La ville et la campagne dos à dos - Nelly Duplouy - E-Book

La ville et la campagne dos à dos E-Book

Nelly Duplouy

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Beschreibung

Au sein de ce diaporama de la vie, la dualité persiste, toujours à l’horizon. Alors, la dignité et le courage se dressent, mais parfois la lâcheté rôde, attendant son moment. Face à ces choix délicats, l’humanité demeure inébranlable, un phare qui guide nos pas. Le récit se termine, laissant à chacun la réflexion sur la balance entre ces forces intérieures et la quête constante de l’équilibre.




À PROPOS DE L'AUTRICE




Chroniqueuse dans un magazine local, le parcours professionnel de Nelly Duplouy lui a apporté du bon sens et a renforcé sa pensée critique en tant qu’amoureuse de la Terre. Aussi, elle s’engage à transmettre son savoir aux collégiens en qualité de bénévole. L’écriture étant devenue une nécessité pour elle au fil du temps, elle commet en 2019 un recueil intitulé "Tout & rien, tant et si peu", publié par Tertium.

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Nelly Duplouy

La ville et la campagne dos à dos

Essai d’une ménagère impertinente

© Lys Bleu Éditions – Nelly Duplouy

ISBN : 979-10-422-1008-3

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Préface de mon homme toutes mains

Nelly, une fille aux semelles de bruyère, trébuchant sur son lit de châtaignes au travers des souvenirs de son Ségala natal.

Obstinée, résolue, intranquille, parfois repliée près de son âtre, nourrie de mille lectures, alors tranquille pour mieux resurgir et s’indigner sur son monde d’injustice : tout est vain, mais il convient de le crier pour apaiser son esprit et s’assurer de l’amour auprès des siens.

Jean-Louis Patru,

mon époux, mon majordome

Avant-propos

Suis-je une fille de la campagne ou une fille de la ville ? Je ne le sais plus ! Mais ce dont je suis certaine, je n’ai jamais eu envie de me définir qu’ainsi ! Je suis imprégnée par mes deux climats !

Pourquoi avoir à choisir entre mes deux curiosités ? Aucune propension à subir d’être épinglée et momifiée en papillon qui va se défraîchir dans une boîte close. Je persiste à vagabonder dans mes désordres.

Même si parfois sorti les crocs : oui, je persifle, mais qui aime bien, châtie bien !

Aussi j’essaie de respecter les deux donc je ne peux supporter que l’on déguise mes deux paysages, la plage à Paris ou à Lille : pourquoi ?

Pas plus une mini-plage devant un Centre Culturel dans une bourgade avec sable transporté par camion benne ; maquillées de chaises longues et parasols colorés le long d’une RN, les berges ? Un défilé incessant de véhicules : il y manque les embruns, les odeurs de la mer, le bruit du ressac, les pins, les rochers !

Ce n’est que le pis-aller d’une mise en paysage ; rien ne peut remplacer la contemplation d’une mer d’huile ou les furieux rouleaux de l’océan. Le sable si chaud, blond qui s’écoule fluide entre les doigts, l’image du sablier, le temps insaisissable dans l’intemporalité !

Je me dois d’expliquer ce rétropédalage bien vain : c’était l’effarement d’un Principal de collège, sa remarque où transpirait son inquiétude : cela se dénomme la décadence !

Un peu surprise par la force de ce mot que je veux adoucir, pluspragmatique : au moins sur les berges de la Cère, il y aurait eu l’eau et le bucolique !

Puis d’un commun accord notre conclusion : est-ce cela la vitrine politique ? Et le coût, le sable, quel recyclage ?

Il n’est plus là, il serait de plus en plus abasourdi : quand on veut singer la grande ville qui elle veut singer le bord de mer !

La campagne, on ne la respecte guère : parfois trop dévorée par l’habitat ou trop uniforme quand trop étalée, une terre de bure pelée, sans bocage, ce n’est pas plus une campagne, il s’agit de monoculture, la polyculture dédaignée dans nos paysages de la France agricole.

Mais ceux qui n’ont pas le pouvoir de décision ne se trompent pas, impuissants, ils constatent…

Aussi du paysage découle un état d’esprit, un raisonnement guidé parfois par des a priori : à la campagne ne vivent pas que des ploucs ou des bouseux ; on peut s’y cultiver…

Dès ma petite enfance en fond d’écran, dans notre hameau un château a veillé sur ma petite vie ou l’a dominée de sa puissance ? L’a embellie, de cela aucun doute !

Puis celui de Saint-Laurent-les Tours et celui de Castelnau ; imposants ils réconfortaient ma petite histoire par leur grande histoire, mais jamais je n’ai eu le loisir, encore moins le besoin de jouer à la princesse ! En rien mes codes de rêverie ; il y a manqué la baguette magique de la fée penchée sur mon berceau, mais ils ont donné de la hauteur à mes convictions.

Rebelle, je ne fais aucune révérence aux Rois, mais j’ose croire qu’il existe encore des Princes !

À ce jour, je réside à la croisée des châteaux de la Loire sertis en joyaux dans des parcs dessinés. Magnifique prétention : je suis dépaysée lors de mes déambulations !

Et battre le pavé dans la grande ville ne garantit pas la bonne pratique de l’éveil culturel, il lui faut aussi l’accompagnement !

On peut s’ennuyer à Paris et dérouler une réflexion au fin fond d’une campagne oubliée.

Mais dans les deux cas, deux chemins où la rencontre bienveillante est improbable : l’un et l’autre ne font que s’y croiser et se toisent. Des sentiers avenants trop bien tracés et leurs fossés du dédain !

Et s’y invite aussi la solitude, imposée, elle mordille et rogne la motivation. Et celle tout aussi pernicieuse : les zones pavillonnaires n’ont pas un cœur, celui de la cité qui pulse la citoyenneté.

Plus heureuse, si choisie, on peut espérer qu’elle ouvre l’horizon de la pensée approfondie, plus conciliante.

Trop souvent les préjugés, impitoyables, rejettent la dissemblance, pourtant cette compagne incomparable de l’enrichissement.

Et par un ami cette remarque, sa blessure : ici dans ce village, si tu es l’ami de quelqu’un, tues déjà l’ennemi de quelqu’un d’autre ! Il a pris la fuite… d’autres aussi !

Je ne pensais pas que cela me ferait si mal d’être chassée de mon clan ; pour quelles raisons obscures ?

Ma dualité encombrante dans un paysage immuable ? Sans aucun doute : lire m’a caparaçonnée, dans les lignes j’y ai toujours puisé mes forces, m’y suis agrippée afin de développer mes propres perceptions, mais au fil de l’écriture je me suis vulnérabilisée ; certaines plaies jamais cicatrisées ?

Je n’ai aucune appétence pour vous rassurer, ni vous flatter, je pique, j’égratigne, mais j’espère de vous une bifurcation en toute sensibilité afin d’étreindre nos émotions divergentes.

Diaporama rural : je me questionne, je m’égare…

Sur la route, de mon domicile au bureau, je marche au bord d’une RN. Et régulièrement je fréquente le Centre culturel Robert Doisneau, un lieu d’entente cordiale entre Biars-sur-Cère l’industrielle et Bretenoux, la bourgade qui jadis se dénommait Villefranche-d’Orlinde : Orlinda qui évoque les magiciennes de chansons de geste et des romans de chevalerie !

J’y œuvre- j’y tiens à ce verbe trop précieux quant à ma personne et son rôle, mais oui : bousculer une pensée brute afin d’essayer d’étoffer des acquis trop réducteurs –en tant que bénévole auprès de collégiens au sein d’une équipe engagée dans l’accompagnement à la scolarité !

Donc je pratique aussi la flânerie à la bibliothèque pour en humer l’atmosphère, en principe studieuse.

J’y croise un soir un enfant avenant, souriant, avec son cartable ouvert. À cela je ne sais résister, le cartable qui m’autorise à renifler encore comme un chien fidèle les odeurs enthousiastes de l’école !

Il accepte de me montrer son cahier d’histoire, agréablement surprise, ce cahier très soigné, pas de rature, des gommettes qui scintillent, des croquis.

Voilà un beau château fort, il révise donc je questionne, je vais me rassurer, cela doit être un bon élève !

— Tu peux m’en parlerde ce château fort ?

Lui : yeux écarquillés, bouche bée, pas un mot !

Je rêvais de partager avec lui ce moment par la magie du champ lexical : pont-levis, créneaux, chemin de ronde, chevaliers en armure… et voilà le gouffre… des oubliettes !

Et si sa leçon appuyée par une visite de courtoisie à notre cher Castelnau afin de concrétiser le vocabulaire du château fort ; mais de son en bas, seulement le voit-il ?

Cette lecture dans Le roman d’un enfant de Pierre Loti aussi aurait pu apprivoiser sa curiosité :

Castelnau ! C’est un nom ancien… Cette dentelure de couleur sanguine émergeant d’un fouillis d’arbres, cette ruine posée en couronne sur un piédestal garni d’une belle verdure de châtaigniers et de chênes…

Je tourne les pages et me voilà avec Christophe Colomb ! Alors et ce Christophe Colomb j’aimerais bien le connaître un peu, tu me racontes… ? Ah, oui, Christophe Mahé… ! Je suis sidérée, qui est-ce celui-ci ? Me voilà moi aussi dans l’ignorance : les siècles, pas simplement l’écart de nos années, nous séparent du savoir !

Bien sûr depuis je sais qui est Christophe Mahé, sa célébrité survivra-t-elle autant que celle de Christophe Colomb ? Lui, ce n’est pas un explorateur avec son côté noir de conquistador, il est inoffensif, il ne va pas trop engraisser la réflexion !

Et le cahier de cet écolier, une carte postale bien trop rassurante ; un élève touriste ébloui par la vitrine de certains écrans, sans les repères de la frise chronologique ?

Et dans cette bourgade, il existe toujours et encore un collège Pailleron, le dernier en France, paraît-il ! Je suggère de le protéger sous une cloche géante et de l’inscrire au patrimoine national : admirez, le dernier, il résiste depuis… ? Je ne le sais plus ! Là, ainsi à ce jour, sa carcasse grisaille sous les poids des ans !

Un de mes collégiens, pertinent, et je sais savourer de telles réparties : notre collège esten carton-pâte ! Je me suis résignée à lui cacher : aussi comme le biscuit « petit prince » en son cœur il est truffé non de chocolat, mais… d’amiante.

Que de siècles entre nos châteaux qui se devraient nous faire lever la tête et ce cube de n’importe où, bâti avec du n’importe quoi, construit lors de l’urgence démographique… en attendant mieux !

Le mieux une promesse depuis ? La carotte à chaque élection : le projet du nouveau collège1 ! Mais n’ayons point l’esprit chagrin, un jour le nouveau collège sera érigé, ouah ! Et on oubliera tout le reste… ces générations d’élèves et de professeurs méprisés et ces valeureuses techniciennes de surface qui en ont assuré et toujours encore le bon entretien ménager et celui de l’hygiène.

Avec regret pourtant j’aurais aimé en profiter de ce collège, celui qui m’aurait épargnée, trop jeune, d’un lourd internat qui m’étouffait, m’avait privée de la chaleur de notre maisonnée, de ma fratrie, alors je le regardais avec considération même si apitoyée par sa mine décatie !

Mon fils aîné y a été élève, un bon, mais parfois convoquée et reçue assez brutalement par ses professeurs en langue vivante, il n’aimait pas le par cœur et avait décrété qu’il y aurait des machines pour traduire, alors à quoi bon se fatiguer ! Et reçue en coupable !

J’assumais en arpentant les couloirs pour les réunions de parents où tous les autres professeurs me rassuraient : il était un des cinq élèves à impulser l’entrain à la classe d’apprendre… tout sauf l’anglais et l’espagnol, résistance à toute conciliation, même pas faire semblant !

Mais comment le convaincre que l’apprentissage des langues vivantes est aussi essentiel, et que c’est une forme d’irrespect pour les professeurs de bouder leurs cours ! Mais chez nous, sommes atteints d’un atavisme : pas du tout doués pour être au moins bilingues, le minimum.

Mais aussi, une autre professeure, de français, lui avait donné le goût, l’appétit des beaux textes, il ne bâclait plus ses rédactions ! Il n’y avait pas que les maths pour réussir !

Puis un jour des amis de la vallée d’Ossau, nos invités, professeurs ; lui maire aussi avait piqué au vif ma conscience citoyenne : vous n’avez pas honte, dans cette région si riche, avec ce collège Pailleron ?

Le garçon impertinent : je reprends, complète et développe ma perception de l’actualité

Me voilà avec un collégien en classe de 4e, parfois il s’égare un peu du sujet et m’interpelle : éloquent, cela veut dire quoi ? Je lui explique et pour la nuance lui donne loquace. Il poursuit: et Sarkozy est-il loquace ou éloquent ? Gloups, me voilà bien !

Toujours avec lui, nous étudions le symbole des fleurs, bien sûr comment ignorer la Rose ; il requestionne : Et la rose du PS ? Et je ne peux résister : sous le poing fermé, ont-ils ôté les épines ?

La réponse fuse avec la malice dans ses yeux : Oh, ils ont dû un peu écarter les doigts !2

Merci de ce moment, précieux, motivant de complicité !

Et à ce jour, le sang de la discorde du rosier épineux a postillonné dans la déroute puis séché sur les tapis éculés et roulés dans le dépit !

Le poing, symbole de la victoire ? Ou de la force tranquille qui a dérivé vers l’autoritarisme ? Il s’est crispé puis ankylosé, et les rhumatismes dans ses phalanges, et pauvrette Rose… même son parfum a viré à l’aigre !

Comment ont été traitées les femmes du Parti, surtout pas comme des roses précieuses, et d’ailleurs attendaient-elles cela ? Les pachydermes bien installés sur le trône de leur QG : la coalition de la trahison, celle du compagnon et celle du Parti, double camouflet !

La parité, un compromis : moitié, moitié, sous condition de ne pas trop bousculer le bon ordre, le chef de famille suivi de la mère de famille, en arrière- plan, ne pas trop briller sur la scène vers le succès suprême, enfin une PRÉSIDENTE !

Déjà, lors de sa campagne, perçue comme une boutade insolente, par Mr Montebourg : Ségolène Royal n’a qu’un seul défaut, c’est son compagnon ! Et pourtant… et pourtant… comme elle, lui aussi a claqué la porte, ce n’est surtout pas la même, mais ?

Et je fredonne : on est bien de chose, et mon amie la Rose me l’a dit ce matin… piètre consolation par la poésie d’une soyeuse chanson puis :… tu m’admirais hier et je serai poussière pour toujours demain… !3

Balades en climats littéraires dans ma France

J’ai envie de vous inviter au vagabondage fécond des écrits, les témoignages des écrivains qui ont laissé leur empreinte dans un village, une région, une atmosphère.

Quand j’observe, à Saumur, la Loire alanguie, passive qui s’étale avec ses bancs de sable craquelé et qui soudainement peuvent être submergés, Irène Frain, notre belle romancière bretonne qui a jeté ses amarres en Val de Loire m’a convaincue avec Secret de famille de la brutalité de ses crues qui amènent le deuil et ses douleurs. Le miroir de ses eaux assoupies reflète pourtant sous une trompeuse douceur l’âme inquiète et envieuse d’une famille âpre à l’héritage. Climat d’eau croupie, banc de sable où est enseveli l’encombrant secret de famille qui tout à coup surgit en tempête pour avaler une proie et engloutir les codes de l’amour filial.

La Dordogne si généreuse, fouillée, raclée en son lit pour la déposséder de son gravier peut avoir les mêmes emportements, Christian Signol l’a baptisée La rivière espérance afin de narrer l’histoire du transport fluvial pour l’échange de denrées marchandes de Souillac à Bordeaux.

Les gabarres qui aujourd’hui nous permettent de musarder au fil du temps àl’envers sur son cours dompté pour de dociles échappées touristiques, mais n’oublions pas le métier de marin de terre.

Climat d’une autre eau, fleuve de croisière, Benoîte Groult dans Journal à quatre mains décrit unebelleescapade en canoë pendant la dure occupation ennemie ; une Loire nourricière qui au gré des escales sur ses berges offrent des victuailles au goût oublié dans un Paris occupé et qui lui laissera en mémoire : Maintenant quand quelqu’un dira La Loire j’aurai un sourire attendri et entendu. Je la connais bien La Loire, j’ai couché dans son lit…

Pour vous j’ai repris la lecture de Le roman d’un enfant de Pierre Loti, cet enfant qui a séjourné à Bretenoux lors de vacances en famille. Pourquoi ce grand voyageur qui a sillonné le monde, affronté les mers ; qui nous a donné des romans aux titres exotiques, a eu l’émouvante humilité de nous décrire ses frayeurs enfantines. Sa découverte de l’océan y est narrée avec une poésie où la force de ses émotions, de sa peur, de sa fascination est palpable. Je me sens bien humble devant ce vibrant talent qui charrie l’angoisse.

Climat d’un océan dévoreur : C’était d’un vert obscur presque noir ; ça semblait instable, perfide ; engloutissant : ça remuait et ça se démenait partout à la fois, avec un air de méchanceté sinistre…

J’ai un vivifiant souvenir de nos Landes peuplées de fiers et sombres pins que l’on saigne pour recueillir leur résine au parfum inhabituel pour une fillette lotoise. Le grondement de l’océan tout proche qui paradoxalement par ses tonifiants embruns assoupissaient ma turbulence d’effets soporifiques. Je me coulais dans un paisible sommeil.

Ce ne sont pas les mêmes Landes dépeintes par François Mauriac dans Thérèse Desqueyroux. Cette femme à l’âme noire, mais si rebelle dans son silence qui l’étouffe ; les pins de la Grande Lande l’enserrent tels une prison à l’image de son mariage.

L’on ressent bien la moiteur, la noirceur ; La Lande, un personnage à part entière, qui enchaîne des âmes égarées dans la touffeur de la forêt. Climat pesant de l’incompréhension entre deux êtres si discordants où l’union est un enfermement ; climat rancunier, où le silence est un ciel d’incompréhension, sans espoir d’apaisement.

Mademoiselle Sagan qui a posé sa frêle élégance et sa balbutiante frénésie dans la maison de son enfance, de la bourgade de Cajarc ; quels romans y a-t-elle écrits ? Elle y repose, sa dernière demeure bucolique plutôt que dans un cimetière parisien, gentil paradoxe pour ce personnage qui a toujours défrayé la presse mondaine et qui dénonce la vacuité d’une bourgeoisie germanopratine.

Je vous ai aimée et souvent défendue, vos romans sont un témoignage d’une époque, privilégiée certes, pour vous et alors ?

Et votre vie est aussi un roman. Climat d’une vie pas toujours sage, au parfum tropézien où vies de roman et vraies vies se mêlent pour laisser une œuvre où suait la mélancolie, snob et dorée, je le reconnais…

Pierre Benoît a magnifié sapins et fertiles châtaigniers. Dans Le déjeuner de Sousceyrac, il évoque une halte de deux amis dans un restaurant où Mme Prunet leur sert un vrai festin. S’entrecroisent les souvenirs d’intrigue familiale, de vacances d’enfance.

Roman nostalgique qui décrit le Ségala et aussi la naissance d’un autre monde où le progrès émerge par la construction d’un barrage. Climat d’une justice : l’héritière spoliée va s’enrichir par la vente de terrains incultes, mais revalorisés par l’implantation de l’ouvrage.

Climat austère, mais aussi généreux d’une terre riche, la châtaigneraie est féconde et l’eau captive répare l’injustice du partage patrimonial.

Une autre approche de notre Lot, Christian Signol, dans son roman Les cailloux bleus, a su bien nous imprégner de la rudesse des causses lotois, terre caillouteuse ; paysans au verbe rare courbés sur une terre avare. Terre de courage où des résistants ont lutté pour garder une fière idée de la Liberté. Livre document à relire afin de ne jamais oublier nos racines paysannes. Climat d’un dur labeur d’un terroir aux cailloux de poète, climat héroïque afin d’inscrire dans nos mémoires les patronymes d’une région.

Village fleuri de Curemonte aux pierres blondes, village refuge pour notre piquante Colette La vagabonde ; celle qui donne la parole impertinente à nosbêtes. Colette, femme terre à la mosaïque climatique, ses jardins à Varetz sous l’œil complice, protecteur du château De Castel Novel.

Sain équilibre de la sage accalmie, des bourrasques de la tempête, de la bienfaisante ondée, de la sensuelle chaleur ; oscillations de tranches de vie, où malgré tout, elle maîtrise ses intempéries.

Michel Testut Le fils de famille