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Après avoir vécu une trahison douloureuse dans son passé, l'immortel Gardien de la Nuit Hamish jure de ne jamais s'engager émotionnellement avec une autre humaine. Mais quand il doit protéger la conseillère Tessa Wallace des Démons de la Peur, le désir puissant qu'il ressent pour elle transforme rapidement cette mission banale en sa plus grande épreuve. Pris entre un danger mortel et une passion immortelle, Tessa et Hamish doivent travailler ensemble pour vaincre leurs ennemis et rétablir la paix dans une ville en plein tumulte… Et ils réalisent que tomber amoureux peut s'avérer être l'aventure la plus périlleuse qui soit. ⭐️ ⭐️ ⭐️ ⭐️ Lara Adrian, auteure de la série Midnight Breed, best-seller du New York Times : "Préparez-vous à une aventure fantastique ! Les Gardiens de la Nuit sont la seule chose qui se dresse entre l'humanité et une race démoniaque déterminée à dominer le monde. Pour une romance paranormale au rythme effréné et aux enjeux majeurs, ne manquez pas d'ajouter Tina Folsom à votre liste de lectures à ne pas manquer !" Gardiens de la Nuit Amant Révélé (#1) Maître Affranchi (#2) Guerrier Bouleversé (#3) Gardien Rebelle (#4) Immortel Dévoilé (#5) Protecteur Sans Égal (#6) Démon Libéré (#7) Les Vampires Scanguards Le club des éternels célibataires Hors d'Olympe Les Vampires de Venise Nom de Code Stargate La Quête du Temps La série Gardiens de la Nuit a tout pour plaire : des coups de foudre, des ennemis devenus amants, de jolies rencontres , des héros alpha, des compagnons prédestinés, des gardes du corps, une bande de frères, des demoiselles en détresse, des femmes en danger, une identité cachée, l'invisibilité, des âmes sœurs, des héros torturés, un écart d'âge, un amour de la seconde chance, un amant en deuil, le retour d'entre les morts, un bébé secret, des enlèvements, des amis devenus amants, un admirateur secret, le dernier à savoir, un amour non partagé, un amour interdit, des partenaires dans la lutte contre la criminalité.
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Seitenzahl: 449
Veröffentlichungsjahr: 2025
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GARDIENS DE LA NUIT - TOME 2
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27
Chapitre 28
Chapitre 29
Chapitre 30
Chapitre 31
Chapitre 32
Chapitre 33
Chapitre 34
Chapitre 35
Chapitre 36
Chapitre 37
Chapitre 38
Chapitre 39
Chapitre 40
Chapitre 41
Chapitre 42
Chapitre 43
Chapitre 44
Chapitre 45
Chapitre 46
Chapitre 47
Ordre de Lecture
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À propos de l’auteur
Après une trahison douloureuse dans son passé, l’immortel Gardien de la Nuit Hamish jure de ne jamais s’engager émotionnellement avec une autre humaine. Mais quand il doit protéger la conseillère Tessa Wallace des Démons de la Peur, le désir puissant qu’il ressent pour elle transforme rapidement cette mission banale en sa plus grande épreuve.
Pris entre un danger mortel et une passion immortelle, Tessa et Hamish doivent travailler ensemble pour vaincre leurs ennemis et rétablir la paix dans une ville en plein tumulte… Et ils réalisent que tomber amoureux peut s’avérer être l’aventure la plus périlleuse qui soit.
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Édité par Anne-Lise Pellat et Céline Gaudard
2025 Tina Folsom
Scanguards® est une marque déposée.
La mention « Conseillère Tessa Wallace » était inscrite à la machine à écrire sur l’enveloppe blanche ordinaire. Pas d’adresse. Pas de timbre. Mais lorsqu’elle l’ouvrit et lut le message qu’elle contenait, Tessa se mit à trembler. Son souffle se bloqua dans sa gorge et son rythme cardiaque s’accéléra. Une sueur froide commença à perler sur sa nuque.
Pars pendant que tu le peux encore. Tu ne voudrais pas finir comme le dernier maire, n’est-ce pas ?
Le message n’était pas signé. Mais la menace était évidente. Quelqu’un n’aimait pas le fait qu’elle se présente pour la fonction la plus élevée de la ville de Baltimore – un poste vacant après la mort du maire précédent, John Yardley, deux mois plus tôt.
Pendant un moment, elle ferma les yeux, laissant échapper un soupir tremblant. Elle avait toujours su que la politique pouvait être un jeu sale et dangereux. Mais cette fois-ci, cela allait trop loin. La seule raison pour laquelle elle s’était jetée dans l’arène après la mort prématurée du maire était que son intérimaire, Robert Gunn, ne semblait pas être l’homme de la situation. Sa rhétorique incendiaire ne faisait qu’aggraver les troubles civils qui faisaient rage dans la ville. Cette ville avait besoin d’un pacificateur, pas d’un politicien ambitieux qui n’hésitait pas à prendre des décrets limitant les droits des minorités. Il allait même jusqu’à encourager les brutalités policières à l’encontre des Noirs et des Latinos, tandis que les voyous blancs bénéficiaient d’un passe-droit. Les rapports sur les fausses arrestations à motivation raciale et les saisies illégales de biens s’accumulaient, et Gunn n’y voyait rien de mal.
Mais, malgré le fait que Gunn soit un très mauvais choix pour le poste de maire, elle ne pensait pas qu’il serait imprudent au point de la menacer. Cependant, elle pensait que ses nombreux partisans essaieraient de l’effrayer, ce qui lui permettrait de se présenter aux élections municipales sans opposition.
Un bref coup frappé à la porte la fit sursauter plus que de raison. Avant qu’elle ne puisse répondre, la porte s’ouvrit avec fracas et Poppy Connor, sa directrice de campagne, entra en trombe. Cette femme, une rousse aux formes arrondies plus énergique qu’un lapin Energizer, brandit une feuille de papier et afficha un sourire triomphant.
— Tout chaud ! Les derniers chiffres des sondages.
Poppy faillit trébucher en approchant du bureau sur lequel elle posa la feuille devant Tessa.
Par réflexe, Tessa y jeta un coup d’œil, mais elle n’eut pas le temps de lire les chiffres avant que Poppy n’annonce :
— Tu as cinq points d’avance. Allons boire un verre pour fêter l’événement.
L’excitation débordait de sa voix et colorait son visage. Comme si Poppy avait besoin d’une raison pour boire. Elle avait toujours été fêtarde.
Tessa se força à sourire.
— C’est encore dans la marge d’erreur.
Poppy fit claquer sa langue.
— Tu n’as pas dit ça quand Gunn comptait cinq points d’avance sur toi il y a deux semaines.
Elle pointa à nouveau la feuille du doigt.
— Regarde ! C’est un écart énorme en seulement deux semaines. Je pense que notre approche fonctionne. Tu séduis les gens. Ils voient quelque chose en toi.
Tessa haussa les épaules, incapable de profiter de la bonne nouvelle, encore sous l’effet du message menaçant.
— Oui, je suppose.
Sa directrice de campagne lui jeta un regard interrogateur.
— Tu supposes ? Qu’est-ce qui ne va pas ? Je pensais que tu sauterais de joie à cette nouvelle. N’est-ce pas ce que tu souhaites ? Tu ne veux pas gagner ?
Tessa leva les yeux au ciel.
— Si. Les habitants de Baltimore méritent mieux que Gunn. Mais...
— Mais quoi ? Ne me dis pas que tu n’as pas les tripes pour ça. Je sais que les gens t’ont attaquée pour ta jeunesse et ton inexpérience, mais tu ne peux pas te laisser abattre.
— Ce n’est pas le cas.
Elle hésita, se demandant si elle devait parler de la lettre à Poppy. Elle prit quelques inspirations. Peut-être qu’il valait mieux l’ignorer. Quelqu’un ne voulait pas qu’elle devienne maire. Ce n’était pas vraiment une surprise.
Tessa colla un sourire sur son visage.
— Je suis juste un peu épuisée.
Elle ramassa le morceau de papier et étudia les chiffres du sondage de plus près.
— Ces chiffres ont l’air vraiment bons.
Poppy se pencha plus près et regarda par-dessus son épaule.
— Et regarde les électeurs hispaniques et noirs.
— Je suis très en avance avec cet électorat.
— Tu déchires dans ce domaine démographique ! confirma Poppy.
— Mais nous devons mettre les syndicats de notre côté. As-tu organisé la discussion au...
— Qu’est-ce que c’est ?
La main de Poppy fusa devant l’épaule de Tessa, désignant la note qui gisait exposée sur le bureau, maintenant que Tessa avait déplacé la feuille de sondage.
— Ce n’est rien.
Tessa fit une tentative pour l’arracher avant que Poppy ait pu la prendre. Trop tard.
Poppy s’éloigna, parcourut la note, puis la brandit.
— Rien ? C’est une menace de mort ! Bon sang, Tessa, quand est-ce que tu as reçu ça ?
— C’était sur mon bureau quand je suis revenue de la réunion du conseil. Il s’agit probablement d’un fou furieux.
Elle prit la note des mains de Poppy.
— Je ne le prends pas au sérieux.
Même si les mots menaçants lui avaient fait peur au début, elle n’allait pas l’avouer à Poppy. Moins elle le montrerait, mieux ce serait.
— Si je prenais chaque menace stupide au sérieux, je n’arriverais pas à travailler.
Poppy se figea.
— Qu’est-ce que tu dis ?
— Je viens de te le dire : je ne le prends pas au sérieux.
Poppy secoua la tête et agrippa les épaules de Tessa, la tirant presque de sa chaise.
— Regarde-moi.
Elle rapprocha son visage.
— Tu insinues que ce n’est pas la première menace que tu reçois ?
Tessa n’arrivait plus à respirer. Elle n’avait jamais excellé dans le mensonge. Peut-être n’aurait-elle pas dû devenir politicienne. Son père lui avait toujours dit que son honnêteté la desservirait dans cette profession. Trop bonne, quoi que cela veuille dire.
Les yeux de Poppy s’écarquillèrent.
— Oh, mon Dieu ! Tu as reçu d’autres menaces de ce genre, n’est-ce pas ?
— Je n’appellerais pas ça des menaces, dit Tessa, tentant de désamorcer l’inquiétude de Poppy.
— Comment les appellerais-tu alors ?
Tessa haussa les épaules. Elle était sans réponse. Au lieu de cela, elle ouvrit le tiroir supérieur de son bureau. À l’intérieur se trouvaient plusieurs autres messages, tous susceptibles de provenir du même expéditeur, bien qu’avant aujourd’hui, les messages s’apparentaient plutôt à des suggestions qu’à des menaces.
Poppy sortit quelques notes du tiroir.
— Oh merde, Tessa !
Tessa observa en silence Poppy qui survolait les notes.
— Quand as-tu reçu le premier message ?
— Quelques semaines après avoir annoncé ma candidature à la mairie.
Poppy pointa du doigt le reste des notes.
— Je vais prendre ça.
— Qu’est-ce que tu vas en faire ?
— Les montrer à quelqu’un qui peut t’aider.
Tessa se leva d’un bond.
— Je peux me débrouiller toute seule !
Poppy mit les mains sur les hanches.
— Non, tu ne peux pas. Pas quand on parle de quelque chose d’aussi sérieux que ça. Tu as besoin d’un professionnel.
— Un professionnel ?
— Oui, quelqu’un qui peut te protéger, parce qu’en tant que directrice de campagne, je ne suis pas seulement responsable de t’obtenir des voix, je dois aussi assurer ta sécurité.
Elle pointa du doigt la note d’aujourd’hui.
— Je ne vais pas rester les bras croisés alors que quelqu’un veut clairement ta mort. Je serais une piètre amie si je le faisais.
— Tu ne peux pas me passer au-dessus de la tête à ce sujet ! protesta Tessa. Je me sens en sécurité. C’est juste un électeur mécontent qui préfère que Gunn soit maire.
— Combien d’électeurs mécontents qui profèrent des menaces de mort connais-tu ?
Poppy lui jeta un regard sévère.
— Tu bénéficieras d’une protection, et c’est tout.
À présent, la fureur animait Tessa. Elle se leva d’un bond.
— Si tu le fais, je te vire !
— Fais ce que tu as à faire, mais si tu n’acceptes pas la protection, je vais montrer ça à ton père. Nous verrons sa réaction.
Tessa baissa le menton. Si son père pensait qu’elle était en danger, il se rendrait personnellement à l’hôtel de ville et la placerait sous protection. Il avait toujours veillé sur elle, mais même lui n’avait pas pu la protéger en permanence. Il l’avait laissée tomber une fois, et cela l’avait rendu encore plus surprotecteur. Elle n’avait pas l’intention de l’inquiéter pour une chose pareille. Il avait déjà bien assez à faire.
— Tu n’oserais pas !
— Oh, j’oserais, sans hésiter !
Poppy croisa les bras sur sa poitrine.
— Tu as le choix.
Tessa serra les lèvres l’une contre l’autre, sachant qu’elle avait perdu cette manche.
— Je n’aurais jamais dû t’embaucher. L’amitié et les affaires ne font clairement pas bon ménage.
Poppy sourit gentiment.
— Chérie, m’engager est la meilleure décision que tu aies jamais prise.
Hamish sortit du portail qui l’avait amené de son bastion à un autre situé à des milliers de kilomètres de là. Le voyage n’avait duré que quelques secondes. C’était le principal mode de transport des Gardiens de la Nuit utilisé pour agir rapidement en temps de crise. Mais c’était aussi leur talon d’Achille : si un démon pénétrait dans l’un de leurs portails, il pourrait accéder à n’importe quel bastion de leur race et la détruire de l’intérieur.
Cinead, membre du Conseil des Neuf, leur organe dirigeant, l’attendait déjà.
— Tu es venu rapidement, dit l’homme d’État plus âgé avec son fort accent écossais.
— J’avais l’impression que c’était urgent.
— C’est le cas.
Il fit un signe vers le couloir.
— Viens avec moi.
En marchant dans le dédale de couloirs, Hamish jeta un coup d’œil à l’homme qui avait toujours été son mentor. Vêtu d’un pantalon sombre et d’un polo clair, son allure était impressionnante. Dans ses jeunes années, Cinead avait été un guerrier intrépide avant de décider de consacrer sa vie à guider sa race en tant que membre du Conseil des Neuf. Mais aujourd’hui, il avait l’air fatigué et solennel.
— Qu’est-ce qui te préoccupe ? demanda Hamish, presque contraint de poser la question.
Cinead sourit, mais c’était forcé.
— Beaucoup de choses.
Il indiqua une porte et la franchit en disparaissant sous les yeux de Hamish.
Hamish suivit, laissant son corps se désintégrer pour pouvoir passer à travers le bois massif et se rematérialiser derrière, une capacité singulière à son espèce.
Il était entré dans une grande bibliothèque avec un coin salon confortable et des livres empilés sur des étagères à perte de vue. Cinead se dirigea vers la cheminée et toucha le cadre d’un petit tableau que Hamish avait vu de nombreuses fois : un bébé garçon allongé sur une peau d’ours. Le garçon aux cheveux bruns gisait sur le ventre, nu, une petite tache de naissance en forme de hache ornant l’une de ses fesses.
— Il aurait le même âge que toi, s’il avait vécu, murmura Cinead dans le silence.
Un écho inquiétant accompagna ses paroles, comme si les fantômes des morts murmuraient à leur tour.
Hamish déglutit difficilement, réalisant soudain l’importance de la date d’aujourd’hui.
— Ça fait combien de temps ?
— Deux cents ans jour pour jour, dit Cinead en se tournant vers lui, depuis que les démons l’ont tué. Il n’était qu’un petit garçon qui portait encore des couches.
Il se dirigea vers le canapé et s’assit, invitant Hamish de faire de même.
Il s’exécuta.
— Je suppose que je deviens sentimental en vieillissant.
Cinead n’avait pas l’air âgé ; les gens de leur espèce ne vieillissaient pas vite. Même à près de cinq cents ans, Cinead semblait être à la fin de la quarantaine ou au début de la cinquantaine. Ses yeux, cependant, reflétaient la sagesse et l’expérience de sa longue vie, ainsi que la douleur et les épreuves qu’il avait vécues.
— Tu voulais me voir pour cette raison ? Pour te remémorer des souvenirs ?
Si c’était le cas, il ne lui en voudrait pas. Cinead avait été un deuxième père pour lui après la mort d’Angus, le seul enfant de Cinead, aux mains des Démons de la Peur, leurs ennemis mortels.
Le doyen des Gardiens de la Nuit secoua la tête.
— Tu me fais penser à lui, ou plutôt à la façon dont j’imagine qu’il se comporterait maintenant, s’ils ne me l’avaient pas pris. Pourtant, je ne t’ai pas appelé pour parler du bon vieux temps.
Il sourit.
— Je suis fier de toi, Hamish, pour tous tes succès en tant que gardien.
Quelque peu gêné par ces éloges ouverts et inattendus, Hamish répondit :
— Tout cela grâce à tes conseils.
— Tu te sous-estimes. Encore un de tes traits positifs, comme ton jugement. Tu aurais fait un membre exceptionnel du Conseil des Neuf et...
— Je t’ai dit les raisons pour lesquelles je refusais de siéger au Conseil et je pensais que tu compren...
— J’ai compris.
Cinead leva la main dans un geste d’apaisement.
— Ne t’inquiète pas. Tu n’es pas ici pour que je te persuade de faire quelque chose qui te rebute. De toute façon, les deux postes vacants au Conseil sont pourvus en ce moment même. En fait, ta décision me réjouit : tu nous es plus utile sur le terrain en tant que gardien. Surtout maintenant.
Instantanément en alerte, Hamish sentit sa colonne vertébrale se raidir.
— De quoi as-tu besoin ?
Cinead sourit doucement.
— Toujours le soldat enthousiaste. C’est bien. C’est une situation délicate, qui exige un homme de ton jugement et de ton expérience. Un homme qui ne laissera pas ses sentiments entraver son devoir.
Hamish leva un sourcil mais ne l’interrompit pas. Des sentiments ? Cela faisait longtemps qu’il n’avait pas eu de sentiments car ils avaient failli le tuer une fois ; depuis, il avait enroulé une lourde chaîne autour de son cœur, une chaîne qu’il n’avait pas l’intention d’enlever. Il restait toujours aussi loyal envers ses collègues Gardiens de la Nuit, en particulier envers les hommes et les femmes de son camp. Mais il traitait toute personne extérieure – en particulier celles qu’il était chargé de protéger – avec une distance froide et une méfiance mesurée. La confiance, il l’accordait de moins en moins ces derniers temps, car faire confiance à la mauvaise personne pouvait signifier la fin pour lui, ou pour ses frères et sœurs.
— ... des troubles civils et des émeutes. Nous ne pouvons pas permettre que cela continue. Tu comprends ?
Tout à coup, il se rendit compte que Cinead avait commencé à parler et qu’il avait manqué la moitié de la conversation.
— Oui.
Il acquiesça rapidement et lança à Cinead un regard plein d’intérêt, l’incitant à développer.
— Ça se passe juste sous nos yeux. Nous savions que des problèmes émergeraient après la mort inattendue du maire Yardley, mais nous ne pouvions pas anticiper l’ampleur que cela prendrait.
Hamish commençait à comprendre de quoi Cinead parlait : Baltimore, l’endroit où il se sentait chez lui. Il s’avança sur son fauteuil, un véritable intérêt naissant en lui. Bien qu’il se sentait prêt à aller partout où le Conseil l’envoyait, il préférait les missions près de chez lui, car il avait l’impression – tout comme une équipe de football – que cela lui donnait l’avantage du terrain. Et au cours des deux derniers mois, les choses avaient dégénéré : la criminalité avait grimpé en flèche, les manifestations étaient devenues violentes et des émeutes avaient éclaté.
— Tu soupçonnes les démons d’être impliqués dans les troubles actuels ?
Après tout, c’était logique. Les Démons de de Peur prospéraient grâce aux troubles civils, à la haine et à la peur. Cela les rendait plus forts. Ils saisissaient toutes les occasions d’inciter à la violence, afin de pouvoir se nourrir de la peur qui en résultait. Ainsi, ils pouvaient devenir plus forts et un jour sortir de leur zone de confort et régner sur l’humanité. Et la seule chose qui se dressait entre les humains et leur probable destin était les Gardiens de la Nuit, qui s’étaient donné pour mission de contrecarrer les plans des démons.
Cinead tapota ses doigts contre ses lèvres.
— Je me demande si c’est le cas. Ce que je sais, cependant, c’est qu’une personne peut mettre fin à tout cela et ramener la paix dans la ville. Nous avons de grands espoirs en elle.
— Elle ?
Cinead acquiesça.
— La conseillère municipale Tessa Wallace. Elle comprend le sort des personnes défavorisées de la ville. Ils croient en elle. Elle se présente aux municipales.
Hamish acquiesça d’un signe de tête.
— J’ai vu quelques reportages. Elle représente certainement un meilleur choix que Gunn.
Puis il haussa les épaules.
— Et je crois que les électeurs le savent. Nous n’avons rien à faire.
— Au contraire.
Hamish haussa un sourcil.
— Un de nos émissaires a fait savoir que la conseillère avait reçu des menaces de mort.
— Des démons ?
— Nous n’en sommes pas sûrs. De toute façon, si elle est mise hors-jeu, cela ne fera que jouer en faveur des démons. Nous ne pouvons pas laisser cela se produire. En deux mois de mandat de maire par intérim, Gunn a déjà semé trop de troubles, et il ne semble pas avoir l’intention de calmer ses administrés. Au contraire : ses discours et ses actions ne font qu’inciter à plus de violence, plus de protestations. Il divise les différentes fractions de la ville. Les relations raciales sont assises sur un baril de poudre susceptible d’exploser à tout moment. Nous craignons le pire s’il remporte les élections. Mais si...
— ... si la conseillère gagne, tu penses qu’elle peut redresser la ville ?
— Avec notre aide, oui.
Il se pencha en avant.
— C’est pourquoi je t’ai demandé de venir ici.
— Tu veux que je la protège et que je m’assure que celui qui a proféré ces menaces de mort n’ait jamais l’occasion de les mettre à exécution, devina Hamish. Rien de plus facile.
Ce serait comme toutes les autres missions qu’il avait eues par le passé. C’est pourquoi Hamish se demandait pourquoi Cinead avait demandé à le rencontrer en personne, alors qu’il aurait tout aussi bien pu envoyer la mission par les voies habituelles.
— Oui, mais ce n’est pas tout. Je veux aussi que tu t’assures qu’elle reste sur le bon chemin. Je veux que tu lui prêtes de la force face à l’opposition qu’elle rencontrera.
Les sourcils de Hamish se froncèrent.
— Comment dois-je faire, vu qu’elle ne saura même pas que je la protège ?
Cinead sourit, et pendant un instant, il crut reconnaître une petite lueur d’espièglerie dans les yeux de l’autre.
— C’est en cela que cette mission se distinguera des précédentes. Elle saura que tu es son protecteur.
Hamish se leva d’un bond.
— Tu veux dire qu’elle saura que je suis un Gardien de la Nuit ?
Cinead gloussa.
— Bien sûr que non. Nous n’irons pas aussi loin. Elle croira que tu es un garde du corps humain, engagé par un riche soutien qui veut s’assurer de sa sécurité. Mais ce n’est pas tout. Les personnes qui l’entourent ne doivent pas savoir qui tu es. Pour eux, tu seras présenté comme son petit ami. Cela te donnera un accès sans précédent...
— Arrête !
Hamish se passa une main dans ses cheveux noirs.
— Avec tout le respect que je te dois, c’est hors de question. Je ne suis pas la bonne personne pour ce genre de mission.
— Au contraire, tu es la personne idéale pour cette mission.
— As-tu oublié ce qui m’est arrivé ?
Parce que lui n’avait pas oublié. Comment aurait-il pu oublier la trahison de la femme qu’il avait aimée ? Une trahison qui avait failli lui coûter la vie. Et maintenant, son aîné attendait de lui qu’il fasse semblant d’aimer une humaine ?
Cinead poursuivit d’une voix douce et paternelle :
— Non, je n’ai pas oublié ce que tu as vécu. Et voilà pourquoi tu es le candidat idéal. Tu as goûté à la trahison. Tu en as vu les signes. Tu es mieux préparé que n’importe qui d’autre. Tu préfères vraiment que je confie cette mission à Manus ? Ou à Logan ? Ce sont de bons gardiens, ne te méprends pas. Mais ils ne pourraient pas résister aux attraits d’une femme comme Tessa Wallace. Pas s’ils devaient faire semblant de sortir avec elle.
— Attraits ?
De quoi diable Cinead parlait-il ? Il avait vu des photos de la conseillère, et, bien qu’elle soit assurément très attirante, voire belle, il ne comprenait pas le danger. Bien sûr, Manus avait la réputation d’être un coureur de jupons, mais il doutait que Cinead le sache. Leur bastion abritait un groupe très uni. Ils ne bavardaient pas et ne révélaient pas de secrets non plus.
— Ce n’est pas sa beauté qui captive les hommes, même si elle les attire certainement vers elle. C’est son âme.
Il haussa un sourcil.
— Son âme ?
— Elle est irréprochable de bout en bout. Tout ce qu’elle fait, c’est pour le bien des autres. Son corps ne contient pas la moindre once de malveillance, et son esprit est exempt de toute mauvaise pensée.
— Comment peux-tu le savoir ?
— Notre émissaire la surveille depuis de nombreuses années. J’ai confiance en lui et en son jugement. Tout comme je fais confiance au tien.
Cinead se leva lentement et se rapprocha.
— Je sais que ton cœur s’est brisé lorsque tu as perdu la femme que tu aimais, et j’aimerais pouvoir changer les choses, mon fils, mais je ne le peux pas. Cependant, ce cœur brisé pourrait bien être la seule chose capable de te permettre de traverser cette mission sans aucune implication émotionnelle. Je ne peux pas en dire autant de Logan ou de Manus. L’un ou l’autre laisserait les émotions interférer dans cette mission, ce qui mettrait en péril notre objectif. Elle doit devenir maire car Baltimore a besoin d’elle. Rien ne doit la distraire.
Hamish baissa les paupières et soupira. Il n’avait pas l’intention de retomber amoureux. Cela comportait trop de dangers. Mais cela ne voulait pas dire qu’il aimait cette mission. L’ensemble de la configuration n’était pas très orthodoxe. Trop de choses pouvaient mal tourner. Les Gardiens de la Nuit opéraient dans l’ombre. On leur avait donné des compétences pour s’assurer qu’ils restent cachés : la capacité de se rendre invisibles (qu’ils pouvaient étendre à leurs protégés, soit par l’esprit, soit par le toucher, le premier nécessitant plus d’énergie que le second) et la capacité de traverser les murs (une compétence qu’ils ne pouvaient pas étendre à leurs protégés).
Et maintenant, Cinead voulait qu’il opère au grand jour ? Au vu et au su de tout le monde ?
— Et les démons ?
— Et eux ?
— Ils comprendront ma nature dès qu’ils me verront avec elle.
Ils reconnaîtraient son aura comme étant celle d’un Gardien de la Nuit, une chose que seules les autres créatures surnaturelles pouvaient voir. Les humains n’avaient pas cette compétence.
— Je sais. Mais nous n’avons pas le choix. D’ailleurs, d’après les rumeurs que nous entendons sur leur nouveau dirigeant, nous devons supposer qu’ils emploient des tactiques différentes maintenant. Zoltan surpasse son prédécesseur en innovation. Il découvrira de toute façon que nous la protégeons. Il est trop intelligent pour penser que nous laisserions quelqu’un d’aussi précieux que Tessa Wallace sans protection.
Résigné, Hamish regarda droit dans les yeux Cinead.
— Qui veux-tu que je choisisse comme second ?
— Enya. Mais je veux qu’elle travaille dans le secret. Mlle Wallace ne doit rien savoir d’elle. Juste au cas où nous aurions besoin d’un atout dans notre manche.
Au moins, avec cet ordre, Hamish pouvait être satisfait.
— Très bien.
Enya, la seule femme de son entourage, servirait de sauvegarde lors des moments où il devrait s’absenter de sa protégée. Un choix judicieux, car malgré son caractère piquant, Enya était une excellente guerrière, et en tant que femme, elle serait immunisée contre tous les charmes de Mlle Wallace.
Tout comme il était immunisé contre eux.
— Anton Faldo ?
Tessa dévisagea Poppy et regarda le couloir du deuxième étage de l’hôtel de ville, où se trouvaient la plupart des bureaux des membres du conseil. Voyant que ce n’était pas l’endroit pour aborder un sujet aussi sensible, elle fit signe à Poppy de se diriger vers son bureau, tout en murmurant entre les dents serrées :
— Tu as perdu la tête ?
— Il a des relations, dit Poppy en la suivant jusqu’à l’antichambre où plusieurs assistants de divers membres du conseil travaillaient frénétiquement en s’occupant des visiteurs et des lignes téléphoniques.
Tessa passa devant Collette, son assistante, et ouvrit la porte du bureau avant de foncer à l’intérieur.
— Relations, mon cul ! siffla-t-elle dès que Poppy arriva dans son bureau. Faldo est un escroc. Il a fait l’objet de plusieurs enquêtes.
— On ne l’a jamais condamné, ajouta Poppy.
Tessa soupira.
— Seulement parce qu’il peut s’offrir les meilleurs avocats que l’argent peut acheter. Et il paie probablement tous ceux qui se mettent en travers de son chemin. Cet homme n’est pas bon pour moi.
— Il soutient ta campagne et...
— Quoi ?
Poppy grimaça.
— Tu ne regardes pas les rapports sur les donateurs que je te donne tous les jours ? C’est l’un des plus gros contributeurs à ta campagne.
Tessa leva les bras au ciel.
— Ce n’est pas possible !
Si les gens l’apprenaient, cela ruinerait sa carrière.
— Je pensais que tu le savais.
Elle se laissa tomber dans son fauteuil, les mains soutenant sa tête.
— Je ne veux pas de son argent.
— Tu devras prendre bien plus que son argent. Tu as besoin de son aide.
Tessa leva les yeux pour regarder sa directrice de campagne. Elles étaient allées à l’université ensemble, et elle pensait connaître Poppy sur le bout des doigts. N’avaient-elles pas toujours eu les mêmes valeurs, les mêmes normes morales élevées ? Qu’était-il arrivé à son amie ? S’était-elle vendue ?
— Comment peux-tu t’attendre à ce que j’accepte l’aide d’un criminel ? Il voudra quelque chose en retour. Si et quand je serai maire, il voudra des faveurs. Je ne vais pas vendre mon intégrité à un escroc !
Poppy se pencha sur le bureau.
— Tu dois être pragmatique. Les dons de Faldo sont acheminés par l’intermédiaire d’une de ses sociétés. Personne ne va faire le rapprochement entre les deux. Quant aux faveurs : Faldo m’a assuré que son aide ne s’accompagnait d’aucune condition.
— Et tu l’as cru ?
Parce que Tessa ne le croyait pas. Après tout, rien n’était jamais gratuit. Surtout pas en politique, où tout avait son prix, et où tout le monde était à vendre.
Mais Poppy continua :
— De plus, penses-tu vraiment que Gunn n’a pas reçu de dons de sources moins savoureuses ?
— Je me fiche de ce que fait Gunn. Je ne suis pas comme lui.
Poppy soupira.
— Je le sais. Mais je ne pense pas que tu comprennes la gravité de ta situation. Quelqu’un veut ta mort, et je serais damnée si je rejetais la proposition de Faldo d’envoyer un garde du corps pour toi.
— Un garde du corps ? Tu veux dire un de ses hommes de main ?
— Je n’ai jamais été traité d’homme de main auparavant, dit un homme à la voix grave depuis l’embrasure de la porte.
Effarouchée, Tessa se leva d’un bond et jeta un coup d’œil par-dessus Poppy. Un homme de grande taille s’appuyait nonchalamment sur le cadre de la porte. Il avait l’air d’avoir une trentaine d’années, avec d’épais cheveux brun foncé et une barbe foncée sur son menton carré. Ses yeux étaient d’un brun chocolat foncé, et son pantalon cargo et sa chemise décontractée soulignaient son physique musclé et lui donnaient l’air d’être prêt pour le combat. Elle l’examina des yeux, incapable de détourner le regard. Elle n’avait jamais vu un homme avec une telle prestance. La confiance en soi suintait par tous les pores de son corps. Il ne faisait aucun doute que sa simple proximité physique pouvait intimider n’importe qui. Pourtant, sa photo pourrait tout aussi bien figurer à côté du mot « coup de cœur» dans n’importe quel dictionnaire.
Poppy se retourna.
— Vous devez être Monsieur McGregor. M. Faldo nous a informées de votre arrivée.
— J’ai frappé, mais je suppose que personne ne m’a entendu.
En refermant la porte derrière lui, l’homme rejoignit Poppy et lui serra la main, son regard passant d’elle à Tessa.
— Hamish McGregor, à votre service. Mais personne ne m’appelle M. McGregor. Je me fais appeler Hamish.
Ce ne fut qu’à cet instant que Tessa entendit le léger accent écossais. Cela la fit agréablement frissonner et son pouls s’accéléra.
Poppy émit un doux rire, un rire que Tessa ne connaissait que trop bien : il faisait toujours surface lorsque Poppy était attirée par quelqu’un. Et quelle femme ne serait pas attirée par Hamish McGregor ? Mais elle ne laisserait pas un beau visage et un physique tonique l’influencer dans sa conviction de ne pas accepter l’aide d’un criminel.
— M. Mac...
— Et vous devez être Mademoiselle Wallace, interrompit Hamish en contournant le bureau pour lui tendre la main.
Pour ne pas être impolie, Tessa se sentit obligée de lui serrer la main.
— Oui. Mais comme je viens de le dire à ma directrice de campagne, je n’ai pas besoin de garde du corps.
Hamish releva un côté de sa bouche.
— Du peu que j’ai entendu, on aurait plutôt dit que vous ne vouliez pas être protégée par l’un des hommes de main de Monsieur Faldo.
Elle se raidit. Quelle partie de sa conversation avec Poppy avait-il entendu ?
— Eh bien, puisque nous sommes francs : je ne veux pas être associée à la… euh… l’opération de M. Faldo.
Il la scruta à présent, la regardant de haut en bas.
— Je ne suis pas au service de monsieur Faldo, si c’est ce qui vous dérange.
— Peut-être pas de façon régulière, mais c’est lui qui paie la facture, protesta-t-elle.
Et cela signifiait qu’elle lui serait toujours redevable d’une manière ou d’une autre.
Hamish leva un sourcil.
— Je crois qu’il y a un petit malentendu. M. Faldo ne fait qu’organiser mes services. Il ne les paie pas.
Elle fixa Poppy, qui acquiesça.
— Je croyais t’avoir dit que j’avais contacté le syndicat des travailleurs de l’alimentation et que j’avais obtenu qu’il prenne en charge les frais.
L’embarras envahit Tessa.
— Oh. Pourquoi n’as-tu pas... Je... euh...
— Je suppose que j’ai oublié. Je jongle avec beaucoup trop de choses en ce moment, répondit Poppy en regardant sa montre. En parlant de jonglerie, j’ai un rendez-vous avec une journaliste. Je dois y aller.
Elle se dirigea vers la porte.
— Ravie de vous avoir rencontré, Hamish.
— Poppy... Cela ne veut toujours pas dire que je peux accepter...
Mais Poppy était déjà partie, la laissant seule avec le bel inconnu.
Cela ne marcherait jamais. Elle ne pouvait pas accepter que cet homme soit son garde du corps. Comment pourrait-elle faire son travail avec cet homme qui la surveillait ? Et puis, les gardes du corps n’étaient-ils pas censés se fondre dans le décor ? Il n’y avait aucune chance que Hamish McGregor puisse un jour entrer dans une pièce sans se faire remarquer. Au contraire, tous les regards seraient braqués sur lui.
Elle s’éclaircit la gorge.
— Je suis désolée, M. McGregor...
— Hamish, corrigea-t-il aussitôt avec un doux grondement dans la voix. On peut se tutoyer.
— Hamish, je ne pense pas que ça va marcher.
* * *
Qu’avait dit Cinead ? Pure de bout en bout ? C’était peu probable ! Tessa Wallace était combative, têtue et faite pour le péché. Le genre de péché qui vous laissait en sueur et haletant. Le genre de péché qu’il avait juré d’éviter. À quoi Cinead avait-il pensé en l’affectant à cette beauté prête à se battre et très tendue, aux longs cheveux bruns et aux magnifiques yeux lavande ?
— Vous ne pourrez pas vous fondre dans la masse.
Hamish fronça les sourcils.
— Me fondre dans la masse ?
— Tout le monde se demandera qui vous êtes, et je ne veux pas que l’on sache que j’ai un garde du corps. C’est déjà assez grave que j’en aie besoin.
Il haussa les épaules.
— C’est pour ça que tu leur diras que je suis ton petit ami.
La panique se lisait dans son regard.
— Quoi ?
— Nous avons discuté du fait qu’il serait préférable que je me fasse passer pour ton petit ami afin d’éviter les questions. Cela éveillera moins de soupçons.
Elle déglutit visiblement.
— Nous ?
— Mes supérieurs et moi, nous savons ce que nous faisons.
Même si Hamish n’était pas d’accord avec l’ordre de Cinead. Cependant, le fait que sa protégée s’opposait à l’idée lui faisait involontairement voir les avantages d’un tel arrangement.
Tessa secoua la tête.
— Personne ne le croira.
— Alors nous devrons juste faire en sorte que cela ait l’air crédible.
À l’idée de ce que cela pourrait impliquer, il sentit une décharge d’adrénaline se répandre dans ses veines. Instantanément, il chassa les images de son esprit. Il n’allait pas faire la même erreur que son meilleur ami Aiden qui était tombé amoureux de sa protégée Leila. Même si dans le cas d’Aiden, tout s’était bien terminé, Hamish savait par expérience que tout le monde n’avait pas cette chance.
Hamish se racla la gorge.
— Passons en revue les détails.
— Les détails ?
Tessa croassa et le fixa comme un lapin dans les phares d’une voiture.
De toute évidence, elle aimait aussi peu que lui l’idée d’un prétendu petit ami. Mais ni l’un ni l’autre n’avait le choix. Elle devrait juste s’y faire, comme lui s’y était fait.
— Oui, plus vite nous réglerons les détails, plus ça se passera en douceur.
— M. McGregor...
— Tessa, tu devras m’appeler Hamish et me tutoyer, sinon personne ne croira que je suis ton petit ami.
Il la remarqua frotter nerveusement la main sur sa jupe qui accentuait sa taille fine et ses longues jambes.
— Hamish, je ne sais vraiment pas comment cela va se passer. Je ne te connais pas et tu ne me connais pas. Il y aura des centaines d’occasions où nous pourrons nous faire trébucher l’un l’autre.
— Nous y avons pensé, bien sûr.
Ou plutôt, Cinead y avait pensé.
— C’est pourquoi il vaudra mieux que tout le monde pense que nous venons à peine de commencer à sortir ensemble. Disons deux semaines ? Comme ça, nous n’aurons pas besoin de savoir grand-chose l’un sur l’autre.
— C’est vrai, concéda-t-elle, mais n’es-tu pas censé me protéger tout le temps ?
— Oui. Et alors ?
Elle soupira comme si elle était agacée qu’il ne sache pas tout de suite à quoi elle faisait allusion.
— Je ne verrais pas un gars aussi souvent si je venais de commencer à sortir avec lui. Ce n’est pas réaliste.
— Ça l’est, si tu es à fond sur lui.
— Mais...
Il se rapprocha jusqu’à ce qu’il n’y ait qu’une trentaine de centimètres qui les sépare.
— N’as-tu jamais été complètement éprise d’un homme alors que tu venais à peine de le rencontrer ?
Une lueur dans ses yeux lui indiqua qu’elle avait déjà vécu cette expérience.
— Dans ce cas, tu devras te souvenir de ce que tu as ressenti et agir en conséquence. Et je ferai de même en prétendant que je ne peux pas supporter d’être sans toi. Tant que les gens nous verront agir comme un couple qui ne peut pas rester éloigné l’un de l’autre, ils ne se demanderont pas pourquoi je suis en permanence à tes côtés.
Du moins, c’était ce qui était prévu. Un plan où tant de choses pourraient mal tourner. Un contact inoffensif pourrait déboucher sur quelque chose de plus. Un prétendu baiser pourrait allumer une flamme qu’il serait difficile d’éteindre à nouveau. Il valait mieux ne pas s’engager dans cette voie.
— Une fois la menace écartée, nous aurons une rupture très publique, et tout redeviendra comme avant.
Il n’y aurait aucune implication émotionnelle, et l’intimité physique qu’ils devraient montrer en présence d’autres personnes ne serait qu’une performance bien ficelée.
— Et comment saurons-nous que la menace est terminée ?
Il ne s’attendait pas à ce qu’elle pose cette question et n’avait pas de réponse toute faite. Aucune réponse qu’il pouvait lui donner de toute façon. C’était lui et ses collègues Gardiens de la Nuit qui évalueraient si la menace qui pesait sur elle avait disparu, une fois que son ennemi inconnu aurait compris qu’elle n’était pas une cible facile.
— J’en fais mon affaire. Concentre-toi sur cette élection. Maintenant, j’ai besoin d’une copie de ton emploi du temps pour la semaine prochaine, y compris toutes les réunions professionnelles et privées. Je dois m’assurer que les lieux sont sûrs et vérifier les antécédents des participants avant de valider ta participation à un quelconque événement.
— Valider ?
Elle lui lança un regard noir.
— Tu n’es pas sérieux.
Il inclina la tête sur le côté.
— Est-ce que j’ai l’air de plaisanter ?
— Non, tu sembles sur le point de perdre ton emploi, grogna Tessa, les mains sur les hanches, les yeux crachant du venin. C’est moi qui décide des événements auxquels je participe, pas toi !
— Faux.
— Considère-toi comme relevé de tes fonctions, M. McGregor !
— Tu ne peux pas faire ça.
— Je vais me gêner ! Je ne veux pas avoir affaire à un connard macho surpuissant qui pense pouvoir me donner des ordres.
Il croisa les bras sur sa poitrine.
— Tu préfères que ton père découvre le danger qui te guette et que ça soit lui qui mette un frein à ta liberté ?
Elle ouvrit la bouche.
— Mais puta…
— Waouh, quel vilain mot pour une si jolie bouche !
Et sa bouche était effectivement jolie, même si, pour l’instant, il n’appréciait pas les mots de défi qui en sortaient.
— J’ai fait mes devoirs. Et s’il y a une chose que tu aimerais encore moins que de devoir supporter un garde du corps, c’est que ton père découvre que tu es en danger.
Elle laissa échapper un souffle agacé.
— Tu as tort. Je préfère avoir affaire à mon père plutôt que de devoir prétendre que tu es mon petit ami.
Il lui adressa un sourire crispé.
— Et moi qui pensais que tu étais une gentille fille qui ne voulait pas aggraver les problèmes cardiaques de son père.
Prise au piège de son bluff, elle lui lança un regard noir. Pendant plusieurs secondes, une lutte interne sembla faire rage en elle. Sa poitrine se gonfla, ses mains se crispèrent et ses épaules se raidirent. Le silence s’installa entre eux.
Puis elle lui donna enfin une réponse.
— J’ai hâte de voir le jour où nous nous séparerons.
— C’est réciproque.
Il tourna sur le talon et se dirigea vers la porte.
— Je vais m’en aller. Je demanderai ton emploi du temps à ta directrice de campagne.
Après tout, il y aurait peut-être des événements auxquels Tessa n’aurait pas jugé utile qu’il soit présent, et Poppy aurait été plus apte à s’en souvenir.
— Je reviendrai quand tu auras terminé à la mairie.
Hamish entra en trombe dans les toilettes pour hommes, heureusement désertes, et fonça dans l’une des trois cabines, claquant la porte métallique derrière lui si fort que toute la structure trembla.
— C’était quoi tout ça ?
Il tournoya sur lui-même et se retrouva face à face avec Enya, qui se matérialisa juste devant lui.
— Qu’est-ce qu’était quoi ? grogna-t-il.
Pendant un instant, il avait oublié qu’Enya l’avait accompagné lors de la première rencontre avec sa protégée – bien qu’elle soit restée invisible tout le temps, comme Cinead l’avait demandé.
Vêtue d’un short noir et d’un T-shirt rouge plutôt moulant, ses longs cheveux blonds tressés et épinglés autour de la tête, un observateur lambda n’aurait jamais deviné qu’elle était une magnifique guerrière, mortelle et sans peur. Aussi bien avec ses mains qu’avec sa langue acérée.
Enya croisa les bras sur sa poitrine et lui lança un regard qui lui disait qu’elle n’accepterait pas une réponse bidon.
— C’est une approche intéressante que tu adoptes avec ta nouvelle protégée, mon pote. J’espère que ça va marcher.
— Tu es mon renfort, alors ne remets pas en cause mon autorité.
En tant que sentinelle, gardien principal de la mission, c’était lui qui donnait les ordres. Enya était sa seconde.
— Je n’oserais pas, répondit-elle.
Son ton disait le contraire, mais il n’avait pas l’intention de se justifier.
Comment Cinead avait-il pu se tromper à ce point dans son évaluation de Tessa Wallace ? L’émissaire qui avait prétendu qu’elle était irréprochable de bout en bout devrait se faire examiner la tête. Tessa était tout sauf cela. Elle se montrait combative et forte en gueule.
— C’est un sacré morceau, cette femme, souffla-t-il en serrant les dents.
— Parce qu’elle n’est pas tombée à tes pieds et n’a pas dit « Oui, monsieur ! » à tout ce que tu disais ? ricana Enya en posant un doigt sur ses lèvres dans un geste simulant la contemplation. Humm. C’est logique.
— C’est quoi ton putain de problème ?
Enya haussa les épaules.
— Je n’ai aucun problème. Parce que je ne laisse pas mes émotions prendre le dessus.
— Moi non plus !
Même si l’opposition de Tessa à ses suggestions l’avait mis en colère. D’une manière purement professionnelle, bien sûr.
— Excuse-moi. J’ai dû me tromper.
Et maintenant, Enya lui tapait sur les nerfs en exagérant, transformant une taupinière en mont Everest.
— Ne t’excuse pas si tu ne le penses pas.
— Tu ne comprends vraiment pas, n’est-ce pas ? demanda-t-elle en secouant la tête, son regard un peu plus doux maintenant.
— Comprendre quoi ?
Elle fit un geste du pouce par-dessus son épaule.
— Une femme qui se présente comme maire ne va pas se laisser faire. La faire se conformer à certaines règles pour que tu puisses assurer sa sécurité va demander un peu de finesse. J’ai toujours pensé que, plus que quiconque, tu avais bien ça à portée de main.
— Je suppose que je me montre maladroit.
À ce moment-là, elle gloussa, un son doux qui lui rappelait pourquoi il l’avait toujours considérée et traitée comme une petite sœur, même si elle avait pratiquement le même âge que lui.
— Tu ferais mieux de te ménager, parce que tu auras besoin de sa coopération si tout ce scénario de faux petit ami fonctionne. Il y a des limites à ce que je peux faire dans l’ombre.
Il leva la main pour l’arrêter. Il connaissait ses devoirs.
— Je n’ai pas besoin qu’on me dise comment je dois me comporter. Ce qui m’amène à tes devoirs.
Détourner la conversation maintenant aurait été préférable. Enya avait déjà remué trop de merde pour une seule matinée.
— Ne t’inquiète pas, je sais comment agir, dit-elle presque ennuyée. Je resterai dans son bureau, je contrôlerai ses visiteurs et le personnel qui entre et sort. Je ne la quitterai pas avant que tu prennes la relève.
— Si elle prend des rendez-vous ou accepte des événements sans les inscrire sur le calendrier ou sans en avertir sa directrice de campagne ou moi-même, j’aimerais le savoir.
— Je comprends. Mais penses-tu honnêtement qu’elle essaierait de se faufiler en douce dans ton dos ?
— Elle n’aimait pas vraiment l’idée que je l’accompagne à chaque événement.
Enya leva les yeux au ciel.
— Elle est intelligente. Elle sait que si elle veut se sentir en sécurité, elle doit rester avec toi. Elle devra juste s’habituer à cette idée. Elle semble être une femme indépendante qui n’a pas l’habitude de demander la permission. Mets-toi un instant à sa place. Aimerais-tu qu’un étranger se présente soudainement pour te dire que tu ne peux pas te déplacer comme tu le souhaites et que tu dois lui demander de prendre toutes les décisions concernant tes déplacements ? Réponse : non, tu n’aimerais pas du tout.
Il grogna, mais il savait qu’Enya avait raison.
— Alors pourquoi ne pas lui faciliter un peu la tâche ?
— Comment ?
— Ne la provoque pas. Elle ne fera que se défendre comme une tigresse en cage.
Les derniers mots d’Enya évoquèrent l’image de Tessa, vêtue d’une tenue moulante, se précipitant sur lui et le jetant sur un lit, le montant, le malmenant...
Putain !
Il se passa une main tremblante dans ses cheveux. Cela faisait longtemps que de tels fantasmes l’avaient quitté. Pas depuis ses retrouvailles malheureuses avec Olivia, une femme que les démons avaient manipulée pour l’atteindre lui. Et il était tombé dans le panneau. Il était tombé amoureux d’elle. Avec acharnement. Mais tout n’était que mensonge. Un mensonge qui avait failli le tuer. Était-ce donc une surprise que, à chaque fois qu’il voyait une femme qui éveillait des sentiments en lui, il se mettait en colère, espérant la faire fuir avant de refaire la même erreur ? Avant de s’impliquer émotionnellement et de laisser ses émotions obscurcir ses décisions.
— ... et peut-être une boîte de chocolats. Ils accomplissent toujours des merveilles. Toutes les femmes les adorent, déclara Enya.
— Quoi ?
Depuis combien de temps était-il perdu dans ses pensées ?
— Pourquoi je m’embête à te donner des conseils alors que tu n’écoutes même pas ?
— J’écoutais, mentit-il.
Elle le regarda droit dans les yeux.
— Alors qu’est-ce que j’ai dit ?
— De lui offrir des chocolats.
— Et ?
Elle serra les lèvres en une fine ligne.
Il s’efforça de trouver une réponse.
— Lui dire quelque chose de gentil.
Visiblement surprise, Enya haussa un sourcil.
— Donc tu écoutes de temps en temps.
Coup de chance ! Après tout, il n’était pas né de la dernière pluie. Il avait fréquenté suffisamment de femmes pour savoir comment en apaiser une : lui faire des compliments et la couvrir de cadeaux. Comment cela pourrait-il être compliqué ?
— Mais n’en rajoute pas trop. Les femmes détectent quand un homme manque de sincérité.
— Enya ?
— Humm ?
— Fous le camp d’ici ! Ma capacité à écouter des conseils à la con a atteint sa limite pour aujourd’hui.
En gloussant, Enya recula avec aisance, franchissant la porte métallique sans l’ouvrir, tandis que son corps devenait invisible.
— Elle a du cran. Peut-être que je peux apprendre quelque chose d’elle.
Il ne pouvait pas la laisser avoir le dernier mot et fit pivoter la porte de la cabine.
— Suis mes putains d’ordres. Si tu ne peux pas te conformer...
Mais Enya était déjà partie. À la place, un homme en costume d’affaires était entré dans les toilettes et le fixait en secouant la tête.
— Mec, pisse en privé. Et pour l’amour de Dieu, arrête de parler à ton truc !
Hamish se dépêcha de passer devant lui en bougonnant, envahi par l’embarras et la colère. Mais ce n’était pas le pire. Devoir jouer le petit ami de cette femme autoritaire, qui ne savait pas quel danger réel elle courait, était de loin le plus gros problème. Cinead s’était trompé : la trahison qu’il avait subie ne l’avait pas vacciné contre l’attirance pour une femme qui suscitait chez lui un désir inexplicable.
Mais il ne prenait pas la responsabilité de cette situation. Non, il avait dans sa manche un bouc émissaire très pratique : le rasen. Chaque Gardien de la Nuit ressentait l’appel de l’accouplement au fur et à mesure qu’il se rapprochait de son deux centième anniversaire. Le rasen, le besoin de trouver une compagne et de procréer, influençait un Gardien de la Nuit de la même façon qu’une chienne en chaleur affectait un chien. Mais Hamish était déterminé à l’ignorer – même si cet appel à l’accouplement se présentait sous la forme de la femme la plus délectable qu’il ait jamais rencontrée.
Le rasen pouvait aller se faire foutre !
Lorsque son assistante Collette, une femme noire toute en jambes d’une quarantaine d’années, passa la tête dans le bureau, Tessa leva les yeux de ses dossiers.
— Tessa, je m’en vais maintenant, déclara Collette. Et tu devrais faire de même si tu veux arriver à la fête à temps. La circulation est infernale. As-tu entendu dire qu’ils ont dû fermer Park Avenue à cause d’une manifestation ?
— Oh, merde !
Tessa referma le dossier et se leva d’un bond de son fauteuil en jetant un coup d’œil à sa montre.
— Je n’avais pas réalisé qu’il était déjà si tard. Merci, Collette. Est-ce que Poppy est toujours dans le bâtiment ?
Peut-être que Poppy pourrait l’accompagner pour éviter qu’elle doive rester seule avec son nouveau garde du corps, qui lui avait envoyé un texto plus tôt dans l’après-midi pour lui dire qu’il viendrait la chercher à l’hôtel de ville pour l’emmener à l’événement.
— Non, elle est partie il y a longtemps. Elle a dit qu’elle participait à des réunions en dehors du bureau. Je crois qu’elle avait prévu de te retrouver à la fête.
Tessa colla un faux sourire sur son visage pour cacher sa déception.
— C’est parfait, merci. Passe une bonne soirée, Collette.
— Toi aussi, Tessa, répondit son assistante, et elle partit en fermant la porte en douceur.
— Bon sang, maugréa-t-elle en ramassant son sac à main.
Le moment était venu de se préparer à partir. Elle vérifia rapidement ses vêtements, s’assurant que son chemisier ne présentait aucune tache, puis enfila sa veste de tailleur grise. Elle avait choisi cette tenue spécialement ce matin, parce qu’elle pouvait la porter à la fois au bureau et à l’événement, et qu’elle n’aurait pas à perdre de temps en passant chez elle pour se changer.
Tessa sortit son poudrier et scruta son reflet. Ses joues avaient-elles l’air un peu rouges ? Elle haussa les épaules. Tant pis si c’était le cas. Elle n’allait pas à cet événement pour gagner un concours de beauté.
Son estomac gronda. Rien d’étonnant à cela. Elle avait sauté le déjeuner pour recevoir plusieurs électeurs inquiets dont les familles étaient impliquées dans les récentes émeutes du centre-ville. Ils étaient hors d’eux, la suppliant de les aider, affirmant que leurs fils n’avaient rien à voir avec les bagarres qui avaient eu lieu lors d’une manifestation. Après deux heures passées à écouter la même histoire encore et encore, elle était épuisée et au bord des larmes. Quelque chose devait changer dans cette ville.
Elle éteignit la lumière en sortant, ferma la porte et la verrouilla. L’antichambre, que se partageaient quatre assistants travaillant pour des membres du conseil, était vide. Elle traversait la pièce lorsqu’elle entendit un bruit derrière elle. Tournant sur elle-même, elle serra instinctivement son sac à main plus fort, espérant l’utiliser comme un bouclier contre un agresseur. Elle se figea. Il n’y avait personne derrière elle ; juste la porte fermée de son bureau et celui bien rangé de Collette à quelques mètres sur sa gauche.
Le cœur battant, elle jeta des regards frénétiques dans toutes les directions, mais elle était seule.
— Merde ! jura-t-elle tout bas.
Elle était vraiment en train de perdre la tête. Elle avait refusé de le reconnaître jusqu’à présent, mais la menace de mort proférée deux jours plus tôt l’avait ébranlée, et l’arrivée du garde du corps lui avait fait prendre conscience de la réalité de sa situation. Quelqu’un n’aimait pas son programme politique, et elle se retrouvait en danger, alors que tout ce qu’elle voulait, c’était ramener la paix et la prospérité dans cette ville. Les habitants de Baltimore avaient besoin d’elle, et elle devait donc gagner cette élection. Et c’était pourquoi – même si elle n’aimait pas l’attitude machiste de Hamish – elle devait jouer le jeu de son garde du corps autoritaire.