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Extrait : "Qu'entend-on par -Phénomènes psychiques occultes ?- Ce sont des phénomènes contraires, en apparence, à toutes les lois connues de la nature, inexplicables par les données actuelles de la Science, et qui se produisent, tantôt spontanément, tantôt par l'intermédiaire de certaines personnes..."
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Seitenzahl: 324
Veröffentlichungsjahr: 2015
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EAN : 9782335049718
©Ligaran 2015
Qu’entend-on par « Phénomènes psychiques occultes ? »
Ce sont des phénomènes contraires, en apparence, à toutes les lois connues de la nature, inexplicables par les données actuelles de la Science, et qui se produisent, tantôt spontanément, tantôt par l’intermédiaire de certaines personnes.
On le voit, ce terme de Phénomènes psychiques occultes n’est que la dénomination scientifique de ce qui s’était appelé jusqu’ici le Merveilleux et le Surnaturel.
Or, ces phénomènes ont-ils une existence réelle, objective, en dehors de toute hallucination, de toute supercherie ?
Nous n’hésitons pas à répondre, avec M. le Professeur Charles Richet :
« Nous avons la ferme conviction qu’il y a, mêlées aux forces connues et décrites, des forces que nous ne connaissons pas ; que l’explication mécanique, simple, vulgaire, ne suffit pas à expliquer tout ce qui se passe autour de nous ; en un mot, qu’il y a des phénomènes psychiques occultes, et si nous disons occultes, c’est un mot qui veut dire simplement inconnus. »
Et maintenant, nous allons tâcher de prouver ce que nous venons d’affirmer.
Il y a seulement une dizaine d’années, la soutenance, devant une Faculté de médecine, d’une thèse sur les Phénomènes psychiques occultes, autrement dit presque un Essai d’officialisation du Merveilleux, aurait été une tentative impossible.
À cela, plusieurs causes :
D’abord, il faut bien l’avouer, la répugnance singulière dont tous – même les meilleurs cerveaux – nous sommes plus ou moins dupes envers ce qui dérange nos habitudes mentales, ce que Lombroso a nommé le Misonéisme.
Ensuite, l’immense discrédit, la réputation plus que suspecte dont « jouissait », depuis la fin du siècle dernier, tout ce qui, de près ou de loin, touchait au Surnaturel.
Enfin, et c’est ici le motif principal – sa suppression devant entraîner celle de tous les autres – l’indigence où se trouvait la doctrine occulte de ce qui peut susciter et justifier un intérêt scientifique sérieux, c’est-à-dire des faits d’observation exacte, méthodique, en nombre suffisant, étudiés et garantis par des expérimentateurs impartiaux, rompus à tous les secrets de la véritable méthode scientifique.
L’histoire du Merveilleux offre cette particularité qu’après avoir, sous des formes diverses, joué dans l’évolution mentale de l’homme un rôle considérable, non seulement ses origines et son essence, mais encore son existence elle-même, ont été, jusqu’à nos jours, l’objet de débats passionnés : croyances fanatiques ou négations irréductibles.
Et cela s’explique aisément par ce fait que, chez l’homme, la notion du surnaturel affecte cette partie de son âme qui est à la fois la plus impressionnable et pour lui la plus chère : ses sentiments qu’elle exalte ou qu’elle accable, ses croyances que, pour une bonne part, elle détermine.
Il est donc probable que nous saurions depuis longtemps à quoi nous en tenir sur ce qu’il faut croire des phénomènes du Merveilleux, si des considérations d’ordre politique, religieux, sentimental ou même simplement esthétique et littéraire, ne s’étaient opposées à leur étude désintéressée.
Il est probable que, sans ces scrupules de divers genres, auxquels se joint encore la crainte d’être dupe, le Surnaturel sorti du domaine de l’empirisme, à l’exemple des sciences positives, formerait maintenant une branche de l’une de ces sciences : Physique ou Psycho-physiologie.
À moins que, affirmant d’éclatante façon sa nature supraterrestre, il n’ait – souhaitable et inespéré bienfait – assuré à l’âme humaine l’indestructible soutien d’une indiscutable Foi.
Or, de nos jours, grâce à un mouvement spécial d’idées, de croyances et de sentiments, sorte de réaction à laquelle on a voulu donner le nom de Nouveau Mysticisme, on peut, sans crainte de susciter trop de colères ou des oppositions systématiques, se pencher de nouveau sur les mystères du Surnaturel, sur ces phénomènes étranges, dont on parle depuis l’origine de l’homme, et qui, heurtant violemment nos habitudes d’esprit, ont, par excellence, le don d’exciter, d’irriter même la curiosité.
On a d’autant plus de titres à le faire que la Science, armée de ses instruments de précision, s’est enfin décidée à s’occuper de ces faits absurdes en apparence et contraires à toutes les lois qu’elle a établies jusqu’ici ; elle a commencé, à leur sujet, une enquête qui, espérons-le, va permettre de faire un peu de jour en cet obscur fouillis du Merveilleux.
Comme le dit M. Paulhan dans la substantielle étude qu’il a consacrée aux hallucinations véridiques : « Faire entrer le Merveilleux dans la science, ce serait satisfaire à la fois notre goût, jamais dompté pour le Merveilleux, et notre respect toujours croissant pour la Science. C’est ce que l’on essaie de faire, et cette application des méthodes exactes et précises à des sujets qui paraissaient ne relever que de la Foi est un des caractères importants et originaux de notre science psychologique. Nous ne voulons plus nous contenter, pour nier ou pour croire, d’impressions personnelles ou de raisons instinctives et vagues. »
Et cette hardiesse dans l’investigation de l’Au-delà est d’autant plus légitime qu’il serait du fait d’une étroite présomption de regarder, comme déjà connues et désormais enfermées dans les catégories de nos sciences, toutes les modalités de la Force et de la Matière. Qui pourrait soutenir que, dans notre terrestre atmosphère, n’agissent pas – dissimulées et pourtant puissantes – des forces échappant à tous nos concepts ? Serait-il donc absurde de supposer des états de la matière différents de ceux dont nos sens ont la notion familière ?
Absurde au contraire serait la négation a priori, en ce temps où les applications des données de la Science ont possibilisé l’invraisemblable.
N’est-ce pas ici ou jamais le lieu de se rappeler la prudence intellectuelle de Montaigne : « La raison m’a instruit que de condamner ainsi résolument une chose pour faulse et impossible, c’est se donner l’avantage d’avoir dans la teste les bornes et limites de la volonté de Dieu et de la puissance de notre nature, et qu’il n’y a point de plus notable folie au monde que de les ramener à la mesure de notre capacité et suffisance. »
Quelles seront maintenant les conséquences de cette enquête scientifique ? Nul ne saurait le dire d’une façon certaine. Pour notre compte, nous les prévoyons nombreuses et graves et capables de provoquer d’inattendus et singuliers bouleversements dans l’Âme contemporaine…
Quoi qu’il en soit, cette tardive mais louable curiosité de la Science pour les inquiétantes énigmes de l’Occulte aura peut-être, entre autres résultats imprévus, celui de dissiper bien des erreurs, bien des calomnies, dont furent victimes ces sciences d’un autre âge : Magie, Alchimie, Kabbale, etc., qui, toutes, faisaient de l’existence des forces occultes de l’homme et de la nature comme la base de leurs enseignements.
Dans les pages suivantes, nous négligerons ce côté de la question, ainsi que tous ceux du même genre, pour nous en tenir exclusivement aux résultats positifs que l’enquête, commencée par des hommes d’une intelligence aussi amplexive que courageuse, a donnés jusqu’ici.
Ce travail n’a d’autres prétentions que d’être, pour ainsi dire, le procès-verbal de l’état actuel de la question, car, on ne saurait trop le répéter, il est désormais acquis que la question du Merveilleux existe et que son étude s’impose.
Par malheur pour nous, malgré une expérimentation de deux années, nous n’apportons en ces matières aucune lumière nouvelle. Les résultats que nous avons obtenus, quoique non négligeables et même encourageants, ne nous ont pas semblé accompagnés de suffisantes garanties de contrôle pour que nous les puissions admettre.
C’est qu’ici l’expérimentation est encore plus délicate, plus épineuse que partout ailleurs. Les causes d’erreur sont infiniment multiples et elles ne sont pas seulement extérieures à l’observateur ; il les porte aussi en lui-même : en tous ses sens que peuvent abuser de multiples hallucinations, en son cerveau que des suggestions puissantes ou simplement de séduisantes analogies peuvent entraîner à d’erronées conclusions. On ne les compte plus ceux qui, en ces régions périlleuses, ont déjà perdu pied. Aussi, ne saurait-on trop insister sur l’absolue nécessité, en Psychologie occulte, d’une méthode rigoureuse ; ce n’est pas sur la seule production des Phénomènes que doit s’exercer le contrôle de l’observateur, c’est encore et surtout sur le témoignage de ses propres sens.
Et qui sait même si les méthodes scientifiques normales sont applicables à de pareilles recherches ?
Comme se le demande M. le professeur Richet, si nous n’avançons pas davantage dans cette étude hérissée de tant d’obstacles, « qui sait si ce n’est pas la méthode d’investigation elle-même qui est à trouver ? »
Une des objections que l’on entend le plus fréquemment formuler contre la réalité des faits de Psychologie occulte, « c’est qu’il est impossible de les reproduire à volonté. » Nous avouons qu’elle nous a toujours paru un peu naïve. En effet, est-ce que la moindre expérience de physique ou de chimie n’exige pas, pour réussir, toute une série de conditions spéciales, à défaut desquelles elle échoue fatalement ? Or, notre ignorance des conditions nécessaires et suffisantes pour la production des Phénomènes occultes est à peu près complète ; nous ne savons qu’une chose : c’est qu’elles sont encore plus délicates, plus difficiles à réaliser intégralement que celles de n’importe quels autres phénomènes ; un rien suffit à les contrarier. Dès lors, comment pourrions-nous, en Psychologie occulte, reproduire, à volonté et à coup sûr, telle ou telle expérience ? Notre tâche est justement la recherche et la détermination exacte des conditions des Phénomènes, de l’atmosphère nécessaire à l’expérience, pour ainsi dire. Et pour l’instant, elle est suffisante.
Ceci dit, nous allons exposer d’abord un résumé de l’histoire du Merveilleux, histoire précieuse pour nous, surtout en ce qu’elle montre comment des faits, dont on faisait l’apanage du Surnaturel, sont parvenus, sous le nom d’Hypnotisme, à se faire admettre par la Science officielle, préparant ainsi la voie à d’autres…
« Est-ce à dire en effet, ainsi que l’écrit M. Charcot, que nous connaissions tout dans ce domaine du Surnaturel qui voit, tous les jours, ses frontières se rétrécir sous l’influence des acquisitions scientifiques ? Certainement non. Il faut, tout en cherchant toujours, savoir attendre. Je suis le premier à reconnaître, avec Shakespeare, « qu’il y a plus de choses dans le Ciel et sur la Terre qu’il n’y a de rêves dans votre philosophie. »
Ensuite, nous examinerons séparément chaque classe de Phénomènes psychiques occultes, en ayant soin de choisir les observations les plus caractéristiques, les plus propres à fournir les éléments d’une opinion raisonnée.
Quant à ce qui est des théories explicatives, nous nous bornerons à exposer brièvement celles des autres. Pour nous, persuadé que les faits dont nous allons nous occuper ne peuvent encore comporter l’ombre d’une théorie qui ne soit prématurée, nous nous abstiendrons sagement de toute tentative de ce genre.
« Tâchons de constater des faits. Les théories viendront plus tard, et, hélas ! elles ne feront pas défaut. »
Ne réussirions-nous, par ce système d’exactitude positive, à faire naître chez nos lecteurs, non pas la conviction – nous ne visons pas si haut, – mais seulement une sorte de doute, plutôt contraire à la négation a priori, une sorte d’état réceptif-plutôt favorable à l’objet de nos études, que nous nous estimerions satisfait.
À cet égard, nous ne saurions mieux faire, en terminant ces quelques lignes d’avant-propos, que de citer les paroles suivantes de M. de Rochas :
« Nous ne demandons certes pas une foi aveugle, mais seulement une foi provisoire équivalente à celle qu’on accorde aux historiens, aux voyageurs, aux naturalistes, pour les faits dont ils ont été les témoins et qu’ils peuvent, comme nous, avoir mal vus ou mal interprétés, ainsi que pour les récits rapportés d’après les indigènes, qui ont pu se tromper ou les tromper, comme » nos sujets peuvent s’halluciner ou nous induire en erreur.
Qu’on n’exige pas des preuves absolues, irréfutables ; il ne saurait y en avoir pour des phénomènes qui ne dépendent pas de nous ou qui ne se produisent que dans des circonstances non encore déterminées.
Celui qui rejette a priori nos observations ressemble à l’homme qui nierait César parce qu’il ne l’a pas vu, l’électricité parce qu’il n’a pu tirer une étincelle de la machine par un temps humide, l’harmonie parce que son oreille est incapable de discerner une consonance d’une dissonance. »
Dans ce résumé historique, nous passerons rapidement sur le Merveilleux dans l’Antiquité et au Moyen Âge, non pas que les documents fassent défaut, mais ils n’ont pas encore été soumis à une critique suffisante pour que nous les puissions faire figurer dans ce travail qui, répétons-le, ne doit et ne veut admettre que des faits donnant prise le moins possible aux objections du doute.
Nous l’avons dit, le Merveilleux est aussi vieux que l’homme et il est « un aliment si nécessaire à l’esprit humain » que son intervention figure dans les œuvres initiales de toutes les littératures, depuis les livres sacrés et les épopées de l’Inde, jusqu’aux Sagas Scandinaves.
Cette intervention est essentiellement polymorphe : tantôt ce sont des êtres d’essence supérieure à celle de l’homme, ou tout au moins différente (dieux, anges, démons, génies de toute espèce et en nombre incalculable), qui interviennent de façon miraculeuse dans les destinées de l’humanité ; tantôt, au contraire, ce sont des créatures humaines qu’une faculté spéciale et une initiation mystérieuse ont douées de pouvoirs surhumains, dont elles usent pour le bien ou pour le mal des hommes (mages, thaumaturges, sorciers, etc., etc.). C’est ainsi que l’histoire du Merveilleux touche d’un côté à celle des religions, de l’autre à l’histoire des occultes (Magie, Alchimie, Kabbale, etc.).
Comme notre but n’est d’étudier que le Surnaturel qui se manifeste par un agent humain, nous allons nous attacher uniquement aux personnages que la tradition nous montre revêtus de pouvoirs extraordinaires, et nous citerons, de préférence, les faits qui auront plus d’analogie avec ceux que l’on peut observer de nos jours.
Notons encore ceci, qui, pour nous, offre un intérêt spécial, c’est que de tout temps, depuis les formules magiques des sanctuaires d’Asclépios jusqu’au baquet de Mesmer, en passant par les onguents sympathiques de Paracelse et la cure magnétique des plaies de Van Helmont, le Merveilleux a été considéré comme un des agents les plus actifs, les plus précieux de l’art de guérir.
L’Inde a toujours été, et elle l’est encore de nos jours, la terre d’élection du Surnaturel. C’est là que, d’après les travaux des occultistes contemporains dont nous parlerons plus loin, aurait pris naissance la Science occulte, c’est-à-dire un corps de doctrine qui, entre autres enseignements, affirme l’existence d’une force spéciale et mystérieuse, inhérente au corps humain et aux autres corps de la nature. Elle dériverait d’une Force unique, sorte de « fluide et de vibration perpétuelle », à la fois « substance et mouvement » ; et c’est à elle que seraient dus tous les phénomènes d’apparence surnaturelle.
Des sanctuaires indiens, où les thaumaturges la tenaient secrète, cette Science ésotérique, mère de toutes les sciences occultes, serait passée d’abord en Chaldée, dans les temples de Mithrâ, puis en Égypte, dans ceux d’Osiris et d’Isis ; et l’on peut lire dans Jamblique, Porphyre et Apulée, le très curieux récit des épreuves physiques et morales auxquelles étaient soumis les adeptes, lors de leur initiation.
Tous les grands réformateurs religieux ou philosophes auraient été initiés à la doctrine occulte, et Moïse lui-même en aurait enfermé l’essence dans la Genèse. La Kabbale, avec ses deux livres fondamentaux, le Sepher Iesirah et le Zohar, ne serait que la clé qui permettrait de découvrir, sous le sens ordinaire, sous le sens littéral de la Bible, la signification secrète.
Toutefois, au point de vue exclusivement positif et scientifique qui est le nôtre, nous sommes mal renseignés sur les miracles que pouvaient produire les thaumaturges de l’Inde, de la Chaldée, de l’Égypte, etc. On n’a qu’à lire les très savants ouvrages d’Eusèbe Salverte et de M. de Rochas, pour voir que beaucoup de ces prétendus miracles n’étaient dus qu’à la connaissance anticipée, et tenue soigneusement cachée, de quelques lois de nos sciences positives. Il n’y aurait rien d’étonnant, cependant, à ce que des hommes qui consacraient leur vie à l’étude des forces occultes de l’organisme humain et de la nature ne fussent arrivés à des résultats dont nous commençons à peine à entrevoir la possibilité.
Dans l’Antiquité grecque et latine, on connaît les prêtres et les devins qui prédisaient l’avenir, les pythonisses qui rendaient des oracles, en s’agitant sur leur trépied, les sibylles qui, elles, prophétisaient avec calme, sans convulsions.
En général, on ne sait pas assez à quel point les Grecs étaient superstitieux ; pour s’en convaincre, on n’a qu’à lire les récits d’Hérodote : ce ne sont que prodiges plus merveilleux les uns que les autres, si merveilleux même que, quelquefois, l’auteur se refuse à les croire.
On lira aussi, dans Théophraste, le portrait, qui ne paraît pas trop chargé, de l’Athénien superstitieux.
Les plus célèbres thaumaturges furent d’abord Pythagore, l’auteur des Vers Dorés ; il avait été initié, dans l’Inde, à la doctrine occulte ; il était, paraît-il, visité par les dieux, il savait se faire écouter des bêtes, etc. Un jour, par la seule force de sa volonté, il aurait arrêté le vol d’un aigle !… Puis viennent Apollonius de Thyane et Simon le Magicien, deux initiés eux aussi.
« Apollonius, comme le dit M. Chassang, a été, de son vivant même, non seulement honoré comme un sage, mais redouté par les uns comme un magicien, adoré par les autres comme un dieu, ou tout au moins vénéré comme un être surnaturel. »
Parmi bien d’autres faits miraculeux que raconte avec complaisance son biographe Philostrate, on voit qu’il put prédire d’Éphèse, en Asie-Mineure, où il se trouvait, l’assassinat de l’empereur Domitien, à Rome, à l’instant où cet assassinat se produisait. Une autre fois, il fut transporté subitement de Smyrne à Éphèse, etc., etc.
Quant à Simon de Samarie, dit le Magicien, non seulement il fut aussi adoré comme un être divin par le peuple et le Sénat de Rome, mais plusieurs Pères de l’Église, et saint Justin entre autres, ne sont pas éloignés de le considérer, eux aussi, comme un dieu. Cependant, tous les Pères ne sont pas à ce point favorables au célèbre magicien, et l’on sait que ce fut, grâce aux prières de saint Pierre, que le thaumaturge fut précipité du haut des airs, où il s’était élevé « par la puissance de deux démons ». Les miracles qu’on lui attribue sont innombrables : il crée des statues qui ont la propriété de marcher ; il change les pierres en pain. Enfin, un jour, il dirige la foudre sur le palais de Néron.
D’ailleurs, pendant le siècle où vécut cet homme et pendant ceux qui suivirent, à cette époque si confuse qui vit l’agonie du Paganisme, le triomphe du Christianisme, et où pullulèrent les sectes hérésiarques, toutes les sciences occultes, toutes les pratiques de la superstition la plus vulgaire furent en grand honneur. Alors, déjà, on parlait des tables tournantes et des esprits frappeurs. Tertullien, au milieu du IIe siècle, affirmait, devant le Sénat romain, l’existence de la divination par les tables, et il en parlait comme d’une pratique courante. À la fin du IVe siècle, c’est Ammien Marcellin qui nous conte l’histoire de deux païens, Patricius et Hilarius, accusés de magie, pour avoir recouru à la divination par les tables et par l’anneau suspendu, telle que la pratiquent encore les modernes spirites.
Quant aux esprits frappeurs, « c’est pour eux qu’a été faite la prière suivante, qu’on lit dans les anciens rituels de l’Église : « Mettez en fuite, Seigneur, tous les esprits malins, tous les fantômes et tout esprit qui frappe (spiritum percutientem) ».
Pendant les premiers siècles de notre ère, nous trouvons, comme dépositaires de la doctrine occulte, et par conséquent comme faiseurs de miracles, les Gnostiques, les Néo-Platoniciens de l’École d’Alexandrie, chez lesquels, depuis Plotin jusqu’à Proclus, la philosophie s’associait aux pratiques de la théurgie, de l’évocation des esprits, etc..
Porphyre raconte que Plotin, séparé de lui, sentit cependant l’intention où était son disciple de se donner la mort.
Au Moyen Âge, les diverses sciences occultes, Magie, Alchimie, Kabbale, ont, quoique mal vues par l’Église, de nombreux et brillants représentants. Et ici, nous passerons plus rapidement encore sur les théories et les pouvoirs surnaturels des Albert le Grand, des Raymond Lulle, des Nicolas Flamel, des Paracelse, des Van Helmont, etc., etc.
L’enquête commencée sur eux par quelques esprits curieux et impartiaux est de date encore trop récente. Contentons-nous de dire que, lorsqu’on aura bien voulu vérifier, en les rapprochant des résultats obtenus par la science moderne, les enseignements de ces maîtres d’autrefois, on sera forcé de rendre justice, sur ce point comme sur bien d’autres, à ce grand Moyen Âge, souvent méconnu par la pédante et partiale incompréhension de notre époque.
Au XVIe et au XVIIe siècle, la croyance au Surnaturel était universelle en Europe. Jamais temps ne comptèrent plus de sorciers de toute sorte, plus de possessions démoniaques et d’exorcismes. Alors les « juges civils admettent la sorcellerie et la magie comme des faits indubitables, qu’ils ne songent pas même à expliquer autrement que par l’action du démon ».
Citons seulement, pour mémoire, l’affaire des Ursulines de Loudun, dont fut victime Urbain Grandier, celle des paysans du Labourd. Ajoutons aussi, à titre de curiosité, que Descartes, le sceptique le plus déterminé en apparence, tomba plusieurs fois en extase, alors qu’il avait 24 ans ; dans l’une d’elles, il entendit une explosion, il vit « des étincelles briller par toute la chambre » ; il perçut une voix du Ciel qui lui promettait de lui enseigner le vrai chemin de la science, etc.
À la fin du XVIIe siècle et au début du XVIIIe, nous rencontrons un grand nombre de théosophes, de visionnaires, de mystiques, d’illuminés, etc. C’est l’époque où les petits pâtres protestants, en proie à un alluminisme extatique, prophétisent dans les Cévennes ; où les Convulsionnaires jansénistes invoquent les prodiges accomplis sur le tombeau du diacre Pâris ; où, d’un autre côté, Jacques Aymar, Mlle Olivet, Mlle Martin, font des miracles au moyen de la baguette divinatoire, tandis que l’abbé Guibourt célèbre la messe noire.
Parmi les mystiques de cette époque, on distingue surtout Mlle Bourignon et Mme Guyon. Celle-ci, la malheureuse amie de Fénelon, prétendait être en communion avec les saints, avait des visions, jouissait du vol d’esprit et de l’extase, opérait des cures merveilleuses, etc. Ainsi que le dit M. Matter, « sa vie offre un ensemble de phénomènes psychologiques d’un intérêt infini et dignes d’une étude sérieuse. » Ajoutons qu’à notre connaissance, cette étude n’a pas été faite et que Mme Guyon attend encore un historien impartial.
Le plus illustre des théosophes du XVIIIe siècle est le Suédois Swedenborg (1688-1772), savant, philosophe, écrivain, qui, après une brillante carrière scientifique, eut, à l’âge de 56 ans, à Londres, une vision qui changea complètement l’orientation de ses idées et de sa vie. Dès lors, il dit adieu à la science et, en proie à une sorte d’illuminisme poétique, fonda une religion nouvelle, qui s’éloigne du luthéranisme, encore plus du catholicisme, et qui est du « mysticisme tout pur ». Cette doctrine du Nouvel Avènement eut bientôt d’innombrables adeptes.
Pour nous, nous n’avons qu’à retenir que Swedenborg prétendait conférer avec les patriarches, les prophètes, les philosophes de l’Antiquité, que son âme pouvait, à travers toute distance, se mettre en contact avec celle de ses adeptes, que, de Gothembourg, il vit l’incendie de Stockolm, qu’enfin il prédit le moment exact de sa mort, etc..
Malgré son éducation scientifique – il s’était notamment occupé d’anatomie et de minéralogie, – Swedenborg, comme tous les théosophes dont nous avons cité les noms, n’avait jamais songé à rapporter aux forces de la nature la cause des prodiges qu’il produisait ou dont il était témoin.
Pour tous ces mystiques, ces miracles étaient produits par des puissances divines, par de bons ou de mauvais esprits, par les âmes des morts, etc.
Mesmer, le premier, quoique hanté, lui aussi, de préoccupations mystiques, essaie de rapporter à une cause un peu plus naturelle la production de ces phénomènes. Dans sa thèse intitulée : De l’influence des astres, des planètes, sur la guérison des maladies, le médecin allemand prétendait « que les corps célestes exercent, par la force qui produit leurs attractions mutuelles, une influence « sur les corps animés, spécialement sur le système nerveux, par l’intermédiaire d’un fluide subtil qui pénètre dans tous les corps et qui remplit tout l’univers ». C’est ainsi qu’il fonde la doctrine du Magnétisme animal, doctrine qui, en réalité, n’était point nouvelle. Sans remonter aux théories des anciens orientaux, dont nous avons parlé plus haut, on en trouve des traces très nettes dans Paracelse, Burgraëve, le Père Kircher, etc..
On connaît l’existence accidentée de l’inventeur du fameux « baquet » et les pratiques charlatanesques auxquelles il eut recours pour attirer la clientèle ; ce furent elles qui jetèrent tant de discrédit sur les théories du Magnétisme animal. Pourtant, ainsi que le dit M. Bernheim, « tout n’était pas nul dans les folles et orgueilleuses conceptions du Mesmerisme ». Pour en donner une idée, citons seulement cette proposition de Mesmer :
« On trouve, dit-il, dans le corps humain, des propriétés analogues à celles de l’aimant, on y distingue des pôles également divers et opposés ».
Voilà mentionnée la polarité humaine, retrouvée de nos jours par Reichenbach, Durville, Chazarain, de Rochas, etc.
Nous avons dit, au début de cet aperçu historique, que l’un des caractères essentiels du Merveilleux était son polymorphisme. C’est cette grande variété dans ses modes de manifestation qui rend son histoire confuse et difficile à exposer, surtout lorsqu’on arrive à la fin du siècle dernier et au nôtre. Alors, en effet, l’attention est sollicitée par une foule de noms divers qui la déconcertent : Occultisme, Magie, Magnétisme, Somnambulisme, Hypnotisme, Spiritisme, etc., etc.
Disons donc, pour fixer les idées, qu’au XVIIIe siècle, Mesmer, ayant fait connaître au grand public, sous le nom de Magnétisme animal, une partie des phénomènes que, seuls jusqu’alors, connaissaient et revendiquaient les adeptes des sciences occultes, on peut distinguer, dans l’histoire du Merveilleux, deux courants :
D’un côté, les diverses écoles d’occultisme et les sociétés secrètes, Rose-Croix, Hermetistes, continuent l’antique tradition.
De l’autre, le Magnétisme animal évolue, à travers bien des fortunes diverses, du Mesmerisme jusqu’au moderne Hypnotisme.
Or, nous n’étudions ici que des phénomènes qui, tout en ayant peut-être quelque lien caché avec ceux de l’Hypnotisme, en sont pourtant tout à fait différents.
C’est pourquoi nous rappellerons seulement que le Magnétisme animal, perfectionné en quelque sorte par le marquis de Puységur, qui découvre le somnambulisme provoqué par le baron du Potet, l’inventeur du miroir magique, et par bien d’autres encore, ne put cependant se concilier la faveur des corps savants. Bien au contraire, après un nombre infini de recherches, de discussions, de rapports, l’Académie de médecine de Paris conclut, en 1837, à sa négation entière, absolue. Mais on sait comment son étude, reprise par l’Anglais Braid, qui lui donna le nom d’Hypnotisme, continuée par Azam, par Durand de Gros (un adepte de la première heure, dont on ne saurait trop rappeler l’active et courageuse propagande), aboutit enfin aux beaux travaux des Liebeault, des Charcot, des Richet, des Grasset, des Bernheim et d’une foule d’autres auteurs.
Dès lors, le Magnétisme animal, sous son nom nouveau d’Hypnotisme, est définitivement admis et triomphe avec éclat.
On peut donc dire que des phénomènes que l’on attribuait en propre au Merveilleux viennent de se faire reconnaître par la science officielle.
Or, notre travail se propose de montrer qu’à la suite d’autres chercheurs qui, dans la région du Mystère, ont voulu pousser plus loin que l’hypnotisme, cette même science officielle va, sans doute, être forcée d’admettre aussi les autres modalités du Surnaturel, celles qui formaient jusqu’ici l’apanage des Sciences occultes, Magie, Kabbale, Alchimie, etc.
Mais, au préalable, un mot sur ces dernières.
Nous avons dit que, d’après les occultistes, l’initié Moïse aurait renfermé, dans les deux livres fondamentaux de la Kabbale, le Sepher Iesirah et le Zohar, l’essence de l’antique doctrine ésotérique de l’Orient. Or, la transmission jusqu’à nous de cette doctrine se serait faite par les diverses écoles d’occultisme qui, toutes, dérivent de la Kabbale, et, par conséquent, de l’Ésotérisme de l’antiquité.
Comme lui, en effet, toutes reposent sur un même principe : l’existence d’un Agent unique universel, d’une Force fluidique, origine de toutes choses et à qui elles ont donné les noms les plus divers. C’est l’Od des Hébreux, l’Aour des Kabbalistes, le Mercure universel de l’Alchimie, la Lumière astrale des Mages.
De même, tous les occultistes professent, et ceci nous intéresse spécialement, que l’une des modalités de cette Force unique est inhérente à l’organisme humain et aux autres corps de la nature ; elle est mystérieuse, le plus souvent à l’état latent, mais peut, dans certains cas et sous certaines conditions, donner lieu à des phénomènes inexplicables par les données ordinaires de la science, tels que le soulèvement spontané du corps au-dessus du sol ou Lévitation, les mouvements d’objets matériels sans cause appréciable, la transmission de la pensée à distance, les apparitions, etc.
Pour les Mages, cette force est le Corps astral, troisième principe de l’homme, sorte d’intermédiaire entre l’âme et le corps organique.
Pour Mesmer, c’est le Fluide magnétique ; nous verrons plus loin que, pour la Science, c’est la Force psychique. Les personnes qui l’émettent en quantité sont les médiums.
Enfin, tous les occultistes, après avoir affirmé la persistance du Moi conscient après la mort et même la réincarnation, admettent l’existence d’Êtres invisibles, d’essence trop subtile pour être perceptibles à nos sens, en un mot d’Esprits, qui sont de plusieurs hiérarchies. La Magie les distingue, suivant leur rang en : « 1° Élémentals, forces inconscientes des Éléments ; 2° Élémentaires, restes des défunts ; 3° Larves, vestiges vitaux des morts-nés, des suicidés, incessamment guidés par des désirs inassouvis. »
Ajoutons que tous les initiés, quels qu’ils soient, Mages, Kabbalistes, Alchimistes, prétendent pouvoir, au moyen de leur volonté exaltée par des pratiques cérémonielles spéciales, exercer une action puissante sur toute cette population de l’Invisible et posséder ainsi des pouvoirs inconnus des autres hommes. Aussi, toutes les Écoles accordent-elles, dans leur enseignement, la première place au développement et, pour ainsi dire, à l’entraînement de la volonté.
Nous n’avons fait que nommer les plus grands occultistes du Moyen Âge, Albert le Grand, Raymond Lulle, Nicolas Flamel, etc., l’enquête commencée sur leurs théories et leurs pouvoirs extraordinaires étant encore loin d’être suffisante.
Au XVIIIe siècle, tandis que Mesmer jetait les pratiques du magnétisme en pâture au public, l’occultisme eut pour adeptes les membres de diverses sociétés secrètes : Templiers, Rose-Croix, Hermetistes ; puis le Mystérieux : Comte de Saint-Germain, Louis-Claude de Saint-Martin, dit le Philosophe inconnu, fondateur de la secte des Martinistes, Cagliostro, etc.
Au commencement de ce siècle, après l’époque troublée de la Révolution et de l’Empire, vers 1820, la Science occulte renaît partout, et l’on doit reconnaître que les diverses Écoles sont représentées par des hommes de grande et originale valeur, quoique tenus à l’écart par les Académies.
Ce sont le Polonais Hœne Wronsky, mathématicien et kabbaliste, Fabre d’Olivet, auquel nous devons la restitution presque entière des Sciences enseignées dans les Sanctuaires de l’Inde et de l’Égypte, Eliphas Lévy, le plus savant de tous les occultistes contemporains, Louis Lucas, disciple des alchimistes, qui « ébauche » la première synthèse scientifique, en alliant la Science occulte à nos Sciences expérimentales. »
De nos jours enfin, surtout depuis 1880, l’Occultisme a pris un essor extraordinaire. Toutes les Écoles comptent de nombreux et brillants adeptes ; parmi eux, citons le docteur Encausse, chef de clinique du docteur Luys, qui applique avec succès aux sciences modernes la méthode analogique de l’Occultisme, et qui, sous le pseudonyme de Papus, a publié un Traité de Science occulte très documenté ; il dirige en outre la plus sérieuse des Revues d’occultisme, l’Initiation, qui est l’organe du Groupe indépendant de recherches ésotériques. Citons encore l’hermétiste Stanislas de Guayta, successeur direct d’Eliphas Lévy ; Joséphin Péladan, qui soutient, dans ses livres – avec le talent que l’on sait – les théories de la Magie la plus transcendantale ; puis le marquis de Saint-Yves d’Alveydre, la duchesse de Pomar, etc…
Terminons ces quelques mots sur l’Occultisme contemporain en disant que ce qui le caractérise, c’est l’emploi qu’il fait, dans ses recherches, de la méthode analogique et le but qu’il se propose de « ramener à un même principe toutes les sciences, toutes les philosophies et toutes les religions, de trouver le lien qui unit la Métaphysique à la Physique, la Science et la Foi.
Au point de vue pratique, il étudie une série de forces encore mal connues, en partant de ces deux principes : le Hasard n’existe pas, le Surnaturel n’existe pas. »
Or, ce sont ces « forces mal connues », productrices de phénomènes prodigieux ; que quelques savants éminents, diplômés à souhait, les Croockes, les Zœllner, les Richet, les Gibier, les Dariex, ont eu le courage, plus grand qu’il ne semble, de soumettre à des investigations rigoureusement scientifiques, et, comme nous le disions plus haut, c’est grâce à leurs travaux que la Science officielle sera peut-être forcée, dans un avenir plus ou moins prochain, d’admettre, après les phénomènes de l’Hypnotisme, les autres modalités du Merveilleux.
Nous allons voir, maintenant, à la suite de quelles circonstances ces chercheurs furent amenés à aborder ce genre d’études jusque-là si suspectes, et c’est ici que nous nommerons pour la première fois le Spiritisme, qui, s’il n’a pas d’autres mérites, a du moins celui d’avoir attiré sur les phénomènes qui avaient formé jusqu’à pré sent l’apanage exclusif des Sciences occultes l’attention de pareilles autorités.
On peut dire de lui qu’il a rendu à la cause des Phénomènes psychiques occultes le même service que rendit le Mesmerisme à celle de l’Hypnotisme. De même que Mesmer, Allan Kardec et ses adeptes ont, à travers bien des rêveries sans valeur, fait pourtant entrevoir à quelques esprits pénétrants la possibilité de recherches sérieuses et fécondes.
Racontons donc rapidement les origines du Spiritisme et ensuite de ce que l’on peut nommer l’Occultisme scientifique ou officiel.
En 1847, on commença de signaler, dans le nord de l’Amérique, des phénomènes étranges, mystérieux, qui se passaient à Hydesville, dans l’État de New-York. Une famille de ce village, la famille Fox, entendait des coups frappés dans les murs, sur le plancher de la maison qu’elle habitait. Les meubles « étaient agités d’un mouvement d’oscillation, comme s’ils avaient été balancés » sur les flots ; on entendait marcher sur le parquet sans qu’on vît personne. » Des recherches minutieuses et une surveillance sévère ne firent découvrir aucune fraude, aucune supercherie. Quant à une hallucination possible, les faits étaient constatés par un trop grand nombre de témoins et se renouvelaient trop fréquemment pour qu’on pût y penser. Bientôt, les bruits parurent produits par des forces intelligentes, qui répondaient, au moyen de coups frappés, quand on les interrogeait. Dès lors, tous ces prodiges furent – comme de juste – attribués à des esprits, qui, affirma-t-on, étaient les âmes des morts.
On le voit, l’explication n’était pas précisément neuve.
On ne tarda pas à s’apercevoir que certains sujets avaient particulièrement le don de communiquer avec ces esprits, et on leur donna le nom de médiums.
« Dès lors, le moderne Spiritisme était fondé. Des médiums innombrables se révélèrent, les pratiques spirites se répandirent comme une traînée de poudre, les différents clergés des mille sectes américaines s’en mêlèrent, et la confusion devint indescriptible… Peu s’en fallut que le Spiritisme, à ses débuts, ne comptât pour martyrs ses premiers apôtres ».
Bientôt l’épidémie spirite sévit en Europe. Partout on fait tourner, parler, tables et guéridons. On s’entretient avec l’âme de tous les grands personnages du passé, avec les puissances divines elles-mêmes, et Dieu sait ce qu’on leur fait dire !
Allan Kardec, de son vrai nom Rivail, écrit des ouvrages qui sont, comme l’Évangile, des Spirites français.
Sans plus nous occuper des destinées du Spiritisme, disons que les premiers chercheurs sérieux qui essayèrent, au moyen de procédés scientifiques, de faire un peu de jour sur les Mystères spirites, furent :
En Amérique, Mapes, professeur de chimie, qui, « après avoir repoussé dédaigneusement ces choses », fut obligé de convenir « qu’elles n’ont rien de commun avec le hasard, la supercherie ou l’illusion. »
Puis le docteur Hare, qui institua une série d’expériences très ingénieuses, ressemblant beaucoup à celles du professeur Croockes, dont nous aurons à parler longuement.
Enfin, M. Robert Dale Owen a publié, en Angleterre, un livre sur le même sujet, dont les conclusions sont identiques à celles de Mapes.
En France, à la même époque, Babinet déclare, dans un article de la Revue des Deux-Mondes, de mai 1854, que les prodiges nouveaux qu’on raconte, les phénomènes surnaturels, sont d’impossibilité et d’absurdité.
En 1859, Jobert de Lamballe, Velpeau, Cloquet, Schiff, attribuent les bruits spirites (coups, craquements, etc.) au « déplacement réitéré du tendon du muscle long péronier, de la gaine dans laquelle il glisse en passant derrière la malléole interne. »
C’était se satisfaire à bon compte.
Mentionnons pour mémoire l’article que Dechambre fit paraître sur la doctrine spirite, dans la Gazette hebdomadaire de médecine et de chirurgie (1859), dans lequel il a la sagesse de ne point se prononcer sur la réalité des phénomènes psychiques occultes.
Mais deux de ses collaborateurs au Dictionnaire des Sciences médicales, MM. Han et Thomas, loin de suivre son exemple, ne veulent voir, dans tous les faits spirites, que le résultat de l’hallucination et surtout de l’escroquerie (article Spiritisme).
Nous arrivons enfin à la période actuelle et à celle qui l’a précédée immédiatement.
C’est en 1870 que le professeur William Croockes, qui, parmi bien d’autres titres de gloire, a celui d’avoir découvert un nouveau corps simple métalloïde, le Thallium, et un nouvel état de la matière, la matière radiante, voulut savoir enfin à quoi s’en tenir sur les phénomènes dont les spirites affirmaient la réalité avec une bonne foi absolue et même une conviction de fanatiques. Se défiant du témoignage de ses propres sens, et pour qu’on ne pût prétendre qu’il avait été dupe d’une hallucination, il eut recours aux instruments enregistreurs dont il usait dans ses recherches scientifiques ordinaires.
Les résultats qu’il a obtenus et consignés dans son livre de la Force Psychique sont tels que, bien que l’on soit intimement persuadé de la haute valeur et de l’honorabilité absolue de l’observateur, l’esprit hésite cependant à les admettre sans réserves.
Nous aurons à en parler longuement dans le courant de cette étude.
Disons seulement qu’à la suite des travaux de Croockes, qui ne trouvèrent aucune créance auprès des Académies, il s’est formé en 1822, en Angleterre, une Société des Recherches Psychiques (Society for psychical Researches), qui se consacre à l’étude des phénomènes de psychologie occulte. Elle a pour président Henry Sydgwick et compte parmi ses membres honoraires Croockes, Gladstone, John Ruskin, Alfred Russel Wallace. Ajoutons qu’au dernier Congrès de l’Association britannique pour l’avancement des Sciences, M. Lodge, président de la section des sciences mathématiques et physiques, vient, en un très beau langage, de reconnaître officiellement la nécessité de l’étude des Phénomènes psychiques occultes.
Les expériences de Croockes sur la force psychique furent reprises en Allemagne par l’astronome Zœllner, professeur à l’Université de Leipzig, assisté de plusieurs de ses collègues : Braune, Weber, Scheibner et Thiersch. Le médium avec lequel il expérimenta était l’Américain Slade, et les conclusions du savant allemand sont aussi catégoriques que celles du savant anglais.
En France, c’est le docteur Gibier, ancien interne des hôpitaux de Paris, et que ses recherches de Pathologie expérimentale avaient familiarisé avec les procédés d’investigation des Sciences positives, qui est le premier à aborder, en 1886, l’étude des phénomènes de Psychologie occulte ; il est, du moins, le premier qui ose en parler ouvertement. Il expérimente avec le médium Slade et obtient des résultats aussi positifs que ceux de ses devanciers étrangers. Dans son premier livre, le Spiritisme,