Le Druidisme - Edouard Panchaud - E-Book

Le Druidisme E-Book

Edouard Panchaud

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RÉSUMÉ : "Le Druidisme" d'Édouard Panchaud propose une exploration approfondie des croyances et pratiques des druides à l'époque des anciens Gaulois. Ce livre se présente comme une étude détaillée de la doctrine, de la morale et du culte druidique, offrant une perspective unique sur un aspect souvent méconnu de l'histoire celtique. Panchaud s'attache à décrypter les mystères entourant les druides, figures centrales de la société gauloise, réputées pour leur sagesse et leur connaissance des lois naturelles. À travers une analyse rigoureuse des sources historiques et archéologiques disponibles, l'auteur met en lumière les rituels, les cérémonies sacrées et les enseignements philosophiques des druides. L'ouvrage se distingue par son approche académique, tout en restant accessible aux lecteurs curieux de découvrir l'héritage spirituel et culturel des anciens Gaulois. En s'appuyant sur des récits historiques et des interprétations modernes, Panchaud réussit à capturer l'essence du druidisme, révélant son influence durable sur la culture celtique et son impact sur les sociétés contemporaines. Ce livre s'adresse tant aux passionnés d'histoire qu'aux amateurs de spiritualité, offrant une perspective enrichissante sur un sujet fascinant. L'AUTEUR : Édouard Panchaud est un auteur dont la passion pour l'histoire celtique et les traditions anciennes se reflète dans ses écrits. Bien que les détails biographiques sur Panchaud soient limités, son oeuvre "Le Druidisme" témoigne d'une expertise approfondie et d'un engagement envers la recherche historique. Panchaud s'intéresse particulièrement aux pratiques religieuses et philosophiques des sociétés anciennes, avec un accent particulier sur les druides gaulois. Son approche méthodique et son souci du détail lui permettent de restituer avec précision les croyances et les rituels des druides, contribuant ainsi à une meilleure compréhension de leur rôle dans la société gauloise. En tant qu'auteur, Panchaud s'efforce de rendre accessible au grand public des connaissances souvent réservées aux spécialistes, tout en respectant la rigueur académique. Son travail se distingue par une capacité à synthétiser des informations complexes et à les présenter de manière claire et engageante. À travers ses écrits, Panchaud invite les lecteurs à explorer les racines profondes de la culture celtique et à découvrir les influences durables des druides sur notre patrimoine culturel.

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Seitenzahl: 168

Veröffentlichungsjahr: 2020

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TABLE DES MATIÈRES

AVANT-PROPOS

INTRODUCTION

CHAPITRE I

er

 : Du sacerdoce druidique

CHAPITRE II :Le polythéisme druidique

CHAPITRE III :De la doctrine monothéiste des Druides selon les Triades.

TRIADE I

TRIADE II

TRIADE III

TRIADE IV

TRIADE V

TRIADE VI

TRIADE VII

TRIADE IX

TRIADE X

CHAPITRE IV : Croyance des Gaulois à l’immortalité de l’âme et doctrine druidique sur la naissance, la mort, la transmigration et la vie éternelle

TRIADE XI

TRIADE XII

TRIADE XIII

TRIADE XIV

TRIADE XV

TRIADE XVI

TRIADE XVII

TRIADE XXII

TRIADE XXIII

TRIADE XXXVII

TRIADE XL

TRIADE XLI

TRIADE XLII

TRIADE XLIII

CHAPITRE V : La morale druidique et les mœurs gauloises

CHAPITRE VI : Cérémonies religieuses et culte des Druides

CONCLUSION

INTRODUCTION

Origine de la race gauloise. — Intérêt qu’offre l’étude de sa croyance et de son culte, connus sous le nom de druidisme. — Difficultés de cette étude. — Absence de documents écrits. — Ressources pour y suppléer. — Les écrivains grecs et romains. — César. — Posidonius. — Les poésies bardiques. — Les Triades. — Les monuments du culte druidique, tels que menhirs, dolmens, cercles de pierres.

De la branche arienne, issue elle-même de la race japhétique, sortit, à une époque qui ne peut être reculée moins de vingt siècles avant Jésus-Christ, la grande famille des Gaëls, qui émigra vers la partie occidentale du centre de l’Europe. Laissant sur les bords de la Crimée une de ses tribus les plus importantes, elle poursuivit sa route jusqu’au point où, arrivée sur le territoire de la Belgique et de la France actuelles, une autre de ses tribus non moins considérable, celle des Celtes, suivit les bords de l’Atlantique, y forma des colonies et atteignit l’Espagne. L’esprit aventureux de cette tribu la poussa même à franchir le canal de la Manche pour aller peupler les humides contrées de l’Angleterre et de l’Irlande. — Le reste de la puissante confédération des Gaëls s’établit dans la Belgique, en France et en Suisse. Les Belges formaient aussi une des tribus de cette vaste et conquérante armée. On donne aujourd’hui le nom de race gauloise à celle qui comprenait les Gaëls, les Celtes, les Belges et même les Kimris, qui vinrent rejoindre leurs frères et furent connus sous le nom de Cimbres ou de Cambriens.

Si donc l’on nous demande à quel titre le druidisme se recommande à notre étude ; nous répondrons : Il renfermait la croyance religieuse de nos ancêtres, il dirigea leur culte pendant plus de vingt siècles et fut, jusqu’à l’apparition de Jésus-Christ, le fanal qui avec la conscience, les guida durant leur passage sur cette terre et au travers de la vallée de l’ombre de la mort. Comment donc ne pas s’intéresser à ce que nos aïeux ont pensé et professé concernant la divinité, la nature de leur âme et la vie future, et ne pas désirer de savoir quelles consolations ils ont eues dans leurs peines, quel apaisement ils ont pu donner à leurs meurs angoissés et quelle force morale ils ont trouvée pour l’accomplissement de leurs devoirs, ainsi que pour l’attente de la mort, ce roi des terreurs ?

Ce qu’Ozanam dit en parlant des Germains, nous le disons à plus forte raison des Gaëls : « Il faut savoir quelles idées de la création et de la vie future éclairèrent tant de milliers de créatures humaines qui vécurent comme nous, qui souffrirent comme nous, et qui n’eurent pas moins d’intérêt que nous à connaître leurs destinées éternelles.1 »

Et si l’on réfléchit à la longue durée de ce système religieux, à ces 2000 ans pendant lesquels le druidisme a pesé de tout son poids sur une grande portion de l’humanité établie en Occident, et aux siècles nombreux durant lesquels, même après l’introduction du polythéisme et du christianisme, il a continué d’exister et de se concentrer de plus en plus, de manière à pouvoir transmettre à l’Europe moderne ses traditions et ses chants, on doit avouer qu’il était doué d’une vitalité remarquable. Sans nul doute il aura imprimé de profondes traces, encore visibles de nos jours, sur le caractère, les habitudes et la manière de penser et de sentir de notre race. « Les premiers hommes, dit H. Martin, qui peuplèrent le centre de l’ouest de l’Europe, furent les Gaulois, nos véritables ancêtres, car leur sang prédomine de beaucoup dans ce mélange successif de peuples divers qui a formé notre nation, et leur esprit est toujours en nous. Leurs vertus et leurs vices conservés au cœur du peuple français, et les traits essentiels de leur type physique, reconnaissables sous la dégradation amenée par le changement des mœurs et par le croisement des populations, attestent encore cette antique origine.2 »

Leur esprit est toujours en nous, dit l’auteur cité, c’est pourquoi il ne se peut que la recherche des causes qui ont contribué à la formation de cet esprit n’intéresse le lecteur. Ce caractère, d’ailleurs, se distinguait déjà bien longtemps avant que Français, Anglais et Suisses, remplissent de leurs hauts faits les pages de l’histoire. « Aucune des races de notre Occident, dit A. Thierry, n’a rempli une carrière plus agitée et plus brillante. Les courses de celle-ci embrassent l’Europe, l’Asie et l’Afrique ; son nom est inscrit avec terreur dans les annales de presque tous les peuples. Elle braie Rome, elle enlève la Macédoine aux vieilles phalanges d’Alexandre, force les Thermopyles, pille Delphes ; puis va planter ses tentes sur les ruines de l’antique Troie, dans les places publiques de Milet, aux bords du Sangarius et à. ceux du Nil ; elle a assiégé Carthage, menacé Memphis, compté parmi ses tributaires les plus puissants monarques de l’Orient. À deux reprises elle fonde dans la haute Italie un grand empire, et, au sein de la Phrygie, cet autre empire des Galates, qui domina longtemps toute l’Asie Mineure.3 » L’empire romain seul surpassera les proportions de cette domination gigantesque. Or, la bravoure gauloise, qui remporta tant de victoires et fit tant de conquêtes, se distinguait par un mépris de la mort qui a frappé un citoyen romain. Horace caractérise la Gaule comme une terre « où l’on ne connaît pas les terreurs de la mort :

Non paventis funera Galliæ.4

Cette disposition au sacrifice de la vie quelquefois pour de futiles raisons, telles qu’un défi ou le gain de quelques objets insignifiants, se montrait dans les combats au point que le Gaulois dédaignait de protéger son corps au moyen d’armures et même de vêtements. La vue du sang qui jaillissait de ses blessures, l’animait, lui inspirait même une fureur croissante. De là un esprit d’indépendance et une fierté remarquée par les hommes d’autres nations. En l’année 340 avant Jésus-Christ, lors d’une invasion gauloise en Grèce, quelques guerriers étaient allés rendre visite au grand Alexandre : « Que craignez-vous le plus au monde ? » leur demanda-t-il. — « Nous ne craignons que la chute du ciel ; nous estimons cependant fort l’amitié d’un homme tel que toi. »

« Voilà un peuple bien fier, s’écria le héros.5 »

Il y a là un phénomène moral à étudier, et certainement la connaissance des croyances et des sentiments religieux des Gaulois nous expliquera comment ils ont pu fouler aux pieds la mort, cet ennemi que le savant et le philosophe considèrent rarement ans terreur, et à l’apparition duquel les générations actuelles pâlissent encore.

Enfin, sans répéter avec le poète :

« Qui nous délivrera des Grecs et des Romains, »

n’y a-t-il pas lieu de compléter les informations déjà si étendues que nous possédons sur la philosophie et la mythologie de Rome, de la Grèce, de l’Égypte, de l’Assyrie et de l’Inde, par l’étude des institutions religieuses des peuples qui occupèrent les premiers l’Occident. Si le lecteur craignait d’être désappointé dans cette investigation, essayez seulement, lui dirions-nous, d’écarter le voile qui vous dérobe la vue de l’édifice religieux et moral élevé par les Druides et vous contemplerez un monument égal, sinon pour la beauté de la forme et la richesse des ornements, au moins pour la solidité et l’harmonie de l’ensemble, aux plus grandes conceptions que l’esprit humain ait élevées, sur le terrain de la religion, sans le secours de la vérité révélée.

En constatant, enfin, quelle distance sépare ces conceptions humaines des enseignements sacrés qu’il a plu à Dieu de nous donner dans sa sainte Parole, nous ne pourrons qu’être plus reconnaissants du don qui nous a été fait par la grâce divine et apprécier davantage « les bienfaits de l’apparition de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ, qui a détruit la mort et mis en évidence la vie et l’immortalité par l’Évangile. » (2 Tim. I, 10.)

Mais de quelles ressources peut-on disposer pour étudier le druidisme à une époque antérieure à l’ère chrétienne et aux temps nommés historiques ?

Les Druides n’ayant pas écrit et par conséquent n’ayant laissé aucun témoignage direct et positif de leur croyance, ni aucune esquisse de leurs enseignements, on est demeuré bien longtemps dans le vague sur tout ce qui concernait leur croyance et leurs pratiques. Mais pourquoi n’ont-ils pas écrit ? Parce que, dit-on, la publicité donnée à leur doctrine lui aurait fait perdre de la vénération et de la docilité avec laquelle elle était reçue, et que c’était un moyen de tenir sous leur dépendance les jeunes gens qui se vouaient au service des autels. Ceux-ci en effet étaient obligés d’étudier pendant 10, 15 et 20 ans, pour pouvoir apprendre par cœur un nombre considérable de préceptes, de maximes et de chants sur toute espèce de sujets. On ajoute que les Druides (surtout pendant les premiers siècles de leur existence) ne possédaient qu’une écriture hiéroglyphique dans laquelle les arbres et les plantes occupaient la place importante, et que ce moyen de représentation, suffisant pour symboliser des rites et des croyances, ne l’était plus pour l’étude des sujets abstraits et l’exposition des vérités religieuses et morales.

À défaut d’une littérature religieuse druidique, il faut recourir à des citations empruntées aux auteurs grecs et romains de l’antiquité. Par le fait même des incursions et des conquêtes des Gaulois, les nations leurs voisines et trop souvent leurs adversaires, nous ont transmis par la plume de leurs écrivains, ce qu’elles pensaient de ces intrépides et sauvages aventuriers. À commencer par Hérodote jusqu’aux auteurs de la basse latinité, tous les historiens, orateurs ou poètes consacrent au moins quelques lignes à la nation gauloise ; mais c’est Jules César qui, dans la célèbre Guerre des Gaules, nous a révélé le plus de particularités concernant le peuple qu’il eut tant de peine à faire fléchir sous son épée. Ennemi des Gaulois, et leur pardonnant à peine les moyens par lesquels ils défendaient leurs foyers contre l’étranger, il est leur seul historien un peu complet, et ses écrits sont la principale source de nos informations, quoiqu’il faille se souvenir qu’ils sont entachés de partialité. Posidonius, un jeune Grec, qui a visité, au IIe siècle de notre ère, la Germanie et les Gaules, a fourni aussi de précieux renseignements sur les mœurs et coutumes gauloises. Outre ces ouvrages d’auteurs qui ont vécu à l’époque où le druidisme florissait encore, il y a un grand nombre de poèmes bardiques des siècles postérieurs, écrits dans la langue des Gaëls et des Kimris. Ces compositions ne remontent pas au delà du VIIIe ou du VIIe siècle de notre ère, et elles portent plus ou moins l’empreinte des nouvelles idées et même des traditions que le christianisme déjà défiguré, établi en Angleterre et en Irlande, avaient introduites. On ne peut donc pas les consulter avec une entière confiance.

Au milieu d’elles se font surtout remarquer les Triades Bardiques, recueil d’aphorismes ou sentences philosophiques, théologiques, juridiques, historiques et morales, consistant toujours en trois points. Ce nombre paraît avoir été choisi afin qu’on pût conserver plus facilement ces maximes dans la mémoire, et parce que ce nombre lui-même avait un caractère sacré chez les Gaulois dès la plus haute antiquité, et auprès de la race japhétique d’où ils étaient sortis. Ces Triades constituent un des monuments les plus curieux de la littérature galloise du moyen âge, et en même temps le plus précieux, pour remettre en lumière et faire revivre les pensées et les croyances des générations les plus reculées. Car quoique relativement moderne, ce recueil nous transmet des opinions et des dogmes qui doivent avoir été conçus et formulés à une époque bien antérieure à celle de leur publication, même, avant l’ère chrétienne. Nous ferons surtout usage de l’extrait étendu qu’un savant gallois, M. Ed. Williams en a donné sous le nom de Mystère des Bardes, et qui a été traduit et publié en français par M. Ad. Pictet. Mais on ne peut s’en servir sans user des précautions recommandées pour n’en rapporter ni extraire aucune opinion qui ne soit exclusivement gauloise ou druidique.

Un autre genre de monuments dont on peut tirer parti pour élucider le sujet actuel, ce sont les pierres communément appelées druidiques. Elles sont dignes d’attention à cause de leur nombre, de leurs dimensions et de leurs dispositions singulières. On ne peut douter qu’elles aient couvert toute la Gaule, car on en retrouve des blocs épars depuis les Alpes jusqu’à l’Atlantique, et elles se voient encore en Angleterre et en Irlande. C’est à l’agriculture et au besoin de matériaux pour la bâtisse, que l’on doit de les voir disparaître en très grande partie. Ce n’est plus que dans quelques localités comme à Carnac en Bretagne, et à Abury et Stonehenge en Angleterre, qu’on peut encore obtenir une vue d’ensemble des monuments grandioses et instructifs transmis par l’antiquité galloise.

On appelle menhirs d’énormes blocs de pierre brute, dressés et fichés en terre isolément ou par groupes régulièrement alignés. Quelquefois disposés sur deux rangs, ils forment une avenue qui aboutit à plusieurs cercles de pierres circonscrits l’un à l’autre. Le bloc, au lieu d’être planté en terre, se montre souvent posé en équilibre sur une autre pierre ou sur le sol, et oscille au moindre choc sans jamais quitter sa base. L’auteur en a vu un pareil dans file de Guernesey. Ou bien un ou deux monolithes de dimension considérable, se trouvent soutenus à leurs extrémités par d’autres pierres fichées debout et dispersées en cercle. Il se forme alors une cavité qui paraît avoir servi pour recueillir le sang des victimes immolées sur la pierre, ou pour recevoir la dépouille et la cendre des morts. Quelques-unes de ces grottes factices ont au moins vingt mètres de profondeur. On les nomme dolmen, c’est-à-dire pierres levées.

On appelle tombelle, du mot tom en gaulois, qui équivaut au tumulus des Latins, des monticules de terre ou naturels ou factices, sur lesquels on rencontre des menhirs ou des dolmens. Lorsque le monticule est formé par un amas de pierres entassées à dessein, il s’appelle cairn.

« Les alignements et les grottes prennent des proportions extraordinaires, dit H. Martin, dans la partie de l’Armorique où l’on parle encore la langue des Kimris, surtout dans l’antique patrie des Vénètes (pays de Vannes) ; près de 2000 menhirs gisent épars et renversés dans la seule lande du Haut Branbien. À Carnac (près de la baie de Quiberon, en Bretagne), onze avenues de menhirs, dont certains ont vingt pieds de haut, restes d’un ensemble plus vaste, s’alignent encore debout à perte de vue, comme une armée de géants pétrifiés. À Erdeven, à Plouhinec (même province), on voit aussi des alignements très considérables. À Locmariaker, parmi une foule de collines tumulaire de dolmens, de menhirs, on distingue, couché sur la terre et brisé en quatre morceaux, un monolithe de vingt et un mètres de long, qui a dû peser environ 250 000 kilogrammes. Non loin de là, si l’on gravit la tombelle qui surmonte l’îlot de Gaw-Inys, dans le goulot par où la grande lagune du Morbihan communique avec la mer, on embrasse du regard toute une côte couverte de monuments gaulois, sur trois lieues de longueur et une de profondeur, et cet horizon solennel se ferme par la presqu’île de Quiberon, qui garde aussi ses dolmens, et par l’immense tombelle de la presqu’île de Rhuys, qui a 100 pieds de hauteur sur 850 de base. La tombelle de Gaw-Inys recèle dans ses flancs d’autres secrets ; si vous redescendez de la cime, un passage étroit vous introduit dans une grotte de pierres aux parois couvertes d’hiéroglyphes indéchiffrables de lignes qui serpentent en spirales bizarres, et qui dessinent des figures impossibles à décrire. » (Histoire des Français, tom. I, pag. 49 et 50.)

On a observé que, sauf ces hiéroglyphes et ces lignes qui, par leurs contours, imitent les évolutions du serpent, les menhirs et dolmens ne portaient aucune trace de sculpture ; c’est la preuve qu’ils sont de plusieurs siècles antérieurs à l’ère chrétienne ; car, dès que les Romains entrèrent dans la Gaule, ils y apportèrent leurs statues, et les monuments druidiques commencèrent à se charger de figures et de représentations mythologiques.

En constatant cette absence de sculpture et d’architecture dans les monuments primitifs des Gaëls, on ne peut s’empêcher de faire un rapprochement avec le précepte donné par l’Éternel à Moïse : « Si tu m’élèves un autel de pierres, ne les taille point ; car si tu fais passer le fer dessus, tu les souilleras6 ; » précepte qui se trouve répété au Deutéronome ; mais là Moïse ajoute ces mots : « Tu bâtiras l’autel de l’Éternel ton Dieu de pierres entières. » (Deut. XXVII, 6.) Ces deux ordres sont la conséquence évidente du second commandement : « Tu ne te feras point d’image taillée, ni aucune représentation des choses qui sont là-haut aux cieux, ni ici-bas sur la terre, ni dans les eaux sous la terre. » (Ex. XX, 4.)

La Bible nous apprend aussi, observe judicieusement H. Martin, que les obélisques bruts, les cercles, les pierres levées, les tombelles, avaient un but historique, non moins que religieux, qu’ils étaient des monuments dans le vrai sens du mot, des moniteurs conservant le souvenir d’une victoire, d’un traité, d’un fait solennel quelconque.

Pour compléter cette remarque, il faut dire que ces monuments étaient destinés à rappeler des faits et des délivrances dans lesquels Dieu était intervenu miraculeusement : voyez le passage du Jourdain par Israël (Jos. IV), ou des traités scellés par un serment et accompagnés de cérémonies religieuses. Voyez celui entre Jacob et Laban. (Gen. XXXI, 45-55.) L’on ne peut douter qu’en Gaule ces monuments n’aient eu la même destination. Les pierres druidiques auront donc quelque chose à nous dire, et leur témoignage sera d’autant plus important que leur pose, de même que la construction des cathédrales du moyen âge, n’a pas été le fait de quelques individus, mais celui du peuple. Il ne fallait pas moins que les forces réunies de la nation pour le transport et la disposition de tant de monolithes, dont plusieurs ne pouvaient être mis en mouvement sans l’assistance de milliers de bras.

1 Ozanam. Les Germains avant le Christ, chap. II.

2Histoire de France, liv. Ier, pag. 1.

3Histoire des Gaulois. Introduction, pag. 5.

4Hor. lib. IV ; id. XIX.

5 Strab. VII, pas. 301. Urrian. Alex. I, 6.

6 Ex. XX, 25.

CHAPITRE Ier

Du sacerdoce druidique

Sa formation. — Sa division en trois ordres : Druides, ovates et bardes. — Les Druidesses. — Hypothèses sur l’origine de ce corps sacerdotal. — Causes de sa décadence et de sa ruine.

Au sein des forêts et sous l’ombrage bienfaisant du chêne se rassemblaient des hommes que leur âge, leur expérience et leurs études avaient désignés au choix de leurs compatriotes pour être leurs conducteurs spirituels. Élus par la nation, ils ne formaient pas une caste héréditaire, ni une société secrète recrutée par voie d’initiation. Sortis du peuple, ils enseignaient à leur tour d’autres enfants du peuple, imposant à ceux-ci avant de les associer à leur collège de longues et sérieuses études et des examens difficiles.

Leur nom signifie proprement homme du chêne, du radical dru, qui, en gallois comme en grec, désigne cet arbre, de tout temps considéré comme le roi des forêts. — Qui ne se souvient de ces vers de Virgile :

Quæ, quantum ad auras