Mémoires du chevalier de Fréminville - Eugène Herpin - E-Book

Mémoires du chevalier de Fréminville E-Book

Eugène Herpin

0,0

Beschreibung

Le récit étonnant de la vie d'un personnage haut en couleurs !

Appelé familièrement « la chevalière » parce qu'il avait pris l'habitude, sur ses vieux jours, de s'habiller en femme en souvenir d'une jeune femme créole qu'il avait aimée, le chevalier de Fréminville fut une des figures les plus curieuses du XIXe siècle. Entré dans la marine en 1801, il prit part à l'expédition de Saint-Domingue. Après 1831, il se spécialisa dans les antiquités de Bretagne.

L'auteur s'inspire librement des mémoires de Fréminville pour nous raconter sa vie de voyages.

EXTRAIT

Mon amour de la mer, de précoces lectures de voyages, un goût inné pour les sciences naturelles, décidèrent de ma vocation de marin, — marin au service de l’Etat, car j’eus toujours une instinctive répugnance du commerce.
Nous habitions Paris. Quand j’approchai de ma quinzième année, mon père fut parler à des amis qu’il avait au ministère de la Marine. Grâce à leur protection, je reçus un brevet de volontaire ou élève. C’était en novembre 1801.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Eugène Herpin, né le 11 avril 1860 à Saint-Malo, mort à Paramé (aujourd'hui Saint-Malo) le 22 février 19422 est un avocat et historien local français.

Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:

Android
iOS
von Legimi
zertifizierten E-Readern

Seitenzahl: 317

Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:

Android
iOS
Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.



AVERTISSEMENT DE L’ÉDITEUR.

Cet ouvrage respecte scrupuleusement le texte original. Cependant les coquilles typographiques et quelques fautes d’orthographe ont été corrigées. L’éditeur attire l’attention du lecteur sur le fait que l’orthographe de référence étant celle de l’époque de parution de l’ouvrage, elle peut heurter l’usage actuel.

 

MÉMOIRESduCHEVALIER DE FRÉMINVILLE

EUGÈNEHERPIN

MÉMOIRESDUCHEVALIER DE FRÉMINVILLE(1787-1848)

CLAAE2006

EAN eBook : 9782379110511

CLAAE

France

FRÉMINVILLE(Christophe-Paulin de la Poix, chevalier de)

Né en 1787 à Ivry-sur-Seine, où son père était ingénieur.

Il entra dans la marine militaire en 1801. Comme novice, sur « L’Intrépide », Il prend part à l’expédition de St-Domingue.

A son retour, il est nommé enseigne de vaisseau. Embarqué en 1806 sur « La Sirène », Il fait campagne dans les mers polaires, revient en France en 1807.

Devient lieutenant de vaisseau en 1811. Accueille vivement la Restauration.

Navigue ensuite sur la Baltique, les côtes d’Afrique et en Amérique.

Fréminville, en 1827, passe capitaine de frégate, à l’ancienneté.

En 1830, il tenta un soulèvement légitimiste dans les Côtes-du-Nord.

Mis à la retraite en 1831, Il ne s’occupa plus que d’histoire et d’archéologie.

On lui doit les « Antiquités de Bretagne », une « Histoire de Du Guesclin », une édition du « Combat des trente » et une du « Voyage dans le Finistère », de Cambry.

Mort à Brest en 1848. Il a laissé des « Mémoires » et autres ouvrages.

Ce fut un personnage des plus curieux et d’une grande originalité.

A la vie rude du marin et à la vie sérieuse du savant, il ajouta celle plus frivole de femme du monde. Il avait pris l’habitude de revêtir le costume féminin, qu’il portait d’ailleurs avec une suprême élégance ; se montrant ainsi au spectacle, au bal, à la promenade, provoquant partout l’admiration et semant le doute sur sa personnalité.

Il était souvent appelé : la Chevalière.

(Le portrait ci-dessus est très probablement son œuvre).

AVANT-PROPOS———

Christophe Paulin de la Poix, chevalier de Fréminville — la chevalière, comme on l’appelait souvent — fut une des figures les plus originales et les plus curieuses du siècle dernier.

En réalité, il y eut, en lui, trois personnages fort divers. Il y eut le marin. Il y eut le savant, c’est-à-dire le naturaliste, l’archéologue et l’écrivain. Il y eut l’excentrique.

Sa famille, de bonne noblesse, était originaire de Bourgogne. Elle portait, d’azur au chevron d’argent, accompagné de trois coquilles d’or, au chevet de même, chargé de trois bandes de gueules, avec cette devise : En Avant !1. Longtemps, elle avait habité, près de Macon, le château de l’Aumusse, ancienne commanderie de templiers.

Son père était ingénieur, et résidait à Ivry-sur-Seine. C’est là que naquit le chevalier, le 23 janvier 1787. Tout enfant, son goût des voyages l’attira vers la carrière de marin, qu’il embrassa, dès l’âge de quatorze ans.

Nous sommes en 1801. Dans sa réforme générale de la marine, opérée l’année précédente, Bonaparte, avait éliminé de cet ancien corps d’élite, la bande de patriotes que la Révolution avait élevés jusqu’aux plus hauts grades. Il avait rappelé les officiers de l’Ancien Régime, désireux de reprendre leur poste 2, et avait offert, en vue du recrutement, aux jeunes gens instruits et honorables, toutes les facilités, pour embrasser cette carrière.

Cette réorganisation était la conséquence même des événements politiques. Si, en effet, les victoires de Bonaparte avaient pacifié l’Europe, l’Angleterre restait toujours hostile, et, en vue d’une descente sur les côtes de Grande-Bretagne, une flottille et des troupes avaient été concentrées, à Boulogne et sur les côtes voisines.

Au début, ces forces étaient peu importantes. Les soldats campés, sur les hauteurs dominant la ville, ne dépassaient pas quatre mille. Quant à la flottille, elle se composait de 15 canonnières, 5 bombardes, et une trentaine de bateaux plats 3.

L’Etna, armé de six pièces de 18, était la principale de ces canonnières.

Le commandement en chef de ces forces, avait été donné au contre-amiral La Touche-Tréville, un des officiers les plus distingués de l’ancienne marine royale.

Cette nomination fut une heureuse circonstance, pour le jeune Christophe, dont le père était ami personnel du nouveau commandant en chef.

M. de Fréminville se rendit au ministère, où il avait des relations, fit admettre son fils comme volontaire de marine, et partit pour le camp de Boulogne, où il le présenta à La Touche-Tréville.

« M. de La Touche », dit le jeune chevalier 4. « couchait toujours au camp, dans une baraque de planches, revêtue de gazon, et dont l’intérieur était divisé en trois pièces : une antichambre servant en même temps de salle à manger, une chambre à coucher, et le cabinet de l’amiral où travaillait son secrétaire ».

M. de La Touche fit au jeune chevalier le plus cordial accueil, déclara qu’il se chargeait de son avenir, et l’attacha à son état-major, en qualité de sous-adjudant.

Cet état-major était logé, à côté de son chef, dans une baraque également en planches, et tapissée de gazon. Il se composait de MM. Fleury, Jarville et Leroy, aides de camp, ainsi que de Dom Francisco Miratès, capitaine de la marine espagnole, qui remplissait les fonctions de chef d’état-major.

Pendant un mois, le jeune Christophe vécut, mêlé à toutes les réceptions, tous les banquets et les bals qui se succédaient au camp.

Cependant, des hauteurs du camp, il allait, parfois, regarder nos navires qui échangeaient des coups de canon avec ceux de l’ennemi, et il se disait que ce n’était pas, en dansant avec les jolies Parisiennes qui venaient égayer toutes ces fêtes, de leur charme et de leur élégance, qu’il deviendrait un Suffren ou un Duguay-Trouin.

Un beau matin, prenant son courage à deux mains, il alla trouver son protecteur, et lui demanda la faveur d’aller au feu.

Alors, le projet de Nelson était d’enlever à l’abordage, en l’accablant sous le nombre, la petite flottille française, que les Anglais traitaient dédaigneusement de « coquilles de noix ». Pour réaliser ce plan, l’amiral anglais avait réquisitionné toutes les embarcations des smugglers5, disséminées de Douvres à Déal. Ces embarcations, flottant au raz de l’eau et garnies d’avirons silencieux, étaient remarquablement propres au coup de main projeté.

Le 15 Août, l’amiral La Touche-Tréville déjeunait avec quelques invités, parmi lesquels le père du chevalier, dans sa cabane de planches et de gazon. La conversation roulait sur les manœuvres inusitées de la flotte anglaise.

Tout à coup, jetant les yeux sur son jeune aide de camp, M. de La Touche dit à M. de Fréminville, père :

— Parbleu ! mon cher ami, voici une excellente occasion de mettre notre jeune homme à l’épreuve, et de lui faire gagner ses éperons, puisqu’il en a tant envie.

M. de Fréminville répondit qu’il ne pouvait qu’applaudir à ce projet.

— Et vous, M. le garde-marine, ajouta M. de La Touche, en s’adressant au jeune chevalier, êtes-vous toujours en dispositions belliqueuses ? L’affaire sera chaude, je vous en avertis.

— Ah ! mon général, répartit l’enfant, tant mieux ! Je suis très frileux de ma nature, et serai ravi de me chauffer.

— Bien ! Bien ! jeune homme, voilà comment on doit causer.

Ce disant, le général se fit apporter un ordre d’embarquement, au nom de Fréminville, sur la canonnière l’Etna, et fît écrire à M. Pevrieux commandant la ligne d’embossage, qu’il lui envoyait un aspirant, pour renforcer son état-major.

Transporté de joie, Fréminville embrassa son père, salua l’amiral, et sauta dans le canot-major qui le conduisit à bord de l’Etna.

Le capitaine Pevrieux était un gascon, aux longs cheveux blancs. Il se promenait sur le gaillard d’arrière de son navire, avec son capitaine de pavillon, M. Le Brettevillois, quand il vit arriver le jeune chevalier.

Celui-ci qui, avec son joli minois aux traits fins et délicats, avait l’air d’une jeune fille déguisée en marin, présenta au vieil officier, en le saluant avec élégance, le pli de l’amiral. Pevrieux, ayant dévisagé l’enfant, de haut en bas, s’écria en gasconnant :

— Eh ! cravatte de Dieu ! est-ce que La Touche plaisante de vous envoyer ici, en ce moment. Il ne s’agit pas de jeu d’enfant. Puisque vous êtes son protégé, il aurait bien dû attendre, et ne pas vous exposer ainsi, dès le début de votre carrière !

— Commandant, c’est justement parce que l’amiral me protège qu’il a bien voulu me permettre de faire, sous vos ordres, mon apprentissage, dans un moment qui peut être dangereux pour moi, mais, par là même, non sans gloire. D’ailleurs, c’est moi-même qui ai sollicité, avec instance, l’honneur d’être embarqué à votre bord, afin de faire mes premières armes, en profitant de votre exemple.

M. Pevrieux était borgne. L’œil qui lui restait s’anima :

— Sandis ! vous êtes un brave enfant, et puisque c’est de vous-même, que vous êtes venu, sur l’Etna, vous y êtes le bienvenu. Je vous mettrai, en lieu et place, pour montrer votre bonne volonté. Remettez, à Monsieur, votre ordre d’embarquement.

M. Le Bretteville prit le pli que lui tendait le jeune chevalier, et alla présenter ce dernier, aux aspirants, ses nouveaux camarades.

A bord, on se préparait au combat. Sur le pont, on apportait des fusils tout chargés, des piques, des sabres et des haches. Autour de la coque extérieure du navire, on tendait de larges filets, destinés à paralyser l’abordage que projetait l’ennemi.

Le soir tomba, sur une mer unie comme un miroir. Personne ne se coucha. A minuit, on entendit un bruit étouffé d’avirons. Toute une flotte d’embarcations approchait, en silence. Tout à coup, en partit un formidable hurrah, suivi d’une fusillade nourrie. Gorgés de punch, les Anglais s’élançaient à l’abordage. Tandis qu’ils essayaient de se dégager des filets, les Français les tiraient à bout portant, et les lardaient à coups de pique. En même temps, une pluie de grenades tombait sur leurs péniches.

Posté dans la grand’hune, Fréminville avait pour consigne de lancer des boulets, à tour de bras, sur les têtes des Anglais. Fort adroit au jeu de balle, il s’en tira à merveille.

Au bout de deux heures, les assaillants envahirent le pont de l’Etna. Alors, descendant de sa hune, le jeune chevalier mit sabre au clair, et se jeta dans la mêlée.

« J’eus la joie », dit-il, « de faire quelques entailles, et le bonheur de n’en point recevoir. Je m’escrimai, contre un grand efflanqué de midshipman blond, blême et flegmatique, qui, au milieu de ce hourvari, ne paraissait pas plus ému que s’il eut été bien tranquillement dans sa chambre. Je lui mis le poignet à bas. Il me cria aussitôt qu’il se rendait, mais il fut secouru et emmené par ses matelots. »

Après quatre heures de lutte, l’ennemi abandonna la partie. Il avait perdu plus de cinq cents hommes, tués ou noyés, ainsi que la plus grande partie de ses péniches.

Il était quatre heures et demie du matin. La mer, dorée par le soleil, était jonchée de débris. Quelques embarcations anglaises, à demi démantelées, regagnaient péniblement leur escadre.

« Ce fut là, ajoute Fréminville, le résultat des bravades de Nelson 6. Les lords et les ladies, venus sur leurs yachts élégants, pour jouir de l’enlèvement des coquilles de noix françaises, en furent pour leurs frais, et retournèrent, dans la Tamise, cacher leur désappointement.

Aussitôt qu’il connût cette victoire, Bonaparte envoya à M. La Touche-Tréville 12 haches d’armes, 13 grenades et 6 fusils d’honneur. La distribution en fut faite, en grande pompe, sur la plage, et les Anglais purent, avec leurs longues-vues, suivre tous les détails de cette manifestation militaire.

Tel fut le premier combat du chevalier de Fréminville.

Quelques mois après avoir ainsi reçu le baptême du feu, il obtint, grâce à ses protections, un embarquement pour Saint-Domingue, en qualité d’élève de marine. Des 17 élèves qui avaient fait partie de cette malheureuse expédition, quatre seulement revirent la France. Fréminville fut assez heureux pour être de ce nombre.

Subtil observateur, il avait consigné, au jour le jour, les dramatiques événements dont il avait été le témoin, et ce fut son vaisseau, — véritable vaisseau-fantôme — qui ramena Pauline Bonaparte, et le cercueil de son mari, le général Leclerc.

Les mémoires de Fréminville, signalés à tort comme perdues 7, sont entre nos mains 8. Ils offrent un intérêt historique de premier ordre. C’est le récit de l’expédition de Saint-Domingue, extraite de ces curieux mémoires, qui forme la première partie de notre étude.

De retour de Saint-Domingue, Fréminville fut envoyé au camp de Boulogne, où il reçut, bien que n’étant pas encore officier, le commandement d’une péniche. Ce fut sur celle-ci, que Bonaparte visita la flottille française.

Entendant prononcer le nom du jeune chevalier, il lui dit :

— Vous êtes noble ? Monsieur.

— Général, je l’étais. Aujourd’hui, je ne le suis plus que de cœur.

La réponse plut à Bonaparte qui, lui tendant la main : — C’est bien ! Je vous fais officier.

Au mois de mars 1806, le gouvernement français, étant en guerre contre l’Angleterre, résolut d’envoyer une division de frégates, dans les mers voisines du pôle Boréal, afin d’y détruire tous les navires ennemis, qui s’y livraient à la pêche à la baleine.

Le projet et le plan de cette campagne avaient été conçus et présentés au ministère, par M. Le Duc, capitaine de frégate, qui avait accompli déjà plusieurs voyages, dans la mer Glaciale. Sur la demande du Bureau des Longitudes, le ministre ajouta, à ses instructions, l’ordre de lever des cartes et des plans des côtes où aborderait l’expédition, d’en déterminer les points les plus remarquables, d’en fixer la position géographique, et de s’approcher, le plus près possible du Pôle Nord.

Fréminville, alors enseigne de vaisseau, se trouvait à Boulogne, depuis dix-huit mois. L’innombrable flottille, avec laquelle Bonaparte avait longtemps menacé l’Angleterre, venait d’être en partie désarmée. Fréminville se morfondait au bureau de la Majorité, auquel il était attaché. M. le Duc avait connu Fréminville, à Boulogne, et savait sa remarquable aptitude pour les sciences,

C’est pourquoi, il demanda au ministre de le charger des observations astronomiques et des travaux géographiques de l’expédition. En dépit de son jeune âge, ce poste de confiance lui fut accordé.

Le voyage se prolongea, jusqu’à la fin de septembre 1806. La petite flottille visita d’abord le Spitzberg, et fut contrainte, par les glaces, de se réfugier dans la baie de Patriafiord, en Islande. Fréminville profita de cette escale, pour en explorer tous les environs. Il eut la bonne fortune, au cours de ses pérégrinations, d’identifier un certain nombre de pyramides de huit à dix pieds, formées de dalles basaltiques et de morceaux de lave, que le contre amiral de Kerguelen avait prises pour des vigies, et qui étaient, en réalité, d’anciens monuments consacrés au culte d’Odin.

Après mille dangers, l’expédition, réduite de moitié, revint en France. Ne pouvant entrer, en raison des événements politiques, ni dans le port de Brest, ni dans celui de Saint-Malo, elle se réfugia, dans la petite rivière du Trieux. C’est, de là, que Fréminville partit, pour le Ministère, y apportant les plans, les cartes et le journal qu’il avait dressés, au cours de ce périlleux voyage.

Le Ministre ordonna la remise de ces documents, au dépôt des Cartes et Plans, félicita chaudement le jeune savant, et lui confia, séance tenante, la mission de lever, sur une grande échelle, un plan détaillé de la rivière du Trieux, de Lézardrieux jusqu’à l’île Bréhat 9.

Quelques années plus tard, amené par son service, dans le port d’Anvers, il s’y occupa d’intéressantes recherches archéologiques. Depuis longtemps, il était associé, comme correspondant, à l’Académie Celtique et à la Société Philomatique de Paris. Il décrivit la pyramide, sur laquelle est dessinée une main coupée symbolisant, croyait-on alors, le nom flamand de la ville d’Anvers, ainsi que divers autres monuments anciens 10.

Au début de la seconde partie du tome IIIe de ses mémoires inédits 11, le chevalier de Fréminville s’exprime ainsi :

« Un long espace de temps s’écoula, entre mon voyage au Pôle Boréal, et celui que je vais décrire. Dans cet intervalle, de bien grands événements politiques se succédèrent. Des trônes renversés, et d’autres restaurés sur des ruines, signaleront à jamais, dans les fastes de l’histoire, les vingt premières années du XIXe siècle.

Au milieu de tous ces conflits, la marine française dépérissait. L’empereur Napoléon qui, lors de son avènement, avait fait quelque effort, pour la relever, n’avait pas tardé à s’en dégoûter, lorsqu’il vit que, naturellement soumise au caprice des éléments, elle ne pouvait obéir subitement à l’action d’une volonté soudaine, et qu’on ne pouvait faire évoluer à la parole, une escadre, comme un corps d’infanterie.

Dès lors, il la négligea. Les pertes successives de toutes nos colonies, la désastreuse défaite de Trafalgar, nombre de combats dont l’issue fut toujours néfaste et trop souvent honteuse, lui firent même concevoir, pour elle, autant de mépris que d’aversion.

Dans les derniers temps de son règne, elle fut l’objet de ses constantes rebuffades. Il n’y avait plus ni avancement, ni faveurs, ni encouragements. L’absurde organisation des équipages, enrégimentés, à l’instar de l’infanterie, lui porta le dernier coup.

Dans cet intervalle, j’étais devenu lieutenant de vaisseau. J’avais servi, successivement, dans les ports de Lorient, Rochefort, Cherbourg, dans l’escadre de l’Escaut… sans jamais retrouver l’occasion d’une belle campagne au long cours.

Les occasions alors étaient si rares ! Nos escadres, bloquées dans les ports, y dépérissaient d’inaction.

1814 arriva. L’Europe conjurée renversa le colosse. Les Bourbons recouvrèrent le sceptre des Lys.

Qui le croirait ? La marine, si humiliée sous l’Empire, si glorieuse sous le pavillon blanc, accueillit les Bourbons, avec la plus vive opposition.

Je me trouvais, alors, en congé, à Paris. Je puis dire que je fus le premier officier de marine à arborer la cocarde héréditaire. Je puis me glorifier ainsi d’avoir eu une part très directe à la Restauration, puisque je me joignis à la députation de gentilshommes français, présidée par M. Sosthène de la Rochefoucault, qui, la première, demanda à l’empereur Alexandre, au nom de la France, le rappel de Louis XVIII : rappel auquel ne songeaient nullement, en entrant à Paris, les puissances alliées, et que l’auguste successeur des Czars daigna nous promettre de favoriser. C’est lui qui en fut le principal auteur.

La Restauration de 1814 fut trop éphémère, pour avoir pu marquer, de son heureuse influence, la marine française. D’ailleurs, l’Homme du Destin reparut. Le 20 mars, tenant une conduite diamétralement opposée à celle de 1792, la marine reprit en masse les couleurs tricolores.

Sur un total de 1 200 officiers, cinq lieutenants de vaisseau seulement demeurèrent fidèles au drapeau blanc. Je fus l’un de ces cinq. Lié, depuis longtemps, avec la plupart des chefs royalistes de la Vendée et de la Bretagne, je ralliai leur noble étendard, et je fis avec eux la campagne des Cent Jours, en qualité de chef de division 12.

Cette campagne ne me fut jamais pardonnée, pas plus par le corps de la marine ; que par les acteurs de la comédie de quinze ans.

Certes, au moment de la seconde Restauration, il eut été bien facile de récompenser cette poignée d’hommes dévoués, dont j’étais. Les cinq n’avaient-ils pas mérité, au moins, l’avancement d’un grade, et même cette croix de Saint-Louis, si désirée, et si mal prodiguée 13 ?

Nous n’obtînmes rien. Le roi pardonna aux traîtres, et ne récompensa pas les fidèles.

Ma perte fut dès lors jurée, par mes collègues. Ils y travaillèrent, sans relâche, pendant quinze ans. Si ma chute n’eut lieu qu’en 1830, avec celle du drapeau qui m’était cher, ce ne fut qu’à force d’avoir fait cent fois mon devoir. »

Lorsque, pour la seconde fois, Louis XVIII monta sur le trône, Fréminville fut attaché, comme chef de brigade, à la Compagnie des élèves de la Marine, à Brest, sous les ordres du comte du Plessis-Parseau, capitaine de vaisseau de l’ancienne marine.

A force d’instances, il obtint un commandement sur la flûte le Rhône, pour une campagne, dans la mer Baltique 14. Durant les années 1822 et 1823, sur la frégate la Néréide, il fit un délicieux voyage aux côtes occidentales d’Afrique et aux Antilles 15.

Cette campagne forme la seconde partie de notre étude, qui n’est qu’un résumé des mémoires du joli chevalier. Ces mémoires nous promènent à la cour pittoresque du roi de Dakar. Ils nous initient aux mœurs charmeuses de nos belles colonies d’autrefois, et à la vie brillante que menaient nos officiers, au temps de la vieille marine à voile. Durant la station que fit alors Fréminville, dans les mers tropicales, une séduisante créole, Caroline C…, s’éprit follement du joli chevalier.

Cette idylle, au tragique dénouement, mérite de prendre place, dans notre littérature, à côté du classique roman de Paul et Virginie, et des beaux récits de M. Pierre Loti, dont Fréminville doit être considéré, à ce point de vue, comme le précurseur.

Après avoir lu l’histoire d’amour de Fréminville et de la petite créole des Antilles, le lecteur aura compris et excusé les excentricités de la malheureuse et désolée… chevalière.

Au cours des années 1824, 1825 et 1828, Fréminville, devenu capitaine de frégate, voyagea dans les deux Amériques, sur les flûtes la Bonite, l’Adour et l’Allier, dont il avait le commandement. Ses mémoires racontent, à cet endroit, une forte piquante anecdote 16.

A bord de la flûte la Bonite, se trouvait, accompagné de toute sa suite, un très gros personnage, le baron de X…, ambassadeur de France, s’en allant, sur le vaisseau du roi, prendre possession de son nouveau poste.

Or, le prétendu baron s’appelait Durand, et était le fils d’un marchand de vin d’Epernay. « Agent du gouvernement français, en Hollande, à l’époque du Directoire, il fut », dit Fréminville, « envoyé extraordinaire de France en Westphalie, puis à Naples. Le ministre des Relations Extérieures, Talleyrand, qui avait distingué et apprécié ses talents diplomatiques, le favorisa beaucoup. Enfin, ce ministre s’engagea à le pousser et à le protéger, de tout son crédit, à condition qu’il épouserait sa maîtresse, Mlle Santay, actrice du théâtre du roi de Westphalie 17, dont il était dégoûté, mais à laquelle il voulait assurer un sort honorable, ainsi qu’à deux enfants qu’il avait eus d’elle. Il fallut même que le Durand prît ces deux enfants, pour son compte, en épousant la mère.

N’y regardant pas de si près, notre Champenois accepta le marché, et s’assura, pour toujours ainsi, la protection de l’habile ministre. Elle lui fut fort utile, lors de la Restauration, car elle le fit maintenir, dans son emploi, et décorer même du titre de baron, quoiqu’il ne fût rien moins que dévoué à la légitimité, tant s’en fallait même !

A l’époque, à laquelle nous sommes parvenus, c’est-à-dire lorsque j’obtins le commandement de la Bonite, M. Durand, favorisé par la fortune, riche d’honneurs et d’argent, ayant acheté, dans sa province natale, le domaine de l’antique et illustre famille des véritables X…, émigrés en 1791, prit sans façon leur nom…

… Tels furent les détails que j’appris sur le compte de mon passager, dès le lendemain même de mon arrivée à Brest, et ce, par la bouche du contre-amiral de Saint-Hoonen, qui l’avait autrefois connu, lorsqu’il était en mission en Hollande. »

Il serait trop long de conter ici les aventures héroï-comiques de M. Durand et du chevalier de Fréminville. Le spirituel chevalier, ayant subi de nombreuses avanies, de la part de M. Durand, qui avait bruyamment enquêté sur le point de savoir si le commandant de la Bonite avait bien les qualités nautiques suffisantes pour conduire, jusqu’en Amérique, sa précieuse personne, résolut de s’en venger.

M. Durand et sa famille prenaient leurs repas à la table de l’état-major. Un jour, Fréminville porta, au dessert, la santé du roi. L’ambassadeur, qui était, en réalité, un jacobin convaincu, parut soudain fort gêné, et s’éclipsa de table.

Dès lors, les toasts solennels se succédèrent, sous les plus futiles prétextes, et, chaque fois, l’ambassadeur du roi s’éclipsait, comme mû par un ressort, pour le plus grand amusement de tous les officiers.

Retraité, en 1830, comme simple capitaine de frégate, le chevalier de Fréminville se retira à Brest, rue Royale.

Il habitait, à un second étage, un appartement qu’il avait converti, en un véritable musée. Les singes et les serpents naturalisés y coudoyaient les bahuts Renaissance et les belles armoires bretonnes. Les armures de chevalerie fraternisaient avec les carquois et les flèches de sauvages. Une magnifique collection de coquillages exotiques faisait surtout la juste admiration des visiteurs 18.

Dans ce décor, vêtue d’une robe de soie à ramages, coiffée d’un chignon à la Maréchale, une mouche sur la joue généreusement fardée, la chevalière au menton bleu, rasé de près, et dissimulant ses favoris blancs, sous les rubans roses d’une coiffure à fleurs, ornée de dentelles rares, recevait en minaudant.

— On vous demande, mam’selle Pauline, lui disait sa domestique, vieille Bretonne du pays de Léon. Et, le visiteur ahuri voyait arriver, sous cette toilette tapageuse, l’ancien loup de mer couvert de rhumatismes, membre de la Société des Antiquaires de France. Vite, d’ailleurs, le naturel reprenait le dessus, et la chevalière, fort agréable conteuse, s’attardait bientôt au récit de ses aventures de mer, en faisant déguster, à son hôte, un petit verre de la bouteille de rhum que lui avait offerte, au moment des adieux, la belle Gabrielle, créole hospitalière de la Martinique 19.

Notez que ce n’était pas, seulement, dans son intérieur, c’était à la promenade, au bal, au théâtre… que s’exhibait ainsi, en costume féminin, l’original chevalier.

On lit, dans un petit ouvrage, aujourd’hui introuvable, intitulé : Essai sur l’influence physique et morale du costume féminin20 :

« Le 22 février 1828, le chevalier de Fréminville était au bal chez Mme de St-D…, élégamment coiffé avec des roses dans sa chevelure. Il avait une robe de mousseline à collerette de blonde très large ; cette robe était garnie en dessus de biais de trois rouleaux de satin rose, et il avait par dessus un corset de même satin fait à pointe. Les manches de mousseline, très larges, avaient des poignets du même satin rose, et de petits souliers blancs prenaient son pied délicat. Dans cette toilette élégante il attirait tous les regards… »

L’auteur de ce curieux opuscule ajoute, après avoir vu au théâtre cet émule de la chevalière d’Eon :

« Au mois de décembre 1829, j’eus l’occasion de voir au spectacle M. de Fréminville. Il avait, ce soir-là, une robe de popeline jaune serin, garnie d’un double rang de volants brodés de soie noire. »

« Le 10 avril », raconte encore l’opuscule, « M. de Fréminville est à la promenade en jolie robe de mousseline blanche, en capote faite en blonde ornée de jacinthes bleues et de rubans de gaze de même couleur.

Au mois de juin, le chevalier erre, mélancoliquement, dans les allées du jardin botanique. Il est en robe blanche, ornée d’une ceinture rose et d’une écharpe de blonde noire. Sur la tête, un joli chapeau de paille de riz ; comme chaussures, des souliers de prunelle…

« Chacun trouve à la vérité », conclue l’écrivain, « qu’il aurait grand tort de quitter ce costume, car il est si supérieurement bien en femme, qu’il est impossible de voir une illusion plus complète et plus étonnante. On sent bien qu’il faut que le physique du chevalier de Fréminville y prête beaucoup, et c’est ce qui a lieu. Il a les traits doux, réguliers, expressifs. La taille est parfaite et fort mince, les membres délicats, les mains petites, et il a surtout un pied si joli et si mignon, qu’il n’est pas de femme qui ne puisse l’envier ». Finalement, l’auteur nous explique ainsi la raison qui incita Fréminville à s’habiller en femme :

« Une grande délicatesse et une sensibilité exquise, tant au physique qu’au moral, est incontestablement la cause du penchant qu’ont certains hommes à s’habiller en femme, de la passion qui les porte à s’assimiler, autant que possible, avec un sexe dont ils sont idolâtres. L’élégance moelleuse des vêtements de la femme, l’idée, qu’en les portant, on se rapproche de ces êtres charmants, destinés par la nature à donner le bonheur, agissent délicieusement sur le système nerveux d’un être délicat, et lui font éprouver intérieurement des jouissances inconnues à ceux dont l’organisation est plus grossière. »

Cet étrange ouvrage est signé Caroline de L. née de L. P. ce qui signifie Caroline de La Poix. Son auteur est… Fréminville.

Des esprits chercheurs se sont demandés pourquoi le nom de Caroline, donné à ce livre de mystification 21 et comment germa, dans son cerveau d’antiquaire, l’idée si saugrenue du chevalier, de se vêtir en femme ? 22

« C’est un trait d’excentricité », a dit en prononçant son éloge funèbre, M. Depping, membre de la Société des Antiquaires de France, « que je n’ai pas cru devoir passer sous silence, quoiqu’il n’ait eu aucune influence sur sa conduite d’ailleurs régulière. » 23

Pourquoi ce nom de Caroline ? Pourquoi ce désir du chevalier de se rapprocher, en prenant son costume, de l’être charmant, destiné par la nature à nous donner le bonheur ?

Le lecteur trouvera la clé de l’énigme ; il comprendra et excusera l’état d’âme du pauvre chevalier, au cœur à jamais brisé, quand il aura lu ses mélancoliques amours, avec la délicieuse créole qui mourut pour ses beaux yeux.

Durant les dernières années de sa vie, Fréminville abandonna, d’ailleurs, le costume féminin. Le souvenir des souliers en prunelle, et surtout des chapeaux ornés de jacinthes et d’oiseaux du paradis, lui était plutôt amer. On dit qu’il évitait même de passer, devant les vitrines de modistes.

Un mot seulement du savant, qui a été analysé, dans d’excellentes biographies 24.

Le goût des falbalas n’empêcha pas Fréminville, aussitôt sa mise à la retraite, de se plonger dans les études les plus abstraites. Comme nous l’avons dit, il avait rapporté, de ses lointains voyages, de superbes collections, notamment, de coquillages. Il en décrivit les espèces et entra ainsi en relations avec les premiers naturalistes de Paris, occupant, dès lors, dans le monde de la science, un rang fort distingué.

Mais ce fut surtout l’archéologie qui charma ses loisirs. Il scruta, le bâton à la main, tous les recoins de Bretagne, il en dessina, et en décrivit tous les monuments. Ainsi, il acquit, par l’expérience, un goût sûr et une véritable compétence qui lui permirent de redresser de nombreuses erreurs relatives à la préhistoire bretonne.

Le plus remarquable de ses ouvrages est demeuré inédit. Il est intitulé Archéologie française ou cours d’études des antiquités nationales. Il se compose de trois volumineux in-folio. Est également resté inédit, un album, et deux gros volumes renfermant plus de mille dessins. Ces dessins, exécutés avec un soin méticuleux, sont, en réalité, l’annexe explicatif de son cours d’archéologie 25. Ils ont une valeur documentaire de tout premier ordre. Commencés dès 1815, ils font revivre l’aspect séculaire de monuments et de statues dont les uns ont disparu, et les autres ont perdu de leur physionomie d’alors.

De ses consciencieuses pérégrinations, Fréminville retira aussi son ouvrage sur les Antiquités de la Bretagne. En 1834, il publia, à Brest, une nouvelle édition du Voyage de Cambry, dans le Finistère, avec des notes historiques, archéologiques et physiques, suivies de la flore et la faune de ce département.

On lui doit aussi le Guide des voyageurs dans le Finistère, ou descriptions des Monuments anciens et modernes, une édition du Combat des Trente, d’après un curieux poème qu’il découvrit à la Bibliothèque Royale, une histoire de Bertrand du Guesclin, qui était son héros favori, un grand nombre de travaux intéressants, qu’il publia, dans les Mémoires de la Société des Antiquaires de France…

En étudiant ainsi les origines de notre histoire, il avait acquis un véritable culte du passé et surtout de l’ancienne chevalerie. « Il connaissait parfaitement », dit M. Depping, « les armes des preux d’autrefois. J’ai ouï raconter qu’il s’engagea un jour à prouver l’excellence des armes de chevalier, dans un combat, contre un adversaire qui niait cette supériorité, et qu’armé de pied en cap, en champ clos, il terrassa cet adversaire incrédule, le forçant de demander merci. Il faut dire à sa louange qu’il avait toute la loyauté des véritables chevaliers d’autrefois 26 ».

« Fréminville » dit, de son côté, M. Levot 27 « endossait, alternativement, une arme du Moyen Age et un costume féminin. Au sortir d’une passe d’armes, où il avait, le plus sérieusement du monde, rompu une lance, avec un antagoniste assez complaisant pour se prêter à ses désirs, il s’affublait d’une robe et remplaçait le casque par le chapeau à fleurs. »

Ce culte, pour la vieille chevalerie morte, l’avait incité à s’affilier à l’association « Le Temple », qui se disait la continuatrice de l’ancien ordre des Templiers. Dans ses Antiquités de Bretagne, il fait un enthousiaste panégyrique de cet ordre, et publie la charte de transmission de la Grande Maîtrise des Templiers, depuis 1324, jusqu’à l’année 1804. Il avait déniché cette charte, d’ailleurs incomplète, chez un relieur qui possédait les archives de l’évêché de Quimper, et les utilisait à couvrir des ouvrages scolaires 28.

Fréminville était chevalier de l’Ordre royal de Saint-Louis, de l’Ordre militaire hospitalier de Jérusalem, et de celui du Christ de Portugal. On dit que sa famille avait obtenu, pour lui, quand il était tout jeune, la croix de Malte 29.

Il est mort, à Brest, le 12 janvier 1848, et repose, dans le cimetière de cette ville. Sa tombe qui a été retrouvée, l’an dernier, a subi autant de tribulations que le pauvre chevalier dont elle renferme les restes 30.

__________________

1. Armorial de Rictstap.

2. Ainsi, MM. Duplessix-Compadre, de Gourdon, Landolphe, capitaines de vaisseau ; Le Bas, Sainte-Croix, de Lambour, Varroc, capitaines de frégate ; de Perrigny, Bourgouin, de la Maison-Blanche, de Lassale, de Bertrandy, Saint-André, lieutenants de vaisseau…

3. Les armements devinrent bien plus considérables, en 1803.

4. Mon premier Combat. Cahier de quelques feuillets dans lequel Fréminville raconte ses débuts, dans la marine de l’Etat. Ce cahier a été publié par la revue bretonne l’Hermine nos des 20 juillet et 20 août 1907.

5. Fraudeurs.

6. Mon premier combat, précité.

Quatre ans plus tard, à Trafalgar, Nelson prit une terrible revanche, qui, il est vrai, lui coûta la vie.

7. Le Fureteur Breton. Le chevalier de Fréminville, par Léon Durocher. No de Juin-Juillet 1907 et suivants.

8. Les mémoires inédits du chevalier de Fréminville, ornés de délicieux dessins, m’ont été remis par son arrière-petit-fils, M. Raoul Chassin de Kergommeaux. Ils se divisent en 4 tomes in-folio. Le 1er de 292 feuillets est intitulé : Voyage à l’isle de Saint-Domingue, en 1801 et 1802, contenant des détails inédits sur l’expédition du général Leclerc, capitaine-général de cette colonie.

Le tome 2me, comprenant 336 feuillets, est intitulé : Voyage dans les Mers du Nord.

Le tome 3me, comprenant 648 feuillets, est intitulé : Voyage aux Côtes occidentales d’Afrique et aux Antilles, fait pendant les années 1822 et 1823, sur la frégate du Roi la Néréide. C’est de ce volume qu’est extrait la 2me partie de cette étude.

Le tome 4me est intitulé : Voyages dans les Deux Amériques, exécutés en 1824, 1825 et 1828, sur les flûtes de S. M., la Bonite, l’Adour et l’Allier, commandées par l’auteur de ces mémoires.

9. Tome II des Mémoires inédits de Fréminville. Ce tome est divisé en deux parties. La 1re partie est intitulée : Voyage à la Mer Glaciale, au Spitzberg et en Islande, fait en 1806, sur la frégate la Sirène. La 2me partie porte ce titre : Voyage dans la mer Baltique, sur la flûte du Roi, le Rhône.

10. Notice sur la vie et les travaux de M. de Fréminville, par M. Depping. Annuaire de la Société des Antiquaires de France, pour 1850.

11. Voyage dans la mer Baltique, fait en 1818, sur la flûte du Roi, le Rhône, par M. de Fréminville, (Mémoires inédits).

12. Poursuivi depuis Carnac, il fut arrêté à Auray, et conduit à Lorient. Une cocarde blanche, mal dissimulée sous la cocarde tricolore, l’avait fait reconnaître. Il faillit être fusillé, mais parvint à se sauver. La tradition raconte, que ce fut, à un déguisement que lui fournit une Lorientaise, qu’il dut son salut. La toilette féminine n’eut pas en lui un ingrat.

13. Appendice A. Voir les distinctions, états de service du chevalier de Fréminville, ainsi que la liste des Sociétés savantes dont il faisait partie.

14. Tome II. Mémoires inédits.

15. Tome III. Mémoires inédits.

16. Mémoires inédits, tome IV.

17. Jérôme Bonaparte.

18. Appendices B. Catalogue des armes et armures du chevalier de Frémin-ville.

19. Voir ci-dessous les mémoires de Fréminville. (Voyage à la Martinique).

20. Paris, imprimerie de Stahl, quai des Augustins.

21. M. Léon Durocher se pose cette question, dans l’étude qu’il a fait paraître, sous le titre la Chevalière de Fréminville, dans le Fureteur Breton nos de juin 1907 et suivants.

Dans cette étude, M. Durocher a identifié très clairement le curieux volume de Fréminville : Essai sur l’influence physique et morale du costume féminin, et signalé l’existence du manuscrit qui appartient au docteur Charles Auffret, ancien directeur du service médical de la marine, à Brest.

M. Levot, dans le Bulletin de la Société Académique de Brest, l’avait, du reste, déjà signalé, en ces termes : « Quand à son habitude de s’habiller en femme, il (Fréminville) a essayé de la justifier, dans un petit écrit, aujourd’hui introuvable, qui n’est pas la moindre des singularités, pour lesquelles il s’est fait remarquer.

22. Annuaire de la Société des Antiquaires de France, pour 1850. Notice sur la vie et les travaux de M. de Fréminville, membre correspondant, par M. Depping, membre honoraire.

23. idem.

24. Voir la notice précitée de l’Annuaire des Antiquaires de France, pour 1850. Voir également la biographie universelle de Michaud, Paris, 1856.

25. Ce cours d’archéologie française et les deux volumes de dessins explicatifs sont entre nos mains.

26. A Brest, chez Le Fournier, libraire, rue Royale, 1835.

27. Bulletin de la Société Académique de Brest.

28. Fréminville a publié aussi une curieuse notice sur quelques monuments du Temple, dans le département des Côtes-du-Nord (Annuaire de la Société des Antiquaires de France).

29. Le chevalier de Fréminville avait épousé Mlle Adelaïde de la Nouë. C’était une jeune fille de beaucoup d’esprit, de goûts simples, et d’une grande piété.

De cette union, naquit un fils, Raoul. Il était, dit une tradition de famille, « joli comme les amours ».

Cependant, les excentricités du pauvre chevalier finirent par causer la désunion, entre les deux époux.

Adélaïde de la Nouë, avec son fils, « beau comme les amours », revint, à St-Brieuc, son pays natal.

C’est alors que la « chevalière » redoubla d’originalité, s’exhiba en toilettes décolletées, et se fit appeler Mademoiselle Pauline.

Homme du monde, intelligent, lettré, fort artiste, Raoul de Fréminville épousa Mme Elisabeth de Trémereuc. Il mourut, à Saint-Brieuc, le 14 août 1869.

30. Voir le Fureteur Breton (nos d’avril et mai 1909).