieux, résumé en deux mots : Mission Mars. Près de quinze années de recherche, de travail, de tests en tout genre pour construire un vaisseau à la pointe de la technologie, permettant à l’équipage de se placer en hibernation, sorte de coma artificiel, durant cinq mois et naviguer sereinement à travers le système solaire jusqu’à la planète rouge.

— Distance au sol 80 km, nous allons entamer la phase finale. Les données sont correctes.

La douce voix informatique, mais presque humaine de Lucy, l’ordinateur de bord, rassura Thomas. Du haut de ses 15 ans, il avait encore du mal à réaliser l’expérience qu’il était en train de vivre. Deux ans auparavant, Henri et Anne Millet s’étaient presque évanouis lorsqu’ils avaient appris que leur famille venait d’être tirée au sort pour le voyage sur Mars. Ils répondaient parfaitement aux critères de sélection, et étaient censés apporter la stabilité au sein du vaisseau. Thomas et Clara, leurs enfants, vivaient depuis un rêve éveillé, rythmé par des entraînements intensifs, des cours d’astronomie et une célébrité sans précédent. Un rêve qui pourrait virer au cauchemar si l’atterrissage ne se passait pas comme prévu. Une tragédie éventuelle dont personne ne parlait, mais qui occupait une part de tous les esprits. Après tout, la mission avait de nombreux objectifs. Établir une base solide, étudier le sol et l’environnement martien, mais également résoudre l’énigme du rover Persévérance. Envoyé sur la planète rouge en juillet 2020, il s’était posé sans encombre sept mois plus tard, filmé en direct et observé par des millions de téléspectateurs. Une véritable prouesse pour un engin qui avait parfaitement fonctionné pendant de longs mois avant de cesser brusquement de transmettre ses données, sans qu’aucun scientifique n’en comprenne la raison. Ce n’était pas le premier engin à disparaître subitement et sans explications, et c’est pour cette raison que l’A.A.S (Association des Agences Spatiales) avait chargé l’équipage de résoudre ce mystère, et en particulier Aaron Pratt, professeur de philosophie, mais grand spécialiste de la planète rouge (il était d’ailleurs l’auteur de nombreux ouvrages sur Mars qu’il étudiait depuis l’enfance). Le « Prof » comme le surnommaient ses élèves, était accompagné d’Édouard Rey, médecin et franco-américain comme lui ainsi que Mary Chills et David Bush, astronautes réputés et pilotes expérimentés reconnus dans le monde entier.

— Préparez-vous à être secoués, affirma David d’une voix ferme, mais calme.

Une violente secousse.

— Propulseurs allumés, bouclier thermique enclenché.

L’équipage s’était réveillé de son hibernation depuis plusieurs semaines, mais Thomas avait du mal à récupérer de ce sommeil de près de cinq mois. On raconte que l’esprit est capable de produire des millions de rêves par nuit. Imaginez alors que cette dernière soit 150 fois plus longue ! La migraine qui s’était emparée de lui à son réveil l’avait empêché de profiter pleinement de la plus belle vision de sa toute sa vie : l’apparition de Mars à travers le hublot.

— C’est dingue, s’était émerveillé Clara, les yeux remplis de larmes de joie.

Un spectacle qu’elle n’aurait jamais cru voir, même dans ses rêves les plus fous. À 17 ans, elle venait d’accomplir ce qu’aucun autre élève de sa classe de lycée ne ferait jamais. Traverser près de 500 millions de kilomètres dans l’espace.

— Ouais c’est rouge, s’était contenté de répondre son petit frère, les mains collées sur les tempes.

— Pff. M’man a raison. Tu ne sais pas profiter des meilleurs moments de la vie, Tom.

— Arrête de m’appeler comme ça, tu sais très bien que ce surnom est réservé à mes potes.

Puis il était reparti s’allonger sur sa couchette, les écouteurs dans les oreilles. Clara avait alors observé un long moment la planète Mars à travers le hublot. Une boule orangée, flottant dans un univers noir, infini et étoilé. Un spectacle hallucinant. Elle s’était demandé pourquoi tous les scientifiques s’accordaient sur le principe que cette planète était morte. Dans la plupart des livres qu’elle avait parcourus, Mars était décrite comme sèche, froide, sans le moindre espoir de vie, à part dans son sol, à l’état éventuel de cellules. Qu’avait-il bien pu se passer pour que la jumelle de la Terre, pourvue de végétation, d’océan et d’atmosphère, se soit refroidie de cette manière, 3 milliards d’années auparavant ? Elle s’était peu à peu transformée, jusqu’à devenir aujourd’hui un corps solide et poussiéreux, jusqu’au noyau. Avant de rejoindre les autres membres de l’équipage, elle avait remarqué quelque chose, en observant la surface entière de Mars. L’espace d’un instant, un élément lui avait sauté aux yeux, intrigant, avant d’être masqué par une tempête de sable qui balayait la surface. Mais certaine que son esprit lui jouait des tours, Clara n’en parla à personne. Quelques semaines plus tard, elle était sur le point de devenir l’une des premières à fouler la planète rouge.

— Distance au sol 20 km. Les voyants sont tous au vert. L’atterrissage se présente bien.

— Merci, Lucy, répondit Mary, les yeux rivés sur les moniteurs.

La décélération venait d’atteindre son point maximal. Henri, Anne et leurs deux enfants étaient littéralement figés sur leur siège.

— On dirait qu’un éléphant est en train de m’aplatir, hoqueta Thomas, le souffle coupé.

— C’est normal, le rassura Édouard. Ne t’en fais pas, tu tiendras le coup.

Thomas avait du mal à faire confiance. S’approchant de la fin du collège, il s’affirmait de plus en plus comme un caractère fort, qu’il était difficile de convaincre et d’influencer. Une qualité parfois, mais un défaut aussi lorsqu’il s’entêtait dans une décision contre laquelle tout son entourage le mettait en garde. La seule personne à le connaître au plus profond de lui, c’était sa grande sœur, à qui le rude gaillard se confiait parfois, avec la certitude absolue que le secret serait gardé. Du reste, Thomas n’avait guère confiance en la médecine, incapable par le passé de contenir une épidémie qui avait fait des dégâts considérables à travers le monde. En 2020, un virus s’était répandu sur la planète, décimant des millions de personnes et forçant les gens à vivre avec un masque sur la bouche, à éviter de s’approcher, jusque dans les cours d’école. Depuis, la médecine avait pris un sacré coup dans sa crédibilité auprès de beaucoup de personnes. Surtout auprès de Thomas, qui estimait qu’il était le plus apte à savoir ce qu’il devait faire pour éviter tout problème de santé dans sa vie. Mais il faut admettre que les propos d’Édouard le rassurèrent, au moins un peu. Tout autant que la sérénité qui se dégageait des deux pilotes. Mary et David communiquaient avec beaucoup de calme et d’assurance au moment où l’Espérance se mit à ralentir encore.

— Distance au sol 6 km. Tempête de sable en approche. Souhaitez-vous poursuivre l’atterrissage ? Je peux enclencher une procédure d’évacuation sur vos ordres.

— Non, répondit Mary. Je l’observe sur mon moniteur. Elle est faible, aucun danger pour le vaisseau.

— Je confirme, compléta David. On poursuit, Lucy.

Un claquement se fit entendre, puis un nouveau soubresaut.

— Bouclier thermique abandonné, rétrofusées allumées, parachutes déployés. Estimation du contact au sol sur le cratère de Jezero, deux minutes.

— Nous y sommes, soupira Aaron. Mon rêve d’enfance…

— Le mien aussi, ajouta Clara avec une pointe d’humour.

Le cratère de Jezero.

Ils touchaient au but.

Le vent soufflait à l’extérieur. Libéré du poids de son siège, Thomas n’était pas entièrement rassuré pour autant. La tempête, même légère, faisait rage sur la surface martienne, et le moindre problème pouvait à cet instant devenir fatal. Combien de sondes, avant l’Espérance, avaient explosé à quelques mètres du sol ? Combien de fois les scientifiques de la Nasa s’étaient-ils félicités avant de perdre leur navette ? Toutes ces inquiétudes jouaient à cache-cache dans son cerveau, tandis que le vaisseau se rapprochait de plus en plus de son but.

— Rétrofusées désenclenchées. Seuls les parachutes sont nécessaires à présent.

Le vaisseau était imposant, et l’A.A.S avait prévu toutes sortes de sécurité pour éviter une collision à l’atterrissage. Le système de rétrofusées en faisait partie, fournissant une poussée opposée au sens de mouvement de l’Espérance, causant ainsi sa décélération.

— Tout est sous contrôle, déclara David.

Soudain, la chute parut s’accélérer.

— Distance au sol, 2 km. L’un des parachutes est déchiré. J’attends vos ordres.

— On continue, déclara le pilote chevronné. Il en reste un, c’est largement suffisant.

Un silence absolu régna alors dans l’habitacle. Chacun espérant que la tragédie, déjà prédite par certains journaux, ne devienne pas tristement réelle.

— Distance au sol 1 km. La vitesse est trop élevée. Aucun moyen de la réduire.

— Je sais, grommela David. Ça va aller.

— Tant que le deuxième parachute ne…

Une détonation résonna dans tout le vaisseau, empêchant Mary de terminer sa phrase.

— Le second parachute est fissuré, David. Préparez-vous à l’impact.

Tout l’équipage fut de nouveau aspiré au fond de son siège. La chute ne dura que quelques secondes, et se termina par un immense fracas. Thomas ferma les yeux, attrapant la main de sa sœur dans le siège d’à côté, au prix d’un effort surhumain. Parcourir plus de 500 millions de km et tout perdre dans le dernier. Ce serait là le plus grand drame de l’histoire de la conquête spatiale. Le vaisseau tangua, penchant à gauche puis à droite, secoué par les vents violents qui se fracassaient sur ses parois. Puis il se stabilisa. Dans un silence glaçant, la voix de Lucy déclara :

— Contact au sol établi. Félicitations à tout l’équipage. Vous êtes sur Mars.

Étrangement, il n’y eut pas d’acclamations ni de cris de joie. Le sentiment général qui régnait dans le poste de pilotage était le soulagement. Celui d’être encore en vie. L’incident qui venait de se produire n’avait pas été envisagé dans tous les scénarios étudiés. Et nul ne savait dans quel état l’Espérance se trouvait, ni s’il s’était posé au bon endroit.

— Lucy, lance une mise à jour de l’état du vaisseau, déclara Mary en détachant les sangles autour de ses bras.

— Je m’en occupe, Mary.

— On est sur Mars, murmura Clara, comme si elle n’arrivait pas à y croire.

David se redressa pour se diriger péniblement vers l’écran principal, accroché sur l’une des parois de l’habitacle. Il pianota quelques instants sur le clavier puis enregistra un message vidéo.

— Houston, ici l’Espérance. Nous avons atterri sur Mars. Le vaisseau a subi quelques défaillances techniques et nous attendons de savoir quels dégâts ont été causés par la perte des deux parachutes, mais l’équipage est au complet et en parfaite santé. Nous allons commencer dès que possible l’installation des modules martiens, le déploiement du Rover et des panneaux solaires. Le campement devra être opérationnel à la tombée du jour. Terminé.

Il respira profondément avant de conclure :

— Lucy, envoie ce message à la base.

— C’est envoyé, David. Le délai de transmission est de 20 minutes. Je termine à l’instant le processus de mise à jour de l’Espérance. Le vaisseau a subi quelques dommages, mais rien d’irréversible. Je vous transmettrai les données concernant les parties endommagées pour que vous puissiez les réparer. La trajectoire d’atterrissage a été légèrement modifiée. Nous nous situons à 200 mètres de notre point de chute initial, il faudra donc vous y rendre pour récupérer les modules d’habitation. Je les ai géolocalisés, ils sont en état. Attention, un nuage de poussière est en approche. Selon mes estimations, il sera sur notre zone dans la soirée.

Mary s’extirpa de son siège.

— Alors au travail. Ne perdons pas une minute. Chacun connaît sa mission !

Lors de la formation intensive suivie par l’ensemble des membres de l’équipage durant les deux années précédant le décollage, chacun avait reçu des consignes et des tâches précises à effectuer, une fois le vaisseau posé sur la planète rouge. D’abord, Mary et David devaient assembler le Rover, sorte d’engin tout terrain pouvant accueillir huit personnes, pour se rendre sur le site choisi par l’A.A.S et récupérer les modules d’habitation, immenses cylindres de deux mètres de hauteur envoyés sur la planète rouge quelques mois auparavant. Dès lors, c’était un travail d’encastrement qui attendait Aaron et David, pour mettre en place ce qui serait le « refuge » de l’équipage, pour toute la durée de la mission. Celle-ci pouvant s’étirer sur une année complète, l’habitation devait être assez spacieuse pour garantir le minimum de confort pour ses habitants. Elle comprenait six chambres, une infirmerie, une salle d’expérience et de recherche, un espace de sport et de remise en forme, plusieurs pièces à vivre et tout le nécessaire d’hygiène. Tous les modules s’assemblaient autour d’un grand sas en forme de cercle, ce qui donnait au campement l’apparence d’une araignée blanche, sur un sol d’un rouge absolu. Autour, une serre devait être assemblée, dans le but de cultiver sur place les denrées alimentaires nécessaires à la survie de l’équipage, bien qu’il existât une réserve d’urgence à l’intérieur de l’habitat. Henri et Anne s’attelèrent donc au montage avec beaucoup d’application et de concentration. Une brèche dans la serre suffirait à détruire l’ensemble des récoltes, c’est pourquoi il était vital de respecter les procédures qu’ils avaient répétées une centaine de fois sur Terre. Clara et Thomas, quant à eux, étaient chargés de transporter les affaires de l’équipage de l’Espérance à l’habitat. Un travail pour le moins ingrat, mais qui leur convenait à merveille, étant donné leur âge. De plus, la tâche qu’on leur avait confiée était ailleurs. De nombreuses études réalisées pendant la pandémie de Covid qui avait frappé le monde et contraint les familles à rester confinées dans leur domicile durant plusieurs mois avaient révélé que les enfants étaient une source de stabilité dans les moments difficiles. Ils apportaient cette touche de fraîcheur, d’insouciance et d’esprit qui manquait parfois dans un groupe d’adultes. Ce choix avait soulevé une vague de polémiques. Certains journaux, et quelques personnalités de tous pays s’étaient opposés publiquement à cette idée d’envoyer une famille sans la moindre notion d’astronomie ou de géologie dans l’espace, et encore moins des enfants, même adolescents. Le facteur humain est une chose que l’on ne peut mesurer par des chiffres, c’est pourquoi il est bien souvent méconnu et pourtant si précieux. Thomas et Clara avaient un travail à effectuer. Celui d’observer, de poser des questions, d’apporter un raisonnement différent et pourquoi pas, de percer les innombrables mystères de Mars. Ils seraient le lien invisible entre tous les membres de l’équipage durant cette mission, un rôle qu’ils comptaient jouer à merveille. La migraine de Thomas s’était dissipée. Envolée à la seconde où Mary avait ouvert la porte du sas extérieur, inondant l’intérieur du vaisseau d’une couleur rouge-orangé aveuglante. Quelle vision !

— C’est un truc de dingue, avait murmuré Clara.

Devant eux s’étendait un désert de sable, de poussière et de roches. Quelques reliefs à l’horizon laissaient supposer des montagnes lointaines, mais il n’y avait rien d’autre aux alentours. Aucune trace de vie, si ce n’est le reflet argenté des modules qui reposaient sur le sable à 200 mètres du vaisseau. Ce fut Mary qui eut le privilège de marcher la première sur le sol martien. Une décision prise à l’unanimité lors de la dernière réunion collective avant l’hibernation de cinq mois. La pilote prit son temps sur l’ultime marche de l’échelle intégrée au vaisseau, puis lentement, avec humilité et admiration, elle posa un pied sur le sol rouge. Il s’enfonça légèrement dans le sable, dans une légère volute de poussière et laissa une empreinte parfaite.

Mary resta immobile.

Un petit instant.

Bien protégée dans une combinaison équipée d’oxygène et des dernières technologies, elle savoura ce moment magique avant de faire quelques pas, lents et gracieux. Pas de grande phrase qui resterait célèbre à travers le temps. Non, ouvrir les yeux et profiter du paysage était largement suffisant…

En silence, et pour la première fois de la grande Histoire de l’Humanité, on avait marché sur Mars…