Les 100 jours - Chantal El Helou - E-Book

Les 100 jours E-Book

Chantal El Helou

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Beschreibung

Sans rien connaître du Canada, à part son hiver glacial, lorsque j’ai immigré en mai 2022, je me sentais comme un poisson en dehors de l’eau. Les sorties n’avaient plus le même goût, le printemps et l’été avaient perdu de leur éclat…

J’ai alors eu recours à une arme secrète pour faire le deuil de mon pays, pour mieux accepter ma nouvelle vie : une vie loin de ma famille, loin de mes amies d’enfance, loin de mes souvenirs les plus précieux… : la règle des 100 jours !

Cette règle-là me permet de passer d’une épreuve à une autre, de tourner la page quand la douleur est intense, de m’armer de patience quand l’attente est trop longue…

Ce livre a commencé par un journal intime qui ne cessait de grandir… le plus surprenant, c’est que malgré ma douleur, malgré mes pleurs la nuit, mon optimisme se frayait toujours un chemin et finissait par pointer le bout du nez…

J’espère que plusieurs personnes trouveront dans mon livre une lumière scintillante au fond d’un tunnel sombre…parfois 100 jours peuvent paraître courts… et d’autres fois ça peut paraître plus long…


À PROPOS DE L'AUTEURE

Chantal EL Hélou - Née au Liban le 11 mai 1983, je suis ingénieure civile et j’ai aussi un diplôme en management - MBA . Je travaille dans le domaine d’ingénierie depuis 2007, mais ma vraie passion est lire et écrire. Depuis que je suis petite, la lecture représente pour moi une porte magique pour un monde envoutant et enchanteur. Je suis mariée depuis 13 ans et j’ai trois adorables enfants. La crise économique au Liban nous a conduit immigrer en Beauce le 5 mai 2022.
C’est alors que commença un long voyage de découverte de soi…

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Chantal J. El Helou

 

 

Les 100 jours

 

 

 

 

 

Pour commentaire ou pour commander : [email protected]

 

Couverture et mise en page : Ecoffet Scarlett

 

Toute représentation partielle ou totale est interdite sans le consentement explicite de l’auteur.

 

Cette publication est dirigée par :

Téléphone : 418-271-6578

 

Courriel : [email protected]

 

 

 

« A nos enfants chéris, Sélim, Séréna et Jacques : vous êtes trop jeunes pour le comprendre maintenant mais VOUS êtes la raison de cette aventure.

Ce livre vous aidera à mieux comprendre … »

 

Maman et Papa

 

 

Dédicaces

 

Je dédie ce livre :

 

À mon pays chéri le LIBAN

 

À ma mère qui me manque chaque jour, chaque minute, chaque seconde…

 

À mon père Jacques, qui était et sera toujours mon idole. Je suis une copie collée de toi :

 

Tu es écrivain, tu as écrit un livre racontant ta Vie et tes souvenirs d’enfance. J’écris ce livre, racontant ma VIE au Canada. Je joins dans mon caractère « la colère du tonnerre » et la douceur et la fragilité d’une fleur. Tu me manques énormément, je n’ai jamais accepté ton départ en 2012. Ma seule consolation est que le ciel a gagné un ange.

 

À mon cher mari, Elie, sans qui cette aventure n’aurait jamais commencé. Sache que je te soutiendrai toujours dans tous tes projets et que tu es l’Amour de ma vie. Je suis très chanceuse de t’avoir à mes côtés. Comme dit la chanson : je t’aimais, je t’aime et je t’aimerai.

 

À mes enfants chéris, Sélim, Séréna et Jacques : vous êtes trop jeunes pour le comprendre maintenant, mais VOUS êtes la raison de cette aventure. Ce livre vous aidera à mieux comprendre… J’espère qu’il sera votre boussole dans vos voyages personnels, quand vous serez découragés face à des problèmes intenses ou quand le mal de pays viendra frapper à votre porte…

 

À tous les Libanais, qui comme moi, ont été contraints à quitter ce pays corrompu, en y laissant une partie de leur cœur là-bas

 

À tous les immigrants, qui combattent chaque jour, leur « nostalgie du pays ».

 

À ma tante Thilda, qui sera toujours à mes yeux, LA LIBANAISE courageuse, qui a quitté son pays et qui a vécu notre expérience il y a 65 ans… j’aimerais te dédier le second livre que j’écrirai qui fera hommage à tous tes sacrifices et ta bravoure : j’ai déjà le titre du livre en tête « La Libanaise »…

 

À mes chers cousines et cousins, à St Georges, Pierre, Annie, Carole, Catherine, Christine, Dominique, Jean-Pierre, Paul… qui, sans nous connaitre en personne, nous ont aidés et ont chaperonné notre arrivée au Canada depuis le jour zéro et jusqu’à présent. Je les remercie du fond du cœur de m’avoir traité comme leur propre « cousine » et de m’avoir couvé, moi et toute ma famille, de leur attention et de leur amour immesurable!

 

À tous mes vrais amis, qui m’ont toujours soutenu, que ça soit dans mes pénibles préparations pour le voyage ou bien quand j’avais besoin d’une oreille bienveillante à qui raconter ma douleur…

 

À chaque personne qui a cru en mon talent et qui m’a encouragé à écrire mes émotions. Un merci spécial à Gwen Bobée qui a eu un coup de cœur pour mon livre et qui m’a embarqué dans cette aventure. Gwen est beaucoup plus qu’une éditrice, c’est une amie!

 

Et finalement, au peuple canadien, et surtout aux Beaucerons, qui par leurs gentillesses et leur accueil chaleureux nous ont aidés à cicatriser nos blessures et à aimer le Canada autant qu’eux!

 

 

Prologue Les 100 jours…

 

Pour moi les 100 jours sont beaucoup plus qu’une durée. C’est presque trois mois, c’est une période à respecter face à un problème ou à un changement : cette période-là, permettra de savoir si tu es capable de surmonter le problème, de t’adapter au changement… de cicatriser tes blessures.

 

Si les 100 jours n’ont pas eu d’effets positifs sur toi, si tu galères toujours comme le premier jour alors… Change de route, ton bonheur est ailleurs!

 

Au Liban, de par notre culture, nous sommes toujours invités à relever des défis. C’est une course de chevaux! il faut toujours courir et donner le meilleur de soi-même! Le pays ne t’assure aucune stabilité, chaque quinzaine d’années, une « belle » crise te frappe en pleine figure et la « course de chevaux recommence »…

 

C’est pourquoi j’ai inventé la règle des 100 jours. Cette règle-là me permet de passer d’une épreuve à une autre, de tourner la page quand la douleur est intense, de m’armer de patience quand l’attente est trop longue…

 

Dans mon parcours, j’ai déjà « survécu » plusieurs 100 jours, mais je vous avoue que celui-là est le plus dur.

 

Quoi de plus dur que de quitter son pays? De quitter sa maison? De quitter ses parents?

 

Quoi de plus difficile que d’immigrer à un nouveau pays avec trois jeunes enfants, un nouveau pays que tu n’as jamais visité, un pays connu par son hiver glacial où le climat est loin, très loin du climat méditerranéen de ton cher Liban.

Quoi de plus déchirant que de voir ta mère, le symbole de force et d’autorité, pleurer à chaudes larmes ton départ et le départ de ses petits-enfants? Ne sachant pas si tu seras assez chanceuse de la voir en bonne santé à ton retour… En étant très consciente que ton départ risquerait de la déstabiliser et de lui nuire physiquement et psychologiquement.

 

Quoi de plus emblématique que devoir choisir entre le bonheurde sa propre mère, de soi-même et l’avenir de ses enfants? Le plus frustrant c’est que tes enfants sont jeunes. À 11 ans, huit ans et deux ans, ils ne sont pas encore conscients du sacrifice que tu es en train de faire. Bien au contraire, Ils te blâment pour les avoir déracinés de leurs écoles, amis et grands-parents…

 

Et la cerise sur le gâteau, c’est que face à toutes ces difficultés, je dois rester une super maman, je dois toujours afficher mon plus beau sourire et porter le masque « tout va bien ». Je dois cacher au fin fond de moi-même, mes craintes les plus profondes et rester forte pour épauler mes petits anges et compter un à un, avec patience, les 100 jours…

 

Les 100 jours représentent pour moi mon bouclier dans ce nouveau pays.

Les 100 jours sont la lumière au fond de ce tunnel sombre.

Les 100 jours sont ma consolation que de meilleurs jours m’attendent. Il suffit d’être patient. Il suffit d’être persévérant. Il suffit de garder sa foi.

Durant ce long parcours, je partagerai avec vous, en toute honnêteté et authenticité, mes sentiments les plus profonds… Je vous présenterai aussi des personnes qui m’ont marqué par leur caractère et leur singularité.

Je vous décrirai avec les moindres détails ma nostalgie pour mon pays que j’aime et que je déteste en même temps!

 

Bien sûr les 100 jours ne sont qu’un début d’un long voyage de découverte de soi… Je laisse libre cours à votre imagination de deviner la suite de l’histoire.

 

5 mai 2022 le départ

 

Ma maison conjugale n’est plus ma maison, c’est un dépôt.

Dans l’entrée gisent 14 valises.

Dans toutes les chambres, on retrouve des cartons, des sacs de rangement, des jouets éparpillés… Les critères de rangement sont assez stricts : on emporte seulement les trucs nécessaires!

Comment résumer 13 ans de mariage, trois enfants, et deux adultes en 14 valises? Comment demander à un enfant de choisir entre ses jouets ? Ses habits?

Comment rester concentrée et finir les rangements tandis que plein d’émotions t’assaillent?

Certes, notre immigration est un choix, mais c’est plutôt un choix exigé, une contrainte irréfutable, une décision imposée par notre cher pays corrompu et mourant…

 

5 mai 2022, date à ne pas oublier! J’ai dit :

 

Adieu à mes parents,

Adieu à mes beaux-parents,

Adieu à mon amie d’enfance,

Adieu à ma meilleure amie,

Adieu à mes frères,

Adieu à ma maison,

Adieu à ma chambre,

Adieu à mes meubles que j’ai choisis minutieusement lors de mon mariage en 2009,

Adieu à mes souvenirs…

 

J’ai versé toutes les larmes de mon corps, j’ai senti que mes yeux allaient quitter leur orbite tellement j’ai pleuré…

J’avais trop de la peine… J’ai été contrainte de quitter ma propre maison, mon pays, ma famille.

Pourquoi? La réponse est simple :

Trop de problèmes… Et peu, très peu de solutions…

Je voyais devant moi, tout s’écrouler!

 

Mon mari souffrait beaucoup de l’injustice au travail, de l’instabilité économique, de la guerre psychologique qui nous attaquait, du stress qui augmentait chaque jour, de la corruption qui envahissait le pays… de l’effondrement TOTAL. On voyait devant nos yeux, sans rien pouvoir y faire, les banques mettre la main sur notre argent d’épargne et geler tous nos comptes bancaires.

Telle une bougie, qui fond petit à petit, j’apercevais l’homme de ma vie, le pilier de notre famille s’effondrer peu à peu devant mes yeux…

 

C’était pareil pour mes rêves, mes ambitions, mon espoir pour un avenir meilleur.

 

C’est alors que j’ai dit STOP :

STOPà la douleur qui ne fait qu’augmenter

STOP au voleur, au kidnappeur de rêve

STOP à l’assassin d’espoir

STOPà ce paysagonisant qui sombre au fond de l’océan

et m’entraîne avec lui…

 

Que l’aventure commence! Je tourne la page et un nouveau chapitre commence! 

 

Un nouveau paysnous accueille à bras ouverts, une nouvelle famille nous attend, une famille jusque-là jamais rencontrée, une nouvelle maison et de nouvelles expériences.

Allez! Je me lance! Le Liban sera toujours dans mon cœur… Je me servirais de ma nostalgie comme un tremplin pour mieux rebondir…

 

Pourtant, lors de mon arrivée au Canada, toutes mes bonnes résolutions tombent à l’eau… voilà que la nostalgie et le mal de pays qui me défient…

Mon pays me manque, ma famille me manque, c’est comme si mon cœur s’est arrêté de battre…

Le voyage du Liban au Canada était très long, mais un nouveau voyage vient de commencer. Un voyage beaucoup plus long, beaucoup plus compliqué et complexe, un voyage dont personne ne connaît sa destination… C’est le voyage de la découverte de soi. 

 

Qui suis-je? Qu’est-ce que je fais ici?

Je me sens SEULE…

Je me sens déracinée…

Je me sens touriste dans la maison où j’habite.

Certes, je cache toutes ces émotions au fin fond de moi-même.

 

Pour mes enfants, je suis la mère optimiste, motivée de vivre une nouvelle aventure.

Pour mon mari, je suis la partenaire forte et dévouée qui le soutient dans cette démarche courageuse.

 

Je cache ma douleur et je passe toujours en dernier…

 

Le bien-être des enfants et d’Elie est prioritaire.

Après tout, n’est-ce pas l’instinct maternel, n’est-ce pas la définition même du mot AMOUR?

 

Mais la nuit, quand tout le monde dort, mes craintes, mes douleurs ressurgissent à la surface.

 

 Mon oreiller me chuchote :

« Que fais-tu ici “touriste”! ?

La poussière envahit ta chambre bien-aimée, tes beaux rideaux mauve paillette, ton imposante armoire en bois massif.

Les mauvaises herbes poussent dans ton jardin intime. Quelques-unes ont même réussi à entrer dans la maison, elles défoncent les murs, arrachent le revêtement extérieur, elles prennent le contrôle de ta maison chérie!

Les toiles d’araignées viennent les aider, elles envahissent les murs, les pièces, TOUT…

Ton joli triplex, ta belle villa, que tu as construit, pierre par pierre, qui a embrasé tellement de beaux souvenirs est la proie au fantôme de l’abandon! »

 

Le vent murmure à mon oreille :

« Ta maison n’est pas aussi solide que tu ne le crois » 

 

Je ne sais pas s’il parle de ma maison ou s’il s’adresse à moi!!!

 

«Chantal, TU n’es pas aussi solide que tu ne le crois…»

 

Ça fait cinq ans que tu surmontes de nombreux obstacles :

Tu as perdu ton travail, temps plein, en 2017.

 

À ta tâche de Maman s’est ajouté le rôle de :

La maîtresse enseignante en ligne.

La psychologue

qui entre dans la tête de son fils aîné pour le convaincre que l’école à la maison n’est pas facultative! (À cause du Covid). Il faut continuer tes études même si tu communiques avec

un écran

!

La super maman

, de bébé Jacques, né

prématuré

.

Plein de problèmes

de santé survenus en 2018 durant six mois consécutifs.

Un accouchement miraculeux

où j’ai échappé à

deux explosions

 : une

explosion artérielle

(prééclampsie) et

l’explosion du port de Beyrouth

!

 

C’est alors que tous ces souvenirs m’assaillent…

 

Je me rappellela douleur intense, « la ceinture de feu » qui m’étranglait moi et mon bébé.

 

Je me rappelleles sept minutes les plus longues que j’ai jamais vécu : c’était la durée du trajet pour arriver à l’hôpital.

 

Je me rappellemes hurlements et mes cris de douleur, une douleur aiguë, insupportable… Ensuite, je me vois embrasser mon petit ange Jacques et je vois les médecins le prendre et l’amener aux soins intensifs, tandis qu’ils me dirigent vers ces mêmes soins, mais pour adulte.

 

Je me rappellela salle d’opération, d’une blancheur et d’une propreté immaculée.

Je me rappelleles mille fils électriques auxquels j’étais rattachée. Ces fils étaient branchés à une machine géante qui bipait tout le temps et indiquait que ma tension artérielle est trop élevée!! Cette machine-là, je la hais! Elle représentait pour moi le juge sévère qui décidera du temps où je serais séparé de mon fils. J’entends toujours le « bip bip » de cette alarme qui me rappelait à quel point je suis fragile, faible et vulnérable! Quelques heures avant, j’étais en voiture, je montais voir mes enfants et passer quelques jours magiques dans mon village adoré… Et voilà que maintenant, la faiblesse prend le dessus. Mon corps s’écroule sous la fatigue, sous le stress continu… Me voilà aux soins intensifs, SEULE, sans mes enfants, sans mon bébé et avec comme seule compagnie ce « bip bip » infernal qui me rappelle, à chaque seconde, mon impuissance…

 

Et puis soudain, une idée divine scintille dans ma tête, une lumière s’allume au fond de ce tunnel sombre :

 

« Chantal, tu as traversé toutes ces épreuves! Ceux qui ne sont que des souvenirs, des obstacles que tu as bravement surmontés! »

 

C’est alors que je retourne dans mon lit, je fais face aux arbres et au vent. Je leur lance un regarde de défi à travers la fenêtre et leur dit :

 

« Respecter et accepter sa faiblesse est un signe de force et de puissance. Désolée de vous décevoir cher vent et cher oreiller, mais je suis une femme forte et le temps vous le montrera… »

 

 

 

Les Libanais et les Canadiens

 

À peine arrivée au Canada, je suis accueillie par des regards curieux.

Nos voisins sont très gentils, ils se présentent et ils sont choqués : vous venez du Liban. Comment se fait-il que vous parliez aussi bien le français? Votre langue maternelle est l’arabe, non? Mais votre français est impeccable. En plus, votre accent est si agréable à écouter. Nous sommes tellement surpris!

 

Peut-être suis-je trop perspicace quand il s’agit d’émotions, mais j’entends aussi plein de questions qui circulent dans la tête de nos interlocuteurs, des questions intimes qu’ils n’ont pas posées par respect pour nous :

Vraiment, le peuple canadien est tellement délicat, tellement fin, tellement gentil. Il ne veut en aucune sorte te blesser ou montrer un signe, même minime, de racisme. Ce qui est malheureusement une valeur que la majorité des Libanais a oubliée!

 

Les questions et réflexions secrètes que j’ai décelées sont :

 

« Pour nous, le Liban est un très petit pays, du tiers-monde.

- Comment se fait-il que vous parliez si bien le français? Et l’anglais aussi?

-Votre culture générale est sans pareille.

-Vous voyagez beaucoup et connaissez tellement de choses sur les autres pays. Vous avez moins de 40 ans et vous avez déjà voyagé dans plus que 10 pays : États unis, France, Italie, Hongrie, Budapest, Jordanie, Dubaï, Égypte., Danemark, Turquie, Chypre…

-Vous détenez beaucoup de diplômes et tous d’université européenne. Vous avez un MBA en plus de votre diplôme d’ingénieur et ce n’est pas une coïncidence. C’est pareil avec ton mari, tes amis, tes cousins libanais.

-Vous êtes très fins et avez de la classe. Vous avez d’excellentes éthiques de table. Même vos enfants, qui ont moins de 11 ans, ont les mêmes coutumes.

-En plus, des voyages de loisirs, vous avez tellement accompli au Liban : une maison au centre-ville, une villa à Wadi Jezzine, deux voitures neuves, des écoles privées et d’élite pour vos enfants…

-Vous êtes tellement courageux. Vous immigrez directement avec vos trois enfants, en pleine année scolaire. Vous étiez même déterminés à venir en plein hiver, s’il n’y avait pas eu les problèmes de vos feuilles fiscales.

-Vraiment, on n’arrive pas à énumérer vos qualités, elles sont tellement nombreuses! »

Et le comble, c’est que vous les Libanais, n’avez pas idée de toutes ces qualités rares. On dirait que le pays et ses crises vous ont volé votre confiance en vous. Vous êtes tellement modestes, tellement humbles face à tous vos accomplissements et à votre bravoure.

 

Dorénavant, nous, les Canadiens, ne nous plaindrons pas de vivre un stress.

Comment parler de stress en votre présence? Vous êtes si jeunes et vous avez déjà vécu quatre guerres. Votre argent est gelé en banque et ça fait deux ans que vous galérez pour avoir le minimum possible : les médicaments, les vaccins des enfants, l’essence, l’électricité dans la maison et autres…

 

Nos larmes ont coulé en silence en vous entendant nous raconter ces cinq petites histoires.

 

Histoire n.1 :

Ton mari ne s’est jamais absenté, durant deux ans, du travail, il faisait chaque jour 150 km pour arriver à son travail malgré les routes barrées, les manifestants qui se répandaient partout et le danger qu’il courait chaque minute, chaque seconde. On arrive à imaginer votre désarroi, une fois, que vous étiez coincé en voiture avec vos trois enfants pour une durée de trois heures à cause des pneus brulés en pleine autoroute!

Et toi de ton côté, tu as encouragé ton mari même à contrecœur. Tu es restée seule avec les trois enfants, avec Jacques qui était né prématuré avec plusieurs problèmes de santé.

 

Histoire n.2 :

Les soirs d’hiver, où vous voyez vos enfants trembler de froid avec les lèvres bleues. En plus, vous ne pouvez rien faire sauf ajouter une couverture, car vous n’avez pas d’électricité.

 

Histoire n.3 :

Les sommes énormes que vous avez payées lors de ton accouchement malgré le fait que tu as deux assurances privées! C’est de l’arnaque et de l’injustice libanaise.

Histoire n.4 :

Programmer sa journée, heure du dîner, du souper, heure des études, heure de nettoyage… selon les heures d’électricité reçues. Payer des factures démesurées pour le générateur et l’électricité qui peinent à être présents!

 

Histoire n.5 :

Passer d’un ingénieur civil à une femme de foyer. En plus de ça, faire le ménage, super rapidement en 1h30. Pourquoi? Eh bien, j’ai oublié de le préciser dès le début : je vivais de huit heures le matin jusqu’à 16h30 l’après-midi avec seulement 1h30 d’électricité. Cette durée-là était précieuse, car je devais charger mon téléphone portable, finir toutes mes tâches ménagères et chauffer mon café durant. 

 

En fait, je dois vous expliquer quelque chose d’important mes chers lecteurs, mes chers amis :

J’ai accepté de faire tous ces sacrifices et de vivre toute cette humilité par AMOUR

 

 

Amour à mon pays.

Amour à ma famille.

Amour à tout ce que j’ai bâti au Liban.

Amour pour ma mère qui n’est plus jeune, qui a 75 ans.

Amour pour mon village adoré.

 

Parce que je savais, qu’une fois partie, je risquais de ne jamais revenir… Les jours me montreront quel sera mon chemin. Où résidera mon bonheur?

 

Cher Canada ne me déçoit pas. Je compte sur toi.

 

 

 

 

 

Saint Georges de Beauce : un rêve ou une réalité?

 

Avant d’immigrer au Canada, tout le monde nous disait et redisait :

« Attention, vous immigrez dans un petit village et non pas dans la majestueuse ville de Montréal. Ne mettez pas la barre trop haute! »

Je m’attendais à débarquer dans un petit village pauvre où seulement régnaient des fermes, des villageois et de grands champs d’agriculture. Ça ne me dérangeait pas autant parce que mon mari et moi préférions la campagne à la ville et nous cherchions une bonne qualité de vie, un lieu sûr et calme où élever nos trois enfants.

Je n’ai pas placé la barre trop haute. C’est St Georges qui a fait ce boulot!

 

Je n’arrivais pas à comprendre si c’était un rêve ou une réalité!

Saint-Georges est un endroit beau à vous couper le souffle!

 

À peine arrivée que je tombe immédiatement sous son charme.

C’est une ville charmante parsemée d’adorables maisons qui vivent en harmonie avec une magnifique nature. D’immenses érables tendent leurs branches pour t’accueillir, les oiseaux volent d’une branche à l’autre et gazouillent une chanson fraîche et joyeuse, les écureuils traversent la rue rapidement et t’épient du regard…

 

Le centre-ville de St Georges est magique. De part et d’autre, des sculptures se dressent au bord d’une majestueuse rivière. Chaque sculpture est unique, chaque sculpture est l’œuvre d’un artiste international et raconte une histoire.