Le Sacré-Coeur de Jésus Source de Miséricorde et Rayonnement d'Amour - Guy-Noël AUBRY - E-Book

Le Sacré-Coeur de Jésus Source de Miséricorde et Rayonnement d'Amour E-Book

Guy-Noël Aubry

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Beschreibung

Dans ce livre, Le lecteur découvrira en profondeur la spiritualité du Sacré-Coeur (et ce n'est pas seulement l'amour de réparation, comme vous le découvrirez...). Les nombreuses références bibliques et les multiples déclarations des saints citées rendent l'ouvrage fécond et très stimulant. L'aspect historique est abordé assorti de commentaires ; de même que ses développements ultérieurs : Garde d'honneur, Chapelet du Sacré-Coeur, Dévotion au Coeur Immaculé de Marie, Solennité du Sacré-Coeur, Divine Miséricorde, Dévotion au Chaste Coeur de saint Joseph... L'auteur propose aussi tout au long du livre de nombreuses prières soigneusement sélectionnées, de même que des réflexions et des méditations. Celles-ci vous stimuleront et éveilleront vos propres méditations et réflexions. Vous trouverez aussi des textes de saints relatifs au Sacré-Coeur. Les aspects pratiques de la vie quotidienne sont abordés et soigneusement traités. De nombreux paragraphes se terminent par une invitation à des actions concrètes pour ceux qui le désirent. Ce livre complet a le pouvoir véritable de transformer votre vie et celles de ceux qui vous entoure...

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Veröffentlichungsjahr: 2023

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« La Dévotion au Sacré-Cœur est la synthèse de toute la religion catholique. »

- Pape Pie XII

« Le Père aime Le Fils et Il a tout remis entre ses mains. »

(Jean 3,35)

Avant-Propos

Bien-aimé lecteur, bien-aimée lectrice, soyez béni(e).

Nous allons exposer dans cet avant-propos les raisons pour lesquelles nous avons rédigé cet ouvrage et quels en sont les enjeux. Puis nous justifierons le plan retenu. Enfin, nous finirons par une fraternelle exhortation.

Bien à vous dans Notre Seigneur Jésus-Christ et La Sainte-Famille.

Guy-Noël AUBRY

* * *

La dévotion au Sacré-Cœur telle que nous la connaissons aujourd’hui est intimement liée aux révélations privées faites par Notre Seigneur à Marguerite-Marie Alacoque, humble religieuse de l’ordre de la Visitation.

Une dévotion est un ensemble de pratiques, de prières, de méditations, et surtout de dispositions particulières de notre cœur, de notre intelligence et de notre esprit, qui ont pour but d’approfondir notre compréhension du mystère et faire grandir notre intelligence spirituelle et notre amour. Le but ultime n’est pas de « faire » ou de pratiquer, mais par la pratique, par le faire, de devenir ; c’est-à-dire d’être de plus en plus semblable au Christ.

Toutes les dévotions concernant Jésus-Christ ont normalement pour point de départ un moment particulier de Sa Vie (Sa Naissance, Noël, Sa Passion le Vendredi Saint, Sa souffrance précédente à Gethsémani, Sa Résurrection…) ou un état particulier du Rédempteur ou encore une partie de Sa Sainte Personne (la dévotion à Sa Sainte-Face, aux Ses Cinq Plaies…). Une dévotion met donc en général en évidence un fait de La Vie du Sauveur. Toutefois, La Dévotion au Sacré-Cœur occupe une place très particulière, parce qu’il ne s’agit pas de s’attacher à un moment particulier de La Vie du Fils de Dieu, mais à toute La Personne du Sauveur relativement à Son Amour et Sa Miséricorde. Pour cela, l’objet sensible duquel on part est principalement Son Sacré-Cœur (mais pas uniquement, comme nous le verrons). Notre Bien Aimé Seigneur a désiré montrer Son Cœur en Feu à Marguerite-Marie et rappeler par son intermédiaire Son Immense Amour pour les hommes et les exigences de cet Amour. L’heure est venue de rappeler Ses Messages, de bien les expliquer, et de montrer comment les mettre en œuvre concrètement aujourd’hui. Enfin, et ce n’est pas la moindre des choses, de souligner leur importance.

Bien que la vie de Marguerite-Marie Alacoque et celle de Claude de la Colombière (son confesseur), soient l’une et l’autre admirables (et une source de méditations et de grâces importantes) nous pensons (à l’image de Jésus-Christ et de saint Jean l’évangéliste) qu’il ne faut pas tout dire tout de suite, mais qu'il faut se laisser éduquer par L’Esprit-Saint, au-delà d’un certain niveau.1 Cependant, on peut toutefois dans un second temps s’atteler à étudier plus profondément leur vie si on s'y sent appelé.2

En effet, le mieux est l’ennemi du bien. Il ne faudrait pas qu’une surcharge d’informations vienne faire capoter cette merveilleuse entreprise que vous avez commencée. C’est pourquoi nous avons gardé le meilleur. Les informations, méditations et conseils qui se trouvent dans cet ouvrage sont conséquents. Ils permettent d’atteindre la sainteté de manière certaine s’ils sont mis en pratique.

Nous avons choisi de dépasser l’aspect historique des révélations sur Le Sacré-Cœur à sœur Marguerite-Marie Alacoque. La dévotion au Sacré-Cœur ne s’arrête pas à cet aspect, aussi admirable soit-il, parce qu’elle la dépasse amplement à tous points de vue : spirituelle, intellectuelle, émotionnelle, historique, et même communautaire. En effet, après la mort de sœur Alacoque, se sont mis en place : l’heure de présence auprès du Sacré-Cœur, la garde d’honneur du Sacré-Cœur, l’Archiconfrérie de l’Heure-Sainte… et bien d’autres choses qui découlent du message initial, mais qui le déploie, et qui d’une certaine manière le dépasse. Tous ces développements n’existaient pas du temps de Marguerite-Marie et il serait donc dommage de se restreindre uniquement à sa vie.

Dans un autre ordre d’idée, et toujours pour illustrer la grandeur du Sacré-Cœur qui ne se limite pas aux apparitions de Paray-le-Monial, on peut remarquer qu’il y a des allusions au Cœur de Dieu dans la bible depuis la Genèse (cf. Gn 2,6) jusqu’à l’Apocalypse (Ap 22,1-2), en passent par les psaumes (Ps 19 ; 33 ; 34 ; 132…) et les prophètes (Ézéchiel 47 ; Isaïe 40, 11 ; Osée 2,19-22 ; Jérémie 31-33-34 ; …) ; et bien sûr les évangiles, spécialement celui de Jean.

Enfin, toujours pour montrer qu’il serait dommage pour nos âmes de se restreindre à Marguerite-Marie, il faut savoir que de très nombreux saints avant elle ont eu eux aussi des révélations sur Le Sacré-Cœur (ou en ont parlé de façons très édifiantes). Citons par exemple : saint Athanase, saint Augustin, saint Bernard de Clairvaux, sainte Brigitte, sainte Gertrude de Helfa, Mechtilde de Hackeborn, saint Jean Eudes…

D’autres, très nombreux encore, ont suivi temporellement la sainte de Paray : saint Charles de Foucault, le père Jules Chevalier, sainte Josépha Menéndez, Louisa Piccarretta, Gabrielle Bossis, sainte Faustine Kowalska…

Tous ont parlé et déployé les beautés de l’Amour de Dieu et l’attente qu’Il a en retour de cet Amour. Ces saints, bienheureux et mystiques illustrent et développent le message de Jésus-Christ et nous apportent par ce moyen de précieux approfondissements. Les souverains pontifes aussi ne sont pas en reste, et nous voulons spécialement rendre ici hommage au pape Léon XIII qui a consacré le monde au Sacré-Cœur de Jésus le 11 juin 1899.

Pour toutes les raisons évoquées : allusions dans toute la bible au Cœur de Dieu, messages aux saints, aux saintes, et à l’Église, avant et après les messages de Paray-le-Monial…, l’objet de ce livre n’est donc pas une approche historique de la vie de Marguerite-Marie Alacoque ni de saint Claude de la Colombière, son confesseur. L’ouvrage poursuit les objectifs concrets suivants :

- Bien connaître et bien comprendre la dévotion au Sacré-Cœur

- Bien la mettre en œuvre.

La première partie s’appuie essentiellement sur les révélations historiques à Marguerite-Marie (mais ne s’y limite pas). Cette partie est la fondation de l’ouvrage. Comment en effet agir selon Le Cœur de Dieu si on ne connaît pas Sa Volonté ! « Là où le savoir manque, le zèle n’est pas bon ! » (Livre des proverbes 19,2). Ou encore : « Mon peuple meurt faute de connaissances » (et perd le Paradis !). (Osée 4,6).

Cette fondation (connaître et comprendre) est complétée par une seconde décrivant que faire et une troisième s’attachant davantage à l’aspect intérieur dans lequel les choses doivent être accomplies ; c’est-à-dire nos dispositions de cœur et notre état d’esprit. Cette deuxième partie présente un ensemble très vaste de prières de forme, de taille et de sensibilité variées pour que le lecteur puisse choisir au mieux celles qui lui plaisent ou encore celles qui lui sont nécessaires aux vues de sa situation particulière. La troisième partie aborde des points importants tels que : le silence, la foi, l’humilité, l’esprit de gratitude… dont la présence ou l’absence explique en grande partie que les prières soient exaucées ou non.

Le lecteur aura compris que la deuxième et la troisième partie du livre ont pour but une mise en œuvre efficace de la dévotion au Sacré-Cœur. Cette mise en œuvre est indispensable, car savoir comment faire le bien et ne pas l’accomplir est dommage. C’est même une faute, voire un péché : « Celui qui sait faire ce qui est bien, et qui ne le fait pas, commet un péché. » (Jacques 4,17). Cette négligence pourrait nous attirer les reproches de Dieu Le Fils : « Pourquoi m'appelez-vous Seigneur, Seigneur ! et ne faites-vous pas ce que je dis ? » (Luc 6,46).3 Cette situation (savoir sans faire) ressemblerait à une graine qu’on aurait achetée, mais qu’on n’aurait pas mise en terre pour qu’elle porte du fruit.

Quels sont les enjeux de cet ouvrage ?

Pour répondre à cette question d’importance, commençons par rappeler ce qu’a dit Notre Seigneur Jésus-Christ : « Quand le Fils de l’homme viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? » (Luc 18,8).

Le Sauveur connaît la réponse à Sa question, puisqu’Il la donne en saint Matthieu : « L’amour du grand nombre se refroidira, parce que l’iniquité sera multipliée. Mais celui qui aura persévéré jusqu’à la fin sera sauvé. » (Mt 24,12-13).

Il y aura donc des foyers d’amour, de paix, de charité, de joie… dans un désert de confusion, de solitude, d’amertume, d’indifférence et de non-amour. Choisissons aujourd’hui qui nous voulons servir et où serons-nous en conséquence : dans le désert ou dans l’oasis.4

Certes, ces douloureuses prophéties d’injustices allant croissantes associées au manque de charité doivent s’accomplir. Cependant nous pouvons en diminuer l’intensité, la durée et l’extension, par nos prières, notre amour, nos sacrifices, nos actions et notre exemple. L’enjeu est d’importance.

Quelques-uns pourraient nous répondre que nous sommes peu de chose ! Ils se trompent. Dieu a déposé en nos mains un pouvoir immense que nul ne peut quantifier, sinon Lui seul.5 Ce pouvoir nous pouvons l’activer. C’est la qualité, l’intensité et la durée de notre relation à Dieu qui détermineront ce pouvoir.

L’objet principal de ce livre est donc au-delà de la connaissance et la mise en œuvre de la dévotion au Sacré-Cœur, former des hommes et des femmes de foi d’espérance et d’amour et de cette manière créer et faire grandir des îlots d’amour dans le monde ou encore préserver ceux qui y sont déjà.

Le monde profane n’a pas conscience de cet enjeu. Il n’agit qu’au niveau des conséquences et a donc toujours un tour de retard, parce qu’il ne remonte pas à la cause profonde de tous les maux : le péché du monde, c’est-à-dire la séparation d’avec Dieu. Il pense qu’il n’a affaire qu’à des hommes mauvais poursuivant des buts égoïstes. Les gens qui sont dans le monde ne sont malheureusement que la surface des choses. Le combat est avant tout spirituel (cf. Ep 6,12).

C’est depuis cette sphère d’influence spirituelle que le monde physique, intellectuel et émotionnel tel que nous le voyons est dirigé dans un sens : le bien, le beau, le vrai, le pacifique ou dans un autre : le mal, la tristesse, la guerre, la faim, les épreuves et la mort.

Devant tous ces maux qui nous entourent : désir de puissance, démesure, orgueil, avarice…, Nous estimons qu’il n’y a pas de meilleur remède que Le Sacré-Cœur de Jésus-Christ.

Venez-donc auprès du Seul Sauveur, Jésus-Christ, dont les Bras sont toujours tendus 6 et Le Cœur-Sacré toujours ouvert. 7 Ces Bras et Ce Cœur sont restés ouverts pour accueillir les pécheurs afin qu’ils soient sauvés et les saints pour qu’ils y trouvent force, réconfort et courage.

« Dieu est plus grand que notre cœur et Il connaît tout » (1 Jean 3,20), aucun péché n’est trop grand pour Dieu pourvu qu’on le regrette sincèrement. Il rayonne donc de ce Cœur, tout à la fois divin et humain : Miséricorde, Justification et Sainteté pour tous ceux qui se tournent sincèrement vers Lui.

Il nous faut regarder Le Sacré-Cœur : Ils lèveront les yeux vers celui qu’ils ont transpercé dit saint Jean (Jn 19,37). Similairement aux anciens juifs qui n’étaient sauvés que s’ils regardaient avec foi le Serpent d’Airain dressé dans le désert, lorsqu’ils étaient mordus par les serpents à la morsure brûlante (Nb 21,8-9)8, il nous faut regarder ce Brasier d’Amour où nos péchés sont brûlés comme la paille dans une fournaise, les amalgames séparés et les plus légères imperfections purifiées comme l’or au creuset.

Tournez-donc les yeux vers Le Seigneur et Son Cœur débordant d’Amour : Venez puiser avec joie aux Sources du Salut ; 9 Ce n’est pas un hasard si vous avez rencontré ce livre… il a quelque chose qui vous attend.

1 Jean 16,12 : « J’aurais encore bien des choses à vous dire, mais pour l’instant vous n’avez pas la force de les porter. » - Jean (20,30-31) : Il y a encore beaucoup d’autres signes que Jésus a fait en présence des disciples et qui ne sont pas écrits dans ce livre. Mais ceux-là ont été écrits pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et pour qu’en croyant, vous ayez la vie en son nom.

2 Nous recommandons au lecteur d’approfondir ces deux vies dans un second temps, car elles sont des sources d’inspiration et de grâce. Cependant, ce n’est pas la première chose à faire, car beaucoup se sont lancés dans la spiritualité du Sacré-Cœur et se sont perdus dans cette approche historique de ces deux vies si riches. Se faisant, ils ont laissé de côté bien des choses importantes et concrètes. Nous avons fait partie nous-mêmes de ceux-là et ce livre qui est entre vos mains est le second que nous écrivons ; la correction du premier. C’est la raison pour laquelle nous avons décidé de le réécrire. Le présent ouvrage donnera donc au lecteur une brève approche historique, la parfaite compréhension de cette spiritualité et les dévotions qui y sont liées, et surtout les moyens concrets de les mettre en pratique.

3 Nous conseillons charitablement au lecteur de refermer ce livre de suite, s’il ne le lit que par simple curiosité, ce sera le mieux pour lui, car : « 47 Le serviteur qui, connaissant la volonté de son maître, n’a rien préparé et n’a pas accompli cette volonté, recevra un grand nombre de coups. 48 Mais celui qui ne la connaissait pas, et qui a mérité des coups pour sa conduite, celui-là n’en recevra qu’un petit nombre. À qui l’on a beaucoup donné, on demandera beaucoup ; à qui l’on a beaucoup confié, on réclamera davantage. »

4 Allusion à Josué guidant le peuple ; Josué 24,15 : « Choisissez qui vous voulez servir… »

5 L’histoire est remplie d’hommes qui au départ étaient seuls ou presque et qui ont fédéré autour d’eux, de sorte que la face du monde en a été changée. Les exemples abondent dans les deux camps, celui du bien et du mal. Il suffit de penser à la multitude des saints en commençant par Jésus-Christ ou à l’opposé aux divers Monarques sanguinaires, dictateurs ou autres : Hitler, Staline… Oui chacun a le pouvoir potentiel (et réel) d’influer sur le cours de l’histoire.

6 « Cherchez l'Éternel tant qu'Il se laisse trouver ; invoquez-le, tandis qu'Il est proche. » (Isaïe 55,6).

7 Comme cela fut montré à Thomas (Jn 20,27-28). Saint Thomas est donc le premier à avoir bénéficié de l’Action sanctifiante du Sacré-Cœur après La Résurrection.

8 « L'Éternel dit à Moïse : Fais-toi un serpent brûlant, et place-le sur une perche ; quiconque aura été mordu, et le regardera, conservera la vie. Moïse fit un serpent d'airain, et le plaça sur une perche ; et quiconque avait été mordu par un serpent, et regardait le serpent d'airain, conservait la vie. » (Livre des Nombres 21, 8-9).

9 « Vous puiserez avec joie aux sources du Salut » (Isaïe 12,3).

« Doux Cœur de mon Jésus, faites que je vous aime de plus en plus. »

(Prière indulgenciée, 300 jours d’indulgences)

Table des matières

Avant-Propos

Introduction

A – Les grandes révélations historiques du Sacré-Cœur à Marguerite-Marie Alacoque, avec commentaires nouveaux

1- Brève biographie de la sainte de Paray-le-Monial jusqu’à son entrée au couvent et ses vœux de religieuse.

2- Un mot sur le père Claude de la Colombière

3- Qui est le père Jean Croiset ? Une lettre édifiante

4- Première grande révélation du Sacré-Cœur à Marguerite-Marie en la fête de saint Jean : « je t’ai choisi(e) »

5- Deuxième grande révélation du Sacré-Cœur : Ce Cœur divin me fut représenté dans un trône tout de feu et de flammes, rayonnant de tous côtés

6- Troisième grande révélation du Sacré-Cœur (1

ere

partie) L’amour de réparation.

7- Troisième grande révélation du Sacré-Cœur (suite) : La Communion réparatrice des neufs premiers vendredis du mois

8- Troisième grande révélation (dernière partie) : L’heure Sainte

9- La grande apparition du Sacré-Cœur

10- Lettres à la Mère de Saumaise : Le Règne Temporel et universel de Notre Seigneur Jésus-Christ, Le Sacré-Cœur et la France.

B – La Miséricorde Divine et sainte Faustine

1- Le Tableau de la Divine Miséricorde

2- Le Chapelet de la Miséricorde divine

3- L’heure de La Miséricorde Divine : 15 heures

4- La Neuvaine de la Miséricorde Divine

5- La fête de La Divine Miséricorde

C- La dévotion au Sacré-Cœur, que faire et comment le faire ? Exemples d’attitudes de réparation, d’honneur, de consolation, d’hommage… qui réjouissent Le Cœur de Dieu

1- Pourquoi compatir et consoler Le Cœur de Dieu ? Pourquoi réparer ? Et pourquoi honorer ?

2- La Consécration personnelle au Sacré-Cœur : trois exemples de prières

3- L’Intronisation de l’image du Sacré-Cœur dans les familles

4- L’offrande de sa journée au Sacré-Cœur

5- L’Heure de Présence au Sacré-Cœur - La Garde d’honneur du Sacré-Cœur -

6- La Visite au Saint-Sacrement – La Présence auprès du Tabernacle

7- Le Sacrifice Eucharistique, la participation à La Sainte Messe

8- L’Heure sainte, comment bien la pratiquer ; exemple de séquence.

9- Méditer La Passion et Les Souffrances du Christ

10- Le Chemin de Croix : un exemple de chemin de Croix donné par Notre Seigneur

11- Jésus au jardin des Oliviers : un précieux récit pour une bonne méditation pendant l’heure sainte

12- La confession ou Sacrement de la Réconciliation

13- La communion réparatrice des 9 premiers vendredis du mois

14- Prier Le Sacré-Cœur, avec Le Sacré-Cœur, ou dans les intentions du Sacré-Cœur

Prières d’ouverture de La Solennité du Sacré-Cœur

Je Te salue, très miséricordieux Cœur de Jésus, sainte Faustine

Prière de réparation enseignée par l’Ange de Fatima

Sacré-Cœur de Jésus donnez-moi l’humilité

Grande Litanies du Sacré-Cœur

Père éternel, je vous offre Le Cœur de Jésus-Christ, Votre Fils Bien-aimé, de sainte Marguerite-Marie

Vivre d’amour de sainte Thérèse de Lisieux

Cœur de Jésus, que rien ne soit capable de me séparer de Vous !

Je vous salue, Sacré-Cœur de Jésus de sainte Gertrude

Humblement prosterné(e) au pied de votre sainte Croix, je vous dirai souvent, de Marguerite-Marie

Ô Sacré-Cœur de Jésus de saint Jean Eudes

Cœur souffrant de Jésus, de saint Jean Eudes

Très amoureux Cœur de mon unique amour, Marguerite-Marie

Cœur Sacré de Jésus, ayez pitié de ceux qui souffrent, de Mgr de Ségur

Accordez-moi pour vous aimer trois cœurs en un seul, Benoît-Joseph Labre

Acte d’amour du saint Curé d’Ars

Très bon Jésus, je Vous salue avec tous vos Saints et vos Élus – Prière de Frères chartreux

Prière au Sacré-Cœur du Bienheureux Cardinal Newman

Prière de Consécration de tout le genre humain au Sacré-Cœur

« Ô Seigneur Jésus, soyez le Roi » -

Pape Léon XIII

Consécration aux Saintes plaies de Jésus.

15- Neuvaines au Sacré-Cœur de Jésus

Première Neuvaine

Deuxième Neuvaine

16- Chapelet du Sacré-Cœur de Jésus

17- Quarante Oraisons jaculatoires indulgenciées (au Sacré-Cœur, au cœur immaculé de Marie et à saint Joseph)

Qu’est-ce qu’une oraison jaculatoire ?

Quels sont l’utilité et le bénéfice des oraisons jaculatoires ?

Qu’est-ce qu’une indulgence ?

Pourquoi les indulgences et comment en bénéficier concrètement ?

Comment « fonctionnent les indulgences ?

Les quarante prières indulgenciées (oraisons jaculatoires)

18- Participation à La Solennité du Sacré-Cœur, années A, B et C

19- Les douze promesses du Sacré-Cœur (dans leur version la plus répandue et dans les lettres originelles)

20- Le Cœur de Jésus sera notre délice au Ciel

D - Dévotion au Cœur immaculé de Marie - La dévotion réparatrice des cinq premiers samedis du mois

E - Dévotion au Chaste Cœur de saint Joseph et aux trois cœurs unis de : Jésus, Marie, Joseph

F - Sauvegardes et scapulaires du Sacré-Cœur

G - Les dispositions de Cœur et les dispositions pratiques pour bien mettre en œuvre la spiritualité du Sacré-Cœur, la spiritualité du Cœur Immaculé de Marie et des trois cœurs unis de : Jésus, Marie, Joseph

1- L’humilité

2- La Foi – La Confiance et L’Espérance

3- La Charité fraternelle

4- Les Sacrifices

5- L’Intercession

6- Le Silence

7- La Parole

8 - Le non-jugement

9- L’esprit de gratitude

10- La ferveur (et la tiédeur) - le zèle du salut des âmes

H- Quelques miracles attribués au Sacré-Cœur

Quel est le but ultime et sublime de la dévotion au Sacré-Cœur ?

La Dévotion au Sacré-Cœur : la voie Royale de l’amour

De l’amour personnel à l’amour divin

Conclusion

Annexes

Bibliographie de saint Claude de la Colombière

Tableau indicatif des degrés d’amour dans Le Sacré-Cœur et les moyens d’y parvenir

Je vous exhorte, mes frères, par la miséricorde de Dieu, à lui offrir votre personne et votre vie en sacrifice sain

Viens Esprit-Saint

Viens Esprit-Saint nous visiter – Veni Creator

Litanies du Précieux Sang

Pater Noster

Ave Maria

Credo in Deum

Ouvrages du même auteur

Remerciements

Je suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé !

(Luc 12,49)

Introduction

Depuis le commencement, Dieu a voulu manifester Son Amour et ses Bontés aux hommes : « Une source sortait de la terre et arrosait toute la surface du sol. » (Genèse 2,6). 10Cette source qui irriguait toute la terre et lui donnait la vie naturelle est la figure du Sacré-Cœur donnant la vie surnaturelle au monde : « Je suis venu pour que vous ayez la vie et la vie en abondance. » (Jn 10,10).

Dieu nous aime, voici le centre de l’Écriture : « Bien-aimés, aimons-nous les uns les autres, puisque l’amour vient de Dieu. Celui qui aime est né de Dieu et connaît Dieu. Celui qui n’aime pas n’a pas connu Dieu, car Dieu est amour. » (1 Jean 4,7-8). Tout est dit ici ou presque. Se pénétrer de cette vérité - Dieu est Amour - permet à toutes les autres vérités de prendre racine en nous. Sans cette pénétration dans notre intelligence et dans notre cœur de l’Amour de Dieu pour nous, tout le reste est vain et éphémère : « J’aurais beau être prophète, avoir toute la science des mystères et toute la connaissance de Dieu, j’aurais beau avoir toute la foi jusqu’à transporter les montagnes, s’il me manque l’amour, je ne suis rien. » (1 Corinthiens 13,2).

Le Père aime Le Fils et Le Père aime les hommes, c’est pourquoi Il leur donne ce qu’Il a de plus précieux : Son Fils Unique Jésus-Christ : « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son fils l’unique engendré non pas pour juger le monde, mais pour le Sauver. » (Jn 3,16). L'image sensible de L'Amour qui brûle dans le sein du Père, c’est Le Sacré-Cœur du Fils. Le Sacré-Cœur est l’aboutissement de L’Amour de Dieu pour les hommes. Ce Cœur est comme La Source du Paradis terrestre (Genèse 2,8) ou encore celle sortant de sous le seuil du Temple du côté de l’Orient que décrit Ézéchiel (cf. Ez 47,1). Le Sacré-Cœur, à la fois divin et humain, transpercé du Sauveur, est le lieu de rencontre privilégié des âmes avec Dieu. Il est aussi Ce Foyer brûlant où se déroule l’alchimie de l’amour.

C’est donc Le Fils Bien-aimé qui est chargé de manifester l’Amour du Père aux hommes et de les y conduire : « Le Père aime le Fils et a tout remis entre ses mains. » (Jn 3,35). Le Sauveur aime les hommes du même amour dont son Père l’aime : « Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimé ; demeurez dans mon amour. » (Jn 15,9). Il existe une cascade d’amour qui part du Père, passe par Le Fils et se déverse abondamment sur nous.

L'amour se prouve, non par de belles paroles uniquement, mais par les actes : « Petit enfant n’aimons pas de mots seulement, mais en action et en vérité. » (1 Jean 3,18). Plus l'œuvre entreprise par amour est difficile et pénible, plus elle témoigne d'un amour ardent. La plus haute expression de l’amour, c’est l’amour oblatif ; c’est pourquoi cet amour s’est spécialement manifesté à La Passion. Le Cœur de Jésus-Christ Transpercé sur La Croix est le symbole de l'Amour de Dieu Père, Fils et Saint-Esprit, pour nous.11

Le Sacré-Cœur transpercé sur La Croix met donc un comble, un débordement, aux outrages que Le Sauveur voulut recevoir de ses ennemis pour en faire ses amis. Car s’il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis (cf. Jean 15,13), que dire alors de Celui qui va jusqu’à donner Sa Vie pour ses ennemis ! Le coup de lance que reçut Jésus après Sa mort est Le Sceau en bas du Testament d’Amour de toute La Trinité. Le Christ a été blessé pour que par La Blessure visible de Son Cœur, la blessure invisible de l'Amour de toute La Trinité nous devînt manifeste.

De ce Cœur Brûlant d’amour jaillirent du haut de L’Arbre de Vie les Sacrements : L'Eau qui efface le péché du monde et Le Sang qui donne la Vie Éternelle. Ce Cœur répandant Le Sang et l’Eau, figures des Sacrements, est la preuve de l’humanité du Sauveur. Par la suite, Notre Seigneur Ressuscité gardera Ses plaies, comme Le Trophée de Sa Victoire et montrera à Thomas Les Plaies de Ses Mains et La Plaie de Son Côté. De cette vision, Thomas qui était incrédule devint croyant. Il s’écria plein de foi et d’émotion : « Mon Seigneur et mon Dieu. » (Jn 20,28). Ici se trouve le premier homme devenu saint grâce au Sacré-Cœur. La vision du Sacré-Cœur est donc un moyen de sanctification et de Salut.

Le Cœur dans la Bible désigne tout l’être d’une personne dans son ensemble. C’est pourquoi Jésus en nous donnant Son Cœur nous donne par Lui tout son être. Car, le cœur est non seulement le siège des émotions, mais celui des pensées aussi. C’est dans Son Cœur, c’est-à-dire au plus intime de Lui-même, que Dieu fit Alliance avec l’homme dès l’Ancien Testament : « 20 Noé bâtit un autel au Seigneur ; il prit, parmi tous les animaux purs et tous les oiseaux purs, des victimes qu’il offrit en holocauste sur l’autel. 21 Le Seigneur respira l’agréable odeur, et Il se dit dans son Cœur : « Jamais plus je ne maudirai le sol à cause de l’homme : le cœur de l’homme est enclin au mal dès sa jeunesse, mais jamais plus je ne frapperai tous les vivants comme je l’ai fait. » (Genèse 8,20-21).

Le Cœur transpercé sur la Croix, c’est la révélation, elle est ancienne et s’actualise chaque jour par Le Saint-Esprit. La dévotion au Sacré-Cœur par contre est relativement récente. Dieu a choisi une humble religieuse cloîtrée du monastère de la Visitation à Paray-le-Monial : Sœur Marguerite-Marie Alacoque pour redire aux hommes le grand amour qu’Il leur porte et ce qu’Il attend en retour de cet amour.

Plusieurs saints et saintes ont comme annoncé les révélations que ferait Notre Seigneur à sainte Marguerite-Marie Alacoque. On peut citer saint Jean Eudes qui composa un office pour Le Cœur de Marie (1648) et un autre pour Le Cœur de Jésus (1672), saint Bonaventure, sainte Gertrude…

Bien avant eux, dès le commencement de Sa Passion, pourrait-on dire, Dieu avait manifesté La Puissance de son Cœur à saint Jean l’évangéliste. L’écoute de ce Cœur si aimable et admirable avait donné à l’apôtre Jean, et à lui seul, la force de suivre Le Rédempteur jusqu’au pied de La Croix. Et c’est au pied de cette Croix, centre de l’histoire des hommes, que saint Jean a reçu Marie pour Mère, La Nouvelle Ève qui nous enfante dans L’Esprit, du nom “ chrétiens “.12

C’est ensuite que se produisit l’impensable ! Cette vision du Cœur Transpercé, centre de la dévotion au Sacré-Cœur : « Jn 19,28 Après cela, sachant que désormais toutes choses étaient accomplies, et pour que l'Écriture s'accomplisse jusqu'au bout, Jésus dit : « J'ai soif. »

29 Il y avait là un récipient plein d'une boisson vinaigrée. On fixa donc une éponge remplie de ce vinaigre à une branche d'hysope, et on l'approcha de sa bouche. 19,30 Quand il eut pris le vinaigre, Jésus dit : « Tout est accompli. » Puis, inclinant la tête, il remit l'esprit.

19,31 Comme c'était le vendredi, il ne fallait pas laisser des corps en croix durant le sabbat ... 32 Des soldats allèrent donc briser les jambes du premier, puis du deuxième des condamnés que l'on avait crucifiés avec Jésus. 33 Quand ils arrivèrent à celui-ci, voyant qu'il était déjà mort, ils ne lui brisèrent pas les jambes, 34, mais un des soldats avec sa lance lui perça le côté ; 13 et aussitôt, il en sortit du sang et de l'eau. 35 Celui qui a vu rend témoignage, afin que vous croyiez vous aussi. (Son témoignage est véridique et le Seigneur sait qu'il dit vrai.) 36 Tout cela est arrivé afin que cette parole de l'Écriture s'accomplisse : aucun de ses os ne sera brisé. 37 Et un autre passage dit encore : Ils lèveront les yeux vers celui qu'ils ont transpercé. »

Au pied de la Croix, aux côtés de Marie, La Mère de Dieu et de l’Église, se trouvaient aussi en plus de saint Jean quelques femmes. Tous ceux-là préfiguraient les apôtres du Sacré-Cœur dont fit partie sainte Marguerite-Marie Alacoque et saint Claude de la Colombière.14« L’amour est fort comme la mort » (Ct 8,6), plus fort même ! Puisqu’il ne s’est pas laissé arrêter par elle et a désiré poursuivre au-delà.

Quelles sont les grandes révélations que Le Christ a faites à Marguerite-Marie Alacoque ? En quoi consiste cet amour de réparation dont parle Notre Seigneur ? Comment et pourquoi réparer ? Qui doit le faire ? Les mêmes choses sont-elles demandées à tous ? Comment mettre en œuvre très concrètement cet amour de réparation ?

Y a-t-il d’autres aspects très importants dans la dévotion au Sacré-Cœur que l’amour de réparation ? Nous verrons que la réponse est sans équivoque, oui. Alors quels sont ces autres aspects de la dévotion au Sacré-Cœur ? Y a-t-il des « niveaux d’exigence ou de sainteté » dans cette dévotion ? En quoi consiste finalement cette dévotion au Sacré-Cœur ? Quelles sont les véritables promesses que Le Sauveur a faites à ceux qui embrasseront cette dévotion ? 15 Quels sont les autres dévotions qui lui sont intimement liées ? Et bien d’autres questions encore auxquelles nous répondrons.

« Joie pour les cœurs qui cherchent Dieu. »

(Ps 105, 3)

10 Ce verset est traduit aussi par : « Une fontaine s’élevait de la terre et en irriguait toute la surface. » (Ge 2,6).

11 Il ne faut pas avoir une vue trop restrictive du Sacré-Cœur de Jésus-Christ.

12 « Or, près de la croix de Jésus se tenait sa mère, avec la sœur de sa mère, Marie femme de Cléophas, et Marie Madeleine. 26 Jésus, voyant sa mère, et près d'elle le disciple qu'il aimait, dit à sa mère : « Femme, voici ton fils. » 27 Puis il dit au disciple : « Voici ta mère. » Et à partir de cette heure-là, le disciple la prit chez lui. » (Jn 19,25-27).

13 La Tradition l’appelle Longin.

14 Le Révérend Père de la Colombière sera le confesseur de Marguerite-Marie Alacoque, il exercera son ministère à Paray, de la fin de février 1675 à la fin de septembre 1676 ; soit un peu plus de dix-huit mois. C’est pendant cette période qu’aura lieu ce que l’histoire du Sacré-Cœur a retenu comme étant la grande apparition du Sacré-Cœur.

15 Ce ne sont pas les douze promesses telles qu’on les rencontre très souvent. Celles-ci sont des versions grossièrement simplifiées, sauf pour la douzième qui généralement a été conservée dans sa formulation d’origine. Il faut revenir à l’original.

A – Les grandes révélations historiques du Sacré-Cœur à Marguerite-Marie Alacoque, avec commentaires nouveaux

« Père juste, le monde ne vous connaît pas ; mais moi je vous connais et ceux-ci ont reconnu que vous m'avez envoyé aussi. Et je leur ai fait connaître votre nom, Je le ferai connaître encore, afin que l'amour dont vous m'avez aimé soit en eux et moi en eux. »

(Jean 17,25-26)

1- Brève biographie de la sainte de Paray-le-Monial jusqu’à son entrée au couvent et ses vœux de religieuse.

Marguerite Alacoque naît le lundi 22 juillet 1647,16 dans le village de Hautecour en Bourgogne d’une famille aisée. Elle est la petite dernière de cinq enfants. 17 Son père Claude Alacoque, juge et notaire royal des seigneuries de Corcheval, du Terreau et d’autres lieux voisins, avait épousé Philiberte Lamyn en 1639. C’était un homme fort apprécié. Son frère Antoine Alacoque était curé. C’est lui qui fut le parrain de Marguerite et la baptisa au troisième jour de son existence. Toute la famille vivait dans une propriété composée d’une ferme et d’un grand pavillon. C’est là que se passa l’enfance de Marguerite.

Très tôt la jeune enfant montre son inclination à la sainteté. C’est ainsi que vers l’âge de cinq ans, sa marraine, Marguerite de Saint-Amour, dont la fille était Visitandine, soucieuse de son rôle d’éducatrice spirituelle désira la garder quelque temps auprès d'elle dans son château de Corcheval. Quand elle avait fini, elle laissait Marguerite libre de jouer et de courir dans les allées du parc, en accord avec sa nature dynamique et joyeuse. Mais, c’est dans la chapelle du château qu’on retrouvait le plus souvent la jeune enfant.

À genoux, immobile, et ses petites mains jointes, les yeux fixés sur le tabernacle. 18 Enflammée d’amour, tel un Séraphin, elle savait que Jésus habitait dans la sainte Hostie. Elle était donc là comme les Trônes et les Chérubins adorant Dieu. Le Tout-Puissant était là livré à sa créature, enfermé par amour pour l’homme.

Toute petite, Dieu Éternel et Tout-Puissant lui fit comprendre Sa Sainteté et l’horreur du péché. Il lui apprit la valeur de la pureté et la laideur de la moindre tache sur la blancheur de son âme. Le Très-Haut donnait à sa fille de tels élans vers la pureté que sans bien savoir ce que c'était, elle se sentait continuellement pressée de dire ces paroles : « Ô mon Dieu, je vous consacre ma pureté et je vous fais vœu de perpétuelle chasteté ». C’est ainsi qu’à ses cinq ans, Marguerite fit vœu de virginité perpétuelle entre deux élévations du Corps du Christ, sans trop savoir ce que cela signifiait.

Quand Marguerite eut un peu plus de huit ans, un terrible drame familial survint qui allait bouleverser toute la vie de la famille. Le 11 décembre 1655, le père de Marguerite-Marie meurt brutalement. Sa mère, accablée de chagrin et en butte avec toutes les affaires à démêler, les terres à surveiller, avec en plus la charge des cinq enfants se décide à mettre sa petite fille en pension chez les Clarisses de Charolles. Marguerite s’adapte rapidement et se plaît beaucoup au milieu de ces religieuses.

Elle montre tant de dispositions pour la religion que dès l’âge de neuf ans elle fait sa première communion. Cette rencontre avec Jésus alluma dans le cœur de Marguerite une nouvelle flamme d’amour qui ne s’éteignit jamais, mais au contraire ne cessa de grandir. À partir de ce moment, on la vit changer. Elle, si joyeuse, si remuante dans les récréations, ne sut plus s’amuser comme avant et prenait ce temps de récréation pour prier secrètement à l’écart. Elle pratiquait aussi de sévères mortifications dont personne ne savait rien.

Quelques mois après sa première communion un mal mystérieux la frappe. Voici qu’elle tombe si gravement malade que bientôt elle ne peut plus marcher. La jeune Marguerite se retrouve alitée jour et nuit. Elle était devenue si maigre que ses os lui perçaient la peau et elle souffrait sans cesse. Les religieuses désemparées étaient impuissantes à la guérir ou même à la soulager de ce mal mystérieux.

Au bout de deux longues années passées dans ce triste état, sa mère la retire du couvent et la prend chez elle, parce que Marguerite est à toute extrémité. Tous s’attendent à ce que le pire arrive d’un moment à l’autre. Cependant le pire n’arrive pas, parce que Dieu avait décidé qu’elle vivrait pour accomplir une œuvre merveilleuse. Notre sainte demeurera comme cachée au monde et restera en tout presque quatre longues années à souffrir de ce mal étrange, passant ses interminables journées dans le recueillement et la prière. 19

Marguerite acceptait son sort, comme seules peuvent le faire les âmes d’élite. Elle prenait courageusement son mal en patience priant et méditant du matin au soir et du soir au matin.

Notre sainte isolée dans sa chambre échappait pour l’instant quelque peu à l’agitation domestique, car sa maison familiale avait fort changé depuis son départ pour le couvent. Elle était maintenant occupée par un oncle fort rude, des cousins, deux grands-mères, de vieilles tantes... Cette nombreuse parenté faisait beaucoup de bruit et se disputait souvent.

Un jour, l’inspiration vint à sa mère de proposer à sa fille de faire un vœu à la Sainte Vierge : Marguerite se consacrerait à Marie si elle guérissait. Cette proposition de devenir « une fille de La Vierge » ravit Marguerite. D’autant que depuis son enfance, elle lui portait une grande dévotion et la priait sans cesse, son chapelet ne la quittant pas. Elle récitait pieusement le Rosaire et c’est par lui qu’elle recevait la force d’âme, la patience et la paix. Sa dévotion ne s’arrêtait pas au Rosaire. La jeune Marguerite récitait aussi quotidiennement sept Ave en souvenir des sept douleurs de Notre Dame des douleurs, la sainte Patronne des martyrs.20

La suite nous est contée par la sainte elle-même : « Je n’eus pas plus tôt fait ce vœu, dit-elle, que je reçus la guérison, et de surcroît avec une nouvelle protection de la Vierge. » Dès lors, Notre-Dame se fit la céleste directrice de celle qu'elle venait de rendre à la vie.

Notre Mère la gouverna avec plus d’exigence. À partir de ce jour, la Très Sainte Mère la reprenait de ses moindres imperfections et de ses moindres fautes. L’Immaculée, comme peut le faire une maîtresse exigeante, dirigeait sa fille sur le chemin étroit de la sainteté.

Un exemple nous apparaît éloquent. Un jour que Marguerite avait pris la liberté de s'asseoir pour réciter son rosaire, Sa Mère, La Souveraine des anges lui exprima son désaccord vis-à-vis d’une telle désinvolture lui disant : Je m'étonne, ma fille, que tu me serves si négligemment. Par la suite jamais plus Marguerite ne récita son Rosaire assise.

Cette maîtresse des âmes est aussi La Mère de Miséricorde. Marguerite confie : « dans mes difficultés, dans mes peines, j’invoquais Marie, Je n’osais m’adresser à son divin Fils, mais toujours à Elle. » La future sainte avait compris que La Mère de Dieu est la porte du Grand Roi, l’éclatante entrée de la Lumière.21 C’est avec Marie que nous allons à Jésus.

Maintenant que Marguerite était guérie, elle se retrouvait mêlée à la vie du monde ; c’est-à-dire à la vie quotidienne de cette très nombreuse parenté. La pauvre enfant s’aperçut bien vite qu’il y avait davantage de raisons de pleurer que de se réjouir. En effet, sa maman devant les difficultés qui lui apparaissaient insurmontables s’était résignée à confier toutes ses affaires à son beau-frère, Toussaint Delaroche. Celui-ci avait investi la maison familiale avec des parentes. Peu à peu, il avait dépouillé la mère de Marguerite de son autorité dans sa propre maison qu’il avait faite sienne. Il faisait maintenant régner la tyrannie autour de lui, surtout auprès de Marguerite et de sa mère qui ne savaient pas s’en défendre. Quand cet oncle n’était pas là, il n’y avait pas de répit non plus, car il avait confié cette triste besogne de surveillance aux tantes et aux grands-mères qui se faisaient une joie de l’exécuter avec zèle. Ainsi, s’étaient-elles emparées de toutes les clefs de la maison, armoires y compris, et personne ne pouvait plus toucher à rien sans leur permission, spécialement Marguerite et sa mère. C’est vis-à-vis d’elles qu’elles se montraient les plus intransigeantes et les plus injustes. Plus d’une fois, on refusa de leur ouvrir la porte des armoires à vêtement ou celle de l’entrée. Elles se retrouvaient ainsi prisonnières de leur propre maison !

Leur emprise était si forte que la sainte avouera : « nous n’osions rien faire sans leur permission ». Marguerite désirait-elle se rendre à la messe ? Il fallait une autorisation. L’armoire qui renfermait robe et manteau était fermée, les vieilles femmes mettaient un méchant plaisir à lui refuser la clef. Les gens qui l’entouraient cherchaient mille prétextes pour empêcher ses visites à l’église. Si les larmes de Marguerite coulaient devant leurs refus, on se moquait d’elle. Les deux êtres chers de feu Monsieur Alacoque étaient devenus des esclaves dans leur propre maison. Et comme si cela ne suffisait pas, toutes les occasions étaient bonnes pour les humilier. L’oncle accablait souvent la jeune Marguerite de grossiers reproches et de calomnies : « Paresseuse ! égoïste, tu n’es pas digne de manger du pain ! … » Il allait même jusqu’à battre la pauvre enfant maintenant guérie. Aussi, parfois, n’osait-elle s’asseoir à la table de famille. Après le souper, elle devait se rendre à la cuisine pour laver la vaisselle avec les domestiques et il lui arrivait mille autres choses du même genre… Mais passons sous silence toutes ces méchancetés pour dégager de la place pour des choses plus édifiantes : ces malheurs étaient les croix que Notre Seigneur avait disposées dans leur vie, selon Sa Sagesse et Son Amour. Parce qu’elles les supportèrent avec une grande patience, ces croix de la Terre augmentèrent leur mérite pour le Ciel et le poids de gloire qui est leur contrepartie, selon La Justice de Dieu. 22

« Le disciple n’est pas au-dessus de Son Maître, ni le serviteur au-dessus de Son Seigneur. » (Mt 10,24). Personne ne peut entrer dans le Royaume des Cieux s’il n’a pas été configuré au Christ et avoir suivi son chemin. Et quel est ce chemin ? Celui du renoncement, de l’humiliation, du refus d’être accueilli. Et Marguerite a éprouvé dans son cœur, déjà si jeune toute les amertumes du Rédempteur qui est venu chez les siens, mais n’a pas été bien reçu (cf. Jn 1,11).

Les années passèrent comme elles purent. Pendant ces tristes temps, la jeune fille ne trouvait de joie que dans la prière et dans l’église du village, quand elle pouvait échapper à la surveillance de ses bourreaux ! Alors là, devant le tabernacle solitaire, elle oubliait ses peines. Jésus la consolait, l’attirait tendrement à Lui et elle ne pensait plus qu’à se « consumer en Sa Présence comme un cierge ardent, pour lui rendre amour pour amour ».

— « J’y aurais passé des jours et des nuits sans boire ni manger », confie-t-elle.

Marguerite avait maintenant dix-huit ans. Elle était une jeune femme charmante avec ses boucles brunes et ses grands yeux noirs. Sa mère se mit en quête de la marier pour qu’elles échappent toutes les deux à cette vie si peu enviable. Elle fit confectionner de jolies robes à sa fille et la conduisit dans des réunions où la jeune fille fut trouvée fort ravissante. Plusieurs jeunes gens de partis fort intéressants demandaient sa main. Marguerite se laissait distraire, car la lourdeur du climat familiale et sa nature joyeuse l’y incitaient. Sa mère la pressait d’accepter un parti ou un autre : « Je t’en prie mon enfant, suppliait-elle, décide-toi, songe que si tu te maries je pourrai m’en aller avec toi ! ».

Mais rentrée dans sa chambre, Marguerite pensait avec remords à la promesse faite à Dieu d’être religieuse, et elle passait le reste de la nuit en prière le cœur meurtri par les remords. Ainsi d’un côté il y avait le monde et sa mère et de l’autre Notre Seigneur. Les trois se disputaient leur empire sur cette âme choisie.

Notre sainte était intérieurement tourmentée et ne savait que faire, parce que Notre Seigneur l’appelait auprès de Lui, mais dans le même temps Marguerite aimait tendrement sa mère et connaissait ses souffrances. Entrer au couvent revenait à l’abandonner à son triste sort et elle ne pouvait s’y résoudre ; son cœur se déchirait à la pensée de l’abandonner pour entrer au couvent… Rien de grand dans le monde ne s’est accompli sans sacrifice !

Marguerite ne reçut le sacrement de Confirmation que fort tard, pour des raisons indépendantes de sa volonté et de celle de sa famille. C’est en 1669, à l'âge de vingt-deux ans, qu’elle l’a reçu de Mgr Jean de Maupeou, évêque de Chalon-sur-Saône. La Providence qui ne fait rien au hasard avait fait en sorte qu’elle ne reçoive ce sacrement qu’à cet âge avancé, dans une période de sa vie où justement elle en avait le plus besoin, parce qu’elle était en butte au tourment. Ainsi, fut-elle revêtue de la force d'en haut au moment le plus crucial. Elle reçut avec ce sacrement une nouvelle effusion des grâces de l'Esprit-Saint. Notre Seigneur imprima dans son cœur un grand amour pour les pauvres. Elle se rendait auprès d’eux pour les aider et les instruire. Notre Seigneur n’avait-il pas répondu à Juda : « Des pauvres, vous en aurez toujours autour de vous, et quand vous le voudrez, vous pourrez leur faire du bien. » (Marc 14,7). Ainsi, tout ce que Marguerite pouvait obtenir, elle le leur donnait.

Elle visitait aussi les malades et les soignait pour l’amour de Jésus. Elle lavait et pansait leurs plaies avec une ardeur toute surnaturelle malgré ses vives répugnances. Enfin, elle invitait les petits enfants à venir dans sa maison ou les réunissait pour leur apprendre le catéchisme au grand dam de ceux et celles qui la persécutaient inlassablement.

Ainsi deux mondes se battaient en elle, car la lutte entre la vie religieuse et la vie maritale se poursuivait, et le combat devenait chaque jour plus terrible et plus intime. Notre Seigneur Jésus-Christ faisait valoir Ses droits. Il lui disait : « Je t'ai choisie pour mon épouse et nous nous sommes promis la fidélité, lorsque tu m'as fait vœu de chasteté ! C'est moi qui te pressais de le faire, avant que le monde n’y eût aucune part, dans ton cœur ; car je le voulais tout pur et sans être souillé des affections terrestres, et pour me le conserver comme cela, j'ôtai toute la malice de ta volonté, afin qu'elle ne le pût corrompre. Et puis je te mis en dépôt au soin de ma sainte Mère, afin qu'elle te façonnât selon mes desseins... j'ai envie de te faire comme un composé de mon amour et de mes miséricordes… »

Notre Dieu est un Dieu jaloux et fidèle. Notre Dieu est un Dieu jaloux, car c’est lorsque Marguerite a décidé de se consacrer entièrement à Lui en faisant vœu de chasteté qu’Il a décidé d’en faire son épouse : Je t'ai choisie pour mon épouse, lorsque tu m'as fait vœu de chasteté ! C’est pourquoi Dieu ne peut pas avoir les mêmes rapports avec une personne qui lui est entièrement consacrée comme un prêtre, une religieuse ou un laïc consacré et avec un homme ou une femme qui a une charge de famille ou une autre charge. 23

Notre Dieu est fidèle : «Puis j’ai vu le ciel ouvert, et voici un cheval blanc : celui qui le monte s’appelle Fidèle et Vrai, il juge et fait la guerre avec justice.12 Ses yeux sont comme une flamme ardente, il a sur la tête plusieurs diadèmes, il porte un nom écrit que nul ne connaît, sauf lui-même.13 Le vêtement qui l’enveloppe est trempé de sang, et on lui donne ce nom : « le Verbe de Dieu ». (Apocalypse 19). Il désire que cette fidélité soit réciproque : nous nous sommes promis la fidélité.

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Au milieu de ces tourments « qui commençaient » à tourner à l’avantage de Notre Seigneur, un matin où elle était allée communier à l’église du village, Jésus-Christ se manifesta à elle sous d’autres traits : « Après la communion, il me fit voir qu'il était le plus beau, le plus riche, le plus puissant, le plus parfait et accompli de tous les amants ; et que, lui étant promise depuis tant d'années, d'où venait donc que je voulais tout rompre avec lui pour en prendre un autre. — Oh ! apprends que si tu me fais ce mépris, je t'abandonne pour jamais ; mais si tu m'es fidèle, je ne te quitterai point, et me rendrai ta victoire contre tous tes ennemis. J'excuse ton ignorance, parce que tu ne me connais pas encore, mais si tu m'es fidèle et me suis, Je t'apprendrai à me connaître et me manifesterai à toi. » Marguerite fit son choix. En rentrant à la maison, elle déclara fermement qu’elle ne se marierait jamais et serait religieuse. Sa mère comprit dès lors qu’elle ne devait plus disputer son enfant au bon Dieu. Marguerite allait obtenir quelque chose de meilleur, Dieu, parce qu’elle avait renoncé à quelque chose de bon (mais plus petit) : l’état de mariage.

Restait à savoir dans quel Ordre elle entrerait. Ici encore, nouvelles embûches et nouvelles épreuves, mais Dieu veillait ! On consentait bien à ce qu’elle se fît religieuse, mais chez les Ursulines de Mâcon, parce qu'elle y avait une parente. Or, notre sainte entendait au fond de son âme une secrète voix qui lui disait : « Je ne te veux point là, mais à Sainte-Marie. » Un jour, voyant un tableau de saint François de Sales, elle vit son regard si paternel qu'elle ne douta plus que ce saint dût bientôt devenir son père.

Mais « un dernier » péril allait encore survenir. Le monde allait lui livrer un ultime assaut. Voici que sa mère tombe gravement malade et semble à toute extrémité. Voici que tout le monde se fait un devoir de la convaincre de ne plus songer actuellement au cloître et de différer son entrée, certains vont même jusqu’à lui dire que sinon elle serait responsable de la mort de sa mère !

L'attente se prolonge pour notre pauvre sainte, jusqu'à ce qu'enfin Dieu dépêche son messager en la personne d’un religieux de Saint-François qui convainc son frère de la laisser accomplir sa vocation de religieuse.

Mais, on persiste encore à vouloir la mettre à Sainte-Ursule, là où il y avait la parente. Mais notre sainte bien déterminée ne se laisse pas faire : « Il faut vaincre ou mourir » se répétait-elle souvent, et à force d’entêtement, de prières et de supplications, on finit par renoncer et céder à son choix venu du ciel. C’est alors qu’on lui présente plusieurs couvents qui s’accordent bien à cette dévotion mariale. Quand elle entend celui de Paray, à la dilatation de son cœur, elle comprend qu’elle a enfin trouvé le lieu où il fallait qu’elle soit selon La Volonté de Dieu. Et en entrant dans le parloir pour le visiter une voix intérieure se fit entendre, confirmant son émotion : « C'est ici que je te veux. ». C’est le 25 mai 1671, à l'âge de 24 ans, que Marguerite-Marie entre définitivement au monastère remportant ainsi sur le monde sa première très grande victoire.

Très rapidement, dès son noviciat, Notre Seigneur lui expose une partie importante du projet qu’Il a pour elle : « Je cherche une victime pour mon Cœur, laquelle voudra se sacrifier comme une hostie d'immolation à l'accomplissement de mes desseins. » Le Sauveur prépare ici son épouse à la dimension réparatrice de la dévotion au Sacré-Cœur. Il lui déclare encore : « Moi, ton Époux, ton Dieu et ton Amour, ma bien-aimée, je suis venu pour revêtir ton âme de la robe d'innocence, afin que tu ne vives que de la vie d'un Homme-Dieu, et pour cela je simplifierai et purifierai toutes tes puissances, afin qu'elles ne reçoivent plus aucune impression étrangère. Et c'est en présence de La Sainte Trinité et de ma sainte Mère que je te fais cette grâce, laquelle si tu viens une fois à perdre, tu ne la recouvreras jamais, et tu te précipiteras dans un abîme si profond, à cause de la hauteur du lieu où je t'ai logée, qui est la plaie de mon Cœur, que tu ne pourras jamais te relever de cette chute. »

Simplicité, pureté, humilité et consécration entière à Dieu voici le travail que Jésus-Christ désire faire avec les âmes. Et plus l’âme est élevée dans la connaissance, plus elle a vécu dans l’intimité de Dieu, plus elle est en grand danger de se perdre à jamais, si elle lui tourne le dos, parce qu’elle a davantage reçu et est bien plus consciente de ce à quoi elle renonce. C’est pour cela que Dieu n’a pardonné ni à Adam et Ève ni aux Anges, parce qu’ils avaient reçu énormément et que leur intelligence purifiée était bien au-dessus de celle de l’homme d’aujourd’hui, même le plus intelligent de ce monde. C’est donc en pleine conscience qu’ils tournèrent le dos à Dieu, c’est pourquoi ils ne furent pas pardonnés.

Son Divin Époux lui dit encore : « Sois toujours disposée à me recevoir, Je serai toujours prêt à me donner à toi. Tu seras souvent livrée à la fureur de tes ennemis, mais ne crains rien, je t'environnerai de Ma Puissance et serai le prix de tes victoires. »

Cette déclaration peut paraître surprenante : Jésus livre son épouse à la fureur de ses ennemis ! Mais Dieu est Maître de tout. Comme dans l’histoire de Job, c’est Le Tout-Puissant qui met une borne au mal. Il en règle les limites dans le temps, dans l’espace et dans l’intensité et en termes de fréquence.

De plus qui se ressemble s’assemble et qui s’assemble finit par se ressembler. Jésus qui s’est livré pour nous à ses ennemis veut configurer sa fille et son épouse à Sa Personne et la rendre participante à l’œuvre de la Rédemption par Ses souffrances associées aux siennes. Saint Paul avait compris ces choses quand il écrivit : « Je complète en ma chair ce qui manque aux souffrances du Christ. » (Col 1,24). Dieu qui est Juste et Saint nous récompensera en proportion de nos sacrifices et de notre amour : « Si nous souffrons en communion avec Le Christ, alors avec Le Christ nous régnerons. » (2 Th 2,12).

Marguerite Alacoque fit sa profession de foi religieuse le dimanche 6 novembre 1672. Elle accola à son prénom de Marguerite celui de la Mère de Dieu et prit donc pour nom d’épouse du Christ celui de Marguerite-Marie Alacoque. Selon le cérémonial de l'Ordre, elle s'étendit sous le drap mortuaire. Le célébrant prononça alors la phrase rituelle : « Ma Sœur, vous êtes morte au monde et à vous-même, pour ne vivre plus qu'à Dieu. » Et notre sœur devenue épouse du Christ fit les trois vœux de pauvreté de chasteté et d'obéissance, pour être plus conforme à Son Divin et chaste Époux qui de riche se fit pauvre pour nous enrichir de sa pauvreté (cf. 2 Co 8,9) et qui en tout fit La Volonté du Père (He 10,6-7 ; Jn 4,34 ; Jn 5,30 ; Jn 6,38 ; Jn 17,4 ; Mt 26,39…).

Après sa profession de foi, Marguerite-Marie passa successivement par de nombreux emplois du monastère. Partout, elle recueillit la myrrhe des souffrances et des humiliations, comme le désirait La Providence Divine. Le Fils de Dieu qui avait été en butte à la contradiction sur la Terre désirait une épouse qui fut à Son image et à Sa ressemblance.

En tout, La sainte de Paray-le-Monial comme on la nomme quelquefois, fille de saint François de Sales et de Jeanne de Chantal, recevra plusieurs centaines de visites ou communications intérieures de Notre Seigneur. L’histoire en retiendra essentiellement trois ou quatre qui sont reportées dans le présent ouvrage. 24 Ces grandes révélations sont l’essence même de la chrétienté et des dispositions de cœur à avoir pour être véritablement fils et filles de Dieu selon Son Cœur.

L’Église a attesté de la véracité de ces révélations. Le premier à le faire fut le père Claude de La Colombière, confesseur de Marguerite-Marie à un moment où elle en avait le plus besoin – Tout concoure à ceux qui aiment Dieu (Ro 8,29).

Marguerite-Marie Alacoque et Claude de la Colombière seront par la suite tous les deux reconnus Vénérables, puis bienheureux et enfin saints par l’Église du Christ. Marguerite-Marie a été canonisée le 13 mai 1920 par le pape Benoît XV et sa fête est célébrée le 16 octobre. Quant à Claude de la Colombière, il fut canonisé par le pape Jean-Paul II le 31 mai 1992.

16 Marguerite Alacoque ajoutera à son prénom celui de Marie lorsqu’elle deviendra religieuse.

17 Diocèse d’Autun - Territoire de Verosvres en Charolais.

18 Cette attitude de Marguerite-Marie nous évoque le Psaume 15 : « 1 Garde-moi, mon Dieu : j'ai fait de toi mon refuge.2 J'ai dit au Seigneur : “Tu es mon Dieu ! Je n'ai pas d'autre bonheur que toi. “ La part qui me revient fait mes délices ; j'ai même le plus bel héritage ! Je garde le Seigneur devant moi sans relâche ; il est à ma droite : je suis inébranlable."

19 Cette durée n’est pas fortuite. Elle est semblable à la durée du ministère public du Sauveur. Dieu désirait par ces souffrances associer sa future épouse à son œuvre de Rédemption. C’est comme si Marguerite accompagnait de ses prières Le ministère public du Rédempteur. cf. 2 Th 2,12.

20 Par la suite Marguerite se mit à jeûner le samedi, pour honorer La Vierge Marie, Mère de Dieu et des hommes qui désirent entrer dans le projet de Dieu (cf. Jn 1,12) – Le samedi dans la Tradition catholique est dédié à Marie.

21 Voir La prière “ ô glorieuse Dame “ qu’affectionnait particulièrement saint Antoine de Padoue. C’est cette prière sur les lèvres qu’il remit son âme à Dieu.

22 « Il faut passer par bien des tribulations pour atteindre le royaume des Cieux. » (Ac 14,22).

23 Ceci est une règle générale, mais Dieu dans son entière liberté et Toute-Puissance peut en décider autrement, comme Il le fit avec saint Pierre qui était marié.

24 Quand l’occasion se présentera, nous ajouterons aussi en plus des trois grandes révélations qui sont généralement reportées, d’autres communications intimes que Notre Seigneur a faites à sa fille, son épouse, pour notre édification et une compréhension plus fine de ce que désire réellement Notre Seigneur.

2- Un mot sur le père Claude de la Colombière

Jésus avait dit à Sa fille et épouse Marguerite-Marie qu’Il lui enverrait un prêtre selon Son Cœur, un prêtre qui la comprendrait. Ce prêtre de la compagnie de Jésus que Notre Seigneur a désigné comme « son serviteur fidèle parfait ami », c’est Claude de La Colombière.

Dès ses dix-huit ans, il entre chez les Jésuites et est ordonné dix ans plus tard en 1669. Six ans plus tard, en 1675, il est envoyé à Paray-le-Monial comme supérieur de la communauté du couvent de la Visitation.25 En tant que Confesseur des religieuses, Claude de la Colombière rencontre alors Marguerite-Marie et garantit auprès de La Mère supérieure la véracité des propos de Marguerite-Marie. Quand le père Jésuite se présenta à elle, sœur Marguerite-Marie entendit ces paroles au fond d'elle : Voilà celui que je t'envoie. Le Sauveur fit de plus entendre à la sainte et prudente religieuse, qu'Il voulait qu'elle découvrît au père les trésors de son adorable Cœur, afin qu'il en fît connaître et en publiât le prix et l'utilité.

Le séjour du père de la Colombière à Paray-le-Monial se termina en octobre 1676, quand il fut nommé prédicateur de la duchesse d’York à Londres. Bien que l’Angleterre fût officiellement non-catholique, le roi Charles II autorisa son frère, le duc d’York, à avoir une chapelle au palais St James. L’aumônier devait venir de l’étranger ; c’est ainsi que le père de la Colombière quitta son pays pour aller vivre à une cour étrangère. Il continua à prêcher ce qui lui tenait le plus à cœur le message de l’amour du Christ pour les hommes, symbolisé par son Sacré-Cœur. Ses sermons touchèrent le cœur de la duchesse et elle devint la première personne de sang royal à envoyer une pétition au Pape Innocent XII d’instituer une fête solennelle en l’honneur du Sacré-Cœur.

Notre Bien-Aimé Seigneur tenait donc le Père de La Colombière en très haute estime, et ce témoignage de Jésus en sa faveur que rapporte Marguerite-Marie en est un exemple éloquent : « Une fois que le Père Claude disait notre messe de communauté, Le Seigneur le combla de grâces. Et, comme elle s’approcha pour le recevoir par la sainte communion, Il lui montra Son Sacré-Cœur, comme une Ardente fournaise, et deux autres cœurs qui s’y allaient abîmer, lui disant : “C’est ainsi que mon pur amour unit ces trois cœurs pour toujours. “ ».

Notre Seigneur a donc non seulement uni le cœur de Marguerite-Marie au sien Adorable, mais encore celui du père Claude de la Colombière.

« Après, Il lui fit entendre que cette union était toute pour la gloire de Son Sacré-Cœur, dont il voulait qu’elle lui découvrît les trésors, afin qu’il en fît connaître et en publiât le prix et utilité. Et pour cela, il voulait qu’ils fussent comme frère et sœur, également partagés des biens spirituels. »