Le papa de Philou - Vincent Rodrigue - E-Book

Le papa de Philou E-Book

Vincent Rodrigue

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Beschreibung

La vie était si facile avant 2014. Puis, la forteresse érigée par Vincent et Sophie commence à s’effondrer lorsque Vincent est victime d’un accident. Devenu invalide, il doit se reconstruire au prix de nombreux efforts. Alors qu’il pense que le pire est derrière lui et que doucement la vie redevient un semblant de ce qu’elle était, un drame s’abat sur la famille déjà éprouvée, les faisant plonger dans les noirceurs d’un abîme sans fond.

Dans ce récit intimiste, l’auteur s’ouvre en toute vulnérabilité et ne ménage aucun détail de ces douloureuses épreuves. Une longue descente avec des pertes énormes, mais avec son courage et son positivisme.


À PROPOS DE L'AUTEUR


Vincent Rodrigue est né en 1981, dans la région de la Beauce. Après des études en vente, il deviendra un pilier chez Transport Guilbault. Son vécu l’aura amené à devenir conférencier. Ce livre se veut un complément pour sa conférence intitulée : La résilience et la persévérance, un choix de vie.

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Les photographies de la page couverture ont été prises par : Anne-Marie Fafard (Philippe dans le hamac) et Sophie Lacroix (photo de Emy-Ann, Sara et Philippe sur le rocher).

La photographie de la page couverture arrière a été prise par : Mikel Doucet.

Couverture et mise en page : Ecoffet Scarlett

Rédaction : Gwen Bobée

Reliure :

Toute représentation partielle ou totale est interdite sans le consentement explicite de l’auteur.

Dépôt légal – Bibliothèque et Archives nationales du Québec – 2023

Commandite Hugo Veilleux, Structure SBL

La révision linguistique de cet ouvrage est assurée par Marie-Claude Jouvet

Cette publication est dirigée par :

Téléphone : 418-271-6578

Courriel : [email protected]

Site web : editionsenoya.com

 

 

 

 

 

 

Je lègue ce livre à mes trois enfants,

Philippe, Emy-Ann & Sara.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Table des matières

PREFACE Un voyage de l’adversité à la Résilience

PROLOGUE

INTRODUCTION

CHAPITRE 1 Le crash

CHAPITRE 2 Plus longue que l’accident : la réadaptation

CHAPITRE 3 Une rencontre déterminante

CHAPITRE 4 Invalide !

CHAPITRE 5 Philippe

CHAPITRE 6 Le deuil

CHAPITRE 7 Vers la séparation

CHAPITRE 8 La révélation

CHAPITRE 9 Mais où m’étais-je oublié?

L’AMOUR Message de mon facebook

LE PRESENT Message de mon facebook

CHAPITRE 10 Just do it!

CHAPITRE 11 Mon coffre à outils

CHAPITRE 12 Devenir conférencier

LA VIE Message de mon facebook

CHAPITRE 13 Le pardon

CHAPITRE 14 Les nouvelles aventures

Anticipation Message de mon facebook

CHAPITRE 15 Comment vas-tu Vincent ?

EPILOGUE

UNE MORT BOULEVERSANTE

LE MOT DE LA FIN

REMERCIEMENTS

POSTFACE

DE LA MÊME MAISON D’ÉDITION

 

 

 

PREFACEUn voyage de l’adversité à la Résilience

 

 

 

Dans les pages de ce livre, vous trouverez une histoire de courage, d'adversité et de résilience. Vous ferez la rencontre d'un conférencier extraordinaire, dont le parcours personnel a été marqué par des événements tragiques et douloureux : le traumatisme crânien suite à un accident sournois et le décès de son fils de deux ans par noyade. En tant que son neuropsychologue, j'ai été témoin de son cheminement sur plusieurs années, de son incroyable transformation, de l'impact cognitif et psychologique que ces événements ont eu sur sa vie, son emploi et sa famille.

 

Ce livre est une fenêtre ouverte sur la vie de cette personne persévérante, sur sa transformation intérieure et sur sa volonté inébranlable de transformer sa douleur en une source d'inspiration pour les autres. En partageant son récit, cet auteur nous offre une perspective unique sur la nature humaine et la force de l'esprit humain face à l'adversité. La perte d’un enfant est la plus grande souffrance que peut vivre un parent! 

 

Malgré la douleur intense et les défis auxquels il a été confronté, cet auteur a également dû faire face à l'impact cognitif du traumatisme crânien. Les séquelles de cette blessure ont entraîné des difficultés cognitives importantes et l’on forcé à composer avec une grande fatigue cognitive. À travers son récit, il nous offre un aperçu profond et éclairant des luttes et des stratégies qu'il a utilisées pour surmonter ces obstacles cognitifs et psychologiques.

Le traumatisme crânien qu'il a subi a non seulement mis fin à son emploi, mais a également eu un impact significatif sur sa famille. La noyade de son fils a entraîné une séparation douloureuse d’avec la mère de l'enfant décédé. Les dynamiques familiales complexes qui ont émergé de cette tragédie sont explorées avec une honnêteté et une sincérité qui touchent le cœur.

 

En tant que conférencier, cet auteur incarne un message d'espoir et de rédemption. Son expérience personnelle, combinée à son talent pour la communication, rend ses conférences inoubliables et puissantes. Chaque parole prononcée sur scène est porteuse d'une émotion authentique et d'un désir sincère de changer la vie des autres, en les encourageant à surmonter leurs propres épreuves et à trouver la force nécessaire pour se relever.

 

Ce livre est bien plus qu'un simple récit de vie. C'est une invitation à se connecter avec une histoire de résilience et de transformation personnelle. C'est une opportunité de se nourrir de la sagesse acquise au fil des épreuves, et d'utiliser cette sagesse pour guider notre propre chemin vers la guérison et l'acceptation.

 

Au fil de ces pages, vous découvrirez une histoire de douleur, mais aussi d'espoir. Une histoire qui nous rappelle que, même dans les moments les plus sombres, il y a toujours une étincelle de lumière qui peut nous guider et nous aider à trouver la force de continuer à avancer.

 

En tant que neuropsychologue, ayant passé quatre années à accompagner cet auteur dans son cheminement, je suis honoré d'avoir l'opportunité de vous présenter son histoire courageuse et inspirante. Je vous invite à plonger dans les profondeurs de son récit avec un esprit ouvert et une empathie profonde. Nous avons tous quelque chose à apprendre de cette histoire extraordinaire.

 

François Mathieu M.A. Ps.

Neuropsychologue et Psychologue

 

 

PROLOGUE

 

 

 

 

Je me présente, je suis Vincent Rodrigue et au moment d’écrire ces lignes j’ai 42 ans.

 

Lorsqu’on décide d’écrire un livre sur sa vie, on laisse de côté sa vulnérabilité et on laisse place à la transparence. Certains moments de ma vie ont été très heureux, d’autres très pénibles. Je vous laisse me découvrir, et dans ce récit intimiste, vous serez aux premières loges pour assister à la façon dont j’ai vécu les plus durs moments que j’ai eu à vivre jusqu’à maintenant.

 

Si certains passages de ce livre sont très difficiles à raconter, ils sont par contre nécessaires pour que je continue d’évoluer et si, bien humblement, mon récit peut aider certains d’entre vous, j’aurai accompli un pas de plus dans mon cheminement.

 

Certaines personnes se reconnaîtront à travers mon livre, j’ai choisi de ne pas utiliser de noms fictifs. Nous ne sommes pas là pour rendre des comptes, mais plutôt pour écrire la vérité, du moins la mienne, la façon dont je l’ai vécue. C’est ma vie.

 

Laissez-moi vous raconter…

 

 

INTRODUCTION

 

 

 

 

C’est spécial de constater comment les choses que nous prenions pour acquises plus jeunes se transforment avec le temps. Les bonnes comme les moins bonnes d’ailleurs. Dans la famille Rodrigue, nous avons un problème de bégaiement. Problème, qui, grâce à la patience de ma mère qui m’amenait aux rendez-vous chez l’orthophoniste, s’est résorbé. N’empêche qu’en étant bègue, parler pour moi était une corvée. Ça me gênait terriblement. La vie m’a pourtant poussé à devenir conférencier…

 

Lorsque j’étais jeune, j’avais toutes sortes de croyances et je croyais en une vie très linéaire. La carrière, fonder une famille, me marier. C’était aussi simple que cela.

 

Et j’ai eu tout ça.

 

J’ai, suite à de nombreuses épreuves consécutives, dû changer mon fusil d’épaule et repenser ma vie.

Si je peux imager le déroulement de ma vie jusqu’à maintenant, je dirais sans hésiter que tel un aigle voluptueux, j’ai déployé mes ailes, progressivement et intensément, dès ma naissance, et ce, pendant 33 ans. En plein envol, mes ailes se sont brisées. J’ai dû cesser de voler. Je ne pensais jamais qu’elles pouvaient un jour se reconstruire et que je pourrais revoler de nouveau. Et pourtant, aujourd’hui, je vole toujours plus haut.

Ma vie d’avant ! Champion de golf – 2009

Si j’ai eu l’idée d’avoir un livre pour appuyer mes conférences, c’est avant tout pour que mon histoire soit sans filtre et que vous puissiez connaître non pas une parcelle de mon vécu, mais son ensemble, afin de vous faire une idée de mon parcours. Dans mes conférences, je condense bien sûr mon histoire. Ici, je me révèle plus que jamais. Je laisse ma vulnérabilité et ma gêne de côté, et en toute humilité, je m’ouvre à vous.

 

Si je devais choisir un seul objectif de vie aujourd’hui, ce serait celui de la philanthropie. En effet, je désire offrir de mon temps, avec bienveillance et générosité, sans attendre quoi que ce soit, sinon aider les gens qui liront ou entendrons mon parcours.

 

Bonne lecture,

Vincent

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

2014

 

Avant la chute, la vie était si belle

que je me prenais à extrapoler des

rêves d’avenir, au lieu de vivre

simplement ma vie.

 

Vincent Rodrigue

 

CHAPITRE 1Le crash

« Après l’accident, c’était un peu comme si je ne savais plus comment vivre. Comme si je n’en avais plus envie. »

Vampire Diaries

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

15 mai 2014

 

Il fait tellement beau ce jour-là. J’appelle Sophie, ma femme pour lui dire de ne rien préparer pour le souper. Je pars du bureau, heureux à l’idée de me rendre au chalet familial de Sophie. Son père a donné un chalet à chacun de ses enfants, et chaque fin de semaine, nous allons en profiter avec nos trois enfants.

 

Je reviens à la maison vers 16 heures. Sophie sort de la maison avec les enfants autour d’elle. Toute la famille s’entasse dans mon pick-up. Avant de nous rendre au chalet, j’ai un achat à faire. C’est tout moi ça, je ne veux jamais rien manquer, et je fais souvent trop de choses ! J’ai trouvé de l’huile à

Sophie, moi et nos trois enfants : Philippe, Sara et Emy-Ann à cette époque

 

« patates frites » pour préparer mon lieu de chasse à l’ours prévue pour demain. Nous faisons le détour pour aller la chercher. Encore un arrêt à faire, cette fois à l’épicerie. Sophie bougonne, elle trouve le temps long à m’attendre dans le camion avec trois jeunes enfants. Nous faisons manger les petits un peu, et moins de huit minutes plus tard, nous arrivons au chalet, à Saint-Benoît-Labre.

 

— Sophie, je vais aller te conduire au chalet de Thomas, les enfants vont pouvoir jouer ensemble, le temps que je mette mon quai à l’eau et je reviens.

 

Les chalets des deux frères de Sophie, Thomas et Mathieu sont tous près du nôtre. Ce ne sont pas de gros chalets, mais ils sont confortables et il y a tout ce qu’il nous faut. Nous sommes près de nos beaux-frères et belles-sœurs et les enfants ont du plaisir à se retrouver ensemble.

 

Mon bateau est accroché à mon pick-up. Pour ne pas trainer ce gros engin dans les environs, je demande à ma belle sœur Anne-Marie :

 

— Je peux prendre ta voiture ?

— Pas de problème, prends la Vincent.

 

Je commence à peine à reculer lorsque Thomas m’aperçoit avec l’auto de sa blonde :

 

— Qu’est-ce que tu fais Vincent ?

— Je vais au chalet mettre mon quai à l’eau

— Attends un peu, je vais y aller avec toi.

 

Dès mon arrivée au chalet, mon cellulaire sonne. Comme je suis directeur de succursale chez Transport Guilbault, j’ai souvent des employés qui m’appellent pour régler différentes choses. Comme de fait, c’est Kevin qui me fait part d’un problème de transport à régler.

 

Je raccroche et peut me concentrer sur ce que j’ai à faire : mettre mon quai à l’eau.

 

Je ne me doute pas un instant que ma vie va basculer d’un moment à l’autre.

 

À l’automne 2013, j’ai acheté le bateau et ai construit moi-même mon quai, un gros quai en bois traité et des barils en plastique pour que ce soit durable et bien fait. Une fois le quai terminé, je me suis fait conseiller de le sortir de l’eau pour ne pas qu’il se fasse briser par les glaces. J’avais trouvé l’idée bonne et ai sorti mon quai de l’eau. Il était toujours sur le bord de l’eau, avec des sangles de transport. Je l’ai surélevé un peu et attaché à un arbre. Bon, c’était un peu brique à braque, je ne suis pas le spécialiste du bricolage…

 

Pour mettre mon quai à l’eau, j’ai emprunté un gros bloc chaîne, avec des poulies faites expressément pour ne pas avoir à forcer. L’eau du lac a calé depuis quelques jours. Je descends la chaine et le crochet, c’est vraiment pratique, je ne force pas du tout. J’attache le crochet à l’arbre, la sangle est bien attachée elle aussi, j’accroche tout cet attirail à mon quai et je remonte mon quai tranquillement pas vite.

 

Je suis debout sur une chaise, dos au lac, le bloc chaîne plus haut que moi.

Paaaaaf !

Je sens quelque chose m’effleurer le côté gauche de la tête et en même temps un terrible son se fait entendre.

Je tombe par terre.

Mon beau-frère Thomas se précipite : il a entendu ce son terrifiant. Il se retourne et me voit, je me retourne aussi. Nos regards se croisent.

 

— Thomas, je vais être correct, je pense que je n’aurai pas besoin d’aller à l’hôpital, hein ?

 

Silence. Thomas ne parle pas. Thomas, l’homme au sang-froid, capable de se recoudre une main au besoin. Pourquoi est-ce qu’il ne dit rien ?

 

— Enlève ton chandail, Vincent.

 

Je ne comprends pas trop ce qu’il veut faire avec mon chandail, mais je m’exécute. Il part le tremper dans le lac et revient rapidement à côté de moi. Il me met une grosse pression sur la tête avec mon vêtement trempé.

 

Il a vu ce que je ne pouvais pas encore voir : une fracture ouverte de quatre centimètres sur le bord du crâne.

 

La courroie, à laquelle étaient rattachés deux crochets, un à chaque extrémité, a cédé sur le bord du quai et le ricochet d’un des crochets venait de me perforer le crâne.

Thomas intervient rapidement :

 

— Vite, on va descendre à l’hôpital !

 

On s’arrête au chalet de Thomas, où ma femme et mes enfants se trouvent, et on informe Sophie que je viens d’avoir un gros accident. On prend en même temps mes cartes d’hôpital et nous roulons en direction de l’hôpital de Saint-Georges. Tout le long du trajet, je suis capable de parler, Thomas me posait d’ailleurs beaucoup de questions. Plus le trajet avance, moins je réponds : je n’y arrive plus. L’hôpital est pourtant proche du chalet : huit minutes tout au plus, mais tout semble au ralenti. Une fois arrivé à l’hôpital, j’ai bien essayé de me lever pour sortir de la voiture, mais j’en suis incapable.

 

À notre arrivée à l’hôpital, Thomas va rapidement chercher un fauteuil roulant. On ne passe même pas par l’admission.

 

Au département de l’urgence, nous ouvrons les portes et voyons deux ou trois employés du corps médical qui accourent vers moi, en constatant la gravité de ma blessure. Je connais l’une d’entre-elle : Annie, la conjointe de mon amie Jean-Pierre. Je tente de dire son nom… sans succès ! Je ne suis plus capable de parler. Un seul son sort de ma bouche :

 

— Euh…

 

Pourtant, je connais très bien son prénom.

C’est le dernier son et le dernier moment dont je me rappelle.

Sophie et mes parents viennent à l’hôpital. L’heure est grave. Je n’ai pas « juste » une fracture du crâne, j’ai également des lésions au cerveau et un traumatisme crânien modéré.

Comme les médecins de St-Georges ne peuvent m’opérer, on prépare mon transfert vers l’hôpital de l’Enfant-Jésus de Québec.

 

Juste avant de m’installer dans l’ambulance, les médecins vont voir Sophie et mes parents.

 

— Allez voir Vincent une dernière fois et dites-lui ce que vous avez à lui dire.

 

Sous-entendu à peine déguisé : Dites-lui que vous l’aimez, il est dans un état très critique et nous ne pouvons nous prononcer s’il fera ou non le trajet jusqu’à Québec.

Lorsqu’on m’a raconté cette scène plus tard, j’ai eu mal pour eux. De savoir que j’étais entre la vie et la mort devait les affecter au plus haut point.

 

Pendant le trajet en ambulance, je suis inconscient bien sûr. Il y a à mes côtés une Inhalothérapeute, un médecin… Sophie se rend à l’Hôpital de l’Enfant-Jésus avec son père, tandis que mes parents prennent leur voiture. Le père de Sophie loue une chambre d’hôtel à côté de l’hôpital. Ils y restent quelques jours.

 

On m’attendait à l’hôpital de l’Enfant-Jésus, et je suis immédiatement pris en charge. Il est 23h30, mais pas question de retarder la chirurgie, une opération d’environ quatre heures.

 

Une fois la chirurgie terminée, le médecin va voir ma femme, mes parents et les parents de Sophie :

 

— Vincent est sain et sauf. Mais on ne peut pas se prononcer sur son état. Son cerveau est très très affecté. Nous allons voir les dégâts dans les prochains jours. On ne sait pas quelles seront les séquelles.

 

Les deux tiers de mon cerveau sont touchés. Beaucoup de sang s’est répandu dans mon cerveau. J’ai beaucoup de débris d’os, à cause de l’ampleur de ma fracture. Les médecins ont enlevé tout ce qu’ils pouvaient retirer, mais malheureusement, impossible d’avoir accès à tous les fragments. Pour refermer le trou dans ma boîte crânienne, ils ont dû mettre un grillage fixé par des points de suture et des agrafes. Il reste à espérer que tout reprenne sa place.

 

Je me réveille le lendemain soir dans ma chambre d’hôpital. Ma blonde est assise au pied du lit, attendant que je me réveille. En la voyant, comme elle ne me regarde pas, je tente de dire son nom. Aucun son ne sort de ma bouche. Je me parle intérieurement :

 

— Voyons, je connais pourtant très bien son nom.

 

Je savais que j’avais eu un petit quelque chose, mais sans plus. Les médecins m’ont donné tellement de médications que je ne sens pas beaucoup de douleur. Je me demande vraiment pourquoi je suis incapable de prononcer le prénom de Sophie. Je tente de redire son nom. Aucun son ne sort de ma bouche. Sophie me voit bouger, elle réalise que je me réveille. Elle part à la recherche des médecins. Ils viennent me voir et m’expliquent :

 

— Tu as eu une grosse fracture du crâne Vincent. Là il est tard en soirée, repose-toi et on viendra te donner les détails demain.

 

Je suis donc devenu non-verbal. C’est le seul constat que je fais.

 

Le lendemain, comme promis, les médecins viennent me voir. Ils me font faire quelques tests, comme par exemple :

 

— Ferme tes yeux, lève tes deux bras en l’air.

 

Dans ma tête, je suis convaincu qu’avec mes deux bras dans les airs, mes deux mains ont suivi. J’ouvre les yeux et constate intérieurement :

 

— Voyons, ma main droite est le long de mon corps.

 

Je la sens pourtant au-dessus de ma tête ! Je ne contrôle plus ma main, je ne maitrise plus mon corps. Pour tout dire, j’ai l’impression de devenir fou. Ils me font faire d’autres tests :

 

— Quelle date sommes-nous ?

 

Ça tombe bien, j’ai un énorme calendrier juste devant moi. Incapable de dire quelle date nous sommes. Je suis complètement mêlé. Pourtant je vois la date… Ah ! Je me sens tellement frustré et impuissant.

 

C’est à ce moment qu’ils m’apprennent ce que j’ai exactement :

 

— Tu as une fracture avec des lésions au cerveau. Tu as un traumatisme crânien. Il y a trois stades : léger, modéré et sévère, toi tu es dans le milieu des trois. Ton coup a été porté du côté gauche du cerveau. Ton côté gauche est celui qui contrôle ton humeur, la zone du langage, l’écriture et il gère le côté droit de ton corps.

Je prends conscience que je suis totalement paralysé du côté droit. S’ajoute à cela que je ne peux plus parler, ni écrire, ni non plus lire. Je suis vraiment plus affecté que je ne le pensais.

 

« La vie ce n’est pas seulement respirer, c’est aussi avoir le souffle coupé. »

Alfred Hitchcock.

 

 

 

CHAPITRE2Plus longue que l’accident : la réadaptation

 

 

« Il y a une longue route devant toi. Tu dois apprendre à oublier la douleur, ignorer les regrets et continuer à avancer. »

Citation auteur inconnu.

 

 

 

 

 

 

 

Je pensais jusqu’alors que les problèmes étaient pour les autres. Comme j’avais tort !

 

L’étape de la réadaptation est dure, très dure. S’ajoute à mes autres lacunes, le fait que le moindre effort m’anéantit : je suis complètement épuisé. Sans compter mes humeurs qui sont vraiment affectées malheureusement.