Le grand voyage de Nomade - Tome 1 - Tony Canadas - E-Book

Le grand voyage de Nomade - Tome 1 E-Book

Tony Canadas

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Beschreibung

"En quête de sens", premier tome de la saga "Le grand voyage de Nomade", encourage le lecteur à réfléchir à un mode de vie plus équilibré, à rompre avec la surconsommation et à embrasser le changement. Il l’invite également à revoir son comportement pour un meilleur développement personnel. Avez-vous déjà ressenti le besoin de vous évader, de partir à la recherche de réponses ? Eh bien, embarquez dans une série d’aventures avec Nomade.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Pour Tony Canadas, il est important de trouver l’équilibre entre l’humain et la nature. Aussi, il s’engage activement à sensibiliser les lecteurs à l’écoresponsabilité et la préservation de la biodiversité par le biais de l’écriture. Il est déjà auteur du livre Environnement et numérique : opérer le changement, publié en 2020 par Les Éditions du Panthéon.

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Tony Canadas

Le grand voyage de Nomade

Tome I

En quête de sens

Roman

© Lys Bleu Éditions – Tony Canadas

ISBN : 979-10-422-2374-8

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Préface

Lorsque Tony m’a proposé de préfacer son nouvel ouvrage, j’en ai été surpris. Pourquoi moi ? Pourquoi maintenant ? Nous ne nous connaissons pas depuis si longtemps, et nous divergeons bien souvent. Et pourtant nous sommes en accord sur l’essentiel : la place du vivant.

Tony, un être à part

Ainsi, il me fait grand plaisir d’introduire ce livre, cette aventure… Depuis que nous nous sommes rencontrés, en 2018, j’ai eu le privilège de connaître un homme passionné et profondément engagé dans la cause environnementale. Tony aborde avec perspicacité le délicat équilibre entre l’humanité et la technologie, soulignant l’importance cruciale de placer l’humain au cœur de nos réflexions écologiques. Son travail transcende les limites conventionnelles, offrant une vision audacieuse et innovante pour un avenir où la coexistence harmonieuse entre l’homme et la nature est non seulement possible, mais essentielle.

À travers ses réflexions, qu’il nous partage en petites pastilles sur les réseaux, Tony nous guide dans une exploration captivante des liens complexes entre l’environnement, la technologie et notre responsabilité collective envers la planète. Sa voix éclairée et son engagement inébranlable résonnent comme un appel à l’action, invitant chacun de nous à jouer un rôle actif dans la préservation de notre maison commune.

Rencontres et amitié

Dans le théâtre de la vie, les rencontres sont les actes qui tissent les fils invisibles de nos destins. Chaque personne croisée sur notre chemin apporte avec elle une histoire unique, une mosaïque d’expériences et d’émotions. Si certaines rencontres sont comme des étoiles filantes, laissant une empreinte fugace, mais éblouissante, d’autres sont des constellations qui illuminent notre ciel intérieur de manière durable.

L’amitié est le joyau précieux né de ces rencontres. Alchimie mystérieuse qui transforme des étrangers en compagnons de cœur, elle repose sur une connexion authentique qui transcende les barrières superficielles. Au-delà des mots et des apparences, les amis sont les architectes de nos rires, les gardiens de nos secrets et les appuis réconfortants dans les heures sombres.

Les rencontres et l’amitié sont des forces dynamiques qui élargissent notre horizon et enrichissent notre existence. Et chaque nouvel ami est une fenêtre ouverte sur un monde différent, une invitation à explorer, comprendre et célébrer la diversité humaine. Les rencontres sincères et les amitiés véritables colorent ainsi notre existence et lui donnent un sens profond.

Une rencontre inattendue

Au cœur de la Provence, là où le chant des cigales rythme les journées ensoleillées, là où le mistral nettoie le ciel d’un air vivifiant, je m’étais installé, moi le banlieusard d’origine, depuis un quart de siècle. Mes racines urbaines semblaient se mêler harmonieusement aux oliviers et aux champs de lavande qui façonnent mes paysages quotidiens.

Un jour, le destin m’amena à croiser le chemin de Tony, joyeux trentenaire, né sous le soleil méditerranéen de La Ciotat, qui avait pourtant trouvé sa voie dans la grisaille urbaine de Paris depuis onze ans. Leurs chemins se croisèrent d’une manière inattendue, dans un café parisien, autour d’une aventure numérique (dédicace à Jean-Philippe Delbonnel), près de la Gare de Lyon.

Le dialogue naquit naturellement entre nous, aux vies si différentes. Tony, qui évoquait avec passion les plages de la Méditerranée, les calanques de sa jeunesse, comme les pages d’un livre (déjà) que la vie l’avait amené à refermer ; et moi, parfois nostalgique des rues animées de la capitale et des fragrances du métro (non !) qui partageait mes souvenirs de jeunesse du côté de Massy ou d’Étampes, sans oublier la fac de Jussieu.

Les contrastes entre nos deux existences étaient palpables, mais au fil de la conversation, nous découvrions des similitudes inattendues. Moi, malgré son amour pour la vie parisienne, avait trouvé dans la Provence une quiétude qui lui manquait. Tony, de son côté, confessait parfois la nostalgie des longues balades le long de la mer et des saveurs provençales qui lui manquaient dans la grisaille urbaine. Mais heureusement, chacun trouvait le temps, qui de remonter, qui de redescendre régulièrement.

Au crépuscule de cette journée, nous nous quittions avec le sentiment d’avoir partagé bien plus que des anecdotes sur nos vies respectives. Cette rencontre, notre rencontre, liée par des choix de vie divergents, révéla la richesse de parcours individuels et la possibilité de trouver des points communs au-delà des apparences.

Que les chemins que nous empruntons, que vous empruntez, soient parsemés de belles rencontres et que l’amitié, telle une fleur rare, épanouisse ses pétales dans le jardin de vos vies.

Et que ce livre soit une source d’inspiration pour tous ceux qui cherchent à comprendre les enjeux écologiques contemporains et à façonner un avenir où la symbiose entre l’homme et la nature prévaut.

Mickaël

Chapitre I

D’aussi loin que l’on écrit des histoires, on sait qu’il existe des héros qui partent en quête d’un idéal qui bien souvent les dépasse. Ils ignorent pourquoi, ils ignorent si le chemin sera possible ou pas… Malgré eux, ils répondent à un appel plus grand que le simple « soi », un appel qui bat depuis les profondeurs de leur être, dans l’espoir de comprendre et à leur manière, de rendre le monde un peu meilleur à vivre que ce qu’il est. Sur le papier, il est rare qu’au premier abord les héros en aient l’étoffe. Silencieux, ils se fondent au milieu des foules, mais se tiennent debout là où les autres étouffent de répondre à des conditionnements et à d’incessantes normes.

Nomade est une de ces personnes qui marche, qui écoute et qui veut comprendre. Il est un chercheur de sens, un gardien de morale. Il est vous, il est moi, il est Homme dans sa définition la plus noble. À ce titre, il n’a pas vraiment d’âge, pas de genre, pas d’appartenance religieuse ou sociale, c’est un simple terrien comme les autres…

En vérité, il ou elle quelle importance ? Il est un personnage, une ombre qui se forme entre les phrases pour en soulever la résonance. Il est yin autant que yang, un savant mélange d’énergie qui vibre à l’unisson d’un univers immense. Aussi ne cherchez pas de définition, Nomade est comme vous… il est ce citoyen du monde qui observe et qui fouille pour trouver des solutions aux problèmes et aux idées préconçues.

Nomade est né ici, au Monument Lumière, berceau dans lequel il a grandi, entouré de sa famille et de celles et ceux qui ont contribué à faire de lui, ce qu’il est devenu aujourd’hui. Longtemps, il a été ce modèle que la société avait bien moulé dans ses usines aux pensées et aux actes conditionnés. Cependant, sa lueur d’unicité, encore timide certes, pulsait tout de même sous la lourde carapace qu’il avait choisi d’endosser pour faire face à cet environnement bien étrange.

Comme vous et moi, Nomade avait un travail pour répondre à ses besoins et assumer ses traites mensuelles de jeune adulte très actif, plein d’ambition et carriériste. Bien qu’à l’étroit dans son costume, Nomade faisait taire les réponses qui venaient soulever le couvercle de sa marmite de questions. La liberté… existait-elle vraiment sinon pour les artistes et les grands navigateurs ? Existait-il une issue à cette vie trop bien rangée qui laissait si peu de place à la joie et à la spontanéité ?

Il craignait bien que non hélas et son passé lui avait prouvé que la vie est souvent cruelle, qu’il est nécessaire d’encaisser si nous ne voulons pas nous écrouler sous elle.

Le soir avant de s’endormir, Nomade la ressentait pourtant si fort… comme une voix venue d’une profondeur insondable lui demandant de faire cesser ce cirque et de s’évader de cette piste aux éléphants tristes.

Après quelques années à devoir faire sans cesse ses preuves dans des emplois à responsabilités cloisonnées, Nomade était parvenu à décrocher un poste de chef de projet dans une grande société, sans âme ni valeurs ajoutées. Chaque journée, identique à la précédente, était ponctuée de ces petites critiques acerbes, jetées du bout de la langue, à la manière d’aiguilles qui se plantent dans la chair de la confiance, sans pouvoir s’en extraire. Nomade avait beau s’impliquer, être performant, donner le meilleur de sa personne, être autonome, faire preuve d’initiatives pour se renouveler sans cesse… rien n’y faisait, rien ne semblait jamais vraiment être assez.

Le besoin de se détacher de toute appartenance se faisait entendre avec de plus en plus de violence, comme un tambour remontant les courants de sa conscience, vers des chutes d’eau vertigineuses.

Au fil du temps et des inégalités affichées sans le moindre complexe, la lassitude commença à se faire ressentir, si fort que Nomade ne parvint plus à soutenir son regard, le matin dans la glace. Ce qu’il vivait au quotidien allait à l’encontre de la personne qu’il était et surtout de celle qu’il aspirait à devenir.

Comme bon nombre de salariés qui ne font que transposer le problème, Nomade pensa devoir quitter son travail une nouvelle fois, pour un autre… tout aussi usant. La nouveauté et l’effervescence des débuts lui laissèrent penser qu’il avait fait le bon choix et que cette fois, sa valeur allait être enfin reconnue. Comme beaucoup, Nomade avait pris des risques en prenant cette décision. C’est cela que demandent les choix… de grands sauts dans le vide de son existence. Mais cette fois, Nomade n’avait pas le droit à l’erreur… une famille à naître l’accompagnait.

Malheureusement, ses espoirs se mirent bien vite à fondre comme neige au soleil. Il fut une nouvelle fois soumis à l’échec de ne pas correspondre à ce que l’on attendait de lui… avec violence et profond dénigrement.

Une maxime populaire prétend que l’on n’est jamais trahi que par ses plus proches. C’est bien de cela qu’il avait été question, il n’allait pas tarder à constater à quel point c’est vrai.

Nomade avait été bafoué et traîné dans la boue par une prétendue amie avec qui il avait déjà travaillé et qu’il avait aidée à faire entrer dans la nouvelle boîte où il était employé. Elle convoitait un poste à haute responsabilité auquel Nomade lui avait permis d’accéder, en appuyant sa candidature auprès de ses supérieurs. La suite de l’histoire est aussi simple qu’elle est sévère. Une fois assise à ce poste de pleins pouvoirs, le visage de cette « amie » se mit à changer… au point de traiter Nomade comme un vaurien. Sans le savoir, il lui avait ouvert la voie royale à la possibilité de lui faire vivre un véritable enfer ! Ambitieuse au point de vouloir détrôner le directeur, tout s’effondra lorsque Nomade fut convoqué à son entretien individuel de fin d’année :

— Je trouve que tu es fatigué et de manière générale effacé lui avait-elle lancé pour ouvrir les hostilités. Je pense à une rupture conventionnelle pour toi, d’ailleurs la voilà, avait-elle poursuivi en lui avançant le document déjà rédigé sous les yeux. Soyons honnêtes, tu n’es pas au niveau Nomade ! Tu n’as pas les compétences ! Pour être franche, je te trouve même en dessous de tout ce que je pouvais espérer ! Alors voilà, tu signes, tu valides, tu prends ton chèque et on en reste là.

Au pied du mur, Nomade ne trouva pas d’autre issue pour mettre fin aux insupportables pressions, aux insomnies, aux maux de ventre qui lui tordaient les boyaux tous les matins avant de se rendre au bureau. Il signa pour faire cesser la pression et retrouver un semblant de paix… qui représentait déjà une part énorme de cette liberté à laquelle il aspirait.

En longeant le couloir qui le guidait vers la sortie, Nomade prit conscience que le monde de l’entreprise n’était simplement pas fait pour lui… qu’il n’avait su que lui retirer son essence, son énergie et toute l’envie de bien faire qu’il portait en lui à ses débuts. Une fois attablé à la cafète, le regard perdu dans le vide sidéral de son épuisement général, Nomade laissa tourner ses pensées dans son esprit.

L’origine du mal semblait bien plus profonde que ne le montraient les apparences. Quelque chose devait changer dans sa vie ! Oui, mais quoi ?

Les prises de conscience ont cela de salutaire qu’elles nous donnent le sentiment d’arriver sans prévenir. Un jour, on sait que l’on ne peut plus supporter l’injustice, un matin on sent que plus rien à présent ne sera comme avant. Un jour différent vient d’éclore et de nous faire naître avec lui… car dans le silence de la nuit, on est devenu quelqu’un d’autre.

Chapitre II

Nomade s’arrêta un instant pour mettre le temps sur pause et dresser le bilan de toutes ses années qu’il n’avait pas vu passer. Assis sur le rebord de cette fenêtre mentale, les pieds dans le vide et le nez dans le ciel, il laissa défiler toutes les années qui s’étaient écoulées jusqu’ici.

D’où pouvait venir ce puissant rejet d’injustice, d’inégalités et cette envie d’œuvrer à des projets responsables et tellement plus durables que ceux auxquels il avait participé ? Vers quelle destination devait-il se laisser guider ? Que faire ? Où aller ?

C’est alors que cette petite voix qui l’accompagnait depuis toujours se mit à murmurer. Nomade se fit plus attentif.

— La vérité que tu cherches ne se trouve pas dans la reconnaissance, le succès ou la réussite d’une prétendue carrière… Tu n’as pas à changer d’étoile pour prouver au monde d’où tu viens ni à prendre de revanche pour lui montrer que tu existes. Tu n’as pas à courir après-demain pour le marquer de ton empreinte. La vérité que tu cherches se cache dans les secrets du verbe Être… pas dans l’Avoir qui t’obsède.

Les images se mirent à défiler comme si quelqu’un avait appuyé sur le bouton qui rembobine le film. Nomade se retrouva face à l’enfant qu’il avait été autrefois… un petit bonhomme qui avait grandi au cœur des quartiers difficiles d’une cité sensible, peuplé de mauvaises fréquentations qui n’aident pas à se hisser vers le haut du panier comme on dit. Si peu de chances sont laissées à ces enfants étiquetés dès leur âge le plus tendre, cela Nomade le savait… il en avait maintes fois fait les frais. À l’école, c’était toujours la même rengaine, le même refrain empêtré dans sa boucle sans fin :

— Tu n’arriveras jamais à rien dans ta vie, Nomade ! Tu es un bon à rien !

Catalogué et enclavé dans la boîte des ratés, son avenir avait déjà tout de décidé et de tracé.

Issu d’une famille de la classe moyenne, il avait très tôt dû apprendre à se faire une place dans cette arène impitoyable, où régnaient la violence et la domination. À l’évocation de ces pensées, son cœur se mit à battre un peu plus fort. Ces souvenirs qui revenaient à la manière des vagues sur les rivages de sa mémoire réveillaient en lui des sensations enfouies. Il n’avait pourtant rien à reprocher à ses parents, à sa famille… des ombres pesantes flottaient pourtant au-dessus de son âme.

À cette époque-là, chaque jour était une lutte pour rentrer chez soi sain et sauf, chaque jour était une épreuve pour s’affranchir de la supériorité des caïds qui faisaient partout régner la terreur sur « leur » territoire. Pas question de passer pour un faible ! Nomade rentrait à la maison, couvert d’ecchymoses de toutes les couleurs, invoquant des histoires de petits riens qui avaient mal tourné… sans jamais se plaindre, ni en parler à qui que ce soit. Chaque jour, il luttait pourtant pour son honneur. C’est bien connu, la loi de la rue est aussi celle de la jungle. Les plus forts s’en prennent aux plus faibles, les plus grands aux plus petits… jusqu’à parfois les humilier de la pire des manières. Pour protéger ses plus proches amis, Nomade n’hésitait pas à s’interposer et à prendre les coups qui leurs étés destinés. Pour que l’on ne leur fasse pas de mal, c’est lui qui subissait la souffrance des violences physiques et psychologiques qui portaient atteinte à son intégrité comme jamais cela n’était arrivé auparavant. Quel genre d’individu peut vous enfermer dans les toilettes et vous obliger à en lécher les barreaux pour en sortir ?

Nomade ne comptait plus le nombre de fois où il avait dû voler des tablettes de chocolat pour acheter sa tranquillité et éviter ainsi une rixe en bonne et due forme. Il ne faisait pas non plus la somme de toutes ces trempes que leur infligeaient les grands, pour les obliger à s’endurcir. Durant huit ans… son quotidien fut rythmé de sévices cruels et dégradants, en passant par des insultes, du harcèlement et du racket, sans que ses parents n’en sachent jamais rien.

Avec le temps, Nomade avait appris à faire taire sa douleur et sa colère, bien décidé à transformer en force, la somme de ses faiblesses !

Il ne souhaitait plus attacher sa mémoire à ces moments douloureux, mais il n’est pas si aisé de balayer les images lorsqu’elles reviennent à la vitesse d’un cheval sauvage, lancé au grand galop.

C’est ainsi que Nomade se revit ce jour précis où les choses avaient bien failli basculer du mauvais côté.

L’image était si nette dans son esprit. C’était bien lui, cet enfant qui traversait la cour de récréation en courant à toute vitesse pour protéger cet enfant plâtré, victime d’une bagarre. Fou de rage, il avait vrillé et sauté au-dessus de ses bourreaux pour les frapper de toute sa force. Il se trouve que l’un des surveillants était un ami proche de son père, professeur comme lui et qu’il le connaissait bien puisqu’il venait souvent chez eux, boire un verre ou deux. Nomade pensait pouvoir lui faire confiance et compter sur lui pour lui rendre justice. Contre toute attente, lorsque ces adultes étaient arrivés pour séparer les enfants, c’est Nomade qui avait été puni et mis au piquet sous les rires mesquins et moqueurs de ceux qui avaient commencé l’embrouille et qui le traitaient à présent de « crasseux » !

— C’est nous qui t’avons cherché et c’est toi qui prends, Nomade ! lui lançaient-ils, la voix pleine de satisfaction malsaine.