Les Très-Mirifiques et Très-Edifiantes  Aventures du Hodja Nasr Eddin - Christophe Noël - E-Book

Les Très-Mirifiques et Très-Edifiantes Aventures du Hodja Nasr Eddin E-Book

Christophe Noel

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Beschreibung

Compilation de contes et anecdotes d'origine arabo-musulmane ayant pour héros le mythique Nasr Eddin Hodja. - humour - sagesse populaire - philosophie soufie.

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Seitenzahl: 144

Veröffentlichungsjahr: 2020

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Compilation de contes d’origine arabo-musulmane par Christophe Noël

A propos de Nasr Eddin Hodja

Nasr Eddin (1) Hodja (2), parfois orthographié Nasreddin ou Nasreddine (victoire de la religion), voire Nasrudin, est un personnage mythique de la culture musulmane, philosophe d'origine turque, né en 1208 à Sivrihisar (dans le village de Hortu) et mort en 1284 à Akşehir. Il est le fils de l'imam Abdullah Efendi et de Sıdıka Hanım.

Son personnage s'est fondu à celui de Joha (au Maghreb) Jha, Djha ou Djouha (Algérie) Djeha. Le personnage de Joha préexistait à celui de Nasr Eddin Hodja sans que l'on puisse clairement déterminer l'origine de ce personnage du monde musulman. En Afghanistan, Iran et Azerbaïdjan, on l'appelle Mollah (3) Nasreddin et en Asie centrale Appendi (du turc Efendi : monsieur), mais ce sont toujours les mêmes aventures que l'on raconte à son propos. Ses histoires courtes sont morales, bouffonnes, absurdes ou parfois coquines. Une partie importante d'entre elles a la qualité d'histoire enseignement.

Ouléma ingénu et faux-naïf prodiguant des enseignements tantôt absurdes tantôt ingénieux, sa renommée va des Balkans à la Mongolie et ses aventures sont célébrées dans des dizaines de langues, du serbocroate au persan en passant par le turc, l'arabe, le grec, le russe et d'autres. Ses histoires ont parfois pour protagoniste le terrible conquérant Tamerlan (Timour Leng), pour qui il joue le rôle de bouffon insolent bien que la situation soit anachronique. D'autres histoires mettent en scène son âne et sa première femme Khadija ; il exerce parfois la fonction de Cadi (juge) voire d'enseignant dans une médersa.

Les histoires de Nasr Eddin ont généralement la même structure, en trois parties :

"D'abord, exposition très brève d'une situation initiale, presque toujours solidement plantée dans la réalité la plus quotidienne, parfois la plus triviale ; puis confrontation du Hodja avec un ou plusieurs interlocuteurs, qui aboutit à une situation de conflit ou, à tout le moins, de déséquilibre (même quand cet adversaire n'est autre que lui-même !); enfin, résolution ou chute, inattendue, voire franchement sidérante, et qui se résume aux paroles que le Hodja lance à ses contradicteurs médusés. Ce sont elles qui portent toute l'histoire, qui en font la drôlerie et la saveur."

Les histoires de Nasr Eddin Hodja peuvent être appréciées pour l'absurdité amusante que révèlent la plupart des situations. Mais elles peuvent aussi être interprétées comme des contes moraux ou des histoires présentant un contenu spirituel. Ainsi, Idries Shah a compilé des recueils d'histoires de Nasr Eddin Hodja pouvant être lues sur un plan spirituel, suivant la tradition soufie (4).

Ces contes sont issus de la sagesse populaire et transmis de bouche à oreille au travers des siècles. Je n’ai – à mon grand dam - pas effectué d’études de littérature comparée, ni de philologie. Il n’empêche que j’y retrouve certaines constantes universelles. Par exemple, le conte du bûcheron n’est pas sans évoquer celle, issue d’une fable du Moyen-Âge, de cet aubergiste indélicat. Ayant remarqué un passant arrêté sur le pas de sa porte, alléché par l’odeur de ses poulardes et chapons mis à cuire piqués sur une broche au-dessus d’un bon feu, l’aubergiste prétendit faire payer le badaud pour s’être pourléché à l’odeur de ses rôts. Après quelques stériles protestations, le voyageur fit tinter quelque menue monnaie sur le pavé, invitant le commerçant à se payer ainsi du son produit par les piécettes tout comme il avait consommé lui-même le parfum des volailles de l’hôte.

Les anecdotes ou contes ici retranscrits proviennent de diverses sources. On pourra ainsi constater que certains se résument à trois lignes tandis que d’autres sont beaucoup plus développés et meublent plusieurs pages. Les tons sont différents, mais également les dénominations du personnage central. J’ai choisi de les présenter dans un ordre alphabétique de titres, l’article n’étant pas pris en compte.

(1) Les différentes graphies seront successivement utilisées.

(2) Voir lexique.

(3) Voir lexique.

(4) Le soufisme est la vision ésotérique, et mystique de l'islam. Il s'agit d'une voie d'élévation spirituelle par le biais d'une initiation dite tassawuf ou encore tariqa, qui par extension désigne les confréries rassemblant les fidèles autour d’une figure sainte. Le soufisme trouve ses fondements dans la révélation coranique et dans l'exemple de Mahomet, et on peut donc dire qu'il est présent, depuis les origines de la révélation prophétique de l'islam, dans les branches sunnite puis chiite, bien qu'il ait pris des formes différentes dans les deux cas. Dès les débuts de l'islam, des oulémas et des savants comme Ibn Khaldûn se sont élevés contre ce qu'ils qualifiaient « dérives » du soufisme, et ils ont émis des critiques que ce soit sur la pratique religieuse ou sur le dogme4. De nos jours, le wahhabisme est totalement opposé aux pratiques soufies.

GLOSSAIRE

Akçe: Ancienne unité monétaire de la Turquie, une petite pièce d’argent évaluée à un tiers d’un para (voir par.

Akşehir: Nasreddin Hodja est soupçonné d’avoir vécu à Akşehir (canton de Konya, Anatolie centrale) qui abrite son mausolée aujourd’hui.

Allah: Le mot arabe pour Dieu.

Baklava (baklawa): Un dessert riche turc, grec et moyen-oriental à base de feuilles de pâte très fines et de noix. Une pâte simple à la farine et à l’eau est étirée en fines feuilles, coupées et superposées dans un grand plateau de four. Chaque feuille est généreusement brossée avec du beurre fondu, et entre les couches noix, pistaches ou autres noix écrasées sont posées. Après la cuisson dorée, la pâte est trempée dans un sirop lourd de sucre, de miel et de jus de citron.

Dolmas : feuilles de vigne farcies avec du riz, des oignons émincés, des pignons de pains et des épices.

Efendi (effendi): efendi turc, un titre de respect ou de courtoisie en Turquie; un homme de haut niveau ou de statut social dans un pays de l’est de la Méditerranée ou arabe. Même si « efendi » a un sens similaire, presque identique à « hodja », Nasreddin Hodja est généralement abordé comme Hodja Efendi par ses pairs, supérieurs et villageois.

Hamam (hammam, hummaum) : Etablissement de bains orientaux ou turcs.

Helva (halvah, halva, halavah): Dessert composé de graines de sésame et de sucre. Dans les anecdotes du Hodja, une variation simplifiée à base de farine ou semoule, beurre et sucre.

Hoca (hodja, khoja, khojah): Musulman dévôt respecté pour son savoir coranique et peut accomplir des tâches utiles à la communauté islamique ; un maître.

Imam: Chef religieux; théologien Islamique respecté.

Kadı (qadı, kadhi, ou encore cadi): Juge local, de première instance.

Kebab : viande –terme générique.

Konya: Ville centrale Turque. Un des plus anciens centres urbains, située au sud-ouest du Plateau Anatolien, Konya a abrité également l’école soufie de Mevlana.

Mihrab : niche architecturale pratiquée dans le mur d'une mosquée pour indiquer la qibla, c'est-à-dire la direction de la kaaba à La Mecque vers où se tournent les musulmans pendant la prière. Il est souvent au milieu du mur de la qibla, et souvent décoré avec deux colonnes et une arcature.

Minaret : tour étroite et élevée dans une mosquée, d’où le muezzin appelle les fidèles à la prière.

Minbar : sorte d'escabeau servant de chaire d'où le prédicateur fait son sermon lors de la prière du vendredi dans une mosquée. Il est un élément important de la salle de prières avec le mihrab. Mollah (ou mollâ) : désigne un érudit musulman dans les mondes turco-iranien et indien, par exemple en Iran, en Afghanistan, au Pakistan, en Inde ou encore en Turquie. Dans le monde arabe, on utilise plutôt le terme d'ouléma pour des fonctions analogues.

Muezzin: religieux appelant les fidèles Musulmans à la prière depuis le minaret de la mosquée.

Ocque (oqa, ouqia): unité de poids valant entre 1,250 et 1,280 kilo.

Pilaf (ou pilau) : préparation de riz, où il est frit dans l’huile avec des oignaons émincés, avant de rajouter l’eau. Sivrihisar : ville et un district de la province d'Eskişehir dans la région de l'Anatolie centrale en Turquie.

Timur (Timour, Timur Leng, Tamerlan : Timour (1336 – 1405) fut fils et successeur de Cengiz Khan (Djenghiz, Genghis Khan), guerrier et législateur Mongol, un des plus grands conquérants de l’histoire. Cause de la disruption temporaire de l’Empire Ottoman gagnant la bataille d’Ankara (Angora) and capturant le Sultan Bayezid. Anachronisme car Timour vécut plus de 100 après la mort de Nasreddin. Il entra cependant dans les histoires du Hodja aux environs du 17ème siècle, pour incarner l’autorité et l’oppression.

Absent

Quelqu’un vint trouver Nasreddin Hodja chez lui. Celui-ci était à sa fenêtre, et ne voulant pas être dérangé, se cacha.

Mais l’autre l’avait vu et frappa donc à la porte. La femme de Nasreddin alla ouvrir.

-- Que veux-tu ?

-- Je veux voir le hodja.

-- Il est sorti.

-- Très bien ! Salue-le de ma part et dis-lui aussi de ne pas oublier sa tête sur le rebord de la fenêtre quand il va se promener.

L’âge

On demanda à Nasreddin Hodja :

-- Qui est le plus âgé ? Ton frère ou toi ?

-- A vrai dire, répondit-il, selon ce que me dit ma mère, mon frère avait un an de plus. Mais cette année, un an après, nous avons le même âge.

A la lumière

Un homme trouve Nasreddin Hodja en pleine nuit, à quatre pattes, cherchant quelque chose dans le halo de lumière d'un lampadaire.

-- As-tu égaré quelque chose ? lui demande-t-il.

-- Oui, j'ai perdu mes clés, répond Nasreddin.

-- Et où les as-tu laissées tomber ?

-- Là-bas, dit Nasreddin, en désignant un porche obscur.

-- Mais alors pourquoi les cherches-tu ici, alors que tu les as perdues ailleurs ? C'est stupide !

-- Pas tant que ça ! répond le hodja, je préfère les chercher là où il y a de la lumière !

L’âne

Un voisin était venu demander à Nasreddin Hodja de lui prêter son âne. Celui-ci n’en avait nullement l’intention et dit :

-- Je te l’aurais prêté volontiers, mais mon âne n’est pas ici.

A peine eut-il prononcé ces paroles qu’on entendit le cri de l’animal.

-- Hodja, n’as-tu pas honte, à ton âge, de mentir effrontément ?

Et Nasreddin de répondre :

-- Il est possible que je mente. Mais c’est étrange que tu croies mon âne plutôt que moi.

L’âne cadi

L’âne de Nasreddin Hodja s’était encore perdu. Cette fois, il était introuvable. Les jours passaient, le pays en riait.

Pour se moquer, un plaisantin dit à Nasreddine :

-- Es-tu au courant ? Ton âne est Cadi à Bagdad.

Sans s’émouvoir, Hodja répliqua :

-- Cela ne m’étonne pas. Ce n’est pas sans raison que, quand je vous enseignais, il était si attentif, dressant ses oreilles. On pouvait déjà voir qu’il réussirait dans la vie.

L’âne du chef

Un jour, le chef du village perdit son âne. Il était dans tous ses états et en hurlant, il ordonna aux paysans de retrouver ce dernier immédiatement.

Tout le monde était épouvanté et chacun courait de tous côtés à la recherche de l’âne du chef. Sur la route, des chercheurs effrayés rencontrèrent Nasreddin Hodja et lui demandèrent :

-- Aide-nous, Hodja. Si tu vois un âne sans son maître, prends-le et ramène-le au village.

Nasreddin promit de faire ainsi et continua son chemin en chantonnant. Le voyant si joyeux, un paysan qu’il rencontra lui demanda :

-- Hodja, où vas-tu de si bonne humeur ?

-- A la recherche de l’âne du chef.

-- Jamais on n’a vu quelqu’un chercher un âne en chantant.

-- Pourquoi pas, l’ami ? Si tu cherches un âne qui n’est pas à toi, tu peux bien le chercher en chantant !

L’âne et le sac

Nasreddin Hodja allait au marché pour vendre les produits de son jardin. Il monta sur son âne et prit le sac de légumes sur ses épaules. Il rencontra un ami qui lui dit :

-- Pourquoi portes-tu le sac sur tes épaules ?

-- Pour qui me prends-tu ? L’âne me porte déjà, tu ne voudrais pas qu’il porte aussi le sac !

Un âne exceptionnel

Le Hodja lança un regard furieux au petit âne gris qui battait l’air patiemment avec sa queue pour éloigner les myriades de mouches qui l’assaillaient, attendant que Nasreddin lui mette sur le dos la vieille carpette qui servait de selle.

-- Non et non ! Je ne garderai pas cet âne un jour de plus !

-- Qui te dit qu’un nouvel âne ne sera pas aussi têtu, sinon plus que celui-ci, suggéra Khadija.

-- Cet âne est plus que têtu ! fulmina Nasreddin. Il mange comme un éléphant, mais devient chaque jour plus maigre.

Il est lent comme une tortue, paresseux comme une couleuvre, vicieux comme un renard, stupide comme un poisson et têtu comme un âne !

Khadija tapota le petit âne qui frotta alors affectueusement sa tête contre sa manche. Elle ne dit rien. Elle s’était suffisamment disputée avec son mari pour deviner quelles seraient ses réactions.

-- Dis adieu à ce bestiau ! dit Nasreddin, en enfourchant le petit animal et lui ordonnant, selon la manière habituelle de conduire les ânes d’avancer. Ce qu’il ne fit pas.

-- Un autre âne aurait déjà avancé à cet ordre. Tu verras quel excellent âne je ramènerai du marché. Je peux vendre ce misérable suffisamment cher pour en acheter un autre meilleur et il me restera une pièce d’or pour te permettre de confectionner une nouvelle robe.

Ughr-r-r-r, gronda-t-il de nouveau.

Le petit animal agita ses longues oreilles, à contrecœur, et s’en alla. Jubilant à l’évocation de l’importante affaire qu’il allait réaliser au marché, notre hodja tapota le cou de son âne et se dirigea vers la place du marché.

-- Voici un âne dont son propriétaire sera fier, dit Nasreddin en remettant l’âne au commissaire-priseur.

-- Un tel âne devrait rapporter un bon prix, confirma le commissaire-priseur.

Il poussa l’âne, pinça ses pattes et en regarda les dents.

Comme Nasreddin, il vanta bien fort ses mérites.

Le commissaire-priseur avait aligné les animaux l’un après l’autre pour la vente. Aucune offre n’a été faite pour celui de Nasreddin.

Ce dernier n’avait d’yeux que pour un âne qu’il voyait plus grand, plus soyeux et plus dodu que les autres.

Sûrement c’était l’âne qu’il lui fallait. Finalement, tous les ânes ont été vendus, sauf deux – celui que Nasreddin avait amené et celui qu’il avait décidé d’emporter.

Il fut soulagé de voir que le commissaire-priseur amenait d’abord son vieil âne. Il avait besoin d’avoir l’argent de sa vente avant de faire une offre pour l’âne sur lequel il avait jeté son dévolu.

-- Voici un âne qui vaut la peine d’être acheté ! dit le commissaire-priseur, en se frottant les mains. Je l’ai souvent observé et j’ai regretté qu’il n’ait pas été mien.

Voyez cette lueur dans ses yeux ! C’est un âne qui vous obéira avant que vous ne lui en ayez donné l’ordre.

Regardez ces muscles! Et ces pieds graciles! Je parie que cet âne est plus rapide que n’importe quel autre d’Aksehir !

Nasreddin Hodja regarda les pattes de son âne. Il n’avait jamais remarqué qu’elles fussent graciles ni combien son poil était si soyeux.

-- Combien offrez-vous pour le plus beau, le plus fort, le plus sage, le plus travailleur, le plus obéissant des ânes de tout Aksehir ?

-- Trente livres, offrit un villageois.

Nasreddin le regarda fixement.

-- Trente livres pour le meilleur âne d’Aksehir !

-- Cinquante, surenchérit Nasreddin.

-- Soixante livres, proposa un autre villageois

-- Soixante-dix ! Quatre-vingts ! Quatre-vingt-dix !

Le prix est monté, jusqu’à ce qu’un villageois offre deux cents livres.

-- Deux cent dix, proposa un autre.

-- Deux cent vingt, cria Nasreddin.

Aucune autre offre n’ayant été faite, le commissairepriseur remit la bride à Nasreddin, qui paya ainsi cash son propre âne.

Ughr-r-r-r, ordonna-t-il à l’âne qui s’est mis à trotter vers la maison. Comme Khadija sera fière de cette acquisition !

A mi-chemin de la maison, il commença à se demander pourquoi sa bourse était vide. Il avait projeté, en bon négociateur, de ramener à la maison un âne et plus d’argent qu’il n’avait emporté. C’était embarrassant. Peut-être Khadija pourra-t-elle le lui expliquer ?

L’âne gaucher

Nasreddin Hodja devait aller dans un autre village. Il était monté à l’envers sur son âne. Aux paysans qui lui demandèrent pourquoi, il répondit :

-- Non, je ne suis pas à l’envers sur l’âne, c’est l’animal qui est gaucher.

Des ânes pas chers

Nasreddin Hodja est allé au marché pour y vendre des ânes. Les prix qu’il proposait étaient si peu élevés qu’aucun des autres marchands d’ânes ne pouvait le concurrencer. Un jour, l’un d’eux vint le voir :

-- Hodja, comment fais-tu pour proposer des prix imbattables, pour des ânes magnifiques et bien entretenus ? Moi, je vole le fourrage, je paie mal mes garçons d’écurie et pourtant je n’arrive pas à vendre moins cher que toi ! Quel est donc ton secret ?

-- Mon secret, lui confia Nasreddin, je vais te le dire, tout à fait entre nous : les ânes, je les vole.

L’âne perdu

L’âne de Nasreddin Hodja se perdit dans un bois. Son maître le cherchait, levant les mains vers le ciel.

-- Merci, mon Dieu !

Un paysan, surpris de cette attitude étrange, lui demanda :

-- Tu as perdu ton âne et tu remercies Dieu ! Pourquoi ?

-- Et si j’avais été sur ton âne ? Où serais-je à cette heure ?

C’est pour cela que je remercie Dieu.

L'âne qui lit

Nasr Eddin a répandu à la Cour le bruit qu'il a un âne qui sait lire. Timour Leng, fatigué des facéties et des absurdités de son bouffon, lui fait dire que s'il ment, il recevra de sa main trente coups de bâton.