Erhalten Sie Zugang zu diesem und mehr als 300000 Büchern ab EUR 5,99 monatlich.
Et si l’adolescence était le miroir impitoyable de l’injustice adulte ? Dans un récit intime et bouleversant, une lycéenne prête sa voix à toute une génération trop souvent incomprise. Elle y confie ses blessures, entre le silence des adultes incapables d’empathie et la trahison inattendue d’une amie. Mais au fil des pages, au fil des mots, c’est un autre chemin qui s’ouvre : celui du pardon, de l’indulgence, et d’une réconciliation avec soi-même. Ce texte vibrant de justesse et d’humanité nous invite à poser un regard neuf sur l’adolescence, et à redécouvrir la puissance salvatrice de la bienveillance.
À PROPOS DE L'AUTRICE
Nelly Duplouy a toujours eu le goût des mots. D’abord plume pour un magazine local, elle a ensuite mis son talent au service des autres, accompagnant collégiens, lycéens et étudiants dans leurs projets d’écriture. Pour elle, lire a toujours été bien plus qu’un loisir : une manière d’apprendre, de questionner le monde, et de mieux en saisir les nuances.
Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:
Seitenzahl: 99
Veröffentlichungsjahr: 2025
Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:
Nelly Duplouy
Déjà la vie giflée… Et puis…
Roman
© Lys Bleu Éditions – Nelly Duplouy
ISBN : 979-10-422-7147-3
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
L’école
L’école est un puits de savoir infini
Mais nul ne peut s’en emparer
Sans écouter les paroles de la maîtresse
Enjouée
Letemps
Le temps est un sablier infini
Que chaque grain est une seconde
Qui coule lentement
Dans les enfers sombres
Les étoiles
Moi la nuit je parle aux étoiles
Et au petit matin à l’école
Des fois j’en retrouve une dans l’herbe
Qui joue avec la rosée du matin
Il pleut
Moi quand il pleut
Je voudrais faire un câlin à tous les nuages
Pour qu’ils se sentent mieux
La vie
L’humain n’a pas tissé
La toile de la vie
L’humain n’est qu’un fil de la toile
Et s’il la met en danger
L’équilibre de la nature
Il payera lui aussi
Le vent
Mon cœur est ami du vent
Le vent est ami de mon cœur
Tous deux jouent ensemble
Dans une prairie de nuages
Justifications : mes très chers proches m’ont recommandé : ne te justifie pas !
Oh ! que si, il me le faut pour comprendre pourquoi toujours je me suis justifiée !
Héléni pourquoi ce prénom qui a écarté le JE, et maquillé le mien ? Un anonymat ou un dédoublement épisodique lors de ces moments d’écriture ?
J’ai donc choisi même mûrement réfléchi de me détacher de ma vie d’adulte afin de glisser ma main dans celle de l’adolescente que j’ai été, avec le plus d’honnêteté dans mes souvenirs, d’essayer de l’accompagner, un bout de chemin, pour qu’à ce jour, adulte, j’arrive parfois à me reposer un tant soit peu… enfin !
Ce confortable biais afin d’épurer la déception douloureuse et me couler dans l’introspection.
L’homme de ma vie, celui de mon quotidien, revenait souvent avec cette question qui m’embarrassait : mais enfin je ne comprends pas que tu n’aies pas fait d’études ! Combien de foisj’ai pu lui tenir la dragée haute dans nos débats supposés intellectuels ; le contrer parfois même le contrarier quant à ses exigences d’homme pressé ! Convaincu de ma générosité, n’y avait-il pas associé – à tort – que j’étais docile ? Et il avait lu Mr Giono, moi non, mais lui n’avait pas lu Ma Colette, et j’avais vagabondé avec Elle, grandi. Donc aussi nos différences par la lecture, la mienne plus précoce, intense ; y revenir on ne lit pas avec la même compréhension, ou en picorant de ci de là pour réanimer les mêmes émotions au fil du temps.
Lui, en prenant son temps et sur les bancs de l’école en étudiant qui avait le temps d’étudier ! J’avais la répartie facile : bien sûr, toi fils unique, garçon parisien avec parents qui ont eu de l’ambition pour toi ; moi l’aînée de famille nombreuse, en milieu rural, toute la différence… Et quelles différences, celles des entraves : milieu social, géographique, familial, garçon/fille !
Au fur et à mesure de nos années, cette conversation revenait et je persistais avec ma réponse inchangée. Lui n’avait pas été sélectionné pour ce qu’il est devenu, élève moyen puis devenu le bon élève ; moi, la bonne élève sélectionnée dès la 6e pour faire de longues études. À quatorze ans j’ai décroché ! Pourtant j’ai toujours aimé l’école et sa bonne odeur de rentrée, surtout j’ai continué à apprendre, même si esseulée, aisément m’adapter au contact de mes différents métiers, mais avec la honte de ne pas en avoir vraiment un !
Puis au bout de vingt ans de notre vie commune, tout à coup je me suis effondrée et compris pour quelle raison j’avais arrêté les études pour lesquelles j’avais été très tôt destinée.
Mais aussi être bousculée, qu’il insiste m’a fait prendre conscience que d’avoir vécu ma petite enfance à la campagne – il me semblait si trop solitaire parfois – m’a donné des assises incomparables : ce qui me paraissait comme une punition se révèle à ce jour comme le meilleur engrais naturel, celui qui m’a enrichie et surtout je n’en ai jamais ressenti le moindre complexe !
Les pieds dans la solide terre et la tête perchée, mon ciel étoilé, mes emballements, oui, je ne suis pas si rangée que cela à la même place, car je n’en ai jamais eu de vraiment définie !
J’en suis à ce jour convaincue : ces différences m’ont donné une singularité qui parfois a été embarrassante ; il m’a fallu l’assumer et à ce jour il faudra m’y habituer.
Héléni, il vous faut adopter cette adolescente chers lecteurs, lectrices, sans cette astuce, je n’aurais pas réussi à développer ce cheminement, car je pleurais de dépit, de rage, de hontes rétrospectives.
Puis je me suis égarée : j’ai pris des cheminstarabiscotés et bosselés. Cette adolescente contusionnée avait déjà une forte personnalité voire une maturité qui dérangeait son monde adulte, elle a grandi souvent très seule, elle a gravi son escalier en gardant la tête haute bien que la vie l’ait giflée très tôt. Ses différences des portes à ouvrir ou pas le long d’un long corridor dont il lui faudra franchir le seuil ?
Mais n’est-ce pas déjà ces gifles qui lui ont forgé cette capacité à toujours se relever avec dignité et d’être une femme non soumise.
Un autre prénom qui n’existe pas en tant que tel aussi vous interpellera, Perfidy, je l’ai déjà employé1, je l’utiliserai encore, j’en ai ma définition : personnes en qui vous aviez confiance, surtout que vous admiriez et qui vous ont trahies. Dans ce récit, elle a été la première, toute jeune, d’où mon destin a basculé, victime desa félonie.Et cela ne m’a en rien protégée, j’en en ai croisé d’autres des Perfidy ; ce qui est consternant, c’était mon incapacité à déceler la perfidie au moment où je la subissais, car masquée par la bonne mine de l’hypocrisie, bien sûr le couple parfait.
Avais-je le profil de celle que l’on pouvait manipuler, car généreuse : sotte, spontanée ? Serait-il nécessaire que je devienne prudente ?
1964, avril 1964, une année qui glisse l’air de rien, que suivront tant d’autres, avec sa routine, mais aussi ses aléas, les bonnes et mauvaises surprises, les petites dates qui marqueront son histoire et les grandes qui s’inscriront dans l’Histoire !
Déjà, Héléni s’interroge, ses rages fusentdans le désordre ; elle s’autorise à désobéir et se refuse à tricher, à composer ! Il lui faut suspendre sur les cintres du temps la frilosité des sentiments des autres, les laisser flotter dans le tumulte de ses pensées ébouriffées ; quel boucan contrit derrière ce front bombé, elle l’admet en son for intérieur : elle est compliquée, mais la vie est-elle si simple ?
Presque quatorze ans, tout est en décalage chez elle : déjà un corps de femme, déjà un esprit ouvert aux autres et déjà elle vient de subir l’injustice, irrémédiable, sans sursis. L’autoritarisme, combien vain la fait bouillonner de colère contenue ; il lui faut en convenir, le regard des adultes compte, déjà ils la jugent, on ne dissocie pas la jeune fille de l’élève, déjà les préjugés s’arrêtent aux contours de son corps : elle a ce qu’il faut là où il faut. Puis très vite ellea été rangée dans quelque classeur elle est une indocile et qui sait, on le craint dans les rangs du lycée elle pourrait conduire certaines de ses camarades à l’insoumission !
Déjà cette année-là, il aurait été plus valorisant qu’elleapprenne qu’enfin une aviatrice, la première, Géraldine Mock avait effectué le tour du monde en solitaire, les ailes féminines, merveilleuse audace, la destinée accomplie !
Que Martin Luther King avait reçu le prix Nobel ; que Jean-Paul Sartre avait refusé celui de la Littérature. Que Nelson Mandela était condamné à la prison à vie, tragédie de l’insupportable racisme, l’apartheid écrasant la révolte des opprimés !
Qu’un guérillero héroïco au physique de jeune premier soulevait des idées nouvelles en déclamant à Brazzaville : Nous sommes en train de construire le socialisme sur notre terre et mettons notre petit grain de sable au service de la grande aspiration de l’humanité. Elle aurait pu le suivre du regard pour alimenter sa quête de connaissances.
Et que plus artistiquement Jacques Demy avait enchanté la croisette avec Les parapluies de Cherbourg, mais en fond d’écran aux couleurs acidulées se profilait l’évocation de la guerre d’Algérie. On parlait avec prudence des évènements. Héléni, elle aurait compris, dans son hameau, les garçons d’une même famille étaient partis un à un, appelés sous les drapeaux, tous en sont revenus, le visage sombre, le regard éteint et fuyant, mutiques. Et comme un secret de famille inavouable, il ne se murmurait de leurs nouvelles qu’avec prudence, il ne fallait pas inquiéter ceux qui attendaient la fin de ce chaos si lointain.
Ces actualités, ces faits à son âge étaient-ils si importants ? Assurément il n’est jamais trop tôt pour vivre au présent les grandes choses, les plus insignifiantes en ressortiraient défraîchies. Cette année-là, chaque jour, chaque mois, elle aurait pu les jalonner de dates éclairantes, glaner des pépites d’érudition.
Héléniespérait aussi des adultes : qui lui instillenttous lessavoirs et surtout lui autoriser le droit à l’impertinence de l’impertinence ; comme des baisers lui souffler au visage tous ses petits grains de sable quitte à l’aveugler, elle aurait frotté ses yeux et l’étonnement, la curiosité lui auraient souri et éventuellement les grandes questions auraient-elles suffi pour réfréner ses puérilités ?
Mais ce verbiage moralisateur des grandes personnes ensablait son allant !
En 1964 c’était aussi dans les pages du Nouvel Observateur le premier édito de Jean Daniel. Celui qui entretiendra sa fidèle amitié avec Albert Camus – au-delà de sa mort – ce grand homme à la pensée révoltée !
Dans ce lycée, sur une table, dans leur foyer, pourquoi n’y avait-il pas tout simplement des hebdomadaires qui lui ouvriraient les pages du monde, prépareraient à trier, canaliser pour que naisse, grandisse et se mette bien en place la pensée citoyenne, politique de son futur.
Ce foyer, sinistre, une pièce nue, carrée ; assombrie dans une tonalité austère de bois ciré ; tout était ainsi fermé au monde, surtout sans les couleurs bigarrées de la dissemblance, sans aucune pensée pour inciter à soulever les idées de la révolte ! Et le port obligatoire de cette blouse grège une semaine et bleue à carreaux la suivante, uniformisation pour étouffer, mater les particularités de chacune ?
À ce moment-là Héléni n’est qu’une petite lycéenne étranglée par un univers hermétique, personne ne peut envisager que déjà elle porte en elle la capacité à réfléchir avec hauteur !
Beaucoup plus tard elle s’est souvent interrogée : la dureté des événements fichés dans les pages d’histoire avec ses victimes héroïsées, tombées au champ d’honneur ont-elles élevé sa pensée ? Aussi quant à ces écrivains magnifiés dans le combat patriotique Peggy, Apollinaire, Fournier ensuite bien après Kessel, Gary, Hemingway, Malraux et leur engagement international, leurs luttes contre le fascisme, tous seraient-ils devenus aussi chevaleresques dans une vie ordinaire ?