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Pierre Corneille

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Beschreibung

Don Diègue et le comte de Gormas ont décidé d’unir leurs enfants Rodrigue et Chimène qui s’aiment. 

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Le Cid

Pierre Corneille

Publication: 1636Catégorie(s): Fiction, Théâtre, Comédie, Tragicomédie, Moderne (<1799)
A Propos Corneille:

Pierre Corneille (Rouen, 6 juin 1606 - Paris, 1er octobre 1684) est un auteur dramatique français du xviie siècle. Ses pièces les plus célèbres sont Le Cid, Cinna, Polyeucte et Horace. La richesse et la diversité de son œuvre reflètent les valeurs et les grandes interrogations de son époque.

ACTEURS

Don Fernand, premier roi de Castille.

Dona Urraque, infante de Castille.

Don Diègue, père de don Rodrigue.

Don Gomès, comte de Gormas, père de Chimène.

Don Rodrigue, amant de Chimène.

Don Sanche, amoureux de Chimène.

Don Arias, gentilhomme castillan.

Don Alonse, gentilhomme castillan.

Chimène, fille de don Gomès.

Léonor, gouvernante de l’infante.

Elvire, gouvernante de Chimène.

Un page de l’infante.

 

La scène est à Séville.

 

Acte I

 

Scène première – Chimène, Elvire

Chimène Elvire, m’as-tu fait un rapport bien sincère ? Ne déguises-tu rien de ce qu’a dit mon père ?

Elvire Tous mes sens à moi-même en sont encor charmés : Il estime Rodrigue autant que vous l’aimez, Et si je ne m’abuse à lire dans son âme, Il vous commandera de répondre à sa flamme.

Chimène Dis-moi donc, je te prie, une seconde fois Ce qui te fait juger qu’il approuve mon choix ; Apprends-moi de nouveau quel espoir j’en dois prendre ; Un si charmant discours ne se peut trop entendre ; Tu ne peux trop promettre aux feux de notre amour La douce liberté de se montrer au jour. Que t’a-t-il répondu sur la secrète brigue Que font auprès de toi don Sanche et don Rodrigue ? N’as-tu point trop fait voir quelle inégalité Entre ces deux amants me penche d’un côté ?

Elvire Non, j’ai peint votre cœur dans une indifférence Qui n’enfle d’aucun d’eux ni détruit l’espérance, Et sans les voir d’un œil trop sévère ou trop doux, Attends l’ordre d’un père à choisir un époux. Ce respect l’a ravi, sa bouche et son visage M’en ont donné sur l’heure un digne témoignage, Et puisqu’il vous en faut encor faire un récit, Voici d’eux et de vous ce qu’en hâte il m’a dit : « Elle est dans le devoir, tous deux sont dignes d’elle, Tous deux formés d’un sang noble, vaillant, fidèle, Jeunes, mais qui font lire aisément dans leurs yeux L’éclatante vertu de leurs braves aïeux. Don Rodrigue surtout n’a trait en son visage Qui d’un homme de cœur ne soit la haute image, Et sort d’une maison si féconde en guerriers, Qu’ils y prennent naissance au milieu des lauriers. La valeur de son père en son temps sans pareille, Tant qu’a duré sa force, a passé pour merveille ; Ses rides sur son front ont gravé ses exploits, Et nous disent encor ce qu’il fut autrefois. Je me promets du fils ce que j’ai vu du père ; Et ma fille, en un mot, peut l’aimer et me plaire. » Il allait au conseil, dont l’heure qui pressait A tranché ce discours qu’à peine il commençait ; Mais à ce peu de mots je crois que sa pensée Entre vos deux amants n’est pas fort balancée. Le roi doit à son fils élire un gouverneur, Et c’est lui que regarde un tel degré d’honneur ; Ce choix n’est pas douteux, et sa rare vaillance Ne peut souffrir qu’on craigne aucune concurrence. Comme ses hauts exploits le rendent sans égal, Dans un espoir si juste il sera sans rival ; Et puisque don Rodrigue a résolu son père Au sortir du conseil à proposer l’affaire, Je vous laisse à juger s’il prendra bien son temps, Et si tous vos désirs seront bientôt contents.

Chimène Il semble toutefois que mon âme troublée Refuse cette joie, et s’en trouve accablée : Un moment donne au sort des visages divers, Et dans ce grand bonheur je crains un grand revers.

Elvire Vous verrez cette crainte heureusement déçue.

Chimène Allons, quoi qu’il en soit, en attendre l’issue.

 

Scène II – L’infante, Léonor, un page

L’infante Page, allez avertir Chimène de ma part Qu’aujourd’hui pour me voir elle attend un peu tard, Et que mon amitié se plaint de sa paresse.

(Le page rentre.)

Léonor Madame, chaque jour même désir vous presse ; Et dans son entretien je vous vois chaque jour Demander en quel point se trouve son amour.

L’infante Ce n’est pas sans sujet : je l’ai presque forcée À recevoir les traits dont son âme est blessée. Elle aime don Rodrigue, et le tient de ma main, Et par moi don Rodrigue a vaincu son dédain ; Ainsi de ces amants ayant formé les chaînes, Je dois prendre intérêt à voir finir leurs peines.

Léonor Madame, toutefois parmi leurs bons succès Vous montrez un chagrin qui va jusqu’à l’excès. Cet amour, qui tous deux les comble d’allégresse, Fait-il de ce grand cœur la profonde tristesse, Et ce grand intérêt que vous prenez pour eux Vous rend-il malheureuse alors qu’ils sont heureux ? Mais je vais trop avant, et deviens indiscrète.

L’infante Ma tristesse redouble à la tenir secrète. Écoute, écoute enfin comme j’ai combattu, Écoute quels assauts brave encor ma vertu. L’amour est un tyran qui n’épargne personne : Ce jeune cavalier, cet amant que je donne, Je l’aime.

Léonor Je l’aime. Vous l’aimez !

L’infante Je l’aime. Vous l’aimez ! Mets la main sur mon cœur, Et vois comme il se trouble au nom de son vainqueur, Comme il se reconnaît.

Léonor Comme il se reconnaît. Pardonnez-moi, madame, Si je sors du respect pour blâmer cette flamme. Une grande princesse à ce point s’oublier Que d’admettre en son cœur un simple cavalier ! Et que dirait le roi, que dirait la Castille ? Vous souvient-il encor de qui vous êtes fille ?