Le monde des ombres - Tome 2 - Stella Schiltz - E-Book

Le monde des ombres - Tome 2 E-Book

Stella Schiltz

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Beschreibung

Le calme règne sur New York depuis la défaite de Fierce. Sacha continue son entraînement en tant que veilleuse tout en menant sa vie de front. Mais un nouvel ennemi tapi dans l'ombre va briser le calme apparent. Sacha devra faire face à nouveau à l'ordre et sa cohorte de Majinis. L'issue de ce combat sera-t-elle fatale pour la jeune femme ?

À PROPOS DE L'AUTRICE

Née à Toulon en 1992, Stella Schiltz à vécu son enfance en Guadeloupe avant de revenir sur l'aire toulonnaise, militaire dans la marine nationale cette jeune auteure est passionnée de lecture et d'écriture.

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Le monde des ombres

Divination

 

 

 

 

 

 

 

Stella Schiltz

 

 

Chapitre 1

 

 

 

La lune éclairait de son pale halo les structures d’acier et de verre de la ville, dans le salon une faible lumière pointait, se reflétant sur le sol en béton ciré de la demeure de Silène.

Silène se tenait debout près du plan de travail en grès naturel de sa somptueuse cuisine.

Vêtue d’une robe rouge en satin épousant parfaitement les formes de son corps et mettant en valeur sa plantureuse poitrine, elle humait délicatement la douce fragrance de son thé matcha encore fumant, la mousse de la boisson crépitait d’un son presque imperceptible et venait rompre le silence pesant de la nuit.

Pensive Silène resserra son emprise sur sa tasse et laissa sa hanche reposer contre le plan de travail.

Les boucles de sa chevelure blonde ondulaient doucement au rythme des vents qu’apportait la fraîcheur nocturne, un courant d’air un peu plus frais se faufila dans l’appartement, la faisant frissonner délicatement.

Elle trempa délicatement ses lèvres dans sa boisson, l’amertume du thé enveloppant subtilement son palais.

Elle but ainsi quelques gorgées du breuvage avant de déposer sa tasse sur le plan de travail puis, s’étira de tout son long, comme pour chasser la fatigue de son corps.

Son corps tout en courbes délicates se réchauffa par ce geste et aussi relâcha-t-elle ses muscles endoloris par l’effort.

Elle jeta un coup d’œil en direction du bout du plan de travail pour y apercevoir l’ensemble de ses outils, elle se murmura pour elle-même qu’il était temps qu’elle s’en procure de nouveau, les siens commençant à être usés par le temps et la pratique.

Frissonnant à nouveau au contact d’une brise glacée elle se dirigea vers la terrasse de son appartement pour y contempler la ville.

New-York ressemblait à une fourmilière depuis le sommet de sa tour ; les gens s’affairant au cœur de la nuit, les voitures filant sur les routes tout en klaxonnant dans leur incessant tintamarre.

Elle aimait laisser vagabonder ses pensées tout en fixant la jungle d’acier et de verre qu’était la ville.

Le vent caressa la peau nue de ses fines épaules et faisait virevolter sa chevelure dans un ballet élégant, le froid ayant eu raison d’elle, elle retourna dans son appartement et ferma la baie vitrée, mettant fin au brouhaha de la ville.

Le silence régnait dans son appartement, aussi retourna-t-elle dans la cuisine d’un pas léger, elle dépassa le plan de travail et mit le pied dans une flaque s’étalant sur le sol. Elle grogna de dégoût et releva son pied rougi par le sang stagnant devant elle.

Décidément il était impossible de travailler proprement, elle devrait songer à mettre une bâche car cela risquait de s’incruster dans les interstices du sol.

Une légère plainte s’éleva dans le silence de la nuit pour s’intensifier en une complainte de douleur.

Silène soupira et se dirigea d’un pas nonchalant de l’autre côté du plan de travail ; à bien y regarder, le sang maculait également le grès de sa cuisine, luisant à la lumière crue de la lune.

Elle secoua la tête d’une manière quasi imperceptible en songeant au travail de nettoyage qu’elle devrait fournir une fois son petit plaisir achevé.

Un nouveau râle étouffé lui parvint et elle baissa les yeux pour en regarder la source.

Un homme gisait nu à même le sol, ses pieds et ses mains entravées.

L’homme émit un nouveau son guttural à travers le tissu enfoncé dans sa bouche, il avait les yeux ouverts et regardait avec terreur la femme qui se tenait devant lui, son corps était recouvert de plaies et l’ensemble de ses ongles avaient été arrachés. Le sang s’écoulait autour de lui, le laissant baigner dans une mare de ses propres fluides.

Silène le contourna et caressa doucement la panoplie de couteaux et autres outils de torture disposés sur le plan de travail, son choix se porta sur une lame fine et effilée. Silène pris l’arme dans sa main et caressa du bout du pouce sa garde faite d’un bois d’olivier, elle en vérifia le fil afin de voir si la lame était toujours aussi tranchante, une goutte de sang perla de son pouce à son contact.

C’était parfait.

Elle s’en retourna vers l’homme gisant à terre et l’étudia de ses intenses yeux verts.

Assurément un beau spécimen humain, avec son corps puissant et sa musculature finement dessinée l’homme était dans la force de l’Âge et serait une recrue vigoureuse pour l’ordre, cependant son aura astrale était d’une faible qualité.

Silène laissa s’échapper un grognement de dégoût face à cette faiblesse, elle s’agenouilla près de lui et rapprocha la lame du visage de l’homme, celui-ci émit plusieurs sons aigus en voyant la lame s’approcher et ses yeux s’emplirent de terreur et de folie.

Voilà des heures que Silène jouait avec lui, l’entaillant dans sa chair et le torturant afin de vérifier si son hypothèse était bonne.

Elle cherchait à savoir si la peur et la douleur permettaient à l’aura astrale de se renforcer, de devenir plus vive et plus forte.

Elle laissa son bras en suspend au-dessus de la tête de l’homme et fut ravie de constater que l’âme de cet homme brillait d’un éclat plus vif, presque clignotant.

Satisfaite de ce qu’elle voyait elle se lécha la lèvre inférieure, une vague de plaisir se formant au creux de son ventre et se diluant délicatement jusqu’à son sexe.

Que la torture lui procurât du plaisir, c’était divin de voir la terreur pure dans les yeux de ces pathétiques humains, elle ne s’en lassait jamais, mais c’était encore plus plaisant de voir qu’elle avait bien raison : une âme devenait plus forte sous l’effet de la douleur et de la peur. Elle se délectait de cette nouvelle, cela voudrait dire qu’il n’était plus utile de traquer les âmes fortes, chaque être humain pouvait dès lors être une potentielle recrue pour l’ordre.

 

Oui Silène était ravie, aussi enfonça-t-elle sa lame dans le mollet de l’homme qui hurla à travers son bâillon de tissus.

 

 

 

Chapitre 2

 

 

Le temps virait doucement à l’automne, parant ses arbres de ses couleurs chatoyantes et faisant virevolter au vent les feuilles, comme une lente agonie avant de toucher terre.

La ville entrait dans une période de froid, rendant les rues moins encombrées par ses habitants.

Enfoncée dans ma doudoune mauve je marchais d’un pas lent perdue dans mes pensées afin de retrouver mon appartement. Je tournais au détour d’une ruelle et m’enfonçais dans le corridor sombre tout en me remémorant les événements des dernières semaines.

J’étais devenue une veilleuse dotée de certains dons extraordinaires que je ne soupçonnais même pas d’exister.

Arrivée devant mon immeuble je gravis les marches afin de retrouver mon chez-moi.

Dans le salon refait à neuf on ne pourrait imaginer qu’une scène de violence avait pu se dérouler en ces lieux ; cependant les murs portaient encore quelques stigmates de cet affrontement.

Du bout des doigts je caressai le renfoncement dans la matière poreuse d’un de ces murs puis je me dirigeais d’un pas décidé vers le canapé.

Il était temps de s’entraîner.

J’ôtais ma doudoune et la balançais négligemment sur la table basse de mon salon, je finis par m’installer en tailleur sur mon canapé, mes pieds nus captant la fraîcheur de l’appartement je frissonnais.

Je commençais à ralentir ma respiration, me faisant plus paisible, plus connectée à moi-même, j’inspirais profondément et expirais du fond de ma gorge dans un exercice de respiration en ujjayi. Lentement mon rythme cardiaque diminua et je sentais mon corps plus pesant. Je restais ainsi de longues minutes dans cet exercice jusqu’à ce que je me sente prête à tenter une perception extrasensorielle.

Doucement j’expirai et tentai une connexion vers l’avenir.

Sans succès.

Je redoublai d’efforts et verrouillais un peu plus mon esprit. J’en étais à expirer l’air de mes poumons lorsque les pensées m’envahirent ; je me reconnectai à ces dernières semaines, la mort de Fierce, l’accident de Collins, ma démission au sein de la boite et mes au revoir déchirants avec Sherry. Je ne pouvais plus me permettre de mener une vie normale et de conduire au danger les gens auquel je tenais.

Je devais m’éloigner d’eux pour les protéger.

Désormais mon monde appartenait à la quintessence et cette guerre silencieuse qu’elle menait contre les forces de l’ordre.

Je sentis mon rythme cardiaque s’affoler aussi repris-je le contrôle de mes pensées, je devais panser les plaies de ces événements et avancer.

Pour Collins, pour moi-même.

Nouvelle inspiration nouvelle pensée parasite, je fronçais les sourcils tout en pensant à Sébastian ;

Je ressentais mon amour pour lui, visualisais son beau visage aux traits si doux, mais je ressentais également de la colère pour sa trahison et sa participation au meurtre de Collins.

Même s’il avait tenté de l’empêcher il n’en était pas moins en partie responsable ; étant un hôte possédé il était également un ennemi et ce, malgré son dévouement envers la quintessence et son amour pour moi. Je ne savais plus comment me comporter en sa présence et mon cœur me lancinait quand je pensais à lui.

Je lui avais pardonné, mais je sentais une fissure en moi et j’espérais du fond de mon être que je parviendrai un jour à la colmater.

J’étais sur le point de recommencer à me plonger en pleine méditation lorsque mon téléphone sonna.

Je décrochais en voyant qu’il s’agissait de Lance.

— Bonjour Lance, que se passe-t-il ? lui répondis-je un peu inquiète.

— Sacha. Me dit-il de sa voix de stentor. Il faudrait que tu viennes rapidement à Bryan Park, c’est important.

— Que se passe t’il Lance, tu m’inquiètes.

— Non ne t’inquiètes pas. Me rassura-t-il d’une voix douce. Mais peux-tu venir rapidement ?

— Très bien Lance, j’arrive.

Une fois la conversation terminée je me redressais de ma posture de méditation et attrapa ma doudoune.

L’entraînement d’aujourd’hui était un échec ; j’avais beau me plonger dans une méditation profonde jusqu’à me perdre moi-même dans mon propre esprit je ne parvenais toujours pas à utiliser mon don de clairvoyance.

La dernière fois que ce don s’était manifesté, c’était lorsque je visualisais Collins sortant de son état critique de l’hôpital, je ressentais à nouveau cette sensation, comme si chacune des cellules de mon corps avait été connectée pour pressentir cette information. C’était tel un signal dans mon crâne me faisant visualiser ce que je souhaitais le plus : que Collins ne meure pas.

Mais depuis cette scène je n’avais plus réussi à me connecter à la clairvoyance.

J’avais beau forcer mon esprit, m’entraîner encore et encore, c’est comme si mon cerveau émettait une sorte de blocage à cette pratique, je ne parvenais pas à maîtriser mes visions.

Tout en attrapant mes clés, je soupirais de frustration, cette matinée avait été un échec, mais plus encore je me demandais pourquoi Lance souhaitait me voir.

Je devais en avoir le cœur net aussi une fois mes clés en mai je pris la direction de la sortie pour retrouver la fraîcheur de l’extérieur.

 

Chapitre 3

 

 

 

L’air froid me cinglait le visage de ses bourrasques capricieuses aussi renfonçais-je la tête dans les épaules pour lui donner le moins de prise possible. Je ne marchais que depuis quelques minutes lorsque j’entendis crier mon nom.

C’était Sébastian, celui-ci se tenait à une dizaine de mètres de moi, mon cœur se mit à bondir dans ma poitrine.

Il se tenait simplement là sans bouger malgré les rafales tempétueuses, il portait comme à son habitude sa veste de cuir lui donnant ce look de dangereux garçon, son visage reflétait de la confusion, mais également de l’espoir.

Je me retournais et vins à sa rencontre.

— Bonjour, Sébastian. Lui dis-je un peu maladroitement.

Il me détaillait de ses beaux yeux d’un vert éclatant tout en affichant un sourire contrit.

Au moins je n’étais pas la seule à être mal à l’aise...

— Sacha ... Me répondit-il pour formule de politesse. Sacha je sais que c’est compliqué depuis quelque temps, mais je veux être là pour toi. Dit-il en me prenant la main.

Je le laissais faire et restais de marbre face à lui, je sentais du fond de mon cœur que je l’aimais d’un amour profond, mais à chaque fois que je voyais son visage je me remémorais celui d’Archie.

Il avait fait posséder mon ami et j’ai dû me résoudre à le tuer pour sauver ma propre vie. J’avais tué mon meilleur ami par la faute de Sébastian, et cela me brisait à chaque fois que je me retrouvais face à lui.

D’un geste lent, je retirais ma main de la sienne et reculai d’un pas.

— Sébastian. Commençais-je. Je comprends que ce soit dur pour toi et je suis désolée si ces derniers temps je fus un peu ... distante, mais je ne peux m’enlever ces images de ma tête, je ne peux m’enlever Archie de la tête. Et à chaque fois que je te vois, je repense à lui, à Collins, à toute cette histoire de dingue en fait !

D’un mouvement lent, Sébastian remit sa main dans la poche de sa veste en cuir et baissa la tête, cherchant à capter mon regard.

— Je comprends parfaitement Sacha, mais je t’aime alors prends le temps qu’il te faudra, je serais toujours là pour toi, et ce, même si pour l’instant tu ne veux pas de moi, je respecterai ton choix.

Il resta ainsi à me fixer, guettant la moindre de mes réactions, je pouvais ressentir tout l’amour qu’il éprouvait pour moi, mais je n’arrivais pas à me sortir ces pensées parasites de la tête.

— Je le sais bien Sébastian, mais je n’y arrive tout simplement pas. Lui dis-je tout en retenant un sanglot. J’ai besoin de temps, j’ai besoin de digérer les événements passés, ça ne fait que quelques semaines à peine que tout ça est derrière nous, mais je n’arrive pas à réaliser que maintenant ma vie a radicalement changée, je ne m’y suis pas préparée et ça me fiche la trouille !

Sébastian piétina sur place tout en soupirant puis il revint arrimer son regard au mien.

— Je sais que ce n’est pas facile pour toi, et j’y suis pour beaucoup la cause de ton mal être, mais je veux racheter mes fautes et t’aider dans ton combat, je veux être là pour t’appuyer pour que tu ne vacilles jamais, alors je t’en prie ne me rejette pas, je...j’ai besoin de toi.

J’inspirai profondément puis redressais la tête afin de le regarder dans les yeux.

— Sebastian, j’ai besoin de temps pour moi, je dois faire ce chemin seule pour l’instant, mais je t’aime et je sais que je ressens un amour profond pour toi, mais je dois juste respirer. Je vais te laisser je dois rejoindre Lance, apparemment c’est quelque chose d’assez important.

— Veux-tu que je t’accompagne ? me demanda-t-il plein d’espoir.

Je lui répondis par la négative.

— Je te promets que nous nous verrons plus tard, mais pour l’heure j’ai besoin de ce moment seule.

Il baissa la tête l’air abattu et haussa les épaules.

— Je comprends Sacha.

Puis il tourna les talons et s’éloigna doucement de moi.

Je le regardais partir d’une démarche lourde et tournai moi aussi les talons.

M’enfonçant un peu plus dans ma doudoune pour ne pas souffrir du froid je repris ma marche d’un pas vacillant, mon cœur se déchirait de cette situation, mais j’avais fatalement besoin de ce temps pour réussir à surmonter la mort d’Archie et Sébastian me la rappelait constamment.

Je devais mettre de l’ordre dans ma tête, je devais faire le vide et me concentrer sur le présent et les combats à mener, je ne pouvais me permettre de flancher. Pour Archie, pour Collins je devais remonter la pente et continuer à vivre.

Je continuais donc à déambuler dans les rues de New-York, alternant entre les ruelles et les axes principaux, partout autour de moi la vie bourgeonnait, la multitude de passants jouait des coudes pour se frayer un chemin parmi la foule, les moteurs des voitures vrombissaient dans un vacarme assourdissant, la ville était telle une ruche avec ses essaims vaquant à toute sorte de taches. Mais malgré les milliers de personnes arpentant les rues je me sentais seule, terriblement seule et perdue dans mes pensées.

Elles étaient telles des vagues se fracassant sur le sable, engloutissant tout sur leur passage pour ne laisser que des débris.

Mais il était temps que ces vagues appartiennent au passé et ne détruisent plus la plage de mes pensées ; aussi repris-je ma marche pour lentement me diriger chez Lance.

 

Chapitre 4

 

 

 

Le vent soufflait toujours sur la ville, apportant son lot de nuages menaçants, l’orage n’allait pas tarder à poindre aussi accélérais-je mes pas pour m’engouffrer dans le jardin de Bryant Park.

La pâle lumière du jour donnait au jardin luxuriant des allures fantomatiques avec ses nappes de brume venant stagner paresseusement au sol ; la plupart des arbres commençaient à perdre leurs feuilles, ne laissant apparaître que de frêles branchages.

Je dépassais la fontaine aux allures gréco-romaines pour me diriger vers l’imposante porte d’entrée de la demeure de Lance.

Une fois rentrée à l’intérieur je fus surprise par la douce chaleur se dégageant du foyer encore crépitant.

Lance ne m’avait pas entendu rentrer aussi en profitais-je pour passer au salon principal, mais quelle ne fut pas ma surprise de voir Collins reposant sur un lit médicalisé.

Inquiète je m’approchais auprès de mon ami pour le contempler toujours plongé dans le sommeil profond du coma, il avait l’air reposé et serein aussi ressentis-je un pincement au cœur de le voir ainsi, incapable de se lever ou d’interagir avec nous.

— Il était assez stable pour être déplacé. Me dis Lance en venant se positionner à mes côtés.

— On le croirait endormi... Murmurais-je attristée de son état.

Mon cœur s’emplit de tristesse en voyant mon ami reposer dans ce lit. Inerte.

Lance me tendit une tasse de café encore fumante que je pris du bout des doigts et tandis que je contemplais le liquide brunâtre Lance vint se placer devant moi.

— Sacha si je t’ai fait venir ici c’est d’abord pour te montrer que désormais Collins restera ici afin que nous puissions essayer de lui apporter des soins, mais également pour sa sécurité. Mais je voulais aussi t’annoncer que je vais quitter le pays pendant un temps.

— Ou vas-tu ? demandais-je alarmée à l’idée qu’un de mes mentors s’en aille.

— Je pars en Amérique du Sud a la recherche de plantes rares aux propriétés curatives, je sens que je peux trouver de quoi réveiller Collins en partant les retrouver, mais je ne serais pas loin de vous longtemps, ce n’est que l’affaire de quelques jours, quelques semaines tout au plus.

— Quelques semaines ? hoquetais-je.

— Ne t’inquiètes pas Sacha je ne te laisse pas seule, je dois te présenter quelqu’un, elle devrait arriver bientôt.

Songeuse je resserrais mon emprise autour de ma tasse de café, appréciant la chaleur qui se diffusait le long de mes doigts.

Quelques minutes de silence passèrent puis j’entendis la lourde porte d’entrée s’ouvrir, une femme venait d’entrer chez Lance et retira son manteau parka noir avant de venir nous saluer.

— Sacha, je te présente Julia.

Julia était une femme grande et athlétique, sa chevelure noire contrastait avec le gris métallisé froid de ses yeux, pourtant elle dégageait une certaine douceur et sympathie.

Elle déposa sa parka sur le porte-manteau et vint nous saluer.

— Bonjour, Sacha, je suis Julia. Lance m’a beaucoup parlé de toi. Dit-elle dans un sourire.

Le principal intéressé lui tendit une tasse remplie de café que Julia accepta avec un léger signe de tête. Elle en but une gorgée avant de continuer.

— Je suis au courant de ce qui vous est arrivé et je regrette de ne pas avoir été là pour vous prêter main forte, mais en tout cas bravo a vous pour avoir défait une des branches de l’ordre en abattant un de leur lieutenant. Je veillerai sur Collins avec toi et t’enseignerais tout ce qu’il y a à savoir sur les majinis et leur capture.

— Julia est notre experte sur les esprits et comment les capturer avant qu’ils ne possèdent un corps. Me chuchota Lance en se penchant vers moi.

Curieuse je me rapprochais de Julia.

— Vous les capturez ? Mais comment est-ce possible s’ils sont accompagnés d’un possédé ?

Julia émit un petit rire bref avant de continuer d’un air plus sombre.

— Nous éliminons le possédé et récoltons les esprits errants l’accompagnant au moyen de boites en tourmaline noire, mais là n’est pas la seule manière de les capturer.

Intriguée je fronçais les sourcils.

— Je pense que nous sommes capables d’extraire le majini sans avoir à tuer l’hôte, c’est là l’objet de mes recherches, je veux trouver un moyen de sauver l’hôte et je suis convaincue que toute trace de l’aura n’est pas effacée lors de la possession.

— Mais c’est impossible. M’exclamais-je. L’hôte ne peut survivre à la possession, j’en ai été témoin, il n’existe plus aucune trace d’humanité lorsque le corps est possédé.

Julia but une gorgée de café avant de reprendre.

— J'en pense que certaines âmes subsistent dans le corps mais demeurent inactives, entièrement asservi par le majini. Je veux trouver un moyen de ramener à la vie ces parcelles d’âmes et je base toutes mes recherches sur cette théorie.

Songeuse je m’installais dans un fauteuil, aussitôt imité par Lance, Julia resta debout, galvanisée par son discours.

— Je te montrerai Sacha, nous aurons tout le temps une fois Lance parti dans ses recherches, mais il y a encore bon nombre de choses que tu ignores dans cette guerre contre nos ennemis, aussi si nous pouvons renverser la tendance en sauvant les âmes ce serait un grand pas pour nous.

Je ne savais que répondre alors je demeurais silencieuse, suspendue aux lèvres de Julia.

Si nous étions capables de sauver les âmes, cela signifierait qu’il n’est plus nécessaire de tuer les possédés.

— C’est génial ! m’exclamais-je. Cela veut dire que nous pourrions sauver tous les possédés.

Julia fit la grimace et se balança d’un pied à l’autre.

— Je ne pense pas que nous puissions sauver tous les possédés, il faut certaines conditions requises pour dissocier le parasite du corps, il faut que nous puissions capter un faible signal de l’aura dans le corps, c’est l’indicateur que l’âme n’a pas été entièrement consumée.

— Mais je suis incapable de discerner les auras... Répondis-je

Julia fit le tour de la table basse et alla s’installer sur le canapé.

— Oui je le sais Sacha, Lance m’a expliqué tes facultés, mais ce n’est pas un problème, avec tes dons et ta force de combat additionnés à mes connaissances sur les majinis et ma perception des auras nous serons à même de réussir mon projet.

J’hésitais devant les regards insistants de Lance et Julia, puis dans un soupir je répondis.

— C’est d’accord, nous devons essayer.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Chapitre 5

 

 

Julia et Sacha étaient en pleine conversation.

Fascinées par la possibilité nouvelle de sauver les hôtes de leur parasite elles semblaient surexcitées.

Lance lui demeurait plus impassible, mais ne perdait pas une miette de leur discours.

Depuis le plafond du salon Collins assistait à tout ce débordement d’énergie.

Il laissa son esprit divaguer et virevolta doucement vers le milieu du salon afin d’être au plus proche de ses amis.

Aucun ne percevait sa présence aussi se contenta-t-il de rester à leur côté pour écouter Sacha et Julia en pleine exposition de leur théorie.