Le cerveau de mes 9 mois - Isabelle Brodin - E-Book

Le cerveau de mes 9 mois E-Book

Isabelle Brodin

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Beschreibung

Même si les ouvrages de référence sur la grossesse ne manquent pas, dans Le cerveau de mes 9 mois, Isabelle Brodin prend le parti d’aborder un côté plus psychologique de ce processus, tout en légèreté, humour, et doté d'une relative profondeur à certains égards. Si la force du mental sur l’aspect physique de notre organisme n’est plus à démontrer, l'un des enjeux serait certainement de mieux connaître son mode à pensée afin de vivre plus sereinement cette étape clé et appréhender positivement cette attente ayant pour seul but ultime : donner la vie.


À PROPOS DE L'AUTEURE


Évoluant professionnellement dans le domaine de la santé, Isabelle Brodin, éprise des mots depuis qu’elle sut tenir un stylo, profita d’un arrêt durant sa grossesse pour aboutir une réflexion intéressante sur cet aspect psychique accompagnant cet état. Si ce troisième ouvrage de sa plume tend à raccrocher à l’analyse introspective de nos ressorts cérébraux, il ambitionne une approche singulièrement plus douce, spirituelle, ouverte et constructive, en s’articulant sur des moments de vie tout sauf fictifs.

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Seitenzahl: 213

Veröffentlichungsjahr: 2022

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Isabelle Brodin

Le cerveau de mes 9 mois

Essai

© Lys bleu Éditions – Isabelle Brodin

ISBN :979-10-377-5175-1

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

À Stéphane, mon hémisphère cérébral onduleur.

À Maman, ma moelle épinière redoutable

dans son combat sanitaire.

À Papa, mon réseau neuronal à l’activité

imperturbablement infaillible.

Préface

La Baule, station balnéaire mythique de la Côte Atlantique. C’est le lieu que nous avions choisi, tant pour sa proximité relative que pour son caractère inédit pour nous, afin d’y passer les quelques jours que nous avions réussi à arracher aux griffes d’un calendrier médical lourd et stressant.

C’est durant ce séjour enchanteur que notre fille cadette nous a annoncé le lancement d’un nouveau projet littéraire qu’elle s’apprêtait à entreprendre et auquel elle souhaitait m’intégrer en me demandant de le préfacer, me précisant au passage que le thème de cet ouvrage concernerait l’heureux évènement qu’elle attendait, nouvelle qui avait été pour nous un bonheur immense, véritable oasis ensoleillée dans ce désert sombre et aride que nous traversions alors déjà depuis plus d’un an, et source de motivation nouvelle et puissante dans notre lutte contre une maladie implacable.

Dans cette situation, cela constituait pour moi une sorte de mise en abyme, sensation encore amplifiée par le fait d’une naissance présumément annoncée pour le jour de mon anniversaire.

Tout ceci déclencha en moi un véritable chamboulement de sentiments contrastés. Ma double expérience de femme enceinte et de jeune mère que j’allais revivre par procuration. Ma propre histoire, mon enfance, mon adolescence assombrie par le divorce de mes parents, mais grandissant néanmoins toujours dans un climat de bienveillance et d’amour infini grâce à la présence tutélaire des deux grandes figures maternelles que furent ma maman, poétesse et férue de littérature, et ma grand-mère disparue quasi centenaire.

Maman avait un goût très développé pour l’écriture et Isabelle ayant été très proche d’elle n’avait pu qu’embrasser cet attrait à son contact (même si toutes deux n’œuvraient pas sur un même registre). Et sur le domaine précis qui nous concerne ici : il y a tant à écrire.

Au fil des pages de ce livre, la mémoire de mes grossesses me revient, tant par l’ambiguïté des sentiments nourris, à savoir la plénitude ressentie due à cet état, et progressivement… l’inconfort devenant de plus en plus présent, le désir vital que la délivrance vienne soulager ce corps alors si alourdi, et aussi l’excitation de connaître au plus vite ce petit être, abrité pendant ces neuf mois, rendue irrépressible. Dans le même temps, un autre aspect tout à fait contraire à celui précédemment énoncé : l’accouchement venu, connaître les affres de la séparation avec ce petit poupon chéri dont on ne pourra jamais être physiquement aussi proche que durant cette période où il semble réagir à toutes les émotions de sa mère. À ce sujet, j’évoque avec le sourire cette anecdote où, enceinte de six mois de l’auteure de ce livre, j’avais assisté au stade toulousain avec mon époux à un match de préparation de la grande équipe de France de football pour la Coupe du monde 1982. Eh bien à chaque occasion de but, mon émotion se traduisait par une réaction de mon bébé.

La naissance constitue donc la première séparation entre la mère et son enfant, avec la coupure au sens propre du cordon ombilical, prémices de la seconde coupure que constitue au sens figuré l’abandon du cocon familial par notre progéniture devenue adulte.

Mais sans vouloir affoler ni rebuter les futures mamans, la grossesse reste une magnifique aventure, un cadeau sublime de la vie, et la pensée positive à adopter pour ce jour J doit être que les liens qui nous unissent à nos enfants ne seront pas rompus, en un mot : inextinguibles.

Les propos tenus dans ce livre à suivre sont relativement universels sur des thèmes l’étant également, mais malgré cela, l’expérience de chaque femme restant toujours unique, il conviendra à chacune de s’y retrouver dans son propre ressenti. Le ton léger employé permet une lecture qui poussera à dérider et adoucir bien des points incontournables parfois évoqués avec gravité sur le sujet de la grossesse. Lourdeur, gêne… allégées par un côté plus tendre, abordées de façon plus souriante, concrète, positive.

Afin d’appréhender cette phase importante de notre vie de femme, nombre d’entre nous auraient peut-être apprécié en notre temps lire un ouvrage traitant de cette manière nos doutes et nos questionnements inévitables pour chacune.

En ces termes : bonne lecture ! Et ainsi qu’il me fut donné en parcourant ces pages, bonnes découvertes… également égayées de franches rigolades…

Frédérique Pain

Introduction

Rien ne me destinait forcément à écrire pour vous qui me lisez… enceintes. Un énième opus sur la question. C’est bon, on a usé tous nos brouillons sur ce thème universel, hors d’âge, véritablement intemporel puisque les scientifiques nous promettent un petit deux milliards d’êtres supplémentaires pour 2050. Autant dire que le monde de la procréation, de la maternité, de la généalogie, plus généralement de la petite enfance, de la scolarité, de la parentalité, du journalisme (même !) – car combien sont ces petits enfants à naître en Occident comme autant de futurs fans de Justin Bieber abonnés à AdoMagazine ? –, de la sénescence enfin – car ne finirons-nous pas, pour beaucoup d’entre nous, dans bien des maisons de retraite de luxe (pardonnez le pléonasme) pour les plus aisés, dans tous les cas comptant pour la pyramide des âges et pour les actionnaires de Sanofi gavés aux ventes des derniers vaccins obligatoires ? – tous ces mondes donc n’ont plus de souci à se faire.

Trêve de polémique, pas de facéties superflues. Tout cela revient à dire que oui, vous serez encore bien nombreuses dans les décennies à venir à vous poser ces mêmes interrogations routinières sur votre statut du moment (chiffrable en 41 semaines pour les plus consciencieuses), questionnements résumables en ces termes : « J’attends un heureux évènement : comment, pourquoi, quèsaco ? »

Vous représentez souvent deux catégories de femmes en la matière. Celles qui recherchent des données scientifiques illustrant, expliquant – corroborant, décrivant, décryptant ! – le plus précisément possible tous ces chamboulements qui vous habitent (hormonologie, physiologie, diététique, vie in utero… j’en passe certainement). Évidemment, j’en fais aussi partie car difficile d’en faire exception à l’heure où Google sait nous proposer sur deux mots-clés de la barre de recherche le site qui saura parfaitement répondre à tout. Et sans le cacher bien longtemps pour ma part, c’est indubitablement : bienvenue au club ! Mon ventre s’arrondit en effet au moment de cette rédaction et ne saurait n’être imputé qu’aux seuls flageolets de ce midi. Mais pour en revenir au profil de ces nouvelles sœurs d’armes, la seconde catégorie selon moi les concernant (sans doute tout aussi présente et demandeuse) figure : les quémandeuses de témoignages. À la place du « pourquoi ça m’arrive ? », elles font place au « et pour toi, ça a donné quoi ? ». Rien ne semble remplacer pour leur part le vécu de femmes les ayant précédées (c’est d’autant mieux si leurs référentes ont déjà bel et bien accouché car elles auront une vue plus globale de la période entière – bien que des copines de yoga prénatal puissent faire l’affaire le temps d’une séance hebdomadaire).

Et donc voilà où je me place enfin : adepte de l’écriture (meilleure utilisatrice du foyer pour le pôle informatique – consommation EDF personnalisée à l’appui), enceinte donc (échographie du troisième mois pouvant être fournie comme preuve bien que j’hésitai sérieusement à la joindre ici en annexe faute de taxation en « supplément image » par mon gentil éditeur), tourneuse de sabliers en non-stop depuis que mon GPS ne reconnaît plus avant un moment mon lieu de travail comme un endroit régulièrement fréquentable en 4 jours sur 7 et 47 semaines à l’année, et contemplative de mon temps pour finir (celui qui passe en mien propre, celui des personnes qui m’entourent aussi, un témoin du monde… petit point bien misérable à hauteur de station orbitale).

Je ne saurais dans cet ouvrage vouloir apprendre à être enceinte. Je n’en ai certainement ni la volonté ni la capacité réelle (je n’ai pas accouché – lire ci-avant ; je ne suis pas médecin ; ma sage-femme me traduirait sans doute en justice pour « plagiat avec intention de nuire »). Cette petite lecture visera simplement à vous déculpabiliser de n’être peut-être pas toujours au mieux et de tâcher de comprendre pour quelle raison. Ce travail (avant le grand travail final, pieds sur les étriers) viendra de vous. Vous trouverez ici des pistes en écho à ce que j’ai pu vivre moi, et parfois, cela peut suffire à ouvrir des portes sur notre propre savoir, notre propre condition. Quoi de plus vrai que cette injonction de psy : « la clé est en vous ! »…

Concernant la forme de ce lien dirigé vers vous : autant se faire plaisir. Je dirais rapidement que les poèmes ont tôt pris place dans ma vie d’enfant, un héritage grand-maternel. Si un seul terme pouvait vous pousser à quérir Wikipédia : acrostiche. Qu’est-ce que cette petite bestiole-là ? Tout bêtement un poème dont les premières lettres de chacun des vers lues à la verticale composent un mot. Généralement le thème dudit écrit. Voici bien une affaire de spécialistes, dites-vous ? Pas franchement. Un style littéraire, restons-en là. Mais comme ni Verlaine ni Rimbaud ne m’auront reconnu comme l’une de leurs illustres successeuses en termes de bons mots savamment orchestrés, je rendrai modestement ma part au chien pour vous proposer à suivre une prose libre en regard, dans la suite du thème considéré.

Et si le destin réfute toute existence du hasard, déguisant sous cette appellation des rencontres prévues et attendues, il sut placer sur ma route les illustrations sobres et (é)mouvantes de Minoé. Ainsi qu’un silence puisse tant exprimer, réprimer nouveaux traits de dessin dans un tracé fluide et léger rend la part belle à la seule ligne qui puisse imager ces mots : la ligne de vie. La douceur n’entame pas la vérité qui en émane. Si son geste s’impose sans aucune respiration, il incarne un travail nécessaire tout en pauses dans le récit. Un regard en miroir qui offre de dérouler par l’ébauche sans parole d’un fil si soigné, un coup d’œil du cœur pour compléter son Art. Apprécions le temps utile à l’observer…

Et parce qu’une courte respiration vaut mieux qu’un long discours… Oubliez un temps ce méchant virus tenace qui court dehors et met à l’épreuve vos tentatives toutes limitées d’accorder votre tenue du jour à ce masque chirurgical bleu dont on vante tant les mérites de barrière anti tout (dédicace spéciale aux femmes des années 2020, et femmes aux sourires radins – sur un air connu). Détendez-vous simplement, installez-vous douillettement, échauffez brièvement vos doigts au tournage des pages de ce mesquin petit bouquin et connectez-vous… à vous-mêmes !

La perte d’un être cher

Pour toi pour qui le moment n’aurait jamais été le bon d’être rappelé loin de moi,

Il n’existe pas de mot pour expliquer la douleur de ton départ dans cette joie qui devrait être mienne.

En parfaite dualité je me trouve, les pleurs remplacent les espoirs d’une vie qui s’apprête à recombler ma foi

Le vide que tu as laissé en partant, mais cette graine qui pousse peine à trouver terreau fertile dans une si difficile résilience vaine…

Restant sur nos souvenirs et le manque de ta compagnie pour évoquer

Les bons instants à venir qui maintenant ne devraient plus tarder…

Toutes les pitiés me sont douloureuses à entendre

Car c’est de toi dont j’avais besoin, pas d’un ange veillant, tendre.

En regardant là-haut, j’ose raccrocher ce lien invisible

Qui dans mon cœur ne prendra fin. Ô temps dont on ne saisit le fil…

Évidemment, ne voici pas la meilleure entame pour vous convaincre d’une certaine aptitude au second degré. Ne vous a-t-on pas souvent conseillé petite : « Pour entrer dans l’eau, vas-y d’un coup ! » ? C’est donc sans prendre de gants que j’aborderai d’emblée cet état de fait finalement pas si accessoire en termes de probabilité puisque cette confrontation intenable (qui n’est certes jamais la même et au cas par cas relatable) faisant se télescoper le deuil d’un proche durant ce temps, théoriquement privilégié, de la grossesse apparaît trois fois déjà dans l’histoire de ma courte vie.

Il est souvent souhaité (et cela est absolument généralisable, quel que soit l’évènement psychologique aussi lourd soit-il à gérer) de verbaliser, d’extérioriser, de retranscrire : sur papier pour les plus férues du verbiage anté-Bill Gates ou bien encore en sténo et pianotage sur l’ordinateur familial pour les modèles 2.0. Dans tous les cas : reformuler à l’extérieur de soi à bon entendeur (psy, proche, ami fidèle, animal de compagnie, ou tout interlocuteur informel apte ou non à recevoir l’interprétation d’un dialogue vomitif… – certains parlent même aux fourmis et pas que depuis la fabuleuse trilogie de Bernard Werber) ou à bonne relecture face à sa meilleure amie en format A4 90g copieur laser jet d’encre, car il est aussi possible d’appréhender différemment une situation en redécouvrant par soi-même la dureté du choix de ses propres mots déballés par son historique stylo Bic.

C’est bien souvent l’idée du serpent qui se mord la queue. Dans ces cas de figure, notre cerveau crée en effet en nous des images noires, en impasse à notre devenir qui ressemble davantage à un maléfique rond-point sans aucune sortie possible sur laquelle s’engager. Situation qui nous donne la nausée sans doute (et même passé trois mois), généralement nous rend assurément prisonnières de nos pensées en occultant le reste de notre vie (et pourtant la Terre continue de tourner elle aussi… à voir lui conseiller une petite séance d’hypnothérapie). C’est la gangrène. L’on fait ce que l’on nomme couramment pour les choses bien plus futiles : « une fixette ». L’ordinateur de bord là-haut, composé de plusieurs lobes, se braque. Il s’endort sur une idée : « Je suis dans le malheur ». J’utilise le terme d’endormissement car on peut l’y comparer. À force d’absence d’idées nouvelles, de sentiments autres que cette douloureuse propension au choc traumatique, notre réflexion s’anesthésie. Comme si nous nous enfermions dans un anorak conditions climatiques extrêmes avec membrane 8000 mm et capuche tempête. Vous saisissez certainement l’idée sans être jamais allée au fin fond de l’Alaska, notez de m’y convier si cela vous trottez dans la tête… Pour en revenir à nos moutons – ou à notre duvet de canard présentement pour rester dans l’analogie animalière du produit précité d’une grande marque de distribution dont il m’est interdit de citer le nom ici sous peine d’entrave à toutes mes libertés (« Intersport-Décathlon-Go Sport-Sport-2000 », publicité clandestine dédouanée) – nous devenons : imperméables, insensibles, sans réaction bien souvent. Nos proches n’arrivent plus à atteindre notre moi profond qui semble ouaté et enveloppé dans un coton épais à faire pâlir les plus solides toiles de jute.

Notez que, d’autant plus enceintes, vous êtes toutes excusées car non, évidemment que non : vous ne faites pas exprès ! C’est humain mesdames. L’idée d’une normalité encore enflée et surmultipliée par l’aspect « grossesse ». Une étape à passer. Plus ou moins longue. Selon aussi les stimuli dont vous ferez l’objet autour de vous durant toute cette période délicate : l’amour de vos proches et leurs attentions bien placées souvent toutes en douceur pour ne pas vous brusquer, un sourire du facteur, un bon film qui vous fait réfléchir ou tout simplement… rire ! Je n’aurai pas de « fiches-liste » dans ce domaine somme toute très personnel car heureusement le septième Art laisse libre appréciation à tous dans la diversité de ses propositions, humour subtil ou humour gras : tout sera bon. Autant de perches tendues vers vous pour vous ramener dans le monde en couleurs.

Voilà bien la situation qui est la vôtre en réponse à la perte insurmontable d’un être cher de votre vie. Ainsi comme évoqué plus haut, entendre de votre bouche par les moyens décrits, ou lire de vos yeux en ces termes que votre cerveau aura choisi de révéler à vous en pleine conscience est déjà un pas – un saut, que dis-je, un saut à la… Mike Powell 1991 championnats tokyoïtes – qui n’est que l’amorce (condition nécessaire mais pas suffisante) d’un mieux-être, d’un retour aux autres… donc d’un retour à soi.

Je n’avancerai pas plus avant sur le côté psychologique de ce ressort émotionnel. Ayant déjà eu tellement de mal à atteindre une moyenne substantielle en philo au bac et définitivement marquée au fer rouge par la notion de thèse-antithèse-synthèse, j’écarte toute foncière légitimité de mes explications pour vous qui seriez en recherche d’une définition concrète et stricte de votre situation par le socratisme d’une réponse honnête et franche au delirium post-traumatique issu d’une évidente désaccointance entre l’image de votre future condition de mère et une empreinte placentaire illustre liée à des encombrements digestifs récurrents de votre propre génitrice contemporains de votre vie utérine ?... Cela me rassure si vous non plus, vous n’y comprenez rien.

Ce qui sera peut-être redondant au fil des chapitres à suivre est cette notion incontournable selon laquelle : il suffit bien souvent de s’écouter. Cela ne paraît rien ? Vous avez besoin de l’aide des autres ? De votre parent subsistant ? De votre compagnon, seul à savoir réenclencher la machinerie de votre âme ? Peu importe car rien ne se fera sans vous. Vous êtes au centre de l’équation (à plusieurs inconnues et sur laquelle Einstein plancherait peut-être un moment mais…), le déclic est en vous et ce petit bout que vous portez, quel que soit le terme de votre grossesse, saura indirectement vous y aider. Après ces étapes compliquées déjà décrites. Par une échographie qui vous fera entrer en connaissance avec lui, ou un coup de pied centripète depuis le ventre pour vous rappeler à lui, un achat vestimentaire de layette, un ourlet couture au pressing pour votre jean de grossesse avec une employée si loquace qu’elle déclinera pour vous la liste entière des fruits et légumes acceptables en version purées et compotes pour votre futur petit diable… « Nothing matters » ! Un signe qui vous réancrera dans votre quotidien pour mettre dans une grosse parenthèse en parallèle de votre propre construction tout ce qui a eu attrait à ce moment plus ou moins long : la noirceur, la douleur, l’enterrement, la maladie ou l’accident, la disparition, etc. Ce sac à malheurs restera votre confident. Parfois vous vous y référerez. On n’oublie pas ces choses. On vit avec. On les pleure, on les accepte (ou non), on les polit (ex. : l’enterrement devient sa montée au ciel à ce nouvel ange du Très-Haut ; la maladie devient la fin de ses souffrances à cette battante de toute éternité), on les modifie intellectuellement pour les intégrer dans une forme de résilience (que je préfère à la notion de « faire son deuil »).

Autre règle du jeu absolument indispensable à connaître : parlez à votre bébé. Peu importe le stade, peu importe votre scepticisme à ce sujet (« Mais de toute façon, il ne comprend pas ? »). Énoncez (à voix haute c’est encore mieux) ces mots douloureux pour expliquer à votre petit la situation. Ce dogme veut pour l’intégralité de ce livre, peu importe la cause de votre ressenti. Un exposé qui lui permettra de comprendre votre mal et ces pleurs qui peut-être vous assaillent, mais indépendamment de sa condition à lui. Sans ces bonnes habitudes récurrentes, il est possible de remarquer chez votre nouveau-né dans ses premiers instants de vie un comportement de repli (ex. : ne demande pas à manger), de grande tristesse (ex. : pleurs inconsolables) ou toute autre attitude inexplicable par les moyens médicaux directement mesurables.

Pour celles qui en font lecture et à qui c’est effectivement arrivé, je souhaite tout le courage nécessaire pour passer le cap de cette dérive. Mais en toute sincérité et sans positivisme exagéré, le temps fait bien souvent son œuvre. Il est de l’entendre de la bouche d’autrui, il est de le vivre par son vécu même. Cependant, ce temps que l’on malmène régulièrement à vouloir outrepasser les secondes (pour son sprint à la piscine en 5e ; pour le bus qu’on n’aura pas réussi à rattraper au lycée parce qu’il était trop urgent de rester papoter trois minutes avec un potentiel futur ex-amoureux à la sortie de l’histoire-géo ; ou encore pour découvrir un ridicule énième test d’ovulation négatif alors qu’on a 35 ans, pas une longue vie féconde devant soi et que la gynéco nous a pourtant recommandé d’éviter ces pompes à fric pharmaceutiques inutiles et scandaleuses), ce temps que l’on souhaite au contraire rallonger parfois à en étirer à l’infini les heures (pour son dernier jour de vacances avant six mois de reprise sur fond de relance sociétaire avec cadencement, carnet de commandes boosté au Roundup et pression DRH surmultipliée ; pour sa dernière semaine de révisions alors qu’on n’a plus le temps de tout revoir et que les impasses s’accumulent au regard des longues précieuses minutes passées devant Roland-Garros une citronnade à la main les semaines précédentes malgré les remontrances parentales ; ce temps maîtrisé enfin dans l’espoir de maintenir Morphée pas si loin alors qu’on est en pleine conversation collé-serré avec son chanteur préféré aux NRJ Music Awards mais pourtant bien au fond de sa couette, un mince filet de bave dégoulinant sur l’oreiller de ses aspirations), ce temps que l’on malmène en effet, est pourtant si poli. Lui trotte sans discontinuer et à vitesse égale. Pas de polémique à son sujet. La même ronde pour tout le monde. Alors prenez-le votre temps, cajolez-le. Des heures joyeuses tourneront encore, il n’est que promesse de lendemains meilleurs.

Un seul être vous manque… ? Pas de culpabilité. Un petit être en devenir aura aussi besoin de vous et votre rôle se rappellera naturellement dans votre filiation. Car si l’horloge est implacable de précision, elle ne s’arrête pour personne. Un poil de fatalité peut aussi offrir un renoncement à certaines pensées néfastes qui peinent à faire avancer. Une certaine prédestination peut laisser mener à penser que le décès d’une personne puisse être inévitable à quelques égards car : la roue tourne, inéluctable. Pas si simple à intégrer sur l’instant mais si vrai. Un exemple d’assimilation qui puisse donner : « J’ai eu de bons moments avec cette personne, ils sont gravés dans ma mémoire. Voici ma vie qui continue ainsi qu’elle aurait souhaité me la voir enfourcher. »

Ce n’est rien d’autre qu’un cheminement, plus ou moins court selon les individus.

Je me focalise ici sur la douleur extrême, à savoir conséquente de la mort inexorable d’un proche. Pourtant beaucoup de femmes enceintes auront aussi à régler des problèmes aigus, contrariant leur joie initiale de se plonger dans une parfaite béatitude le long de trois trimestres, sans en arriver à ces disparitions fatales (ex. : une perte d’emploi alors qu’arrive une nouvelle bouche à nourrir, un déménagement imprévu à l’autre bout du territoire et loin de la famille pour cause de mutation du conjoint, un neveu chéri nouvellement promu à l’armée et enrôlé dans un pays en guerre… que sais-je). Du stress, du stress, du stress… La méthode qui consiste très prosaïquement à « se faire doucement à cette idée » tient toujours. Un apprentissage au parcours de contrôle continu.

Et parce que le pouvoir du mental peut prendre béquille sur un coup de pouce du physique, il tient de ne pas hésiter à avoir recours aux différentes méthodes de détente possibles. Votre compagnon réflexologue peut vous offrir chaque semaine un massage en douceur de vos petits petons ? Foncez. Votre coiffeuse vous a vanté les mérites de la prof de yoga de sa fille, qui a fait des miracles sur son mal-être à la suite de son divorce pour tromperie avec la voisine ? Vérifiez éventuellement l’emploi du temps de votre mari puis… courez-y ! Et la méditation, et la sophrologie, le chant… la piscine ? Le tricot ? J’arrive là au bout de mes moindres suggestions mais dans l’aveu de ne pas avoir tout testé (UFC-Que Choisir ferait meilleure offre). Trouvez seulement le bon moyen d’apaiser chez vous ces angoisses (du manque, de l’abandon, de la séparation). Et pourquoi pas le moment de découvrir une nouvelle activité avec votre bébé ! Dites-vous que les bienfaits seront également ressentis chez lui. Un bébé zen qui ne naîtra pas forcément avec les mantras tibétains dans la main mais sur le crâne duquel vous pourrez peut-être ficher rapidement le bonnet péruvien que vous aurez mis cinq mois à confectionner à renforts de multiples pelotes de laine, de précieux conseils de la grand-mère et du manuel de la parfaite tricoteuse débutante chez Marabout. C’est un fait, le fil s’égare peut-être…

Laissez-moi maintenant vous conter ces trois situations qui se sont offertes à moi, même si indirectement elles n’entamaient pas mon petit cœur personnel.

Fr. 23 ans

On ne parle sans doute le mieux que de ce qui nous touche le plus directement, et sans en avoir été un témoin oculaire car je n’étais pas encore échue en ce bas monde, ma maman a su relater à ma connaissance cet épisode douloureux qui la toucha personnellement durant sa grossesse, votre humble narratrice au chaud dans le giron de son ventre en formation.