Manifeste pour méditer au quotidien - Jean-Baptiste Soulas - E-Book

Manifeste pour méditer au quotidien E-Book

Jean-Baptiste Soulas

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Beschreibung

La méditation, le bien-être, la pleine conscience sont aujourd’hui des mots très à la mode, mais qui restent pour beaucoup chargés d’un certain mystère, voire de pouvoirs magiques !
Pourtant, les concepts sous-jacents qui mènent l’individu vers les chemins de la méditation sont puissants et universels. Dès lors, comment y trouver sa voie au milieu de cet océan d’informations et de suggestions ?
C’est l’ambition de cet ouvrage : partager avec le lecteur des clés actuelles, occidentales et utilisables immédiatement pour lui permettre de cheminer vers les voies de la méditation. S’appuyant sur la pratique du yoga et sur un pragmatisme à la portée de tous, ce manifeste a pour mission de vous accompagner au quotidien.
L’ouvrage est partagé en plusieurs chapitres afin que chaque personne puisse trouver des éléments qui lui parlent. On y trouvera des aspects traditionnels, mais aussi des considérations philosophiques, physiologiques ou physiques, toujours ancrés dans notre actualité.


À PROPOS DE L'AUTEUR


Jean-Baptiste Soulas est professeur de yoga, fondateur d’une entreprise basée sur le bien-être, et intervenant dans une école de commerce. C’est lors du premier confinement de 2020 que l’envie d’écrire s’est fait sentir. A la mode d’un carnet de voyage, Jean-Baptiste a entamé la rédaction de son livre au travers d’articles traitant de différents aspects d’une méditation pragmatique ancrée dans notre vie de tous les jours. Encore aujourd’hui, sa recherche s’enrichit de philosophies, de poésies ou d’arts pour vivre pleinement cette pratique au travers de notre culture occidentale.

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Couverture

Page de titre

Publishroom Factorywww.publishroom.com

À Suzy, qui ma ouvert les yeux vers les voies du yoga.À Thierry, qui m’a guidé sur les chemins de la méditation.À François, Wilfrid, Henri, Robert pour leurs transmissions authentiques.À Marie, ma femme, pour son soutien indéfectible tout au long de ces années de cheminement.

1INTRODUCTION

Les objectifs du livre

L’idée de ce livre a germé lors du premier confinement généralisé en France, entre mars et mai 2020. Pendant cette période de « repos forcé », une réflexion m’est apparue qui deviendra le fil conducteur de cet ouvrage : comment méditer au jour le jour, avec une disponibilité variable, dans un esprit occidental ?

Fort de cette réflexion, ce « manifeste » a pour objectif de fournir au lecteur une sorte de boîte à outils contenant, entre autres, des clés et des applicatifs lui permettant de s’approprier une forme de méditation occidentalisée. Nous le verrons tout au long du livre : beaucoup de philosophes ont déjà posé les bases d’une considération de ces enjeux et de nombreux courants spirituels utilisent déjà la méditation sous diverses formes.

Comment utiliser cet ouvrage ?

Tout au long de ce livre, vous trouverez un grand nombre de petits exercices destinés le plus souvent à illustrer le propos. Ces mises en pratique sont à la fois indépendantes et interconnectées. Elles ont pour vocation de permettre au lecteur de constituer sa séance personnalisée en fonction du temps imparti, de son envie du moment, de son niveau de compréhension, etc.

Les exercices proposés sont certainement loin d’être exhaustifs : ils constituent plutôt un substrat sur lequel s’appuyer pour permettre à tout un chacun de se questionner, de cheminer sereinement et de déployer la routine qui lui correspond le mieux.

Les chapitres

Ceux-ci ont été construits avec l’objectif de conserver une logique et une progressivité du début à la fin de l’ouvrage. Cependant, chaque chapitre – et même sous-chapitre – pourra être lu de manière indépendante en fonction des besoins et des attentes du moment.

Bien que ce livre propose une construction linéaire, il s’agirait plutôt ici de voir les sections comme imbriquées les unes dans les autres, dans une logique circulaire.

Bonne lecture !

Ce livre a pour ambition de vous offrir une vue originale de la méditation, qui s’éloignera un peu de sa dimension orientale pour mieux embrasser sa perspective occidentale, plus ancrée dans notre culture.

Mais il doit surtout rester quelque chose d’agréable à lire, qui devrait permettre au lecteur d’en ressortir avec une forme d’optimisme et de joie !

2QU’EST-CE QUE MÉDITER

Les différents types de méditations

Entre 2020 et 2021, la France a connu un certain nombre d’épisodes de confinement. Délétères pour certains, ressourçantes pour d’autres, ces périodes ont probablement représenté pour tous une occasion de se poser des questions de fond, comme le rapport au monde, au travail, etc.

Cela a certainement aussi permis le développement de la pratique de la méditation, ou en tout cas une meilleure connaissance, et il est certain que les médias ont favorisé son développement.

Ainsi, il est à la fois intéressant et délicat de donner une définition ou une caractérisation de ce qu’est la méditation.

La simple requête qu’est-ce que la méditation ? tapée sur un moteur de recherche donne un grand nombre de résultats, avec – il faut bien le dire ! – une variété de réponses des plus intéressantes aux plus douteuses…

En effet, plusieurs concepts se mélangent dans cette terminologie.

On pourrait certainement distinguer la pensée d’ordre quasi philosophique (cogitatio), la pensée de sagesse (meditatio), ou encore la contemplation, aux connotations quasi religieuses.

Alors, comment s’y retrouver ? Existe-t-il une vraie méditation ?

La méditation type meditatio

En première lecture, et sous un angle « occidental », si la méditation correspond à un état particulier, alors celui-ci devrait pouvoir se mesurer.

Ainsi, il est assez fréquent de voir fleurir des articles décrivant la méditation comme étant avant tout un état modifié de la conscience.

Matthieu Ricard, célèbre moine bouddhiste et grand méditant, s’est lui-même prêté à une série d’expérimentations pour analyser son cerveau lorsque celui-ci s’installe en méditation. Il en est ressorti qu’il avait développé une large présence d’ondes gamma, tout en conservant une excellente connexion entre cerveau droit et cerveau gauche.

Dans ce cadre, de nombreuses pratiques permettent d’atteindre cet état : c’est souvent le cas d’exercices associant souffle et mouvement, avec un travail intégrant en général la lenteur ou la régularité du geste. Cela peut aussi être associé à des visualisations ou des respirations particulières.

Dans cette « famille », on pourra trouver certaines marches méditatives (la marche afghane par exemple), certains kung-fu (le taï-chi par exemple), ou encore les asanas du yoga.

De même, les principes du courant Mindfullness peuvent également être classés dans cette approche. En effet, la philosophie de la « pleine conscience » se retrouve habituellement dans certaines traditions au travers de satipatthâna. Il s’agit par exemple de prendre conscience de ses gestes grâce à un subtil ralentissement de ses actes (marcher, écrire, manger, etc.) afin de maintenir une attention légère, mais en continu, tout au long de la journée.

Toutes ces pratiques constituent ce que l’on pourrait appeler la meditatio (en latin) c’est-à-dire l’art d’appréhender la vie avec un bon état d’esprit, de porter une attention particulière au geste juste, motivée par un calme du cœur et un bel intérêt pour ce qui nous entoure.

Du reste, meditatio en latin a pour origine le verbe meditor, qui signifierait à l’origine « sagesse ».

Cela amène à rapprocher le terme meditatio de la définition de méditation philosophique proposée par Xavier Pavie :

Fondée sur diverses techniques, la méditation fait partie des célèbres exercices spirituels mis en œuvre par les Anciens dont l’enjeu est l’amélioration et la transformation de soi. Loin d’être le moment d’un recueillement, la méditation dans la philosophie recouvre une pluralité d’activités comme le bilan de soi, la préméditation des maux, etc. Elle se pratique à l’occasion d’un dialogue avec autrui, d’une promenade méditative ou encore d’une certaine pratique de l’écriture.

Cependant, même si meditatio est essentiel pour installer la méditation, il reste malgré tout une entrée en matière nécessaire, mais insuffisante, si l’on veut poursuivre une recherche approfondie.

En effet, les textes traditionnels classifient ces pratiques sous diverses catégories ayant pour objectif « l’éveil spirituel ». Même si cette vision est très marquée par le bouddhisme, elle est aussi présente dans la plupart des cultures. Cet état est souvent marqué par la disparition du désir et des illusions que l’on se fait et l’apparition d’une forme de béatitude.

L’antichambre de cette « réalisation » est la contemplation.

La contemplation

À y regarder de plus près, la méditation est aussi souvent liée à des pratiques religieuses ; on la retrouve donc dans les religions bahaïste, bouddhiste, chrétienne, hindouiste, jaïniste, juive, musulmane, sikhe…

Or, fréquemment, ces exercices présentent plusieurs caractéristiques supplémentaires au type méditatio :

–elles sont souvent liées à une dimension mystique, voire monastique ;

–elles se pratiquent toujours dans une certaine forme d’immobilité ;

–elles s’accomplissent souvent en silence.

Concernant la dimension mystique, si l’on regarde par exemple l’oraison mentale pratiquée chez les moines chartreux et les Carmélites, on remarque qu’elle consiste en une prière par laquelle nous nous tenons en relation, dans la foi, avec Dieu grâce à un travail de notre volonté, de notre intelligence ou de notre imagination (méditation) dans une attitude d’attention simple et aimante à Sa présence en nous (contemplation).

Or, il s’avère que la contemplation telle que décrite dans cet ouvrage revêt une grande similarité.

Nous conviendrons que la contemplation advient lorsque l’état de concentration, de détachement et de lâcher-prise permet au pratiquant de percevoir la beauté cachée et l’harmonie du monde pour mieux comprendre la vacuité de l’existence. Cet état donne alors une dimension nouvelle à l’être comme devenant « étant » et non plus seulement « être ».

S’agissant de la question de l’immobilité, celle-ci est avant tout externe : ce que l’on cherche à rendre immobile, c’est l’idée de « faire quelque chose ». Mais cela ne signifie pas forcément « ne rien faire ».

Ainsi se développe l’idée que contempler, c’est intégrer le mouvement dans l’immobilité.

Celle-ci semble logique : après tout, même assis sur un coussin, on respire, nos organes fonctionnent, etc. La vie implique le mouvement, si infime soit-il.

Car au-delà de cette vision organique, l’immobilité permet surtout d’ouvrir une nouvelle fenêtre sur le monde via l’art d’observer. Contempler, c’est regarder notre monde interne et le monde qui nous entoure comme si l’on regardait une peinture.

Or, cette observation ne saurait être passive ; une grande activité intérieure doit se développer, centrée sur l’idée de ne pas faire. C’est ainsi que grandit un état dichotomique constitué d’une densification de notre présence et de la vacuité de notre existence.

La contemplation devient alors vivante, habitée.

Ainsi, on pourrait résumer que même si notre corps est passif, il reste réceptif et attentif pendant que notre cœur, lui, reste actif.

Dans le cas contraire, c’est l’endormissement assuré

Agir dans la non-action

Grâce à ce tour d’horizon, on comprend bien que « méditer » prend différentes formes, basées essentiellement sur la question de l’action et de la non-action.

Pour revenir à nos vies bien remplies, comment peut-on développer ces méditations ?

C’est assurément un travail qui peut aisément s’intégrer dans notre quotidien par le biais de quelques aménagements mineurs.

La méditation implique par exemple de légèrement ralentir notre mouvement, de ressentir notre respiration, de s’accorder des moments de silence, de prendre plaisir à sentir, écouter, manger, etc.

C’est par ce travail au jour le jour que grandit l’idée de se recentrer sur l’essentiel ; en somme, retirer le superflu pour se concentrer sur les choses importantes.

Petit exercice pour ressentir l’état d’esprit

Pour ressentir l’état d’esprit de meditatio, vous pouvez vous installer confortablement à la fenêtre et regarder le monde extérieur en prenant conscience que vous observez : « Je contemple l’extérieur », pourriez-vous vous dire.

L’idée est de ne pas juger ou avoir un avis sur la situation.

Lors de cette observation, prenez conscience de votre respiration, sentez votre corps se détendre ; vous pouvez éventuellement fixer un élément du décor, un nuage par exemple.

Laissez faire. Généralement, 3 minutes de pratique suffisent pour prendre conscience de l’état recherché.

Il est intéressant de pratiquer ce « réalignement » plusieurs jours de suite : cette non-action donne des résultats intéressants sur notre efficacité et notre capacité à prendre du recul tout au long de la journée.

La méditation est plurielle et revêt plusieurs formes en fonction de ce que l’on recherche pour soi. Cette diversité permet entre autres d’adapter sa pratique en fonction de son activité ou du moment de la journée.

Comme nous pourrons le voir par la suite, le cœur de cet exercice se situe dans une certaine volonté ; celle en particulier de prendre du recul, d’adopter le bon état d’esprit pour retrouver son alignement, sa respiration et sa sérénité. Cela forme une base solide pour cheminer vers la tranquillité du cœur et de l’esprit.

3MÉDITER, UNE DÉMARCHE ARTISANALE

L’artisanat, moteur de la méditation

Lorsque l’on pense « artisanat », assez rapidement viennent en tête la menuiserie, la plomberie, la boulangerie ou encore la boucherie.

Et pourtant, dans l’approche, le mode de transmission ou les principes mêmes de fonctionnement, l’artisanat trouve toute sa place grâce à des pratiques telles que la méditation ou le yoga.

En quoi l’artisanat constitue-t-il une méthodologie adaptée à la méditation ?

L’artisanat, définition

Pour comprendre les liens, revenons à la définition : qu’est-ce que l’artisanat ?

Nous conviendrons que ce dernier peut se qualifier comme le fait de transformer un savoir en un produit et/ou un service par le « faire ».

Le savoir

S’agissant de la question du « savoir », nous pouvons définir qu’il s’agit d’une somme de connaissances accumulées et utilisables par quelqu’un qui ne serait pas forcément un expert. Derrière l’acquisition de ce savoir, il y a la question de la transmission et de la culture humaine.

Par exemple, nous savons tous que la Terre est ronde (nous l’avons appris), mais prouver cette vision contre-intuitive par soi-même peut devenir délicat. Pour autant, les Grecs avaient déjà démontré cela il y a plus de 2 000 ans…

Le faire

La grande caractéristique de l’artisanat tient essentiellement dans l’action manuelle et personnelle du façonnier. C’est cette étape qui va apporter la « patte » et rendre le produit ou le service presque unique. Le savoir se transforme en passant par cette action de « faire ».

Il arrive un moment où l’apprentissage théorique ne suffit plus. Il faudra donc « mettre la main à la pâte » pour s’améliorer.

Savoir et faire sont donc les deux principes fondateurs du bon artisan. Et pour paraphraser le dicton c’est en forgeant que l’on devient forgeron, nous pouvons aisément comprendre que c’est en méditant que l’on devient méditateur.

L’artisanat dans la méditation

La méditation trouve ses racines et sa philosophie dans des textes étonnamment modernes, faisant écho à des éléments actuels : la valeur du travail solitaire, le calme du cœur, la recherche de son éthique ou de ses valeurs.

Pour autant, celle-ci ne développera ses qualités qu’au moyen d’un travail régulier, car ses principes sont autant de germes qui ne demandent qu’à grandir. C’est grâce à un exercice quasi quotidien que le résultat pourra s’apprécier.

C’est ainsi que le faire au travers de la pratique pourra en retour se nourrir du savoir via des lectures enrichissant ainsi sa compréhension globale. La constitution d’un continuum devient claire et presque sans fin.

Ainsi, chaque professeur, chaque pratiquant, peut devenir à son tour le garant d’un savoir-faire authentique et traditionnel en apportant sa propre couleur à l’art, sans pour autant dénaturer la somme des savoirs et des faires que ses prédécesseurs lui ont transmis.

Conserver « l’esprit » de l’artisanat

À côté de l’artisanat se trouve une limite floue et plus hasardeuse : la répétabilité formant une sorte de « manufacturisation » de la pratique.

Souvent, l’enjeu part du même constat : comment fournir quelque chose de « standardisé » auprès d’un public de plus en plus large ? Même si l’intention de départ est louable et compréhensible, cette notion finit par faire perdre le sens même de l’art. En effet, un processus de répétition dans la méditation tend à appauvrir la pratique individuelle par le biais d’exercices normalisés et souvent peu adaptés aux spécificités et sensibilités de chacun.

La méditation doit conserver une fraîcheur à chaque nouvel atelier, comme si l’on pratiquait pour la première fois. Même si l’exercice n’est pas parfait, le méditant se devra de conserver l’esprit d’un savoir-faire authentique en y intégrant son style, mais en questionnant aussi la véracité des assertions transmises.

Dans ce cas, une pratique de groupe, réalisée dans un esprit d’échange, d’apprentissage mutuel et d’ouverture pourra apporter une réelle richesse aux participants.

Avec de l’exigence, de l’humilité et de la bonne humeur, l’artisan de méditation, constamment, sans perdre courage, vingt fois sur le métier remettra son ouvrage.

4COMMENT SE DÉROULE UNE SÉANCE DE MÉDITATION

La méditation : partout et tout le temps

Comme nous avons pu le voir préalablement, les séances de méditation peuvent revêtir plusieurs formes en fonction du niveau de progression, du moment de la journée ou encore de l’objectif.

Pour une séance adéquate, il est important de cultiver un esprit sain et un corps sain. C’est ainsi que la pratique du yoga ou de certains sports peut être privilégiée comme préparation active aux méditations, car l’effort physique constitue un travail préparatoire important.

Comment dès lors articuler les séances de méditation par rapport aux autres activités ?

Quand et comment méditer ?

En préliminaire, il est important de tordre le cou à une idée reçue : méditer ne consiste pas uniquement à s’installer en position du lotus ou zazen, puis à fermer les yeux face à un mur blanc !

Méditer est avant tout une question d’état d’esprit dans lequel l’utilisateur « plie le paravent de l’ego pour laisser apparaître le diamant du soi ». Souvent se cache un travail au long cours, qui ne peut se résumer à une séance hebdomadaire, comme lors d’une séance avec un professeur de yoga.

Cette question de l’ego possède un lien fort avec la notion de divertissement. Le célèbre Blaise Pascal en parle dans ses Pensées :

J’ai dit souvent que tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre. […] Mais quand j’ai pensé de plus près et qu’après avoir trouvé la cause de tous nos malheurs j’ai voulu en découvrir la raison, j’ai trouvé qu’il y en a une bien effective et qui consiste dans le malheur naturel de notre condition faible et mortelle, et si misérable que rien ne peut nous consoler lorsque nous y pensons de près.

En ces temps incertains et en sortie de contagion, cette pensée prend une dimension très actuelle. Pour ce philosophe, ne rien faire nous est impossible. En effet, si de telles conditions se produisaient, nous risquerions de nous retrouver sans stratégie de défense (de type égotique) laissant apparaître la vacuité de notre existence.

Sans préparation, cela nous est insupportable…

Notre esprit est une formidable machine à construire des défenses : lorsque cette angoisse se fait sentir, nous mettons en place toutes sortes de divertissements (jeu, travail, écran, sport, etc.).

Comment faire pour inciter notre esprit à baisser la garde ? La méditation peut être une réponse.

Le moine bouddhiste Yongey Mingyour Rinpoché définit cet état comme le petit singe à divertir que nous avons dans la tête. Lorsque notre esprit est vacant, nous avons tendance à occuper l’espace vide par des pensées futiles qui encombrent notre mental.

La première étape consiste donc tout simplement à prendre conscience que l’air entre et sort de notre corps. Cette étape constitue la part la plus importante de la méditation. En outre, elle peut se pratiquer partout et tout le temps.

Elle permet entre autres de baisser le niveau de divertissement pour laisser apparaître notre moi profond, souvent enfoui, avec toute sa richesse et sa fragilité.

Un esprit sain dans un corps sain

Pour parfaire les dispositions nécessaires à une séance de méditation, on peut revenir aux notions du yoga par le biais de ses 8 membres (ashtanga, « ashta » : huit & « anga » : membres) :

Ces principes, détaillés dans le Yogasütra (Patanjali), décrivent les éléments clés nécessaires à la mise en place d’une méditation pérenne.

Bien que ces branches soient décrites de manière linéaire et progressive, elles doivent plutôt se voir comme une toile, où chaque élément influe sur les autres, comme des cordes fonctionnant à l’unisson.

On retrouve donc :

–yama : une discipline sociale par l’application d’une éthique personnelle ;

–niyama : une discipline personnelle par la recherche d’une droiture et d’une vie simple ;

–asana : la pratique sportive et les étirements pour rechercher une assise physique et mentale ;

–pranayama : le travail du souffle et le calme du cœur.

Volontairement, seuls 4 des 8 membres seront décrits dans cet ouvrage, car ceux-ci constituent la base sur laquelle s’appuyer pour poursuivre le cheminement vers la méditation.

Souvent, les pratiquants de yoga imaginent que ces éléments forment une sorte d’exclusivité indienne et ne peuvent donc être pratiqués qu’à travers le prisme des étirements. Cela est inexact : une pratique sportive, appliquée avec les principes de recherche de calme du cœur, de lâcher-prise et d’équilibre, possède en soi tous les germes pour mettre en place la méditation.

Ne cédons donc pas au chant des sirènes d’un orientalisme rigoriste ; rappelons-nous simplement quelques préceptes que l’on retrouve dans les philosophies antiques, comme simplement se réjouir de sa journée, pratiquer des activités, avoir une vie saine pour conserver une bonne santé physique et mentale.

Séance type

Même si la pratique de la méditation peut prendre diverses formes, nous allons décrire ici les éléments importants d’une séance typique. Ceux-ci forment la base pour construire sa propre routine.

En premier lieu, il est conseillé de placer sa séance de méditation à bonne distance des repas. Pendant la digestion, le sommeil risque de prendre le pas sur une certaine lucidité mentale et sur la tonicité musculaire. Le risque est de tomber dans une phase léthargique plutôt propice à la sieste.

Quatre périodes sont donc réellement favorables dans la journée : le matin avant le petit-déjeuner, pendant la pause déjeuner avant le repas, vers 17 h, ou vers 22 h 30.

Un tel moment doit commencer par une phase de mobilisation articulaire ; celle-ci est souvent constituée de postures de yoga douces, d’exercices de respiration, de phases de lâcher-prise. On peut en particulier commencer par la « salutation au soleil » qui regroupe tous ces éléments pour une bonne installation.

Exemple de salutation au soleil

Il est aussi important d’être dans de bonnes dispositions : méditer, c’est comme s’installer dans son petit nid. Il faut souvent un endroit confortable, propice à la relaxation, comme un coin où l’on aimerait lire un bon roman, tout en cocooning.

Après la mobilisation articulaire, on peut poursuivre avec une introspection personnelle grâce au OM (émission d’un son qui s’apparente à [OM] ; cela est décrit en chapitre 7, dans la partie intitulée « Le chant et le OM »), puis éventuellement avec l’usage de bol tibétain, de cymbales, etc.

Vient enfin la phase de méditation. Pour celle-ci, la meilleure posture pour commencer est probablement d’être assis en tailleur. Pour soulager le bas du dos, vous pouvez utiliser une sangle qui passerait le long des genoux et derrière la colonne.

La méditation se fait en silence, avec le minimum de stimuli extérieurs. Lors de cette phase, plusieurs exercices existent (visualisation, souffle, etc.). On peut simplement commencer par placer sa conscience sur son ventre qui se gonfle et se dégonfle au gré de la respiration. Veillez à ne mettre aucun effort ou retenue dans votre mouvement.

Parfois, il arrive que des pensées ou des émotions surgissent. Ce n’est pas grave : on dit que « les nuages passent ». Le mieux est de les regarder passer, comme si vous étiez allongé dans l’herbe.

Une séance de méditation est quelque chose qui se prépare bien en amont de la session en elle-même. Comme la réalisation d’un petit nid, ce moment nécessite une disponibilité physique et mentale qui se construit petit à petit.

La meilleure façon d’installer cette aptitude est paradoxalement de méditer partout et tout le temps : c’est en forgeant que l’on devient forgeron.

Souvent, de belles séances bien préparées sont en réalité l’aboutissement de dizaines de petits instants journaliers où seulement 2 minutes suffisent pour prendre conscience de sa respiration et du plaisir que cela procure !

Les pratiques sportives en pleine nature peuvent aussi renforcer ce goût de bien respirer et de ressentir le bonheur de contempler un beau paysage après l’effort. C’est aussi cela, méditer.

5LA RELAXATION ET LE LÂCHER-PRISE

De la relaxation physique au lâcher-prise mental

Dans l’imagerie populaire, la méditation est souvent rattachée au lâcher-prise et à une certaine forme de sagesse acquise au fur et à mesure du temps passé assis en position du lotus. Ainsi, on imagine le méditant en habit orange, installé au milieu d’un champ, les yeux mi-clos, inspirant une forme de détente très enviable !

En réalité, cette pratique forme un tout dans lequel plusieurs éléments sont indispensables : un travail sur le physique, la respiration, une écoute de son corps, etc. La relaxation et le lâcher-prise font bien entendu partie de ce corpus, mais n’en représentent qu’une partie.