2,99 €
Vers 1860, un fils de pasteur qui avait fait de l'étude de la nature son occupation principale, réfléchissait au mode de reproduction de l'ichneumon. Cette espèce de guêpe, au dard extrêmement dur, pond ses oeufs dans le corps d'un autre animal, et notamment des chenilles. Lorsque les larves éclosent, elles dévorent ensuite leur hôte de l'intérieur (une chrysalide qui a été ichneumonée donnera donc naissance à un ichneumon, et non à un papillon). Le spectacle de la lutte pour la vie dans toute sa cruauté, suffit alors pour que celui qui y songeait, renonce définitivement à croire en un Dieu tout-puissant et plein de bonté, qui aurait créé le monde. Ce jeune homme s'appelait Charles Darwin. Sans préjuger de la valeur de son travail subséquent, qu'on lise à l'opposé ce qu'écrit Alexandre Morel sur la relation entre l'ichneumon et le papillon, et les applications spirituelles qu'il en tire à propos de l'âme humaine. Quelle que soit la conviction que chacun en retirera, il devra convenir que l'examen des papillons, pour frêles et éphémères que soient ces petites bêtes, ne va sans entraîner de grandes pensées. Comme le fait remarquer Alexandre Morel, les Grecs avaient fort à propos désigné d'un même mot l'âme et le papillon : Psyché. Cette numérisation ThéoTeX reproduit le texte de 1924.
Das E-Book können Sie in Legimi-Apps oder einer beliebigen App lesen, die das folgende Format unterstützen:
Seitenzahl: 76
Veröffentlichungsjahr: 2023
Ce fichier au format EPUB, ou livre numérique, est édité par BoD (Books on Demand) — ISBN : 9782322484010
Auteur Alexandre Morel. Les textes du domaine public contenus ne peuvent faire l'objet d'aucune exclusivité.Les notes, préfaces, descriptions, traductions éventuellement rajoutées restent sous la responsabilité de ThéoTEX, et ne peuvent pas être reproduites sans autorisation.ThéoTEX
site internet : theotex.orgcourriel : [email protected]On se souvient en Suisse d’Alexandre Morel (1856-1929) comme un pionnier de la Croix-Bleue, cette œuvre protestante dédiée au secours et à la guérison des alcooliques, dont il a été président. Ancien élève de Frédéric Godet à la Faculté de théologie de Neuchâtel, il a commencé par exercer son ministère pastoral dans le Tarn, puis une vingtaine d’années à Moutier, et enfin à Berne, jusqu’à la fin de ces jours. Outre ce très original petit livre sur les leçons évangéliques qu’il a su tirer de l’observation des papillons, Alexandre Morel a écrit une histoire de la Croix-Bleue, et plusieurs de ses sermons furent publiés.
En lisant les Enseignements du Papillon chacun constatera qu’ils ne sont pas, comme il s’y attendait peut-être, une collection disparate de curiosités naturelles propre à distraire l’auditoire en illustrant quelque sermon. Non, une profonde unité sous-tend ce recueil du début à la fin ; elle provient tout simplement du sujet même : l’existence du papillon, sa naissance et son développement à travers toute la série de ses métamorphoses, apparaît réellement comme une parabole vivante que le Créateur adresse aux hommes qui savent voir. Aussi, après chacun des courts chapitres, le lecteur sérieux restera pensif sur les profonds mystères qui enveloppent la destinée de tout être humain, son origine, sa prédestination, son but, sa lutte avec le péché, son salut, sa mort et sa résurrection…
Vers 1860, un fils de pasteur qui avait fait de l’étude de la nature son occupation principale, réfléchissait au mode de reproduction de l’ichneumon. Cette espèce de guêpe, au dard extrêmement dur, pond ses œufs dans le corps d’un autre animal, et notamment des chenilles. Lorsque les larves éclosent, elles dévorent ensuite leur hôte de l’intérieur (une chrysalide qui a été ichneumonée donnera donc naissance à un ichneumon, et non à un papillon). Le spectacle de la lutte pour la vie dans toute sa cruauté, suffit alors pour que celui qui y songeait, renonce définitivement à croire en un Dieu tout-puissant et plein de bonté, qui aurait créé le monde. Ce jeune homme s’appelait Charles Darwin.
Sans préjuger de la valeur de son travail subséquent, qu’on lise à l’opposé ce qu’écrit Alexandre Morel sur la relation entre l’ichneumon et le papillon, et les applications spirituelles qu’il en tire à propos de l’âme humaine. Quelle que soit la conviction que chacun en retirera, il devra convenir que l’examen des papillons, pour frêles et éphémères que soient ces petites bêtes, ne va sans entraîner de grandes pensées. Comme le fait remarquer Alexandre Morel, les Grecs avaient fort à propos désigné d’un même mot l’âme et le papillon : Psyché.
Psaume.19.4
Job.12.7
Plusieurs de mes lecteurs trouveront sans doute étrange qu’un pasteur s’attarde à aborder un sujet aussi vain que celui des papillons. Est-ce le moment d’en parler ? Appartient-il à un messager de la bonne nouvelle, dans les temps graves où nous sommes, de perdre son temps à pareille futilité ?
On raconte que, dans les premiers siècles de notre ère, un vieil ermite, célèbre par sa piété, vivait dans les contrées de la Thébaïde. Un jour, un savant d’Alexandrie étant venu le visiter, lui exprima son étonnement de ne point lui voir de bibliothèque. « J’ai deux livres écrits de la main de mon Père céleste, répondit l’ermite, la Bible et la nature ; j’ai appris à lire dans les deux, et cela me suffit. » C’est dans ces deux livres que j’essaie également d’apprendre à lire. Ce que j’ai trouvé dans la Bible, je le dis, le dimanche, dans mes prédications ; ce que j’ai lu dans la nature, je voudrais le dire ici, non en savant, mais en simple amateur. Combien je serais heureux si ces quelques pages, écrites avec amour, pouvaient éveiller en quelqu’un, tout à la fois, le goût de la nature et le goût des choses de Dieu !
Alors que, tout jeune pasteur, je gravissais, un certain matin du mois de mai, l’une de nos montagnes jurassiennes, je vis, au bord du chemin, un papillon tout frais qui venait de sortir de sa chrysalide. C’était l’Aglia Tau, ce beau bombyx d’un jaune-fauve, aux quatre ailes ornées d’un œil noir ; chatoyant en bleu, dont la prunelle blanche est à peu près semblable à un Tau grec.
Cette merveille du monde des insectes, en cette matinée de printemps, m’apparut si radieuse, si pure, si incomparablement belle que, du coup, je fus gagné à l’entomologie. Je résolus de concentrer désormais mon attention, lors de mes courses pastorales à travers champs et bois, sur ce monde si gracieux des papillons, de façon à leur arracher, si possible, le secret de leur mystérieuse existence.
Il y a de cela quarante ans ! Je ne saurais dire les jouissances pures, les tressaillements d’adoration, l’édification profonde surtout que j’ai trouvé dans la contemplation de ces petits êtres si fragiles, mais d’un intérêt si palpitant.
Il m’a semblé que le moment était venu pour moi de sortir quelque chose de ces trésors de beauté et d’en parler. Natura maxima in minimis miranda, disait le grand Linné. C’est dans les plus petites choses que la nature fait voir ses plus grandes merveilles.
Henry Drummond, le célèbre professeur de l’Université de Cambridge, donnait à ses étudiants un cours de sciences naturelles et parlait, le dimanche, à un auditoire composé principalement d’ouvriers, de sujets d’un caractère moral et religieux. Pendant un certain temps, il avait réussi à caser ces deux choses disparates, la science et la religion, dans un compartiment différent de son esprit. Mais, peu à peu, le mur de séparation céda et le moment vint où il parla aux ouvriers de la même manière qu’il parlait à ses étudiants. En d’autres mots, Drummond arriva à la conviction que les lois de la nature se prolongent jusque dans le monde spirituel, dont les réalités peuvent être formulées exactement dans les mêmes termes que celles de la biologie.
J’ai expérimenté à maintes reprises quelque chose de pareil : ce que j’ai trouvé dans la Bible m’a paru être la continuité de ce que j’avais observé dans le livre de la nature. Ce n’était pas seulement des images ou des paraboles ou de frappantes analogies. Entre les deux règnes, j’ai souvent constaté une vraie similitude de lois ; certains phénomènes du monde spirituel m’apparaissaient comme le prolongement de ceux de la nature.
Vous représentez-vous la joie que l’on éprouve lorsqu’une hypothèse se vérifie, qu’un mystère s’éclaircit ou qu’un problème du monde spirituel se résout par la simple contemplation de la Création ? Ce genre de découvertes fait chanter.
1Corinthiens.15.46-49
On a dit que les papillons, n’étant pas essentiels à notre vie, ne sont qu’un objet de luxe dans la nature et que le monde tournerait sans eux.
Je ne le crois pas. J’ai idée, au contraire, que le Créateur a permis que le papillon fût si brillant pour attirer plus directement notre attention et mieux nous faire comprendre les précieuses leçons biologiques qu’il a à nous donner ; car il semble que ce soit justement dans cet être délicat entre tous que Dieu à voulu, comme en une superbe illustration, esquisser tout son plan d’amour à notre égard et nous faire toucher du doigt les phases successives de l’évolution magnifique par laquelle il nous élèvera de notre berceau à son trône.
Ce n’est pas pour rien que, chez les Grecs déjà, le mot Psyché