Mais d'où viennent-ils ? - Jérôme Lefort - E-Book

Mais d'où viennent-ils ? E-Book

Jérôme Lefort

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Beschreibung

Découvrez la vérité sur des noms et des légendes qui vous sont familiers ! Des visions de Nostradamus à Dark Vador, des petits êtres Kawaï à Louis XIV, plongez dans les mystères des Tsums-Tsums. Explorez également les origines énigmatiques des termes « lapstor » et « pacages ». Et pour couronner le tout, embarquez dans un voyage captivant au royaume des puissants dieux Odin, Thor, Poséidon et démêlez le récit de la création du légendaire Minotaure. Ces histoires étonnantes vous laisseront sans voix !


À PROPOS DE L'AUTEUR

Jérôme Lefort a un parcours éclectique, entre créateur d’entreprise, professeur, pilote de chasse, commercial, entrepreneur, toujours en quête de satisfaction. Enfin, il semble avoir trouvé sa voie en tant qu’écrivain avec ce recueil de nouvelles, laissant son imagination débordante s’épanouir enfin dans l’univers littéraire.

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Jérôme Lefort

Mais d’où viennent-ils ?

Les incroyables, les légendaires…

Nouvelles

© Lys Bleu Éditions – Jérôme Lefort

ISBN : 979-10-422-0198-2

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Tsum-tsum

Dark vador

Les pacages

Les petits êtres kawaïï

Le lapstor

Le minotaure

L’origine de leur légende enfin dévoilée.

Note de l’auteur

Tout le monde connaît les sirènes, ou le minotaure. Tous les enfants ont eu un jour un Tsum-Tsum ou une petite peluche Kawaïï et bien sûr le nom de Dark Vador n’est inconnu d’aucun d’entre nous.

Pourtant, ces personnages, ou ces peluches ont une réelle histoire. Ils ne viennent pas comme cela, de nulle part ! Non, l’Histoire, puissante, réelle et intemporelle, est derrière tout cela.

Savez-vous que le nom de Dark Vador est inspiré de l’histoire d’un véritable et terrible chevalier noir, qui vécut au XVIe siècle, et dont le destin a été lié à une terrible prophétie ?

Savez-vous également que le terme Kawaïï a été utilisé pour la première fois vers l’an 1000 par une romancière japonaise ?

J’en doute…

Ce sont ces secrets que je vais vous révéler, cher lecteur, les secrets de l’origine, du Minotaure, de Dark Vador, des Tsum-Tsum et des petits êtres Kawaïï, mais également de deux créatures quasiment imaginaires et pourtant bien réelles : les Lapstor et les pacages.

Alors, chers lecteurs, prenez un bon fauteuil, mettez-vous à l’aise et découvrez l’histoire qui se cache derrière les légendes.

Affectueusement,

J.L.

Les Tsums Tsums

Prologue

Vous connaissez tous ces mignonnes petites peluches qui ont envahi la Terre entière. Il n’y a pas un endroit où l’on ne trouve ces étranges petites bêtes, que ce soit aux États-Unis, en Europe, en Asie, en Russie, ou même en Afrique, elles sont partout !

J’ai même croisé un jour un journaliste qui m’a raconté avoir vu un jeune esquimau jouer avec une peluche Tsum-Tsum à tête de Sven, le fameux renne du film de Disney, la Reine des Neiges…

Où que l’on aille, on les croise, elles sont partout et tout le monde les connaît, mais… connaissez-vous leur origine ?

Voici pour toi, et uniquement pour toi, cher lecteur, ce mystère enfin dévoilé.

I

Li Loung et Hu Dong

Tout commence il n’y a pas si longtemps, au milieu du dix-neuvième siècle…

Une légende racontait que dans une vallée reculée, quelque part en Himalaya, peut-être en territoire tibétain, ou chinois… vivaient d’étranges animaux incroyables.

Cette vallée, inaccessible, serait toujours couverte de brume ou de brouillard et ainsi invisible.

La description de ces animaux se perdait en sens et contresens, on leur attribuait des tailles minuscules ou très grandes, des couleurs inimaginables pour des animaux… Où se trouvait la réalité, où commençait la fiction ?

Toutes ces descriptions étaient basées sur des « il paraît que… » ou « savez-vous que… » ou encore « On m’a raconté que… », mais finalement rien de tout cela ne paraissait bien fiable et quoi qu’il en soit, le monde scientifique de l’époque rejetait en masse ces descriptions délirantes, et allait jusqu’à nier l’existence de si étranges animaux.

On avait fini par rejeter leur essence de vie au niveau des mythes et légendes rurales.

Un jour, deux scientifiques japonais, mais d’origine chinoise, Li Loung et Hu Dong, amis de longue date et férus de mythologie animale, décidèrent d’un commun accord de savoir une fois pour toutes si cette légende était vraie, ou tout du moins, quelle était la part de vérité dans ce fantasme populaire.

En tant que scientifiques, nos deux amis étaient très organisés quant à leurs idées tant qu’ils se trouvaient dans leur laboratoire, mais question organisation et déroulement d’un voyage… c’était tout autre chose.

Tu vas bien vite, cher lecteur, découvrir les péripéties qu’ont vécues nos pauvres scientifiques, aventuriers en herbe.

Tous les deux avaient, après recoupement de témoignages et autres documents, conclu que cette vallée reculée ne pouvait se trouver qu’au Tibet.

Mais ils n’étaient pas d’accord quant à sa situation.

Li Loung estimait qu’elle ne pouvait se situer qu’aux pieds de Shangri-La, la mythique lamaserie1, berceau de la civilisation tibétaine et tout aussi légendaire que la vallée qui s’étendrait à ses pieds.

Hu Dong pensait, et soutenait mordicus, qu’elle ne pouvait se trouver que vers Hînayâna (veut dire terrier du Tibet), une vallée restée pendant des millénaires, coupée du reste du monde.

De ce fait, les deux amis scientifiques divergeaient sur la voie à suivre pour trouver l’entrée de la vallée.

Li Loung était sûr qu’il fallait venir de l’est pour y accéder, alors que Hu Dong était certain qu’il fallait venir de l’ouest.

Ils décidèrent de faire une course : le premier qui parviendrait à la vallée perdue, berceau d’une faune aussi extravagante qu’extraordinaire aurait gagné le titre de « meilleur scientifique explorateur que le monde moderne n’ait jamais connu à ce jour ». C’était un titre un peu pompeux certes, mais ils l’avaient décidé d’un commun accord.

Après avoir bien étudié les cartes géographiques qui leur permettraient de rejoindre la vallée, Li Loung estima que son point de départ devait se trouver à Chengdu, dans la région du Sichuan, en Chine, Hu Dong détermina son point de départ à Islamabad, au Pakistan. L’un à l’est de la vallée présumée, l’autre à l’ouest.

En partant chacun de ce lieu de départ choisi, la distance et le temps pour rejoindre la vallée merveilleuse seraient équitables.

La course pourrait ainsi débuter dès que Li Loung et Hu Dong auraient rejoint leur point de départ respectif.

Le jour du départ prévu, Li Loung et Hu Dong se souhaitèrent mutuellement bonne chance et se saluèrent très poliment en inclinant leur buste à prêt de 90 degrés, ce qui démontrait une belle souplesse des deux hommes, qui sans être âgés, n’avaient quand même plus vingt ans.

Ils se lancèrent un petit « Tsu » lors de leur salut. Dans la pratique, pour dire « salut » on dit « ni hao » en chinois, mais ce salut est plus formel, et nos deux hommes étaient très proches l’un de l’autre, aussi avaient-ils adopté le simple « Tsu » qui est une sorte de borborygme ou plutôt coup de glotte.

Ce son si particulier, entre le très grave et l’aigu, plaisait beaucoup à nos amis, qui l’employaient systématiquement lors de leur salut.

II

Le point de départ

Le voyage pour rejoindre chaque point de départ se faisait par bateau. D’entrée, les difficultés commencèrent, rejoindre un port et sortir des eaux japonaises en cette période s’avérait extrêmement difficile, voire quasi impossible, car nous étions à la fin de l’époque Sakoku.2

Nos deux scientifiques avaient prévu de nombreuses choses, comme emmener des pigeons voyageurs pour communiquer entre eux, au moment du point de départ ou de l’arrivée à la vallée, ou encore avaient-ils dans leur bagage un sextant, une boussole, un télémètre, un baromètre, un thermomètre, un mètre pliant… mais ils n’avaient pas emporté de nourriture, et très peu d’affaires de rechange…

Finalement, la chance devait être de leur côté, car tous deux trouvèrent un bateau dont le capitaine était un Chinois, et comme Li Loung et Hu Dong étaient également originaires de l’empire du Milieu3, ils furent autorisés à monter à bord et purent franchir la frontière en se faisant passer pour des pécheurs.

Ceci, bien entendu, par pure amitié et fibre nationale du capitaine… et peut-être un peu aussi, car ils lui donnèrent beaucoup d’or.

Il ne fallut pas moins de deux mois à Hu Dong pour rejoindre Chengdu, et trois mois et demi à Li Loung pour rejoindre Islamabad, précisément 62 jours et 8 heures pour le premier, et 94 jours et 19 heures pour le second, n’oublions pas que c’étaient des scientifiques, et que la précision leur importait.

Le voyage de Li Loung s’avéra extrêmement périlleux. Pour rejoindre Islamabad, il fallait partir en bateau du Japon, traverser la mer de Chine, contourner la pointe du Sri Lanka, longer l’Inde, dépasser Bombay et accoster à Karachi, et ça, ce n’était que la traversée en bateau…

Le plus hasardeux était la traversée de la mer de Chine. Cette mer était réputée pour ses dangers : nombreux étaient les pirates assoiffés de sang qui la parcouraient en tous sens.

La chance, encore une fois fut du côté de l’explorateur, le navire du capitaine fut escorté par un bateau à vapeur occidental de la Royal Navy, qui se rendait à la baie de Ty-Ho4.

L’histoire nous apprit que peu de temps après, une terrible bataille eut lieu dans cette fameuse baie entre deux navires à vapeur occidentaux, celui qui escorta notre héros, ainsi que l’USS Powhatan de l’East Indian Squadron appartenant à l’United States Navy et trente-six jonques de la confédération des pirates qui avaient fait prisonnier sept navires marchands. La victoire des deux navires à vapeur occidentaux sur les jonques des pirates, pourtant bien supérieurs en nombre, fut écrasante5.

Une fois la mer de Chine franchie, le voyage s’avéra presque agréable si l’on fait abstraction des tempêtes et typhons qui faillirent couler le bateau à plusieurs reprises.

Li Loung put débarquer sain et sauf à Karachi. Il loua les services d’un guide et traversa le Pakistan du Sud au nord, jusqu’à arriver à la frontière de l’État Princier du Jammu-et-Cachemire et parvenir enfin à Islamabad, point de départ de son périple.

Nous manquons hélas, encore de précisions quant à la traversée du Pakistan par Li Loung, de nombreuses archives historiques s’étant perdues lors de la traversée de l’Indus, où elles auraient été dévorées par des gavials.

De son côté, Hu Dong parvint beaucoup plus rapidement au point de départ de son voyage, à savoir, la ville de Chengdu.

Toutefois, cette expédition ne fut pas moins difficile pour le pauvre explorateur en herbe. N’oublions pas qu’en tant que scientifique, Hu Dong était plus habitué à vivre en laboratoire qu’à partir en expéditions lointaines.

La seule fois où il avait quitté sa ville, c’était pour se rendre à l’enterrement d’une grande tante éloignée, Hua Fang, qui habitait à trente kilomètres de là, dans la campagne.

La traversée en bateau pour rejoindre Shanghai fut un véritable cauchemar pour le pauvre scientifique. Il n’y eut aucun pirate à l’horizon, aucune tempête, aucun typhon, il ne plut même pas pendant la traversée, et il y avait un temps radieux sur une mer d’huile.

Le problème est que Hu Dong souffrit, tout du long de la traversée d’un terrible mal de mer, et il passa le plus clair de son temps sur le pont, accroché au bastingage, à rejeter de manière spasmodique tous les maigres déjeuners qu’il avait eus l’inconséquence d’ingurgiter, lors des rares périodes d’accalmie de son estomac.

L’histoire ne raconte pas que les teintes du visage du pauvre scientifique qui allaient du jaune au vert, en passant par le blanc, le vert pâle, et même parfois le bleu turquoise, quand la peur de mourir prenait le pas sur le simple mal de mer, avaient inspiré un voyageur occidental provenant de l’Empire d’Autriche.

Cet homme, un certain Warchola, voyageur, féru de découvertes, allait transmettre ce goût de la peinture de visage si particulier à ses enfants, puis à ses petits-enfants… jusqu’à parvenir au jeune Andrew qui changera de nom en émigrant aux États-Unis, et se fera appeler Andy Warhol6.

Hu Dong parvint donc à Shanghai, et rejoint une caravane de marchands se rendant dans la province du Sichuan.

Une fois encore, ce périple fut des plus éprouvant pour le pauvre homme.

Habitué aux mets fins et délicats, il fit une terrible indigestion alimentaire et passa le plus clair de son temps à la selle.

Ce fut un homme fatigué, amoindri, ayant perdu de nombreux kilogrammes, mais ayant gardé toutes ses illusions, qui arriva à bon port dans la ville de Chengdu.

Après échange de messages par pigeons voyageurs, et nouvelles prises de chacun, Li Loung et Hu Dong fixèrent la date et l’heure précise du début de leur course.

III

La Montagne

Nous sommes le 27 mars 1852, il est 9 h 30 du matin, c’est le Top départ.

Li Loung part d’Islamabad, Hu Dong s’en va de Chengdu. Devant les deux scientifiques, une terrible épreuve va commencer : la traversée de l’Himalaya, avec ses sommets culminants à plus de 8000 mètres.

À l’époque, on connaît très peu de choses sur ces montagnes, si ce n’est qu’elles sont très hautes, et que s’y perdre équivaut à une mort certaine.

La montagne Jomo lang ma7 est réputée infranchissable par les Népalais. Ce n’est d’ailleurs qu’un peu plus tard que les Occidentaux la découvriront. En 1865, un arpenteur général l’identifiera comme plus haut sommet du monde, et on appellera cette montagne Everest en l’honneur de cet homme, George Everest.

Mais revenons à la course proprement dite de nos deux scientifiques.

Les deux savants partis le même jour, à la même heure, de deux lieux diamétralement opposés à leur but présumé, avaient parcouru, chacun des centaines de kilomètres, en l’espace de trois mois.

Nous n’avons pas énormément de précisions sur ce périple à travers la chaîne himalayenne, une avalanche ayant emporté de nombreux précieux documents, mais on sait qu’il fut extrêmement éprouvant pour les deux hommes.

Partis avec des guides et autres accompagnateurs, à travers cette immensité glaciale, Li Loung et Hu Dong, s’aperçurent très vite que la première partie de leur voyage qu’ils avaient qualifié « d’horriblement invivable » n’était qu’un amuse-bouche comparée à la difficulté qu’ils auraient à subir durant la deuxième partie de leur périple.

Ce fut le cas…

Nombreux furent, parmi les guides, les cas de disparition, volontaire ou non, les morts brutales : gelés, écrasés au fond d’un gouffre, enlevés par un oiseau géant, poursuivis par des ours des montagnes, disparus dans une des multiples tempêtes de neige…

On raconte même que Hu Dong fit la rencontre d’un animal aussi imposant qu’étrange, situé entre l’homme, le gorille, et l’ours. Quelques fragments de cette rencontre nous sont parvenus, aussi pouvons-nous aujourd’hui vous les narrer.

C’était environ deux mois et demi après son départ de Chengdu, Hu Dong n’était plus accompagné que par un seul guide tibétain, tous les autres avaient disparu, soit mort dans des conditions dramatiques, soit enfuis.

Tous deux se trouvaient au cœur d’une terrible tempête de neige, et il fallait d’urgence trouver un abri, sous peine de mourir gelé.

Ce fut notre scientifique qui attira l’attention de son guide épuisé ; Hu Dong avait aperçu une masse sombre dans la neige : une caverne.

Nos deux naufragés des glaces réussirent tant bien que mal à atteindre la grotte salvatrice.

Ils pénétrèrent dedans et s’affalèrent à même le sol. Grelottant de froid, Hu Dong et le guide parvinrent à faire un feu grâce à des brindilles et autres bouts de bois éparpillés çà et là dans la grotte.

L’étrangeté de cet éparpillement de bouts de bois dans une grotte située au cœur d’une montagne de neige inexplorée aurait dû mettre la puce à l’oreille de notre scientifique en temps normal. Mais, la fatigue, la fièvre, et l’état d’épuisement général du pauvre homme avaient eu raison de son esprit cartésien, aussi ne remarqua-t-il pas l’aspect incongru de la chose.

Toutefois, les deux hommes avaient remarqué l’étrange puanteur qui régnait dans les lieux, une odeur lourde de viande avariée mêlée à la repoussante odeur de matières fécales en putréfaction.

Malgré sa faiblesse, Hu Dong prit un brandon dans le feu de fortune et le leva, éclairant faiblement leur refuge, pour essayer de déterminer l’origine de cette odeur pestilentielle.

Son cœur parut s’arrêter… Là dans la pénombre de la grotte, une forme immense, monstrueuse, déformée par la lueur vacillante de sa torche apparut devant ses yeux écarquillés.

— Le Meh-Teh8 hurla le guide tibétain, qui prit ses jambes à son cou et préféra affronter la tempête de neige plutôt que l’incroyable être, vivant en ces lieux.

Hu Dong, quant à lui, s’affala au sol, il n’avait plus la force de courir, ni même de marcher. Sa torche tomba, il vit la chose s’approcher de lui. Était-ce un homme préhistorique gigantesque, un être mi-homme, mi-bête ?

Juste avant de s’évanouir, le scientifique sentit que la chose le prenait dans ses mains, grandes comme des pelles, et l’entraînait dans les profondeurs insondables de cette lugubre caverne.

Hu Dong perçut une dernière chose avant de sombrer totalement. Son regard croisa celui de cet être, et il vit de la bienveillance dans ses yeux.

Beaucoup plus tard, notre explorateur racontera qu’il avait été sauvé par un « ours des roches » pendant son voyage. Il lui donnera, en hommage au territoire qu’il traversait, le nom de Yéti9.

Pendant ce temps, Li Loung rencontrait des difficultés similaires.

Non pas qu’il rencontrait des Yétis, mais les escalades sur des parois de glace, les tempêtes de neige incessantes, le froid… eurent raison de son petit groupe.

Un beau jour, après une nuit terrible passée dans sa tente à grelotter de froid, à cause d’une énième tempête, il se réveilla, sortit de sa tente et s’aperçut qu’il était seul, seul au monde, perdu dans cette immensité glaciaire, avec rien d’autre à l’horizon que cette neige à perte de vue.

Perdu, hagard, Li Loung marcha dans la neige, sans but, sans même récupérer sa tente. Il était seul, et au bout du chemin l’attendait une compagne qui le délivrerait de sa souffrance : la mort.

Il marcha donc, puis, au bout de quelques heures, tomba dans la neige et se laissa aller. L’engourdissement et le sommeil le gagnèrent.

IV

Réveil

Hu Dong ouvrit les yeux. Il était dans une caverne éclairée par un beau soleil, les rayons lui caressaient le visage d’une douce chaleur.

Il se releva. Il était assis sur une sorte de paillasse, rudimentaire, mais confortable. Il se sentait en forme, mais avait du mal à se rappeler.

Comment était-il arrivé ici ? Mais oui… la caverne de l’homme-ours, il se souvenait à présent. Il avait été recueilli par cet être.

Sa mémoire lui jouait des tours, mais il avait des bribes de souvenirs. Il revoyait son monstrueux sauveur lui donner à boire, à manger, mettre de la neige sur son front brûlant… L’homme préhistorique, ou l’animal, quel qu’il soit l’avait sauvé.

Hu Dong regarda autour de lui, il était seul dans la caverne. Il se mit debout et se dirigea vers la sortie.

Vers l’entrée de la grotte, il découvrit son sac, avec ses provisions, et ce qu’il restait du matériel. Il le prit et parvint dehors.

Le soleil brillait, resplendissait même. Que c’était bon de se sentir vivant… et en forme ! Étrangement, il se sentait bien.

Hu Dong regarda autour de lui la pleine neigeuse interminable. Des montagnes tout autour, à perte de vue, toutes plus hautes les unes que les autres.

Tiens ? Qu’est-ce donc là ?

se dit-il.

Il y avait une sorte d’espace, situé à l’ouest, entre deux montagnes, qui semblait comme vibrer sous la lumière du soleil.

Comme c’est étrange…

C’est alors qu’il vit, en contre bas, comme un espace recouvert de brume.

On percevait des cimes d’arbres percer ce brouillard par endroits. Il y avait donc de la végétation en dessous.

C’était impossible à cette altitude… ou tout du moins incroyable !

— LA VALLÉE PERDUE, s’exclama Hu Dong. J’ai atteint la vallée perdue.

Oubliant tout le reste, son esprit scientifique reprit le dessus, et il se précipita en direction de ce mythique endroit.

Li Loung ouvrit les yeux. Il se trouvait dans une chambre. Quelque chose venait de le réveiller, comme un bruit de cloche. Les rayons du soleil perçaient les voilages d’une fenêtre et lui caressaient le visage de leur douce chaleur.

Il se releva. Il était assis sur un lit, simple, mais confortable. Il se sentait en forme, mais avait du mal à se rappeler.

Comment était-il arrivé ici ?

Il se rappelait être tombé dans la neige, puis laissé s’être allé… à la mort.

Était-il mort ? Était-ce là le paradis ?

Non ! son esprit cartésien de scientifique l’empêchait de penser à des dérives théologiques, sa déontologie le lui interdisait même.

Il était en vie, c’était une certitude. Comment était-il arrivé là, c’était un mystère qu’il allait élucider de ce pas.

Li Loung prit ses affaires qui étaient proprement posées sur une chaise, dans un coin, et se dirigea vers la porte.

Avant de sortir, il jeta un regard sur les murs. De grandes fresques colorées les parcouraient, des dessins pour le moins étranges représentant des animaux tout aussi étranges…

Se pourrait-il… ?

Li Loung sortit prestement de sa chambre. L’esprit de découverte du scientifique qu’il était, avait repris les rênes de son esprit.

À peine fit-il quelques pas qu’il croisa un homme étrangement vêtu.

L’individu, très jeune, et chauve comme un œuf, portait un kesa10 de couleur ocre orangé.

L’homme était très souriant, il le salua poliment.

Li Loung, oubliant quant à lui ses manières, l’entraîna par la manche jusqu’à sa chambre, et lui montra les fresques en demandant, par des gestes, où se trouvaient ces étranges animaux peints ?

Le moine bouddhiste (car c’en était un) sourit poliment et lui demanda, par un signe, de le suivre. Il parvint sur une terrasse.

Là, le moine lui indiqua du doigt une direction.

Li Loung mit sa main en visière, car le soleil se reflétait sur la blanche neige, et il perçut, à l’Est, entre deux imposantes montagnes, comme une sorte de trou, recouvert de brume scintillante.

— LA VALLÉE PERDUE, s’exclama-t-il, j’avais raison. Je l’ai trouvé.

Il fit de grands signes au moine, tâchant de lui expliquer qu’il voulait se rendre dans cet endroit.

Le bouddhiste lui sourit poliment, et tapa dans ses mains.

Un autre individu pareillement paré arriva en courant, et joignit ses mains devant son front.

Celui qui avait tapé des mains chuchota quelque chose à l’oreille de son camarade qui repartit en courant, puis il fit signe à Li Loung de le suivre.

Ils parvinrent à la porte d’entrée du bâtiment.

C’était une grande bâtisse avec de très hauts murs, dans la cour, d’autres moines s’affairaient à diverses tâches et certains… jouaient avec des cerfs-volants qui représentaient d’étranges et inconnus animaux colorés.

Li Loung, accaparé par ce spectacle, sursauta quand le jeune homme, le premier moine qu’il avait rencontré, lui tapota l’épaule en souriant.

À côté de lui se tenait celui qui était parti en courant. Il tenait une longe avec un petit âne portant des sacs.

Le premier moine qui semblait donner des ordres, s’inclina devant Li Loung en souriant, puis tourna les talons et repartit vers l’intérieur du bâtiment.

Le second le salua en se courbant très bas après avoir joint ses mains.

Li Long ne parlait pas le tibétain, mais il parvint à retenir un nom dans les paroles du moine : celui-ci avait dit quelque chose suivi de « khendrup Gyatso11 », et cela lui parlait vaguement…

Mais oui, il avait vu ce nom lors de ses recherches sur le Tibet en vue de ses expéditions.

Li Loung suivit son guide qui tenait le petit âne en longe. Il se retourna une dernière fois après avoir franchi les portes.

Stupeur ! Juste avant que les portes ne se referment, il aperçut un moine qui se tenait en l’air à environ deux mètres du sol. L’homme lévitait.

C’était certain, Li Loung avait atteint la mythique lamaserie de Shangri-La.

Comme pour confirmer ses dires, un « Donnng » d’une énorme cloche sonna au sommet de la lamaserie.

Elle fit écho et résonna longuement.

V

La Vallée mystérieuse

Hu Dong et Li Loung l’avaient ressenti. Ils savaient que l’autre était en vie.

Mieux encore, les deux amis s’étaient réveillés exactement au même moment. L’un dans sa grotte, l’autre dans une lamaserie.

Mais ça, ils l’ignoraient.

Ce qu’ils ignoraient également, c’est qu’ils se trouvaient tous les deux à une courte distance l’un de l’autre… seulement quelques kilomètres.

Une étrange vallée, recouverte de brumes, les séparait.

L’un arrivait par un étroit sentier situé à l’Est.

L’autre se rendait dans cette vallée par un chemin provenant de l’Ouest.

En arrivant juste devant l’étrange brume, Hu Dong hésita. En mettant son pied à l’intérieur de ce brouillard, il faisait peut-être le premier pas dans la résolution d’un des plus grands mystères de la cryptozoologie12.

Il prit une grande inspiration et pénétra dans la brume.

Au même moment, Li Loung parvenait à l’entrée de la vallée du côté est.

Il s’apprêtait à pénétrer sans la moindre hésitation dans le brouillard, quand son guide lui tapota doucement l’épaule.

Il lui fit comprendre par divers signes, qu’il ne pouvait pas pénétrer dans la vallée. Il articula même un vague mot du style « tabou ».

Il tendit alors la longe du petit âne à Li Loung, le salua en joignant ses mains au front tout en inclinant légèrement la tête, puis fit demi-tour et s’en alla.