Les Secrets de la Licorne - Géraldine Rémy - E-Book

Les Secrets de la Licorne E-Book

Géraldine Rémy

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  • Herausgeber: Ker
  • Kategorie: Ratgeber
  • Sprache: Französisch
  • Veröffentlichungsjahr: 2018
Beschreibung

A la rencontre des acteurs clés du changement pour le climat, pour la société et pour soi-même.

Ils sont parents, aides-soignants, coiffeurs, scientifiques, patrons d’entreprise, chômeurs ou étudiants. Eux, ce sont les licornes. Leur point commun ? Une volonté d’en demander moins à la planète. Chacun à son rythme, selon ses valeurs et ses besoins.
Jeune licorne et enseignante, Géraldine partage avec ses élèves ses questionnements à propos du changement climatique, des inégalités sociales, de la condition animale… Et si tout était lié ? Comment préserver notre santé sur une planète polluée ? La simplicité volontaire peut-elle rendre heureux ?
Elle part alors à la rencontre d’acteurs clés du changement en Belgique et en France. Engagés, inspirants, ils ouvrent des pistes de réflexion et proposent des moyens d’agir. Elle se forme et expérimente des recettes parfois douteuses, sous l’œil sceptique de son compagnon, qui craint des bouleversements dans leur quotidien. Une quête de sens qui l’amène à reconsidérer son alimentation et ses croyances sur le bonheur, la beauté et l’argent.
À travers l’histoire de Géraldine, c’est celle d’une génération qui se questionne et qui, sans complexes, avec humour, a décidé de changer les choses.

Découvrez sans plus attendre cet ouvrage qui aborde, avec humour, les enjeux de ce siècle : le respect de l'environnement et la transition écologique, les inégalités sociales ou encore la condition animale !

EXTRAIT

Aujourd’hui, je suis une pétasse repentie. Même si je garde un souvenir amusé et ému de mes égarements, ma priorité n’est plus de perfectionner mon style, mais de prendre soin de ma santé et de mon moral. Manger mal, se comparer aux autres et recourir aux artifices pour dissimuler les dégâts ne marche pas. Il m’a fallu tellement d’années pour qu’une information aussi évidente germe dans mon esprit. Ce cheminement m’a appris que la beauté se trouve aussi à l’intérieur de nous. Prendre conscience que nous n’avons pas toujours besoin de tous ces produits sophistiqués est un bonheur. Les produits cosmétiques les plus biologiques au monde se trouvent dans notre cuisine et coûtent parfois moins d’un euro. Cela dit, mon itinéraire n’est pas universel. Chaque être humain a des besoins et des désirs spécifiques. Il faut trouver ce qui convient à chacun et surtout, garder du plaisir dans sa routine. Récemment, j’ai acheté des shampooings solides parfumés au romarin et à la lavande juste parce que j’en avais envie. Je ne vois pas le sens de m’enfermer dans un extrémisme zéro produit. Le plaisir est essentiel pour prendre soin de son bien-être. Je croyais savoir tout cela depuis des années…

CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE

Ce que j'ai particulièrement aimé dans ce livre, et qui le rend crédible et intéressant, ce sont les témoignages de divers acteurs du changement. - Delphine_D_, Sens Critique

J'ai adoré ce livre que j'ai dévoré du début à la fin. L'auteure nous parle de son parcours de transition, avec ses succès mais aussi ses échecs qu'elle assume avec humour. - ChaMartin, Babelio

Ce que j'ai aimé dans ce livre, c'est justement qu'à travers les mots de Géraldine Remy, c'est un peu la voix du citoyen face à sa démarche personnelle, réaliste, réalisable et concrète qui s'exprime. - AlineFl, Babelio

Je m'y retrouve tellement ! Je ne suis pas "livres" du tout mais il se dévore à toute vitesse car il est bien écrit et intéressant. - vmeganck, Babelio

Un livre qui se dévore [...] à se procurer d'urgence, à lire d'urgence, à partager d'urgence... - DavSam, Babelio

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Préfacepar Jean-Cédric Jacmart, fondateur de la ferme permacole de Desnié

L’ouvrage que vous tenez entre les mains n’est pas le fruit du hasard. Consciemment ou non, votre intuition et votre curiosité vous ont guidé vers un livre pas comme les autres. Il s’adresse à vous qui êtes en quête d’inspiration, qui cherchez des solutions concrètes pour optimiser votre qualité de vie tout en impactant le monde de manière positive. Géraldine Remy est une exploratrice qui ouvre la voie à un mode de consommation responsable et joyeux. Il ne s’agit pas ici d’un énième livre sur la permaculture ou la simplicité volontaire, mais plutôt d’un cheminement personnel sur la voie de la transition d’une consommatrice lambda vers une consomm’actrice inspirante. Dotée d’un sens de l’écriture fluide et teinté d’humour, elle a l’audace de partager avec autodérision ses errements et ses trouvailles dans cette quête d’une vie plus authentique, respectueuse de sa santé, de son portefeuille et au final, des générations futures.

Quand l’humour nous fait avancer

Géraldine ouvre avec beaucoup d’humilité les portes de ses nombreux essais-erreurs alimentaires, cosmétiques, vestimentaires, financiers et bien d’autres… qui font l’objet d’extraordinaires dialogues avec son compagnon. Vous aurez parfois la sensation d’assister à un vaudeville ; je préfère y voir toute l’authenticité d’une femme en quête de sens. Je profite de cette préface pour rendre hommage à Dimitri, complice aussi indispensable qu’involontaire de cette histoire. Géraldine démontre que la meilleure façon d’entraîner vos proches et vos amis vers un monde plus responsable est de les inspirer et non de les convaincre. Des actes plutôt que des mots.

Heureusement, ce livre ne se borne pas à un parcours autobiographique, et c’est en cela qu’il me semble passionnant. L’intention profonde de Géraldine est de vous aider à trouver les sources et les pistes concrètes qui vous permettront d’agir à votre rythme, à trouver votre voie. Enseignante engagée, elle a décidé d’ouvrir les yeux et la curiosité de ses élèves adolescents. Elle n’hésite pas à leur proposer des films qui abordent l’écologie, la citoyenneté et au final, le plus grand des enjeux : la transition énergétique qui bouleversera bientôt notre avenir à tous.

C’est ce sujet délicat, source de nombreuses questions, qui est à l’origine de son cheminement. Sommes-nous à l’aube d’un effondrement de civilisation ? L’émergence des consciences va-t-elle prendre le pas sur le déni ? Comment est-il possible que le monde politique et la société civile soient à ce point endormis ? Comment croire que sur une planète avec des énergies non renouvelables et limitées, nous puissions continuer à consommer sans compter ? À l’instar de nombreuses personnes, c’est en se posant ce genre de question que Géraldine a décidé de ne pas sombrer dans la noirceur, la déprime et l’apathie résignée. Elle a compris que les grands changements commencent par de petits gestes.

Pourquoi cette préface ?

Je vois l’invitation de Géraldine à rédiger cette préface comme une chance. Celle de contribuer à un livre qui fait sens. Et comme le cite si bien une amie, « la chance est un muscle ». Ce n’est pas par hasard que Géraldine est venue suivre un week-end d’introduction à la permaculture dans le cadre de ma ferme biologique, conçue selon des principes éthiques. Notre lieu est destiné à devenir une oasis d’abondance, de résilience et de pérennité. Un lieu qui prend soin de la terre et de tous les vivants, qui prend soin de l’humain et qui bâtit une communauté de personnes engagées à léguer une planète vivable et bienveillante pour nos enfants et surtout, un lieu qui inspire à consommer de manière frugale, responsable et équitable. Un défi colossal, mais pas insurmontable.

En venant se former et s’inspirer dans notre centre, Géraldine est venue à la rencontre de l’énergie de la Terre et au contact de cette fabuleuse communauté d’humains en quête de réponses aux enjeux sociétaux et personnels. C’est une énergie qui permet d’envisager concrètement un autre monde où l’éthique sera au centre des enjeux économiques et sociétaux.

Si vous pensez que vous êtes seul ou seule à vouloir changer le monde, détrompez-vous ! Il y a une lame de fond, une marée de consciences individuelles qui se lève partout sur la planète. Elle est encore discrète, parfois silencieuse, mais elle est là. N’en doutez pas.

Rééducation citoyenne, bienveillance et absence de jugement

Dans le cadre de ma vie de formateur en permaculture et de coach de vie, j’ai rencontré des centaines de personnes en recherche. Certaines souhaitent davantage de temps pour elles, d’autres une activité qui fasse sens ou encore, et surtout, un style de vie qui respecte la planète comme leur écologie propre. Ce fut aussi ma quête pendant des décennies… J’ai exploré les causes de ma propre sur­consommation, de ma déconnexion avec l’essentiel. J’ai cherché à identifier la source de mes maux. La bienveillance de mes parents à mon égard ne fait, dans l’esprit de l’époque, aucun doute. En revanche, il y aurait à redire sur le système éducatif et la pensée dominante de notre société.

C’est précisément la question qui me taraude le plus souvent, le plus profondément. L’éducation. L’enseignement. Comment avons-nous pu passer – oserais-je dire perdre ? – autant de temps à user nos fonds de culottes à l’école sans bénéficier en définitive d’un minimum de connaissance des principes fondamentaux du vivant ? Comment l’école ne nous a-t-elle pas appris à produire moins de déchets, à communiquer de manière authentique et bienveillante, à faire preuve d’un minimum de sens critique ? Pourquoi l’altruisme, la remise en question de croyances limitantes et d’autorités dépourvues d’éthique ne sont-ils pas au cœur de notre système éducatif ? Au lieu de promouvoir des valeurs en symbiose avec l’intérêt commun, plusieurs générations recherchent aujourd’hui une apparence de richesse qui ne cache qu’une extrême pauvreté intérieure.

Il est urgent de réinventer notre système éducatif. À l’heure des bouleversements que nous connaissons, il me semble capital que la moitié du temps scolaire soit passée au contact direct du monde végétal et animal, dans la nature. La coopération et l’entraide, la créativité et l’imaginaire doivent être les maîtres-mots de l’école de demain. Il est temps de réenchanter l’activité manuelle, de former à la communication non violente, de découvrir les Accords toltèques et l’art de la bienveillance envers soi-même comme autrui. L’enseignement doit, aujourd’hui plus que jamais, exercer l’esprit critique, pousser à la remise en cause des dogmes, avec humilité et cœur. Apprenons à exprimer et accueillir nos émotions et celles des autres. Efforçons-nous d’écouter, d’être là, simplement, sans jugement.

En conclusion

Le livre de Géraldine sera un guide drôle et utile pour vous qui souhaitez optimiser concrètement les finances familiales, prendre davantage soin de votre santé tout en contribuant à réduire votre impact carbone. Vous y découvrirez quelques acteurs inspirants de la transition, ainsi que de nombreuses sources et références pour explorer les secteurs qui vous intéressent.

À l’instar de la légende du colibri qui éteint un feu de forêt goutte après goutte, Géraldine fait sa part en couchant sur papier, page après page, le secret de ses découvertes. Vous apprendrez comment le groupe Gestion Budgétaire, Entraide et Minimalisme lui a permis de rejoindre une incroyable communauté riche de plus de cent mille membres qui offre de nombreuses solutions aux questions que vous pourriez vous poser. En lisant ce livre, vous aussi, vous pourriez devenir une Licorne, devenir riche en possédant moins, et transformer votre vie pour le meilleur. Je vous souhaite une délicieuse lecture.

Introduction

La température est idéale. Je me prélasse avec délice dans ma baignoire remplie à ras bord. En douceur, je dépose une bombe de bain pailletée dans la mousse. Le spectacle est magique. Mes soucis disparaissent avec le produit pétillant qui se dissout, colorant l’eau chaude en bleu, en rose, en jaune et diffusant un parfum herbacé dans toute la pièce.

J’ai pris des centaines de bains de ce genre.

J’ai acheté des vêtements en solde sans jamais les porter. J’ai commandé des escarpins en un clic, juste pour me déstresser. Je me suis gavée de sucreries devant la télé. J’ai vidé – seule – un pot de pâte à tartiner en une semaine. J’ai pris l’avion pour me reposer dans des hôtels all inclusive. J’ai dépensé des sommes faramineuses pour des magazines, des vernis, des extensions de cils, de cheveux et d’ongles.

Tout cela a aujourd’hui disparu de mon quotidien. Pourquoi ? Ce livre raconte mon chemin, ponctué de questionnements, de tâtonnements, incomplets, imparfaits, vers d’autres façons de penser, de consommer, de vivre.

Où en suis-je ? J’ai réduit de 90 % ma garde-robe, j’ai découvert la mode éthique, j’ai appris à n’utiliser que des produits bruts sur ma peau, à récurer mon appartement avec du savon noir et du vinaigre, à cuisiner les légumes de saison et les épluchures, à fabriquer mon shampooing et mon dentifrice. J’ai adopté un régime alimentaire plus cohérent avec ma démarche, j’ai suivi une formation de coaching en développement personnel, de permaculture et de transition écologique, j’ai lu des dizaines de livres sur l’agriculture et la décroissance, j’ai appris que j’étais pétrie de contradictions et que la voie vers un monde plus serein commençait par ma propre évolution.

J’ai appris à mieux me connaître. J’ai découvert ce que j’attendais réellement des relations humaines et que les femmes et les hommes sont riches de ce qu’ils n’ont pas besoin de posséder. J’ai fait le tri dans mes affaires comme dans mes relations. J’ai appris à respecter mes besoins, quitte à frustrer les attentes des autres, j’ai accepté de décevoir, j’ai parfois fait le vide en moi et autour de moi, j’ai été maladroite, commis des erreurs, blessé des personnes auxquelles je tenais et à qui j’aimerais dire pardon.

J’ai compris que mes opinions valaient la peine d’être partagées.

Pendant cette période, j’ai également échafaudé des projets qui ont échoué. J’ai commencé à écrire des livres que je n’ai jamais terminés. J’ai entamé une année « zéro sucre » abandonnée après un mois. J’ai voulu construire une chaîne YouTube sur laquelle je n’ai pas publié la moindre vidéo. J’ai entamé une dizaine de jeûnes spirituels rompus après quatre heures. J’ai payé des cours auxquels je n’ai pas assisté. J’ai pris un abonnement de sport qui n’a jamais servi. J’ai vanté les mérites des graines germées sans arriver à en faire germer une seule. J’ai testé le shampooing sec au cacao et suis allée travailler mortifiée, les cheveux imprégnés d’une odeur écœurante.

En trois ans, je suis passée par de nombreux stades émotionnels. J’ai ressenti de la joie lorsque j’ai emmené mes élèves voir le documentaire Demain, lorsque je suis devenue administratrice du groupe des Licornes sur Facebook et lorsque j’ai dévoré les livres de Bernard Werber, Miguel Ruiz, Dominique Loreau, Pierre Pradervand, Serge Mongeau, Christophe André et Frédéric Lenoir. J’ai ressenti de la colère en visionnant les documentaires Le Monde selon Monsanto, La guerre des graines, Les marchands de doute et tous les reportages menés par l’équipe de Cash Investigation.

Souvent, j’ai ressenti de la peur : peur des conséquences du changement climatique, peur d’un avenir apocalyptique. J’ai parfois eu l’impression que mes efforts étaient vains et qu’ils se diluaient dans un océan de surconsommation et de mauvais choix sociopolitiques.

À présent, c’est encore parfois le grand écart. D’un côté, je continue de m’informer sur des thématiques qui me semblent fondamentales, comme l’exploitation animale, l’érosion des sols, le pillage des ressources et la plastification des océans ; de l’autre, j’essaie de vivre l’instant présent, de ne pas laisser le découragement me gagner et de trouver la sérénité à laquelle j’aspire. Ce n’est pas toujours gagné.

Par mes choix de consommation et de vie, je cherche à incarner mon engagement, mais j’apprends aussi à accepter certaines incohérences et surtout, à ne pas lasser mon entourage. Un jour, un de mes élèves m’a dit qu’il n’adhérait pas à l’écologie, qu’il ne voyait pas en quoi cela le concernait : « Tout ça nous dépasse… On ne va pas changer le monde en consommant bio ou en boycottant les fraises au mois de janvier ! ». Je lui ai répondu avec cette phrase de Jérémie Pichon, le papa de la famille presque zéro déchet : « La pire excuse consiste à ne rien faire sous prétexte qu’on ne peut pas tout faire ».

Découvrir le pouvoir que nous avons de changer le monde est une sensation merveilleuse.

Les plus grands changements commencent par de petits pas. Gérer mon budget m’a permis d’envisager l’avenir avec plus de sérénité, de financer des projets qui me tiennent à cœur. J’ai appris à vivre avec l’essentiel et ai ainsi redéfini mes priorités en éprouvant de la gratitude pour les bonheurs simples. Agir m’a permis de nouer des liens et de ressentir de l’enthousiasme dans l’action. Enfin, remettre en question mes croyances m’a amenée à découvrir le potentiel qui est en moi.

Dans la première partie de ce livre, je reviens sur le cheminement qui m’a permis de changer de mode de vie et d’évoluer vers une consommation plus réfléchie, qui soutient les initiatives citoyennes locales. J’y révèle les déclics, les fous rires, les bonheurs, les découvertes, mais aussi les doutes, les incohérences, les angoisses et les ratés. J’y aborde ma découverte de l’effondrement écologique dont nous sommes témoins et la façon dont j’ai affronté mon découragement face à la destruction du monde naturel pour le transformer en engagement créatif. Il s’agit là d’une transition essentiellement intérieure, et il existe bien d’autres leviers essentiels, comme les mouvements citoyens structurés ou l’action politique. Mais c’est sur l’engagement individuel que j’ai eu envie de m’appesantir dans ce livre. Les actions dans lesquelles chacun peut s’investir aussitôt la dernière page tournée.

Dans la deuxième partie, je partage des pistes d’action ainsi que les astuces qui m’ont permis d’évoluer dans ma démarche. J’y rencontre également les experts et les personnes qui m’ont inspirée : Caroline Bouchez, coach zéro déchet ; Gauthier Chapelle, biologiste et auteur d’ouvrages sur le biomimétisme et l’effondrement écologique ; Caroline Durieux, formatrice chez Réseau Transition ; Stéphanie Fellen, consultante en économie circulaire et créatrice d’une marque de vêtements éthique ; Jean-Cédric Jacmart, designer-permaculteur et fondateur de la ferme bio de Desnié ; Julien Kaibeck, spécialiste de la Slow Cosmétique et auteur de plusieurs livres sur le sujet ; Guy Lalière, spécialiste des plantes sauvages comestibles ; Marie Lefèvre, coauteure de J’arrête de surconsommer ; Mélanie Mikiels, cofondatrice d’un supermarché alternatif et local à Bruxelles ; Jérémie Pichon, coauteur de plusieurs ouvrages sur le zéro déchet ; Ferdinand Richter, directeur France du moteur de recherche Ecosia ; Adel Saebi, fondateur de l’initiative citoyenne de ramassage des mégots Leo Not Happy ; David Samin, papa d’une famille impliquée dans le zéro déchet ; l’équipe engagée de la chaîne YouTube Partager, c’est sympa ; l’équipe de la websérie pédagogique Et tout le monde s’en fout ; enfin, Salomé et Kevin, couple d’informaticiens en transition qui construit sa maison en bois. Je vous souhaite de prendre du plaisir à découvrir mon expérience. J’espère que cette remise en question vous donnera envie d’échanger avec votre entourage et à interroger vous aussi, certaines de vos habitudes.

Première partie : Une licorne est née

Premiers déclics

Faut de la dinde pour Noël, Faut bronzer pendant les vacances Faut du forfait faut du forfait, Faudrait de l’herbe dans les tabacs, La salle de sport sur des machines, Faut s’essouffler, faut s’entraîner, J’me balade dans les grandes surfaces, J’ai pas assez, mais faut payer, Je cours au gré des accessoires, Et des conneries illimitéesDamien Saez, J’accuse

Quand j’ai débarqué pour la première fois dans le groupe Facebook Gestion budgétaire, entraide et minimalisme, je me suis demandé où j’avais atterri. Perplexe, j’ai lu les témoignages qui défilaient dans mon fil d’actualité. Était-ce une secte ? Pourquoi les membres – hommes comme femmes – s’appelaient-ils mutuellement Licornes et s’envoyaient-ils des « pluies de paillettes » ? C’était quoi, ce délire collectif ? Je tombe alors sur un post hallucinant, celui d’une femme qui raconte fièrement avoir remplacé son fil dentaire par ses propres cheveux ! Certaine d’avoir affaire à des dingues, je me retire illico du groupe. Mais quelques semaines plus tard, mue par la curiosité, je reviens, et ne le quitte plus. C’était au cours de l’année 2016. Aujourd’hui, ce groupe rassemble plus de cent mille membres et fait des émules régionaux. Qui sont les Licornes ? Ce terme désigne les personnes qui s’interrogent sur leurs besoins et qui remettent en question leurs a priori en matière de consommation. De ceux qui nous font penser que nous « n’avons pas les moyens d’acheter bio », que « tout se décide de toute façon en haut » ou que « consommer en vrac, ça ne sert à rien ! ». Ce groupe a été fondé en 2015 par Marie Lefèvre et Herveline Verbeken, qui ont voulu rassembler les membres désireux de mieux gérer leur budget afin de devenir, à terme, des « consomm’acteurs ». Dans cet espace axé sur l’entraide, les Licornes apprennent à déterminer leurs besoins essentiels, à remettre en question leur consommation et leur perception de l’argent. Loin d’une ascèse frustrante ou culpabilisante, il s’agit plutôt d’une démarche ludique d’échange d’astuces, de découvertes, où nous partageons nos fous rires et nos expériences. Les Licornes sont une communauté ouverte, sans frontière, qui ne se limite ni à ce groupe, ni aux réseaux sociaux en général. Mais c’est par l’intermédiaire de ce groupe que j’ai fait la connaissance de Quentin qui, à 31 ans, s’initie à la couture et à la réparation d’objets ; de Jonas, qui a installé un lombricomposteur chez lui, fait du covoiturage et se rend désormais chez les commerçants avec ses bocaux en verre. Et d’Amélie qui, après avoir consacré vingt ans à une grande société, a décidé de tout plaquer pour promouvoir le zéro déchet en entreprise et sensibiliser les futures mamans aux lingettes en tissu et aux couches lavables.

Trois exemples parmi des milliers de Licornes qui, un jour, ont décidé de bousculer un peu leurs habitudes. L’occasion de vous expliquer comment je les ai rejointes…

Juillet 1996 : Une étrange conversation avec mon grand-père

Chaque été, mes grands-parents louent un appartement à la mer. En ce mois de juillet, âgée de neuf ans, je passe une semaine avec eux. Un soir, nous dégustons un steak devant Questions pour un champion. Mon grand-père – un homme difficile à cerner – entame alors une conversation étrange :

— Tu as déjà mangé de la vache folle, toi ?

— Non.

— Sais-tu au moins ce que c’est ?

Il m’explique alors qu’il s’agit d’une maladie des bovins transmissible à l’homme qui trouve son origine dans l’utilisation de farines obtenues à partir de cadavres d’animaux pour nourrir le bétail. Les consommateurs qui avalent de la viande contaminée meurent dix ans plus tard, jour pour jour, affirme-t-il avec aplomb.

— Si ça se trouve, poursuit-il, tu as mangé de la vache folle il y a quatre ans et tu ne le sais pas encore.

Choquée, je repousse mon assiette. Je ne veux plus manger de bœuf.

Mes parents n’ont pas le choix. Désormais, si nous sommes reçus par des amis, ma maman a beau me dire « tu as intérêt à manger sans faire d’histoire ! », ses menaces coulent sur la carapace de mon indifférence. Dès qu’on me sert de la viande de bœuf, je la recrache dans des serviettes en papier ou profite de la moindre diversion pour la refourguer au chien ou aux autres convives. La classe.

Ce n’est en fait qu’une première étape. Je comprends que la viande vient des animaux et qu’un animal malade peut empoisonner un être humain. J’intègre que le bien-être animal n’est pas une question secondaire. Au fil des années, l’idée fait son chemin : j’en viens à ressentir un malaise dans les animaleries, où des êtres vivants en cage, dont des spécimens exotiques, sont vendus ; je ne réclame plus de balade au marché aux oiseaux de la Grand-Place ; nous récupérons des lapins abandonnés que nous laissons courir en liberté dans le jardin. Cette méfiance envers l’industrie animalière ne s’estompe pas avec les années. Les scandales attirent mon attention. Torture, maltraitance, traçabilité douteuse, lasagnes de cheval, grippe aviaire, infections, clonage, OGM me mènent subrepticement sur la voie du végétarisme.

Août 2005 : Le voyage aux États-Unis

Le temps passe. À 18 ans, je pars un an aux États-Unis. Plus précisément à Pleasantville, la bien nommée, en Iowa. Il me faut du courage pour quitter mes proches, ma meilleure amie, Sophie, avec laquelle j’entretiens un lien fusionnel depuis l’âge de douze ans, au point de nous attirer le surnom « Les inséparables », et débarquer dans une famille que je ne connais pas, avec des notions d’anglais rudimentaires.

Dès le début, l’alimentation pose problème. La nourriture américaine est trop riche. Mon corps la rejette. En deux mois, je perds dix kilos. Mais je finis par m’habituer à ces calories.

Dans ma famille d’accueil, le petit-déjeuner est inexistant. Parfois, affamé, mon frère d’accueil ouvre un paquet de chips en attendant le fameux bus jaune. Comme lunch, l’école nous offre le choix entre un assortiment diététique, composé de salades, et un buffet traditionnel, généralement un burger, des french fries, un milk-shake et un dessert sucré. En bonne Européenne, j’essaie de manger sainement.

La barrière de la langue n’aide pas et donne lieu à des situations cocasses. Un jour, l’employée de la cantine et moi nouons un dialogue absurde :

— Soup or salad?

— Yes.

— Soup or salad?

— Yes.

— Soup or salad???

— Yes!

Elle fronce les sourcils, perplexe, et essaie une dernière fois :

— Soup or salad?

— Oh, sorry. Salad, please.

J’avais compris : Super salad…

Malheureusement, mon anglais approximatif ne débouche pas que sur des fous rires. Parfois, il renforce mon isolement. Il m’arrive de me réfugier dans la nourriture pour apaiser ma tristesse.

Très vite, je reprends les kilos perdus. En fait, je commence à trouver la nourriture américaine délicieuse. Plus rien ne me dégoûte : ni les biscuits au chocolat fourrés que ma sœur d’accueil achète dans les stations-­service ni les snacks constitués de chips, de pain de mie et de beurre de cacahuète que nous nous préparons après l’école. Insidieusement, je grossis. Mes bras s’épaississent. J’ai tout le temps faim. Je ne suis plus capable de résister aux tentations et fuis désormais les buffets diététiques, trop déprimants à mon goût. Qui s’éclate en croquant ces pommes poudreuses et ces carottes sans goût ? Je développe aussi une addiction pour les sodas, alors qu’en Belgique, je ne buvais que de l’eau.

À la fin de mon séjour, la balance affiche un excédent de 7 kg, la peau de mon visage est ravagée par l’acné, je me sens aussi séduisante qu’un lamantin et j’ai tout le temps faim. Heureusement, à mon retour, tout rentre dans l’ordre en quelques mois. Mais je n’oublierai jamais cette association entre mal-être et malbouffe.

Septembre 2007 : Mon amie Sophie étudie la diététique

Mon amie Sophie se lance dans des études de diététique. Elle commence à changer ses habitudes alimentaires. Quand nous étions ados, notre rituel consistait à dévorer des montagnes de tartines au chocolat. Cette année-là, après avoir pris conscience de leur pauvreté nutritionnelle, elle boycotte les pâtes à tartiner et les remplace par des alternatives réputées plus saines comme du guacamole maison, des légumes grillés et de la sauce tomate. C’est délicieux. C’est également un déclic : je découvre que manger mieux au quotidien n’est pas mission impossible. C’est facile et c’est savoureux.

Octobre 2011 : Mon frère lit Allen Carr

Un soir de novembre 2008, je fais la connaissance d’un grand brun au bal de mon université : Dimitri. Gentil et drôle, il me demande mon numéro de téléphone. En septembre 2011, nous emménageons ensemble.

Nous faisons nos courses dans des supermarchés. Rien n’est planifié. Nous n’avons pas beaucoup d’argent et dépensons un quart de nos revenus pour nous nourrir. Nous achetons des produits transformés, du pain, les mêmes légumes été comme hiver. Parfois, nous commandons des dürüms quand nous sommes trop fatigués pour préparer quoi que ce soit.

Mon frère me fait alors découvrir le livre d’Allen Carr : La méthode simple pour perdre du poids tout de suite. Ce livre l’a incité à simplifier son alimentation et à boycotter les milk-shakes protéinés ainsi que les compléments alimentaires industriels. Cet ouvrage remet en question tout ce que je crois savoir sur la nourriture. Je m’interroge encore plus profondément sur la malbouffe. Consommer des produits industriels rend-il plus heureux ? Si ce n’est pas le cas, pourquoi continuer ? C’est aussi à ce moment-là que je m’interroge sur la nécessité de manger de la viande. J’ai déjà boycotté le bœuf. Pourquoi ne pas tenter le végétarisme ? Je n’ose pas franchir le pas, car aucun de mes proches n’est végétarien. Personne, dans mon entourage, ne s’intéresse d’ailleurs à la maltraitance animale ou à l’impact écologique de l’élevage intensif.

Je me renseigne. Je lis beaucoup. Un jour, je regarde un docu­mentaire sur les pesticides et j’apprends que dans certains pays, des avions déversent des tonnes de produits toxiques sur des monocultures de céréales génétiquement modifiées comme le blé, la base de notre pain. Je lis des articles qui abordent l’impact des épandages aériens, des ouvrages comme Le livre noir de l’agriculture d’Isabelle Saporta ou encore Santé, mensonges et propagande de Thierry Souccar, je regarde le documentaire Les marchands de doute de Robert Kenner, qui dévoile les stratégies de chercheurs corrompus qui s’opposent à leurs confrères intègres. Payés pour semer le doute, ces « experts » contestent notamment la responsabilité de l’homme dans le réchauffement climatique, voire la réalité de ce réchauffement.

Au fil de mes lectures, l’alimentation biologique m’apparaît rapidement comme la panacée, le remède universel. Je suis prête à conseiller à tous les habitants de la planète de manger bio. T’as grossi ? Mange bio ! T’es malade ? Mange bio ! T’es déprimé ? Mange bio ! Pourtant, je ne sais pas comment m’appliquer ce conseil à la maison.

Fin 2011 : Manger bio : premières maladresses

Dimitri et moi découvrons la vie à deux. Il déteste faire les courses. À chaque fois, c’est un concours de vitesse : il entre dans le supermarché, repère les produits qui l’intéressent, me propose l’une ou l’autre promo et hop, direction la caisse. Comment le convaincre de manger bio ?

Pendant des semaines, j’argumente face à un mur. Nos conversations sont loin d’être glamour :

— Je ne vais pas me taper deux endroits différents pour faire les courses ! C’est déjà assez chiant !

— Mais alors, on n’a qu’à tout acheter au magasin bio.

— Ah oui ? Tu te vois acheter des sacs-poubelles et du papier-­cul bio ? Tu trouves que ça a du sens ?

Les mois passent. Je finis par le convaincre d’essayer, mais il perçoit encore les écolos comme des bobos donneurs de leçons qui peuvent se permettre d’acheter du saumon bio à 65 € le kilo ou, au contraire, comme une bande de hippies à rastas négligés coiffés de bonnets péruviens. D’ailleurs, le jour où nous poussons pour la première fois la porte d’un magasin bio, nous tombons sur un employé aux cheveux longs qui incarne le cliché de l’altermondialiste. Dim soupire, je le sens sceptique.

Comparée aux supermarchés, cette enseigne offre peu de choix. En plus, le gérant – celui que nous surnommons désormais « l’altermondialiste » – n’est pas doué pour mettre ses produits en valeur. Un jour, peu avant la fermeture, je lui téléphone pour lui demander s’il lui reste des légumes. Sa réponse nous laisse bouche bée :

— Bah, écoutez, il doit bien me rester une ou deux vieilles courgettes, mais rien d’exceptionnel.

Je le remercie pour sa réponse et raccroche, hilare. Dimitri, lui, est outré :

— Mais enfin, comment veux-tu que ça marche, son truc ? Il n’est pas vendeur, ce type !

Commercial dans une entreprise, Dimitri a été formé pour mettre ses produits en valeur. Le contraste est évident.