Les vraies raisons pour lesquelles les églises se vident - Christophe Buffin de Chosal - E-Book

Les vraies raisons pour lesquelles les églises se vident E-Book

Christophe Buffin de Chosal

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Beschreibung

Quel avenir pour la foi catholique ?

Beaucoup d’hommes d’Église les cherchent, ces vraies raisons, mais ils s’obstinent à les chercher là où elles ne sont pas.
L’Église ne maîtriserait pas assez les moyens de communication modernes, elle devrait davantage soigner son image, les messes ne sont pas encore assez conviviales, les prêtres pas encore assez familiers, l’Église pas encore assez à la page…
Ils font fausse route.
C’est justement parce que l’Église a trop imité le monde, qu’elle en a copié les vices, les laideurs et les platitudes, qu’elle s’est tue quand elle devait parler et qu’elle parle trop quand elle devrait se taire, que les églises, les séminaires et les couvents se vident.
Ce n’est pas le monde actuel qui est responsable de la crise de l’Église. Ce sont les hommes d’Église eux-mêmes.
Tout se résume à une question de foi.

Un ouvrage facile et accessible qui pousse un cri d'alarme adressé à l'Église !

EXTRAIT

Ce petit livre est un état des lieux de certains aspects de l’Église catholique, en particulier le sens du sacré, la liturgie, le catéchisme, etc. Il est d’un abord facile et sans grande prétention théologique. Ce n’est pas un traité. C’est un cri d’alarme. Il est donc lisible par n’importe quel croyant ou incroyant qui s’intéresse un peu au sujet et partage quelques-uns de mes soucis quant à l’avenir de l’Église catholique dans son pays.

Avant de l’écrire, je me suis plaint chez mon évêque, chez le nonce apostolique et j’ai même essayé d’être entendu à Rome. Quand on a prêté attention à mes lettres, j’ai reçu des réponses courtoises et distantes, des aveux compatissants et, rarement, de très vagues promesses. Des actes : jamais. Alors je me suis dit qu’en écrivant un livre, nos pasteurs se bougeraient peut-être un peu plus.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Christophe Buffin de Chosal, catholique et père de six enfants, est historien, correspondant de presse et directeur de programme universitaire. Il est l’auteur de Une nouvelle Belgique est-elle possible ? paru aux éditions Mols.

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« Les cardinaux, évêques et prêtres marchent nombreuxsur le chemin de la perdition et entraînent avec euxbeaucoup plus d’âmes.

À l’Eucharistie, on donne sans cesse moins d’importance.

Vous devez faire les efforts pour éviter la colère de Dieuqui pèse sur vous. »

Apparitions de la Sainte Vierge à Garabandal,message du 18 juin 1965.

« La culture chrétienne s’est effondrée massivement, nonseulement dans la mentalité sociale, mais égalementdans l’esprit même des croyants dans les paysoccidentaux ; les indices franchement négatifsparaîtraient confirmer l’affaiblissement du christianisme,voire même sa possible extinction. »

Mgr Jean-Louis Bruguès, 30 mai 2011

Avertissement au lecteur

L’Église catholique est une institution divine et, par là, sans doute moins soumise au temps. Cela explique peut-être pourquoi elle est si lente à se réformer alors même que son existence est menacée dans certaines parties du monde. L’une de ces parties est l’Europe et, en particulier, la Belgique.

L’Église a le temps, fort bien. Mais quand il s’agit de s’ouvrir au monde, d’imiter le monde et de se laisser envahir ou asservir par les vices du monde, alors curieusement l’Église montre un empressement inhabituel. On a pu voir, ces dernières décennies, avec quelle facilité et quelle rapidité des traditions, qui semblaient immuables et qui faisaient partie des réflexes des catholiques, ont été abandonnées, combattues et discréditées. On ne peut pas dire qu’elles aient été remplacées. Ceux qui ont cru qu’on pouvait improviser en matière de rites ont vite été à court d’inspiration. Ceux qui ont cru qu’on pouvait modeler la foi sur les variations d’un monde lui-même en pleine dérive ont perdu la foi depuis longtemps. Et ceux qui ont cru que les catholiques étaient assez adultes, après vingt siècles, pour se passer de dogmes, de rites et de commandements, semblent ne pas avoir encore compris que l’homme, face à Dieu, n’est qu’un perpétuel enfant. Ils sont sans doute eux-mêmes trop enfants pour le comprendre.

Le constat est simple. Les séminaires sont quasi vides et les paroisses moribondes avec une moyenne d’âge de 65 ans ou plus. La liturgie est tellement malmenée qu’un certain nombre de messes sont invalides. Le catéchisme est donné par des gens qui critiquent le Pape et ne vont pas à la messe. Les prêtres sont âgés, seuls et déconsidérés ; beaucoup sont dépressifs et un grand nombre d’entre eux ont perdu la foi catholique. Ajoutez à cela qu’il n’y a plus d’écoles catholiques ni d’universités catholiques dignes de ce nom. Les mouvements de jeunesse vraiment catholiques ont presque disparu.

Je ne parlerai pas des ennemis de l’extérieur. Ils sont très nombreux et très arrogants. Mais en cela rien de nouveau. L’Église a toujours eu des ennemis de l’extérieur. Ils ne la ménagent pas, mais ils ne sauraient vraiment lui nuire. Elle n’a rien à craindre de ce côté-là. Ceux qu’elle doit craindre, ce sont les ennemis de l’intérieur, ces faux catholiques, laïcs, prêtres ou évêques qui ne partagent plus la foi de l’Église et qui se vengent sur l’Église de ne pas les suivre dans leur apostasie. Ces ennemis-là – et Dieu sait combien ils sont nombreux dans l’Église de Belgique, à tous les niveaux de la hiérarchie – sont terriblement dangereux et font un tort considérable à la foi des fidèles. Ils ne sont dangereux que parce qu’ils sont dans l’Église. S’ils étaient éjectés de l’Église et réduits à l’état laïc, ce qu’ils méritent largement, ils perdraient toute influence sur les fidèles égarés et iraient grossir le bourbier des grincheux anticatholiques qui font partie du décor depuis si longtemps.

Ce petit livre est un état des lieux de certains aspects de l’Église catholique, en particulier le sens du sacré, la liturgie, le catéchisme, etc. Il est d’un abord facile et sans grande prétention théologique. Ce n’est pas un traité. C’est un cri d’alarme. Il est donc lisible par n’importe quel croyant ou incroyant qui s’intéresse un peu au sujet et partage quelques-uns de mes soucis quant à l’avenir de l’Église catholique dans son pays.

Avant de l’écrire, je me suis plaint chez mon évêque, chez le nonce apostolique et j’ai même essayé d’être entendu à Rome. Quand on a prêté attention à mes lettres, j’ai reçu des réponses courtoises et distantes, des aveux compatissants et, rarement, de très vagues promesses. Des actes : jamais. Alors je me suis dit qu’en écrivant un livre, nos pasteurs se bougeraient peut-être un peu plus.

C’est triste à dire, mais bien des hommes d’Église se comportent de plus en plus comme ces politiciens professionnels qui ne se soucient que de la forme et commencent à s’agiter quand les médias risquent de parler d’eux.

Pourtant, il paraît que nous sommes tous l’Église. Si donc moi qui ne suis qu’un simple laïc, indépendant et père de famille, absorbé par de multiples tâches et responsabilités du monde, je me soucie aussi du fond, à savoir si la foi sera transmise à la prochaine génération ou, en d’autres mots, si mon église paroissiale ne sera pas transformée en bureaux, en bibliothèque publique, en boîte de nuit ou en mosquée quand tous ses paroissiens seront morts ou grabataires, c’est-à-dire dans quinze ans, combien plus cette préoccupation devrait faire agir mon curé de paroisse, mon doyen, mon évêque, le nonce apostolique et Rome elle-même !

Eh bien, dans tout ce monde, je vois peu d’hommes réagir. Leur passivité est inquiétante.

L’avenir de la foi catholique leur est-il indifférent ? Non, je ne peux le croire. Mais ils sont prisonniers de « vieux préjugés modernes », si je puis dire, qu’ils ont acquis dans la foulée du Concile Vatican II et dont ils ne veulent pas guérir. L’obstination de certains hommes d’Église, qui cherchent à remplir leur église paroissiale par les moyens mêmes qui l’ont vidée, est une chose étonnante. Cela doit se rapprocher de cette « haine de soi-même » dont a parlé Benoît XVI.

Encore deux détails et une précision. Premier détail : le ton de ce livre et sa liberté de parole ne sont pas ce qu’adopterait un ecclésiastique sur le même sujet. Je bénéficie ici de la liberté du laïc et j’en suis bien conscient. Cela permet de dire platement des choses et tant pis pour ceux qui s’effarouchent. Deuxième détail : l’auteur de ce livre n’est pas ce qu’on appellerait un vieux catholique ringard ou nostalgique qui n’aurait pas accepté de changer ses habitudes après le Concile Vatican II. Je suis né avec le Concile. Je n’ai pas connu l’Église d’avant le Concile. Je suis issu d’une famille catholique libérale dont la religiosité n’allait pas au-delà de la pratique dominicale. Pourtant, déjà comme enfant, je rejetais instinctivement les déviations nombreuses qui m’étaient imposées à la messe et au catéchisme, et qu’on présentait alors comme des progrès indiscutables.

La précision, c’est que j’emploie le mot « Église » quand, parfois, je devrais dire « les hommes d’Église », « les clercs » ou « les ecclésiastiques ». Je sais très bien que l’Église est de nature divine, qu’elle est parfaite et sans tache. Par conséquent, elle n’est pas critiquable. Je devrais donc chaque fois préciser à quel moment je parle de l’Église comme institution divine, et à quel moment je parle des hommes choisis par Dieu pour l’administrer. Mais je pense que le lecteur fera aisément cette distinction quand elle sera nécessaire, surtout maintenant qu’il est prévenu.

Enfin certains trouveront peut-être prétentieux qu’un simple laïc veuille ainsi rappeler la hiérarchie de l’Église à ses devoirs. C’est vrai que cela pourrait être compris comme de la prétention et personne n’aime être rappelé à ses devoirs. Mais c’est parfois nécessaire et, dans ce cas-ci, c’est pour le bien de l’Église. Ne doit-on pas réveiller le capitaine quand le bateau est en détresse ?

C.B.C.

Avant-propos

Un jour mon cardinal se présenta devant saint Pierre.

— Ah ! c’est vous, dit saint Pierre. Eh bien, venez par ici.

Le cardinal, qui fut jadis reconnu « papabile » par quelques journaux, fut assez surpris de cet accueil mais, ne sachant à quoi l’attribuer, il fit bonne figure et suivit saint Pierre.

L’antichambre du paradis n’était pas du tout comme il se l’imaginait. On traversait des salles de bureau où des fonctionnaires besogneux, quoique célestes, analysaient de longs listings et échangeaient entre eux des propos graves à voix basse.

— Que voulez-vous, dit saint Pierre, le virus de l’administration est partout ! Heureusement nous avons pu nous informatiser récemment. Il a fallu attendre que des informaticiens soient sauvés pour pouvoir nous équiper sérieusement sous leur conduite. Mais c’est chose faite aujourd’hui et je peux dire avec fierté que nous n’avons rien à envier au site du Vatican.

Le cardinal ne trouva rien à dire à ces propos et passa devant des écrans d’ordinateurs où scintillaient des signaux lumineux. Intrigué, il ralentit le pas et osa interroger saint Pierre sur la signification de ce qu’il voyait. C’était comme une ville vue du ciel pendant la nuit.

— Ça, dit saint Pierre en croisant les doigts sous son ventre, c’est le relevé des lieux où la messe est célébrée à cet instant sur la terre. Si vous cliquez ici, vous pouvez aussi voir tous les lieux où le Saint Sacrement est exposé.

— Très intéressant, dit le cardinal. Et pour mon diocèse ?

— Tapez « Belgium », dit saint Pierre.

— En anglais ! fit le prélat, comme s’il était choqué que même au Ciel l’hégémonie américaine se fasse sentir.

— C’est du latin, dit saint Pierre atone.

Le cardinal tapa « Belgium », puis cliqua sur « Mechlinia » et se trouva devant un écran assez sombre. Quelques signaux scintillaient bien çà et là à des endroits plutôt inattendus, mais dans l’ensemble on aurait dit qu’un épais brouillard recouvrait tout l’archevêché.

— Euh, hésita-t-il, c’est normal ? J’ai dû faire une erreur… Ça ne brille presque pas.

— Mmh ? (Saint Pierre se pencha à son tour vers l’écran.) Ça ne m’étonne qu’à moitié. L’intensité du scintillement est fonction de l’application des instructions sur la liturgie données dans Redemptionis Sacramentum. Vous vous souvenez : « Certaines choses à observer et à éviter concernant la très sainte Eucharistie » ? Si les instructions n’ont pas été appliquées, l’écran est sombre, voilà tout.

À ce moment, mon cardinal sentit un frisson lui parcourir le dos.

— Suivant que la messe, continua saint Pierre, est dite correctement ou non, avec respect, piété et sens du sacré ou non, ça brille fort ou pas. Ici, en effet, ce n’est pas très fameux, hein ? Même à Malines ! C’est que les instructions n’ont pas été suivies et que la liturgie n’est pas respectée. C’est très simple. Mais comme c’était vous l’archevêque, vous devriez le savoir. Qu’avez-vous fait des instructions, hein ? Les instructions ? LES INSTRUCTIONS ?

La voix tonnante de saint Pierre résonnait encore dans les oreilles du cardinal quand il se réveilla, tout baigné de sueur.

Instruction

Le 23 avril 2004, le Saint-Siège publiait un document intitulé Redemptionis Sacramentum, le sacrement de la rédemption, « sur certaines choses à observer et à éviter concernant la très sainte Eucharistie »1. Ce

document, publié par la Congrégation pour le Culte divin et la Discipline des Sacrements et appelé plus brièvement « l’Instruction », est resté lettre morte dans notre pays comme dans la plupart des pays d’Europe.

Les suites données par les évêques belges à Redemptionis Sacramentum révèlent l’attention qu’ils portent à cette question. À l’instar de nombreux évêques en Europe, il semble que les évêques de Belgique considèrent que l’Instruction est destinée à d’autres pays et d’autres prêtres, dans lesquels et par qui la liturgie subirait de dangereuses déformations. Mais pas en Belgique, bien entendu, tant il est certain que la liturgie catholique y est célébrée dans le plus complet respect des règles en vigueur ! En tout cas, c’est ce que l’on peut en déduire, puisque la plupart des évêques et des prêtres n’ont soufflé mot des avertissements donnés et qu’on n’a rien vu, ni changements ni améliorations, dans la façon de célébrer la messe depuis lors. C’était sans doute encore un de ces « trop nombreux documents pontificaux à caractère autoritaire » classé sans suite à l’archevêché.

Or, comme rien n’a changé malgré le rappel en 20072, l’Instruction est plus que jamais d’actualité.

Plus récemment, le pape Benoît XVI publiait le Motu Proprio Summorum Pontificum par lequel, malgré une résistance acharnée des évêques français, il rendait totale liberté à l’ancienne messe, dite tridentine. On ne change rien à la messe dite conciliaire, sinon que les instructions de Redemptionis Sacramentum doivent s’y appliquer, mais on permet à présent qu’en toute liberté et sans aucune entrave l’ancienne messe latine soit dite parallèlement à la nouvelle. De nombreux, de très nombreux catholiques se réjouissent de cette décision et louent le Saint-Père pour son courage et sa clairvoyance. D’autres grincent des dents. Ils y voient un retour en arrière ou une négation de l’esprit du Concile.

Pourtant il ne s’agit que d’élargir le cercle de la liberté liturgique. Nul n’est contraint de dire l’ancienne messe et la nouvelle n’est pas menacée : alors, de quoi se plaint-on ?

On se plaint qu’à travers ces initiatives du Saint-Siège – l’Instruction, l’Exhortation apostolique et le Motu Proprio – la tête de l’Eglise prend conscience des dommages subis par la liturgie et du désastre causé à la foi par le moyen de messes mal célébrées, profanées ou même non valides. Il y a une reprise en main. Or les défenseurs de la « nouvelle messe », celle instituée par la réforme liturgique de Paul VI en 1969, défendent-ils vraiment la « nouvelle messe » ou bien se font-ils les défenseurs de l’initiative particulière de l’officiant et de sa créativité ?

Poser la question, c’est y répondre.

Si ce n’était pas dans l’intention de la réforme liturgique de faire de la messe la chose du prêtre, c’est devenu un fait avec la mise en pratique de cette réforme. Le prêtre n’est plus le serviteur – c’est ce que signifie le mot « ministre » – de l’acte liturgique, celui qui s’efface devant le mystère divin, mais il est devenu un acteur, voire même un propriétaire de la messe. En ce sens, les évêques et les prêtres qui ont fait la sourde oreille lors de la publication de l’Instruction et qui ont donné de la voix contre le Motu Proprio sont conscients que quelque chose qu’ils s’étaient approprié, à la faveur – disons – d’un certain laxisme de l’autorité romaine, est en train de leur échapper.

Le texte de l’Instruction est très clair et ne laisse aucun doute sur cette déviation : « Quiconque se comporte de cette manière, en préférant suivre ses inclinations personnelles, même s’il s’agit d’un prêtre, lèse gravement l’unité substantielle du rite romain. » Ils « lèsent gravement le droit authentique des fidèles de disposer d’une action liturgique, qui exprime la vie de l’Église selon sa tradition et sa discipline »3. Ou encore, « le peuple catholique a le droit d’obtenir que le Sacrifice de la sainte Messe soit célébré sans subir d’altération d’aucune sorte, en pleine conformité avec la doctrine du Magistère de l’Église »4.

En d’autres mots, l’individualisme des prêtres se heurte à l’autorité de l’Église, protectrice des sacrements et des droits des fidèles. Le coup a porté.