Les appuis dans le ring - Christophe NEUVILLE - E-Book

Les appuis dans le ring E-Book

Christophe NEUVILLE

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Beschreibung

La logique interne de tous sports de combat est de remporter plus de séquences d’échange en touchant plus que l’adversaire avec précision, efficacité, sans se faire toucher. La tâche n’est pas aisée, la cible se déplace, attaque, se défend. Se focaliser uniquement sur la finalité « la touche » serait une erreur. La compétition est un système, où tous les acteurs qui sont à l’intérieur ont un impact. Il faut regarder le système dans sa globalité et observer l’ensemble des actions qui ont conduit à la réussite ou l’échec de la touche. 
L’admiration procurée par l’aisance technique, la fluidité, la rapidité, la puissance exprimées par un boxeur sont surtout liées à la capacité de l’athlète à exprimer toutes ces qualités dans un timing parfait. Lors d’une rencontre, le bon combattant alterne des phases de placement, de préparation, d’attaque-riposte, de contre-attaque, d’organisation défensive et de rupture de l’échange. Les appuis en sont le dénominateur commun. Ils apportent toute la fluidité à l’histoire qu’il nous raconte.


Cet écrit, centré sur le développement de la coordination des appuis, vise à construire les fondations de la performance dans les sports de ring. Les différents ateliers, méthodes et axes de progressivité qui vous seront proposés peuvent s’intégrer dans vos séances, ou faire l’objet d’un travail individuel avant ou après celle-ci.


Ce tome  1 « pause » les bases indispensables et nécessaires à tous combattants souhaitant améliorer sa réactivité et adaptabilité motrice face à des situations d’opposition. 


Un tome 2 est en préparation. L’objectif de ce prochain ouvrage sera de faire le lien entre les exercices du tome 1 et leur implication directe dans des phases technico-tactiques. Vous verrez comment les intégrer dans vos entraînements en fonction des choix stratégiques que vous souhaitez améliorer et des armes que vous voulez utiliser.


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Couverture

Page de titre

PRÉFACE DU PRÉSIDENT

Quand on parle d’appui croisé, d’acquisition des liaisons, du transfert d’énergie, du pilotage des appuis, de la charge et dynamique d’appuis, entre autres,…

On peut être étonné que personne, jusqu’à présent, n’ait produit un document spécifique sur les appuis en Savate boxe française, notre merveilleux sport. Je n’en connais pas les raisons, mais voilà, maintenant c’est fait !

Cher Christophe, cher Wendy, je tiens personnellement à vous remercier pour la production de cet ouvrage, qui, par vos connaissances et expertises, vont permettre à tous les pratiquants de SAVATE boxe française, de s’imprégner et de mettre en application tous vos conseils à propos de leurs appuis, autant lors de leur entraînement, que lors de leurs compétitions en Assaut ou en Combat.

Votre ouvrage offre à celles et ceux, pratiquants en loisir et/ou en compétition, soucieux d’optimiser leurs appuis sur l’enceinte, un support technique de haute qualité.

Félicitations, et merci, Christophe et Wendy, pour ce fastidieux travail !

Joël DHUMEZPrésidentFédération Française de SAVATEboxe française et D.A.Vice-PrésidentFédération Internationale de SAVATE et D.A.Co-Président du Club de la MixitéComité National Olympiqueet Sportif Français (CNOSF)

PRÉFACE DU DIRECTEUR TECHNIQUE NATIONAL

La littérature pugilistique contient de nombreux ouvrages traitant, tantôt des techniques de pieds ou de poings, des aspects tactiques, de progression technique, de préparation physique, etc.

Dans ces ouvrages, on y retrouve bien souvent des explications sur la garde, les déplacements, les placements… Mais jamais encore la question des appuis et de leur enseignement n’avait fait l’objet d’une étude aussi approfondie. Dès les premières pages, le lecteur comprend combien cet apprentissage est fondamental dans la formation du boxeur.

La savate boxe française a ceci de remarquable qu’il ne s’agit pas seulement de délivrer des coups de pieds ou de poings, mais bien plus de toucher (et de surcroit efficacement) son adversaire sans être touché en retour. Mobilité, efficacité, précision, mise à distance, tout cela ne peut se faire que par l’acquisition de « bons » appuis, et par la capacité du tireur d’intégrer cette compétence dans une intention stratégique lui permettant de frapper sans se mettre, en retour, en position défavorable.

Ce manuel est tout d’abord formidablement détaillé. Il décrit avec une précision inégalée, de façon « quasi chirurgicale » les mécanismes d’apprentissage des appuis en savate boxe française. Il en présente toutes les caractéristiques, toutes les facettes, avec une parfaite clarté et de façon exhaustive.

Ce manuel est également un précieux outil pour tous les entraineurs qui souhaitent accompagner leurs athlètes sur le chemin de la performance. Mais il sera tout autant très utile pour les boxeurs, débutants ou confirmés, qui souhaitent entamer ou parfaire leur apprentissage. Car, et c’est bien là également sa pertinence, bien plus qu’un catalogue de situations pédagogiques déjà très complet, cet ouvrage invite également à intégrer les exercices proposés dès les premières séances dans une démarche constructiviste d’enseignement de la savate boxe française.

Ce manuel est, en outre, pleinement en phase avec la réalité de terrain. Il s’appuie sur une très forte expérience au sein des structures fédérales d’entrainement et des Équipes de France. Chacun des exercices a été testé et peaufiné avec des sportifs de haut niveau. Les auteurs sont pleinement légitimes tant leur expertise est reconnue et a fait ses preuves.

Je félicite Christophe Neuville et Wendy Faure pour ce travail remarquable qui s’inscrit dans la dynamique fédérale d’accompagnement des tireurs et des entraineurs. Cet ouvrage fait honneur à notre discipline en confirmant l’excellence de la savate boxe française en matière d’école de sport pieds-poings.

Hugues RELIERDirecteur Technique National Fédération Française de SAVATE boxe française et D.A.

PRÉFACE DE CHAMPIONNE

Je fais partie des athlètes, membre du Pôle France depuis un certain nombre d’années, sur lesquels cette méthode d’acquisition des appuis en Savate Boxe Française a été expérimentée.

Le bilan que je peux en faire concerne, dans un premier temps, la structuration de la boxe que cette méthode m’a apportée. étape par étape, nous avons construit une dynamique d’appuis et un placement / déplacement / replacement adapté aux spécificités de la discipline. À mon sens, cela a permis d’améliorer mes qualités de boxe notamment dans la gestion des distances, primordiale dans notre discipline. Le gain de temps généré dans les différentes phases de boxe grâce à de meilleurs appuis permet d’être plus précis et plus efficace, voire de prendre un temps d’avance sur l’adversaire. La gestion de l’espace d’affrontement amène des touches plus nettes et évite les fautes techniques.

Ensuite, cette construction des appuis permet d’avoir la capacité de réaliser n’importe quelle action, n’importe quand dans le ring. L’idée est de tendre vers une utilisation de la totalité du temps. Selon moi, cela offre une plus grande variété de possibilité pour atteindre la cible adverse, et surtout de choisir son action et non d’y être contraint par un placement non volontaire qui restreindrait notre champ d’action. Cela met en évidence l’intérêt d’inclure le travail d’appuis dans son répertoire technique, quel que soit le type de boxe que l’on veut mettre en place : attaque, contre-attaque ou attentiste.

Enfin, si l’appropriation des premiers exercices peut paraitre difficile au début, en raison de la décontextualisation, par rapport à ceux utilisés en situation de boxe, deux facteurs permettent de faire progresser assez rapidement :

•le lien entre les exercices présentés et les situations tactiques en boxe ;

•une logique d’évolution de la complexité avec ces nombreuses variantes possibles pour obliger le boxeur à adapter sa motricité.

En conclusion, je pense que je n’aurais jamais réussi à être compétitive, sur autant d’année, en Assaut et en Combat, sans cette prise de conscience de l’intérêt des appuis pour être performant.

Mathilde MIGNIERMultiple championne du Monde et d’Europe Assaut et Combat Championne World Combat Games Championne des World Martial Arts Mastership

INTRODUCTION

Vous êtes au premier rang, assis au bord du ring dans la salle Pierre de Coubertin. Lieu mythique où se sont affrontés de nombreux boxeurs pour le titre de CHAMPION DE FRANCE ÉLITE A DE SAVATE : Mathilde MIGNIER, Christopher BRUGIROUX pour les plus récents. Vous pourriez écouter : « Le boxeur coin rouge est plus grand et fausse patte. Cela va être compliqué pour le tireur coin bleu de rentrer pour le toucher. En plus, c’est le champion en titre, il a plus d’expérience. Tu as vu ce que je disais se confirme. Le rouge touche en premier se fait rarement toucher et il termine toujours l’échange. Il est plus rapide. Pourtant, l’autre est plus technique. »

Les sports de combat impliquent un rapport de force direct, où nul ne perd ce qu’autrui ne gagne. Ce constat conduit les entraineurs à élaborer des programmes d’entrainement visant le développement des qualités physiques, techniques et psychologiques aux services de schémas tactiques. Certains tireurs sont des combattants qui ont besoin d’aller à la guerre, d’autres qui élaborent des stratégies plus fines. Cependant, ils ont tous leurs personnalités, leurs préférences motrices et leurs qualités, qui leur font emprunter un chemin unique jusqu’au titre.

Au-delà de l’aspect tactique, une notion est plus fondamentale que les autres si l’on veut gagner. Il ne s’agit pas de frapper plus vite ou plus fort que l’autre comme tout le monde pourrait le croire. Mais de la « gestion de la distance » qui se trouve entre les armes de poings et de pieds du tireur et sa cible, l’adversaire.

Terrain d’opposition, l’enceinte de 6 mètres de côté demande aux tireurs de se déplacer avec finesse et précision, pour toucher sans être touché. Les pratiquants de sports de combat, particulièrement de savate boxe française en raison du règlement qui impose de frapper avec la chaussure, doivent avoir une bonne gestion de la distance dans un périmètre restreint. Cet espace en évolution permanente, l’athlète doit avoir la capacité de le combler ou l’augmenter plus ou moins rapidement à chaque instant.

Cet écrit, centré sur le développement des appuis, vise à construire les fondations de la performance en savate boxe française. Les différents ateliers, méthodes et axes de progressivité qui vous seront proposés peuvent s’intégrer dans vos séances, ou faire l’objet d’un travail individuel avant ou après celle-ci.

LA SCIENCE DU DÉPLACEMENT

La logique interne de la savate est de remporter plus de séquences d’échange en touchant plus que l’adversaire, sans se faire toucher, avec précision et efficacité. La tâche n’est pas aisée, la cible se déplace, attaque, se défend. Se focaliser uniquement sur la finalité « la touche » serait une erreur. La compétition est un système, où tous les acteurs qui sont à l’intérieur ont un impact. Il faut regarder le système dans sa globalité et observer l’ensemble des actions qui ont conduit à la réussite ou l’échec de la touche.

L’admiration procurée par l’aisance technique, la fluidité, la rapidité, la puissance exprimées par un boxeur sont surtout liées à la capacité de l’athlète à exprimer toutes ces qualités dans un timing parfait. Lors d’une rencontre, le tireur alterne des phases de placement, de préparation, d’attaque-riposte, de contre-attaque, d’organisation défensive et de rupture de l’échange. Les appuis sont le dénominateur commun à chacun qui apportent toute la fluidité à l’histoire qu’il nous raconte.

1. La posture de garde

La posture de garde du tireur doit lui permettre d’être protégé, de pouvoir distribuer des coups, et de se mouvoir dans l’enceinte.

Les appuis du tireur sont écartés latéralement selon l’axe antéro-postérieur sur une distance légèrement supérieure à la largeur des épaules. Cette posture lui apportera une meilleure gestion de l’équilibre, un bon ratio entre stabilité et réactivité. Ainsi, il pourra se déplacer pour corriger d’éventuels déséquilibres dans toutes les directions. Des appuis plus écartés amèneront plus de stabilité pour un meilleur transfert de force, mais moins de réactivité.

L’athlète privilégiera des appuis digitigrades talon légèrement décollé, pointes de pieds en direction de l’adversaire avec les orteils en grip, pour une meilleure tonicité plantaire. Pour se déplacer, l’athlète transfère son poids du corps d’une jambe à l’autre grâce à des appuis en impulsion — répulsion. En fonction de l’orientation du déplacement du centre de gravité, le tireur alternera des appuis sur le pied interne pour propulser et le pied externe pour réceptionner.

Les jambes sont légèrement fléchies et souples, tels des amortisseurs. Le bassin est en position neutre, voire en légère rétroversion pour réduire la surface de frappe. Il est aligné avec les épaules qui doivent être relâchées.

L’alignement épaule, bassin, genou, cheville a pour objectif de mieux transmettre l’énergie lors des frappes et protéger le tireur d’éventuelle blessure.

Le visage est protégé par les mains positionnées à hauteur de pommette, et le menton est baissé pour limiter la surface de frappe. Le regard est en direction de la ligne des épaules de l’adversaire. Le déplacement du centre de gravité induit une modification de la ligne des épaules, qui permet une vision immédiate d’un changement de posture pouvant conduire à une attaque.

Les bras ne peuvent pas protéger l’ensemble de la surface du corps, il conviendra comme pour les déplacements d’être en mouvement irrégulier pour être le moins prévisible possible. La notion de mobilité, tant au niveau des appuis que des membres supérieurs, est la première stratégie de défense.

Cette posture qui reprend les fondamentaux permettra à l’athlète d’être protégé et de toucher l’adversaire sans donner d’information avant l’attaque. Vous avez certainement déjà observé des affrontements, où les boxeurs adoptaient des gardes que nous pourrions caractériser d’atypiques. Si le tireur, grâce à cette posture, ne prend pas de coup, il a créé sa propre situation de défense, ce qui n’est pas sans danger.

2. L’équilibre du tireur

Le cœur de notre activité est de délivrer des coups de pied et de poing sans se faire toucher. Lors de ces différentes phases, le tireur alterne des phases de déplacement pour contrôler la distance avec l’adversaire et de fixation pour délivrer des frappes efficaces. Il doit faire face à un dilemme qui est de créer du mouvement, donc être en déséquilibre, tout en étant capable de se fixer, soit être en équilibre.

L’action de passer de deux appuis à un appui pour donner un coup de pied modifie la surface d’appui au sol et nécessite une réorganisation de la posture.

Lors des déplacements, le centre de gravité se déplace constamment en raison de la modification permanente de la répartition des masses. Pour augmenter sa stabilité, le tireur devra augmenter la surface du polygone de sustentation en écartant les pieds et en abaissant le centre de gravité. A contrario, vous comprendrez que l’action de donner un coup de pied figure, réduit le polygone de sustentation et élève le centre de gravité. Ce qui engendre une possibilité de déséquilibre plus important.

POINT SCIENCE

Un corps est en équilibre lorsque les forces qui agissent sur lui se neutralisent et quand son centre de gravité se projette verticalement sur sa surface d’appui.

Le centre de gravité, aussi appelé G, est le point d’application de la résultante des forces de pesanteur qui s’exercent sur l’ensemble des particules composant un corps.

Si l’on prend un corps à densité uniforme, son G se confond avec son centre géométrique. Pour le corps humain dit asymétrique, le centre de gravité change en fonction de la posture adoptée. En position anatomique, son centre de gravité se trouve en avant de la 3evertèbre lombaire en direction du nombril.

La surface d’appui, aussi appelée polygone de sustentation, correspond à la surface de contact avec le sol, lors d’un appui unipodal. Lorsque l’athlète est en appui bipodal, il faut prendre en compte les surfaces de contact des deux pieds et la zone interpodale.

Instabilité en avant et en arrière.

Instabilité à gauche et à droite.

Équilibre précaire dû à la position en pointe de pied, avec une correction du déséquilibre plus facile

Zone de sustentation la plus importante avec une possibilité de combler le déséquilibre dans tous les sens.

La richesse que nous offre la savate grâce à l’utilisation des poings et des pieds nous conduit à adopter des stratégies pour conserver un équilibre en toutes circonstances.

Gilles PÉNINOU et Patrick COLNÉ ont évoqué trois conditions, pour conserver l’équilibre suivant les circonstances :

La première consiste à organiser le placement de son corps dans l’espace, de façon que le centre de gravité du corps se retrouve à la verticale du polygone de sustentation. Lorsque le tireur veut donner un coup de pied, il organise son corps de façon à transférer son poids du corps sur une jambe. Autrement dit, il déplace son centre de gravité sur la surface d’appui de son pied qui est au sol.

Le deuxième impose de placer ses appuis dans la direction et le sens prévisible d’un déséquilibre, puisque le degré de stabilité de l’équilibre dépend de la distance entre la verticale abaissée du G et les limites du polygone de sustentation. Lorsque le tireur transfère son poids du corps sur une jambe pour donner un coup de pied (circulaire), il pivote son pied afin de positionner le talon de la jambe d’appui en direction de l’adversaire. Cela permet de maintenir l’équilibre en prévision d’un déséquilibre vers l’arrière.

La troisième consiste à s’adapter aux modifications de la posture, soit en modifiant la situation spatiale du G en déplaçant un ou plusieurs segments sans changer les appuis au sol ou en changeant la position des pieds pour modifier le polygone de sustentation. Nous retrouvons cette situation lorsque le tireur écarte les bras au moment d’un coup de pied, en recherche d’équilibre à cause d’un mauvais placement. Ainsi, nous privilégierons l’utilisation du décalage ou du débordement en amont de celui-ci, dans le but de modifier la surface d’appui pour éviter le déséquilibre.

Le tireur en recherche d’efficacité tout en préservant son intégrité physique doit positionner ses pieds de façon à maintenir un équilibre grâce à un empilement articulaire avec une posture alignée. La compensation posturale en modifiant la situation spatiale du G sans déplacer les appuis va engendrer un déficit dans la dynamique d’appui, créer des ouvertures dangereuses et diminuer l’efficacité des frappes.

Contenu de ces trois conditions, nous pouvons admettre que la position optimale pour le boxeur est une posture de trois-quarts sur la plante de pied talon légèrement décollé comme évoqué dans la figure précédente. En effet, cette posture vise à augmenter le polygone de sustentation et permet au boxeur de corriger un déséquilibre potentiel dans toutes les directions.

Concernant l’appui unipodal lorsque le tireur donne un coup de pied, nous privilégierons un appui plante de pied, avec un ancrage fort au sol avec le talon en direction de l’adversaire. Ce placement de pied vise à augmenter la surface d’appui et pouvoir corriger un éventuel déséquilibre sur l’arrière. L’action de monter en pointe de pied pour gagner quelques centimètres lors d’une frappe fouettée figure ne devient pas pertinente. Le déséquilibre engendré par cette posture est antinomique à la recherche de stabilité pour que le tireur ait un transfert de force efficace.

3. La dynamique d’appui

Lorsque le tireur est en garde immobile, il est dans un état d’équilibre stable. L’ensemble des forces qui agissent sur lui s’annulent. La première loi de Newton, appelée le principe d’inertie, dit que « Tout corps persévère dans l’état de repos ou de mouvement uniforme en ligne droite dans lequel il se trouve, à moins que quelque force n’agisse sur lui, et ne le contraigne à changer d’état. »

Pour initier le déplacement, le tireur devra créer de la force pour vaincre son inertie. Dans cette dynamique, le tireur crée une phase de déséquilibre en projetant le centre de gravité hors du polygone de sustentation. Ce déséquilibre est nécessaire pour créer le mouvement, mais doit être maitrisé pour donner ou éviter un coup.

L’origine de la force peut être interne causée par une action musculaire grâce à la contraction, ou une force externe causée par une contrainte extérieure comme la gravité ou un coup porté par l’adversaire. Lors d’un affrontement en savate, nous alternons en permanence des phases statiques et des phases dynamiques pour toucher ou ne pas être touché. En résumé, nous créons ou nous sommes soumis en permanence à des forces choisies ou subies.

1. Anatomie du pied

Tournons-nous un instant, sur l’extrémité distale du membre inférieur, le pied. Relié à la jambe par l’articulation de la cheville, il porte le poids du corps en position debout.

Sa structure est composée de vingt-six os regroupés en trois parties. Les os du tarse constitué du talus, seul os du pied qui est en contact avec les os de la jambe (le tibia et la fibula), du calcanéus, du naviculaire, du cuboïde et des trois os cunéiformes. Les os du métatarse composé de cinq os. Les trois premiers qui s’articulent avec les trois os cunéiformes et les deux autres qui s’articulent avec l’os cuboïde. Ces cinq os sont prolongés par les phalanges composées de 3 os, sauf pour l’hallux appelé plus communément le gros orteil qui n’en possède que deux.

L’ensemble de ces éléments ostéo-articulaire associé aux ligaments et aux muscles forme trois arches qui constituent la voute plantaire. Cette voute est un élément essentiel pour les sauts, la course, la marche.

Les muscles intrinsèques du pied sont courts et situés sur la face plantaire excepté un qui est sur la face dorsale. Les muscles extrinsèques qui sont longs et fibreux au niveau du pied prennent leurs origines sur les os de la jambe et se terminent sur le pied.

Le maintien de l’arche plantaire se fait grâce au long fléchisseur de l’hallux, le long fléchisseur des orteils, le tibial postérieur, l’adducteur de l’hallux, le long fibulaire et l’abducteur de 5eorteil.

Le tibial antérieur et l’extenseur de l’hallux agissent en flexion dorsale de la cheville et adduction – supination du pied. Pour une abduction – pronation, il s’agira des extenseurs des orteils.

La flexion plantaire et l’adduction – supination du pied seront réalisées grâce au tibial postérieur, le fléchisseur de l’hallux, le fléchisseur commun des orteils et le triceps sural. Tandis que le mouvement abduction – supination du pied se fera grâce au long fibulaire et au court fibulaire.

Le pied assure l’équilibre, l’amortissement et la propulsion lors des déplacements en boxe. Il est important d’en prendre soin, car c’est l’outil de travail du boxeur. Si le boxeur ne peut plus se déplacer, il devient vulnérable. Composé d’un grand nombre de muscles qui servent à maintenir la voute plantaire et stabiliser le pied pendant le mouvement, nous devons les inclure dans nos procédés d’entrainement

2. Prise d’appui

Au cours des dernières décennies, le développement des transports mécaniques fait que nous marchons de moins en moins. De plus, le développement des chaussures avec des renforts au niveau du talon a eu certes pour but de diminuer les contraintes de la force de réaction au sol, mais a rendu nos pieds moins éduqués. Ainsi, nous devons réapprendre à avoir une prise d’appui la moins traumatisante et la plus efficace possible.

Lors de la prise d’appui, le contact du pied avec le sol entraine une force de réaction que va devoir gérer le tireur. Cette force de réaction au sol va créer une énergie, qui dépendra de la composition du sol, des chaussures et de la qualité de réception.

Lors de la prise d’appui arrière-pied, le tireur attaque le sol par le talon. La cheville est alors en flexion dorsale, il se réalise une flexion plantaire passive jusqu’à l’impulsion.

Tandis qu’avec une prise d’appui avant-pied, la cheville est en flexion plantaire, il réalisera donc une flexion plantaire active tout au long de l’appui jusqu’à l’impulsion.

La différence entre ces deux prises d’appui est importante, car lors d’une prise avant-pied, la contraction excentrique du triceps sural (soléaire, gastrocnémiens et aponévrose plantaire) freine l’abaissement du talon pour amortir l’impact. Ainsi, cette biomécanique permet au complexe triceps sural/tendon d’Achille d’emmagasiner et de restituer l’énergie élastique pour l’impulsion.

Durant la phase d’appui, la voute plantaire se comporte comme un ressort, qui restitue l’énergie emmagasinée durant la phase de propulsion. Ce bénéfice de restitution est d’autant plus important lors d’une prise d’appui avant-pied puisque la voute plantaire subit un étirement tout au long du mouvement. Cette action est nécessaire pour que l’athlète puisse déclencher le coup sans que l’adversaire ne décèle celui-ci.

Cavagna et Citterio ont démontré en 1974, que l’énergie potentielle est emmagasinée dans les structures musculo-tendineuses durant la phase d’étirement et peut-être réutilisée lors de la phase de raccourcissement. En effet, si l’étirement est immédiatement suivi d’un raccourcissement musculaire, l’énergie potentielle emmagasinée sera restituée. Ainsi, la quantité d’énergie restituée sera supérieure si elle est consécutive à un étirement plutôt qu’à une contraction isométrique.

Bosco et al, ont démontré en 1981 que ce mécanisme d’étirement et raccourcissement favorise la restitution d’énergie potentielle en minimisant sa dissipation sous forme de chaleur, grâce à une réduction du délai entre les deux phases.

Ce phénomène d’étirement joue un rôle important dans le maintien de l’arche plantaire. Outre, l’aponévrose plantaire qui limite l’aplatissement de la voute plantaire et l’allongement du pied pendant sa mise en charge. Les muscles suspenseurs des arches plantaires (tibial postérieur, long fibulaire, long fléchisseur de l’hallux et long fléchisseur des orteils) limitent la déformation de la voute plantaire et restituent l’énergie produite par l’écrasement lors de la propulsion.

En résumé, si le tireur adopte un déplacement sur des prises d’appui avant-pied en cherchant à écraser le talon grâce à une rotation interne de hanche, pour engager le réflexe myotatique. Sa prise d’appui sera plus dynamique en raison de la réduction du délai entre étirement et raccourcissement. Il sera plus économe dans son déplacement. Il sera plus puissant lors de ses frappes grâce au transfert de l’énergie potentielle emmagasinée. Enfin, il est fondamental en termes de rapidité et de puissance de propulsion de terminer par la poussée du gros orteil.