Le banquet - Aristoclès Platon - E-Book

Le banquet E-Book

Aristoclès Platon

0,0

Beschreibung

Le banquet (daté de -385 avant JC) est un des plus célèbres dialogues de Platon. ... Le banquet a pour cadre un banquet offert par le poète Agathon à ses amis et pour objet l'amour de la science et du beau. Chacun des convives y prononce d'abord un éloge de l'amour : Phèdre, Pausanias, Eryximaque, Aristophane, Agathan.

Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:

Android
iOS
von Legimi
zertifizierten E-Readern
Kindle™-E-Readern
(für ausgewählte Pakete)

Seitenzahl: 106

Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:

Android
iOS
Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.



LE BANQUET

LE BANQUET-Le banquetPage de copyright

LE BANQUET

Aristoclès Platon

-Le banquet

Premiers interlocuteurs :

APOLLODORE, L’AMI D’APOLLODORE.

Seconds interlocuteurs :

SOCRATE, AGATHON,

PHÈDRE, PAUSANIAS, ÉRYXIMAQUE,

ARISTOPHANE, ALCIBIADE.

APOLLODORE.

Je crois que je ne suis pas mal préparé à vous faire le récit que vous me demandez : car il y a peu de jours, comme je revenais de ma maison de Phalère un homme de ma connaissance, qui venait derrière moi, m’aperçut, et m’appela de loin : Hé quoi, s’écria-t-il en badinant, un homme de Phalère aller si vite ? — Je m’arrêtai, et l’attendis. — Apollodore, me dit-il, je te cherchais justement pour te demander ce qui s’était passé chez Agathon le jour que Socrate et Alcibiade y soupèrent. On dit que toute la conversation roula sur l’amour, et je mourais d’envie d’entendre ce qui s’était dit de part et d’autre sur cette matière. J’en ai bien su quelque chose par un homme à qui Phénix, fils de Philippe, avait raconté une partie de leurs discours ; mais cet homme ne me disait rien de certain : il m’apprit seulement que tu savais le détail de cet entretien ; conte-le-moi donc, je te prie : aussi bien, c’est un devoir pour toi de faire connaître ce qu’a dit ton ami. Mais, avant tout, dis-moi si tu étais présent à cette conversation ? — Il paraît bien, lui répondis-je, que ton homme ne t’a rien dit de certain, puisque tu parles de cette conversation comme d’une chose arrivée depuis peu, et comme si j’avais pu y être présent. — Je le croyais. — Comment, lui dis-je, Glaucon ne sais-tu pas qu’il y a plusieurs années qu’Agathon n’a mis le pied dans Athènes ? Pour moi, il n’y a pas encore trois ans que je fréquente Socrate, et que je m’attache à étudier toutes ses paroles et toutes ses actions. Avant ce temps-là, j’errais de côté et d’autre ; je croyais mener une vie raisonnable, et j’étais le plus malheureux de tous les hommes, m’imaginant, comme tu fais maintenant, qu’il fallait s’occuper de toute autre chose plutôt que de philosophie. — Allons, point de raillerie ; dis-moi quand eut lieu cette conversation. — Nous étions bien jeunes toi et moi ; ce fut dans le temps qu’Agathon remporta le prix avec sa première tragédie, et le lendemain du sacrifice d’actions de grâces qu’il fit avec ses choristes. — Tu parles de loin ; mais de qui sais-tu ce qui fut dit dans cette assemblée ? Est-ce de Socrate ? — Non, par Jupiter, lui dis-je ; je tiens ce que j’en sais de celui-là même qui l’a conté à Phénix, je veux dire d’Aristodème, de Cydathène, ce petit homme qui va toujours nu-pieds. Il était présent, et c’était alors, à ce qu’il me semble, un des hommes qui étaient le plus épris de Socrate. J’ai quelquefois interrogé Socrate sur des choses que cet Aristodème m’avait racontées, et leurs récits étaient d’accord. — Que tardes-tu donc, me dit Glaucon, à me raconter cet entretien ? Pouvons-nous mieux employer le chemin qui nous reste d’ici à Athènes ? — J’y consentis, et nous causâmes de tout cela le long du chemin. C’est ce qui fait que, comme je vous disais tout à l’heure, je ne suis pas mal préparé, et il ne tiendra qu’à vous d’entendre ce récit : aussi bien, outre le profit que je trouve à parler ou à entendre parler de philosophie, il n’y a rien au monde où je prenne tant de plaisir, tout au contraire des autres discours. Je me meurs d’ennui quand je vous entends, vous autres riches et gens d’affaires, parler de vos intérêts ; et je déplore votre aveuglement : vous pensez faire merveilles, et en vérité vous ne faites rien de bon. Peut-être vous aussi, de votre côté, me croyez-vous fort à plaindre, et vous avez bien raison de le croire ; mais moi, je ne crois pas que vous êtes à plaindre, j’en suis sûr.

L’AMI D’APOLLODORE.

Tu es toujours le même, Apollodore : toujours disant du mal de toi et des autres, et persuadé que tous les hommes, excepté Socrate, sont misérables, à commencer par toi. Je ne sais pas pourquoi on t’a donné le nom de furieux ; mais je sais bien qu’il y a toujours quelque chose de cela dans tes discours. Tu es toujours en colère contre toi et contre tout le reste des hommes, excepté Socrate.

APOLLODORE.

Il te semble donc qu’il faut être un furieux et un insensé pour parler ainsi de moi et de tous tant que vous êtes ?

L’AMI D’APOLLODORE.

Une autre fois, Apollodore, nous disputerons là-dessus. Souviens-toi maintenant de ta promesse, et redis-nous les discours qui furent tenus chez Agathon.

APOLLODORE.

Les voici à peu près. Ou plutôt il vaut mieux vous raconter la chose dès le commencement, comme Aristodème me l’a racontée.

Il me dit donc qu’il avait rencontré Socrate qui sortait du bain, et qui avait mis des sandales, ce qui ne lui était pas ordinaire ; et qu’il lui avait demandé où il allait si beau. Je vais souper chez Agathon, me répondit-il. J’ai refusé hier d’assister à la fête qu’il donnait pour célébrer sa victoire, parce que je craignais la foule ; mais je lui ai promis que je serais du lendemain, qui est aujourd’hui. Voilà pourquoi tu me vois si paré. Je me suis fait beau pour aller chez un beau garçon. Mais toi, Aristodème, serais-tu d’humeur à venir aussi, quoique tu ne sois point prié ? — Comme tu voudras, lui dis-je. — Viens donc, dit-il ; changeons le proverbe, et montrons qu’un honnête homme peut aussi aller souper chez un honnête homme sans en être prié. J’accuserais volontiers Homère de n’avoir pas seulement changé ce proverbe, mais de s’en être moqué, lorsqu’après nous avoir représenté Agamemnon comme un grand guerrier, et Ménélas comme un assez faible combattant, il fait venir Ménélas au festin d’Agamemnon sans être invité, c’est-à-dire un inférieur chez un homme qui vaut mieux que lui. — J’ai bien peur, dis-je à Socrate, de n’être pas l’homme que tu voudrais, mais plutôt le Ménélas d’Homère. Au reste, c’est toi qui me conduis, c’est à toi à te défendre : car pour moi, je n’avouerai pas que je viens sans invitation ; je dirai que c’est toi qui m’as prié. — Nous sommes deux, répondit Socrate, et nous trouverons l’un ou l’autre ce qu’il faudra dire. Allons seulement.

Nous allâmes vers le logis d’Agathon, en nous entretenant de la sorte. Mais au milieu du chemin Socrate devint tout pensif, et demeura en arrière. Je m’arrêtai pour l’attendre, mais il me dit d’aller toujours devant. Arrivé à la maison d’Agathon, je trouvai la porte ouverte, et il m’arriva même une assez plaisante aventure. Un esclave d’Agathon me mena sur-le-champ dans la salle où était la compagnie, qui était déjà à table, et qui attendait que l’on servît. Agathon aussitôt qu’il me vit : Ô Aristodème, s’écria-t-il, sois le bienvenu si tu viens pour souper ! si c’est pour autre chose, je te prie, remettons-le à un autre jour. Je te cherchai hier pour te prier d’être des nôtres sans pouvoir te trouver. Mais comment ne nous amènes-tu pas Socrate ? — Là-dessus je me retourne, et je ne vois pas de Socrate. Je suis venu avec lui, leur dis-je, c’est lui-même qui m’a invité. — Tu as bien fait, reprit Agathon ; mais lui, où est-il ? — Il marchait sur mes pas, et j’admire ce qu’il peut être devenu. — Enfant, dit Agathon, n’iras-tu pas voir où est Socrate, et ne l’amèneras-tu pas ? Et toi, Aristodème, mets-toi à côté d’Éryximaque.

Qu’on lui lave les pieds pour qu’il prenne place. Cependant un autre esclave vint annoncer qu’il avait trouvé Socrate sur la porte de la maison voisine, mais qu’il n’avait point voulu venir, quelque chose qu’on lui eût pu dire.

Voilà une chose étrange ! dit Agathon. Retourne, et ne le quitte point qu’il ne soit entré . — Non, non, dis-je alors, laissez-le ; il lui arrive assez souvent de s’arrêter ainsi, en quelque endroit qu’il se trouve. Vous le verrez bientôt, si je ne me trompe : ne le troublez pas, et ne vous occupez pas de lui. — Si c’est là ton avis, dit Agathon, je m’y rends. Et vous, enfants, servez-nous ; apportez-nous ce que vous voudrez, comme si personne ici ne vous donnait des ordres ; c’est un soin que je n’ai jamais pris : regardez-moi ainsi que mes amis comme des hôtes que vous auriez vous-mêmes invités. Enfin faites tout de votre mieux, et tirez-vous-en à votre honneur.

Nous commençâmes donc à souper, et Socrate ne venait point. Agathon perdait patience, et voulait à tout moment qu’on l’appelât ; mais j’empêchais toujours qu’on ne le fît. Enfin Socrate entra, après nous avoir fait attendre quelque temps, selon sa coutume, et comme on avait à moitié soupé. Agathon, qui était seul sur un lit au bout de la table, le pria de se mettre auprès de lui. Viens, dit-il, Socrate, que je m’approche de toi le plus que je pourrai, pour tâcher d’avoir ma part des sages pensées que tu viens de trouver ici près ; car je m’assure que tu as trouvé ce que tu cherchais, autrement tu y serais encore. Quand Socrate eut pris place : Plût à Dieu, dit-il, que la sagesse, Agathon, fût quelque chose qui pût passer d’un esprit dans un autre, quand on s’approche, comme l’eau qui coule à travers un morceau de laine d’une coupe pleine dans une coupe vide ! S’il en était ainsi, ce serait à moi de m’estimer heureux d’être auprès de toi, dans l’espérance de me remplir de l’excellente sagesse que tu possèdes ; car pour la mienne, c’est quelque chose de bien médiocre et de fort équivoque : ce n’est qu’un songe ; la tienne, au contraire, est une sagesse magnifique, et qui donne les plus belles espérances, ayant déjà jeté à ton âge le plus vif éclat, témoin avant-hier les applaudissemens de plus de trente mille Grecs. Tu te moques, Socrate, reprit Agathon ; mais nous examinerons tantôt quelle est la meilleure de ta sagesse ou de la mienne ; et Bacchus sera notre juge : présentement ne songe qu’à souper.

Socrate s’assit, et quand lui et les autres convives eurent achevé de souper, on fit les libations, on chanta un hymne en l’honneur du dieu ; et, après toutes les cérémonies ordinaires, on parla de boire. Pausanias prit alors la parole :

Eh bien, voyons, dit-il, comment boire sans nous incommoder. Pour moi je déclare que je suis encore fatigué de la débauche d’hier, et j’ai besoin de respirer un peu, ainsi que la plupart de vous, ce me semble ; car hier vous étiez des nôtres. Avisons donc à boire sans inconvénient. — Tu me fais grand plaisir, dit Aristophane, de vouloir qu’on se ménage ; car je suis un de ceux qui se sont le moins épargnés la nuit passée. — Que je vous aime de cette humeur, dit Éryximaque, fils d’Acumènos. Il ne reste plus qu’à savoir où en est Agathon. — Où vous en êtes, dit-il, pas très-fort. — Tant mieux pour moi, reprit Éryximaque, si vous autres braves vous êtes rendus ; tant mieux pour Aristodème, pour Phèdre et pour les autres, qui sommes de petits buveurs. Je ne parle pas de Socrate, il boit comme il veut ; il lui sera donc indifférent quel parti on prendra. Ainsi, puisque vous êtes d’avis de nous ménager, j’en serai moins importun, si je vous remontre le danger qu’il y a de s’enivrer. Mon expérience de médecin m’a parfaitement prouvé que rien n’est plus pernicieux à l’homme que l’excès du vin : je l’éviterai toujours tant que je pourrai, et jamais je ne le conseillerai aux autres, surtout quand ils se sentiront encore la tête pesante de la veille. Tu sais, lui dit Phèdre de Myrrhinos en l’interrompant, que je suis volontiers de ton avis, surtout quand tu parles médecine ; mais tu vois que tout le monde est raisonnable aujourd’hui.

Il n’y eut personne qui ne fût de ce sentiment. On résolut de ne point faire de débauche, et de ne boire que pour son plaisir. Puisque, ainsi est, dit Éryximaque, qu’on ne forcera personne, et que nous boirons comme il plaira à chacun, je suis d’avis, premièrement, que l’on renvoie cette joueuse de flûte qui vient d’entrer ; qu’elle aille jouer pour elle, ou, si elle l’aime mieux, pour les femmes dans l’intérieur. Quant à nous, si vous m’en croyez, nous lierons ensemble quelque conversation. Je vous en proposerai même la matière, si vous le voulez. Tout le monde ayant témoigné qu’il ferait plaisir à la compagnie, Éryximaque reprit ainsi : Je commencerai par ce vers de la Mélanippe d’Euripide : Ce discours n’est pas de moi, mais de Phèdre. Car Phèdre me dit chaque jour avec une espèce d’indignation : Ô Éryximaque, n’est-ce pas une chose étrange que de tant de poètes qui ont fait des hymnes et des cantiques en l’honneur de la plupart des dieux, aucun n’ait fait l’éloge de l’Amour, qui est pourtant un si grand dieu ? Regardez un peu les sophistes habiles ; ils composent tous les jours de grands discours en prose à la louange d’Hercule et des autres demi-dieux, témoin le fameux Prodicus. Passe pour cela. J’ai même vu un livre qui portait pour titre : L’Éloge du sel