Le petit chien de la marquise - Théophile Gautier - E-Book

Le petit chien de la marquise E-Book

Théophile Gautier

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Beschreibung

Eliante est terriblement jalouse de la marquise, qui est en possession d'un petit bichon extraordinaire. Fanfreluche est adorable, intelligent, bien éduqué, raffiné... La jeune fille est tellement éprise de ce chien qu'elle veut absolument qu'il devienne le sien ! Alors, quand le duc Alcindor vient lui compter Fleurette, elle le charge de lui ramener Fanfreluche. Alors, peut-être qu'elle daignera l'aimer...

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Le petit chien de la marquise

Le petit chien de la marquiseI. Le lendemain du souperII. Le bichon FanfrelucheIII. Un pastel de LatourIV. PompadourV. PourparlerVI. La ruelle d’ÉlianteVIIVIII. PerplexitéIX. Le faux FanfreluchePage de copyright

Le petit chien de la marquise

Théophile Gautier

I. Le lendemain du souper

Il ne fait pas encore jour chez Éliante ; cependant midi vient de sonner.

Midi, l’aurore des jolies femmes ! Mais Éliante était priée d’un souper chez la baronne, où l’on a été d’une folie extrême ; Éliante n’a mangé, il est vrai, que des petits pieds, des œufs de faisan au coulis et autres drogues ; elle a à peine trempé ses lèvres roses dans la mousse du vin de Champagne et but deux travers de doigt de crème des Barbades ; car Éliante, comme toute petite maîtresse, a la prétention de ne vivre que de lait pur et d’amour. Pourtant elle est plus lasse que de coutume et ne recevra qu’à trois heures.

L’abbé V…, qui était du souper, s’est montré d’une extravagance admirable, et le chevalier a fait au commandeur la mystification la plus originale ; ce qu’il y a de parfait, c’est que le brave commandeur n’a pas voulu croire qu’il ait été mystifié. À la petite pointe du jour, l’on a été en calèche découverte manger la soupe à l’oignon dans la maison du garde pour se remettre en appétit, et après le déjeuner la présidente a ramené dans son vis-à-vis Éliante, dont le carrosse n’était pas encore arrivé.

Éliante, un peu fatiguée, vient d’entr’ouvrir son bel œil légèrement battu, et un faible sourire, qui dégénère en un demi-bâillement, voltige sur sa petite bouche en cœur que l’on prendrait pour une rose pompon. Elle pense aux coq-à-l’âne de l’abbé et aux impertinences du chevalier, au nez de plus en plus rouge de la pauvre présidente ; mais ces souvenirs agréables s’effacent bientôt et se confondent dans une pensée unique.

Car, il faut bien se l’avouer, si coquet et si galant qu’ait été M. l’abbé, si turlupin que se soit montré M. le chevalier, le succès de la soirée n’a pas été pour eux.

Un autre personnage, qui n’a rien dit et que l’on a trouvé plus spirituel qu’eux, qui ne s’était pas mis en frais de toilette et qu’on a déclaré le suprême de la grâce et de l’élégance, a réuni tous les suffrages de l’assemblée ; l’abbé lui-même, quoiqu’il en fût jaloux, a été forcé de reconnaître ce mérite hors du commun et de saluer l’astre naissant.

Ce personnage, dont toutes les dames raffolaient et qui occupe en ce moment la pensée d’Éliante, pour ne pas vous faire consumer en recherches et en conjectures inutiles un temps que vous pourriez employer beaucoup mieux, n’est autre chose que le petit chien de la marquise, un bichon incomparable qu’elle avait apporté dans son manchon ouaté.

II. Le bichon Fanfreluche

 Pour faire l’éloge de ce bichon merveilleux, il faudrait arracher une plume à l’aile de l’Amour ; la main des Grâces serait seule assez légère pour tracer son portrait ; le crayon de Latour n’aurait rien de trop suave.

Il s’appelle Fanfreluche, très joli nom de chien, qu’il porte avec honneur.

Fanfreluche n’est pas plus gros que le poing fermé de sa maîtresse, et l’on sait que madame la marquise a la plus petite main du monde ; et cependant il offre à l’œil beaucoup de volume et paraît presque un petit mouton, car il a des soies d’un pied de long, si fines, si douces, si brillantes, que la queue à Minette semble une brosse en comparaison. Quand il donne la patte et qu’on la lui serre un peu, l’on est tout étonné de ne rien sentir du tout. Fanfreluche est plutôt un flocon de laine soyeuse, où brillent deux beaux yeux bruns et un petit nez rose, qu’un véritable chien. Un pareil bichon ne peut qu’appartenir à la mère des Amours, qui l’aura perdu en allant à Cythère, où madame la marquise, qui y va quelquefois, l’a probablement trouvé.

Regardez-moi cette physionomie intéressante et spirituelle ; Roxelane n’aurait-elle pas été jalouse de ce nez délicatement rebroussé et séparé dans le milieu par une petite raie comme celui d’Anne d’Autriche ? Ces deux marques de feu, au-dessus des yeux, ne font-elles pas meilleur effet que l’assassin posé de la manière la plus engageante ?