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RÉSUMÉ : "Le Cycle mythologique irlandais et la mythologie celtique" d'Henri d'Arbois de Jubainville est une exploration érudite des récits mythologiques celtiques, centrée sur la riche tradition irlandaise. L'ouvrage s'immerge dans les légendes antiques, révélant les récits épiques des Tuatha Dé Danann, des Fomoires et d'autres figures mythiques qui peuplent la littérature celtique. D'Arbois de Jubainville, avec une rigueur académique remarquable, dépeint le monde complexe des dieux, héros et créatures fantastiques, tout en soulignant l'importance des symboles et rituels druidiques dans ces récits. Le livre met en lumière la manière dont ces mythes ont façonné l'identité culturelle irlandaise et influencé la perception moderne du celtisme. Les descriptions vivantes et les analyses approfondies permettent aux lecteurs de saisir la portée symbolique et historique de ces récits anciens. En se concentrant sur l'interprétation des symboles, l'auteur dévoile les subtilités cachées derrière les mythes, offrant ainsi une compréhension enrichie du patrimoine celtique. Ce guide est une ressource précieuse pour quiconque s'intéresse à la mythologie, à l'histoire culturelle ou à l'étude des traditions anciennes, fournissant un accès unique à un monde où le sacré et le profane se rejoignent dans une danse intemporelle. L'AUTEUR : Henri d'Arbois de Jubainville, né en 1827 et décédé en 1910, est une figure éminente dans le domaine de l'étude des civilisations celtiques. Professeur au Collège de France, il a consacré une grande partie de sa carrière à l'exploration des mythes et des légendes celtiques, devenant un pionnier dans l'analyse des textes anciens. Son expertise s'étend au-delà de la simple traduction, car il s'efforce de contextualiser et d'interpréter les récits dans leur cadre historique et culturel. D'Arbois de Jubainville a également contribué à la création d'un cadre académique pour l'étude des langues celtiques, influençant de nombreux chercheurs ultérieurs. Ses travaux sont caractérisés par une approche méthodique et une attention méticuleuse aux détails, ce qui lui a permis de révéler des aspects souvent négligés de la culture celtique. En tant qu'auteur prolifique, il a publié plusieurs ouvrages qui continuent d'être des références incontournables pour les étudiants et les passionnés de mythologie celtique. Sa capacité à rendre accessible un sujet complexe a fait de lui une voix respectée et influente dans le domaine des études celtiques.
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Seitenzahl: 451
Veröffentlichungsjahr: 2020
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Préface
C
HAPITRE PREMIER
NOTIONS GÉNÉRALES
§ 1. Les catalogues de la littérature épique irlandaise.
§ 2. Les cycles épiquesirlandais.
§ 3. De la place occupée par la littérature épique dans la vie des Irlandais aux premiers siècles du moyen âge.
§ 4. Le cycle mythologiqueirlandais. Les races primitives dans la mythologie irlandaise et dans la mythologie grecque.
§ 5. Le cycle mythologique irlandais (suite). Les inondations dans la mythologie irlandaise et dans la mythologie grecque.
§ 6. Le cycle mythologique irlandais (suite). Les batailles entre les dieux dans la mythologie irlandaise, dans celle de la Grèce, de l’Inde et de l’Iran.
§ 7. Le roi des morts et le séjour des morts dans la mythologie irlandaise, dans la mythologie grecque et dans celle des Védas.
§ 8. Les sources de la mythologie irlandaise.
C
HAPITRE
II
ÉMIGRATION DE
P
ARTHOLON
§ 1. La race de Partholon en Irlande. La race d’argent dans la mythologie d’Hésiode.
§ 2. La doctrine celtique sur l’origine de l’homme.
§ 3. La création du monde dans la mythologie celtique telle que nous l’a conservée la légende de Partholon.
§ 4. Lutte de la race de Partholon contre les Fomôré.
§ 5. Suite de la légende de Partholon. La première jalousie, le premier duel.
§ 6. La chronologie et la légende de Partholon.
C
HAPITRE
III É
MIGRATION DE
P
ARTHOLON
(
SUITE
) L
ÉGENDE DE
T
UAN
M
AC
C
AIRILL
§ 1.
Pourquoi la légende de Tûan mac Cairill a-t-elle été inventée ?
§ 2. Saint Finnên et Tûan mac Cairill.
§ 3. Histoire primitive de l’Irlande suivant Tûan mac Cairill.
§ 4. La légende de Tûan mac Cairill et la chronologie. Modifications dues à l’influence chrétienne.
§ 5. La légende de Tûan mac Cairill, dans sa forme primitive, est d’origine païenne.
C
HAPITRE
IV C
ESSAIR, DOUBLET DE
P
ARTHOLON
F
INTAN
,
DOUBLET DE
T
ÛAN
M
AC
C
AIRILL
§ 1. Comparaison de la légende de Partholon et de Tûan avec celle de Cessair et de Fintan.
§ 2. Date où a été imaginée la légende de Cessair et de Fintan.
§ 3. Cessair chez Girauld de Cambrie et chez les savants irlandais du dix-septième siècle. Opinion de Thomas Moore.
§ 4. Pourquoi et comment Cessair vint s’établir en Irlande.
§ 5. Histoire de Cessair et de ses compagnons depuis leur arrivée en Irlande.
§ 6. Les poèmes de Fintan.
§ 7. Fintan : 1o au temps de la première bataille mythologique de Mag Tured ; 2o sous le règne de Diarmait mac Cerbaill, sixième siècle de notre ère.
§ 8. Les trois doublets de Fintan. Saint Caillin, son élève : conclusion.
C
HAPITRE
V E
MIGRATION DE
N
ÉMED ET MASSACRE DE LA TOUR DE
C
ONANN
§ 1. Origine de Némed ; son arrivée en Irlande.
§ 2. Le règne de Némed en Irlande ; ses premières relations avec les Fomôré.
§ 3. Ce que c’est que les Fomôré. Textes divers qui les concernent.
§ 4. L’équivalent des Fomôré dans la mythologie grecque et dans la mythologie védique.
§ 5. Combats de Némed contre les Fomôré.
§ 6. Domination tyrannique des Fomôré sur la race de Némed. Le tribut d’enfants. Comparaison avec le Minotaure.
§ 7. L’idole Cromm crûach ou Cenn crûach et les sacrifices d’enfants en Irlande. Les sacrifices humains en Gaule.
§ 8. Tigernmas, dieu de la mort, doublet de Cromm crûach.
§ 9. Le désastre de la tour de Conann d’après les documents irlandais.
§ 10. Le désastre de la tour de Conann suivant Nennius. Comparaison avec la mythologie grecque.
C
HAPITRE
VI É
MIGRATION DES
F
IR
-G
OLG
§ 1. Les Fir-Bolg, les Fir-Domnann et les Galiôin dans la mythologie irlandaise.
§ 2. Les Fir-Bolg, les Fir-Domnan et les Galiôin dans l’épopée héroïque irlandaise.
§ 3. Association des Fomôré ou dieux de Domna, Déi Domnann, avec les Fir-Bolg, les Fir Domnan et les Galiôin.
§ 4. Établissement des Fir-Bolg, des Fir-Domnann et de Galiôin en Irlande.
5. Origine des Fir-Bolg, des Fir-Domnann et des Galiôin. Doctrine primitive, doctrine du moyen âge.
§ 6. Introduction de la chronologie dans cette légende. Liste des rois.
§ 7. Tailtiu, reine des Fir-Bolg et mère nourricière de Lug, un des chefs des Tûatha Dê Danann. Assemblée annuelle de Tailtiu le jour de la fête de Lug ou Lugus.
C
HAPITRE
VII É
MIGRATION DES
T
ÛATHA
D
Ê
D
ANANN
P
REMIÈRE BATAILLE DE
M
AG
-T
URED
§ 1. Les Tûatha Dê Danann sont des dieux : leur place dans le système théologique des Celtes.
§ 2. Origine du nom des Tûatha Dê Danann. La déesse Brigit et ses fils, le dieu irlandais Brîan et le chef gaulois Brennos.
§ 3. La bataille de Mag-Tured est primitivement unique. Plus tard on distingue deux batailles de Mag-Tured.
§ 4. Le dieu Nûadu Argatlâm.
§ 5. Indications sur l’époque où a été composé le récit de la première bataille de Mag-Tured.
§ 6. Pourquoi fut livrée la première bataille de Mag-Tured.
C
HAPITRE
VIII É
MIGRATION DES
T
ÛATHA
D
Ê
D
ANANN
(
SUITE
) S
ECONDE
B
ATAILLE
D
E
M
AG
-T
URED
§ 1. Règne de Bress. Sa durée.
§ 2. Règne de Bress. Avarice de ce prince.
§ 3. Le file Corpré. Fin du règne de Bress.
§ 4. Guerre des Fomôrécontre les Tûatha Dê Danann. Les guerriers fomôré Balar et Indech.
§ 5. Arrivée de Lug chez les Tûatha Dê Danann à Tara.
§ 6. Revue des gens demétier par Lug.
§ 7. Seconde bataille de Mag-Tured. Fabrication des javelots.
§ 8. L’espion Rûadan.
§ 9. Seconde bataille de Mag-Tured (suite).Blessure d’Ogmé et de Nûadu.
§ 10. Seconde bataille de Mag-Tured (suiteet fin). Mort de Balar. Défaite des Fomôré. L’épée de Téthra tombe entre lesmains d’Ogmé.
§ 11. La harpe de Dagdé.
§ 12. Les Fomôré et Téthradans l’île des Morts.
§ 13. Le corbeau et la femme de Téthra.
C
HAPITRE
IX L
A
S
ECONDE
B
ATAILLE
D
E
M
AG
-T
URED ET
L
A
M
YTHOLOGIE
G
RECQUE
§ 1. — Le Kronos grec et ses trois équivalents irlandais Téthra, Bress, Balar.
§ 2. Forme irlandaise de l’idée grecque de la race d’or. Tigernmas, doublet de Balar, de Bress et de Téthra.
§ 3. Balar et le mythe d’Argos ou Argus. Lug et Hermès.
§ 4. Io et Bûar-ainech. Balar et Poseidaôn.
§ 5. Lug, meurtrier de Balar et le héros grec Bellérophontès.
6. Lug et le héros grec Persée.
§ 7. Le Balar populaire de l’Irlande. Balar et Acrisios. Ethné, fille de Balar, et Danaé, fille d’Acrisios. Les trois frères et le triple Géryon. Leur vache et le troupeau de Géryon ou de Cacus. Le fils de Gavida et Persée.
C
HAPITRE
X L
A RACE DE
M
ILÉ
§ 1. Les chefs des Tûatha Dê Danann changés au onzième siècle en hommes et en rois. Chronologie de Gilla Coemain et des Quatre Maîtres.
§ 2. Mile et Bilé, ancêtres de la race celtique.
§ 3. La doctrine qui fait arriver les Irlandais d’Espagne et qui leur donne pour pays d’origine la Scythie et l’Égypte,
§ 4. Ith et la tour de Brégon.
§ 5. L’Espagne et l’île de Bretagne confondues avec le pays des morts.
§ 6. Expédition d’Ith en Irlande.
§ 7. La mythologie irlandaise et la mythologie grecque. Ith et Prométhée.
C
HAPITRE
XI C
ONQUÊTE DE
L
’IRLANDE PAR LES FILS DE
M
ILÉ
§ 1. Arrivée des fils de Milé en Irlande.
§ 2. Premier poème d’Amairgen. Doctrine panthéiste qu’il exprime. Comparaison avec un poème gallois attribuéà Taliésin et avec le système philosophique de Jean Scot dit Erigène.
§ 3. Les deux autres poèmes d’Amairgen. Doctrine naturaliste qu’ils expriment.
C
HAPITRE
XII L
ES
T
ÛATHA
D
Ê
D
ANANN DEPUIS LA CONQUÊTE DE L
’I
RLANDE PAR LES FILS DE
M
ILÉ
P
REMIÈRE PARTIE : LE DIEU SUPRÊME
D
AGDÉ
§ 1. Ce que devinrent les Tûatha Dê Danann après leur défaite par les fils deMilé. Le morceau intitulé De la Conquête du Sid
§ 2. Le dieu Dagdé. Sapuissance après la conquête de l’Irlande par les fils de Milé.
§ 3. Le palaissouterrain de Dagdé à Brug na Boinné, ou Sid Maic ind Oc. Oengus, fils deDagdé. Rédaction païenne de la légende qui concerne Oengus et ce palais.
§ 4. Rédaction chrétienne de cette légende
§ 5. Les amours d’Oengus,fils de Dagdé.
§ 6. L’évhémérisme en Irlande et à Rome. Dagdé ou« bon dieu » en Irlande ; Bona dea, « la bonne déesse, » compagne de Faunusà Rome.
C
HAPITRE
XIII L
ES
T
ÛATHA
D
Ê
D
ANANN APRÈS LA CONQUÊTE DE L
’I
RLANDE PAR LES FILS DE
M
ILÉ
D
EUXIÈME PARTIE
: L
ES DIEUX LUG
, O
GMÉ,
D
ÎAN
-C
ECHT ET
G
OIBNIU
§ 1. Lug joue dans la légende de Cûchulainn le même rôle que Zeus danscelle d’Héraclès.
§ 2. La chasse aux oiseaux mystérieux.
§ 3. Le palaisenchanté. Naissance de Cûchulainn.
§ 4. Le mortel Sualtam et le dieuLug, tous deux pères de Cûchulainn.
§ 5. Lug et Conn Cêtchathach, roisuprême d’Irlande au second siècle de notre ère.
§ 6. Lug était bien undieu, quoi qu’en aient dit plus tard les Irlandais chrétiens.
§ 7. Ogmé ouOgmios le champion,
§ 8. Dian-Cecht le médecin.
§ 9. Goibniu leforgeron et son festin.
C
HAPITRE
XIV L
ES
T
ÛATHA
D
Ê
D
ANANN APRÈS LA CONQUÊTE DE L
’I
RLANDE PAR LES FILS DE
M
ILÉ
T
ROISIÈME PARTIE
:
LES DIEUX
M
IDER ET
M
ANANNÂN
M
AC
L
IR
§ 1. Le dieu Mider. Etâin, sa femme, est enlevée par Oengus, puis naît uneseconde fois et devient fille d’Etair.
§ 2. Etâin est femme du roi suprêmed’Irlande. Mider la courtise.
§ 3. La partie d’échecs.
§ 4. Mider fait denouveau la cour à Etâin. Poème qu’il lui chante.
§ 5. Mider enlève Etâin.
§ 6. Manannân mac Lir et Bran, fils de Febal.
§ 7. Manannân mac Liret le héros Cûchulainn.
§ 8. Manannân mac Lir et Cormac, fils d’Art.Première partie. Cormac échange contre une branche d’argent sa femme,son fils et sa fille.
§ 9. Manannân mac Lir et le roi Cormac, fils d’Art.Deuxième partie. Cormac retrouve sa femme, son fils et sa fille.
§ 10.Manannân mac Lir est père de Mongân, roi d’Ulster au commencementdu sixième siècle de notre ère.
§ 11. Mongân, fils d’un dieu, est un êtremerveilleux.
C
HAPITRE
XIV L
A CROYANCE À L’IMMORTALITÉ DE L’ÂME EN
I
RLANDE ET EN
G
AULE
§ 1. L’immortalité de l’âme dans la légende de Mongân.
§ 2. La race celtiquea-t-elle cru à la métempsycose pythagoricienne ? Opinion des ancienssur cette question.
§ 3. Comparaison entre la doctrine de Pythagore et ladoctrine celtique.
§ 4. Le pays des morts. La mort est un voyage. Texte duquatrième siècle avant notre ère.
§ 5. Certains héros sont allés faire la guerreau pays des morts et des dieux : tels sont Cûchulainn, Loégairé Liban etCrimthann Nîa Nair. Légende de Cûchulainn.
§ 6. Légende de LoégairéLiban.
§ 7. La descente de cheval dans la vieille légende de Loégairé Libanet dans la légende moderne d’Ossin.
§ 8. Légende de Crimthann Nîa Nair.
§ 9. Différence entre Cûchulainn d’un côté, Loégairé Liban et Crimthannde l’autre.
C
HAPITRE
XVI C
ONCLUSION
§ 1. D’une différence importante entre la mythologie celtique et la mythologiegrecque.
§ 2. La triade mythologique dans les Védas et en Grèce.
§ 3.La triade en Irlande.
§ 4. La triade en Gaule chez Lucain : Teutatès, Ésuset Taranis ou Taranus.
§ 5. Le dieu gaulois que les Romains ont appeléMercure.
§ 6. Le dieu cornu et le serpent mythique en Gaule.
§ 7. Ledualisme celtique et le dualisme iranien.
§ 8. Le naturalisme celtique.
Un des documents le plus souvent cités sur la religion celtique est un passage de César, De bello gallico, où le conquérant de la Gaule raconte quels sont, suivant lui, les principaux dieux des peuples qu’il a vaincus dans cette contrée :
« Le dieu qu’ils révèrent surtout est Mercure ; ses statues sont nombreuses. Les Gaulois le considèrent comme l’inventeur de tous les arts, le guide dans les chemins et les voyages ; ils lui attribuent une très grande influence sur les gains d’argent et sur le commerce. Après lui viennent Apollon, Mars, Jupiter et Minerve. De ceux-ci ils ont presque la même opinion que les autres nations : Apollon chasse les maladies ; Minerve instruit les débutants dans les arts et les métiers ; Jupiter a l’empire du ciel ; Mars a celui de la guerre. Quand ils ont résolu de livrer bataille, ils lui consacrent d’avance par un vœu le butin qu’ils comptent faire 1 … »
Si nous prenons ce texte au pied de la lettre, il paraît que les Gaulois auraient eu cinq dieux presque identiques à autant de grands dieux romains : Mercure, Apollon, Mars, Jupiter et Minerve ; la différence n’aurait guère consisté que dans les noms. Cette doctrine semble confirmée par des inscriptions romaines, où des noms gaulois sont juxtaposés comme épithètes ou par apposition aux noms de ces dieux romains. On pourrait donner de nombreux exemples. Nous citerons : 1o pour Mercure, les dédicaces Mercurio Atusmerio, Genio Mercurii Alauni, Mercurio Touren[o], Visucio Mercuri[o], Mercurio Mocco 2 ; 2o pour Apollon, les dédicaces Apollini Granno, [A]pollini Mapon[o]3 , Apollini Beleno ; 3o pour Mars les dédicaces Marti Toutati, Marti Belatucadro, Marti Camulo 4 , Marti Catu-rigi ; 4o pour Jupiter, les dédicaces Jovi Taranuco, Jovi Tarano ; et 5o pour Minerve les dédicaces Deæ Suli Minervæ, Minervæ Belisamæ 5 . Ce sont les cinq dieux dont parle César.
Avant de tirer du passage précité de César, des inscriptions que nous venons de mentionner et des documents analogues, une conclusion quelconque, il est indispensable d’en déterminer exactement le sens. Le texte de César commence par le mot « dieu » : Deum maxime Mercurium colunt. Que signifie le mot « dieu » dans la langue que parlait César quand il dictait ses Commentaires ? Cicéron, dans son traité De inventione rhetorica, distingue entre ce qui est nécessaire ou certain et ce qui est probable ; comme exemple de propositions probables, il cite celle-ci : « Ceux qui s’occupent de philosophie ne croient pas qu’il y ait des dieux 6 . » Pour Lucrèce, les dieux sont une création de l’esprit humain, développée par les hallucinations du rêve 7 . Le mot « dieu, » aux yeux de la plupart des membres de l’aristocratie romaine contemporains de César, désignait une conception sans valeur objective.
Nous pensons pourtant être en droit d’affirmer que la langue employée par César dans les Commentaires est celle d’un croyant ; peu nous importe ce qu’il pouvait penser au fond de sa conscience. César est un homme politique dont le but, quand il parle, est de préparer ses auditeurs à lui obéir quand il commandera. Il est, parmi ses compatriotes, un de ceux qui ont le mieux su mettre en pratique les vers fameux de Virgile :
Tu regere imperio populos, Romane memento ;
Hæ tibi erunt artes, pacique imponere morem
Parcere subjectis, et debellare superbos 8 .
Placée en face de populations qui croient à leurs dieux, l’aristocratie romaine, sceptique ou non, admet officiellement l’existence des dieux et s’en fait un moyen de gouvernement. Pour comprendre César, il faut admettre que, dans la langue dont il se sert, le mot « dieu » désigne des êtres dont l’existence réelle est considérée comme indiscutable, et qu’on ne peut sans erreur manifeste se figurer comme de simples conceptions de l’esprit humain, comme des fictions plus ou moins fantaisistes, plus ou moins logiques. La langue de César fut, après lui, celle des inscriptions romaines de la Gaule.
Notre manière d’envisager les doctrines mythologiques est toute différente de celle qu’avaient adoptée les hommes politiques de Rome et les croyants qui ont dicté les inscriptions romaines de la Gaule. Nous ne sommes ni, comme les premiers, appelés à gouverner une population que des habitudes séculaires attachaient au culte de ses dieux, ni, comme les seconds, des païens. Les dieux des Gaulois, comme ceux des Romains, sont, à nos yeux, une création de l’esprit humain, inspirée à une population ignorante par le besoin d’expliquer le monde. Il est, par conséquent, très difficile de nous satisfaire, quand on prétend démontrer que deux divinités, l’une romaine, née de la combinaison de la mythologie romaine et de la mythologie grecque, l’autre gauloise et issue du génie propre à la race celtique, sont identiques l’une à l’autre. Il ne suffit pas que les deux figures divines se superposent à peu près l’une à l’autre par quelque côté ; il faut, sinon concordance complète, au moins accord sur tous les points fondamentaux.
Lorsqu’il s’agit d’affirmer l’identité d’un personnage réel, on est beaucoup moins difficile. J’ai connu tel professeur illustre ; à son cours j’ai admiré sa science profonde des textes, la justesse et la nouveauté des conclusions qu’il en tirait, l’élégante netteté de son langage, le charme de sa diction, l’éclat de son regard, l’animation de ses traits. Dans son cabinet il a achevé de me séduire par la bienveillance de son accueil, par la finesse de son sourire, par la spirituelle simplicité de sa conversation savante d’où tout pédantisme était absent. Ensuite, je le rencontre dans la rue. Je ne lui parle pas ; il ne me dit rien ; ses yeux, si vifs il y a un instant, sont mornes et ternes ; rien, dans sa physionomie, ne révèle l’homme éminent qui se manifestait avec tant de supériorité dans la chaire du professeur devant un nombreux auditoire, ou au coin de la cheminée sans témoins pendant un entretien familier. Maintenant il semble ne penser à rien : que dis-je ? La pensée qui l’occupe et que j’ignore est peut-être la plus triviale et la plus vulgaire. Mais les traits de son visage, tout à l’heure inspirés, en ce moment insignifiants et presque sans vie, offrent à mon regard un ensemble de lignes que je reconnais. Je m’écrie : C’est lui ! et je ne me suis pas trompé.
Les Romains procédaient d’une manière analogue quand il était question de leurs dieux. Leur Jupiter, par exemple, portait comme insigne caractéristique la foudre dans la main droite ; les Gaulois avaient aussi un dieu qui maniait la foudre. Sur ce simple indice, les Romains crurent reconnaître dans le dieu gaulois leur Jupiter. De ce que les deux dieux, l’un national, l’autre étranger, avaient un attribut identique, les Romains conclurent que ces deux dieux n’en faisaient qu’un ; ils le conclurent sans se préoccuper des différences que, sur d’autres points beaucoup plus importants, pouvaient offrir ces deux figures mythiques.
Du reste, quand il s’agissait de grands dieux, qui dans le monde exerçaient, croyait-on, un pouvoir général, il ne pouvait pas en être autrement. Il était inadmissible que la foudre obéisse à deux maîtres, l’un en Gaule, l’autre en Italie. Si l’explication qu’on donnait du phénomène de la foudre au sud des Alpes était bonne, il fallait bien qu’elle restât bonne au nord-ouest des Alpes.
Le Mars romain décidait du sort des batailles. De deux choses l’une : ou le dieu gaulois de la guerre était identique au Mars romain, et dès lors son culte pouvait être maintenu dans la Gaule conquise ; ou il était inférieur, en ce cas c’était un dieu vaincu, dont le culte devenait inutile.
Le résultat de la conquête devait être nécessairement ou la suppression du culte des grands dieux gaulois, ou la confusion de ce culte avec le culte des grands dieux romains ; et la seconde alternative était celle dont la réalisation était le plus facile à obtenir, puisqu’elle n’infligeait aux vaincus aucune humiliation. Elle avait l’avantage d’empêcher toute lutte religieuse entre les vaincus et les vainqueurs qui voulaient se les assimiler : elle rapprochait par là l’époque de cette assimilation. La confusion des deux cultes était par conséquent la solution qu’un homme politique devait préférer.
César a donc affirmé l’identité de cinq grands dieux de Rome avec les grands dieux de la Gaule, et cette identité a été admise après César. Elle l’a été d’autant plus facilement que les Romains croyant à la réalité de leurs dieux se contentaient pour les reconnaître d’attributs tout à fait secondaires ; alors, avant de prononcer que deux divinités sont identiques, on ne se livrait point à l’enquête minutieuse qu’entreprend de nos jours tout savant qui applique à l’étude de la mythologie les procédés de l’érudition moderne.
Notre conclusion sera par conséquent celle-ci :
Nous ne pouvons accepter sans vérification les assertions de César d’où l’on semblerait en droit de conclure que la religion des Gaulois et celle des Romains étaient à peu près les mêmes. Il faut consulter d’autres textes que celui par la citation duquel nous avons commencé, et que les inscriptions qui semblent être la confirmation de ce document. Telle est la raison qui nous a fait entreprendre le travail contenu dans ce volume. Sans prétendre y résoudre les innombrables questions que soulève l’étude de la mythologie celtique, nous y proposons une solution à quelques-unes des principales difficultés qui peuvent être agitées propos d’un sujet si digne d’attirer l’attention de l’historien.
Ce n’est pas une mythologie celtique que nous livrons au public, c’est un essai sur les principes fondamentaux de cette mythologie. Nous avons pris pour base de notre étude le traité que les Irlandais connaissent sous le nom de Lebar Gabala, « Livre des conquêtes » ou « des invasions. » Notre travail est un commentaire de ce document, tel qu’on le trouve dans le Livre de Leinster, manuscrit du milieu du douzième siècle, dont l’Académie royale d’Irlande a publié un fac-similé. Les nombreux textes que nous citons, outre celui-là, n’ont d’autre objet que de l’expliquer.
Notre œuvre aura les inconvénients que présente la méthode exégétique ; le principal sera celui des répétitions ; les légendes, analogues à des légendes déjà exposées, demanderont souvent le retour d’explications données précédemment. Mais nous espérons qu’on nous saura gré d’avoir respecté l’ordre antique dans lequel l’Irlande a jadis classé les récits fabuleux qui constituent la forme traditionnelle de sa mythologie. En substituant à ce vieux plan consacré par les siècles un classement plus méthodique, mais nouveau et arbitraire, nous aurions brisé de nos mains le tableau même que nous voulions mettre sous les yeux du lecteur 9 .
1 De bello gallico, livre VI, chap. xvii.
2 Inscription de Langres. Moccus paraît être le cochon ou sanglier, en vieil irlandais mucc, génitif mucce, thème féminin en a ; en gallois, moch, et en breton, moc’h.
3 Corpus inscriptionum latinarum, t. VII, no 218.
4Mommsen, Inscriptiones confœderationis Helveticæ, no 70.
5 De Wal, Mythotogiæ septentrionalis monumenta latina, vol. I, no LII.
6 De inventione, livre I, chap. xxix, § 46.
7 Livre V, vers 1168 et suivants.
8Virgile, Enéide, livre VI, vers 851-853.
9 L’exception que nous avons faite pour la légende de Cessair n’est qu’apparente, puisque cette légende est une addition chrétienne au cycle mythologique irlandais.
§ 1. Les catalogues de la littérature épique irlandaise.
§ 2. Les cycles épiques irlandais
.
§ 3. De la place occupée par la littérature épique dans la vie des Irlandais aux premiers siècles du moyen âge
.
§ 4. Le cycle mythologique irlandais. Les races primitives dans la mythologie irlandaise et dans la mythologie grecque
.
§ 5. Le cycle mythologique irlandais (suite). Les inondations dans la mythologie irlandaise et dans la mythologie grecque
.
§ 6. Le cycle mythologique irlandais (suite). Les batailles entre les dieux dans la mythologie irlandaise, dans celle de la Grèce, de l’Inde et de l’Iran
.
§ 7. Le roi des morts et le séjour des morts dans la mythologie irlandaise, dans la mythologie grecque et dans celle des Védas
.
§ 8. Les sources de la mythologie irlandaise
.
Dans le volume précédent 10, nous avons dit qu’il existe plusieurs catalogues des morceaux qui composaient la littérature épique irlandaise. Le plus ancien de ces catalogues paraît avoir été dressé vers l’an 700 de notre ère, sauf une ou deux additions qui dateraient de la première moitié du dixième siècle. Le deuxième appartient à la seconde moitié du même siècle. Le troisième nous a été conservé par un manuscrit du seizième siècle.
Le premier de ces catalogues se trouve dans deux manuscrits ; l’un des deux a été écrit vers 50 : c’est le Livre de Leinster, p. 8 - 0, d’après lequel ce catalogue a été publié par O’Curry, Lectures on the ms. materials, p. 58 -5 ; l’autre date du quinzième ou du seizième siècle : c’est le ms. H. . 7, col. 7 7-800 du Collège de la Trinité de Dublin, d’après lequel le même catalogue a été publié par M. O’Looney dans les Proceedings of the royal Irish academy, Second series, vol. I, Polite Literature and antiquities, p. 2 5-2 0. Ce catalogue est anonyme ; il contient cent quatre-vingt-sept titres dans le premier des deux manuscrits.
Le deuxième catalogue, inédit jusqu’ici11, se rencontre, à ma connaissance, dans trois manuscrits : le Rawlinson B. 512 de la bibliothèque bo-dléienne d’Oxford, fo 109-110, quatorzième siècle ; le Harleian 5280, fo 47 recto-verso du British Museum, quinzième siècle ; et le 23. N. 10, autrefois Betham 145, de l’Académie royale d’Irlande, p. 29-32, seizième siècle. Il comprend cent cinquante-neuf titres dans le premier des trois manuscrits ; il est attribué à Urard mac Coisi, file de la seconde moitié du dixième siècle.
Il n’y a que vingt titres dans le troisième catalogue : celui-ci, plus récent que les deux premiers et sans nom d’auteur, est conservé par un manuscrit du seizième siècle au Musée Britannique, sous le no 432 du fonds Harléien, et il a été publié dans les Ancient Laws of Ireland, t. I, p. 46.
Le deuxième et le troisième catalogue contiennent des titres qui ne sont pas compris dans le premier, mais, même en ajoutant au premier catalogue un supplément formé avec les titres qui lui manquent et que les deux autres catalogues contiennent, on n’aurait pas la liste complète des morceaux qui formaient le vaste ensemble de la littérature épique irlandaise. D’après la glose de l’introduction au Senchus Mór, le nombre des histoires que devait savoir l’ollam ou chef des file était de trois cent cinquante. Les manuscrits irlandais des îles Britanniques nous ont conservé quelques-unes des histoires dont les titres n’ont pas été inscrits dans les catalogues dont nous venons de parler. Par contre, on ne retrouve plus dans ces manuscrits une partie des histoires dont ces catalogues nous ont transmis les titres. Ainsi, notre connaissance de la littérature épique irlandaise offre bien des lacunes qu’il sera probablement toujours impossible de combler.
Les monuments de la littérature épique irlandaise semblent pouvoir se diviser en quatre sections :
1
o
Le cycle mythologique, qui concerne l’origine et la plus ancienne histoire des dieux, des hommes et du monde ;
2
o
Le cycle de Conchobar et de Cûchulainn, comprenant des récits qui se rapportent, soit à ces deux personnages soit à d’autres héros que l’on se figurait avoir été leurs contemporains, ou les avoir soit précédés soit suivis à peu d’années de distance. Suivant les annalistes irlandais, Conchobar et Cûchulainn auraient vécu vers le même temps que Jésus-Christ ; ainsi Cûchulainn serait mort, d’après Tigernach, l’an 2 de notre ère et Conchobar l’an 22
12
;
3
o
Le cycle ossianique, dont les principaux personnages sont Find, fils de Cumall, et Ossin ou Ossian, fils de Find ; il paraît avoir pour base des événements historiques du second et du troisième siècle de notre ère ; Tigernach met la mort de Find en 274
13
;
4
o
Un certain nombre de morceaux qui, si on les plaçait bout à bout dans l’ordre chronologique des faits vrais ou imaginaires auxquels ils se rapportent, nous offriraient, en quelque sorte, les annales poétiques de l’Irlande, du troisième siècle de notre ère au septième. Les pièces relatives à des événements postérieurs au septième siècle sont fort peu nombreuses.
Pendant les longues soirées d’hiver, les morceaux épiques ou histoires compris dans ces quatre sections étaient débités par les file aux rois entourés de leurs vassaux dans les grandes salles de leurs dûn ou châteaux14. Les file récitaient aussi ces histoires aux foules qu’attiraient les grandes assemblées périodiques du 1er mai ou Beltené, du premier août ou Lugnasad, et du 1er novembre ou Samain, dont une des plus célèbres est celle qui se tenait à Usnech le 1er mai, ou jour de Beltené.
Usnech était considéré comme le point central de l’Irlande ; un roc naturel servant de borne indiquait le point d’où partaient les lignes séparatives des cinq grandes provinces (en irlandais coicid ou « cinquièmes »), entre lesquelles se partageait l’Irlande. C’est là que d’ordinaire, le 1er mai, les mariages annuels se rompaient et que des liens nouveaux succédaient à ceux que la coutume avait brisés. A ces assemblées, on rendait des jugements, on réformait les lois, les rois recrutaient des soldats, les négociants venaient offrir leurs marchandises à des populations ordinairement dispersées sur toute la surface d’un vaste territoire où le commerce ne pouvait les atteindre ; enfin les file trouvaient, pour leurs récits épiques, de nombreux auditoires15. Sans avoir la prétention au même succès, nous allons reprendre les récits de ces vieux conteurs. Nous commencerons par le cycle mythologique.
Les morceaux qui appartiennent au cycle mythologique sont épars dans les divers chapitres ont nos catalogues se composent. Mais ceux de ces morceaux que l’on peut considérer comme fondamentaux appartiennent au chapitre intitulé Tochomlada ou émigrations. Sur les treize pièces que ce chapitre comprend, sept sont mythologiques :
1
o
Tochomlod Partholoin dochum n-Erenn
, émigration de Partholon en Irlande ;
2
o
Tochomlod Nemid co h-Erind
, émigration de Némed en Irlande; 3
o
Tochomlod Fer m-Bolg
, émigration des Fir-Bolg;
4
o
Tochomlod Tûathe Dê Danann
, émigration de la nation du dieu de Dana ou des
Tûatha Dê Danann
;
5
o
Tochomlod Miled, maic Bile, co h-Espain
, émigration de Milé, fils de Bilé en Espagne ;
6
o
Tochomlod mac Miled a Espain in Erinn
, émigration des fils de Milé, d’Espagne en Irlande ;
7
o
Tochomlod Cruithnech a Tracia co h-Erinn ocus a tochomlod a Erinn co Albain
, émigration des Pictes de Thrace en Irlande et d’Irlande en Grande-Bretagne.
Ces titres suffisent pour nous montrer qu’une des parties les plus importantes de la mythologie irlandaise racontait comment diverses races divines et humaines étaient venues successivement s’établir en Irlande. Ainsi la littérature irlandaise met à l’origine des choses une série de faits mythiques qui présentent une grande analogie avec une des conceptions les plus connues de la mythologie grecque. Voici comment s’exprime Hésiode dans le poème dont le titre est : Les Travaux et les Jours.
« La race d’or des hommes doués de parole fut celle que créèrent la première les immortels habitants des palais de l’Olympe ; cette race exista sous Kronos, quand il régnait dans le ciel. Ces hommes vivaient comme des dieux, l’esprit sans inquiétude, loin des fatigues et de la douleur ; ils n’éprouvaient aucune des misères de la vieillesse, leurs pieds et leurs mains avaient toujours la même vigueur ; ils passaient leur vie dans la joie des festins, à l’abri de tous maux, et ils mouraient comme domptés par le sommeil. Pour eux toute chose tournait à bien ; le champ fertile leur produisait, sans culture, des fruits abondants, dont il n’était jamais avare. Ceux qui récoltaient se faisaient un plaisir de partager paisiblement avec leurs nombreux et bons voisins. Et quand cette race eut été ensevelie dans les entrailles de la terre, elle se transforma, par la volonté du grand Zeus, en démons bienfaisants qui habitent la terre et y sont les gardiens des hommes mortels. Ils observent les bonnes et les mauvaises actions ; invisibles dans l’air qui leur sert de vêtement, ils se promènent sur toute la terre, distribuant les richesses : telle fut la royale prérogative qu’ils obtinrent.
« Une seconde race, beaucoup moins bonne, celle d’argent, fut ensuite créée par les habitants des palais de l’Olympe ; elle n’était comparable à la race d’or ni par le corps ni par l’esprit. Pendant cent ans, l’enfant élevé par sa mère attentive grandissait inepte dans la maison ; mais quand il avait atteint la puberté et le terme de l’adolescence, il ne vivait plus que peu de temps, et c’était dans la douleur, à cause de sa stupidité ; car ces hommes ne pouvaient s’abstenir de commettre l’injustice les uns envers les autres. Ils refusaient le culte aux Immortels et les sacrifices aux Tout-Puissants sur les autels sacrés, violant ainsi le droit et la coutume. Alors, Zeus, fils de Kronos, leur ôta la vie, irrité contre eux parce qu’ils ne rendaient pas d’honneurs aux dieux bienheureux qui habitent l’Olympe. Mais quand la terre eut recouvert ces hommes, on leur donna le nom de puissants mortels souterrains ; ils occupent le second rang : toutefois, comme les premiers, ils sont entourés d’honneurs.
« Alors Zeus créa une troisième race d’hommes doués de parole, celle d’airain, qui ne fut en rien semblable à celle d’argent. Issue des frênes, elle était forte et robuste ; ce qui l’occupait c’étaient les œuvres douloureuses et injustes d’Arès, dieu de la guerre. Ils ne mangeaient pas de froment ; leur vigoureux et redoutable courage ressemblait à l’acier. Leur force était grande ; des mains invincibles terminaient les bras qui s’attachaient à leurs corps puissants. D’airain étaient leurs armes, d’airain leurs maisons ; c’était l’airain qu’ils travaillaient, le noir fer n’existait pas encore. Ils s’enlevèrent eux-mêmes la vie par leurs propres mains et allèrent dans la maison putride du froid Aïdès. Quelque redoutables qu’ils fussent, la noire mort se saisit d’eux et ils quittèrent la brillante lumière du soleil.
« Mais quand la terre eut aussi recouvert cette race, Zeus, fils de Kronos, en créa une quatrième sur la terre féconde. Celle-ci, plus juste et meilleure, a donné les hommes héroïques et divins de la génération qui nous a précédés qu’on appelle demi-dieux dans la Terre immense. La guerre fatale et les durs combats leur ont ôté la vie. Les uns sont morts près de Thèbes aux Sept-Portes, dans la terre de Cadmus, en livrant bataille à cause des brebis d’Œdipe ; les autres, franchissant sur leurs navires la vaste étendue de la mer, allèrent à Troie à cause d’Hélène à la belle chevelure, et la mort les y enveloppa.
« Zeus, fils de Kronos, les séparant des hommes, leur a donné la nourriture et une demeure aux extrémités de la terre, loin des immortels. Kronos règne sur eux : ils vivent, l’esprit libre de souci, dans les îles des Tout-Puissants, près de l’Océan aux gouffres profonds, ces héros bienheureux auxquels un champ fécond, qui fleurit trois fois l’an, produit des fruits doux comme le miel16. »
Ainsi les Grecs croyaient qu’à une époque antérieure à celle où vivaient ceux de leurs ancêtres qui ont fait les guerres épiques de Thèbes et de Troie, trois races dont ils ne descendaient point s’étaient succédé sur le sol de leur patrie. Nous trouvons, en Irlande, une doctrine à peu près identique. Les noms de ces races mythiques ne sont pas les mêmes en Irlande qu’en Grèce. Hésiode les appelle race d’or, race d’argent, race d’airain ; les Irlandais parlent de la famille de Partholon, de celle de Némed et des Tûatha Dê Danann. Les Tûatha Dê Danann sont identiques à la race d’or des Grecs ; dans la famille de Partholon, nous reconnaîtrons la race d’argent des Grecs ; dans la famille de Némed leur race d’airain. Ainsi, l’ordre suivi par les Grecs n’est pas le même que celui que nous trouvons en Irlande. La race d’or des Grecs, placée chez eux chronologiquement la première, arrive la dernière chez les Irlandais, qui lui donnent le nom de Tûatha Dê Danann. Mais la famille de Partholon ou race d’argent précède en Irlande comme en Grèce la famille de Némed ou race d’airain.
Quant aux demi-dieux grecs qui forment la quatrième race, qui ont combattu à Thèbes et à Troie et qui sont les ancêtres de la race actuelle, ils ont pour correspondants les Firbolg, les fils de Milé et les Cruithnech ou Pictes de la mythologie irlandaise. Par conséquent, les sept morceaux dont nous avons donné les titres : Émigration de Partholon en Irlande, Émigration de Némed en Irlande, Émigration des Firbolg, Émigration des Tûatha Dê Danann, Émigration de Milé, fils de Bilé, en Espagne, Émigration des fils de Milé d’Espagne en Irlande, Émigration des Pictes ou Cruithnech de Thrace en Irlande et d’Irlande en Grande-Bretagne, nous exposent la forme irlandaise d’une doctrine dont les éléments fondamentaux se trouvent déjà en Grèce dans l’ouvrage d’Hésiode intitulé : Les Travaux et les Jours.
Entre le récit grec et le récit irlandais, il y a de nombreuses différences ; elles tiennent, pour une forte part, aux développements que la légende irlandaise a reçus depuis le christianisme. Mais à côté de ces différences, il y a des ressemblances frappantes. En voici un exemple. - Les Tûatha Dê Danann, la dernière en date des trois races primitives dont la race irlandaise actuelle ne descend pas, a finalement le même sort que la race d’or de la mythologie grecque, la première des trois races primitives dont les Grecs ne sont point issus.
« La race d’or, » nous dit Hésiode, « se transforma, par la volonté du grand Zeus en démons bienfaisants qui habitent la terre et y sont les gardiens des hommes mortels. Ils observent les bonnes et les mauvaises actions ; invisibles dans l’air qui leur sert de vêtement, ils se promènent sur toute la terre, distribuant les richesses. Telle fut la royale prérogative qu’ils obtinrent. » De même, les Tûatha Dê Danann, après avoir été, avec un corps visible, seuls maîtres de la terre, ont pris dans un âge postérieur une forme invisible sous laquelle ils partagent avec les hommes l’empire du monde, leur venant en aide quelquefois, d’autres fois leur disputant les plaisirs et les joies de la vie.
Après les sept émigrations, tochomlada, que nous avons placées en tête du cycle mythologique, nous citerons les tomadma, ou irruptions d’eau, déluges partiels qui figurent au nombre de deux dans les catalogues de la littérature épique irlandaise et qui auraient donné naissance à deux lacs d’Irlande, dans la province d’Ulster : 1oTomaidm locha Echdach, irruption d’eau qui aurait formé le lac dit aujourd’hui Lough Neagh ; 2oTomaidm locha Eirne, irruption d’eau qui aurait donné naissance au lac dit aujourd’hui Lough Erne. La mythologie grecque connaît aussi deux déluges, celui d’Ogygès et celui de Deucalion ; le premier en Attique17, le second dans la région de la Grèce située près de Dodone et de l’Achélous18. Les deux déluges analogues que leur donnent pour pendants les catalogues de la littérature épique d’Irlande ont dans cette littérature de nombreux doublets.
Téthra, chef des Fomôré, vaincu dans la bataille de Mag-Tured, devient roi des morts dans la région mystérieuse qu’ils habitent au-delà de l’Océan19. De même, le Kronos grec, vaincu dans la bataille de Zeus contre les Titans, règne dans les îles lointaines des Tout-Puissants ou des Bienheureux, sur les héros défunts qui ont combattu à Thèbes et à Troie.
L’idée du règne de Kronos sur les héros morts se présente à nous pour la première fois dans les Travaux et les Jours d’Hésiode, vers 169 ; et certains critiques ont prétendu supprimer ce vers comme renfermant une contradiction avec le passage de la Théogonie qui donne le Tartare comme séjour au même Kronos20.
Le Tartare est une région obscure et souterraine. Sa description lugubre, telle que nous la donne la Théogonie21, ne peut concorder avec la description des îles séduisantes qui, dans les Travaux et les Jours deviennent le domaine de Kronos vaincu. Mais entre la composition de la Théogonie d’Hésiode et celle du poème des Travaux et des Jours, attribué au même auteur, il y a eu, dans la mythologie grecque, une évolution où la conception de la destinée de l’homme après la mort s’est sensiblement modifiée.
L’Iliade et la partie la plus ancienne de l’Odyssée ne connaissent pour les morts d’autre séjour que l’Aïdès obscur22 et souterrain23, dont un autre nom est Erèbe. De l’Aïdès, ou domaine du dieu Aïdés, l’Iliade distingue le Tartare, qui est également situé dans les profondeurs de la terre, mais bien plus bas. Il y a autant de distance de l’Aïdès au Tartare que de la terre à l’Aïdès24. C’est dans le Tartare que demeurent les Titans25, et parmi eux Kronos, privé comme eux de la lumière du soleil26.
On trouve la même doctrine dans la Théogonie, à cette différence près que I’Aïdès et le Tartare, distincts dans l’Iliade, paraissent se confondre l’un avec l’autre dans le poème d’Hésiode. Le Tartare n’est plus seulement le séjour des Titans et de Kronos vaincu par Zeus27, il est aussi la demeure du dieu qui personnifie l’Aïdès homérique28 ; du dieu qui, dans les entrailles de la terre, règne sur les morts29. Cette lugubre habitation des morts et des dieux vaincus a une entrée que l’on se figure au nord-ouest au-delà du fleuve Océan30.
Vers la fin du septième siècle avant notre ère, l’Océan, qui n’était pour les Grecs qu’une conception mythique, un cours d’eau créé par l’imagination, devint pour eux une conception géographique. On sait comment le hasard fit découvrir à un navire samien les côtes sud-ouest de l’Espagne, baignées par l’océan Atlantique, et que jusque-là, seuls parmi les populations méditerranéennes, les Phéniciens avaient fréquentées31. Ce grand événement fait partie du récit des événements, tant historiques que légendaires, qui préparèrent la fondation de Cyrène, de l’an 633 à l’an 626 avant notre ère.
Dès lors, les Grecs se figurèrent l’Océan non plus comme un fleuve entourant le monde, mais comme une masse d’eau immense, aux limites inconnues, située principalement à l’ouest de l’Europe et de l’Afrique. De là naquit une conception nouvelle du séjour des morts et de Kronos. De là, dans la partie la plus moderne de l’Odyssée, dans la Télémachie, l’idée de la plaine à laquelle on donne le nom d’Elusion, où habite le blond Rhadamanthus, où de l’Océan souffle le vent du nord-ouest, et où Ménélas trouvera l’immortalité32. De là, la croyance aux îles des Tout-Puissants ou des Bienheureux, royaume de Kronos dans le poème des Travaux et des Jours.
Dans la seconde olympique de Pindare, qui célèbre une victoire remportée aux jeux d’Olympie en 476, la plaine Elusion et les îles des Tout-Puissants ou des Bienheureux se confondent et ne forment qu’une île où est la forteresse de Kronos, qui a Rhadamanthus pour associé33. Cette doctrine nouvelle est identique à la doctrine celtique et représente, dans l’histoire des peuples européens un âge historique tout différent de celui auquel appartient la doctrine du Tartare et de l’Aïdès telle qu’on la trouve dans l’Iliade et dans la partie la plus ancienne de l’Odyssée.
Il n’y a pas à s’arrêter à la conception plus récente dans laquelle Platon fait du Tartare le lieu de punition des méchants, et des îles des Bienheureux le lieu où les justes trouvent leur récompense34. C’est un système philosophique postérieur à la mythologie populaire primitive. L’Aïdès homérique renferme, sans distinction, tous les défunts bons ou mauvais, vertueux ou coupables.
L’important, pour nous, est de retrouver dans la mythologie irlandaise, dont les doctrines fondamentales peuvent être appelées, d’une façon plus générale, mythologie celtique, des conceptions qui ont aussi tenu, dans la mythologie grecque, une place considérable. Les Celtes ont eu un dieu identique au Kronos grec. Ce dieu celtique s’appelle en Irlande Tethra. Vaincu et chassé, comme Kronos, par un autre dieu plus puissant et plus heureux, il règne, comme Kronos, au-delà de l’Océan, sur les morts, dans la nouvelle et séduisante patrie que leur assigne la mythologie celtique, d’accord avec les croyances du second âge de la mythologie grecque.
La mythologie védique nous offre une conception analogue. Le dieu des morts et de la nuit, Yama ou Varuna, a été vaincu par Indra, son fils, dieu du jour ; Yama et Varuna sont, au fond des choses et sauf certains détails, une création mythique qui ne diffère pas du Tethra irlandais. Mais les Celtes placent le séjour des morts dans un lieu tout autre que les chantres védiques, puisque ceux-ci donnent pour habitation aux morts le ciel ou même le soleil. Ils n’avaient pas comme les Celtes l’idée de cet océan immense où tous les soirs l’astre du jour, perdant sa lumière et la vie, trouve un tombeau jusqu’au lendemain.
Dans notre exposé des traditions mythologiques irlandaises, nous suivrons le plan consacré par les plus vieux usages et que nous fait connaître la liste des migrations conservée dans les catalogues des histoires racontées par les file. Malheureusement, nous n’avons plus les sept pièces dont ces catalogues nous ont transmis les titres. Mais une composition irlandaise du onzième siècle, le « Livre des conquêtes, » Lebar Gabala, nous en a gardé un abrégé.
Nous prendrons cet abrégé pour base, en le complétant et en en contrôlant les assertions à l’aide de divers auteurs tant irlandais qu’étrangers. Les étrangers sont d’abord l’auteur de la compilation attribuée à Nennius ; il écrivait probablement au dixième siècle, et chez lui on trouve un résumé fort curieux, bien que malheureusement trop court, des croyances mythologiques admises en Irlande à cette époque. Vient ensuite Girauld de Cambrie, qui a écrit sa Topographia hibernica à la fin du douzième siècle. Les auteurs irlandais sont des chroniqueurs et des poètes.
Parmi les chroniqueurs, un des plus intéressants est Keating, bien précieux malgré la date récente de son livre, qui ne remonte qu’à la première moitié du dix-septième siècle. Mais l’auteur avait à sa disposition des matériaux qui ont été anéantis dans les guerres désastreuses dont l’Irlande a été dans le même siècle le théâtre et la victime. Le poète le plus important est Eochaid ûa Flainn, mort en 984, et par conséquent postérieur de peu d’années à Nennius. Ses œuvres auraient un plus grand intérêt si elles n’étaient si courtes et sans l’excès d’une concision qui produit souvent l’obscurité.
Pour rendre plus claire et plus complète l’idée que les Irlandais païens se formaient de leurs dieux, nous terminerons par une excursion dans les cycles héroïques. Nous dirons quelques mots des relations que, suivant la légende, les héros ont eues avec les dieux, et nous verrons ces relations mythiques se continuer jusqu’à des temps postérieurs à saint Patrice, c’est-à-dire postérieurs au milieu du cinquième siècle, où l’on place en général la conversion des Irlandais au christianisme.
10Introduction à l’étude de la littérature Celtique
11 Depuis que ces lignes sont écrites, il en a été publié une édition dans le volume intitulé : Essai d’un catalogue de la littérature épique de l’Irlande, p. 260-264.
12 O’Conor, Rerum hibernicarum scriptores, t. II, 1re partie, p. 14, 16. Certaines personnes en Irlande au douzième siècle croyaient ces personnages beaucoup plus anciens. Un des récits légendaires conservé par le Livre de Leinster fait régner Conchobar trois cents ans avant J.-C. Windisch, Irische texte, p. 99, lignes 16-17.
13 O’Conor, Rerum hibernicarum scriptores, t. II, 1re partie, p. 49.
14 Scêl as-am-berar com-bad-ê Find, mac Cumail, Mongân, dans le Leabhar na h-Uidhre, p. 133, col. 1, lignes 29-31.
15 Sur les récits épiques des file dans les assemblées publiques d’Irlande, voyez la pièce intitulée Aenach Carmain, publiée chez O’Curry, On the manners, t. III, p. 526-547. Les quatrains 58-65 concernent ces récits. Le versificateur irlandais a intercalé dans ses vers six mots qui, dans les catalogues, servent de titre à autant de sections : togia ou « prises de villes, » tâna ou « enlèvements de troupeaux, » tochmorca ou « demandes en mariage, » fessa ou « fêtes, » aitti ou « morts violentes, » airggni ou « massacres. » Il cite aussi plusieurs pièces bien connues, comme Fianruth Fiand, Tecosca Cormaic, Timna Chathair (cf. Livre de Leinster, p. 216, col. 1, lignes 19-34).
16 Hésiode, Les Travaux et les Jours, vers 109-179 (cf. Ovide, Métamorphoses, livre I, vers 89127). Sur ce sujet, voir aussi Platon, Gorgias, c. 79.
17 Acusilas, fragment 14 (Didot-Müller, Fragmenta historicorum græcorum, t. I, p. 102) ; Castor, fragment 15, chez Didot-Müller, Ctesiæ… fragmenta, p. 176. Dans les deux cas, il s’agit d’un texte d’Eusèbe, Præparatio evangelica, X, 10.
18 Aristote, Météorologiques, livre I, chap. XIV, §§ 21 et 22 ; édition Didot, t. III, p. 572.
19Echtra Condla Chaim, chez Windisch, Kursgefasste irische Grammatik, p. 120, lignes 1-4.
20 Hésiode, Théogonie, vers 851.
21 Vers 721 et suivants.
22Odyssée, XI, 155. Iliade, XV, 188, 191.
23Iliade, XX, 57-65.
24Iliade, VIII, 13-16.
25Iliade, XIV, 279.
26Iliade, VIII, 479-481 ; cf. Hymne à Apollon, vers 335, 336.
27Théogonie, vers 717-733, 851.
28Théogonie, vers 736-769.
29Théogonie. vers 850.
30Odyssée, XI, vers 13-22, 639 ; cf. XII, vers 1 et 2.
31 Hérodote, livre IV, chap. 152, §§ 2 et 3.
32Odyssée, IV, 563-569.
33Pindari carmina, édition Schneidewin, t. I, p. 17 et 18, vers 70 et suivants.
34Gorgias, chap. 79.
§ 1. La race de Partholon en Irlande. La race d’argent dans la mythologie d’Hésiode.
§ 2. La doctrine celtique sur l’origine de l’homme.
§ 3. La création du monde dans la mythologie celtique telle que nous l’a conservée la légende de Partholon.
§ 4. Lutte de la race de Partholon contre les Fomôré.
§ 5. Suite de la légende de Partholon. La première jalousie, le premier duel.
§ 6. La chronologie et la légende de Partholon.