Le Cid - Pierre Corneille - E-Book

Le Cid E-Book

Pierre Corneille

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  • Herausgeber: WS
  • Kategorie: Poesie und Drama
  • Sprache: Französisch
  • Veröffentlichungsjahr: 2015
Beschreibung

Don Diègue et le comte de Gormas ont décidé d’unir leurs enfants Rodrigue et Chimène qui s’aiment.



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Le Cid

Pierre Corneille

Booklassic 2015 ISBN 978-963-523-682-4

ACTEURS

Don Fernand, premier roi de Castille.

Dona Urraque, infante de Castille.

Don Diègue, père de don Rodrigue.

Don Gomès, comte de Gormas, père de Chimène.

Don Rodrigue, amant de Chimène.

Don Sanche, amoureux de Chimène.

Don Arias, gentilhomme castillan.

Don Alonse, gentilhomme castillan.

Chimène, fille de don Gomès.

Léonor, gouvernante de l’infante.

Elvire, gouvernante de Chimène.

Un page de l’infante.

 

La scène est à Séville.

 

Acte I

 

Scène première – Chimène, Elvire

Chimène Elvire, m’as-tu fait un rapport bien sincère ? Ne déguises-tu rien de ce qu’a dit mon père ?

Elvire Tous mes sens à moi-même en sont encor charmés : Il estime Rodrigue autant que vous l’aimez, Et si je ne m’abuse à lire dans son âme, Il vous commandera de répondre à sa flamme.

Chimène Dis-moi donc, je te prie, une seconde fois Ce qui te fait juger qu’il approuve mon choix ; Apprends-moi de nouveau quel espoir j’en dois prendre ; Un si charmant discours ne se peut trop entendre ; Tu ne peux trop promettre aux feux de notre amour La douce liberté de se montrer au jour. Que t’a-t-il répondu sur la secrète brigue Que font auprès de toi don Sanche et don Rodrigue ? N’as-tu point trop fait voir quelle inégalité Entre ces deux amants me penche d’un côté ?

Elvire Non, j’ai peint votre cœur dans une indifférence Qui n’enfle d’aucun d’eux ni détruit l’espérance, Et sans les voir d’un œil trop sévère ou trop doux, Attends l’ordre d’un père à choisir un époux. Ce respect l’a ravi, sa bouche et son visage M’en ont donné sur l’heure un digne témoignage, Et puisqu’il vous en faut encor faire un récit, Voici d’eux et de vous ce qu’en hâte il m’a dit : « Elle est dans le devoir, tous deux sont dignes d’elle, Tous deux formés d’un sang noble, vaillant, fidèle, Jeunes, mais qui font lire aisément dans leurs yeux L’éclatante vertu de leurs braves aïeux. Don Rodrigue surtout n’a trait en son visage Qui d’un homme de cœur ne soit la haute image, Et sort d’une maison si féconde en guerriers, Qu’ils y prennent naissance au milieu des lauriers. La valeur de son père en son temps sans pareille, Tant qu’a duré sa force, a passé pour merveille ; Ses rides sur son front ont gravé ses exploits, Et nous disent encor ce qu’il fut autrefois. Je me promets du fils ce que j’ai vu du père ; Et ma fille, en un mot, peut l’aimer et me plaire. » Il allait au conseil, dont l’heure qui pressait A tranché ce discours qu’à peine il commençait ; Mais à ce peu de mots je crois que sa pensée Entre vos deux amants n’est pas fort balancée. Le roi doit à son fils élire un gouverneur, Et c’est lui que regarde un tel degré d’honneur ; Ce choix n’est pas douteux, et sa rare vaillance Ne peut souffrir qu’on craigne aucune concurrence. Comme ses hauts exploits le rendent sans égal, Dans un espoir si juste il sera sans rival ; Et puisque don Rodrigue a résolu son père Au sortir du conseil à proposer l’affaire, Je vous laisse à juger s’il prendra bien son temps, Et si tous vos désirs seront bientôt contents.

Chimène Il semble toutefois que mon âme troublée Refuse cette joie, et s’en trouve accablée : Un moment donne au sort des visages divers, Et dans ce grand bonheur je crains un grand revers.

Elvire Vous verrez cette crainte heureusement déçue.

Chimène Allons, quoi qu’il en soit, en attendre l’issue.

 

Scène II – L’infante, Léonor, un page

L’infante Page, allez avertir Chimène de ma part Qu’aujourd’hui pour me voir elle attend un peu tard, Et que mon amitié se plaint de sa paresse.

(Le page rentre.)

Léonor Madame, chaque jour même désir vous presse ; Et dans son entretien je vous vois chaque jour Demander en quel point se trouve son amour.

L’infante Ce n’est pas sans sujet : je l’ai presque forcée À recevoir les traits dont son âme est blessée. Elle aime don Rodrigue, et le tient de ma main, Et par moi don Rodrigue a vaincu son dédain ; Ainsi de ces amants ayant formé les chaînes, Je dois prendre intérêt à voir finir leurs peines.

Léonor Madame, toutefois parmi leurs bons succès Vous montrez un chagrin qui va jusqu’à l’excès. Cet amour, qui tous deux les comble d’allégresse, Fait-il de ce grand cœur la profonde tristesse, Et ce grand intérêt que vous prenez pour eux Vous rend-il malheureuse alors qu’ils sont heureux ? Mais je vais trop avant, et deviens indiscrète.

L’infante Ma tristesse redouble à la tenir secrète. Écoute, écoute enfin comme j’ai combattu, Écoute quels assauts brave encor ma vertu. L’amour est un tyran qui n’épargne personne : Ce jeune cavalier, cet amant que je donne, Je l’aime.

Léonor Je l’aime. Vous l’aimez !

L’infante Je l’aime. Vous l’aimez ! Mets la main sur mon cœur, Et vois comme il se trouble au nom de son vainqueur, Comme il se reconnaît.

Léonor Comme il se reconnaît. Pardonnez-moi, madame, Si je sors du respect pour blâmer cette flamme. Une grande princesse à ce point s’oublier Que d’admettre en son cœur un simple cavalier ! Et que dirait le roi, que dirait la Castille ? Vous souvient-il encor de qui vous êtes fille ?

L’infante Il m’en souvient si bien que j’épandrai mon sang, Avant que je m’abaisse à démentir mon rang. Je te répondrais bien que dans les belles âmes Le seul mérite a droit de produire des flammes ; Et si ma passion cherchait à s’excuser, Mille exemples fameux pourraient l’autoriser : Mais je n’en veux point suivre où ma gloire s’engage ; La surprise des sens n’abat point mon courage ; Et je me dis toujours qu’étant fille de roi Tout autre qu’un monarque est indigne de moi. Quand je vis que mon cœur ne pouvait se défendre, Moi-même je donnai ce que je n’osais prendre. Je mis, au lieu de moi, Chimène en ses liens, Et j’allumai leurs feux pour éteindre les miens. Ne t’étonne donc plus si mon âme gênée Avec impatience attend leur hyménée ; Tu vois que mon repos en dépend aujourd’hui. Si l’amour vit d’espoir, il périt avec lui ; C’est un feu qui s’éteint, faute de nourriture ; Et malgré la rigueur de ma triste aventure, Si Chimène a jamais Rodrigue pour mari, Mon espérance est morte et mon esprit guéri. Je souffre cependant d’un tourment incroyable : Jusques à cet hymen Rodrigue m’est aimable ; Je travaille à le perdre, et le perds à regret ; Et de là prend son cours mon déplaisir secret. Je vois avec chagrin que l’amour me contraigne À pousser des soupirs pour ce que je dédaigne ; Je sens en deux partis mon esprit divisé : Si mon courage est haut, mon cœur est embrasé ; Cet hymen m’est fatal, je le crains et souhaite ; Je n’ose en espérer qu’une joie imparfaite. Ma gloire et mon amour ont pour moi tant d’appas, Que je meurs s’il s’achève ou ne s’achève pas.

Léonor Madame, après cela je n’ai rien à vous dire, Sinon que de vos maux avec vous je soupire ; Je vous blâmais tantôt, je vous plains à présent. Mais puisque dans un mal si doux et si cuisant Votre vertu combat et son charme et sa force, En repousse l’assaut, en rejette l’amorce, Elle rendra le calme à vos esprits flottants. Espérez donc tout d’elle, et du secours du temps, Espérez tout du ciel, il a trop de justice Pour laisser la vertu dans un si long supplice.

L’infante Ma plus douce espérance est de perdre l’espoir.

Le page Par vos commandements Chimène vous vient voir.

L’infante(à Léonor) Allez l’entretenir en cette galerie.

Léonor Voulez-vous demeurer dedans la rêverie ?

L’infante Non, je veux seulement, malgré mon déplaisir, Remettre mon visage un peu plus à loisir. Je vous suis. Juste ciel, d’où j’attends mon remède, Mets enfin quelque borne au mal qui me possède, Assure mon repos, assure mon honneur. Dans le bonheur d’autrui je cherche mon bonheur : Cet hyménée à trois également importe ; Rends son effet plus prompt, ou mon âme plus forte. D’un lien conjugal joindre ces deux amants, C’est briser tous mes fers et finir mes tourments. Mais je tarde un peu trop, allons trouver Chimène, Et par son entretien soulager notre peine.

 

Scène III – Le comte, don Diègue

Le comte Enfin vous l’emportez, et la faveur du roi Vous élève en un rang qui n’était dû qu’à moi, Il vous fait gouverneur du prince de Castille.

Don Diègue Cette marque d’honneur qu’il met dans ma famille Montre à tous qu’il est juste, et fait connaître assez Qu’il sait récompenser les services passés.

Le comte Pour grands que soient les rois, ils sont ce que nous sommes : Ils peuvent se tromper comme les autres hommes ; Et ce choix sert de preuve à tous les courtisans Qu’ils savent mal payer les services présents.

Don Diègue Ne parlons plus d’un choix dont votre esprit s’irrite ; La faveur l’a pu faire autant que le mérite, Mais on doit ce respect au pouvoir absolu, De n’examiner rien quand un roi l’a voulu. À l’honneur qu’il m’a fait ajoutez en un autre ; Joignons d’un sacré nœud ma maison à la vôtre : Vous n’avez qu’une fille, et moi je n’ai qu’un fils ; Leur hymen nous peut rendre à jamais plus qu’amis : Faites-nous cette grâce, et l’acceptez pour gendre.

Le comte À des partis plus hauts ce beau fils doit prétendre ; Et le nouvel éclat de votre dignité Lui doit enfler le cœur d’une autre vanité. Exercez-la, monsieur, et gouvernez le prince ; Montrez-lui comme il faut régir une province, Faire trembler partout les peuples sous la loi, Remplir les bons d’amour et les méchants d’effroi ; Joignez à ces vertus celles d’un capitaine : Montrez-lui comme il faut s’endurcir à la peine, Dans le métier de Mars se rendre sans égal, Passer les jours entiers et les nuits à cheval, Reposer tout armé, forcer une muraille, Et ne devoir qu’à soi le gain d’une bataille. Instruisez-le d’exemple, et rendez-le parfait,