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"Le premier pas" invite le lecteur à franchir le seuil mystérieux de l’initiation maçonnique, là où commence un voyage unique vers la transformation intérieure. À travers une écriture poétique et symbolique, l’auteur dévoile les clés pour comprendre et vivre pleinement ce passage. Plus qu’un simple guide, cet essai explore les tensions entre doute et révélation, ombre et lumière. Chaque page est une invitation à réveiller en soi la force du renouveau.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Guy Tomasi est un auteur et franc-maçon de la GLDF initié dans la Respectable Loge Galilée à l’Orient de Marseille. Avec plus de quinze ans d’expérience au sein du REAA, où il a exercé les plus hautes charges en loge symbolique, dans ses écrits, il mêle poésie, philosophie et spiritualité. Son premier ouvrage, "Le premier pas", explore le cheminement maçonnique avec profondeur et sensibilité.
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Veröffentlichungsjahr: 2025
Guy Tomasi
Le premier pas
L’art secret de l’éveil
pour l’apprenti et le chercheur de sens
© Lys Bleu Éditions – Guy Tomasi
ISBN : 979-10-422-8905-8
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Mon Frère, ouvrir un livre, c’est souvent entrer dans une maison de papier, mais certains livres ne s’ouvrent pas, ils se franchissent. Ce que tu tiens entre les mains n’est pas seulement un texte à lire, mais un seuil à traverser et ce seuil n’est pas comme les autres, car il ne mène pas vers une salle ou un jardin, mais vers une expérience intérieure.
Il est rare, en Franc-Maçonnerie, de rencontrer un ouvrage qui tienne à la fois de la méditation intime et de la fidélité rituelle, de la poésie personnelle et de la rigueur symbolique. Trop souvent, les livres maçonniques se partagent entre deux pôles, d’une part le manuel didactique, qui expose les symboles et leurs significations comme on déroulerait un cours, et d’autre part l’essai universitaire, érudit mais distant, qui commente l’initiation sans jamais s’y abandonner.
Le Premier Pas – L’art secret de l’éveil pour l’apprenti et le chercheur de sens ne se situe ni d’un côté ni de l’autre. Ce livre n’est pas un catéchisme, il n’est pas un dictionnaire des symboles, il n’est pas un traité d’histoire maçonnique. Ce n’est pas davantage un récit personnel centré sur mes propres épreuves ou mes propres leçons. Il se veut tout autre chose, peut-être un livre d’accompagnement initiatique, peut-être un compagnon de route initiatique, à la manière dont Oswald Wirth ou Jules Boucher ont su transmettre l’esprit vivant de la Franc-Maçonnerie, mais avec une voix singulière, située dans notre temps. Jean Tourniac écrivait que « le symbole n’est pas une équation à résoudre mais une demeure à habiter » c’est bien dans cet esprit que je t’invite à entrer.
Un livre d’accompagnement, cela signifie qu’il marche avec toi, qu’il n’avance pas devant toi comme un guide sûr de son chemin, mais qu’il se tient à tes côtés, attentif à tes pas, respectueux de tes silences. Ce livre ne te dira pas quoi penser ni comment agir, il ne t’expliquera pas tous les symboles comme on dissèque une mécanique, au contraire, il s’efforcera de préserver l’espace nécessaire pour que ta propre expérience mûrisse, pour que tes intuitions trouvent leur voix, pour que tes gestes prennent sens de l’intérieur.
La Franc-Maçonnerie est un langage, que l’on peut apprendre par cœur comme on mémorise un vocabulaire, mais alors on risque de ne jamais le parler vraiment. Ce qui compte, c’est de l’habiter, de le laisser résonner. C’est pourquoi les pages que tu vas lire sont autant de pierres posées sur ton chemin, non pour édifier un mur, mais pour jalonner une marche.
Une structure en cinq mouvements. L’initiation n’est pas un acte isolé, elle est un voyage intérieur, souvent invisible aux yeux des autres, parfois même discret pour soi-même, mais qui suit pourtant une logique. Ce voyage, je l’ai voulu en cinq mouvements, que l’on peut lire comme les phases d’une respiration profonde ou comme les étapes d’un cheminement symbolique.
L’Appel – ce moment où quelque chose en toi se réveille, où une question silencieuse prend place : « Et si je pouvais être autrement ? »
La Descente – Le passage par l’ombre, le silence, l’aveuglement, la nuit. Non comme une épreuve punitive, mais comme une purification.
Le Travail – L’heure de l’ouvrage, du polissage de la pierre brute, de l’usage des outils, de l’apprentissage patient.
L’Éveil – L’ouverture progressive du regard, la découverte de l’Autre, la reconnaissance du Temple et de la Présence.
La Transmission – Le moment où ce que tu as reçu ne peut plus rester en toi, où il doit circuler, se donner et se partager.
Bien évidemment, ce cycle ne s’impose pas à toi, il n’est pas un programme rigide, mais une carte que l’on déplie au fur et à mesure comme une spirale vivante. Tu peux le suivre pas à pas ou te laisser guider par le hasard des pages, car, en Franc-Maçonnerie, il arrive souvent que l’on revienne à un même degré avec un regard renouvelé.
Le seuil intérieur. Dans un monde saturé de discours, d’images et de distractions, il est rare de pouvoir s’arrêter. Non pas s’arrêter pour se reposer mais pour se rendre disponible, c’est pourtant le premier geste de l’initiation que de suspendre le cours habituel des choses, créer en soi un espace où une autre parole pourra se déposer. On croit souvent que l’initiation est un instant spectaculaire avec des gestes, des symboles et une lumière, c’est vrai en apparence mais le vrai seuil est ailleurs, il se franchit quand on accepte de ne pas comprendre tout de suite, quand on consent à ce que quelque chose de plus ancien et de plus profond agisse en nous, au-delà de notre volonté consciente. Ce livre s’ouvre donc comme s’ouvre une porte dans le silence. Tu n’y trouveras pas un mode d’emploi, mais un rythme, une respiration, un appel à ralentir pour mieux percevoir.
Ni secret révélé ni savoir à accumuler. On m’a demandé parfois lorsque je parlais de l’écriture de cet ouvrage : « Mais que va-t-on apprendre dans ton livre ? » La réponse est simple : rien, si l’on entend par là des connaissances codifiées à retenir, mais au fond peut-être tout, si l’on entend par là une disposition à voir autrement. La Franc-Maçonnerie, au Rite Écossais Ancien et Accepté comme ailleurs, ne se réduit pas à des définitions, elle ne s’enseigne pas comme on transmet une recette, mais se vit dans un corps, dans un espace, dans un temps particulier et surtout dans un lien humain. Ce livre n’a donc pas l’ambition de t’enseigner la Franc-Maçonnerie, mais il a l’ambition plus humble et plus exigeante de t’accompagner pour que tu puisses l’habiter.
Une fraternité invisible ? Tu ne marcheras pas seul. En Loge, tu découvriras que la fraternité n’est pas une simple camaraderie, mais bien une écoute, une attention et une présence. On n’y vient pas pour briller, mais pour se tenir droit, ensemble, face à un idéal qui nous dépasse. Les pages qui suivent sont écrites dans cet esprit, elles ne te prendront pas par la main comme on emmène un enfant, mais elles se tiendront près de toi comme un compagnon de route qui marche à la même allure, prêt à s’arrêter quand il le faut.
Ce que tu vas lire. Chaque méditation de ce livre est une halte, certaines sont brèves, comme un éclat de lumière entre deux nuages, d’autres s’étendent, comme une traversée de nuit, mais toutes sont reliées par le fil rouge évoqué plus haut. Tu peux les lire dans l’ordre ou au gré de ton inspiration. Tu y rencontreras des symboles, le Seuil, le Silence, la Pierre brute, le Temple, mais toujours comme des présences vivantes, non comme des définitions closes. Tu y trouveras des citations, des échos venus de traditions diverses, mais toujours mises au service d’une expérience intérieure.
Pourquoi ce livre ? Parce qu’il existe un moment particulier, juste après l’initiation, où l’on se retrouve seul avec soi-même. On a vécu une cérémonie forte, on a ressenti une intensité, puis on rentre chez soi et là, un silence nouveau se dépose. Certains le comblent immédiatement par des lectures, des explications, des discours, mais ce silence-là mérite mieux que d’être comblé, il mérite d’être habité. Ce livre veut être cette présence fraternelle dans ton silence. Non pour te distraire, mais pour t’aider à écouter, non pour combler un vide, mais pour t’aider à lui donner forme.
Entrer dans le Temple et le laisser entrer en toi. Lorsque tu franchis pour la première fois la porte du Temple, quelque chose change même si, dehors, rien ne semble différent. Le monde continue sa course, les visages sont les mêmes, les bruits reprennent et pourtant, tu portes en toi une autre lumière, fragile et tenace. Ce livre commence ici dans cet entre-deux où le dehors continue, mais où le dedans a été déplacé, dans cet instant où l’on pressent que le chemin ne fait que commencer, mais où déjà, il a laissé sa marque.
Une invitation. À toi, mon Frère lecteur, que tu sois Apprenti franc-maçon ou chercheur de sens venu d’ailleurs ou d’un autre degré, je te propose de ne pas lire ce livre comme un observateur mais comme un participant. Entre dans les pages comme on entre dans une Loge avec respect, avec curiosité et avec la certitude que l’essentiel ne sera pas dit mais vécu. Laisse-toi toucher par les images, les silences, les mots simples et les phrases que j’ai déposées lentement, marche avec elles, reviens-y, ferme-les puis ouvre-les à nouveau, car ici, comme dans le Temple, rien ne presse. Tout commence par ce Premier Pas et ce pas n’est pas seulement le tien, c’est aussi celui du livre qui vient à ta rencontre. Ensemble, nous verrons où il nous mène.
Cet ouvrage est accompagné de références, notes explicatives et rapprochements avec d’autres traditions, afin de situer le texte dans l’histoire, la symbolique et la réflexion maçonnique. Il se veut à la fois un guide pour le voyage intérieur et un outil documenté pour la compréhension critique et comparative des symboles et pratiques abordés.
Oswald Wirth écrivait dans Le Livre de l’apprenti que « l’initiation n’a de sens que si elle permet de devenir autre que ce que l’on était », ce livre n’est rien d’autre que cela, une invitation à franchir un pas, non un pas théorique, mais un pas intérieur.
Aux portes du Temple, un mot au Frère qui entre.
Tu es là !
Tu viens de franchir un seuil, un de ceux qu’on ne repasse jamais de la même manière. Peut-être ne sais-tu pas exactement ce qui t’a conduit jusqu’ici.
Peut-être as-tu simplement répondu à un appel intérieur, ténu mais insistant.
Te voilà entré, silencieux et encore ému, dans cette maison de symboles et de silence, où chaque chose semble parler sans voix.
Tu es là, mon Frère Apprenti, encore imprégné de la nuit que tu as traversée, encore étonné par cette lumière qui ne t’a pas aveuglé mais révélé. À cet instant de ta vie, tout semble basculer imperceptiblement, pas un grand chamboulement mais une vibration intime et profonde, qui t’invite à regarder autrement, à écouter autrement et à être autrement.
Tu ne sais pas encore ce que tu cherches et c’est très bien ainsi. Car l’initiation, ce n’est pas apprendre quelque chose de nouveau comme on apprend une leçon, c’est entrer dans une manière de voir, de sentir et d’exister autrement.
Tu ne sais pas encore ce que tu deviendras, mais tu sens déjà que tu ne pourras plus jamais être exactement celui que tu étais.
Qu’est-ce qu’un « premier pas » initiatique ? Un premier pas, ce n’est pas une performance, ce n’est pas une conquête, ce n’est même pas une décision, c’est une disponibilité, une ouverture et un consentement à ce qui échappe. C’est dire oui à une transformation qui ne dépend pas de toi seul, mais que tu dois pourtant accueillir librement.
Tu pourrais croire que ce pas est extérieur vers une Loge, vers des Frères, vers un Rituel et tu n’aurais pas tort, mais ce pas est surtout intérieur. Il se fait en silence, car il ne fait pas de bruit, mais il change tout. C’est le pas qui te fait quitter l’homme que tu croyais être pour aller vers celui que tu peux devenir. C’est le pas de l’ignorance acceptée, le pas de l’humilité retrouvée. Le pas qui ne cherche pas à prendre, mais à recevoir, le pas du dépouillement, du renoncement au déjà su, au déjà vu, au déjà pensé.
Comme le rappelle René Guénon : « L’initiation véritable est transmission d’une influence spirituelle et non communication d’un enseignement profane. » Ce pas n’est pas un pas comme les autres, il est celui qui te rend disponible à cette influence, qui te fait espace plus que volonté, écoute plus que désir.
Le chemin invisible. Dès que tu as franchi le seuil, un chemin s’est ouvert en toi. Pas une voie droite et éclairée, pas un itinéraire balisé, mais un chemin de lente transformation, de retours et de recommencements. Ce chemin n’est pas toujours clair, il t’échappera souvent, il ne te donnera aucune certitude, mais il te fera naître à une forme de présence au monde plus fine, plus dense et plus habitée.
