Le MO de Manjushri - Jay Goldberg - E-Book

Le MO de Manjushri E-Book

Jay Goldberg

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Beschreibung

Le système tibétain de divination appelé MO est un système auquel les gens se fient depuis des siècles pour avoir des informations sur ce que vont être, dans le futur, les événements, les projets et les relations. C’est une méthode claire et simple qui consiste à jeter deux fois un dé pour découvrir l’une des 36 possibilités décrites dans le texte. Ce MO, qui doit sa puissance à Manjushri, a été conçu par le grand maître Jamgon Mipham à partir de textes secrets dévoilés par le Bouddha.
JAMGON MIPHAM (1846-1912) était l’un des lettrés les plus célèbres du Tibet.
JAY GOLDBERG enseigne le bouddhisme et vit à Chico, Ca (USA).

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AVANT-PROPOS

Le nombre toujours croissant de livres sur la culture et la religion tibétaines a à la fois influencé et élargi le regard que l’Occident leur porte. Quelques-unes de ces publications présentent notre vie et notre culture de façon honnête, les resituant dans le bon contexte. Mais la majorité des ouvrages ne s’intéresse qu’à un seul aspect du Tibet, sorti de son contexte général. Cela peut apporter au lecteur une vision parcellaire du Tibet.

L’ouvrage présenté ici, Le Mo de Manjushri : Méthode tibétaine de divination, doit se comprendre à la lumière de la culture tibétaine qui constitue sa toile de fond. Le Mo ne doit pas être perçu comme une pratique religieuse spécieuse, sans le moindre lien avec les enseignements profonds du Bouddha qui sous-tendent la vie du peuple tibétain.

Dans le bouddhisme, surtout dans la tradition mahayana, on enseigne que le bien suprême est d’aider les autres êtres vivants. C’est ce qu’illustre le bodhisattva, personne qui s’efforce d’atteindre l’état du pur et parfait éveil pour le bien de tous les êtres sensibles. De nombreux écrits nous disent qu’un bodhisattva ne doit pas hésiter à employer n’importe quelle méthode permettant d’apporter aux autres un bonheur relatif ou ultime. Le bodhisattva a pour mission d’aider les êtres en leur apportant des enseignements, des choses matérielles comme des médicaments et de la nourriture, de la détermination, une bienveillance aimante et des conseils sur la façon d’affronter les souffrances de l’existence sur terre.

Comme les Bouddhas sont dotés de la connaissance des causes et effets de toutes choses, de même que de la vision de leur réalité ultime, l’utilisation du Mo peut se montrer bénéfique si elle accompagne une foi inébranlable dans les Bouddhas et une concentration exclusivement dirigée sur ceux-ci.

Le Mo a deux principales fonctions. Tout d’abord, c’est un système qui permet de nous aider à percevoir plus clairement une situation ou un événement. Deuxièmement, si nous l’utilisons pour les autres avec la motivation correcte d’accomplir un acte altruiste de don, comme l’ont fait à loisir de nombreux grands maîtres tibétains, c’est un système qui renforce notre pratique de la voie des bodhisattvas. Le Mo a également une fonction secondaire. L’enseignement central le plus profond du Bouddha est le Pratitya Samutpada, que l’on peut traduire par origines interdépendantes ou production conditionnée. Cet enseignement explique simultanément l’essence de l’interdépendance des causes et conditions au niveau de la réalité relative de ce monde, et l’essence de la vacuité, ou absence de moi, au niveau de la réalité ultime. Bien qu’il faille de diligents efforts de concentration et de lucidité pour atteindre la compréhension des origines interdépendantes, une méthode comme le Mo de Manjushri permet d’entrevoir l’interdépendance et le jeu des causes et effets dans le monde dans lequel nous vivons et peut, espérons-le, amener la personne à vouloir approfondir le sujet.

De nombreuses formes de Mo sont utilisées au Tibet. La méthode présentée ici par le grand maître Jamgon Mipham vient des Tantras sacrés exposés par le Bouddha et doit son pouvoir à la puissance spirituelle et à la sagesse de Manjushri, le bodhisattva qui représente la connaissance transcendantale de tous les Bouddhas. C’est la parole de Manjushri, matérialisée dans son mantra sacré OM AH RA PA TSA NA DHI, et le caractère sacré de sa sagesse toute accomplissante qui permettent d’obtenir une réponse précise reflétant l’interaction des conditions en jeu dans une situation et l’issue de celle-ci. Dans le Manjushri Nama Samgiti (le Choral des noms de Manjushri), le Bouddha lui-même a exalté les grandes qualités de Manjushri et affirmé que le mantra de Manjushri, OM AH RA PA TSA NA DHI, était l’expression même de la sagesse de tous les êtres éveillés. C’est pourquoi, se fiant à la bénédiction compassionnée de Manjushri et à la puissance de son mantra, il ne faut avoir aucun doute sur le fait que c’est la sagesse de tous les êtres éveillés qui se manifeste lorsque vous lancez le dé.

Les deux traducteurs de MO : Tibetan Divination System, Lobsang Dagpa et Jay Goldberg, ont étudié les Dharma à de nombreux niveaux, et leur compréhension des textes se retrouve clairement dans ce joli livre dont ils sont les auteurs. Cette traduction apporte au monde francophone un ouvrage de plus à l’ensemble attesté de plus en plus important de la littérature concernant notre pays, le Tibet.

— SS. Sakya Trizin

INTRODUCTION

Au Tibet, l’utilisation du Mo, ou méthode divinatoire, a longtemps et souvent été exploitée au cours des siècles dans la mesure où le Mo représentait la pratique générale des Tibétains pour consulter une forme de divination lorsqu’une question surgissait concernant des situations diverses de leur vie : des mauvais rêves, la survenue d’une maladie, un travail ou un voyage quelconque, ou même le souhait de s’engager dans des disciplines ou pratiques spirituelles.

Une grande variété de méthodes a été utilisée pour obtenir des présages pour le futur. L’utilisation de dés, comme dans cet ouvrage, n’est que l’une de ces méthodes, une méthode qui nous vient de temps très reculés. Les différentes techniques de divination qui requièrent l’utilisation de dés sont liées à diverses divinités de la tradition tantrique ; généralement, les Protecteurs du Dharma constituent le type de divinités sur lequel on s’appuie le plus souvent. Mais dans le cas précis de cet ouvrage, c’est auprès du grand Bodhisattva de la Sagesse, Manjushri, que l’on va chercher bénédictions et conseils afin d’obtenir la solution à un problème ou la réponse une question. Manjushri étant reconnu comme l’incarnation de la sagesse de tous les Bouddhas du passé, du présent et du futur, tout au long des siècles, les gens étaient persuadés qu’il était le guide approprié pour les aider à traverser les vicissitudes de l’existence humaine et pour les amener, grâce à sa sagesse transcendante, à accepter de s’engager dans ce qui était très bénéfique et d’abandonner tout ce qui pouvait être nuisible. De plus, ils étaient confiants que ses conseils les conduiraient finalement à l’état de paix ultime et à l’éveil.

Reposant essentiellement sur le Tantra de Kalachakra et les explications complémentaires de L’Océan des Enseignements et d’autres textes, ce manuel de prédictions du mantra OM AH RA PA TSA NA DHI a été écrit par ce grand saint et grand érudit de la tradition Nyingmapa qu’était Jamgon Mipham (Jamyang Namgyal Gyatso) (1846-1912). Celui-ci était considéré comme l’une des sommités du Tibet au siècle dernier, notamment en raison de son érudition et de sa mise en pratique continuelle des enseignements du Bouddha. Né au Tibet oriental, ses principaux maîtres étaient Jamyang Khyentse Wangpo et Patrul Rimpotché. Avec eux et d’autres maîtres, il a étudié les doctrines des quatre principales écoles du bouddhisme tibétain, de même que les cinq disciplines majeures et mineures caractéristiques d’une éducation complète, c’est-à-dire la poésie, l’astrologie, la médecine, la grammaire, la logique et la philosophie. Il était renommé pour ses explications lumineuses des soutras et des tantras qui se trouvent au cœur des enseignements du Bouddha, même si, dans les plus de 32 volumes de ses écrits, on trouve des ouvrages concernant les procédés d’architecture pour construire les temples et les maisons, concernant l’astrologie, les méthodes de prédictions (un volume entier étant consacré à l’explication de la méthode Bönpo pour révéler l’avenir grâce à la façon dont étaient noués certains nœuds), la poésie et une grande palette d’autres sujets. En bref, c’était un érudit accompli tout comme un grand pratiquant sur la voie du Dharma.

COMMENT UTILISER CE MANUEL DE DIVINATION

Avant de s’engager dans une divination, il est recommandé de faire quelques méditations préliminaires. Tout d’abord, imaginez que le grand bodhisattva de la Sagesse, Manjushri, est devant vous, dans le ciel. Son corps est jaune, il a un visage et deux bras. Sa main droite tient l’épée flamboyante de la sagesse alors que la gauche tient, au niveau du cœur, la tige d’une fleur de lotus bleu. La fleur s’épanouit derrière son oreille gauche et dessus celle-ci se trouve un exemplaire du Livre de la perfection de la sagesse (Prajnaparamita). Il a les deux jambes repliées dans la posture vajra et il ressemble à un jeune homme de 16 ans. En pensant qu’il bénit le dé qui va vous servir à procéder à la prédiction, récitez les mots suivants :

Om, magnifique Manjushri qui possédez l’œil de la vision transcendante et qui, sans obstacle, percevez les trois temps, protégez-moi. Par le pouvoir de la vérité complètement fiable qui, en interdépendance, s’élève des Trois Joyaux et des Trois Racines, je vous en supplie, montrez-moi clairement ce qu’il faut accepter et ce qu’il faut rejeter.

Ensuite, il faut réciter le mantra de Manjushri :

OM AH RA PA TSA NA DHI

Ce mantra est l’un des principaux mantras de Manjushri. Bien qu’il n’ait aucune traduction précise, on dit que les cinq syllabes du milieu, AH RA PA TSA NA, représentent les cinq familles de Bouddhas alors que la syllabe finale, DHI, représente la sagesse de tous les Bouddhas.

Il est également bon de réciter le mantra des Origines Interdépendantes : OM YEDHARMA HETU PRA-BHAWA HETUNTE KHEN TA THAGATO HAYA WATET TE KHEN TSAYO NIRODHA EWAM WADI MAHA SHRAMANA SOHA.

Ce mantra, qui se prononce en fait OM/YÉ DAR MA/HÉ TOU/PRA BA WA/HÉ TOUN TÉ/KEN/TA TA GA TO/HA YA/WA TÉ/TÉ/KEN/TSAYO/NI RO DA/É VAM/WADÉ/MA HA/SHRA MA NA/SO HA, que l’on peut traduire, grossièrement, par

Le Tathagata (le Bouddha) a expliqué l’origine de tout ce qui s’élève d’une cause ; leur cessation aussi a été expliquée ; telle est la doctrine du grand sage.

Ce mantra est en fait une instruction qui est au cœur de la vision profonde qu’a eue le Bouddha des origines interdépendantes.

Il faut réciter le premier mantra trois ou sept fois (plus si vous le souhaitez) et le deuxième une fois, trois fois ou sept fois. Pour finir, soufflez sur le dé pour lui transférer le pouvoir des mantras. Puis, ayant bien votre question à l’esprit, de même que le nom de la personne pour qui vous allez faire la prédiction (dans le cas où vous n’interrogez pas le mo pour vous-même), lancez le dé à deux reprises puis cherchez la réponse. Par exemple, si, lors du premier lancer, c’est la lettre RA qui est apparue et qu’au deuxième lancer vous obtenez la lettre DHI, alors il faut vous tourner vers la réponse RA DHI, qui est la réponse numéro 12.

LES RÉPONSES

Chaque réponse de cette méthode de prédiction se divise en plusieurs parties. Tout d’abord, le nom du tirage est donné ; ensuite le paragraphe qui figure en premier explique ce nom en utilisant des métaphores et des symboles, alors que le paragraphe suivant précise la réponse, souvent en citant d’autres sources, de façon à montrer la tendance générale indiquée par ce tirage. À la suite de quoi 11 catégories sont répertoriées avec des prédictions spécifiques pour chacune d’entre elles, et finalement un nom supplémentaire nous est proposé.

Les onze grandes catégories répondent à toutes les questions possibles que vous pouvez poser à cet oracle. Nous en donnons la liste ci-après accompagnée d’une brève description du champ d’expérience qu’elles couvrent.

Famille, biens et vitalité : les fondements de votre vie, y compris tout ce qui a trait à votre état physique ou à votre vitalité, votre famille et vos biens.

Projets et objectifs : les ambitions et buts que vous poursuivez dans le cadre de votre vie professionnelle, de même que dans d’autres aspects de votre vie.

Amis et richesse : les personnes que vous fréquentez, de même que vos affaires financières et professionnelles.

Ennemis : concerne tout ennemi que vous pourriez avoir.

Invités : cette catégorie était indispensable au Tibet où il fallait parfois plusieurs mois pour arriver à destination, de sorte qu’on se préoccupait toujours de ceux qui étaient en route.

Maladie : votre état de santé.

Esprits maléfiques : possibilité que vos problèmes viennent de quelques forces négatives comme des esprits ou d’un environnement malsain.

Pratique spirituelle : obstacles et perspectives dans votre vie spirituelle.

Objet perdu : savoir si un objet qui a été perdu peut être retrouvé et si oui, où.

La rencontre sera-t-elle possible ou la tâche sera-t-elle accomplie : la rencontre avec quelqu’un et la possibilité d’accomplir un travail.

Tout autre sujet : concerne toute autre question qui ne rentrerait pas dans les catégories citées.

Non seulement la personne reçoit des réponses mais elle obtient aussi des conseils sur la façon de résoudre des problèmes précis. En général, une pratique spirituelle spécifique, un rituel ou le recours à une certaine divinité sont proposés. Le Tibétain moyen n’avait pas la possibilité d’accomplir ces rituels ou ces méditations, aussi la coutume voulait (et veut encore) que ceux qui posaient une question contactent le monastère local ou des personnes sachant pratiquer ces rituels pour accomplir à leur place tout ce qui était nécessaire. C’est pourquoi, même si vous ne connaissez pas bien certains des noms des divinités, des rituels ou des textes, les auteurs ont conservé ceux-ci en pensant que vous auriez peut-être l’opportunité de rencontrer quelqu’un en ayant connaissance. Une fois que l’on a compris quels sont les remèdes possibles, la personne qui a posé la question peut les utiliser pour essayer de surmonter le problème ou réaliser ses objectifs et ses souhaits.

Pour savoir si une réponse est très ferme ou peu assurée, il est conseillé de lancer à nouveau le dé deux fois. Si ce sont les deux mêmes syllabes qui sortent à nouveau, cela veut dire que la réponse est très ferme. Si les syllabes sortent en ordre inverse, alors la réponse est peu assurée. Si les deux syllabes de ce deuxième tirage sont différentes, alors la première réponse est la bonne.