La Plume d'Amala - Paul Bruard - E-Book

La Plume d'Amala E-Book

Paul Bruard

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Beschreibung

Une simple plume peut cacher bien des pouvoirs...

Plonger dans un monde fantastique inventé par une jeune indienne à l’aide d’une plume aux pouvoirs magiques…
C’est ce qui attend Emma, Sam, Lucie et Adam, lorsqu’ils décident de visiter une sinistre maison abandonnée… Mais sont-ils prêts à découvrir un royaume où la jalousie et la soif de pouvoir menacent de tout détruire ? Le monde de paix qu’Amala souhaitait construire va entrer en guerre, dès l’instant où les quatre adolescents vont y poser le pied. Une guerre dont personne ne sortira indemne…

Une aventure pleine de rebondissements !

Lectorat : à partir de 9 ans

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Paul Bruard

La Plume d’Amala

Roman Jeunesse

ISBN : 979-10-388-0217-9

Collection Saute-Mouton

ISSN : 2610-4024

Dépôt légal : octobre 2021

©2021. Couverture Ex Aequo

©2021. Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction intégrale ou partielle, réservés pour tous pays.

Toute modification interdite

Éditions Ex Aequo

À Noé, Tom et Lila,

À tous les enfants qui me

 demandaient chaque jour si « l’histoire

de la plume était bientôt terminée ».

À

Prologue

1532, Pérou, à l’Est des Andes

L’aube se levait à l’horizon lorsqu’Amala sortit du village encore endormi. C’était le moment de la journée que la jeune fille préférait. La brume du matin et le léger vent qui venait caresser ses cheveux lui donnaient l’impression d’être seule au monde. Elle respira à pleins poumons en levant lentement les bras, pour profiter totalement de cet instant de calme. La nature se réveillait et les odeurs qui s’échappaient du sol lui rappelaient les innombrables promenades matinales en compagnie de son grand-père, quand il était encore vivant. C’est grâce à lui qu’elle avait découvert la puissance et la beauté de la nature. Elle aimait en profiter, seule, au petit matin. Pour Amala, c’était un peu comme s’il était encore là, près d’elle, par la pensée. Un moment privilégié avec la mémoire de son ancêtre, seule avec ses souvenirs. Mais pour cela, il fallait faire attention à ne réveiller personne. Alors sans faire de bruit, elle s’était éclipsée de la maison de bois dans laquelle elle vivait avec plusieurs familles et s’était mise en route en direction de l’Ucayali, puissant fleuve bordant son village. C’est là, quelques mois auparavant, qu’elle avait aperçu pour la première fois la créature. Amala était alors tranquillement installée au bord de l’eau et accomplissait sa mission quotidienne, la pêche. C’était une tâche qui était confiée à tous les enfants de son âge. La jeune Indienne connaissait les endroits où les poissons étaient les plus nombreux. Et puis elle aimait se retrouver seule face au paysage qui se dressait derrière le fleuve. Sans trop savoir pourquoi, elle éprouvait dans ces moments si paisibles un profond sentiment de liberté. Il lui suffisait de lever les yeux. Derrière le fleuve s’étendait la Ceja de la Montana, le sourcil de la montagne, sorte de grande bande de forêts denses, humides et froides. Personne dans la tribu des chunchos ne s’y était jamais aventuré, tant l’endroit était dangereux et hostile. Timir, le vieux sorcier du village, parlait même de sorcellerie, lorsqu’il racontait les légendes de ce lieu, durant les veillées. Bien que curieuse, Amala respectait les consignes de ses parents et jamais elle n’avait tenté de traverser le fleuve. Après tout, depuis le rocher où elle s’installait pour pêcher, elle avait une vue magnifique sur la célèbre Cordillère des Andes qui se dessinait comme un mur sur l’horizon. Avec la plus longue chaîne de montagnes du monde comme paysage, tout était réuni pour que la jeune Indienne soit heureuse et la pêche abondante. Mais à l’aube de ce jour si particulier, alors qu’elle attendait patiemment que des poissons se prennent dans le large filet qu’elle avait lancé dans l’eau, une ombre s’était soudain déployée dans le ciel, et un cri déchirant avait brisé le silence apaisant de ce lieu. D’abord paralysée par la peur, elle s’était ensuite réfugiée derrière un arbre, accroupie, attendant que la créature disparaisse. Mais cette dernière décrivait de grands cercles au-dessus du fleuve. Alors la jeune fille de douze ans était sortie de sa cachette, juste à temps pour voir une sorte d’aigle géant tomber en piqué, au cœur du sourcil de la montagne, de l’autre côté de la rivière. Amala n’avait pas l’intention de s’y aventurer jusqu’à ce qu’elle comprenne que l’animal était blessé. Ses cris, qui ressemblaient à de profonds gémissements, avaient touché la jeune Indienne en plein cœur. Comme attirée vers lui, elle avait alors traversé l’Ucayali à bord d’une petite barque, avant de s’enfoncer dans la forêt, oubliant la peur et guidée par sa volonté d’aider cet oiseau mystérieux. Suivant la direction des plaintes déchirantes de l’animal, elle l’avait trouvé assez rapidement, allongé sur le sol, de nombreuses griffures sur le flanc et la nuque. Amala avait déjà aperçu des centaines d’aigles. Il en volait régulièrement autour du village. Mais celui-ci était différent. Gigantesque. Son corps robuste, d’une longueur d’au moins trois mètres, était majestueusement doté de deux puissantes ailes, brunes et blanches, qui en mesuraient le double. L’une d’elles, repliée, saignait abondamment et des larmes semblaient couler de ses yeux orangés. Mais ce qui attira l’attention de la jeune Indienne, ce fut la plume qui ornait la calotte sur sa tête. Multicolore, elle n’était semblable à aucune autre. Fine à la racine, elle s’élargissait peu à peu, puis rétrécissait à son extrémité pour finir en petite pointe. Lorsque la jeune fille s’approcha de lui pour la première fois, l’aigle poussa un gémissement méfiant, et la fixa intensément, comme pour lire à travers ses pensées. Amala posa délicatement sa main sur lui, et attendit que l’animal lui fasse confiance. Après quelques secondes, ce dernier déplia lentement son aile meurtrie, laissant apparaître plusieurs flèches, que la jeune Indienne reconnut immédiatement. Elles avaient été tirées par les chasseurs de son village. À son tour, elle regarda l’aigle dans les yeux. Il ne fallut qu’un instant pour qu’une relation puissante naisse entre les deux, les liant d’une amitié profonde. Elle retira alors soigneusement les flèches, une à une, répondant aux cris de l’animal par des chansons apaisantes que lui avait apprises sa mère. C’est elle qui avait choisi son prénom. Un prénom doux, mélodique, en accord parfait avec le caractère profondément humain de la jeune Indienne. Alors Amala décida de s’occuper de son ami jusqu’à ce qu’il guérisse. Elle pansa ses blessures, avant de lui construire au fil des jours un immense nid confortable et chaud. Chaque soir, avant de rentrer au village, elle lui apporta une partie des poissons qu’elle transportait dans son panier. Plus le temps passait et plus la jeune fille restait longtemps auprès de l’aigle, lui confiant ses secrets et ses espoirs de devenir un jour une adulte responsable, honnête et entière. Un soir, elle lui révéla même son rêve le plus cher. Après un conflit entre les Incas et sa tribu, Amala lui avoua sa profonde tristesse de voir le monde parfois déchiré par les guerres et la jalousie.

— Si seulement je pouvais tout reconstruire, sanglota-t-elle, blottie dans les ailes de l’animal. Créer un endroit parfait…

Les mois passèrent et, tous les jours, la jeune Indienne rendait visite à son ami. Mais dans la fraîcheur de ce petit matin-là, alors qu’elle arrivait en chantant au cœur de la Ceja de la Montana, elle découvrit le nid vide. L’oiseau, définitivement guéri, avait repris son envol et était reparti vers d’autres horizons. Amala s’effondra sur le sol et se mit à pleurer. Des larmes aussi nombreuses et profondes que sa tristesse était sincère. Soudain, son regard embué se posa au centre du tas de feuilles où l’aigle se reposait depuis plusieurs mois. Au milieu des branchages, elle illuminait le sol de toutes les couleurs. La plume. Celle qui ornait la tête de son ami. Il l’avait laissée là, peut-être en guise de souvenir ou de remerciement. Lorsqu’elle la ramassa, Amala se sentit soudain différente. Toute la tristesse qu’elle éprouvait s’était envolée. Elle s’accroupit et, à l’aide de la plume, elle dessina sur le sol un immense cœur, au cas où son ami repasserait par là. Puis elle rentra au village, et décida de cacher son trésor dans le petit coffre en bois que son père lui avait construit. Elle ne remarqua rien. Ni les enfants au bord de l’eau, ni les chasseurs à l’orée du bois, ni ses parents devant la maison. Tous regardaient en l’air, immobiles. La tête inondée par le souvenir de l’aigle et par le cadeau qu’il lui avait laissé, Amala n’avait pas remarqué l’immense cœur qui venait d’apparaître dans le ciel…

 

 

Chapitre 1

 

 

De nos jours, par un bel été…

 

La fête battait son plein ce soir-là. Il faut dire que tous les habitants du lotissement des Capucines avaient répondu présent au traditionnel repas annuel. Et personne n’était venu les mains vides. Salades, cakes en tout genre, viandes à griller au barbecue, fromages, desserts et boissons, chacun avait apporté sa contribution à la soirée. Le chapiteau, monté dans l’impasse qui marquait la limite du lotissement, abritait au moins une trentaine de personnes, bien décidées à s’amuser sans penser au lendemain. Un sentiment de liberté flottait dans l’air, après les tumultes d’une année rythmée par le travail, l’école, et tous les soucis quotidiens. M. Martin, affalé sur sa chaise en bout de table, avait vécu des moments particulièrement difficiles, à l’aube de sa soixantième année. Après avoir perdu son épouse, il était tombé gravement malade et ne devait son salut qu’à la présence de ses enfants à ses côtés. Ils avaient été sa force, et avec beaucoup de courage, il avait réussi à surmonter cette terrible épreuve de la vie. Bien que très affaibli, il profitait de la soirée avec une profonde innocence. Un peu plus loin, Mme Dubois riait à en perdre haleine. Et son rire faisait du bien à toute l’assemblée. Sonore et sincère, il se transmettait à tout le voisinage aussi facilement qu’un virus. Les éclats de voix s’élevaient dans les airs, se mélangeant aux odeurs de barbecue. C’est M. Petit qui en était responsable. Un grand homme au regard franc et au cœur tendre. Du haut de ses soixante-douze ans, il faisait partie des premiers habitants du quartier. Il en était d’ailleurs l’un des plus appréciés. Souriant en toutes circonstances, il avait toujours un petit mot gentil dans sa musette. Mais ce soir-là, toute son énergie se concentrait sur les grillades. Elles devaient être parfaites, sa réputation était en jeu ! Tendres, mais pas crues, grillées sans être brûlées… Tout un art dont Fernand Petit était le spécialiste !

La nuit était tombée depuis de longues minutes déjà, mais l’ambiance qui régnait laissait supposer que la fête ne faisait que commencer. Tout le monde s’amusait avec une insouciance aussi légère que sincère. Cependant, à quelques mètres de là, une autre soirée se déroulait.

Celle des jeunes.

Tranquillement installés sur un petit carré d’herbe, Sam, Lucie, Emma et Adam passaient le temps en enchaînant les histoires terrifiantes. C’était d’ailleurs le jeu préféré du groupe. L’objectif était simple : faire peur aux autres à l’aide d’un récit bien raconté.

— J’en connais une qui vous empêchera de dormir !

Sam se redressa fièrement et se racla la gorge avant d’entamer son récit.

— J’ai entendu parler d’une histoire terrifiante. Une vieille dame appelle un jour la police, pour se plaindre de faits bizarres dans le grenier de son logis. Selon elle, des bruits de pas l’empêchent de dormir toutes les nuits, et son âge ne lui permet plus de grimper les escaliers pour accéder à cette partie de la maison. Deux agents rendent alors visite à la vieille dame qui les accueille chaleureusement, devant la porte de son pavillon. Elle a de longs cheveux blancs et ses yeux, d’un bleu perçant, leur filent la chair de poule. Elle les conduit d’un pas chancelant jusqu’à la trappe qui mène au grenier. Mais une fois à l’intérieur, les policiers ne relèvent aucune trace suspecte. Ni empreinte de pas ni objet déplacé. Il n’y a rien dans le grenier, hormis une odeur terrifiante de renfermé, et une machine à coudre de l’ancien temps. Mais lorsqu’ils redescendent, la vieille dame a disparu.

Pause angoissante.

Sam était doué pour raconter des histoires courtes, mais dotées d’un terrible suspens. Les années collège se terminaient pour le petit groupe d’amis et les projets de métiers futurs commençaient tranquillement à germer dans les esprits. Devenir écrivain faisait partie des options pour ce grand gaillard à l’imagination débordante.

— Commence alors une nouvelle enquête. Où est passée cette vieille dame ? La police la recherche activement, des mois durant. Aucune trace d’elle. Comme si elle n’avait jamais existé. Son portrait, dessiné par les deux agents, passe en boucle sur toutes les chaînes de télévision. Et puis un jour, un homme d’une cinquantaine d’années se présente au commissariat, tenant dans la main une photo jaunie par le temps. Les policiers n’en reviennent pas. C’est bien la vieille dame ! Ils reconnaissent sa longue chevelure blanche, et ses yeux semblent encore plus profonds sur le papier. « Savez-vous où elle se trouve ? » demande l’inspecteur principal, heureux de pouvoir enfin boucler l’enquête. Mais la réponse de l’homme lui glace le sang…

Nouvelle pause angoissante.

— Bon, tu la termines ton histoire ou quoi ?

— Ouais elle est longue, quand même !

Sam fit mine de réfléchir encore quelques secondes avant de murmurer, les yeux grands ouverts.

— La vieille dame est morte depuis trente ans. C’était sa grand-mère. Et devinez quoi ? C’est en se servant de sa machine à coudre, au grenier, qu’elle est décédée. Son esprit y était sûrement coincé, et c’est grâce à l’aide des deux agents qu’elle a pu s’en échapper…

Un long silence s’installa, dérangé par les éclats de rires très sonores de Mme Dubois, à l’intérieur du chapiteau.

— Ben, elle est flippante, mais tordue ton histoire, mon vieux.

Adam essuya ses lunettes avant de les replacer correctement sur son nez.

— C’est pour ça qu’elle est bien, rétorqua Sam.

— Oui, mais peu de chances que quelqu’un y croit. Un fantôme, et puis quoi encore ? Une situation pareille dans la vraie vie, c’est parfaitement impossible !

Emma secoua la tête pour redresser la mèche de cheveux qui lui tombait sur le visage avant de s’exclamer :

— C’est vrai qu’il te faut des histoires réalistes, à toi !

Elle laissa s’échapper un petit rire moqueur qui irrita Adam.

— J’en connais une, déclara-t-il en se levant soudainement. Mais je suis le seul à…

— Non, le coupa Sam. On a déjà parlé de ça cinq cents fois au moins. C’est une idée idiote et inutile.

Les deux jeunes filles se regardèrent avec interrogation.

— Laisse le finir au moins, proposa Lucie.

Sam écarta les bras en signe de résignation.

— Je vous aurai prévenues, déclara-t-il.

Adam se plaça au centre du petit groupe. Il tenait son heure de gloire. Il faut dire qu’il était loin d’être le garçon le plus populaire du collège. Peu sportif, il n’était pas pour autant le premier de la classe. Très réservé, il souffrait d’un cruel manque de confiance en lui, depuis le plus jeune âge. Pourtant beau garçon, il avait énormément de mal à se faire remarquer aux yeux des filles. C’est pourquoi ses parents avaient décidé de l’inscrire à des cours de théâtre, ce qui avait engendré de nombreuses moqueries au collège. La vie est parfois dure, quand on a quatorze ans ! Heureusement pour lui, il avait sa bande d’amis. Sam, Lucie, Emma et lui se connaissaient depuis le primaire. C’est l’avantage des petites villes, les classes changent peu, et même l’entrée en 6ème a moins de chance de séparer les amitiés. Bien intégré dans le petit groupe, Adam s’y sentait un peu plus en confiance. Au point de raconter une histoire qui allait changer le cours de leur vie.

À tout jamais.

— Eh bien moi, je vais vous parler d’une maison mystérieuse, qui se trouve à quelques centaines de mètres d’ici !

Emma et Lucie le dévisagèrent, incrédules.

— Une histoire à faire peur dans notre village ? T’es sérieux ?

Adam esquissa un léger sourire.

— Et comment ! Écoutez bien. J’ai entendu dire qu’il y a une dizaine d’années, un homme qui habitait près de la vieille ferme, de l’autre côté du pont qui surplombe l’autoroute, a disparu.

— Ce n’est qu’une légende, affirma soudain Sam.

— Pas du tout ! Même que la maison existe, j’y suis allé en vélo la semaine dernière !

Emma se redressa.

— Continue, Adam.