Au-delà des différences - Alexandre Morel - E-Book

Au-delà des différences E-Book

Alexandre Morel

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Beschreibung

Aline, jeune femme vierge de vingt-deux ans, en cinquième année de médecine, rêve de devenir chirurgienne. Alors qu'elle s'est toujours consacrée qu'à ses études, elle rencontre un jeune homme sur le campus de la faculté de Grenoble. En revenant de chez ses parents avec son amoureux, elle est victime de l'accident de voiture qu'ils ont ensemble. Après quelques jours de coma, elle apprend qu'elle est paraplégique. Aline doit par conséquent apprendre à vivre avec ce corps meurtri, découvrir la sensualité et la sexualité, mais surtout redéfinir son avenir professionnel.

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Seitenzahl: 272

Veröffentlichungsjahr: 2025

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Sommaire

Préambule

Aline

Une vie brisée

Le Diable peut être beau

Un nouvel environnement

La visite du Maître

Une belle rencontre

Une rééducation particulière

Première leçon

Une nouvelle arrivée

Le royaume de Lesbos

Un trésor peut en cacher un autre

La Police vient à Aline

Aide à la (re)découverte

L’Ergonomie pour une nouvelle vie

Des essais et des désillusions

Pas de salade avec les avocats

Dure rééducation

Corine se libère avec la psychologue

Une sortie au poil

Un nouveau départ

L’arrivée de Christophe

Une douche révélatrice

La liaison évolue

Annette ne vit pas que le manche de son balai

Christophe raconte sa rencontre avec Annette

Christophe approfondit sa relation avec Aline

Le retour à la faculté de médecine

Premier procès

Un Spa sympa

Le Quatuor partage ses secrets avec Annette

La lettre qui peut changer la vie de Christophe

La découverte de Christophe

La Surprise

La vie à quatre… Quatre mois plus tard

Louis rencontre un foyer non-conventionnel

Louis se confie à Christophe

Ariane

La prise de conscience

La famille s’agrandit

Plus d’espace pour la famille

La concrétisation d’un projet

Une désillusion

La société familiale

Un homme handicapé, Mais avant tout un homme

Un premier projet qui démontre un savoir faire

Jade a bien grandi

Les assises pour celui qui l’a mise assise

Auto-nomie

Premières vacances ensemble

Sous l’objectif, promotion du naturisme et souvenirs coquins

Jade s’offre un court et intense séjour

La vie continue malgré les handicaps

Préambule

En France, chaque personne majeure a le droit à une vie affective et sexuelle, qu’elle soit valide, atteinte d’une maladie, handicapée physique, sensorielle ou mentale. Et pourtant ce droit est très, voire trop souvent bafoué par des personnes ne pensant pas toutes à mal.

En effet, la France compte environ douze millions de personnes atteintes d’un handicap et toutes n’ont pas la chance de pouvoir être autonomes dans leur quotidien, que ce soit pour la toilette ou pour d’autres actes qui nous sembleraient normaux pour toutes personnes.

Que diriez-vous si l’on vous interdisait d’avoir une vie sentimentale, affective ou sexuelle ? C’est malheureusement le cas des personnes ayant un handicap mental ou encore physique, leur empêchant de se mouvoir seules.

L’éventualité que des personnes ayant une déficience mentale aient un désir d’une vie affective, voire sexuelle, est inconcevable pour certains. Le droit à cette vie peut donc être soumis aux réserves des familles et des directions des établissements de soins qui ont une peur viscérale que leur soit reprochée la faiblesse des personnes sous leur surveillance.

Un problème rencontré également par les personnes handicapées physiques qui, étant dépendantes d’une tierce personne pour les transferts fauteuil/lit et pour l’habillage/déshabillage, n’ont pas le choix d’une assistance pour avoir une vie affective et sexuelle. De plus, chacun d’entre nous a le droit à son intimité.

Dans les établissements accueillant ces personnes (cliniques de rééducation, hôpitaux, centres spécialisés), les portes sont souvent dépourvues de serrure et laissées ouvertes par le personnel de santé, qui ne pense pas au manque d’intimité relatif à cet acte. De plus, dans ces endroits, la sexualité n’est jamais abordée par les équipes médicales. La sexualité ne peut donc être vécue sans problème.

En effet, dans le cas d’une personne handicapée autonome, le couple handi/valide ne peut bénéficier d’une intimité convenable par l’impossibilité de verrouiller la porte de la chambre et également par un manque d’information sur la manière de reprendre une sexualité avec une personne ayant un handicap.

Dans le cas de deux personnes handicapées dont l’une ou les deux sont dépendantes, l’aide d’une tierce personne est nécessaire pour le rapprochement physique de ces deux personnes et c’est là que le problème se crée. En effet, le soignant qui souhaiterait apporter son aide serait susceptible d’être sanctionné par sa direction, voire dénoncé par d’autres personnes qui pourraient voir là des actes répréhensibles.

Nous vivons dans un pays où les lois se contredisent et où les volontés d’actions de certains sont empêchées par d’autres.

Afin de pallier la pauvreté affective des personnes handicapées, des formations d’assistants affectifs et sexuels ont vu le jour dans certains pays limitrophes et en France. Lors de ces stages, il est inculqué le respect des droits et les façons de s’occuper d’une personne handicapée.

Ces formations, bien que mal perçues par certaines personnes, sont autorisées dans notre pays. Mais la mise en relation d’une personne formée avec une personne handicapée, est considérée comme du proxénétisme. Car pour la loi française, même si le droit à une vie affective et sexuelle existe, ceci est considéré comme de la prostitution.

Alors malgré les risques encourus, des personnes font le lien entre l’offre de service et la demande.

La tendresse, l’amour et la sexualité n’ont que les limites que nous leur mettons. Les pouvoirs publics ne sont pas près de faire évoluer les droits des personnes handicapées, car des lobbyistes s’infiltrent auprès des législateurs, les invitent, leur offrent des services et se permettent de leur écrire des rapports qui vont à l’encontre des besoins spécifiques de la population.

Aline

Du haut de son un mètre quatre-vingt-six, Aline était une jeune femme rousse de vingt-deux ans. Promise à un grand avenir de médecin, comme ses parents avant elle, elle entamait déjà sa cinquième année à la faculté de médecine de Grenoble.

La jeune femme avait toujours placé ses ambitions professionnelles avant sa vie personnelle, mais depuis quelques jours, un étudiant lui faisait la cour et ce n’était pas pour lui déplaire. Paul avait quatre ans de plus qu’elle, le grand Blond était l’un des rares hommes qui arrivait à planter ses yeux dans les émeraudes de l’étudiante.

À force de compliments, il avait su briser la carapace d’Aline et c’est main dans la main qu’ils parcouraient à présent la cité universitaire. Paul était très entreprenant et aurait aimé que les bisous d’adolescents et les quelques caresses plus ou moins appuyées ne soient pas la seule chose que la jeune femme lui offre.

Le mois passa et le jeune homme montra quelques signes d’impatience, il voulait de réels contacts avec Aline et un soir, alors qu’ils rentrèrent d’un repas chez les parents de la jeune femme, Paul arrêta sa voiture dans un chemin forestier. Il se tourna vers la jolie Rousse et l’embrassa fougueusement.

Aline sentit une main déboutonner son chemisier, elle ressentit un mélange d’excitation et de peur. L’autre main du jeune homme ne resta pas inactive, elle passa dans son dos, l’attache de son soutien-gorge sauta, libérant deux petits seins dont les petits tétons masquèrent mal un certain plaisir lors de la stimulation de ceux-ci par la bouche de son partenaire.

De son côté, la jeune femme caressa la chevelure du beau Blond, mais lorsque celui-ci voulut lui ôter son pantalon, elle se raidit et le repoussa. En effet, elle ne se sentait pas encore prête à connaître sa première fois.

Paul la regarda alors droit dans les yeux et lui fit savoir qu’il en voulait plus. Il ouvrit son pantalon, sortit son sexe et le présenta à la jeune femme et lui ordonna de faire le nécessaire pour calmer son désir. Elle eut soudainement peur de lui et à contrecoeur se pencha sur cet organe qu’elle n’avait vu qu’au repos lors de ses études. Elle le caressa maladroitement, sortit sa langue, mit ses lèvres sur le bâton de chair qu’elle dut avaler par la pression exercée sur l’arrière de sa tête.

Paul devint un autre, il imprima un mouvement de succion sur son sexe en agrippant la chevelure de la demoiselle. Aline, ayant peur d’une mauvaise réaction de son partenaire, le laissa faire et après quelques minutes, il se répandit dans sa bouche. L’odeur et le goût du produit du plaisir de cet homme étaient vraiment immondes. Elle ne put s’empêcher d’ouvrir la porte et de vomir à côté du véhicule. Elle pensa alors que cette entrée dans la sexualité était un vrai fiasco et elle ne se sentait pas prête à recommencer.

L’homme devint odieux ! Il lui reprocha d’avoir vomi ce qu’il pensait être un nectar. Les deux jeunes gens reprirent la route vers leurs logements respectifs. Paul ne la regarda pas, il se contenta juste de se prendre pour un pilote de rallye sur les routes sinueuses. Les virages furent pris à des vitesses de plus en plus folles et à la sortie de l’un d’entre eux, le jeune homme perdit le contrôle de son bolide… Après avoir subi quatre tonneaux, le véhicule s’immobilisa dans le fossé. Un homme arrivé en sens inverse fut, malgré lui, spectateur de l’accident. Il arrêta des véhicules afin de sécuriser les lieux, puis s’approcha de l’amoncellement de tôles écrasées.

À l’intérieur, seul le conducteur se plaignait. La passagère, le visage ensanglanté, semblait inerte, mais elle avait un pouls. Le témoin prit alors son téléphone et contacta les secours. Il fit un bilan de ce qu’il venait de constater. Après avoir raccroché, il entendit le jeune homme dire qu’il avait gâché sa vie, que son année de médecine était foutue.

À l’arrivée des pompiers, du S.M.U.R. et des gendarmes, l’homme fit un rapport complet. Il expliqua dans les moindres détails tout ce qu’il avait vu et entendu.

Du côté des pompiers et de l’équipe d’urgentistes, c’était alors une course contre la montre. La jeune femme était dans le coma et il fallut l’extraire au plus vite de l’épave. Après avoir coupé le véhicule pour faciliter l’accès du plan dur, Aline fut désincarcérée. Ses jambes étaient fracturées au niveau des fémurs et, sans des analyses plus approfondies, les urgentistes étaient dans l’incapacité de connaître les autres lésions subies par la passagère. Afin de transporter la victime le plus rapidement possible, un hélicoptère fut dépêché sur place et s’envola pour le Centre Hospitalier Universitaire de Grenoble.

Paul avait eu beaucoup plus de chance que sa petite amie. À part quelques coupures peu profondes dues à l’éclatement des vitres latérales lors du choc et des contusions relatives aux tonneaux, le jeune homme, bien qu’en capacité de répondre aux questions, refusa pourtant de donner des informations aux gendarmes et prétexta une douleur à la poitrine pour refuser de souffler dans l’alcootest. Le médecin effectua des prises de sang qui serviraient à connaître l’état du jeune homme au moment des faits.

Une vie brisée

Deux semaines passèrent avant qu’Aline ne puisse sortir du coma. Lorsqu’elle ouvrit les yeux, ses parents étaient dans la pièce, les yeux rougis. Elle se sentait très fatiguée et elle demanda ce qu’il s’était passé. Le médecin, après lui avoir parlé de l’accident de la route, lui demanda de quoi elle se rappelait.

Aline se sentit gênée, puis elle pensa qu’une version édulcorée serait plus adaptée aux oreilles de ses parents et de ses futurs confrères :

- Nous avions pris la route nationale après un repas chez mes parents et après quelques kilomètres, Paul a immobilisé sa voiture pour m’embrasser. Nous étions repartis en direction de Grenoble, il roulait à vive allure et puis c’est le trou noir…

Elle demanda alors :

- Paul ! Où est-il ? Comment va-t-il ?

Son père, le regard noir et avec une voix pleine de colère, lui répondit :

- Ce petit salaud va très bien, trop bien ! Il n’est même pas venu te voir ! Un ami de l’I.R.C.G.N.1 m’a informé que sa prise de sang avait révélé une prise de stupéfiants.

Les larmes coulèrent sur les joues de la jeune femme, elle demanda à sa mère de lui apporter un miroir afin qu’elle puisse voir si son visage avait des stigmates indélébiles. Elle ne vit alors qu’une petite cicatrice sous son oeil… Pas de quoi s’inquiéter… Mais le fait que Paul n’était pas venu, lui fit jeter la trousse de maquillage sur le bas de son lit.

Une sensation ou plutôt l’absence de sensation lors de l’atterrissage de l’objet sur ses jambes, lui fit relever les yeux sur le médecin. Elle comprit immédiatement qu’un problème plus grave était survenu lors de l’accident !

Le médecin sortit des radiographies ainsi que des scanners et les montra à Aline. Elle vit qu’elle avait une lésion de la moelle épinière entre les vertèbres T12 et L1, elle était donc paraplégique. Son père ne put s’empêcher de dire que Paul était responsable de l’accident et que ce devrait être lui qui soit dans ce lit.

Le lendemain de son réveil, la belle au bois dormant eut la visite de deux gendarmes qui lui demandèrent d’expliquer l’intégralité de ce qu’elle se rappelait, car chaque détail comptait. Elle savait que les fonctionnaires étaient tenus à la discrétion et elle se permit alors de leur raconter les faits et rien que les faits. De leur côté, ils montrèrent à la jeune femme, les photographies prises le jour de l’accident. Le véhicule était devenu une compression de César, qui ne prima malheureusement pas un excellent conducteur.

L’un des deux gendarmes se tourna vers Aline et lui dit :

- Mademoiselle, lorsque je suis arrivé sur les lieux de l’accident, je ne pensais pas que vous alliez vous en sortir vivante. Mais aujourd’hui, aux vues des photographies, de vos déclarations, des résultats de la prise de sang du conducteur et des lésions que vous avez subies, voulez-vous porter plainte contre le conducteur ?

Paul n’ayant montré aucun signe de regret et étant plus intéressé par lui-même que pour sa passagère, Aline prit la décision de se battre pour faire reconnaître son statut de victime.

Les jours passèrent et Aline se posait beaucoup de questions sur son avenir… Elle ne pourrait pas devenir le chirurgien qu’elle avait toujours souhaité devenir. Si elle voulait poursuivre ses études, elle devrait choisir une spécialité où son handicap ne serait pas une gêne.

De plus, depuis son réveil de son coma, des aides-soignantes venaient chaque jour lui faire sa toilette, elle n’appréciait guère que des inconnues la voient nue. Sa pudeur fut mise à mal par l’obligation d’avoir une sonde urinaire à demeure jusqu’à ce que les médecins soient fixés sur son état neurologique et soient sûrs qu’elle puisse contrôler seule ses mictions.

C’est pourquoi, deux semaines après, elle demanda à faire un électromyogramme2 afin de définir jusqu’où sa paralysie la touchait. Elle sollicita également l’urologue et le gastroentérologue.

Pour le premier examen, elle fut placée sur une table de soin à côté d’un appareil qu’elle n’avait encore vu que dans ses livres. Un petit homme arriva dans la pièce, lui dit un simple bonjour, prit les capteurs et les plaça sur ses membres inférieurs. Il augmenta par moment l’intensité, mais ce n’est qu’en arrivant à mi-cuisse que la jeune femme poussa un cri. Elle se mit à pleurer, non pas de douleur, mais de joie. Elle avait donc une certaine sensibilité neurologique à partir de ce niveau, la paraplégie n’atteignait donc pas sa féminité.

Le passage chez les deux autres spécialistes lui confirma qu’elle pouvait désormais se passer de la sonde et des autres soins dès qu’elle aurait acquis les bons gestes pour effectuer seule ses transferts. Elle devait pour cela se rendre dans un centre de rééducation.

1 I.R.C.G.N. : Institut de Recherche Criminelle de la Gendarmerie Nationale

2 L'électromyogramme (EMG) est un examen médical qui consiste à enregistrer l'activité électrique des muscles. Cet examen permet de diagnostiquer certains troubles musculaires et nerveux.

Le Diable peut être beau

Heureuse de ces annonces, Aline téléphona à ses parents dès son retour en chambre. Sa mère avait une voix chevrotante due à l’émotion et aux larmes. C’est à cet instant qu’une tête bien connue apparut dans l’encadrement de la porte… Paul était là en face d’elle ! Elle expliqua à sa maman qu’elle devait mettre un terme à leur conversation, mais qu’elles s’appelleraient plus tard dans la journée.

Il avança vers elle, le visage rouge de colère, et lui dit :

- Te rends-tu compte de ce que tu me fais ? À cause de toi, je vais avoir des problèmes avec la Justice ! En plus de ta putain de plainte, ma voiture est morte et les gendarmes m’ont sucré mon permis !

- Toi, toi, toi… Combien de fois es-tu venu me voir depuis l’accident ? As-tu simplement pris de mes nouvelles ? demanda la jeune femme agacée devant la véhémence du jeune homme dont elle était amoureuse avant l’accident.

- J’ai appris par les flics que tu avais été gravement blessée, mais à ce que je vois, tu vas plutôt bien. Tu dois retirer ta plainte ! Sinon, tu vas aggraver mon dossier pour récupérer mon permis de conduire et je ne veux pas avoir de boulet pour ma future carrière.

- Tu te moques de moi ? Je ne vais pas aussi bien que le connard qui se trouve devant moi ! Grâce à ton talent de pilote, je suis paraplégique ! Tu te souviens de ce que cela veut dire ? Je ne remarcherai plus jamais, mon avenir s’est réellement brisé, comme ma colonne vertébrale, le jour de l’accident !

- Tu ne vas donc pas retirer cette plainte ? Ton avenir sera peutêtre compliqué, mais ne flingues pas le mien pour te venger !

- Tu ne penses donc qu’à toi ! Déjà, lorsque tu t’es arrêté et que je n’ai pas voulu coucher avec toi, tu as ouvert ton pantalon, me réclamant une pipe ! Tu m’as forcée à mettre ta bite dans ma bouche et tu as déversé ton plaisir sur ma langue. Jamais, tu ne m’as pas demandé si je souhaitais recevoir ce liquide dégueulasse et puant ! Je n’étais et ne suis pas un réceptacle à foutre ! En plus, Monsieur s’est vexé que je n’avale pas « sa précieuse semence » et après que j’ai vomi, il a pris la mouche, appuyant sur l’accélérateur jusqu’au drame.

Gwenaëlle et Sophia, deux aides-soignantes ayant entendu des éclats de voix, arrivèrent dans la chambre.

- Monsieur, vous êtes dans un hôpital, tout le service entend vos vociférations et Mademoiselle, comme les autres patients, ont besoin de repos. Vous êtes donc prié de bien vouloir partir.

- Vous savez à qui vous parlez ?

- Non, et je m’en fous ! Vous pourriez être le Président que ce serait la même chose pour nous ! Dit Sophia.

- Je me rappellerais de vos gueules et quant à toi, j’aurais mieux fait de t’enculer lorsque j’en avais l’envie, maintenant, en plus d’être une salope qui veut gâcher mon existence, tu es devenue une salope d’handicapée qui n’excitera plus personne à part des handicapés comme toi.

- Dis donc, le poète, avant que j’appelle la sécurité pour te virer à coups de pied au cul, tu as intérêt à te barrer vite ! Tes menaces ne resteront pas entre nous, puisque nous allons faire un rapport et une plainte sera déposée ! Dit Gwenaëlle avec insistance.

Paul claqua la porte de colère et s’en alla en proférant un flot d’injures dont l’ensemble des personnes présentes dans le service profita.

Aline se mit à pleurer, elle avait la haine contre ce grossier personnage, elle s’en voulait de lui avoir fait confiance, mais elle était également heureuse de ne pas avoir donné sa virginité à ce con.

Gwenaëlle lui prit la main et se mit à la rassurer :

- Je suis mariée avec un homme en fauteuil et le handicap n’est pas un frein à l’amour. Les barrières sont insurmontables pour certaines personnes, mais sachez que malgré le parcours semé d’embûches, vous pourrez toujours avancer si vous le souhaitez.

- Merci Madame ! S’il revient, vous pourriez témoigner des propos et du harcèlement qu’il effectue pour que je retire ma plainte auprès de la gendarmerie ?

- Je le ferai et ma collègue également. Nous allons bien stipuler dans notre rapport et notre plainte les propos et l’attitude de ce monsieur, contre vous et contre nous.

Un nouvel environnement

Deux jours après l’altercation et étant donné que son état le permettait, les parents d’Aline et l’équipe soignante la firent transférer dans une clinique de soins postopératoires et de rééducation. À son arrivée dans sa chambre, les ambulanciers la transférèrent sur son lit. Elle reçut la visite de l’aide-soignante, de l’infirmière et du médecin, qui procédèrent à son entrée administrative dans l’établissement. Puis une ergothérapeute, lui apporta un fauteuil roulant si large qu’elle pouvait mettre son sac à main à côté d’elle.

Une jeune femme à la peau légèrement cuivrée se présenta à elle :

- Je suis Laurie, votre kiné et avec moi, vous allez travailler les transferts et muscler un maximum le haut de votre corps pour vous assurer l’autonomie nécessaire pour des déplacements en fauteuil et un retour chez vous. D’habitude, ce sont mes collègues aides-soignantes et infirmières qui vous font découvrir l’établissement, mais elles sont toutes occupées par d’autres arrivées.

- Je peux commencer tout de suite ? demanda Aline.

- Oui et non. Je vais vous faire visiter l’établissement, ensuite nous ferons un bilan de vos capacités et nous établirons ensemble les objectifs que vous souhaitez atteindre.

Aline était ravie d’avoir une chambre pour elle seule. Elle fut présentée à une jeune femme blonde qui n’était autre que la psychologue. Laurie lui indiqua alors qu’elle devra la voir au minimum une fois par semaine et, avec un sourire, lui dit :

- Nous préférons que vous soyez suivie, car vous avez les connaissances et les capacités pour vous faire du mal. J’ai lu votre dossier et je sais que vous êtes étudiante en médecine.

- J’étais étudiante, dit Aline avec un air triste.

- Si cela ne vous dérange pas, je préférerai que nous nous tutoyions, c’est plus facile pour moi et vous êtes jeune.

- Oui, sans aucun souci ! De toute façon, nous passerons tellement de temps ensemble que tu vas connaître mon nouveau corps mieux que moi.

- En effet, c’est avec moi que tu vas reprendre ton pied, dit la kiné en faisant un clin d’oeil à sa jeune patiente.

Puis en voyant les larmes couler sur les joues de la jolie Rousse, Laurie se sentit mal et s’excusa :

- Désolée, c’est peut-être trop tôt pour faire des blagues sur ton handicap, mais sache qu’ici, c’est une coutume. Nous préférons dédramatiser et souvent, cet humour, te permettra de retourner une situation lorsque tu seras sortie du centre.

Aline se sécha un peu les yeux et rassura sa kiné :

- Ce n’est pas la blague sur mon handicap qui a fait monter mes larmes, c’est le fait que tu parles de « reprendre mon pied ». Je suis vierge et la seule fois où j’ai vu un sexe d’homme en érection, j’ai perdu l’usage de mes jambes.

- Je savais que parfois l’orgasme pouvait couper les jambes mais là… Désolée, mais c’est plus fort que moi !

La kiné se mit à rire, suivie de sa patiente.

– Je pense que nous allons bien nous entendre, dit Aline.

– Tu m’en as trop dit, je suis curieuse et donc je veux comprendre ton histoire. Raconte-moi tout, s’il te plaît.

Aline reprit un peu de constance et se dit qu’elle pouvait parler franchement avec Laurie.

- Lorsque j’étais étudiante, un jeune homme un peu plus âgé que moi m’a séduite sur le campus de la faculté de médecine de Grenoble et, après quelques rapprochements très sages, je l’ai invité à manger chez mes parents afin qu’ils puissent se rencontrer. En rentrant à Grenoble, il a arrêté sa voiture sur un petit chemin de terre et s’est jeté sur moi pour m’embrasser fougueusement. Ça ne me déplaisait pas, puis il a passé ses mains sous mon haut et, après m’avoir défait mon soutif, il m’a donné un peu de plaisir en s’occupant de mes seins. Mais lorsqu’il a voulu ouvrir mon pantalon, je l’ai repoussé. Il en voulait plus, alors il a ouvert son pantalon, sorti son sexe et m’a dit de lui faire une fellation. Je n’en avais jamais pratiqué, mais j’avais déjà vu des actrices porno. Je me suis approchée de sa bite et ce salaud m’a attrapée par les cheveux, il s’est servi de ma bouche comme d’un vulgaire jouet sexuel et il a craché tout son foutre sur ma langue. J’ai trouvé ça si dégueulasse que j’ai ouvert la portière et vomi à côté de sa voiture. Il était tellement mécontent que je n’avale pas sa semence, qu’il a roulé comme un fou ! Un accident après et me voilà devant toi !

- Quel connard ! Il a aussi été touché dans l’accident ?

- Rien… il n’a rien ! Il ne m’a rendu visite à l’hôpital que pour se plaindre de sa situation et me demander de retirer ma plainte contre lui, car j’allais gâcher sa vie de futur médecin et qu’en plus d’avoir perdu sa voiture, il risquait de perdre également son permis de conduire. De plus, lorsque j’ai refusé, il m’a dit qu’aucun homme ne pourrait s’intéresser à une femme handicapée.

- Je persiste et signe, c’est un super connard ! Je te rassure, ma belle, tu as plu et tu vas continuer à plaire. Je te promets que nous allons tout faire pour que tu puisses avoir une sexualité épanouie. J’ai vu tes résultats neurologiques et tu peux prendre du plaisir.

- Tu fais des miracles ? Non, parce qu’avant tout, ce que je souhaite c’est apprendre à connaître ce corps…

- As-tu des jouets pour fille qui souhaite s’amuser ? Si tu n’en as pas, je vais t’en procurer, car tu as le droit d’avoir une sexualité et la rééducation ne se limite pas au cadre de ce que l’on voit.

- J’ai bien un petit vibro dont j’ai dû me servir une ou deux fois, mais il est planqué et je me vois mal demander à mes parents de me l’apporter !

- Demain, je t’apporte un catalogue et nous regarderons ensemble. Je finis de te faire visiter le bâtiment, sinon tu ne connaîtras que ta chambre, le long couloir et la psychologue.

Les deux femmes se dirigeaient vers l’ascenseur lorsqu’un homme nu passa à leur côté en proférant des injures. Laurie lui expliqua que ce monsieur avait heurté le pare-brise de son véhicule et avait un syndrome frontal. Tout cela faisait donc partie des troubles du comportement associés à sa pathologie. Une aidesoignante raccompagna le monsieur et les deux femmes continuèrent leur tour.

Elles arrivèrent sur le plateau technique de kinésithérapie, une grande salle avec différents appareils servant à la rééducation. Entre les barres de maintien, une femme unijambiste avec une dent qui dépasse, avança dans leur direction. Laurie se pencha vers Aline et dans son oreille lui demanda :

- Sais-tu pourquoi elle n’a qu’une dent ?

- Non ?

- Parce qu’un matin, elle s’est levée du mauvais pied !

Les deux femmes se mirent à rire et se sentirent complémentaires. Aline éprouva un sentiment d’apaisement dans cet environnement qui lui avait donné une certaine appréhension lors de son arrivée.

La visite du Maître

Deux jours plus tard, Aline reçut la visite de ses parents et avec eux, il y avait un homme d’une cinquantaine d’années fort bien habillé. Il avait avec lui une grosse mallette et lorsqu’il s’approcha d’elle pour se présenter, ce fut un vrai sketch :

- Je me présente, Maître LEROM, votre avocat dans la procédure judiciaire. Je sais, mon nom ne plaide pas en ma faveur dans un délit routier, mais sachez qu’il ne s’écrit pas comme l’alcool !

Trêve de plaisanterie, vos parents m’ont chargé de votre dossier, mais vous êtes majeure et capable de décider d’assurer votre défense seule ou avec un autre conseil, de vous constituer partie civile et de demander à un tribunal l’indemnisation du préjudice que vous subissez.

- Monsieur, je n’ai pas de temps à perdre dans la recherche d’un autre avocat et encore moins à m’occuper seule de mon dossier. Alors, dites-moi ce que je dois faire pour vous laisser le pouvoir de me défendre.

Et surtout, n’hésitez pas à l’écraser comme il a fracturé ma colonne lors de son simulacre de rallye.

De plus, Paul est venu me menacer lors de mon hospitalisation à Grenoble… Je souhaiterai qu’il n’ait plus le droit de m’approcher jusqu’au procès.

- Je vais voir ce que je peux faire pour votre dernière requête, mais sachez que, malgré toute ma bonne volonté, je ne peux obliger un juge à établir une mesure d’éloignement contre cet individu, mais je vais essayer…

Dans un second temps, à la vue du rapport de gendarmerie, du résultat des analyses toxicologiques pratiquées sur le conducteur et de vos déclarations aux hommes de la brigade qui vous ont interrogée lors de votre hospitalisation, il est indéniable que l’accident résulte d’une vitesse excessive, d’une non maîtrise du véhicule et tout cela aggravé par la prise de stupéfiants. Je pense donc que je n’aurais pas besoin de me fatiguer pour que la machine judiciaire ne le broie et je ne le plaindrais pas.

Une belle rencontre

Après un moment passé avec ses parents, Aline se retrouva de nouveau seule dans sa chambre. Une solitude qui lui pesa et ; comme elle en avait pris l’habitude, elle fit un tour dans les couloirs, s’arrêta au niveau du bureau des soignants et discuta avec eux.

C’est alors qu’elle vit arriver un jeune homme brun dans un fauteuil roulant. Il avait les yeux bandés et un bras dans le plâtre. Un brancardier l’emmena dans une chambre et quelques instants après, alors qu’une aide-soignante s’occupait de lui, il se mit à crier :

- Je ne vois peut-être pas, mais je sais où se trouve ma bite, alors accompagnez moi jusqu’aux toilettes pour que je puisse faire ce que j’ai à faire !

La jeune femme fit son travail et lorsqu’elle ressortit de la chambre, les yeux embués, elle confia à ses collègues qu’elle avait bien cru qu’il allait lui envoyer l’urinal dans le visage. Les autres femmes présentes la réconfortèrent et ce fut à ce moment qu’elle ajouta que la seule compensation avait été de voir le sexe du jeune homme ! Selon elle, il était bien supérieur à tous ceux qu’elle avait vus jusqu’ici !

En retournant à sa chambre, Aline fit un arrêt par la chambre du jeune homme. La porte étant ouverte… Depuis l’encadrement, elle se permit de l’apostropher :

- Bonjour, je me présente, je suis Aline ! Je t’ai entendu tout à l’heure, elle ne faisait que son travail et rien ne te donne le droit de lui parler comme ça !

- Salut ! Moi, c’est Christophe et je ne me rappelle pas avoir crié ton prénom pour que tu viennes me faire la morale !

- Je vois que Monsieur est un grand comique, avec des connaissances musicales du siècle dernier !

- Désolé, mais depuis mon accident en vélo, j’ai perdu la vue et une double fracture cubitus-radius. Et toi, que fais-tu ici ?

- Comment sais-tu que je ne fais pas partie du personnel ?

- Tu fais un bruit horrible lorsque tu avances. On dirait mon vélo quand mes pneus étaient sous gonflés et que la roue était voilée !

- Tu as raison, je suis en fauteuil roulant. Un accident de voiture m’a laissé paraplégique.

- Ouah ! Tu étais conductrice ou passagère ?

- Passagère, le conducteur est sorti indemne et se fout royalement de mon état… Voilà tout, je t’expliquerai peut-être un jour.

Aline reprit son périple jusqu’à sa chambre. Avec de l’aide, elle s’allongea dans son lit et se remit à lire le catalogue que Laurie lui avait donné. Tous ces objets étaient fort intéressants, mais elle n’osait pas prendre du plaisir dans cette chambre où la porte ne disposait pas de clé.

Une rééducation particulière

Aline avait bien étudié le catalogue que lui avait remis Laurie. Son choix se porta sur un petit accessoire qui lui permettrait de stimuler son clitoris et ainsi de commencer sa rééducation sexuelle.

En parlant de rééducation, elle devait se rendre à sa séance et en passant devant la chambre de Christophe, elle vit la porte ouverte. Son regard se figea sur le devant du boxer du jeune homme qui mettait son jogging… Le sous-vêtement moulait un trésor qui paraissait important.

La jeune femme se sentit honteuse d’avoir profité de la cécité du jeune homme pour se rincer l’oeil. C’est pourquoi, elle tapa sur la porte puis demanda si l’occupant de la chambre allait également en rééducation et s’il souhaitait qu’elle le guide jusqu’à la salle.

Il accepta volontiers l’invitation, car l’ergothérapeute devait lui remettre sa canne aujourd’hui.

Il mit sa main musclée sur l’épaule de la jeune femme, Aline se sentit comme un fétu de paille par rapport à lui. Arrivés dans l’ascenseur, Christophe lui dit avec un large sourire :

- As-tu bien apprécié de me regarder lorsque je m’habillais ?

- Je n’ai rien vu, dit Aline en rougissant.

- J’ai entendu ton fauteuil dans le couloir et tu étais bien présente au moment où j’enfilais mon pantalon.

- En effet, j’étais là et je te prie d’excuser mon indiscrétion, mais sache que tu as bien mis ton boxer du bon côté.

- Au fond d’elle, Aline se demanda pourquoi elle avait prononcé cette dernière phrase.