Le Sûtra en 42 articles - Léon Feer - E-Book

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Léon Feer

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Beschreibung

Les Annales chinoises signalent le Sûtra en 42 articles comme le premier traité bouddhique qui ait été apporté en Chine et traduit en chinois. Il est désigné comme le « livre fondamental ». Cet ouvrage, court, et, en général assez clair, est donc bien, pour les Chinois, et cela dès les temps les plus anciens, l’ouvrage le plus populaire du bouddhisme, celui qui en fait le mieux connaître les traits essentiels : c’est un véritable catéchisme ou manuel bouddhique.

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Le Sûtra en 42 articles

Traduction parLéon Feer

Table des matières

INTRODUCTION

Le Sûtra en 42 articles

PRÉAMBULE

1. LE ÇRAMANA. — L’ARHAT

2. LES QUATRE DEGRÉS DE PERFECTION

3. LA PERFECTION ABSOLUE

4. LE RÉGIME DES MOINES

5. LES DIX PÉCHÉS

6. L’ACCUMULATION DES PÉCHÉS

7. PATIENCE DANS LES INJURES

8. INVULNÉRABILITÉ DU SAGE

9. LES MÉRITES RELIGIEUX SONT INALTÉRABLES

10. GRADATION DES AUMÔNES ET DES DIGNITAIRES

11. LES VINGT CHOSES DIFFICILES

12. COMMENT OBTENIR LA BODHI ?

13. VERTU, GRANDEUR, FORCE, ÉCLAT

14. L’EAU SALE ET L’EAU BOUILLANTE

15. SCIENCE ET LUMIÈRE

16. UNIQUE PRÉOCCUPATION D’UN BUDDHA

17. IMPERMANENCE DE TOUTES CHOSES

18. LA FOI

19. LE MOI

20. LE PARFUM DE LA GLOIRE

21. LE COUTEAU ENDUIT DE MIEL

22. LA FRAYEUR DES FRAYEURS

23. LA PLUS ÉNERGIQUE DES PASSIONS

24. LA TORCHE DES PASSIONS

25. TENTATION DU BUDDHA

26. LE JUSTE MILIEU

27. NE POINT SE FIER À SON CŒUR

28. RÉSERVE À L’ÉGARD DES FEMMES

29. L’INCENDIE DES PASSIONS

30. LA MUTILATION VOLONTAIRE

31. LA CRAINTE

32. LE COMBATTANT

33. LA TENSION DE LA CORDE

34. ÔTER LA ROUILLE

35. LA DOULEUR PARTOUT ET TOUJOURS

36. HUIT CHOSES DIFFICILES

37. LA DURÉE DE LA VIE

38. LA DISTANCE

39. LE MIEL DE LA LOI

40. LE CHAPELET ÉGRENÉ

41. LE BŒUF EMPÊTRÉ DANS LE MARAIS

42. DE QUEL ŒIL LE BUDDHA CONSIDÈRE TOUTES CHOSES

43. ÉPILOGUE

INTRODUCTION

Le petit ouvrage, dont nous allons donner la traduction, a eu, tant en Asie qu’en Europe, une destinée assez remarquable pour qu’il nous semble à propos d’en exposer ici les principaux incidents.

Les Annales chinoises signalent le Sûtra en 42 articles comme le premier traité bouddhique qui ait été apporté en Chine et traduit en chinois. Il est du moins cité au premier rang parmi les livres que l’empereur Ming-ti envoya chercher dans l’Inde en l’an 65 de notre ère ; il est même le seul dont le titre soit reproduit, les autres ouvrages étant indiqués en bloc par un etcetera ; il est en même temps désigné comme le « livre fondamental ». Cet ouvrage, court, et, en général assez clair,malgré quelques bizarreries et plusieurs divagations métaphysiques, est donc bien, pour les Chinois, et cela dès les temps les plus anciens, l’ouvrage le plus populaire du bouddhisme, celui qui en fait le mieux connaître les traits essentiels : c’est un véritable catéchisme ou manuel bouddhique. Nous n’insistons pas davantage sur ce point, qui sera mis clairement en évidence par la notice historique placée à la suite du Sûtra1.

Ce Sûtra en 42 articles, au moyen duquel le bouddhisme indien a été enseigné aux populations de « l’Empire du milieu », est aussi le livre dans lequel l’érudition française a trouvé les premières notions qu’elle a obtenues sur le bouddhisme chinois. Je dis « le bouddhisme chinois », car, avant qu’on eût connaissance de notre Sûtra, le bouddhisme avait été révélé à l’Europe par les différents travaux des ambassadeurs et des missionnaires français qui allèrent dans l’Indo-Chine au temps où Louis XIV essaya d’entamer des relations diplomatiquesavec le roi de Siam Phra Narai. Le chevalier de Chaumont, l’abbé de Choisy, le P. Tachard et surtout Laloubère, le plus sérieux et le plus complet de ces écrivains, donnèrent sur le bouddhisme, tel qu’ils l’avaient vu pratiquer à Siam ou qu’ils l’avaient pu connaître par les livres du pays, des renseignements assez exacts et assez étendus. Les études pour lesquelles Laloubère avait frayé la voie, ne rencontrèrent pas de partisans ; et ce ne fut pas sans peine qu’on parvint, par la suite, à constater l’identité du Somana-Khodom des Siamois, avec le Fo des Chinois. Mais les premières indications, un peu précises, que l’on eut sur ce Fo, furent puisées dans le livre qui nous occupe en ce moment, le Sûtra des 42 articles.

De Guignes fut le premier qui parla de ce traité important. Le 24 juillet 1753, il lut à l’Académie des inscriptions et belles-lettres un mémoire intitulé : Recherches sur les philosophes appelés Samanéens. — Je ne veux pas parler longuement de ce mémoire où il y a beaucoup de faits, beaucoup de conjectures hasardées, et même beaucoup d’erreurs, maisen même temps un certain nombre d’assertions qu’il suffit, soit de compléter, soit de modifier légèrement pour les faire correspondre à la réalité. Au début, l’auteur annonce que la deuxième partie de son travail contiendra « la notice de quelques ouvrages » des Samanéens. Or, ces ouvrages sont au nombre de deux, l’un qu’il appelle Anbertkend, étranger au bouddhisme2, mais sur lequel il s’étend le plus longuement, l’autre, qu’il intitule Su che ulh tcham-king, « traduction chinoise d’un livre indien attribué à Fo » ; ce second ouvrage, dont il est question seulement dans les cinq ou six dernières pages du mémoire, est précisément notre Sûtra des 42 articles. Nous ne reproduirons pas ici les observations de De Guignes ; elles se réduisent à la mention des faits historiques relatifs à l’introduction de cet ouvrage en Chine et à quelquesdiscussions philologiques, ou mieux mythologiques, d’une valeur assez contestable. En somme, il dit fort peu de choses du livre lui-même, donne une sorte de paraphrase du préambule et renvoie pour le reste à son histoire des Huns, qui doit en offrir la traduction complète.

En effet, dans le premier tome de la seconde partie de ce volumineux ouvrage, on lit (pp. 227-233) notre Sûtra quelque peu écourté, pour éviter les redites, mais, à cela près, reproduit en entier. Toutes les parties s’y trouvent, plusieurs, à la vérité, singulièrement réduites ; tel paragraphe, d’une certaine étendue, y est représenté par une seule phrase. La division des articles, indiquée par le titre même de l’ouvrage, n’y est pas observée.

Cette traduction, assez fidèle à tout prendre, si l’on considère l’ensemble, est cependant bien loin d’avoir l’exactitude qui est possible et requise aujourd’hui. Et il ne faut pas s’en étonner. L’étude du sanskrit était encore à créer à cette époque ; la clef des études bouddhiques n’avait pas encore été trouvée ; et De Guignes était aussi peu en état de rétablir et d’interpréter les termes indiens transcrits en chinois, que de comprendre les idées spéciales propres à l’enseignement de Çâkyamuni. Cette impossibilité de saisir le sens vrai de l’exposé des doctrines bouddhiques contenu dans le Sûtra en 42 articles, doit servir d’excuse à De Guignes pour l’étrange opinion qu’il a émise au sujet de ce traité ; il se montre disposé à y voir les élucubrations d’une des sectes chrétiennes de l’Église naissante et va presque jusqu’à le prendre pour un des évangiles apocryphes ; d’où sa conclusion que la religion introduite en Chine, sous Ming-ti, ne devait pas être autre chose que le christianisme. On ne songe plus aujourd’hui à soutenir une pareille thèse qui n’a désormais d’intérêt que pour ceux qui, suivant la marche de la science, veulent être au courant de ses tâtonnements. Du reste, De Guignes lui-même est revenu sur son assertion ; vingt-deux ans de recherches assidues avaient modifié ses conclusions ; et dans un mémoire sur l’Établissement de la religion indienne dans la Chine et son histoire jusqu’en 531 de J.-C.3, lu à l’Académie des inscriptions le 10 juillet 1776, il émet un doute (car il ne se rétracte pas d’une manière catégorique) sur la supposition émise antérieurement par lui que le Sûtra en 42 articles pourrait avoir une origine chrétienne ; et la raison qu’il donne de ce revirement d’opinion, c’est que « ce livre, existant déjà en indien dès l’an 65 de J.-C., paraît devoir être plus ancien » que « la publication de l’Évangile dans les Indes ». On verra plus loin ce que nous pensons de l’existence de notre Sûtra « en indien » en l’an 65 de notre ère ; mais nous devons donner acte à De Guignes de sa timide rétractation d’une opinion ancienne et erronée dont l’affirmation avait à peine été atténuée par les réserves avec lesquelles il l’avait formulée.

Abel Rémusat, dans un savant et judicieux article qui commence la série de ses Mélanges posthumes 4, a pleinementrendu justice à De Guignes, en relevant les mérites et signalant les erreurs de ce savant dans les mémoires et ouvrages de lui que nous avons cités. Cet examen amena l’illustre sinologue à dire quelques mots de notre Sûtra. « Ce livre, presque entièrement moral, dit-il, ne présente pas les difficultés qui peuvent arrêter dans l’interprétation d’un ouvrage de métaphysique ou rempli d’allusions à la mythologie5. » Et revenant à De Guignes, il ajoute : « Néanmoins, les extraits qu’il en a faits et qu’il a placés, soit dans son mémoire, soit dans l’histoire des Huns, sont loin d’être irréprochables. » Assurément, il s’en faut que la version de De Guignes soit parfaite ; elle est remplie d’inexactitudes, et n’avait sans doute pas la prétention d’être définitive ; ce n’est pas le dernier mot sur le Sûtra en 42 articles, c’est le premier, et prononcé à une époque où l’on ne pouvait être au clair sur le vrai sens de ce livre. Mais il faut savoir gré à De Guignes d’avoir appelésur lui l’attention et d’en avoir immédiatement donné une interprétation, assurément très-imparfaite en elle-même, mais remarquable, si l’on tient compte des difficultés de la tâche et des conditions indispensables au succès d’un pareil travail, conditions qui faisaient totalement défaut à De Guignes.

Les premiers travaux faits sur le bouddhisme, à l’aide des documents sanskrits et pâlis (ou singhalais), ne pouvaient pas profiter directement au Sûtra des 42 articles, dont l’existence, dans une quelconque des littératures indiennes, n’a point encore été signalée et demeure toujours absolument ignorée. Il est néanmoins bien regrettable que Abel Rémusat, dont l’attention avait été attirée sur ce petit traité et qui avait su apprécier l’imperfection du travail de De Guignes, ne se soit pas attaché à ce texte, dont l’importance n’avait pu lui échapper, pour en donner une interprétation nouvelle fondée sur une connaissance plus parfaite de la langue chinoise et sur les découvertes dues aux progrès récents des études sanskrites. Peut-être, si sa carrière n’avait pas étésitôt brisée, nous aurait-il donné quelque travail, étude, analyse ou traduction de ce Sûtra ; car il le cite dans sa dernière note du chapitre vi du Foè kouè ki, où il l’appelle Le livre de Foè en 42 chapitres (p. 44) ; il donne même la traduction abrégée d’un de ces chapitres dans ses notes sur le chapitre xvii de la relation de Fa-Hian (p. 165), en citant le titre chinois du Sûtra qu’il écrit Sse chy eul tchang king. Dans les notes du Foè kouè-ki, Klaproth, continuateur d’Abel Rémusat, cite aussi notre Sûtra dont il écrit le titre un peu différemment ; il l’orthographie Szu-chy-eul tchang king. Nous parlerons plus loin de la particularité qui a motivé cette citation. Ce que nous voulons montrer en ce moment, c’est que, lors des savantes recherches dont le bouddhisme fut l’objet à la suite de la naissance des études sanskrites, le petit traité qui nous occupe ne fut pas oublié ; seulement, on n’y attacha pas l’importance qu’il méritait, soit à cause de sa petitesse, soit parce que ceux qui s’en occupèrent n’eurent pas le temps de l’examiner avec une attention suffisante.

Stanislas Julien, pour qui la traduction de ce livre eût dû n’être qu’un jeu, s’en occupa encore moins qu’Abel Rémusat. Arrivé, dans sa traduction d’Hiouen-Thsang, à un passage déjà traduit par Klaproth et relatif à la caverne d’Indra, il met, à propos des 42 questions, la note suivante : « Il existe un livre intitulé : Sse chi-eul-tchang-king. « Le livre sacré en 42 articles. » … Il renferme peut-être les 42 points de doctrine que le Bouddha est censé avoir expliqués à Çakra (Indra.) » Peut-être est sage et prudent ; mais la phrase prouve que Julien n’avait pas lu ce traité, dont le seul exemplaire, purement chinois, aujourd’hui existant à la Bibliothèque, y est cependant entré par ses soins. Nous aurons occasion de revenir sur le passage important de Hiouen-Thsang qui a provoqué les remarques de Klaproth et de Julien.

Les premiers qui, après De Guignes, donnèrent une traduction complète du Sûtra en 42 articles, furent deux hommes très-peu savants, les missionnaires lazaristes Huc et Gabet, qui en avaient rapporté d’Asie un exemplaire polyglotte(tibétain-mandchou-mongol-chinois), et en donnèrent une traduction française dans le Journal asiatique, en 1848 (juin).

Dans ses Souvenirs d’un voyage dans la Tartarie et le Thibet, Huc raconte qu’il traduisit cet ouvrage au Tibet, pendant la résidence de plusieurs mois qu’il fit au monastère de Tchogortan, voisin du grand établissement de Kunbum, dans la région N.-E. du pays ; il donne même, à cette occasion, quelques extraits du Sûtra. On voit, par ce qu’il en dit, que ce livre lui servait à apprendre le tibétain ; mais le tibétain doit être la langue qui lui a le moins servi pour son travail. Dans le Journal asiatique, la traduction est donnée comme faite sur le mongol. Cette assertion m’étonne beaucoup, et je n’aurais jamais pensé que le mongol eût été l’original suivi par les traducteurs ; car les noms propres et les mots appartenant à la terminologie bouddhique qui devraient être ramenés à leur forme sanskrite (ce que les traducteurs se gardent bien de faire) sont donnés généralement sous la forme mandchoue, quelquefois sous la forme chinoise, jamais sous la forme mongole ; Huc et Gabet reproduisent les tours de phrases mandchous et chinois, jamais les mongols, encore moins les tibétains. Bref, si le mongol leur a été utile, ils en ont fait un usage très-modéré.

Nous croyons n’être que juste en disant que le travail des lazaristes a une mince valeur scientifique ; leur traduction est certainement plus complète et plus fidèle dans les détails que celle de De Guignes ; tout ce qui appartient au langage ordinaire et rentre dans les idées communes y est assez exactement rendu ; mais, pour tout ce qui touche à la doctrine, aux théories, à la nomenclature du bouddhisme, leur travail est très-insuffisant et au-dessous de la science du temps. Il suffit, pour s’en convaincre, de comparer l’article ix de leur traduction avec la version abrégée que donne Abel Rémusat dans le Foè kouè ki (p. 164-5). Nos missionnaires connaissaient le bouddhisme pour l’avoir vu pratiquer en Chine, en Mongolie, au Tibet ; mais ils ne l’avaient pas étudié scientifiquement, et ils manquaient de la préparation nécessaire pour le travail qu’ils avaient entrepris ; ils ne pouvaient réussir.