Léa - Veronique Simard-Gosselin - E-Book

Beschreibung

"Léa l’étoile filante" raconte l’histoire de Léa Savard, une enfant atteinte de paralysie cérébrale, maintenant adulte, qui vit avec des limitations physiques au quotidien et se déplace en fauteuil roulant. Dans ce récit, inspiré du vécu de son autrice, l’amour d’Émily, sa grande sœur, et Léa est vraiment fort et porte cette dernière à réaliser ses rêves les plus fous.

Léa a 28 ans et vit dans un Complexe locatif, dont son père, Vincent Savard est le président, avec des colocs qui, eux aussi, ont des limitations physiques. Ils sont heureux de vivre ensemble une certaine autonomie dans ce milieu adapté à leurs besoins de jeunes adultes à mobilité réduite. Léa a l’impression de connaître cette vie « normale » dont elle rêve depuis son plus jeune âge.

Émily Savard est, de son côté, travailleuse sociale à Marguerite-Bergeron, une école spécialisée de Québec, où étudie sa petite sœur. Artiste dans l’âme, Émily aime aussi peindre des toiles représentant Léa, entre autres, à qui elle enseigne même une technique pour peindre avec la bouche. Léa relève le défi. Rien ne peut arrêter les deux sœurs inséparables.

Émily, dans la mi-trentaine, fait plusieurs prises de conscience sur ce qu’elle veut et ne veut plus dans la vie en observant sa sœur, son étoile filante, évoluer avec beaucoup de résilience ! Léa est son modèle et elle voudra témoigner son parcours pour inspirer d’autres poussières d’étoiles afin qu’elles suivent leur route.

"Léa l’étoile filante" se passe en 2023 et est une porte ouverte sur les aventures de la famille des Savard-Boucher. Ainsi, les deux sœurs, Émily et Léa, écrivent un livre sur le vécu de la petite sœur du duo complice, teintée par les épreuves que Sarah-Ann Boucher, leur mère, et Vincent Savard, leur père, ainsi que Léa ont vécues, de la naissance de la fillette jusqu’à son adolescence et, bien sûr, les victoires obtenues par cette véritable étoile qui trace sa vie.

Malgré une santé fragile, Léa avance dans la vie avec un regard rempli d’amour pour la vie. SA vie. Les membres de sa famille sont tissés serrés. Ils sont ainsi des piliers solides qui la supportent tout au cours de son développement. C’est ce que vous découvrirez dans les prochaines pages du merveilleux monde de Léa et Émily.

À PROPOS DE L'AUTRICE

Véronique Simard-Gosselin est née le 10 juin 1994 à Québec. Enfant prématurée, elle a grandi avec la paralysie cérébrale. Dès sa naissance, Véronique a dû se battre pour vivre et se développer. Déterminée, elle a réussi à déjouer bien des pronostics. Dès l’âge de quatre ans, elle a étudié à l’école Marguerite-Bergeron, une école spécialisée pour les personnes qui vivent avec des limitations physiques. Puis, au cours des dernières années, elle a fréquenté le Centre Louis-Jolliet dans le groupe « Je prends ma place ». Véronique a des idées plein la tête. Elle a d’ailleurs pris au sérieux son entourage qui lui disait qu’avec les histoires et les personnages qui trottaient dans sa tête, elle aurait de la matière pour écrire un livre. Ainsi, à 27 ans, elle a contacté les Complices, un groupe d’auteurs et d’autrices sur Facebook qui se motivent à avancer d’un pas de plus, qui l’ont aidée à concrétiser le rêve d’écrire son premier livre, Être autrice, artiste dans l’âme, était son rêve. Le voilà accompli !

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Crédit-photo pour la page couverture arrière : Cathy Martineau, photographe

Couverture et mise en page : Ecoffet Scarlett

Rédaction : Amélie Carrier

Relecture des textes en audio : Arielle De Garie

Relecture du manuscrit : Alexis Boulanger

Toute représentation partielle ou totale est interdite sans le consentement de l’auteure.

La révision linguistique de cet ouvrage est assurée par : Marie-Claude Jouvet

Cette publication est dirigée par :

Téléphone : 418-271-6578

Courriel : [email protected]

Site web : editionsenoya.com

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Je dédie ce livre à ma nièce, Maelle, quand elle sera plus vieille

À mes parents

À ma sœur

À mes cousins et cousines

À mes amis

Ce livre est pour un public de 20 à 99 ans

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Remerciements

 

 

J

e remercie tous ceux et celles qui m’ont aidée à réaliser ce rêve.

 

Je tiens à remercier Amélie Carrier qui a toujours été là pour moi, pour m’aider, pour foncer, pour trouver des idées, et cela malgré les hauts et les bas que nous avons vécus dans ce périple.

 

Je remercie aussi Viviane d’avoir pris le temps de m’aider à trouver des idées de voyages pour la petite Léa, mais malgré tout cela, l’histoire a changé d’essence plusieurs fois. Désolée Viviane, on se reprendra, sûrement dans le Tome 2.

 

Je remercie Véronique qui, au début, a su m’aider à essayer de trouver mes personnages et de les faire vibrer. Mais comme je ne savais pas comment développer mon histoire, mon équipe a dû les changer plusieurs fois, alors veuillez m’en excuser profondément.

 

Je remercie tous ceux qui ont su m’aider à faire un premier jet.

 

Je remercie aussi Lyne Fugère qui a su trouver de son temps, même si elle n’en avait pas beaucoup, pour m’aider à la poursuite de l’écriture.

 

Pour ce qui est de l’histoire d’aujourd’hui que vous allez lire dans ce roman, je remercie Amélie d’avoir été ma rédactrice officielle. Je remercie aussi Arielle De Garie qui m’a lu en audio les chapitres qu’Amélie Carrier avait écrits et corrigés pendant tout ce temps. Je remercie également Alexis Boulanger pour la relecture complète de mon manuscrit et ses commentaires visant à perfectionner l’histoire de Léa.

 

Merci à ma charmante éditrice, Gwen Bobée d’avoir accepté de m’éditer, de lire mon livre avec impatience et de trouver mon histoire très touchante. Grâce à elle, aujourd’hui, je fais maintenant partie de la grande famille des auteurs du Québec. Il y aura sans doute un Tome 2.

J’aimerais remercier Suzie Champagne, la créatrice du groupe, « Les Complices ». qui m’a fait entrer dans son univers et suivre sa formation gratuitement, car elle savait que je n’avais pas beaucoup d’argent.

 

Je remercie aussi les librairies qui accepteront mon roman.

 

Je remercie toute l’équipe de Gwen Bobée, c’est-à-dire, sa réviseure linguistique, sa graphiste, son imprimeur.

 

Merci aux gens qui m’ont donné des sous dans mon Go Fund Me, je parle ici de mes parents, ma sœur et ma famille et de tous les contributeurs.

 

Merci maman pour les corrections que tu as faites et j’en profite aussi pour remercier Alexandra qui malgré son manque de temps a su en trouver un peu pour corriger le début de mon manuscrit.

 

Merci à tous mes invités d’être parmi nous au lancement pour fêter ce beau moment avec moi.

 

 

 

 

 

 

Préface

 

J

e me souviendrai toute ma vie de la première fois où Véronique m’a contactée en compagnie de sa plume-fantôme, Amélie. C’était par un doux samedi après-midi d’automne quand un duo très énergique, contrastant avec la plénitude du moment, s’est présenté à moi. Cette énergie m’a positivement contaminée lorsqu’elles m’ont parlé à tour de rôle du projet de livre de Véro. Une histoire qui m’a interpelée et pour laquelle j’ai accepté, sans hésitation, la démarche d’édition. Lorsque j’ai lu l’histoire de Léa, dont Véronique en est la muse, j’ai été profondément touchée.

 

Véro, tout comme le personnage de Léa dans son livre, Léa l’étoile filante, est née très prématurément. Trop. Lorsque la grossesse s’interrompt à cinq mois de grossesse et que le poupon ne pèse qu’une seule petite livre, il est facile de comprendre que la vie ne tient qu’à un fil. La métaphore utilisée par la réalisatrice Laure Delasalle est celle du « bébé funambule », faisant référence à l’équilibre entre la vie et la mort qui montre bien la précarité du trop petit bébé.

 

Comment tisser le lien d’attachement familial, alors que le début de la vie de Léa (et de Véro) mise essentiellement sur la survie du bébé pour tenter coûte que coûte d’améliorer sa croissance et son développement ? C’est pourtant une histoire d’attachement profond que vous lirez entre les parents de la petite Léa, mais aussi, et j’ai même envie de dire surtout, entre Léa et sa sœur.

 

S’ajoute à la grande prématurité de Léa, la paralysie cérébrale. Même si celle-ci est la déficience motrice la plus courante chez l’enfant, concernant 17 millions de personnes dans le monde, il n’en demeure pas moins que c’est une tragédie lorsque cette nouvelle réalité survient dans notre propre cellule familiale.

 

Une force surhumaine doit habiter ce nouveau-né pour tenter de survivre, puis de vivre. Véro, alias Léa, est tel un petit oisillon qui a su déployer ses ailes progressivement et intensément, dès sa naissance en se battant à chaque instant de sa petite vie et en déjouant tous les pronostics qui étaient en sa défaveur.

 

Vivant moi-même avec une limitation physique depuis près de dix ans, je suis à même de savoir quelle énergie et quelle force de caractère il faut, pour rester optimiste, joyeux et avoir une attitude aussi intense et vivante que celle de Léa. Et c’est avec brio qu’elle le fait pourtant. La magnificence de l’âme de Léa est à la fois une ode à la vie et un rappel cruel, mais nécessaire qu’il ne faut rien tenir pour acquis.

 

Telle une étoile filante, le personnage de Léa, inspiré de la vie de Véro, malgré le fait qu’il y a également une grande part de fiction, est un point lumineux que nous pouvons apercevoir si nous sommes chanceux. Elle traverse la vie ou la voute céleste en laissant derrière elle une trainée brillante. Lorsqu’on connait Véro, on se rend compte de sa chance de connaitre une telle battante qui nous laisse une empreinte éclatante de son parcours.

 

Une chose est certaine, ce livre saura marquer les cœurs de chacun qui le liront… comme il a su marquer le mien.

 

Bonne lecture

 

GwenÉditriceLes Éditions Enoya

Chapitre 1Résilience

 

 

E

n ce 12 septembre 2023, quelques semaines après la rentrée scolaire, Émily, travailleuse sociale dans la mi-trentaine, se prépare pour aller travailler à Marguerite-Bergeron, l’école spécialisée où étudie sa sœur Léa depuis ses dix-huit ans, son petit-ange gardien comme elle aime l’appeler. Elle passe sa main dans les boucles de sa longue chevelure brune et se gratte la tête, signe qu’elle est inquiète. Elle n’a pas ses menstruations depuis quelques semaines. Habituellement, elle est réglée comme une horloge. Elle va chercher un test de grossesse dans la salle de bain. Elle en a toujours quelques-uns en réserve au cas où ce genre de situation se présenterait. Il y a déjà plusieurs années qu’elle désire avoir un enfant. Elle urine sur la petite languette du test et après quelques minutes, constate avec stupeur qu’il est positif. Son cœur bat la chamade. Elle reste figée un instant, puis elle court vers le téléphone pour annoncer la nouvelle à Loïc, son mari. Ce dernier, radiologiste, est déjà à l’hôpital et comme à l’habitude, il est très occupé. Elle n’est donc pas surprise de devoir laisser le message suivant sur son répondeur: « Salut, mon cœur. Quand tu auras une minute, peux-tu me rappeler s’il te plaît ? » Sa voix est calme, mais elle cache bien ses émotions, car, en vérité, elle est habitée par un grand vertige…

Elle caresse son ventre et sourit en murmurant : « Léa, j’ai tellement hâte de t’apprendre la nouvelle. Ce petit aura trop de chance d’avoir une tante championne comme toi ! »

L’histoire de Léa, dans laquelle Émily est elle-même une participante active, l’inspire. Elle rêve déjà de pouvoir raconter toutes ces anecdotes empreintes de résilience à ses enfants. En effet, sa sœur a vécu beaucoup d’épreuves. Véritable petite fleur, elle ne s’est pas montré le bout du nez prématurément sans complications : la paralysie cérébrale. Malgré tout, elle a réussi à être admise à l’école, après huit ans de dures luttes pour survivre et gagner de l’autonomie. Elle habite maintenant en colocation dans un appartement supervisé… Elle ne l’a pas eu facile dans la vie : beaucoup de hauts et de bas, et plusieurs épreuves à traverser pour survivre, mais aussi pour atteindre ses buts. Car Léa n’est pas simplement un handicap, mais une jeune femme de vingt-six ans aux longs cheveux blonds et aux yeux bleus avec une histoire et des espoirs.

Il y a deux façons d’aborder les obstacles qui surgissent devant soi, soit d’avancer un pas à la fois, en se fixant des objectifs à atteindre et en acceptant l’aide que ça prendra pour se propulser vers l’avant, soit de s’apitoyer sur son sort et de subir sa condition. Léa, la fonceuse, la résiliente a pris la première option, ce qui ne veut pas dire que, par moment, elle n’a pas eu envie de tout lâcher. Mais dans ces instants-là, nous, ses alliées, sa famille, sommes là pour lui donner une petite poussée bienveillante. Chez les Boucher, on se soutient et on s’aime, malgré les aléas de la vie.

Sur ces pensées qui se précipitent dans sa tête, Émily avale une bouchée tout en feuilletant un dossier. Comme d’habitude, aussi active qu’une queue de veau, elle sort de chez elle, saute dans sa Jetta bleue et se rend à l’école où un avant-midi chargé l’attend, car la plupart des élèves qui fréquentent Marguerite-Bergeron en ont gros sur le cœur. Il n’est pas facile d’avoir un handicap, surtout lors des échanges avec les autres enfants qui peuvent être si méchants entre eux. Elle espère de tout cœur empêcher d’autres « Léa » de vivre de l’intimidation comme sa sœur en a vécu à l’époque où elle allait à l’école Saint-François… Dire que l’intimidation vient de personnes qui ont toute leur mobilité et leurs cinq sens, MAIS… côté empathie, on peut repasser…

À peine Émily a-t-elle garé sa voiture devant l’école que, soudain, son téléphone sonne : c’est Loïc !

—  Qu’est-ce qui se passe ? Pourquoi tu m’as appelé ? Dépêche-toi, j’ai été bipé pour une radio d’urgence ! J’ai quelques minutes…

— Bon ben, j’vais faire ça court. J’ai l’impression que tu ne seras pas content…

— Pourquoi ? 

— Ben, parce que je suis enceinte. 

Quelques secondes de silence s’écoulent avant que Loïc ne réplique froidement, agacé, comme s’il parlait de jeter une seringue usagée :

— Quoi ? Tu me disais pourtant prendre la pilule et…

— Je la prends aussi, mais voilà, on a dû avoir un problème de calcul et…

— Avoue que tu l’as arrêtée pour profiter de moi et avoir un bébé ? Je t’avais dit de mettre un stérilet aussi !

— Jamais je ne mettrai de stérilet, je ne veux pas empêcher la vie de naître.

— Toi et tes valeurs pro-vie aussi…

— Oui et toi, je ne te reproche jamais tes sorties avec tes amis médecins, tes congrès, si je veux un bébé, c’est mon corps, ma vie, SA vie.

— Ben là, je ne veux rien savoir d’un bébé. Ce n’est pas TA vie, c’est NOTRE vie… Pis, pour les congrès, tu sais que c’est pour la job et…

— Et pour coucher avec une belle infirmière de temps en temps…

— Tu sais que c’est arrivé juste une fois et…

— Une fois où je l’ai appris, oui… en tout cas… là n’est pas le sujet…

— Tu sais qu’on n’est jamais à la maison et que nos horaires sont déjà épouvantables. On sauve déjà assez de monde, pas besoin d’un individu de plus qui va nous en demander ! Si, toi, tu veux le garder, c’est ton choix, mais tu t’en vas. Je suis tanné de tes caprices…, s’exclame Loïc, d’un ton tremblant de colère.

— MES caprices ? Loïc, on parle de la vie d’un enfant qui n’a rien demandé…

— Tu te fais avorter OU JE VEUX LE DIVORCE !

Il raccroche. Au mot « avorter », Émily a un long frisson qui parcourt son dos. Son sang se glace, sa mâchoire se serre. Alors que des larmes coulent sur ses joues, dans sa tête se bousculent des images de sa sœur dans son fauteuil roulant. Elle se remémore la fois où Léa se promenait à ses côtés, toute fière de lui raconter comment s’était passée sa première semaine d’école ; celle où Léa avait ENFIN repris du poids et pouvait être débranchée de tous ces fils et rentrer à la maison, dans SA FAMILLE. Émily espère à son tour pouvoir s’occuper d’un enfant. Mais qu’importe ce qui ferait de lui un être unique, elle était prête à l’accueillir… Sa sœur lui a appris la patience et à donner : elle lui a appris à Être.

En repensant à tous ces moments fantastiques, Émily crie de rage, les larmes aux yeux. Ce Loïc… Ce sujet a toujours été chaud entre eux, mais il connaît son désir de devenir maman… Elle en a toujours rêvé. En fait, quand elle n’avait que dix ans, elle aurait déjà tout donné pour que sa sœur ne manque de rien et elle s’était dit qu’un jour, elle aurait un enfant, une petite étoile filante comme Léa. Loïc devra faire avec elle devra partir comme il le lui a dit... Et puis, elle lui a tant pardonné de situations par les années passées, comme ne pas être très à l’aise avec la condition de sa belle-sœur Léa. Mais là, ces paroles, ce rejet d’un enfant, de SON enfant, c’est la goutte qui fait déborder le vase. Elle serre les poings, puis frotte son ventre noué et murmure :

« N’aie pas peur, petite poussière d’étoiles, maman t’aime et va te protéger. »

Sur ces douces paroles, Émily se ressaisit et sort de sa voiture. En route vers son bureau, elle réfléchit à sa relation avec Loïc. Ça fait déjà un moment qu’elle est parsemée de hauts et de bas : leurs valeurs ne sont pas du tout à la même place : lui prône la carrière et le prestige ; elle, la famille et l’entraide. Dès son arrivée dans son bureau, elle rappelle Loïc et lui laisse le message suivant sur sa boîte vocale :

— OK, je le garde. L’un de nous devra quitter la maison.

Sa décision est prise... Avoir une famille, c’est non négociable. On parle ici, après tout, d’un enfant à naître. Un petit qui n’a jamais rien demandé. Jamais elle ne se fera avorter, surtout pas pour quelqu’un qui lui imposerait ce choix.

Ainsi, Émily passe tout l’avant-midi avec ces jeunes patients qui lui font confiance en essayant de mettre ses tracas de côté, mais, au fond d’elle, elle redoute la soirée. Ce midi-là, elle touche à peine son lunch, prise de douleurs abdominales. Elle boit en ce moment une tisane pour apaiser son estomac et son cerveau qui bout. Elle va s’effondrer. Son ami Mathieu voit bien que quelque chose cloche et dépose une main sur son épaule :

— Tu es sûre que tu vas bien Émily ? Tu ne manges pas ? Tu es malade ?

Elle regarde son bel ami à la chevelure brune et à la frange relevée par du gel, laissant ainsi voir ses beaux yeux bleus pleins d’inquiétude. Elle n’a jamais voulu se l’avouer, mais elle a un faible pour son meilleur ami, et Loïc en est jaloux. Mais c’est son principal confident.

« Encore Loïc qui fait des siennes ? »

— Oui… Imagine-toi que...

Elle éclate en sanglots avant de poursuivre : « Je suis enceinte et… et Loïc ne veut rien savoir et… »

Elle est soudain prise de nausées et de hauts de cœur.

— Et j’ai mal au ventre comme ce n’est pas possible, ce que j’ai mangé ce matin ne devait pas être frais...

Son ami lui fait un gros câlin et lui essuie le bord des lèvres avant de lui voler un baiser et de murmurer :

— Tu es sûre qu’il est de lui ?

— Je… je ne sais pas…

Émily se souvient alors de cette fois où, après une soirée arrosée, elle est tombée dans les bras de Mathieu.

— J’irai à la clinique avec toi pour faire les tests, mais pour aujourd’hui, que dirais-tu que je prenne tes rendez-vous ? Je passais à l’école pour régler quelques dossiers administratifs, mais je ne peux pas te laisser dans cet état, prends ta journée et… rappelle-moi, OK ?

— Oui…

Mathieu est son collègue, travailleur social et un homme qui a le cœur à la bonne place. Elle lui sourit doucement, puis se lève en lui murmurant à l’oreille :

« Je vais prendre rendez-vous pour le test de paternité et je te reviens. Merci pour ton soutien et dis à mes petits patients que je m’absente… »

— Ne t’inquiète pas, va t’occuper de toi et je leur passe le message.

Rassurée, Émily quitte la salle des employés, va avertir le directeur du changement d’horaire et retourne à la maison. Elle attend le retour de Loïc, allongée sur le canapé, où elle finit par s’assoupir. À son réveil, les crampes sont passées et elle mange un sandwich. Entendant Loïc arriver, elle lève les yeux vers l’horloge et constate qu’il est très tard. Elle se rend dans le hall d’entrée, les bras croisés sur son ventre. Épuisé de sa journée, mais surtout, excédé d’avoir trop ruminé, Loïc invective Émily dès qu’il l’aperçoit :

— Tu te fais avorter ou tu quittes, je suis tanné de devoir supporter tes caprices.

Il avance d’un air menaçant vers elle. Elle recule, il la plaque au mur. Il est saoul, ça pue l’alcool à plein nez.

— C’est mon corps, MA vie et celle d’un être INNOCENT !, répond-elle du tac au tac, alors qu’il lui attrape les poignets et frappe sur son ventre. AÏE, tu me fais mal ! Ne touche pas à mon bébé !, lui crie-t-elle en se débattant.

Puis, assez forte et entraînée– ne fait-elle pas du jogging tous les matins avant d’aller travailler? Sauf exception comme ce matin…–, elle le repousse assez fort pour qu’il vacille et se retrouve sur le dos. Elle se précipite vers la porte, mais il lui fait un croc-en-jambe et elle tombe. D’une roulade habile, elle se relève, atteint la porte et sort de la maison. Comme si Loïc avait compris son intention d’alerter le voisinage, il ramasse une tige de fer qui traînait sur la galerie et le lance dans sa direction. Elle reçoit le projectile derrière la tête et s’écroule…

***

 

À son réveil, elle est à l’hôpital. Mathieu est à son chevet, elle sursaute.

— Mathieu ? Où… suis-je et… comment tu as su…

Elle essaie de se lever, mais se recouche. Tout tourne autour d’elle et son ventre la fait terriblement souffrir. Elle se replie sur elle-même pour que les crampes passent.

— Chut, Émily. C’est moi qui t’ai retrouvée inanimée dans la cour chez toi. J’avais essayé de t’appeler toute la journée. Quand j’ai constaté ton silence, j’ai senti que quelque chose n’allait pas et j’ai foncé chez toi… j’ai appelé l’ambulance et la police quand j’ai vu la barre de fer à côté de toi et quand j’ai vu que Loïc était saoul mort… J’ai tout de suite compris…

Il reprend son souffle, tremblant de colère de la tête aux pieds.

— T’a-t-il fait du mal et..., s’inquiète Émily

Mathieu secoue la tête, caresse les cheveux de sa douce et lui donne un baiser.

— Ton médecin traitant m’a dit que tu as peut-être une commotion cérébrale, mais que tu n’es pas en danger. Ce salaud ne t’a pas manquée… lui murmure-t-il, les cheveux en bataille et les yeux encore humides. Tu m’as fait peur… Mais, au moins, tu es OK !

Il lui embrasse la main et ajoute à son oreille :

— Je vais m’occuper de toi et de ce petit, peu importe que ce soit moi ou ce salaud le père. Je l’élèverai comme mon enfant parce que je… t’aime.

Elle murmure, les larmes aux yeux :

— Moi aussi, je t’aime…

— Et crois-moi, je vais m’occuper personnellement de faire radier Loïc du Collège des médecins…

C’est alors que tout lui revient en flash : la chicane avec son conjoint et le test de grossesse !

— LOÏC ! LÂCHE-MOI ! L’enfant, ne tue pas MON ENFANT !

Émily se met à trembler de tout son corps. Mathieu pèse sur le bouton d’urgence, et une équipe médicale arrive en trombe. Un infirmier lui injecte un sédatif et ajuste sa médication. Émily redevenue calme, l’équipe quitte la pièce pour laisser la place à un jeune médecin aux cheveux noirs bouclés et aux lunettes épaisses encadrant de très jolis yeux verts au regard apaisant.

— Bonjour, je suis le Docteur Béliveau. C’est moi qui suis en charge de votre dossier, se présente le nouveau venu.

— Émily… va s’en sortir ?, lui demande Mathieu.

— Oui, oui, monsieur, probablement des convulsions dues aux récents événements, alors on va encore lui faire passer des tests et… si j’ai bien compris, elle est enceinte ?,répond le médecin de garde en s’approchant du couple, dossier d’Émily en main.

Il replace ses lunettes pour y lire les informations qui y sont notées avant de s’adresser à Mathieu.

— Apparemment, c’est vous qui l’avez retrouvée inconsciente. Pouvez-vous me dire ce qui s’est passé ?

— Oui, son ex-conjoint l’a battue…

— Oh! je vois… Vous m’en voyez désolé…

Émily, bien qu’elle somnole, demande au Docteur Béliveau, en se redressant soudainement sur son lit, tendue comme une corde de violon :

— Le… le bébé est vivant ?

— Rien n’est sûr pour le moment, mais on va tout faire pour prendre soin de vous et de lui. Mais d’abord, dites-moi, où votre ex-conjoint vous a-t-il frappée ?

— Il… il m’a frappé le ventre et la tête… j’espère que la petite n’a rien…, souffle-t-elle. Il voulait tellement qu’elle meure… j’espère qu’il ne l’a pas…

La voix d’Émily s’éteint. Par réflexe, elle a dit « petite ». Son instinct de mère lui dit que c’est une petite qui l’habite.

Le médecin presse sa main chaude sur la sienne glaciale en guise de réconfort avant de poursuivre :

— Reposez-vous, on va bientôt vous faire passer une IRM pour vérifier si vous avez une commotion cérébrale. Je dois toutefois vous avertir que, normalement, on évite ce genre d’examen pour les femmes enceintes, puisque ça peut provoquer une fausse couche ou entraîner des malformations chez l’enfant. Mais étant donné la situation, nous n’avons pas d’autres choix afin d’évaluer votre état de santé.

Émily regarde le médecin, effarée, elle ne peut pas croire qu’il mette sciemment la vie de son bébé en danger.

— Ensuite, on vous fera une échographie pour vérifier l’état du bébé, continue le médecin. Après les tests nous en aurons le cœur net, conclut-il avant de prendre congé.

Après le départ du Docteur Béliveau, elle ressasse les informations qu’il lui a transmises et elle pense à sa petite sœur qui a vécu toute sa jeune vie dans ce genre de condition. Elle se dit que si Léa a réussi à traverser toutes ces tempêtes, elle peut bien en faire autant. Elle aurait seulement aimé passer une échographie avant cette IRM. D’ailleurs, si c’est dangereux pour le bébé, elle refuse qu’on lui impose cette imagerie. Peu importe qu’elle ait une commotion ou non, ce qui lui importe c’est de savoir comment va le bébé, c’est l’essentiel... pour elle. Si Loïc l’a tué, elle ne lui pardonnerait jamais…

***

 

Quatre heures plus tard, Émily est seule dans sa chambre, Mathieu étant parti se chercher à manger. Vanessa, une infirmière trentenaire aux cheveux châtains attachés en queue de cheval et portant des lunettes rouges, entre alors en poussant un fauteuil roulant.

— Bonjour Madame Savard, je m’appelle Vanessa, je vais vous conduire en radiologie pour que vous y passiez quelques tests, lui dit-elle.

— Vais-je passer une écho ? lui demande Émily d’une voix blanche.

Elle n’est pas dupe, en captant les conversations d’un infirmier avec un confrère dans le corridor, elle a cru comprendre que la salle pour l’IRM était libérée… Elle frotte son ventre et se mord la lèvre.

— On va d’abord prendre des images de votre tête, puis on ira, par la suite, à la salle d’échographie.

— Non, je refuse de mettre la vie de mon enfant en danger, je ne veux pas passer d’IRM..., s’écrie-t-elle, repoussant l’infirmière qui s’apprêtait à l’installer dans le fauteuil roulant.

— Pourtant votre amoureux a répondu au Docteur Béliveau que vous acceptiez...

— Je n’ai jamais rien accepté !, s’époumone-t-elle, avant de s’interroger sur les paroles que vient de prononcer l’infirmière, Et… mon amoureux?

— Oui, oui, un sympathique garçon, un bon collègue de travail à vous je pense.

— Ma… Mathieu ?

— Oui, oui, je pense que c’est ce nom qu’il a décliné.

Émily sourit. Mathieu annonce déjà publiquement leur relation ? C’est mignon.

— Vous ne pouvez pas simplement me donner des médicaments pour une commotion cérébrale comme vous semblez pas mal sûre de ce que j’ai…, la prie-t-elle, d’un ton adouci.

— Non, malheureusement. Il faut évaluer avant de traiter. Alors, souhaitez-vous toujours refuser les examens ?

Malgré sa tête qui élance en fou de l’arrière à l’avant comme si des petits cœurs y battaient la chamade, elle persiste dans sa décision :

— Je ne veux pas prendre de risques supplémentaires pour mon enfant, je ne veux pas subir d’IRM…

— Très bien, c’est votre décision. Docteur Béliveau a fait la demande pour l’échographie. Dès que la salle est libre, on viendra vous chercher…. Ne soyez pas inquiète, on s’occupe de tout, la tranquillise l’infirmière d’une voix rassurante.

— Si cet idiot qui se prend pour un médecin hors pair a tué notre enfant, je vous jure, il va entendre parler de moi pendant longtemps…, marmonne-t-elle.

— La personne qui vous a blessée est médecin ? s’exclame Vanessa, estomaquée, alors qu’elle s’apprêtait à sortir de la chambre.

— Il est radiologiste à Saint-Sacrement. Heureusement que je n’ai pas été admise à cet hôpital et que je ne l’ai pas devant moi… je ne sais pas ce que je ferais…

Elle prend un moment de silence avant d’ajouter, serrant les poings et soupirant : « En tout cas, il ne pense qu’à lui et à sa si charmante carrière ! Il n’en a rien à foutre des humains qui gravitent autour de lui. C’est un sans cœur ! » Une larme coule sur sa joue au souvenir des paroles et des gestes brusques de Loïc.

— Vous savez que vous pourriez le dénoncer auprès du Collège des des médecins ? lui souligne l’infirmière.

N’obtenant pas de réponses, Vanessa sort de la chambre de la jeune femme.

La tête ailleurs, Émily revoit en flash les images de sa petite sœur Léa, le visage pâle, alitée, un tube dans son nez. Cette dernière en a vécu des événements avant d’arriver là où elle est rendue, une jeune adulte habitant maintenant en colocation d’habitation.

D’ailleurs, l’OBNL, dont son père Vincent Savard est le président, permet aux gens avec des limitations physiques de bénéficier de soins dont ils ont besoin pour les aider au quotidien. Émily est si contente que Léa puisse socialiser avec des colocataires qui comprennent sa réalité, en plus d’être supportée par une équipe de préposés qui font un travail remarquable pour leur permettre le plus d’autonomie possible. Ce beau projet permet une insertion sociale optimale pour sa sœur et ses amis dans une condition similaire à la sienne étant donné que la clientèle de ce lieu accueille des gens de tout horizon confondu.

L’idée saugrenue lui vient alors : « Et si je prenais un appartement là-bas quand je sortirai de l’hôpital pour me rapprocher de Léa et m’éloigner de… Loïc… le plus possible ? »

Sur cette pensée, Vanessa revient dans sa chambre et l’informe qu’elle va la conduire au Centre mère-enfant pour son échographie. Enfin ! À peine le fauteuil se met-il en branle qu’une crampe lui scie le ventre en deux : la nervosité ? Émily blêmit et serre les bras sur son abdomen, une nausée pointe son nez. Trop de stress… ou une blessure due aux coups. Elle ne sait pas, mais elle est étourdie et ne se sent tout simplement pas bien… Elle ferme les yeux.

— Tout va bien ?, lui demande Vanessa.

— N... non, j’ai mal au ventre… J’ai…

Émily met ses mains devant sa bouche, alors que l’infirmière lui tend un plat. Celle-ci roule le fauteuil un peu en retrait, derrière un rideau, et Émily finit par régurgiter le maigre contenu de son estomac. Sa tête tourne si vite qu’elle s’accroche au bras de son fauteuil. La femme aux lunettes rouges et à la queue de cheval châtain battant l’air lui essuie la bouche et la regarde de ses yeux bleus brillant d’inquiétude.

— Voulez-vous retourner à votre chambre rejoindre votre amoureux ?

Émily hoche la tête négativement, pensant à son enfant… Elle veut savoir comment il va pour en informer Mathieu AVANT de le revoir…Et aussi savoir quand il a parlé au Docteur Béliveau sans elle et… pourquoi. Parce qu’il ne voulait pas qu’elle refuse de passer ces tests par souci pour elle? Elle soupire.

— Non ! Je veux savoir si... si le bébé est correct… svp…

— Qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour nos enfants… Pas de problème, allons-y.

Puis, Vanessa pousse le fauteuil d’Émily dans la salle d’attente pour l’échographie, située deux étages plus haut. Une heure d’angoisse plus tard, c’est enfin son tour. Installée sur la table d’examen, les bras le long du corps, et à moitié aveuglée par la lumière intense du plafond, elle regarde le médecin aux cheveux poivre et sel avec une moue inquiète. Il passe alors la sonde sur le ventre d’Émily qui referme les yeux sous la douleur. Elle demande alors dans un souffle : « Est-il vivant ? »

Comme réponse, on entend alors ses bruits gastriques et… le cœur de l’enfant qu’on a à l’écran ! Elle rouvre les yeux grands, des larmes coulant sur ses joues. Un tout petit embryon, mais dont le cœur bat. Il est vivant. Elle crie un « Yeah ! » suivi d’un « Oups ! » ne pouvant pas retenir un nouveau vomissement. On lui apporte à nouveau le petit récipient, puis on la réinstalle dans son fauteuil. Le médecin lui dit alors : « Votre enfant semble en parfaite santé, mais… J’aimerais vous faire un suivi personnalisé… »

— Quelque chose d’inquiétant ? demande Émily, la voix tremblante.

— Rien d’alarmant, je donne un suivi plus rapproché aux femmes enceintes qui ont eu un accident …

— Hum, je vois.

Assise dans son fauteuil, Émily hoche la tête. Elle ne sait pas pourquoi, mais elle a un mauvais pressentiment. Mais elle revient d’un choc, c’est normal que tout lui paraisse suspicieux. Et puis… pour l’instant, son enfant est vivant, elle peut respirer en paix.

Vanessa ramène Émily à sa chambre, la recouche dans son lit, s’assure qu’elle est confortablement installée, l’informe que sa journée est finie et lui souhaite la meilleure des chances pour la suite avant de s’éclipser. Se redressant pour arranger ses oreillers, Émily aperçoit alors Mathieu, endormi sur la chaise d’invité.

— Mathieu !, appelle-t-elle d’une voix faible, mais assez énergique pour le réveiller.

— Émily ! Tu es revenue, tout va bien ?

— O… oui ! L’ENFANT EST VIVANT !

— Oh ! Quelle bonne nouvelle !

— Et… j’ai appris que… tu as dit que nous étions…

— Un couple, oui, je n’ai pas hésité, qu’en penses-tu ?

— Bien sûr, mais avec Loïc… le divorce… le bébé…

— Chut, ma belle, quand tu seras remise sur pied, avant de partir de l’hôpital, je passerai le test de paternité et, pour tes démêlés avec Loïc, je vais te supporter aussi là-dedans, ce salaud ne te détruira pas et ne nuira pas à cet enfant.

— M… merci… Mais… sinon, pour l’IRM, je ne l’ai pas passée… C’est toi qui as répondu à ma place apparemment ?

Il garde le silence un moment et l’embrasse sur la joue.

— Je veux le meilleur pour toi et…

— N’en fais pas trop, OK? Je n’ai pas quitté un contrôlant dans cette situation folle pour… enfin... tu comprends… Mais tout va bien se passer et tant que l’enfant va bien… tout est parfait, ajoute Émily, la voix éteinte, fermant les yeux. Peux-tu me laisser seule Mathieu, stp?

Mathieu comprend le message et se lève. Il caresse le dos d’Émily un moment, puis ajoute avant de partir :

— On en rediscute. Pour le moment, repose-toi, ma belle, et n’hésite pas à sonner si ça ne va pas. Je te trouve pâle encore…

Elle remonte ses cuisses sur son ventre. Elle ne se rappelle pas la dernière fois où elle a eu autant mal depuis son enfance.

« Espérons que tu vas bien, chérie », murmure-t-elle en caressant encore son ventre, avant de s’endormir

***

Vers 23h00, même s’il est tard, après sa collation-souper, constituée d’une soupe et de son soluté, même s’il est très tard, Émily appelle son père pour lui apprendre les nouvelles…

— Allo, papa, ça va ?

Vincent prend un moment de silence avant de répondre :

— O… oui, mais qu’est-ce qui se passe ? Pourquoi tu murmures ? lui demande-t-il d’une voix ensommeillée.

— Papa… j’ai beaucoup de nouvelles. Veux-tu que je commence par les bonnes ou les mauvaises ?

— Heu… tu me fais peur, Émily. Commence donc par les bonnes…

Émily prend une grande inspiration, puis souffle au combiné d’une voix plus enjouée :

— Papa, tu vas devenir grand-père et j’ai un ange gardien qui veut en prendre soin avec moi…