Les os en silence - Rachel Amphlett - E-Book

Les os en silence E-Book

Rachel Amphlett

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Beschreibung

Lorsqu’un corps momifié est découvert dans un bâtiment rénové, cette découverte macabre entraîne la détective Kay Hunter et son équipe dans une enquête complexe sur un meurtre.

L’enquête policière qui s’ensuit révèle des affaires de corruption, de mensonges et de crime organisé au sein d’une communauté soudée. Kay est déterminée à obtenir justice pour la jeune victime et pourrait compromettre la réputation de certains hommes qui sont prêts à tout afin de protéger leurs intérêts.

Alors que Kay se rapproche du tueur, une tragédie la frappe de plus près, provoquant un choc dans sa vie personnelle et elle remettra en question toutes ses valeurs.

Kay arrivera-t-elle à garder le contrôle de sa vie privée et professionnelle tout en essayant de résoudre l’une des affaires de meurtre les plus étranges de sa carrière ?

Les os en silence est le septième livre de la série de Kay Hunter, best-seller du journal USA Today.

Avis sur Les os en silence :

"Ce roman plonge le lecteur au cœur d’une enquête criminelle – c’est une lecture magnifique !" – Goodreads

"Kay Hunter est un personnage fantastique : une fille forte, bienveillante. Une vrai dure à cuire." – Goodreads

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EPUB

Veröffentlichungsjahr: 2025

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LES OS EN SILENCE

LES ENQUÊTES DE DÉTECTIVE KAY HUNTER

RACHEL AMPHLETT

Les os en silence © 2025 de Rachel Amphlett

Tous droits réservés.

Aucune partie de ce livre ne peut être reproduite, stockée dans un système de récupération ou transmise par quelque moyen que ce soit, électronique, mécanique, photocopie ou autre, sans l'autorisation écrite préalable de l'auteure.

Il s'agit d'une œuvre de fiction. Si les lieux décrits dans ce livre sont un mélange de réel et d'imaginaire, les personnages sont totalement fictifs. Toute ressemblance avec des personnes réelles, vivantes ou décédées, n'est que pure coïncidence.

CONTENTS

CHAPITRE 1

CHAPITRE 2

CHAPITRE 3

CHAPITRE 4

CHAPITRE 5

CHAPITRE 6

CHAPITRE 7

CHAPITRE 8

CHAPITRE 9

CHAPITRE 10

CHAPITRE 11

CHAPITRE 12

CHAPITRE 13

CHAPITRE 14

CHAPITRE 15

CHAPITRE 16

CHAPITRE 17

CHAPITRE 18

CHAPITRE 19

CHAPITRE 20

CHAPITRE 21

CHAPITRE 22

CHAPITRE 23

CHAPITRE 24

CHAPITRE 25

CHAPITRE 26

CHAPITRE 27

CHAPITRE 28

CHAPITRE 29

CHAPITRE 30

CHAPITRE 31

CHAPITRE 32

CHAPITRE 33

CHAPITRE 34

CHAPITRE 35

CHAPITRE 36

CHAPITRE 37

CHAPITRE 38

CHAPITRE 39

CHAPITRE 40

CHAPITRE 41

CHAPITRE 42

CHAPITRE 43

CHAPITRE 44

CHAPITRE 45

CHAPITRE 46

CHAPITRE 47

CHAPITRE 48

CHAPITRE 49

Biographie de l'auteur

CHAPITRE 1

Spencer White tira une dernière bouffée de sa cigarette, jeta le mégot dans le caniveau et claqua la porte arrière de sa camionnette.

Un spasme musculaire lui saisit le bas du dos lorsqu’il se pencha pour ramasser sa boîte à outils. Il siffla entre ses dents, expirant les dernières volutes de fumée.

Le givre tardif scintillait sur le trottoir là où les faibles rayons du soleil ne parvenaient pas à atteindre les ombres et un vent mordant tiraillait le col de son imperméable. Des nuages de pluie menaçaient à l’horizon et il frissonna.

Avec le poids d’une échelle en aluminium sur un bras et la boîte à outils serrée dans l’autre main, il attendit qu’un bus à un étage passe devant lui dans la rue animée de Maidstone, puis il traversa rapidement la route en direction de l’immeuble de bureaux récemment rénové.

Il s’était réjoui de cet appel. Les travaux de réaménagement du centre-ville étaient arrivés à leur terme naturel, et le volume de travail qu’il effectuait chaque semaine commençait à revenir à son niveau précédent une fois que les mois d’hiver s’étaient installés et que les mois chauds d’été s’étaient fait oublier de la population locale.

Il leva le visage vers la façade du bâtiment en plissant les yeux face à la lumière matinale.

Autrefois une vieille banque, la maçonnerie en pierre de Ragstone abritait désormais une entreprise de logiciels. Il se rappela le nombre d’heures qu’il avait passées à travailler tard durant l’été, alors que le chef de chantier jonglait entre l’achèvement de la climatisation par conduits et le câblage électrique essentiel qui constituait le cœur de l’entreprise.

Il était rare qu’on lui demande de revenir une fois le travail réalisé. La plupart de ses revenus provenaient de l’entretien quotidien des systèmes existants. Spencer était fier de la qualité de son travail et de celui de ses employés, mais il acceptait que de temps en temps une anomalie puisse survenir et il faisait tout son possible pour s’assurer que le problème soit réglé le plus rapidement possible.

Il posa l’échelle contre l’encadrement de la porte en pierre et appuya sur le bouton du panneau de sécurité à sa droite. À travers la vitre, une tête se redressa derrière le bureau de la réception et un bourdonnement parvint à ses oreilles. La réceptionniste repoussa sa chaise et se dirigea vers les doubles portes, un sourire sur le visage en ouvrant un côté.

— Merci, dit Spencer.

— Pas de problème. Je suis juste contente que vous ayez pu venir si rapidement.

Elle plissa le nez, ce qui mit en évidence ses taches de rousseur.

— C’est bien beau de travailler dans un endroit chic comme celui-ci, mais pas quand on y étouffe. On ne peut même pas ouvrir une fenêtre.

Spencer sourit en reprenant l’échelle et attendit qu’elle laisse la porte se refermer.

Il avait été surpris quand il avait vu les plans de l’architecte pour le réaménagement de la banque – plutôt que d’y mettre des fenêtres qui pouvaient être ouvertes maintenant que l’ancien usage du bâtiment n’était plus d’actualité, un système de climatisation avait été installé et les fenêtres avaient été rescellées pour éviter d’éventuels cambriolages.

C’était le gagne-pain de son entreprise, certes, mais il n’aurait pas supporter de travailler dans un environnement aussi suffocant.

Il semblait que les employés de l’entreprise de logiciels étaient en train de découvrir la même chose par eux-mêmes.

— Est-ce que j’ai raison de penser que le conduit principal pour le câblage se trouve dans la zone de restauration du rez-de-chaussée ? demanda-t-il.

— C’est ce que Marcus, notre responsable des opérations, m’a dit. Je m’appelle Gemma, au fait. J’imagine que cet endroit a l’air bien différent de la dernière fois que vous l’avez vu.

Il jeta un coup d’œil aux murs aux couleurs vives et aux œuvres d’art contemporaines qui représentaient des formes et des couleurs mais rien de réel.

— Un peu, oui.

— Donnez-moi deux secondes. Je dois trouver quelqu’un pour répondre aux téléphones à ma place, et ensuite je vais vous montrer. Signez et prenez un de ces badges visiteurs.

Spencer appuya l’échelle contre le bureau de la réception et posa la boîte à outils à ses pieds, puis il tendit la main vers le registre des visiteurs et griffonna son nom dans l’espace prévu pendant que Gemma décrochait le téléphone et parlait à un collègue d’une voix basse.

Elle reposa le combiné avec un sourire sur le visage.

— C’est bon, tout est réglé. La ligne téléphonique est transférée, donc je n’ai pas à m’en inquiéter. Venez, j’espère que vous allez pouvoir régler ça rapidement. Je ne pense pas pouvoir supporter un appel de plus de l’étage avec des plaintes.

Ses talons claquèrent sur le carrelage brillant avant qu’elle n’ouvre une porte en bois massif et ne se tienne sur le côté pour le laisser passer.

Alors que les yeux de Spencer s’adaptaient à la luminosité de la zone de réception aux teintes tamisées, il ne pouvait s’empêcher de penser que la grande pièce semblait maintenant encombrée – il y avait tellement de groupes de bureaux et de chaises qu’il était difficile de se rappeler l’énorme espace dans lequel il avait travaillé pendant l’été.

Même les hauts plafonds avaient été abaissés et dissimulés par des dalles acoustiques qui masquaient le labyrinthe de câbles dont il était en partie responsable.

Il entendit un doux chuintement lorsque la porte se referma derrière lui, puis Gemma fit un geste vers un open space.

Il sentit une bouffée de grains de café en train de griller alors qu’ils longeaient le périmètre avant de s’avancer vers un espace au milieu qui comprenait une petite kitchenette et un coin salon où les employés pouvaient faire une pause. Spencer essaya d’ignorer l’arôme sucré des beignets frais de peur que son estomac ne gronde en signe de protestation, et il retint un sourire à la vue de la machine à café dernier cri. Sa femme le harcelait pour en avoir une comme celle-là, mais il ne voyait pas l’intérêt de dépenser autant d’argent alors qu’il ne fallait que quelques livres pour un pot de café au supermarché.

Huit hommes et femmes s’affairaient, discutant entre eux à voix basse tout en ouvrant les portes du réfrigérateur pour aller chercher des briques de lait et distribuer des assiettes et des tasses en porcelaine.

— Mauvais moment, j’en ai bien peur, dit Gemma. Ceux qui arrivent tôt prennent généralement une pause-café et mangent un morceau à peu près à cette heure-ci.

— Ce n’est pas grave, dit Spencer. Je ne vais avoir besoin d’ouvrir qu’un des panneaux du plafond pour commencer. Je vais mettre quelques chaises pour bloquer l’accès. Inutile de déranger tout le monde avant d’avoir trouvé le problème.

Il remarqua que ses épaules se détendaient un instant avant qu’elle ne laisse échapper un souffle.

— Oh, c’est parfait. Merci, je m’attendais à ce que le groupe ne proteste si je devais leur demander de se déplacer. Vous voulez un café ou quelque chose pendant que vous travaillez ?

— Un café ce serait parfait, merci. Avec du lait et deux sucres.

Spencer appuya l’échelle contre l’une des tables en Formica dispersées dans la zone, puis il fit pivoter trois des chaises. Il ouvrit sa boîte à outils et en sortit les plans du câblage de la climatisation que sa femme avait imprimés pour lui ce matin-là, avant de jeter un coup d’œil au plafond pour s’orienter.

— Voilà pour vous.

Il se retourna en entendant la voix de Gemma, puis il tendit la main pour prendre la tasse de café fumante qu’elle lui tendait.

— Merci. Retournez derrière les chaises maintenant.

Il lui fit un clin d’œil et attendit qu’elle rejoigne ses collègues à une table deux rangées plus loin, puis il se concentra sur les plans tout en sirotant son café.

Satisfait d’avoir identifié le bon panneau, il posa la tasse de café sur la table et se pencha vers sa boîte à outils, concentré sur la tâche à accomplir.

Il sifflotait doucement en travaillant, un air qui passait à la radio ce matin-là pendant que les enfants se préparaient pour l’école. Sa fille cadette avait agacé sa sœur en dansant et chantant le dernier tube à tue-tête, et maintenant il ne pouvait plus se le sortir de la tête.

Spencer se redressa et ignora les regards curieux du personnel en train de prendre leur petit-déjeuner. Il devait se concentrer, trouver la panne, la réparer en causant le moins de tracas possible, et essayer de s’assurer que le problème n’affecte pas le travail initial qu’il avait réalisé.

Il rapprocha l’échelle, posa les outils sur la table, puis grimpa les quatre premiers barreaux et appuya ses paumes contre la dalle acoustique.

Elle resta fermement en place, sans sortir de la fine bande de logement en aluminium sur laquelle elle reposait.

Spencer grimaça, repositionna ses mains et poussa à nouveau.

L’échelle vacilla sous son poids, en faisant s’emballer son cœur avant qu’il ne jette un coup d’œil vers le bas.

— Attendez, je vais la tenir pour vous.

Un des hommes repoussa sa chaise de la table éloignée et se précipita pour placer son pied sur la base.

— Merci.

— Pas de problème. Ils sont fous avec la sécurité ici, alors ça ne nous ferait pas de bien si on vous regardait tomber sans rien faire.

Il afficha un sourire espiègle et Spencer leva les yeux au ciel.

— J’aurais cru qu’avec tout l’argent qu’ils ont dépensé pour cet endroit, ils auraient pu s’assurer que le sol soit de niveau ici, dit-il.

L’homme rit, puis posa une main sur le côté de l’échelle tandis que Spencer reportait son attention sur le plafond.

Il fronça les sourcils en promenant son regard sur les panneaux à gauche et à droite de celui auquel il devait accéder, puis il se prépara et poussa fort.

Il perçut une odeur qui émanait de la fissure qui apparut, qui lui rappela l’odeur d’un rat mort qui s’était retrouvé enfermé dans un abri de jardin quand il était enfant, puis la dalle acoustique se remit en place d’un coup sec.

Il jura et l’homme en dessous de lui ricana.

Spencer ne dit rien et plaça plutôt son pied droit sur le barreau suivant, puis il se repositionna et réessaya.

Son poing gauche disparut à travers le plafond une fraction de seconde avant qu’un rugissement ne l’enveloppe alors que la dalle se désintégrait, détruisant les deux de chaque côté.

Il tomba de l’échelle et laissa échapper un cri d’alarme alors qu’il basculait en arrière sur l’homme en dessous dans une pluie de poussière et de dalles brisées.

Spencer grogna lorsque l’air sortit de ses poumons au moment où ses épaules heurtèrent le sol en linoléum, puis un poids lourd rebondit sur ses jambes avant de retomber.

Il resta allongé un moment, fléchissant ses doigts et ses orteils pour s’assurer qu’il ne s’était pas gravement blessé, puis il toussa pour dégager la poussière blanche et collante de sa bouche et de ses poumons. Il cligna des yeux, s’essuya avec le dos de la main et se demanda pourquoi ses oreilles bourdonnaient.

En se redressant, il déglutit.

Son ouïe allait bien, mais deux des femmes qui étaient dans la cuisine à son arrivée s’étaient levées, oubliant leur nourriture et leurs boissons.

L’une tenait Gemma, dont le mascara avait coulé et laissait des traînées sur ses joues.

Elles criaient toutes.

Spencer se retourna en pensant que son assistant improvisé avait été blessé, mais quand il regarda dans sa direction, l’homme était déjà debout, les yeux écarquillés et le visage pâle jusqu’à devenir d’un gris maladif.

— Ça va ? demanda Spencer.

— Je crois que je vais vomir.

Il pointa derrière Spencer.

Spencer jeta un coup d’œil par-dessus son épaule, puis il s’éloigna aussi vite que ses mains et ses pieds le lui permettaient, en essayant de mettre autant de distance que possible entre lui et la chose qui gisait étendue à côté de son échelle.

Alors que son cerveau commençait à assimiler ce qu’il voyait et qu’il luttait pour empêcher la bile de s’échapper de ses lèvres, tout ce dont il pouvait se souvenir était que ce n’était pas censé être là, ça ne devrait pas être étendu sur le sol comme ça, et qu’il devait s’en éloigner.

Les cris des femmes s’étaient transformés en sanglots hystériques alors que de plus en plus de membres du personnel accouraient de leurs bureaux pour savoir ce qui se passait.

La voix de Gemma parvint à Spencer alors qu’il s’agrippait au dossier d’une chaise et se relevait maladroitement.

— Pourquoi est-ce qu’il y avait un homme mort dans le plafond ?

CHAPITRE 2

— Un porte-bonheur, dit Gavin Piper, et il prit la tête le long du trottoir en direction de Gabriel’s Hill.

— Quoi ?

L’inspectrice principale Kay Hunter ferma la fermeture éclair de son blouson avant de se dépêcher pour rattraper l’enquêteur qui maintenait un rythme rapide sur la surface inégale.

— Tu veux bien ralentir. Je sais que ces pavés ont été remplacés, mais c’est toujours sacrément glissant.

Gavin s’arrêta pour laisser passer un groupe d’adolescents, puis il continua.

— Un porte-bonheur. Il y a quelques centaines d’années, ils avaient l’habitude de mettre un chat dans le mur d’un bâtiment avant de le sceller pour effrayer les mauvais esprits. C’est ça, non ? Il a été momifié.

— Je ne pense pas que notre victime ait été mise là pour porter chance, Piper, dit Kay en réprimant un frisson alors qu’ils atteignaient le sommet de la colline. Pas besoin de deviner dans quel bâtiment est notre scène de crime.

En face de l’endroit où ils se tenaient, deux voitures de patrouille et une ambulance étaient garées le long du trottoir, tandis qu’une voiture à quatre portes argentée avait été mal stationnée et occupait la moitié du trottoir. Un agent en uniforme du nom de Toby Edwards dirigeait un couple âgé loin du cordon de sécurité bleu et blanc de la scène de crime qui flottait dans la brise froide tandis que Kay et Gavin approchaient.

— Lucas est arrivé vite, dit-elle en regardant la voiture argentée.

— Apparemment, il était déjà en ville. Une conférence au Marriott ou quelque chose comme ça.

Le médecin légiste du quartier général avait été convoqué par les premiers intervenants et Kay était heureuse de l’avoir sur place pour entendre ses premières réflexions sur cette découverte inhabituelle.

Une fourgonnette grise s’arrêta au bord du trottoir derrière la voiture argentée et quatre silhouettes en émergèrent avant d’enfiler des vêtements de protection et de récupérer une série de boîtes colorées dans la fourgonnette.

Kay fit un signe de tête en guise de salutation à la plus petite des quatre silhouettes et elle suivit Gavin jusqu’à l’endroit où Harriet Baker répartissait sa petite équipe et les envoyait vers le bâtiment.

— Bonjour, Kay.

La responsable de la police scientifique serra la main des deux détectives et baissa la voix.

— J’ai entendu dire qu’on avait une affaire étrange ce matin.

— Apparemment, oui. Gavin et moi sommes sur le point de le découvrir.

Kay haussa les épaules.

— J’étais au quartier général quand l’appel est arrivé, donc je n’en sais probablement pas plus que toi pour le moment.

— Momifié, à ce que j’ai entendu ?

— Oui. Lucas est là.

— Ah, bien. C’est toujours utile quand un médecin légiste peut voir un corps in situ.

Harriet se retourna et ramassa une boîte d’équipement au pied du siège passager de la fourgonnette. Elle verrouilla le véhicule puis sortit une paire de gants de protection et les enfila.

— Je ferais mieux d’y aller.

— On se voit à l’intérieur.

Kay s’écarta pour laisser passer Harriet, puis elle plissa les yeux en voyant une silhouette familière se précipiter vers le ruban, son attention fixée sur la sacoche ouverte suspendue à son épaule. Elle interpella l’agent de police.

— Edwards, assurez-vous que Jonathan Aspley ne parle à aucun des témoins, d’accord ?

— C’est compris, chef.

Le journaliste du Kentish Times sortit un téléphone de sa poche et son regard croisa celui de Kay alors qu’il s’approchait, puis ses épaules s’affaissèrent lorsqu’il aperçut Edwards qui s’avançait.

— Oh, allez, Hunter !

Elle leva une main.

— Non, Jonathan. Plus tard. Soyez au quartier général à dix-sept heures cet après-midi. Le commandant divisionnaire Sharp organise une conférence de presse. Vous devriez recevoir un courriel d’ici une heure. En attendant, laissez mon équipe effectuer son travail.

Elle lui tourna le dos avant qu’il ne puisse protester davantage.

— Est-ce que les ambulanciers ont terminé ?

— Ils sont encore avec une des employées, répondit Edwards. Elle est asthmatique et ils étaient inquiets de l’effet du choc sur sa santé.

— D’accord. Étendez le cordon d’une longueur de voiture au-delà de l’ambulance et mettez des barrières sur le trottoir pour nous donner un peu d’intimité.

Elle jeta un coup d’œil au bâtiment d’en face et sa lèvre supérieure se retroussa à la vue d’un certain nombre d’employés de bureau curieux aux fenêtres, smartphones en main.

— Et pour l’amour du ciel, envoyez quelques agents là-bas pour dire à ces gens de s’occuper de leurs affaires.

— Oui, chef.

Edwards s’éloigna rapidement en aboyant des ordres à ses collègues pour relayer les instructions de Kay.

Kay se déplaça pour pouvoir voir au-delà de Gavin et le long de High Street vers l’ancien hôtel de ville. Le long du trottoir de chaque côté de Market Place, les gens s’arrêtaient et regardaient. Un mélange de regards curieux et de visages ouvertement avides l’accueillit, et elle savait par expérience que ce n’était qu’une question de temps avant qu’une foule ne commence à se rassembler, surtout si les employés de bureau d’en face avaient déjà réussi à filmer quelque chose d’intéressant et à le poster sur les réseaux sociaux.

S’ils ne géraient pas correctement la situation, il y aurait bientôt un embouteillage dans le centre-ville.

Des bruits de pas précipités attirèrent son attention vers le périmètre délimité par le ruban, juste à temps pour voir quatre agents en uniforme traverser la rue en courant et entrer dans le bâtiment.

— Au moins, ils n’ont pas filmé le corps, marmonna Gavin.

— Dieu merci. Qui a le bloc-notes, Debbie ? demanda Kay en appelant une agente qui se tenait à l’entrée des locaux de l’entreprise de logiciels, à plusieurs mètres de l’endroit où ils se trouvaient.

— Aaron, chef, répondit Debbie. Il a dû donner un coup de main au sergent Hughes avec la barrière. Il arrive dans une minute.

Malgré son impatience de vouloir entrer sur la scène de crime, même le grade de Kay ne lui serait d’aucune utilité si elle rompait le protocole et soulevait le ruban tendu entre un lampadaire et une gouttière boulonnée.

— Qu’est-ce que nous savons d’autre sur les événements de ce matin ? demanda-t-elle à Gavin en baissant le menton jusqu’à ce qu’elle sente le tissu doux de sa veste, puis elle expira pour créer un cocon d’air chaud et compenser la fraîcheur matinale.

— Personne ne savait que le corps était là jusqu’à ce qu’il tombe du plafond, chef. Apparemment, un défaut dans la climatisation a été signalé la semaine dernière et le type qui l’a installée, Spencer White, ne pouvait pas venir avant aujourd’hui.

— Quel genre de défaut ? répliqua Kay.

— Le système est tombé en panne. Plus d’air du tout dans le bâtiment. Comme c’est une ancienne banque, et vu la quantité de voitures qui passe ici chaque jour, les fenêtres ne peuvent pas être ouvertes, c’est du double vitrage et elles sont scellées. Quelqu’un a décidé d’augmenter la température la semaine dernière après ce coup de froid qu’on a eu, et tout s’est arrêté.

— Bon sang. Alors personne ne sait depuis combien de temps il était là-haut ?

Gavin secoua la tête.

— Non, mais les dalles acoustiques ont été installées vers la fin des travaux de réaménagement du bâtiment, donc il n’était pas là-haut avant ça…

Il s’interrompit et fit un signe du menton par-dessus l’épaule de Kay.

En se retournant, elle vit Aaron Baxter qui approchait, un bloc-notes à la main.

— Désolé, chef. C’est la pagaille en ce moment.

— Pas de problème, répondit Kay. L’essentiel c’est que tu maintiennes la scène de crime en ordre, alors ne t’inquiète pas si nous devons attendre.

L’agent de police réussit à sourire en reprenant les papiers signés des mains de Gavin.

— Merci, chef.

Kay passa sous le ruban qu’Aaron tenait levé. Elle attendit que Gavin la rejoigne, puis elle prit une combinaison de protection des mains de Patrick, l’un des assistants de Harriet, et elle enfila les surchaussures et les gants qu’il lui tendait.

Une fois correctement équipée, elle suivit Gavin jusqu’à la porte d’entrée du bâtiment, notant avec soulagement que les barrières avaient été érigées et que les badauds avaient été éloignés de l’immeuble d’en face.

Les doubles portes de l’ancienne banque avaient été maintenues ouvertes et lorsque Kay entra, un faible son de pleurs parvint à ses oreilles.

Une jeune femme d’à peine vingt ans était assise dans l’un des fauteuils en cuir de l’accueil, un mouchoir en papier serré dans son poing tandis qu’une collègue essayait de l’apaiser.

Debbie s’approcha de Kay et Gavin.

— Gemma Tyson, dit-elle à voix basse. La réceptionniste. Elle était présente quand la victime a été découverte.

Kay hocha la tête en signe de remerciement, puis elle se dirigea vers les portes qui, selon elle, menaient aux entrailles du bâtiment.

— On lui parlera rapidement en sortant.

Gavin acquiesça, puis s’arrêta net en entrant dans l’open space.

— Bon sang.

L’espace central qui servait de cœur opérationnel à l’entreprise de logiciels grouillait de monde.

Un groupe d’une douzaine d’agents en uniforme s’affairait dans la pièce. Ils avaient divisé les employés en petits groupes afin de recueillir leurs témoignages et de s’assurer que les téléphones portables étaient confisqués jusqu’à ce que toutes les photos soient supprimées et que les règles concernant les médias sociaux soient communiquées.

Une atmosphère de choc imprégnait l’air, teintée d’une sombre nuance d’incrédulité face à l’apparition soudaine du corps momifié.

Alors qu’ils se dirigeaient vers la zone de la cuisine et l’équipe de Harriet sur la scène de crime qui commençait à analyser les preuves, Kay lutta contre l’envie de paniquer face au nombre impressionnant de personnes présentes.

En matière de scènes de crime, celle-ci allait être l’une des plus difficiles à gérer et mettrait les compétences de son équipe à rude épreuve.

— Qu’est-ce qui leur a fait soupçonner un acte criminel ? demanda-t-elle.

— Un sacré gros creux sur le côté de son crâne, répondit Gavin. Pas besoin de se casser la tête, chef.

Kay gémit et passa devant l’un des assistants de Harriet.

— Il faut que tu arrêtes de traîner avec Barnes, Piper. Il a une mauvaise influence sur toi.

CHAPITRE 3

L’inspecteur nouvellement nommé de Kay avait la réputation d’avoir le sens de l’humour, mais Ian Barnes était un membre essentiel de son équipe et malgré ses mots, elle savait qu’il pouvait faire preuve de concision et de professionnalisme quand c’était nécessaire.

En ce moment même, il portait une combinaison et était entouré de personnes plus ou moins préparées.

La police scientifique s’affairait autour de l’endroit où le cadavre momifié était tombé du plafond, tandis qu’un troisième cordon de police était en train d’être établi plus près du corps.

Barnes leva les yeux de ses notes, salua Kay et Gavin d’un signe de tête, puis il se tourna vers une jeune agente en uniforme et son collègue avant de pointer vers le fond de la pièce.

Les deux officiers se mirent en action, laissant Barnes s’entretenir avec un homme grand en costume qui passait sa main dans ses cheveux à plusieurs reprises tout en écoutant.

— C’est qui ? demanda Kay.

— Le directeur général, chef, répondit Debbie. Il travaille à l’étage du dessus. Dans la pièce juste au-dessus, pour être plus précise.

— Cette zone a aussi été sécurisée ?

— Oui. Deux membres de l’équipe de Harriet y sont montés à leur arrivée et d’autres agents sont en train de parler aux employés de cet étage. On a pensé qu’il valait mieux le faire là-haut pour les tenir éloignés de tout ça.

Des chaises en plastique étaient renversées sur le sol en lino, poussées en arrière par les membres du personnel qui avaient tenté de quitter la zone en toute hâte, et Kay jeta un œil expert sur la foule regroupée près du distributeur d’eau au fond de la pièce.

— Quelqu’un est parti ? demanda-t-elle.

— Non. Ils sont tous présents et comptés, dit Debbie. Nous ne laisserons personne quitter les lieux avant que tu ne donnes ton accord.

— Bien, merci. Comment ça se passe, Ian ? lui demanda Kay en s’approchant.

— Bien, chef. Attends une seconde.

Il se tourna pour parler à un sergent en uniforme, puis il se déplaça vers l’endroit où Kay et Gavin se tenaient à la limite entre l’espace de bureau et la zone de pause, une expression de dégoût sur le visage une fois qu’il se rapprocha.

— Je n’ai jamais eu une affaire comme celle-là, dit-il en frissonnant. Il faut une première fois pour tout, j’imagine.

— On dirait que tout est sous contrôle.

Un sentiment de fierté envahit Kay tandis qu’elle parlait.

La décision de Barnes de postuler pour le poste d’inspecteur avait été une surprise pour elle et pour d’autres. Il avait passé l’été à éviter l’opportunité pour finalement changer d’avis à la dernière minute plutôt que de laisser un parfait inconnu rejoindre l’équipe.

Kay avait été soulagée ; elle aimait travailler avec le détective qui était devenu un bon ami en plus d’un collègue, et quelqu’un sur qui elle pouvait compter.

Il semblait s’épanouir face aux défis que son rôle apportait, surtout maintenant.

Kay tendit le cou, mais ne réussit pas à voir au-delà des agents de la police scientifique qui étaient maintenant accroupis sur le sol entre les tables.

— Où est Lucas ?

— Ici.

Elle se retourna en entendant la voix et se retrouva face au médecin légiste. Il avait l’air fatigué alors qu’il s’essuyait les mains sur une serviette en papier froissée avant de la placer dans un sac et de la remettre à un membre de l’équipe d’experts qui passait.

Ils se serrèrent la main, puis elle fit un geste vers la zone sous le trou béant dans le plafond.

— Qu’est-ce que tu peux me dire ?

— Cette vague de chaleur qu’on a eue cet été a préservé le corps, dit Lucas en parlant à voix basse pour éviter d’être entendu par le personnel de bureau qu’on dirigeait du distributeur d’eau vers un groupe de bureaux. Je crois que ces dalles acoustiques ont été installées fin juin, donc celui qui a caché le corps l’a fait entre ce moment-là et quand le bâtiment a été loué début octobre.

Gavin leva les yeux vers le trou béant ouvert sur la cavité du plafond.

— Comment diable peut-on monter un corps là-haut ? Il faudrait être plus qu’un, non ?

— Une partie de l’équipe de Harriet est à l’étage. Ils ont commencé à démonter le bureau au-dessus, dit Lucas.

Il fit signe à Harriet.

— Tu as une seconde ?

— Si tu fais vite, répondit la chef de la police scientifique.

— J’allais informer Kay de ce que ton équipe est en train de faire, mais j’ai pensé que ce serait mieux qu’elle l’entende de ta bouche au cas où tu aurais déjà plus d’informations, dit Lucas.

— Ok, oui. Nous travaillons sur deux théories basées sur ce que nous avons pu constater à notre arrivée. Soit le corps a été hissé dans le plafond d’ici, soit celui qui a fait ça a mis le corps dans le plancher du bureau à l’étage, expliqua Harriet. Ça n’aurait pas été facile de pousser notre victime à travers le plafond, trop lourd pour commencer, et aucun moyen de le fixer là-haut jusqu’à ce que les dalles acoustiques aient été remplacées. Évidemment, nous pourrons vous en dire plus au fur et à mesure, mais je pense qu’il a été descendu dans le plancher au-dessus. À mesure que le corps se desséchait, il s’est affaissé à travers le plancher jusqu’à reposer sur les dalles acoustiques et il a comprimé l’alimentation de la tuyauterie de climatisation.

— Merci.

Kay se retourna vers Lucas.

— Est-ce qu’on sait s’il s’agit d’un homme ou d’une femme ?

— C’est un homme, c’est certain. Tu veux jeter un coup d’œil avant qu’on le déplace ?

— Je ferais mieux.

Pour être honnête, Kay préférerait ne pas inspecter le corps momifié, mais elle savait par expérience que si l’occasion se présentait de voir un corps là où il avait été découvert, cela lui donnerait souvent plus d’informations qu’elle n’en tirerait de la lecture du texte brut d’un rapport, et dans son nouveau rôle d’inspectrice principale, elle était déterminée à montrer l’exemple à son équipe.

Si l’un d’entre eux la voyait prendre des raccourcis dans une enquête, elle ne se le pardonnerait jamais.

— Mettez vos masques, leur dit Lucas. On ne sait pas quelles spores il pourrait dégager.

Kay fit ce qu’on lui disait. Une fois assurée que Gavin avait également mis son masque, elle suivit Lucas et Harriet sous le cordon secondaire et traversa le sol en lino jusqu’aux experts de la police scientifique.

Au début, la forme recroquevillée sur le sol ressemblait à un tas de chiffons qu’on aurait laissé tomber en tas, mais en s’approchant, Kay put distinguer une main crispée qui dépassait d’une manche de chemise bleue.

Lucas la conduisit autour du corps de la victime, ses mouvements respectueux alors qu’il s’accroupissait et désignait le visage de l’homme.

Kay déglutit, puis rejoignit le médecin légiste.

Elle parcourut du regard la peau plissée du visage de la victime.

Ses paupières avaient disparu, exposant des orbites vides, et ses lèvres étaient retroussées en une grimace d’agonie.

— J’ai bien peur que les rongeurs ne se soient attaqués à ses yeux et à ses lèvres, dit Lucas. Ils ne mettent pas longtemps à trouver un moyen d’entrer dans un endroit s’ils sentent l’odeur d’un corps, même dans un endroit comme celui-ci qui est relativement neuf.

— Gavin a mentionné qu’il y a une blessure contondante à la tête.

— Oui, ici.

Lucas utilisa son petit doigt pour indiquer un creux dans le crâne de la victime, derrière l’oreille gauche.

— Je ne peux pas dire avec certitude si c’est la cause de la mort avant d’avoir eu l’occasion de l’examiner correctement, cependant.

— Une identification quelconque ? Un portefeuille ?

— Non, rien dans ses poches.

— Comment diable allez-vous l’identifier ? s’exclama Gavin alors que son visage reprenait progressivement sa couleur normale. Je veux dire, son visage est méconnaissable et sa peau est toute ridée.

— Nous allons le ramener à la morgue et essayer d’appliquer de la glycérine sur le bout des doigts pour commencer, dit Lucas.

Il jeta un regard attristé au corps recroquevillé.

— Cela pourrait ramollir suffisamment la peau pour obtenir des empreintes digitales à vous envoyer afin que vous puissiez essayer de l’identifier. Je ne peux rien promettre avant quelques jours cependant.

Les autopsies du Kent, si elles n’étaient pas effectuées dans un hôpital où un patient était décédé, étaient réalisées à l’hôpital de Darent Valley par Lucas et une équipe de thanatopracteurs qui travaillaient dans des laboratoires exigus et étaient sous pression constante. À cela s’ajoutaient les effets des mois d’hiver, avec de mauvaises conditions météorologiques et des cas mortels de pneumonie parmi la population âgée, de sorte qu’un rapport d’autopsie pour une affaire criminelle pouvait prendre plusieurs jours au mieux – parfois des semaines.

— Pas de taches sur les dalles du plafond ? demanda Kay.

— La déshydratation se serait produite avant la putréfaction, dit Lucas. Il devait y avoir suffisamment d’afflux d’air dans la cavité pour accélérer le processus.

— Et personne n’aurait remarqué d’odeur résiduelle parce que l’endroit était vide pendant deux mois après la fin des rénovations, dit Barnes. Nous avons une copie du contrat de location et ce groupe n’a emménagé qu’en octobre.

— Est-ce qu’on sait qui étaient les poseurs de moquette ?

Barnes pointa un pouce ganté par-dessus son épaule.

— Le directeur général a appelé son responsable des opérations, il est actuellement en congé annuel mais il va consulter ses fichiers en ligne et nous envoyer les détails par courriel. Une entreprise locale apparemment.

— Ok, très bien.

Kay se leva et jeta un regard à la scène de crime.

— Très bien, Ian. Tu as tout sous contrôle ici. Nous allons retourner au commissariat et nous assurer que la salle des opérations soit prête.

CHAPITRE 4

— Un sacré lundi, chef.

L’enquêteuse Carys Miles tendit à Kay un dossier alors qu’elle entrait dans la salle des opérations et se dirigeait vers son bureau.

— À qui le dis-tu.

Kay enleva sa polaire et la jeta sur le dossier de sa chaise avant d’ouvrir le dossier.

— Qu’est-ce que tu as réussi à trouver ?

Carys s’appuya contre le bureau d’en face et remit une mèche de cheveux noirs derrière son oreille tandis que Kay s’asseyait.

— Le bâtiment appartenait à l’une des grandes banques du centre-ville jusqu’à la récession il y a quelques années. Il a été loué à court terme depuis, mais lorsque le dernier locataire est parti, les propriétaires ont décidé de profiter des travaux de réaménagement en cours dans le quartier et ils ont vendu la propriété.

— Ils ont dû empocher un sacré bénéfice.

— Tu n’as pas tort. Les chiffres estimés sont à la page quatre. Le nouveau propriétaire, une société de promotion immobilière basée à Rochester, a sous-traité les travaux. Nous avons rassemblé une liste de noms d’entreprises liées au bâtiment trouvées sur Internet et je vais obtenir de l’aide pour les passer en revue afin de découvrir comment elles sont liées. Certaines sont des entreprises individuelles, d’autres des sociétés à responsabilité limitée.

— Barnes attend des nouvelles du directeur des opérations du locataire actuel, ajouta Gavin. Avec un peu de chance, il aura une note sur les poseurs de moquette pour t’éviter d’avoir à les localiser.

— Ce serait bien, dit Carys. J’espère que tout a été fait dans les règles et qu’on n’aura pas à s’inquiéter de travaux payés au noir.

Kay parcourut le texte des yeux en feuilletant le mince dossier, puis elle le rendit à Carys.

— C’est un bon début, merci.

Elle regarda sa montre.

— Qui gère la base de données HOLMES ?

— Phillip Parker, répondit Carys. Debbie était de service avec les agents en uniformes pendant le week-end et ne sera pas libre avant jeudi pour nous rejoindre.

— Oui, nous l’avons vue sur la scène de crime. Ce n’est pas grave, Phillip est plus que capable de gérer en attendant. Qui d’autre est disponible ?

Kay écouta et laissa son regard parcourir la salle des opérations tandis que Carys énumérait les noms des agents en uniforme qui avaient été appelés en renfort pour assister sa petite équipe de détectives. Son rythme cardiaque commença à se stabiliser après le pic d’adrénaline sur la scène de crime.

Ses yeux se posèrent sur l’agent Derek Norris qui se tenait en équilibre sur une chaise pour retirer des guirlandes en papier bleu pâle du plafond, et son cœur se serra.

Le vendredi précédent, l’une des employées administratives avait amené son bébé de quelques semaines pour le présenter à ses collègues et la salle avait été utilisée comme espace temporaire pour organiser une petite fête en son honneur. Kay y avait assisté, mais elle avait attiré des regards inquiets de la part de ses collègues détectives. Elle ressentait encore la douleur du deuil après sa fausse couche quelques années auparavant, et elle avait trouvé difficile le moment où on lui avait mis le bébé dans les bras et que les yeux d’un bleu vif du nourrisson l’avaient regardée.

Elle refoula ce souvenir tandis que Norris descendait de la chaise et jetait les dernières guirlandes dans la corbeille à papier sous le bureau, rendant à la salle des opérations son aspect pratique habituel.

Ses doigts gelés commencèrent à se réchauffer grâce à la chaleur du chauffage central qui, cet hiver du moins, fonctionnait, et elle tendit la main avec gratitude vers la tasse de thé que le sergent Harry Davis lui tendait avant de se diriger vers un bureau près de la fenêtre. Elle sourit ; l’agent en uniforme était devenu une sorte de figure paternelle pour un certain nombre de membres du personnel au fil des ans et elle appréciait toujours sa compagnie, même lorsqu’elle était au début d’une enquête qui allait certainement mettre à l’épreuve toutes ses compétences de détective et de manager. Au moins, on pouvait compter sur Harry pour encadrer les membres les plus jeunes de l’équipe quand c’était nécessaire.