Les Premières Expériences aérostatiques à Versailles - Charles Hirschauer - E-Book

Les Premières Expériences aérostatiques à Versailles E-Book

Charles Hirschauer

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Extrait : "On se propose de retracer dans ces quelques pages les deux ascensions de montgolfières qui, en septembre 1783, eurent Versailles pour théâtre. Le récit n'en est pas, à vrai dire, entièrement nouveau. Plus favorisée que tant d'autres découvertes dont les origines restent dans l'ombre, l'invention des frères Montgolfier fut accueillie dès ses débuts avec un enthousiasme dont les documents du temps offrent mille témoignages".

À PROPOS DES ÉDITIONS LIGARAN :

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• Fiction : roman, poésie, théâtre, jeunesse, policier, libertin.
• Non fiction : histoire, essais, biographies, pratiques.

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Les premières expériences aérostatiques à Versailles

(19 Septembre 1783 – 23 Juin 1784)

On se propose de retracer dans ces quelques pages les deux ascensions de montgolfières qui, en septembre 1783 et en juin 1784, eurent Versailles pour théâtre. Le récit n’en est pas, à vrai dire, entièrement nouveau. Plus favorisée que tant d’autres découvertes dont les origines restent dans l’ombre, l’invention des frères Montgolfier, née chez le peuple du monde le plus friand de nouveautés et dans un siècle vivement épris de recherches scientifiques, fut accueillie dès ses débuts avec un enthousiasme dont les documents du temps offrent mille témoignages. Les dissertations des savants , les mémoires, les correspondances , les gazettes donnent sur les premières expériences aéronautiques tous les détails désirables ; et certes, les historiens n’ont pas manqué pour en tirer profit. On a jugé pourtant que les ascensions de Versailles en 1783 et 1784 présentaient encore des particularités assez piquantes et assez peu connues pour que le lecteur pût prendre quelque intérêt à ces deux épisodes importants de l’histoire des ballons.

ILa Montgolfière de l’Académie des Sciences et l’ascension du 19 septembre 1783

Vers la fin de juillet 1783, les journaux de Paris annoncèrent que, le 5 juin précédent, en présence des États provinciaux du Vivarais, qui tenaient leur session à Annonay, un globe de taffetas de plus de 22 000 pieds cubes, gonflé d’un gaz encore inconnu, s’était élevé dans les airs et avait été porté à près d’une demi-lieue de son point de départ. L’authenticité de ce fait extraordinaire attesté par un procès-verbal officiel, ne pouvant laisser de doute, la curiosité du public, si souvent déçue, put cette fois se donner passionnément cours. Sans même attendre les détails de l’expérience d’Annonay, on entreprit de la répéter : une souscription, rapidement couverte, permit de construire, sur les indications du physicien Charles, un ballon de petite dimension qui, péniblement gonflé de gaz hydrogène, s’éleva du Champ de Mars, le 27 août 1783, au milieu de l’admiration de tout Paris.

Ni le gouvernement ni l’Académie, de leur côté, n’étaient restés étrangers à une découverte dont on se promettait les plus merveilleuses applications. Vivement frappé par l’expérience du 5 juin, le contrôleur général d’Ormesson en avait, dès le 2 juillet, envoyé le procès-verbal à l’Académie des Sciences, en la priant de lui donner son avis sur la machine inventée par les frères Montgolfier et les résultats qu’on en pouvait attendre. La savante assemblée où, un an auparavant, l’astronome Lalande avait gravement proclamé l’impossibilité de jamais naviguer dans les airs, sut de bonne grâce ne point s’entêter dans son erreur et chargea une commission de huit membres d’étudier la question. Bien mieux, jugeant nécessaire, pour établir sa conviction, de procéder à des expériences méthodiques et répétées, et n’estimant pas juste de les mettre à la charge de l’inventeur, l’Académie décida de faire les frais d’un nouveau ballon, destiné à remplacer celui qui avait été détruit dans l’ascension du 5 juin.

Étienne Montgolfier, le plus jeune des deux frères , se trouvait dans le même temps à Paris . Se rendant bien volontiers à la flatteuse invitation de l’Académie, il entreprit sans retard de tracer les plans d’une machine plus grande encore que celle d’Annonay et de forme assez différente : au lieu d’être sensiblement sphérique, l’enveloppe devait se terminer, en haut par un cône, en bas par un tronc de cône et, par suite, être beaucoup plus haute que large. L’élévation totale, atteignant près de 70 pieds, dépassait, comme le remarquaient avec étonnement les contemporains, celle de la porte Saint-Denis . On peut imaginer les difficultés que présentait un travail si considérable et si nouveau.

La prodigieuse activité d’Étienne Montgolfier n’y eût sans doute pas suffi, s’il n’avait trouvé chez les nombreux amis qu’il comptait à Paris de constants encouragements et l’assistance la plus efficace. Quinquet, dont le nom fut donné à la lampe à réflecteur, le physicien suisse Argand , Lange, Mogué de Querville, d’autres encore, rivalisèrent en l’occurrence de bons offices ; mais, au premier rang, il faut citer Réveillon, le propriétaire de la manufacture royale de papiers peints du faubourg Saint-Antoine. Poussé par l’amitié et par un zèle très vif pour les sciences, il offrit à Montgolfier la plus libérale hospitalité dans ses vastes ateliers qui occupaient, rue de Montreuil, une partie des bâtiments et du magnifique parc de l’ancienne « Folie-Titon » , là même où la fameuse émeute du 28 avril 1789 devait porter la ruine et l’incendie.

Le lieu offrait à Montgolfier mille avantages : la tranquillité d’un quartier suffisamment éloigné du centre de Paris pour que la cohue des badauds ne s’y portât pas, de vastes dégagements permettant de gonfler l’énorme machine et, s’il en était besoin, de la retoucher tout à l’aise, la possibilité même de procéder à des ascensions d’essai. Surtout, l’obligeante amitié de Réveillon se montrait singulièrement précieuse : non content de mettre à la disposition de son confrère d’Annonay ses ateliers et toute la main-d’œuvre désirable, il ne cessa lui-même d’être pour Étienne Montgolfier un collaborateur plein de ressources et de dévouement .

Pour reproduire aussi exactement que possible les conditions de l’expérience d’Annonay et surtout dans le louable dessein d’épargner les deniers de l’Académie, Montgolfier avait été amené à négliger quelque peu la solidité de l’appareil, en écartant pour la confection de l’enveloppe l’emploi de la toile : les fuseaux, soigneusement dessinés et découpés, étaient faits de simple canevas doublé de papier sur les deux faces . Ce scrupule d’économie n’allait pas tarder à montrer ses fâcheux effets. En raison des grandes dimensions de la montgolfière, tout le travail dut se faire en plein air . Tous les soirs et chaque fois que, dans cette changeante saison, le temps menaçait, il fallait donc rentrer l’enveloppe ; ces pliages répétés n’étaient pas sans la fatiguer beaucoup .

Au milieu de ces difficultés, Montgolfier se trouvait soutenu par les encouragements qu’il recevait de toutes parts. Gagné par l’enthousiasme universel, le Roi lui-même était allé jusqu’à prendre à sa charge tous les frais de l’expérience , à la condition que celle-ci eût lieu, non pas à Paris, mais à Versailles. La date en fut fixée au vendredi 19 septembre.

Si flatteur que fût cet illustre patronage, Étienne Montgolfier attachait plus de prix encore au suffrage des savants. Avant d’offrir à la Cour et au peuple le spectacle public de la nouvelle découverte, il voulut que l’Académie des Sciences eût le loisir de poursuivre l’examen qu’elle en avait entrepris ; le 11 septembre, la machine étant terminée et un premier essai ayant donné les résultats les plus satisfaisants , Montgolfier se tint pour le lendemain à la disposition des commissaires de l’Académie .

Au cours de la nuit, le vent s’éleva et la pluie tomba par intermittence ; et quand, dans la matinée du 12, l’abbé Bossut, Cadet, Brisson, Lavoisier et Desmarest, désignés par leurs collègues pour suivre les expériences , arrivèrent à la Folie-Titon, où les avait déjà précédés une assemblée des plus distinguées, le temps était encore fort couvert. Pourtant, ne voulant pas tromper la curiosité d’une si brillante assistance, Étienne Montgolfier crut pouvoir procéder à un essai pour lequel tous les préparatifs étaient faits : l’enveloppe, suspendue par le haut à un câble, avait été disposée de telle façon qu’il suffit de jeter dans le foyer 30 livres de paille sèche et une dizaine de livres de laine hachée, pour qu’en dix minutes à peine le gonflement fût terminé.